En cours au Siège de l'ONU

8139e séance – matin
CS/13125

Le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution qui aurait invalidé toute « décision unilatérale » de modifier le statut de Jérusalem

En raison de l’exercice du droit de veto de l’un de ses cinq membres permanents, les États-Unis, le Conseil de sécurité a, ce matin, rejeté un projet de résolution affirmant que « toute décision ou action qui visent à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville sainte de Jérusalem n’ont aucun effet juridique, et sont nulles et non avenues ». 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine s’est félicité du « ferme soutien » de la plupart des membres du Conseil au projet de résolution, qu’avait présenté l’Égypte, « au nom de la Ligue des États arabes », qui réaffirme « clairement » le consensus international sur Jérusalem.  « Le message est sans équivoque », a-t-il estimé.  Le texte rejeté par le Conseil avait recueilli les voix de 14 de ses 15 membres. 

Le 6 décembre, le Président américain, M. Donald Trump, avait annoncé la reconnaissance, par Washington, de Jérusalem comme capitale d’Israël et sa décision d’y transférer son ambassade, qui se trouve à Tel-Aviv, une décision vivement critiquée lors d’une séance du Conseil deux jours plus tard.

La représentante des États-Unis a déclaré qu’elle avait eu recours au veto, « sans joie mais aussi sans hésitation », considérant que le vote d’aujourd’hui était une « insulte » pour son pays, qui ne « l’oubliera pas ».  La déléguée a rappelé qu’il s’agissait là de son « premier veto » depuis sa prise de fonctions et aussi « le premier de son pays depuis six ans ». 

« Ce sont les autres États Membres qui devraient être embarrassés aujourd’hui par leur vote », a-t-elle estimé.  Selon elle, la déclaration du Président Trump en date du 6 décembre est « conforme » aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  « Ce qui dérange, c’est que les États-Unis ont eu le courage de reconnaître une réalité fondamentale, à savoir que Jérusalem est la capitale politique, administrative et spirituelle du peuple juif », a-t-elle soutenu.

Les autres membres du Conseil ont repris à leur compte le libellé du projet de résolution rejeté, qui souligne que « Jérusalem est une question qui relève du statut final et doit être réglée par la voie de la négociation, comme le prévoient les résolutions des Nations Unies ».

Les États-Unis ne se laisseront pas « dicter par qui que ce soit » l’emplacement de leur ambassade, réaffirmant le droit « souverain » de Washington de le déterminer, a ajouté la représentante américaine. 

Des propos accueillis avec satisfaction par le délégué d’Israël, M. Danny Danon, qui a « remercié les États-Unis pour leur loyauté à l’égard de la vérité ».  Ceux qui ont voté en faveur de la résolution ont non seulement réaffirmé « la politique de deux poids, deux mesures des Nations Unies » dès qu’il s’agit d’Israël, mais également montré qu’ils souffrent d’« hypocrisie flagrante », a-t-il accusé.  Il a également pointé du doigt les Palestiniens, lesquels auraient « une fois de plus préféré la fuite, comme à leur habitude dès qu’une négociation se présente ».

En reconnaissant que Jérusalem est la capitale d’Israël, M. Trump n’a fait que « reconnaître un fait » et « souhaité encourager » un retour à la table des négociations, a plaidé le délégué israélien. 

Son homologue américaine a d’ailleurs balayé l’idée « fallacieuse » selon laquelle l’annonce de M. Trump aurait fait reculer le processus de paix, en affirmant que les États-Unis avaient fait plus que « n’importe qui » au Conseil de sécurité pour aider les Palestiniens, « et de loin ».  « Je vais être abrupte, mais quand les États-Unis voient des pays qui financent moins de 1% du budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et les accusent de n’être pas engagés en faveur de la paix, alors le peuple américain perd patience », a-t-elle expliqué.

En revanche, selon le représentant de la France, « toute approche de la question de Jérusalem dans son ensemble doit éviter de cristalliser les tensions sur la ville, au risque de transformer un conflit politique, dont les compromis nécessaires sont retenus, en conflit religieux, par nature insoluble ».

Ce matin même, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, avait fait état d’une situation « tendue » sur le terrain depuis l’annonce des États-Unis, ce dont le Japon s’est également dit préoccupé.  Le texte rejeté appelait ainsi à nouveau à « inverser les tendances négatives » qui mettent en péril la solution des deux États, Israël et la Palestine.

