Session de 2018,
8e & 9e séances plénières – matin & après-midi
AG/COL/3326

Comité spécial de la décolonisation: le Ministre argentin des affaires étrangères fait part d’un climat de détente avec le Royaume-Uni

Avant d’adopter des projets de résolution sur 10 territoires non autonomes et les îles Falkland (Malvinas), le Comité spécial de la décolonisation a entendu le Ministre des affaires étrangères de l’Argentine parler d’un climat de détente avec le Royaume-Uni. 

« Je suis convaincu qu’à travers un dialogue franc et substantiel, et avec un esprit constructif avec le Royaume-Uni, il sera possible d’atteindre un plus haut niveau de coopération sur des questions d’intérêt commun, pour créer un climat de confiance et reprendre des négociations sur le règlement pacifique du différend sur la souveraineté sur les îles Malvinas, les îles Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes », a déclaré M. Jorge Faurie. 

Tout en soulignant que les revendications de l’Argentine se fondent « sur de solides bases historiques et juridiques », le Ministre argentin des affaires étrangères a réitéré son attachement à un règlement pacifique, par des négociations bilatérales pacifiques avec le Royaume-Uni.  « Cette conviction est inscrite dans la Constitution argentine », a-t-il précisé, rejoignant le Comité spécial qui, dans la résolution* adoptée aujourd’hui sans vote, réitère que le règlement pacifique et négocié du conflit de souveraineté entre l’Argentine et le Royaume-Uni est le moyen de mettre fin à la situation coloniale particulière propre aux îles Falkland (Malvinas).  Il déplore que, malgré le large appui international en faveur de négociations, l’application des résolutions de l’Assemblée générale sur cette question n’ait toujours pas commencé.

Le Comité spécial demande donc aux Gouvernements argentin et britannique de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours, en reprenant leurs négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas).

La question des Malvinas est une question qui « transcende les différentes administrations argentines et les différences politiques et partisanes », et qui tient à la rupture de l’intégrité territoriale de l’Argentine, en 1833, lorsque le Royaume-Uni a occupé ces îles et expulsé la population et les autorités légitimes argentines, avant de peupler le territoire avec « ses propres colons », a expliqué le Ministre argentin, en soulignant que c’est la raison pour laquelle aucune résolution des Nations Unies n’a incorporé le principe d’autodétermination comme critère du processus de décolonisation de ce territoire.

Ce n’est pas une question de décolonisation mais un différend de souveraineté, a contré un pétitionnaire, M. Roger Edwards.  « Nous ne sommes pas une colonie du Royaume-Uni mais un territoire d’outre-mer qui a depuis longtemps dépassé son statut colonial », a-t-il martelé.  S’il a noté une rhétorique moins virulente de la part du Président argentin, M. Edwards a néanmoins insisté sur la volonté des Argentins de « reprendre notre patrie et de nous coloniser ».

Ce qu’il entend par « rhétorique moins virulente » a été présenté par le Ministre argentin comme l’ouverture d’une nouvelle ère dans les relations bilatérales avec le Royaume-Uni par le Président Mauricio Macri: visites au plus haut niveau, dont celle du Secrétaire d’État britannique, M. Boris Johnson, et multiplication des échanges dans les domaines commercial, scientifique et culturel.

Le développement le plus important, a ajouté le Ministre, a peut-être été la collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge pour identifier les restes des soldats argentins, enterrés dans la tombe du soldat inconnu, au cimetière de Darwin des îles Malvinas.  À la fin de l’identification au mois de mars, les familles des soldats ont pu se rendre dans les îles, a dit le Ministre qui a salué « l’excellente disposition et le respect des habitants des îles », se montrant « particulièrement reconnaissant pour ce geste ». 

Le Comité spécial a ensuite adopté par consensus ses projets de résolution annuels ** sur les Samoa américaines, Anguilla, les Bermudes, les îles Vierges britanniques, les îles Caïmans, Guam, Montserrat, Pitcairn et Sainte-Hélène.

Au terme de ces projets, l’Assemblée générale réaffirmerait le droit inaliénable des peuples de ces territoires à l’autodétermination, conformément à la Charte des Nations Unies et sa résolution 1514 (XV) contenant la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

Pour ce qui est d’Anguilla, l’Assemblée générale se féliciterait des préparatifs en vue de l’adoption de la nouvelle constitution et souhaiterait vivement que la réforme constitutionnelle entreprise avec la Puissance administrante ainsi que les consultations publiques aboutissent le plus rapidement possible.  L’Assemblée prierait la Puissance administrante d’aider le territoire, s’il en fait la demande, à faire avancer le processus interne de révision de la Constitution.

