La Cinquième Commission est saisie d’une demande de 10 millions de francs suisses supplementaires pour la rénovation du Palais des Nations à Genève en 2019
La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, cet après-midi, une demande de 10 millions de francs suisses de crédits supplémentaires pour entamer, en 2019, l’installation d’un système de ventilation et de climatisation au Palais des Nations, dans le cadre de la rénovation de l’Office des Nations Unies à Genève. Les États-Unis ont insisté sur la nécessité de contenir les coûts et réduire le « fardeau financier » des États Membres.
Lancé en 2014, le projet de rénovation du Palais des Nations à Genève, dit « plan stratégique patrimonial », devrait s’échelonner jusqu’en 2023, pour un coût total de 836,5 millions de francs suisses. Il comprend trois grands volets: la construction d’un nouveau bâtiment permanent, dit bâtiment H, dont les travaux ont commencé en avril 2017, la remise en état du garage souterrain du bâtiment E, finalisée cette année, et la rénovation des bâtiments historiques datant des années 1930, censée s’échelonner de 2018 à 2023.
Après une évaluation des risques liés à l’élévation continue des températures en Suisse, le Secrétaire général demande d’ajouter au projet un nouveau volet: l’installation d’un système de ventilation et de climatisation dans les bâtiments historiques, dont le montant total est estimé à 67 millions de francs suisses. S’il propose de financer l’essentiel de cette somme avec les revenus locatifs et recettes provenant de la valorisation du patrimoine foncier de l’ONU, M. Guterres demande toutefois un crédit supplémentaire de 10 millions de dollars pour entamer les travaux dès 2019. Regrettant l’irruption de ce nouveau cahier des charges en pleine exécution du projet, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande toutefois de répondre favorablement à la demande du Secrétaire général. Il le prie en revanche de détailler davantage l’estimation du coût total et d’envisager d’autres sources de financement que les revenus liés à la valorisation du patrimoine foncier. Tous les revenus tirés de la location d’un quelconque bien immobilier de l’ONU à Genève doivent être affectés au projet, ont estimé les États-Unis, soucieux de contenir les coûts et de réduire le « fardeau financier » des États Membres.
Le Groupe des 77 et la Chine ont tout simplement douté du bienfondé d’un système de ventilation et de climatisation, en disant compter sur des alternatives écologiques. La proposition du Secrétaire général a, en effet, de quoi surprendre, a avoué la Fédération de Russie, qui a rappelé que, l’an dernier, l’Assemblée n’avait pas entériné l’installation de ce système, en raison de son coût élevé. Les États-Unis ont dit attendre un lieu de travail plus flexible, à la capacité accrue et mieux adapté à une ONU du XXIe siècle, « dans l’une des villes les plus chères au monde ».
Notre principale préoccupation, a rappelé la Suisse, demeure précisément la question non résolue des modalités de financement. Elle a prévenu que cette « incertitude persistante » risque de compromettre les progrès réalisés jusqu’ici, alors que moins d’un tiers des coûts totaux du projet initial doit encore être financé par les États Membres durant le cycle du projet. La Suisse a réclamé une réponse de l’Assemblée générale au cours de cette session. Le Secrétaire général propose trois formules: ouverture des crédits et mise en recouvrement en une seule fois au début du projet; ouverture des crédits et mise en recouvrement échelonnées sur plusieurs années; ou combinaison des deux premières formules.
M. Guterres propose aussi la création d’un compte spécial pluriannuel alimenté par des crédits et des contributions distincts de ceux inscrits au budget-programme et précise que si le franc suisse est tenu comme monnaie de comptabilisation des crédits et des contributions, la création d’un compte spécial pluriannuel distinct du budget-programme s’imposerait.
La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le cinquième rapport d’étape annuel sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/73/576)
Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné ceux du Secrétaire général (A/73/395) et du Comité des commissaires aux comptes (A/73/157) qui a réalisé deux nouveaux audits complets du plan stratégique patrimonial et formulé 13 nouvelles recommandations.
