Cinquième Commission: la stratégie Informatique et communications de l’ONU marquée par des « progrès impressionnants » mais « au mieux inégaux »
La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné ce matin l’état d’avancement de la stratégie Informatique et communications de l’ONU, marqué par des « progrès impressionnants » mais « au mieux inégaux », deux ans et demi après son lancement.
La stratégie vise à uniformiser la prestation de l’ensemble des services informatiques et des communications de l’ONU, dont 1 300 sites Web, et s’articule autour des axes suivants: transformer en cinq ans l’environnement technologique de l’Organisation; procéder à une modernisation structurée des systèmes d’information et de communication dans tout le Secrétariat; optimiser les ressources; mettre en place des mesures de gouvernance solides; et donner davantage de place à l’innovation dans l’Organisation.
Comme la stratégie s’inscrit désormais dans ses propositions pour réformer la gestion de l’ONU, le Secrétaire général juge nécessaire de créer un bureau de l’informatique et des communications unifié rattachant la Division de l’informatique et des communications du Département de l’appui aux missions à l’actuel Bureau, qui relève du Département de la gestion. Le nouveau bureau serait une entité tout à fait distincte.
Deux ans et demi après le lancement de la stratégie, les États-Unis ont salué des « progrès impressionnants » mais, selon le Groupe des 77 et la Chine, « au mieux inégaux ». Pourquoi, s’est, par exemple, demandé le Groupe, le Secrétariat de l’ONU semble avoir tant de difficultés à fixer des objectifs et à créer des mécanismes de contrôle qui pourraient permettre à l’Organisation de veiller à ce que le « business plan » de chaque département s’aligne avec la stratégie et que la mise en œuvre soit conforme aux résolutions pertinentes? Relevant, à leur tour, un « manque de cohérence et de conformité », les États-Unis ont appelé le Secrétariat de l’ONU et tout le système des Nations Unies à coopérer davantage pour parvenir à une plus grande efficacité.
Étant donné que les technologies de l’information et des communications recoupent des fonctions transversales qui sous-tendent les mandats et activités de base de l’Organisation, les États-Unis ont salué la dernière proposition du Secrétaire général, estimant que la création d’une entité unique fondée sur une approche holistique contribuerait à améliorer la qualité des services rendus aux utilisateurs.
Cette structure unifiée, ont-ils affirmé, permettrait à l’ONU de capitaliser sur les gains déjà réalisés et d’accélérer la mise en œuvre des éléments restants de la stratégie. Sur les 20 projets de la stratégie, 8 projets sont en effet toujours en cours d’exécution, sans oublier que sur les 37 recommandations faites en 2012 par le Comité des commissaires aux comptes (CCC), 15 n’ont pas encore été complètement intégrées.
Avant de clôturer la séance, le Président de la Cinquième Commission, M. Michel Tommo Monthe, du Cameroun, a rappelé qu’il ne reste plus que 11 jours pour boucler le budget des opérations de maintien de la paix. « Il faut utiliser ce temps à bon escient sinon c’est le temps qui jouera contre nous », a lancé le représentant en guise « d’encouragement ».
La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’état d’avancement de l’application de la stratégie Informatique et communications de l’ONU (A/72/7/Add.51)
Pour l’établissement de son rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné ceux du Secrétaire général (A/72/755/Rev.1) et du Comité des commissaires aux comptes (CCC) (A/72/151). Le CCQAB rappelle que dans le cadre de la réforme de la gestion, le Secrétaire général a fait des propositions sur l’établissement d’un bureau de l’informatique et des communications unifié qui auraient pour effet de rattacher la Division de l’informatique et des communications du Département de l’appui aux missions à l’actuel Bureau, qui relève du Département de la gestion.
Le nouveau bureau serait une entité distincte qui ferait rapport au Secrétaire général adjoint chargé du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et au Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel. Le Secrétaire général propose également de transférer les fonctions du Bureau qui appuient les opérations à New York à la future division de l’administration du Département de l’appui opérationnel.
Le Comité consultatif s’est félicité de la fusion proposée et a recommandé de conserver, au Bureau de l’informatique et des communications réorganisé, les fonctions d’appui informatique du Siège. Pour lui, il faut maintenir à l’examen la structure selon laquelle le bureau relèverait à la fois du Secrétaire général adjoint chargé du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et du Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, car elle pourrait présenter quelques difficultés sur le plan de la gestion.