La question du statut de Jérusalem doit prendre en compte la réalité concrète de cette ville, celle qui est vécue au quotidien par ses habitants, a argué le délégué français.  Lieu historique et religieux de première importance, où vivent plus de 300 000 Palestiniens, elle « ne se prête pas à un récit univoque », a-t-il ajouté.

Pour l’État de la Palestine, le vote d’aujourd’hui n’a pas d’effet juridique, dans la mesure où un veto ne peut « infirmer » les résolutions pertinentes antérieures du Conseil de sécurité.  Mais certainement, a conclu l’Observateur permanent, il a affecté le rôle des États-Unis dans les négociations de paix.  « Tragique ironie »: « alors que nous attendions tous patiemment un “plan de paix” des États-Unis, ceux-ci ont décidé de placer un nouvel obstacle sur la voie de la paix ». 

En attendant, le représentant de la Fédération de Russie a remis sur la table la proposition de Moscou d’organiser un sommet israélo-palestinien pour aider à la reprise des négociations directes entre les deux parties.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré que la séance d’aujourd’hui avait été convoquée d’urgence pour mettre aux voix une résolution présentée par sa délégation, « au nom de la Ligue des États arabes ».  Il a rappelé que le droit international est l’unique pilier sur lequel s’appuyer pour résoudre le conflit israélo-palestinien. 

Le projet de résolution affirme que toute décision ou action qui visent à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville sainte de Jérusalem n’ont aucun effet juridique, sont nulles et non avenues, en vertu des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et « doivent être abolies ». 

Le dispositif appelle également à intensifier et accélérer les efforts en vue de parvenir sans tarder à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, a souligné le délégué, avant d’appeler les membres du Conseil de sécurité à voter en faveur du projet.

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a critiqué le Conseil de sécurité pour avoir opté pour l’« opacité », ne permettant pas à certains membres de prendre connaissance du texte et de le négocier comme cela aurait été souhaitable. 

Il a exprimé sa satisfaction devant le nombre de pays ayant reconnu l’importance de la résolution 181 (1947) de l’Assemblée générale, rappelant que toute mesure prise par une des parties au conflit ou tierce partie pour modifier le statut de Jérusalem était illégale.  C’est la raison pour laquelle, en dépit des méthodes « critiquables » employées pour la présentation de ce projet de résolution, sa délégation votera en faveur de ce texte.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a indiqué que c’était le premier veto qu’elle exerçait depuis le début de son mandat.  Les États-Unis n’exercent leur droit de veto que rarement, a-t-elle dit, en rappelant que c’était le premier depuis six ans.  Nous le faisons sans joie mais aussi sans hésitation, a-t-elle dit.  La déléguée a indiqué que le veto d’aujourd’hui était « loin d’être une source d’embarras » pour son pays.  Ce sont les autres États Membres qui devraient être embarrassés aujourd’hui par leur vote, a-t-elle tranché. 

La déléguée a tenu à rappeler la teneur de la déclaration du Président Donald Trump du 6 décembre dernier, qui est conforme aux résolutions du Conseil.  Les États-Unis sont notamment en faveur de la solution des deux États, pour autant qu’elle soit agréée par les deux parties, a-t-elle rappelé, en regrettant la déformation de la position du Président américain. 

« Ce qui dérange, c’est que les États-Unis ont eu le courage de reconnaître une réalité fondamentale, qui est que Jérusalem est la capitale politique, administrative et spirituelle du peuple juif », a déclaré Mme Haley.  Elle a rappelé que son pays avait le droit souverain de déterminer l’emplacement de son ambassade, en se demandant comment les autres Membres réagiraient si le Conseil se penchait sur l’exercice d’un de leurs droits souverains. 

« Les États-Unis ne se feront pas dicter par qui ce se soit l’emplacement de leur ambassade », a-t-elle prévenu.  La déléguée a jugé fallacieuse l’idée selon laquelle l’annonce américaine aurait fait reculer le processus de paix.  « Un processus de paix qui est entravé par la simple reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël n’est pas un processus de paix », a-t-elle dit.  Elle a rappelé que son pays avait fait plus que n’importe qui autour de la table du Conseil de sécurité pour aider les Palestiniens, « et de loin ».  Les États-Unis ont, depuis 1994, donné 5 milliards de dollars aux Palestiniens, a-t-elle précisé, en rappelant que la contribution américaine l’an dernier à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) s’élevait à 30%.