Intervenant pour la première fois devant le Comité spécial, le Premier Ministre de Montserrat, M. Donaldson Romeo, est venu retirer la demande faite par son prédécesseur de sortir son territoire de la liste des territoires non autonomes.  Il s’agissait, s’est-il expliqué, d’une demande prématurée et non démocratique, le peuple de Montserrat n’ayant pas été consulté.  Compte tenu de l’état de Montserrat depuis l’ouragan Hugo en 1989 et l’éruption volcanique en 1995 et à la lumière des pressions de l’opinion publique britannique sur son gouvernement pour qu’il renonce à des engagements qui auraient pourtant permis à Montserrat de se sortir de sa dépendance, le Premier Ministre a appelé les Nations Unies à encourager la signature d’un mémorandum d’accord entre Montserrat et le Royaume-Uni.  Ce mémorandum comprendrait une liste de projets, un engagement sur les fonds nécessaires et un calendrier.  Comme le mémorandum traiterait aussi des relations de Montserrat avec le Royaume-Uni, les Nations Unies pourraient nommer une équipe « neutre » pour suivre les progrès dans la mise en œuvre des projets. 

*A/AC.109/2018/L.8

** A/AC.109/2018/L.10, L.11; L.12; L.14, L.15; L.16; L.17, L.18 et L.19 

APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX

Questions des îles Falkland (Malvinas)

Audition de pétitionnaires

M. IAN HANSEN, Assemblée législative, îles Falkland (Malvinas),  a tenu à confirmer que les îles Falkland « ne sont pas une colonie britannique mais un territoire autonome d’outre-mer ».  Plus de 3 500 personnes de plus de 60 pays différents y vivent et y travaillent, ce qui prouve sans l’ombre d’un doute qu’il s’agit d’une société inclusive et multiculturelle.  D’ailleurs le nom « Hansen » est d’origine scandinave, a-t-il souligné.  Il a donc jugé « impossible » de comprendre pourquoi on parlerait de ses habitants comme une population implantée envoyée du Royaume-Uni, comme le fait le Gouvernement argentin.  Les revendications de l’Argentine sont « infondées et inopportunes », a-t-il tranché. 

Le pétitionnaire a rappelé le référendum de mars 2013, à l’issue duquel 99,8% des 92% des votants se sont prononcés pour un statut, « le statut de territoire britannique d’outre-mer ».  Notre relation avec le Royaume-Uni est une relation « moderne, fondée sur le partenariat, des valeurs partagées et le respect de notre droit à l’autodétermination ».  Les Nations Unies, a souligné le pétitionnaire, n’ont jamais dit « explicitement » que ce droit ne s’applique pas aux habitants des îles Falkland. 

Pourquoi un pays voudrait-il priver un territoire de ce droit fondamental?  Aucun peuple ne saurait être dirigé contre sa volonté ou voir son gouvernement et ses ressources naturelles placés sous le contrôle d’un autre pays contre son gré.  C’est un droit de l’homme fondamental.

Même si les relations entre le Royaume-Uni et l’Argentine se sont sensiblement améliorées, notre position sur les revendications de l’Argentine reste la même, a prévenu le pétitionnaire.  Pourquoi voulez-vous que nous changions notre façon de vivre?  Nous élaborons nos propres lois et gérons directement toutes les activités industrielles.  Le terme « colonie » aurait pu s’appliquer dans les années 1950 et 1960, ce n’est certainement pas le cas aujourd’hui.  Nous ne recevons, a souligné le pétitionnaire, aucune aide financière directe du Royaume-Uni, à l’exception du domaine de la défense et nous n’en aurions pas besoin si l’Argentine avait renoncé à ses revendications injustifiées.

Vous entendrez sans doute, a averti le pétitionnaire, des déclarations selon lesquelles les habitants des Falkland ne sont pas un peuple et, dès lors, qu’ils n’ont pas de droit à l’autodétermination.  Cette position « artificielle » est un pur déni de droit de l’homme fondamental, a estimé le pétitionnaire.  Nous sommes ici, a-t-il dit, soutenus par notre électorat et pas comme les marionnettes d’un pays.  Nous avons le droit de vivre en paix, nous avons un droit à notre liberté et, par-dessus tout, nous avons le droit de déterminer notre propre destin.  Avant de terminer, le pétitionnaire a invité le Comité à se rendre dans les îles Falkland, à voir par lui-même le développement politique, social et économique qu’il a décrit aujourd’hui et à bien comprendre la question dont il est saisi.  Ignorez, a-t-il ajouté, les fausses revendications de l’Argentine et appuyez notre souhait de rester un territoire britannique d’outre-mer et non de devenir une « colonie » du Gouvernement de l’Argentine, conformément au rôle de ce Comité! 