Le Secrétaire général indique que l’exécution du projet progresse conformément au calendrier général, même si des retards ont été enregistrés dans la construction du bâtiment H du fait de problèmes imprévus liés aux sols. Le Comité consultatif insiste sur le fait que la gestion du projet doit être assurée de manière rigoureuse et les domaines qui présentent des risques et des vulnérabilités suivis de près. Il note que le fait de devoir installer un système de ventilation et de climatisation dans les bâtiments anciens du Palais des Nations élargit la portée du plan stratégique patrimonial. Il estime qu’il aurait été préférable que le cahier des charges relatif à cette installation ait été intégré au plan initial et que les dépenses correspondantes aient été prises en compte dans la demande de prêt.
Le Comité consultatif recommande néanmoins à l’Assemblée générale d’autoriser le Secrétaire général à exécuter les travaux et à en profiter pour limiter les coûts. Notant que les dépenses supplémentaires s’établissaient dans une fourchette allant de 40 à 50 millions de francs suisses, alors que les prévisions de dépenses s’élèvent à 67 millions de francs suisses, le Comité recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général d’affiner et de réduire les prévisions de dépenses. Comme le Secrétaire général propose d’installer le système de ventilation et de climatisation simultanément avec la mise en œuvre de stratégies de gestion souple de l’espace de travail, le Comité consultatif recommande que l’Assemblée générale autorise ce dernier à engager des dépenses à hauteur de 10 millions de francs suisses pour couvrir les dépenses afférentes au projet en 2019.
Au 31 juillet 2018, le montant total des dépenses consacrées au projet pour la période depuis 2014, était de 131,2 millions de francs suisses et les prévisions de dépenses pour le reste de l’année 2018 sont estimées à 13,5 millions de francs suisses. Le financement approuvé qui sera tiré du prêt consenti par l’État suisse pour la période 2014-2018 devrait s’élever à 42,5 millions de francs suisses. Le Secrétaire général rappelle que le prêt total sans intérêt de 400 millions de francs suisses était destiné à financer la construction du nouveau bâtiment et les travaux de rénovation mais que les montants effectivement affectés ne pourront être déterminés que lorsque la construction du nouveau bâtiment sera achevée. À compter de 2019, le prêt sera utilisé pour couvrir une partie des dépenses liées à la rénovation des bâtiments existants ainsi que les services de consultants afférents et le démantèlement de la partie supérieure du bâtiment E. Le remboursement sur 50 ans des annuités correspondant à la partie du prêt destinée à la construction du nouveau bâtiment permanent H débutera à la fin de 2020.
Les trois formules d’ouverture des crédits et de mise en recouvrement des contributions (ouverture des crédits et mise en recouvrement en une seule fois au début du projet, ouverture des crédits et mise en recouvrement échelonnées sur plusieurs années ou combinaison des deux premières formules) et les deux monnaies de comptabilisation (dollar des États-Unis ou franc suisse) restent d’actualité. Le Secrétaire général propose la création d’un compte spécial pluriannuel alimenté par des crédits et des contributions distincts de ceux inscrits au budget-programme. Il précise que, si l’Assemblée générale décidait de retenir le franc suisse comme monnaie de comptabilisation des crédits et des contributions, la création d’un compte spécial pluriannuel distinct du budget-programme s’imposerait. Le remboursement des annuités des prêts serait effectué depuis ce compte jusqu’à la fin du projet, en 2023, mais serait ensuite comptabilisé dans le budget-programme de la période concernée. Le Comité consultatif souligne qu’il importe que l’Assemblée générale se prononce, au cours de cette session. Entretemps, l’Office des Nations Unies à Genève continue de chercher activement des donateurs pour contribuer au financement des travaux.