« Je vais être abrupte, mais quand les États-Unis voient des pays qui financent moins de 1% du budget de l’UNRWA et les accusent de n’être pas engagés pour la paix, alors le peuple américain perd patience. »  Elle a déclaré que les États-Unis n’avaient jamais été aussi engagés en faveur de la paix.  « Nous le sommes plus que jamais. »

Mme Haley a affirmé que le vote d’aujourd’hui était une insulte pour son pays.  « Nous ne l’oublierons pas », a-t-elle lancé, en ajoutant que cette mise aux voix était une autre illustration du fait que l’ONU fait « plus de mal que de bien » au Moyen-Orient.  « Nous avons été obligés aujourd’hui de défendre notre souveraineté et nous l’avons fait fièrement. »

M. MATTHEW JOHN RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé que son gouvernement était « en désaccord » avec la décision unilatérale des États-Unis relative au statut de Jérusalem et d’y transférer leur ambassade dans la ville sainte de Jérusalem, soulignant que Londres n’avait aucune intention de faire de même. 

« Notre position n’a pas changé »: Jérusalem revêt une importance particulière pour les trois religions, a-t-il dit, encourageant l’Administration américaine à faire maintenant des propositions détaillées sur les manières de promouvoir le processus de paix au Moyen-Orient. 

Pour la France, a expliqué M. FRANÇOIS DELATTRE (France), le vote en faveur du projet de résolution « allait de soi », pour au moins quatre raisons.  Tout d’abord, ce que visait à réaffirmer ce texte est un consensus international sur Jérusalem qui s’est construit sur plusieurs décennies.  « Les décisions annoncées par le Président des États-Unis, que nous regrettons, ne modifient en rien ce socle commun », a-t-il insisté.  « Comme l’a dit le Président Macron, le statut de Jérusalem concerne l’ensemble de la communauté internationale. »  Il a fait l’objet, à ce titre, de plusieurs résolutions spécifiques du Conseil de sécurité, a rappelé le représentant.

Deuxièmement, a poursuivi M. Delattre, « sans accord sur Jérusalem, il n’y aura pas d’accord de paix ».  La France et ses partenaires de l’Union européenne considèrent que Jérusalem a vocation à devenir la capitale de deux États, Israël et la Palestine, selon les modalités qui devront être définies par la négociation.  « Aucune décision unilatérale ne pourra s’y substituer », a-t-il averti. 

Relevant la disposition affichée le 6 décembre dernier par le Président américain à soutenir la solution des deux États, il a espéré « qu’elle ouvre la voie à un retour des États-Unis dans le cadre du consensus de la communauté internationale ».

Troisième point, la question du statut de Jérusalem doit prendre en compte la réalité concrète de cette ville, celle qui est vécue au quotidien par ses habitants.  Selon le représentant de la France, « Jérusalem ne se prête pas à un récit univoque ».  Plus de 300 000 Palestiniens y vivent, soit environ 40% de la population de la ville, a-t-il précisé.  « C’est une ville israélienne et palestinienne. »

Enfin, M. Delattre a souligné l’importance historique et religieuse de Jérusalem, qui en fait une des clefs de la résolution du conflit israélo-palestinien, mais également de la stabilité régionale et internationale.  Plus que jamais, a-t-il fait valoir, la nécessité de préserver le statut quo sur les Lieux saints de Jérusalem, et plus spécifiquement le statu quo de 1967 sur l’esplanade des Mosquées, doit être réaffirmée. 

« Toute approche de la question de Jérusalem dans son ensemble doit éviter de cristalliser les tensions sur la ville, au risque de transformer un conflit politique, dont les compromis nécessaires sont retenus, en conflit religieux, par nature insoluble. »

« Nous devons tout faire pour conjurer les risques d’escalade sur le terrain », a conclu le représentant.  Il a appelé chacun à la retenue et à déployer tous les efforts nécessaires en vue d’un retour au calme. 

M. FODÉ SECK (Sénégal) a précisé qu’il a voté en faveur du texte, soulignant la nécessité de préserver le consensus international sur Jérusalem.  Cette question doit être examinée lors de l’examen du statut final dans le cadre de négociations agréées entre les deux parties.  Il a en outre exhorté celles-ci à observer la plus grande retenue et à s’abstenir de toute escalade de la violence.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a indiqué que le statut de Jérusalem devait être réglé par le biais de négociations directes entre les deux parties sur la base des résolutions du Conseil.  Le projet de résolution réaffirmait ce principe fondamental, a-t-il dit, en louant l’équilibre de ce texte. 