La stratégie Informatique et communications, rappelle le CCQAB, est exécutée au moyen de 20 projets stratégiques dont 8 projets sont toujours en cours d’exécution. Le Comité consultatif regrette donc que le rythme d’application de la stratégie se soit ralenti. Il accueille favorablement la mise en œuvre du plan d’action en 10 points pour le renforcement de la sécurité informatique et l’adoption d’une feuille de route à plus long terme en matière de sécurité informatique destinée à faire face à l’évolution des risques, mais juge préoccupantes la lenteur avec laquelle l’environnement informatique de l’ONU est décloisonné et l’augmentation des risques que le Secrétariat court de ce fait.
Le CCQAB recommande donc à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général: d’établir au Secrétariat un dispositif de contrôle centralisé placé sous l’autorité du Directeur général de l’informatique et des communications et de veiller à ce que les dispositions sur l’organisation du Bureau de l’informatique et des communications soient intégralement appliquées; et d’instituer des mécanismes de délégation de pouvoir et des dispositifs d’application du principe de responsabilité pour tous les aspects de la gestion de la sécurité informatique, y compris en prévoyant des mesures de résultats dans les contrats de mission des hauts fonctionnaires qui aideront à évaluer la performance de ceux-ci au regard de ces activités essentielles.
Le Comité consultatif se dit aussi profondément préoccupé par le fait que le regroupement des moyens informatiques et des moyens de communication n’ait pas progressé. Il rappelle que la coopération des dirigeants est essentielle à la bonne exécution de la stratégie et compte qu’ils aideront le Directeur de l’informatique et des communications à décloisonner et à regrouper les ressources. Il espère également que le Secrétaire général usera de son autorité pour faire en sorte que tous les départements et entités du Secrétariat respectent l’appel de l’Assemblée générale visant à ce que toutes les entités du Secrétariat informent le Directeur général de l’informatique et des communications de toutes les questions qui se rapportent aux activités, à la gestion des ressources, aux normes, à la sécurité, à l’architecture, aux politiques et aux orientations touchant l’informatique et les communications.
Le Comité consultatif dit attendre des propositions concernant la stratégie de gestion des applications qui doit s’appuyer sur des directives claires, en ce qui concerne notamment les fonctionnalités et les domaines devant être gérés de manière centralisée par les pôles applications et ceux pouvant être gérés au niveau local. Le Comité consultatif s’inquiète en effet du grand nombre d’applications, de systèmes et de sites Web anciens qui continuent de présenter des risques pour la sécurité. Il prend note de la déclaration du Secrétaire général selon laquelle la migration vers des progiciels normalisés, hébergés de façon centralisée et disponibles à l’échelle mondiale, est le principal moyen de diminuer le nombre d’anciennes applications et d’en consolider les fonctionnalités, ce qui permet en outre d’accroître les économies d’échelle et de renforcer la sécurité et la fiabilité.
Le Comité recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de faire figurer dans son prochain rapport un état des lieux détaillé des anciens systèmes encore en place, ainsi qu’un plan visant à accélérer l’uniformisation et la consolidation des anciens systèmes et sites Web. Il prend note du fait que l’Organisation a adopté, pour ses applications, un modèle d’hébergement dans le nuage.
Dans son rapport, le Secrétaire général indique que le montant total des ressources demandées pour l’exercice 2018-2019 au titre de l’informatique et des communications s’élève à 1 376,4 millions de dollars, dont 392,5 millions financés par le budget ordinaire; 54,5 millions de dollars imputés sur le compte d’appui; 747,9 millions de dollars imputés sur le budget des missions de maintien de la paix; et 181,5 millions financés par les ressources extrabudgétaires.
En outre, le montant total des ressources approuvées pour le projet Umoja pour 2018-2019 s’élève à 77,6 millions de dollars, ce qui représente une diminution d’un montant 21,4 millions par rapport aux ressources prévues en 2016-2017. Le Comité consultatif recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer à affiner son analyse.