M. ROGER EDWARDS, Assemblée législative, îles Falkland (Malvinas), a affirmé que lorsqu’elles ont été découvertes, les îles Falkland ne comptaient aucune population autochtone.  Les assertions avancées devant ce Comité, selon lesquelles une population aurait été installée pour promouvoir les visées colonisatrices de la Puissance administrante, sont tout simplement fausses.  Le pétitionnaire a rejeté les revendications de l’Argentine, arguant que le statut des îles ne constitue en rien une atteinte à l’intégrité territoriale de l’Argentine.  Avec une population très diverse, originaire de plus de 60 pays, « personne ne peut dire que nous sommes implantés », a souligné le pétitionnaire.  Le statut est bien celui d’un territoire britannique d’outre-mer qui est « totalement autosuffisant économiquement et totalement autonome ».  Le Royaume-Uni, a-t-il dit, n’assure que la défense et les relations étrangères.  Loin d’être massivement présentes, les forces militaires britanniques sont à un niveau tout simplement suffisant pour dissuader toute agression.

La situation est un différend de souveraineté, non une question de décolonisation, a analysé le pétitionnaire.  S’il a noté une rhétorique moins virulente de la part du Président argentin, M. Edwards a néanmoins insisté sur la volonté des Argentins de « nous reprendre notre patrie et de nous coloniser ».  Nous sommes parvenus à quelques avancées avec l’Argentine, a-t-il reconnu, avant d’insister, une nouvelle fois, sur le fait que « nous ne sommes pas une colonie du Royaume-Uni mais un territoire d’outre-mer qui a depuis longtemps dépassé son statut colonial ».  Les habitants des îles ont déjà exercé leur droit à l’autodétermination comme le demande la Charte des Nations Unies.

M. LUIS GUSTAVO VERNET, arrière-arrière-petit-fils du Premier Gouverneur argentin des îles Malvinas, a souligné que la « maison de mon père » est encore débout sur les îles.  Je suis la preuve vivante, a-t-il dit, que les Argentins habitaient paisiblement sur ces îles, avant d’être expulsés par la force.  En 1823, a ajouté M. Vernet, mon arrière-arrière-grand-père a été autorisé par l’Argentine à s’installer aux Malvinas, ce qui constitue bien un acte de souveraineté pris par l’Argentine sur les îles Malvinas.  Jusqu’en 1810, l’Espagne contrôlait les îles et les lettres échangées entre l’Argentine et le Gouverneur espagnol, datant de 1768, en témoignent. 

En 1823, a poursuivi le pétitionnaire, mon arrière-arrière-grand-père, Don Luis Vernet, a obtenu du Gouvernement de Buenos Aires l’autorisation d’exploiter le bétail dans les îles Malvinas.  À cette époque, peu de pays s’y intéressaient.  C’est Don Vernet qui a proposé au Gouvernement de Buenos Aires d’en faire une colonie, proposition qui a été acceptée par un décret le 5 janvier 1828.  Pour que ses concessions ne soient pas contestées par les bateaux de pêche étrangers, Don Vernet remit au Procureur britannique la liste des concessions qu’avait établies le Gouvernement de Buenos Aires.  Ce document a été dûment légalisé par le Vice-Consul britannique et couvert par le Traité d’amitié, de navigation et de commerce qui, en l’an 1825, avait été signé entre les Provinces Unies du Rio de la Plata et le Royaume-Uni.  Ce Traité, a-t-il insisté, reconnaît la légitimité de l’Argentine sur les îles, un élément que le Royaume-Uni n’a jamais contesté.

Par la suite, Don Luis Vernet a été nommé Gouverneur des îles Malvinas.  Le Royaume-Uni a cette fois-ci contesté le décret de nomination, pour incompatibilité avec le droit britannique et a ensuite, en 1833, hissé le drapeau britannique et baissé celui de l’Argentine, sans oublier d’ordonner l’expulsion de tous les habitants des îles. 