Le délégué a jugé essentiel que les parties s’abstiennent de toute mesure de nature à alimenter les tensions.  La solution des deux États est la seule option viable, a-t-il conclu. 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) s’est dit convaincu que, pour résoudre le conflit israélo-palestinien, il faut continuer d’œuvrer de concert à l’avancée du processus de paix.  Dans ce contexte, « toute action unilatérale ne ferait qu’avoir des conséquences regrettables sur le terrain », a-t-il prévenu, en rappelant que le statut final de Jérusalem doit faire l’objet d’un dialogue entre les parties, comme le demandent les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Un règlement juste et global ne saurait être obtenu qu’en s’appuyant sur les initiatives internationales agréées jusqu’à présent, a poursuivi le représentant.  Pour aider à la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, il a rappelé la proposition de Moscou d’organiser un sommet auquel seraient conviées les parties au conflit pour dialoguer. 

M. OLOF SKOOG (Suède) a déclaré que le statut final de Jérusalem devait être réglé par le biais de négociations directes entre les deux parties.  Tout acte modifiant ce statut ne sera pas accepté, a-t-il affirmé.  Le délégué a indiqué que le vote d’aujourd’hui ne modifiait pas le statut de Jérusalem, qui reste inchangé au regard du droit international.  En conclusion, le représentant suédois a exhorté les parties à s’engager résolument en faveur de la paix. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a déclaré que le projet de résolution était conforme avec la position de son pays.  Le statut final de Jérusalem doit être réglé par le biais de négociations directes entre les deux parties, qui doivent déboucher sur la mise en œuvre de la solution des deux États, a-t-il dit.  Soulignant le rôle important des États-Unis, il a exhorté ce pays à formuler une proposition qui relancerait le processus de paix.  Enfin, M. Cardi s’est dit préoccupé par une escalade des tensions au Moyen-Orient.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a déclaré avoir voté en faveur du projet de résolution mis aux voix aujourd’hui, convaincu que Jérusalem est une question qui relève du statut final et doit être réglée par la voie de la négociation, comme le prévoient les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  « Nous sommes particulièrement encouragés que ce texte réaffirme le caractère inadmissible de l’acquisition de territoire par la force, alors que nous ne savons que trop les conséquences de la violation de ce principe », a-t-il ajouté. 

M. WU HAITAO (Chine) a voté en faveur de ce projet de résolution, qui s’inscrit dans la continuité des textes pertinents du Conseil de sécurité.  Il a réaffirmé le soutien de son gouvernement à la solution des deux États et aux initiatives de paix arabe, l’objectif étant de trouver une solution globale, juste et pérenne au conflit au Moyen-Orient. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a déploré que le Conseil n’ait pu adopter une résolution réaffirmant le statut de Jérusalem, alors que plusieurs États Membres ont exprimé leur rejet de la décision du Gouvernement des États-Unis de la reconnaître comme capitale d’Israël.  Il a demandé au Gouvernement américain de reconsidérer cette décision, contraire à la résolution 478 (1980) faisant référence au retrait des représentations diplomatiques de Jérusalem.  Cette décision, a-t-il insisté, sape toute possibilité de dialogue entre les parties, et éloigne toute solution pacifique à long terme au conflit israélo-palestinien. 

La Bolivie reste convaincue que la seule alternative est la solution des deux États, avec un État palestinien libre, souverain et indépendant, dans les frontières antérieures à 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, a conclu le représentant.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a demandé la reprise des négociations directes entre les parties, sans conditions préalables, en vue d’aboutir à la solution des deux États.  Il a jugé indispensable d’identifier des principes mutuellement acceptables pour les deux parties et demandé la création d’un mécanisme de mise en œuvre.  Les parties doivent maintenant prendre des mesures tangibles qui concrétiseraient les droits des Palestiniens et prendraient en compte les préoccupations sécuritaires des Israéliens, a-t-il conclu. 