Le Secrétaire général indique aussi que les activités de valorisation du patrimoine foncier, dont l’Organisation est propriétaire à Genève, progressent. Il demande à l’Assemblée générale d’autoriser que l’excédent de recettes provenant de ces activités soit utilisé pour financer les dépenses connexes découlant de la demande qu’il lui a faite d’approuver l’installation d’un système de ventilation et de climatisation, y compris la gestion souple de l’espace de travail.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. KARIM SAMIR ISMAIL ALSAYED (Égypte) a pris note des progrès effectués au cours de l’année écoulée dans la mise en œuvre du plan stratégique patrimonial, y compris le lancement et la poursuite de travaux de construction du bâtiment H et la fin des travaux de renforcement de la dalle de toiture du garage souterrain du bâtiment E.
Le représentant s’est toutefois dit préoccupé par les retards pris dans les travaux. Il a mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures pour que le projet soit finalisé dans les délais impartis et dans les limites du budget autorisé. Mon Groupe, a-t-il prévenu, entend demander des informations supplémentaires sur les projets connexes qui pourraient avoir un impact sur la portée et le budget du plan stratégique, y compris le plan directeur en matière de sécurité et le programme d’entretien du Palais des Nations.
M. Alsayed a dit attendre le lancement des appels d’offre pour la rénovation des bâtiments historiques datant des années 1930 durant le dernier trimestre 2018. De ce point de vue, il a noté les efforts déployés afin d’attirer les meilleurs contractants internationaux possibles. Il a salué la contribution volontaire de la Chine et encouragé les autres États Membres à financer les projets inscrits au cahier des charges, notamment en vue de préserver l’héritage du Palais des Nations.
Par ailleurs, le représentant a rappelé que l’Assemblée générale avait dûment appuyé la mise en place de stratégies de gestion souple de l’espace de travail dans les nouveaux bâtiments, tout en prenant note des difficultés techniques. Il a dit que son Groupe tiendra compte de ces difficultés lorsqu’il examinera les nouvelles propositions du Secrétaire général, dont l’augmentation significative des dépenses liées aux consultants censés travailler sur ces difficultés. Le représentant a aussi dit attendre des précisions sur les besoins actuels et futurs en matière d’espace, notamment dans la perspective de la réinstallation de certaines entités dans de nouveaux locaux construits ailleurs dans le complexe.
Il a salué par ailleurs l’étude relative aux effets des changements climatiques sur les activités de l’Organisation à Genève. Il a noté à cet égard la demande du Secrétaire général d’installer un système de ventilation et de climatisation au Palais des Nations. Nous demanderons, a-t-il prévenu, des précisions sur cette proposition mais aussi sur les alternatives écologiques potentielles. Enfin, le représentant a estimé que le moment était venu de prendre une décision sur la devise d’appropriation et d’évaluation de ce projet de construction « majeur » et sur la création d’un compte spécial pluriannuel.
Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a dit que la transparence et la bonne gouvernance doivent guider la décision des États Membres sur le financement du plan stratégique patrimonial, dont la réduction du fardeau financier qui pèse sur les États Membres par l’examen d’autres options. Afin de contenir les coûts, tous les revenus tirés de la location d’un quelconque bien immobilier de l’ONU à Genève doivent être affectés au plan stratégique. Tout doit être mis en œuvre pour éviter une augmentation des contributions des États Membres. Le plan, a-t-elle rappelé, comprend de nombreux aspects dont la gouvernance, la gestion des risques, l’utilisation de l’espace, l’accessibilité et le nouveau système de climatisation et de ventilation. Nous attendons avec impatience de discuter de toutes ces questions, au cours de cette session, ainsi que des modalités de financement, pour pouvoir fournir l’orientation nécessaire et assurer le succès du projet, a déclaré Mme Norman-Chalet. Elle a encouragé le Secrétaire et l’équipe de projet à rechercher les moyens de créer un lieu de travail plus flexible, à la capacité accrue et mieux adapté à une ONU du XXIe siècle, d’autant plus que le Palais des Nations est situé dans l’une des villes les plus chères au monde. Citant une étude récente, elle a affirmé que le taux moyen quotidien de l’utilisation des espaces de travail individuels au Palais des Nations est de 51%.