L’administration britannique était une administration « illégale », a estimé le pétitionnaire.  Le Royaume-Uni a volé les Malvinas et tout le monde est resté sourd aux plaintes de l’Argentine.  Il a exhorté le Royaume-Uni à trouver une solution au différend de souveraineté, en tenant compte des intérêts des insulaires et des droits de toutes les parties.  Le Royaume-Uni doit reprendre les négociations et résoudre son différend avec l’Argentine.

M. RICARDO ANCEL PATTERSON a affirmé que ses ancêtres sont arrivés dans les îles Malvinas en 1873, sur lesquelles l’Argentine n’a jamais accepté la souveraineté britannique.  Il a rejeté les arguments du Royaume-Uni qui ne vise qu’à empêche la recherche d’une solution.  Le Royaume-Uni, a-t-il constaté, refuse de parler avec l’Argentine, alors qu’obligation lui a été faite de reprendre les négociations pour régler pacifiquement ce différend.  Le transfert de souveraineté ne signifierait pas pour autant, a-t-il estimé, que les habitants des Malvinas devraient acquérir la nationalité argentine.  Une population anglo-saxonne peut en effet vivre en Argentine dans le respect de son identité, comme c’est le cas pour les communautés galloises installées depuis longtemps en Patagonie.  L’Argentine est l’exemple probant de l’intégration réussie de vagues migratoires successives.  C’est l’ADN même de ce pays et ma famille en témoigne, a déclaré le pétitionnaire, avant d’exhorter le Royaume-Uni à revenir à la table des négociations.

Déclarations

Cinquante-sept ans ont passé depuis l’adoption de la résolution 1514 de l’Assemblée générale, a compté M. JORGE M. FAURIE, Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine.  Des succès ont été enregistrés dans les processus de décolonisation mais la tâche n’est pas finie, a-t-il dit, pointant sur les 17 territoires toujours non autonomes dont les îles Malvinas.  La souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, les îles Géorgie du Sud, les Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes se fonde sur de « solides bases historiques et juridiques », a martelé le Ministre, et le temps qui passe ne diminue en rien la validité de nos revendications et altère encore moins notre conviction que le différend de souveraineté doit être réglé pacifiquement, par des négociations bilatérales pacifiques entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  Cette conviction est inscrite dans la Constitution argentine.  

C’est une question, a expliqué le Ministre, qui transcende les différentes administrations argentines et les différences politiques et partisanes.  Il s’agit d’une « politique d’État » comme en témoigne, a-t-il dit, ma délégation composée de différents partis politiques et du Gouverneur de la Terre de feu.  Ce différend tient à la rupture de l’intégrité territoriale de l’Argentine, en 1833, lorsque le Royaume-Uni a occupé les îles et expulsé la population et les autorités légitimes argentines, avant de peupler le territoire avec « ses propres colons » et empêcher

l’installation de citoyens argentins.  C’est la raison pour laquelle, aucune résolution des Nations Unies n’a incorporé le principe d’autodétermination comme critère du processus de décolonisation du territoire.  En effet, en 1968, l’Assemblée générale a rejeté à une large majorité deux amendements sur ce principe.

Pour être applicable, s’est expliqué le Ministre, le principe d’autodétermination requiert l’existence d’un peuple assujetti à une domination étrangère, c’est-à-dire un sujet susceptible de mériter le droit à l'autodétermination.  Ce ne peut être le cas des îles Malvinas puisqu’aucun de ses habitants n’a jamais été soumis à une domination coloniale étrangère.

Accorder aux habitants des îles le pouvoir de décider du statut du territoire dans lequel ils vivent, serait contraire à la lettre et à l'esprit de la résolution 1514 et des dispositions du droit international relatives à la décolonisation. 

Décolonisation et autodétermination ne sont pas synonymes, a martelé le Ministre.  L’Argentine n’est nullement insensible aux intérêts, au bien-être ou à la prospérité des insulaires.  L’Argentine, a insisté le Ministre, s’est engagée, comme le prévoit sa Constitution, à respecter le style de vie des insulaires et à avoir une attitude constructive à leur égard, et prendre en compte leurs intérêts. 

Le Président Mauricio Marci, s’est réjoui le Ministre, a ouvert une nouvelle ère dans les relations avec le Royaume-Uni: des visites au plus haut niveau ont été effectuées et les échanges se sont multipliés dans les domaines commercial, scientifique et culturel.  Au mois de mai dernier, a rappelé le Ministre, le Secrétaire d’État britannique, M. Boris Johnson, a été reçu en Argentine dans ce qui était la première visite à un tel niveau depuis 22 ans.  Par la suite, le Chef de cabinet des Ministres argentins, M. Marcos Pena, s’est rendu à Londres.