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré que la position du Japon sur le Moyen-Orient reste claire et ferme: il est en faveur de la solution des deux États et estime que le statut final de Jérusalem doit être réglé par des négociations entre les parties et sur la base des résolutions du Conseil de sécurité.  C’est pour cela que le Japon a voté en faveur de la résolution, a-t-il indiqué. 

M. Bessho a également déclaré avoir attentivement écouté la déclaration de la représentante des États-Unis.  Il a affirmé que son pays apprécie l’engagement réitéré du Président américain Donald Trump de faciliter un accord de paix.  Il apprécie aussi son soutien à la solution des deux États. 

Le Japon note aussi que dans ses dernières déclarations, le Président des États-Unis a reconnu que le statut final de Jérusalem, y compris la souveraineté à l’intérieur de ses frontières, doit être le fruit de négociations entre les parties.  Et à ce titre, le Japon se félicite que les États-Unis continueront de jouer un rôle important dans le processus de paix, a-t-il dit. 

Cependant, le Japon est préoccupé par une possible détérioration de la situation au Moyen-Orient et aux alentours.  Il estime que les parties doivent s’engager à faire des progrès significatifs en faveur de la paix, d’autant que celle-ci ne peut être atteinte qu’à travers des négociations, a poursuivi M. Bessho, avant d’assurer que son pays continuera de s’engager constructivement sur ce sujet et pour promouvoir un environnement propice à des négociations. 

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a estimé que le rejet total de la décision des États-Unis et le consensus international sur la ville sainte de Jérusalem ne pouvaient être plus clairs.  « Le message est sans équivoque: toutes les résolutions du Conseil de sécurité relatives au statut de la ville sainte de Jérusalem et le reste du Territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 sont contraignantes juridiquement et doivent être respectées, sans objection ni exception. »  Cela inclut la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité qui constitue une feuille de route pour tous ceux qui veulent parvenir à la paix dans la région, a-t-il ajouté, avant de citer les déclarations faites en ce sens ces derniers jours partout dans le monde. 

Malgré le veto, a poursuivi M. Mansour, le ferme soutien des membres du Conseil pour ce projet de résolution réaffirme clairement le consensus international sur la ville sainte de Jérusalem et que les récentes décisions violant les résolutions n’ont pas d’effet juridique, sont nulles et non avenues et doivent être annulées.  Il a appelé tous les États à suivre l’appel à ne pas établir de missions diplomatiques dans la Ville sainte.

L’Observateur permanent a regretté que les États-Unis aient choisi de mépriser le droit international et d’abandonner la politique étrangère qui était la leur pendant des décennies, au mépris des droits du peuple palestinien.  Par ce veto, a-t-il affirmé, les États-Unis ont raté l’occasion de rectifier la mauvaise décision qu’ils ont prise le 6 décembre, restant ainsi « du mauvais côté de l’Histoire ».  Si cette décision n’a pas d’effet juridique, elle a cependant affecté le rôle des États-Unis dans les négociations de paix, a-t-il noté. 

Il a relevé l’« ironie tragique » de la situation: « alors que nous attendions tous patiemment un “plan de paix” des États-Unis, le Gouvernement a, au lieu, décidé de placer un nouvel obstacle sur la voie de la paix ».  Il y a vu l’échec des formules anciennes et la nécessité d’un processus collectif pour aller de l’avant.

M. Mansour a déclaré que les résolutions du Conseil de sécurité sont exécutoires et qu’un veto ne peut « infirmer » des résolutions adoptées.  Il a jugé paradoxal que le pays qui a opposé aujourd’hui son veto est le même qui demande le respect des résolutions du Conseil sur toutes les autres questions, à part celle sur la Palestine.  Ce veto ne peut toutefois légitimiser des actions provocatrices et unilatérales commises en violation des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé avant de dénoncer le fait que ces actions nourrissent les tensions et aggravent les divisions.

« Jérusalem demeure le cœur de la Palestine.  C’est notre capitale politique, religieuse et culturelle.  L’histoire, l’héritage, le quotidien et les aspirations de notre peuple sont entrelacés avec ceux de la Ville sainte. »  M. Mansour a ajouté que Jérusalem-Est est la capitale de l’État de Palestine, ce qui est reconnu par la majorité des États du monde.  « Ce sont les faits. »  Il a lancé un appel aux nations désireuses de la paix à se montrer fermes en faveur de l’état de droit.