Il se dit convaincu qu’il est nécessaire de procéder à un état des lieux dans le domaine des technologies de l’information et des communications dans l’ensemble du Secrétariat. Ainsi, il a demandé au Comité des commissaires aux comptes de procéder à un inventaire complet. En outre, compte tenu de l’ampleur des ressources consacrées chaque année aux technologies de l’information et des communications, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général d’inclure, dans le projet de budget et dans le rapport sur l’exécution du budget de chaque entité du Secrétariat, des informations sur les dépenses dans le domaine des technologies de l’information et des communications.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MOHAMED FOUAD AHMED (Égypte) a rappelé ses appels à tous les organes des Nations Unies pour mettre en œuvre la « stratégie Informatique et communications » de l’ONU. Les progrès, a-t-il commenté, ont été, au mieux, inégaux. Pourquoi les politiques de délégation de pouvoir et de nomination du personnel chargé de l’information et des communications n’ont pas été élaborées? Pourquoi, a poursuivi le représentant, les indicateurs de performance liés à la mise en œuvre de la stratégie et dûment inclus dans les contrats de mission des hauts fonctionnaires de l’ONU ne sont pas plus spécifiques? C’est pourtant un domaine, s’est étonné le représentant, où des indicateurs clairs et objectifs peuvent être articulés pour améliorer l’évaluation et la réalisation des objectifs.
Pourquoi, a encore demandé le représentant, les plans de travail annuel des organes du Secrétariat sur l’information et les communications n’ont pas été préparés de manière cohérente dans toute l’Organisation? Nous avons du mal à comprendre, a avoué le représentant, pourquoi le Secrétariat semble avoir tant de difficultés à fixer des objectifs et à créer des mécanismes de contrôle qui pourraient permettre à l’Organisation de veiller à ce que le « business plan » de chaque département s’aligne avec la stratégie et que la mise en œuvre soit conforme aux résolutions pertinentes.
Le représentant a appelé le Secrétaire général à relever le taux de mise en œuvre, actuellement faible, des recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC). Il a aussi dit attendre du Secrétaire général un état des lieux détaillé des anciens systèmes encore en place, ainsi qu’un plan visant à accélérer l’uniformisation et la consolidation des anciens systèmes et sites Web.
S’agissant d’Umoja, le progiciel de gestion intégré, le représentant a dit attendre des informations supplémentaires sur les mesures prises pour assurer la protection et la confidentialité des données. Enfin, il a voulu des analyses et des comparaisons sur les économies d’échelle qui pourraient être réalisées dans l’achat des équipements et des services effectués dans le cadre des contrats-cadres.
M. BRIAN CONROY (États-Unis) a rappelé que la stratégie Informatique et communications de l’ONU avait été conçue pour moderniser cette fonction importante, optimiser les ressources informatiques du Secrétariat et promouvoir l’innovation. Après deux ans et demi de mise en œuvre, M. Conroy a souligné que sa délégation continuait de soutenir les efforts du Secrétaire général pour atteindre les objectifs de son plan quinquennal. Le représentant a noté que l’Organisation avait réalisé des progrès « impressionnants ». Malgré les progrès accomplis par le Bureau de l’informatique et des communications et les différents bureaux du Secrétariat, le représentant s’est dit préoccupé par le manque de cohérence dans la mise en œuvre de la stratégie dans l’ensemble du Secrétariat. Il a appelé ce dernier, ainsi que tout le système des Nations Unies, à coopérer davantage pour parvenir à une plus grande efficacité. M. Conroy a également encouragé le Secrétaire général à affiner ses projections de coûts de mise en œuvre.
Le représentant a rappelé la proposition de ce dernier de créer un bureau de l’informatique et des communications unifié. Étant donné que les technologies de l’information et des communications recoupent des fonctions transversales qui sous-tendent les mandats et activités de base de l’Organisation, M. Conroy a estimé que la création d’une entité unique, selon une approche exhaustive, contribuerait à améliorer la qualité des services rendus aux utilisateurs. Cette structure unifiée, a-t-il affirmé, permettrait à l’ONU de capitaliser sur les gains déjà réalisés et d’accélérer la mise en œuvre des éléments restants de la stratégie. Elle permettrait également, a-t-il ajouté, de placer la technologie et l’innovation au cœur du fonctionnement de l’ONU. « Ma délégation demeure engagée à faire entrer pleinement les Nations Unies dans le XXIe siècle, à finaliser sa réforme transformationnelle et à parvenir à limiter les coûts », a conclu M. Conroy.