Pour le Président Marci, il s’agit de promouvoir la connectivité entre le continent et les îles Malvinas et de renforcer les liens avec ses habitants.  Les deux Gouvernements ont fait des démarches auprès des pays du MERCOSUR pour ajouter un vol supplémentaire aux vols hebdomadaires déjà existants.  Il y a un mois, le Sous-Comité scientifique de la Commission des pêches de l’Atlantique-Sud a tenu, pour la première fois depuis 14 ans, une réunion sur la préservation des ressources naturelles.    

Le développement le plus important, depuis la dernière réunion du Comité spécial, est peut-être la collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge pour identifier les restes des soldats argentins, enterrés dans la tombe du soldat inconnu, au cimetière de Darwin des îles Malvinas.

À la fin de l’identification au mois de mars, les familles des soldats ont pu se rendre dans les îles et « je ne peux que mentionner l’excellente disposition et le respect des habitants des îles », a dit le Ministre en se montrant « particulièrement reconnaissant pour ce geste ». 

L’Argentine, a-t-il assuré, veut garder un large agenda avec le Royaume-Uni, qui permettrait d'examiner toutes les questions et de parvenir à une compréhension commune des domaines d’intérêt commun et des opportunités pour les deux pays.

Je suis convaincu, a confié le Ministre, qu’à travers un dialogue franc et substantiel, et avec un esprit constructif avec le Royaume-Uni, il sera possible d’atteindre un plus haut niveau de coopération sur des questions d’intérêt commun, pour créer un climat de confiance entre les deux parties et reprendre des négociations sur le règlement pacifique du différend sur la souveraineté sur les îles Malvinas, les îles Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes. 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a rappelé que le Comité spécial a déjà adopté 33 résolutions sur la question des îles Malvinas, ce qui montre l’importance que la communauté internationale accorde à cette question qui doit être réglée dans le respect de la résolution 1514.  « Les îles Malvinas sont argentines et le resteront », a martelé la représentant, soulignant que l’Amérique et les Caraïbes sont un espace de paix, comme l’a proclamé, en janvier 2014, la CELAC.  Tout exercice militaire dans l’espace rattaché aux îles est contraire à la vocation pacifique de la région comme proclamé par la CELAC.  Tout exercice militaire viole la souveraineté de l’Argentine et le droit international, a estimé la représentante, en appelant à une solution négociée, juste et définitive dans le respect de l’intégrité territoriale de l’Argentine.  Elle a reconnu certaines avancées dans la gestion scientifique des stocks halieutiques ou l’identification des dépouilles des soldats argentins morts pendant la « Guerre des Malouines ».  Mais elle a dénoncé l’impasse dans les négociations sur ce différend de souveraineté.  Elle a donc demandé la réouverture des négociations bilatérales, soulignant que « membre de la CELAC, Cuba continuera d’agir dans le cadre du droit international pour que sa région soit débarrassée du colonialisme ».

Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua), a réitéré son plein appui à la position du Ministre argentin des affaires étrangères, une position basée « sur le droit international et la justice ».  Nous sommes devant, a estimé la représentante, un différend bilatéral entre l’Argentine et le Royaume-Uni qui doivent trouver une solution pacifique par le biais de négociations.  Elle a donc regretté que le Royaume-Uni n’ait toujours pas pris les mesures nécessaires pour mettre en œuvre le mandat établi par l’Assemblée générale dès 1965.  Le Nicaragua, a insisté la représentante, a toujours affirmé sa solidarité avec l’Argentine et le peuple des îles Malvinas.  Le Parlement a d’ailleurs proclamé le 10 juin, « Journée nationale de solidarité avec l’Argentine pour les îles Malvinas », une décision qui a été reprise par le Parlement centraméricain (PARLACEN).

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a insisté sur le fait que la situation dans les îles Malvinas est une question caribéenne et latino-américaine.  C’est une question « historique » qui remonte à 1833, lorsque l’Armée royale britannique a envahi le territoire argentin.  Mais, s’est emporté le représentant, « une invasion ne peut pas conférer des droits ».  L’Assemblée générale a reconnu le différend de souveraineté et invité les deux parties à le régler pacifiquement.  « Quand nous parlons des îles Malvinas, nous parlons de l’identité argentine, caribéenne et latino-américaine de ces îles », a encore insisté le représentant, ajoutant: « Ces mots me viennent du cœur et de l’âme: Les Malvinas sont argentines ».