Lorsque le monde célébrera Noël, dans quelques jours, les lumières resteront éteintes sur la terre de Jésus-Christ et les célébrations n’auront pas lieu à Jérusalem, Bethléhem ou Nazareth, car on nous a enlevé la joie au nom du réalisme, a conclu M. Mansour avant d’évoquer les manifestations qui ont été organisées partout dans le monde contre la décision américaine.  Parmi les manifestants, 11 Palestiniens ont été tués, 3 500 blessés et des centaines arrêtés, a-t-il rappelé. 

« Nous n’accepterons jamais l’occupation et l’oppression comme une réalité permanente », a-t-il lancé en exprimant la détermination de son peuple à parvenir à l’indépendance et à retrouver ses droits et sa dignité.

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a déclaré qu’aujourd’hui, les Nations Unies avaient fait un pas de plus en arrière; un autre pas de plus, loin de la vérité et de la justice.  Presque un an, jour pour jour, dans cette même salle, le Conseil de sécurité a adopté une « résolution honteuse », à savoir la résolution 2334 (2016), qui avait « l’audace », selon le représentant, de présenter comme contraire au droit international, la présence d’Israël dans les lieux saints du judaïsme. 

« Aujourd’hui encore, on se retrouve à mener la même bataille, celle de la vérité et de la moralité. »  Ceux qui ont voté en faveur de la résolution, ont non seulement réaffirmé la politique de deux poids, deux mesures des Nations Unies dès qu’il s’agit d’Israël, mais également montré qu’ils souffrent d’une hypocrisie flagrante, a-t-il affirmé, avant de remercier les États-Unis pour leur loyauté à l’égard de la vérité. 

Selon le représentant, le Président américain Donald Trump, le Vice-Président, M. Mike Pence, et la représentante des États-Unis auprès des Nations Unies ont prouvé que les États-Unis ne reculent pas devant ce qui est juste.  Les Palestiniens, quant à eux, ont une fois de plus préféré la fuite, comme à leur habitude dès qu’une négociation se présente. 

Chaque fois qu’il y a un espoir, les Palestiniens le sabotent.  En 1947 déjà, ils ont rejeté la résolution 181 (1947), a dit le délégué israélien.  En 2000, ils ont abandonné les Accords de Camp David et entamé une guerre de la terreur contre les Israéliens.  Aux multiples propositions de négociation du Premier Ministre, M. Benyamin Netanyahu, ils n’offrent qu’une réponse: l’incitation à la violence, a encore déclaré le représentant.  Or, en reconnaissant que Jérusalem est la capitale d’Israël, M. Trump n’a fait que reconnaître un fait et souhaité encourager un retour à la table des négociations, a-t-il également affirmé. 

M. Danon a ensuite assuré qu’Israël ne reculera pas dès qu’il s’agit de Jérusalem, sa capitale depuis 70 ans et 3 000 ans après que le roi David l’eut déclarée capitale du peuple juif.  Israël ne laissera personne, pas même les Nations Unies, déterminer son destin, en particulier dès qu’il s’agit de Jérusalem. 

Israël et sa délégation ont entendu des discours de haine de la part de certains dirigeants de pays hostiles au peuple juif, au cours des derniers jours, a dit son représentant.  Parmi ces pays, certains ont tenté d’empêcher les juifs de prier devant le Mur des lamentations, a poursuivi le représentant, ajoutant aussi que ces pays qui oppressent des minorités, emprisonnent les journalistes ou les opposants et « vivent avec le poison de l’antisémitisme » n’ont aucun droit de donner des leçons à son pays. 

M. Danon a aussi affirmé que Jérusalem, sous souveraineté israélienne, est plus libre et plus ouverte à tous les peuples et à toutes les religions que jamais dans son histoire.  Israël s’est engagé à assurer que tous puissent pratiquer librement leurs foi et religion, tant à Jérusalem que partout ailleurs sur son territoire. 

Les membres du Conseil de sécurité peuvent toujours voter en faveur de la résolution et dénoncer la présence d’Israël à Jérusalem, mais ils ne pourront jamais changer la Bible, ni réécrire l’histoire et encore moins nier la vérité.  Mais à la lumière d’une seule bougie, on peut sortir de l’obscurité.  Et ce soir, des millions de juifs à travers le monde allumeront la septième bougie de Hanoucca et célèbreront l’indestructible lien qui unit le peuple juif à sa capitale éternelle, Jérusalem, a-t-il conclu. 

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