M. JÜRG LAUBER (Suisse) a dit que plan stratégique patrimonial se trouvait presque à mi-parcours. Il se poursuit conformément aux objectifs, approuvés et confirmés par les États Membres, en termes de coût global, de durée, de cahier des charges et de qualité. Il s’agit d’une réussite remarquable pour un projet aussi vaste, unique et complexe. Le plan revêt une importance essentielle pour les Nations Unies, a poursuivi le délégué. Il représente un investissement dans une organisation moderne, efficace et efficiente et respectueuse de son personnel, de l’environnement et de ses ressources financières. Le projet améliorera le bien-être et la productivité de tous, dont le personnel, les délégués et les visiteurs.
Les infrastructures devenues obsolètes seront entièrement rénovées et les obstacles auxquels les personnes handicapées font aujourd’hui face, éliminés. Le projet favorisera une réduction considérable des frais, une meilleure utilisation de l’espace et la création de revenus supplémentaires. Il permettra ainsi à l’Organisation et aux États Membres de réaliser, chaque année, des économies substantielles. D’autres entités des Nations Unies seront accueillies au Palais, ce qui facilitera encore les échanges et la collaboration.
Notre responsabilité principale à présent, a estimé le représentant, est de veiller à ce que le projet soit poursuivi et mené avec succès. Il a dit avoir constaté avec inquiétude certaines modifications apportées aux détails du calendrier et aux coûts de certains segments du projet. De telles modifications dans le cadre d’un projet aussi grand et complexe ne sont pas inhabituelles mais, a dit le représentant, nous encourageons le Secrétaire général à continuer à prendre toutes les mesures nécessaires afin que le projet puisse être achevé dans le cadre approuvé par les États Membres.
Notre principale préoccupation demeure la question non résolue des modalités de financement, a prévenu M. Lauber. À ce jour, moins d’un tiers des coûts totaux du projet initial doit encore être financé par les États Membres durant le cycle du projet. En effet, des sources alternatives de financement d’une envergure exceptionnelle viendront réduire les contributions assignées aux États Membres. D’ici à la fin de l’année prochaine, plus de 100 millions de francs suisses de notre prêt de 400 millions à taux zéro auront déjà été versés. Des revenus de plus de 80 millions de francs suisses issus de la valorisation des terrains seront aussi envisageables et des dons substantiels ont été engagés en faveur du projet.
Comme des contrats importants portent sur plus d’une année budgétaire, l’incertitude qui subsiste à l’égard des modalités de financement risque de causer des retards et des coûts additionnels. Il est donc d’une importance capitale de parvenir à un accord sur les modalités de financement, au cours de cette session.
Mme MARIA V. FROLOVA (Fédération de Russie) a rappelé que son pays attache une grande importance à la préservation du patrimoine des Nations Unies à Genève. « Ce n’est pas un travail de routine, mais un investissement dans l’avenir de l’ONU et dans sa représentation », a-t-elle affirmé.
La représentante a rappelé que, l’an dernier, l’Assemblée n’avait pas entériné les propositions du Secrétaire général visant à installer un système de ventilation et de climatisation au Palais des Nations, en raison notamment du coût élevé, ni ses propositions visant à mettre en place des stratégies de gestion souple de l’espace de travail dans des bâtiments historiques.
La représentante a donc avoué sa surprise face aux dernières propositions du Secrétaire général, s’opposant catégoriquement à l’idée de cumuler la gestion souple de l’espace de travail avec les travaux d’installation du système de ventilation et de climatisation, car cela porterait atteinte aux conditions de travail et à la nature historique des bâtiments.
Elle a aussi demandé des précisions sur les plans du Secrétariat pour atténuer les risques découverts par une entreprise indépendante, en tenant compte de l’avis du CCQAB. La représentante a par ailleurs espéré que l’attribution des marchés publics sera conforme aux règles en vigueur. Espérant aussi que le léger retard dans les travaux sera compensé, elle a conclu en appuyant les initiatives visant à améliorer l’accessibilité des bâtiments.