M. MILENKO E. SKOKNIC TAPIA (Chili) a appuyé le Gouvernement et le peuple argentins dans leurs revendications sur la souveraineté des îles Malvinas.  S’alignant sur la position de la CELAC et du MERCOSUR, le représentant s’est félicité des progrès dans les relations entre l’Argentine et le Royaume-Uni, citant à titre d’exemple la visite du Secrétaire d’État britannique, M. Boris Johnson, à Buenos Aires et le respect qu’il a manifesté à l’égard des soldats argentins non identifiés morts en 1982.   Le représentant a réitéré la nécessité pour les Gouvernements argentin et britannique de reprendre au plus tôt le dialogue pour trouver une solution pacifique à ce différend.

M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur) a demandé la réouverture des négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni dans le respect de la résolution 1514.  Il a appuyé la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, jugeant que la situation actuelle est une atteinte à son intégrité territoriale.  Il a rejeté toute mesure unilatérale modifiant la situation actuelle, y compris s’agissant des réserves d’hydrocarbures du plateau continental argentin.  Le Secrétaire général doit renforcer ses bons offices pour arriver au règlement de ce différend grâce à des négociations. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a regretté qu’il y ait toujours 17 territoires non autonomes dans le monde et a invité le Comité spécial à réfléchir à ce que cela signifie politiquement.  Il a appuyé le projet de résolution sur la question des îles Malvinas et s’est dit convaincu qu’une adoption par consensus permettrait de réaffirmer la pleine légitimité de la position du Gouvernement argentin.  La Syrie a toujours défendu le droit des peuples à l’autodétermination et ne peut accepter la manipulation de ce principe dans ce différend car il s’agit bien d’un différend territorial.  La Syrie, a poursuivi le représentant, rejette toutes les mesures unilatérales prises par le Royaume-Uni dans les îles Malvinas.  Il a même estimé que « la situation ressemble beaucoup à la colonisation d’Israël de notre Golan ».  Il a encouragé les deux parties à y mettre fin pacifiquement par le biais d’un dialogue bilatéral.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), le représentant de El Salvador a donné son plein appui au droit légitime de l’Argentine sur les îles Malvinas et appelé à une reprise des négociations.  La CELAC est une zone de paix et veut que ce différend soit réglé au moyen des négociations.  Le représentant a lu la déclaration que viennent d’adopter les Chefs d’État et de gouvernement de la CELAC dans laquelle ils réitèrent leur appui à l’Argentine dans ce différend de souveraineté.  Ils engagent également le Secrétaire général à poursuivre sa mission de bons offices pour parvenir à une reprise des négociations.  Le représentant n’a pas oublié de dénoncer toute modification unilatérale de la situation dans les îles Malvinas. 

M. STANISLAV S. ALEKSAEV (Fédération de Russie) a appuyé le règlement de la question des îles Malvinas par des moyens politiques et des discussions entre les deux parties sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies.  Il s’est dit préoccupé par une militarisation possible de la région et a encouragé les parties à respecter le Traité de Tlatelolco.  Il faut se conformer aux décisions prises par le Comité spécial et la Quatrième Commission sur ce différend, a-t-il conclu.

Au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a relayé l’appel lancé par le Ministre argentin des affaires étrangères en faveur d’une reprise des négociations.  Dans le Communiqué de Brasilia de décembre 2017, a-t-il rappelé, les États du Mercosur ont soutenu le droit légitime de l’Argentine.  Ce différend de souveraineté doit être tranché sur la base des résolutions de l’ONU, a-t-il déclaré, en rejetant toute action unilatérale susceptible de modifier la situation actuelle des îles Malvinas.  Le Gouvernement argentin privilégie le dialogue et est prêt à coopérer avec le Gouvernement britannique, a rappelé le représentant.

Pour M. SONG LI (Chine), la question des Malvinas est une question coloniale.  Il a noté les nombreuses résolutions adoptées sur cette question par l’Assemblée générale et le Comité spécial, et a appuyé les revendications de l’Argentine.  La Chine espère un règlement pacifique de ce différend, a-t-il dit.

M. ACHNASUL HABIB (Indonésie) a réitéré que l’esprit de coopération est important au sein du Comité spécial, avant de saluer la bonne volonté affichée par certaines puissances administrantes et de les encourager à poursuivre sur cette voie.  « Un dialogue pacifique permet toujours de faire avancer le processus de décolonisation et de trouver des solutions mutuellement acceptables », a-t-il dit.  Pour ce qui est de la question des îles Malvinas, il a appuyé l’approche consensuelle en cours et a encouragé les Gouvernements argentin et britannique à reprendre les négociations pour trouver une solution juste et pacifique, sur la base des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.

Au nom de l’Organisation des États américains, M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a estimé que la présence du Ministre des affaires étrangères de l’Argentine montre l’attachement de ce pays au multilatéralisme et à un règlement pacifique du différend de souveraineté sur les îles Malvinas.  Cette question est un différend colonial très spécifique par rapport aux autres questions coloniales, a-t-il déclaré.  Les îles Malvinas ont été peuplées « d’affidés » par la Puissance administrante, ce qui annihile leur droit à l’autodétermination.  Il ne s’agit pas d’une population autochtone puisqu’elle a été installée par le Royaume-Uni, a-t-il tranché, avant de déplorer le manque de volonté politique du Royaume-Uni de reprendre les négociations, alors que l’Argentine est prête à s’engager sur cette voie.  Le délégué s’est félicité de l’identification des dépouilles des soldats argentins mais a dénoncé les actes unilatéraux du Royaume-Uni, s’agissant notamment de l’exploitation de ressources naturelles.

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay), qui participe à cette session en tant qu’observateur, a souscrit aux positions de la CELAC et du MERCOSUR sur la question des îles Malvinas.  Il a notamment réaffirmé son appui à la revendication de souveraineté « légitime » de l’Argentine sur ces îles.  La région souhaite que ce vieux différend soit réglé pacifiquement par le dialogue.  Le représentant a dénoncé les actions unilatérales du Royaume-Uni, en particulier l’exploitation des hydrocarbures, et a reconnu le droit de l’Argentine de prendre des mesures légales pour y répondre.  Le cas des îles Malvinas est bien un cas de différend territorial qui doit être réglé par un dialogue, a insisté le représentant.  À cet égard, il a salué les progrès dans les relations bilatérales entre l’Argentine et le Royaume-Uni.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a appuyé le droit souverain de l’Argentine sur les îles Malvinas et estimé que cette question est une situation coloniale très particulière.  Une population britannique s’est installée dans ces îles dans le cadre d’une occupation illégale, a-t-il dit, en appelant à la reprise des négociations.  Il s’est félicité de l’identification des dépouilles de soldats argentins dans le cimetière de Darwin et de l’augmentation du nombre de vols réguliers entre les îles Malvinas et le continent sud-américain.  Il a dénoncé les actes unilatéraux s’agissant de l’exploitation de ressources naturelles.  Mon pays, a-t-il rappelé, interdit l’accès aux ports et aux aéroports brésiliens des navires et avions à destination des îles Malvinas pour contribuer à une modification de la situation actuelle.  Le représentant a appuyé la mission de bons offices du Secrétaire général.

Adoption de la résolution (A/AC.109/2018/L.8)

Le Ministre des affaires étrangères de l’Argentine s’est félicité de cette adoption par consensus et a remercié tous les États qui ont y contribué.

Le représentant du Mexique a insisté sur la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, affirmant qu’il s’agit d’une revendication « juste et historique ».  Il a encouragé les deux parties à trouver une solution pacifique par le biais de négociations bilatérales et éviter les mesures unilatérales, aussi longtemps que ce différend n’aura pas été réglé sur la base des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.

Le représentant de la Colombie a, à son tour, appuyé le droit souverain de l’Argentine sur les îles Malvinas et réaffirmé l’importance de régler cette question par le biais des négociations.  Le dialogue, a-t-il dit, doit être renforcé pour parvenir à une solution conforme aux résolutions de l’ONU.  Déplorant le temps perdu, le représentant a rejeté toute modification unilatérale de la situation actuelle et exhorté le Royaume-Uni à avoir sur ce dossier « une attitude constructive ». 

La représentante du Honduras, observatrice au Comité spécial, a tenu à réitérer son appui à l’Argentine et à son droit souverain sur les îles Malvinas.  Encourageant le Gouvernement argentin à trouver des mécanismes permettant de mettre fin à cette situation coloniale, la représentante a mis l’accent sur l’urgence qu’il y a à s’assoir à la table des négociations pour mettre fin à ce vieux différend.  Le Honduras reconnaît également les efforts des différents organismes des Nations Unies sur ce dossier et encourage tous les États Membres à les appuyer, a-t-elle conclu.

Son homologue du Costa Rica a indiqué que l’aspiration à faire du colonialisme une relique du passé ne s’est toujours pas concrétisée.  Elle a appuyé le droit souverain de l’Argentine sur les îles Malvinas et insisté sur la légitimité de ses revendications.  Elle a insisté sur certains progrès enregistrés, tels que l’identification des dépouilles de soldats argentins dans le cimetière de Darwin.  Il faut avancer pour régler ce différend, a conclu la déléguée.

Le représentant du Pérou a rappelé que son pays avait soutenu invariablement le droit souverain et légitime de l’Argentine sur les îles Malvinas, « une position qui se fonde sur des critères historiques, géographiques et juridiques ». Cinquante années se sont écoulées depuis l’adoption de la résolution 2065 sur cette question sans qu’une solution ait pu être trouvée, s’est-il impatienté.  Comme l’a toujours indiqué le Comité spécial, la seule solution possible passe par des négociations bilatérales entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  En attendant, le représentant a salué les efforts que déploient les deux Gouvernements pour améliorer leurs relations bilatérales.

Question de Montserrat

Audition d’un pétitionnaire

M. DONALDSON ROMEO, Premier Ministre de Montserrat, qui s’exprimait pour la première fois devant le Comité spécial, a demandé au Comité spécial d’ignorer la demande qu’avait formulée son prédécesseur visant à ce que le territoire soit retiré de la liste des territoires non autonomes.  Il s’agissait, s’est-il expliqué, d’une demande « prématurée et non démocratique », le peuple de Montserrat n’ayant pas été consulté.  Rappelant que Montserrat était budgétairement autosuffisant, s’envolant vers un avenir radieux, le Ministre a dit que l’ouragan Hugo de 1989 est venu anéantir tous les espoirs, avant que l’éruption volcanique de 1995 ne transforme la capitale, Plymouth, en « Pompée moderne », sans oublier l’émigration massive vers Antigua-et-Barbuda et le Royaume-Uni.  Depuis lors, les projets de reconstruction ont multiplié les retards, certains d’entre eux étant à l’arrêt depuis 20 ans. 

« Je ne suis pas venu ici en tant qu’ennemi ou cousin éloigné du Royaume-Uni.  Nous sommes britanniques, nous sommes sujets britanniques », a assuré le Premier Ministre.  Il a appelé le Comité spécial à travailler avec le Royaume-Uni et Montserrat dont 60% du budget est toujours assuré par le trésor britannique.  Si la moitié des 500 millions de livres sterling dépensées avait servi à la reconstruction des infrastructures essentielles, Montserrat serait déjà sortie de sa dépendance au Royaume-Uni. 

Le Premier Ministre a reconnu que le Royaume-Uni fait l’objet de pressions de la part de son opinion publique pour qu’il renonce à des engagements qui auraient pourtant permis à Montserrat de sortir de sa dépendance.  Cette « ambivalence » au Royaume-Uni pointe sur la nécessité pour le Comité spécial de faire bouger les lignes.  La population, a assuré le Premier Ministre, était prête à rebâtir en mieux pour faire un pas vers l’émancipation postcoloniale.  Il a donc appelé les Nations Unies à encourager la signature d’un mémorandum d’accord entre Montserrat et le Royaume-Uni qui comprendrait une liste de projets, un engagement sur les fonds nécessaires et un calendrier.  Comme le mémorandum traiterait aussi des relations de Montserrat avec le Royaume-Uni, les Nations Unies pourraient nommer une équipe « neutre » pour suivre les progrès dans la mise en œuvre des projets.  Le Comité spécial, a ajouté le Premier Ministre, devrait se rendre auprès des réfugiés de Montserrat à Antigua-et-Barbuda pour constater par lui-même que beaucoup de ces réfugiés veulent rentrer chez eux pour contribuer au développement de leur territoire.  Ce sont les infrastructures détruites par l’éruption volcanique qui se dressent entre le peuple de Montserrat et son indépendance économique.  Beaucoup de gens veulent l’indépendance mais ils sont effrayés par le manque d’infrastructures, a dit le Premier Ministre, en reprenant les propos prononcés, il y a 30 ans, par un ancien homologue.  Avec les infrastructures, Montserrat pourra opter pour l’indépendance mais il n’a pas réussi à convaincre le Royaume-Uni qu’une aide aujourd’hui veut dire moins d’aide, voire plus d’aide du tout demain.  Dans l’état actuel des choses, a reconnu le Premier Ministre, ce serait une erreur de réclamer l’indépendance.  Le peuple n’est pas en mesure d’exercer son droit dans la situation économique et son manque de préparation à l’indépendance.

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