En cours au Siège de l'ONU

8130e séance – matin
CS/13115

RPDC: deux responsables de l’ONU dénoncent, devant un Conseil de sécurité divisé, les violations des droits commises dans ce pays

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Zeid Al Hussein, et le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Miroslav Jenča, ont dressé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, un tableau alarmant de la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), marquée notamment par des enlèvements, des actes de torture généralisés et des emprisonnements dans des camps de travail forcé. 

Affichant, comme en 2016, ses divisions, le Conseil de sécurité n’a pu tenir cette réunion consacrée à la situation en RPDC qu’à l’issue d’un vote de procédure.  Le vote a recueilli 10 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et Bolivie) et 2 abstentions (Égypte et Éthiopie).  À l’exception du Kazakhstan, neuf pays ayant voté pour avaient demandé la tenue de cette réunion dans une lettre* en date du 1er décembre, adressée au Président du Conseil de sécurité. 

S’exprimant avant le vote, la Chine a rappelé que le mandat du Conseil de sécurité était de discuter de la paix et de la sécurité internationales.  Les droits de l’homme ne doivent pas être politisés et ne font pas partie du champ d’action du Conseil, a-t-il affirmé.  Eu égard à une situation en RPDC « complexe, sensible et sérieuse », le délégué a exhorté les membres du Conseil à éviter les provocations mutuelles qui pourraient l’aggraver. 

Une position partagée par son homologue de la Fédération de Russie, qui, s’exprimant après le vote, a rappelé que le Conseil traite de questions d’agression ou d’usage de la force et ne peut être, dès lors, « une plateforme pour l’examen des questions relatives aux droits de l’homme ».  Il a également mis en garde contre la dilution du travail du Conseil sur des questions sans rapport avec son mandat principal, ainsi que contre la politisation et la politique de deux poids, deux mesures.  « Ces méthodes risquent de saper la crédibilité du Conseil », a-t-il tranché. 

Ce point de vue a été balayé par la représentante des États-Unis, qui a souligné qu’il n’y avait pas de séparation entre la paix et les droits de l’homme.  « Tout pays qui ne s’occupe pas de son peuple finit par être en conflit », a-t-elle dit, en ajoutant que de tels abus ont également été constatés en Syrie et au Venezuela.  Tout en assurant comprendre les préoccupations de certains membres du Conseil, la déléguée a affirmé que le monde devait savoir ce qui se passe dans la « boîte noire » de la RPDC. 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a commencé son intervention en détaillant les conditions « horribles » prévalant dans le réseau de prisons et de camps de travail nord-coréens.  « Selon les témoignages collectés, la torture est généralisée dans des centres de détention », a-t-il affirmé.  M. Al Hussein a indiqué que les détenus étaient contraints de travailler dans des mines, « où ils sont roués de coups par des gardes et insuffisamment alimentés ».

Il règne « un secret absolu » s’agissant des « cinq camps de prisonniers politiques » de la RPDC, a poursuivi le Haut-Commissaire.  Selon les entretiens menés par le Haut-Commissariat avec les personnes ayant réussi à fuir le pays, la peur d’être renvoyé dans ces camps reste un « puissant instrument de contrôle », a-t-il expliqué.  Le Haut-Commissaire a affirmé que le regain de tensions militaires dans la péninsule coréenne avait conduit à des contrôles plus stricts de la population nord-coréenne. 

« Les personnes qui essaient de quitter le pays sans autorisation encourent un grand risque », a souligné le Haut-Commissaire, qui a expliqué qu’il est désormais pratiquement impossible de traverser la frontière sans recourir à un passeur ou à un trafiquant.  Les femmes, qui forment la majorité des personnes prenant la fuite, sont fréquemment contraintes au mariage forcé, à l’exploitation sexuelle, ou à des travaux domestiques peu rémunérés, a déclaré M. Al Hussein. 

Le Haut-Commissaire a, enfin, demandé au Conseil de sécurité de réfléchir aux moyens de minimiser les conséquences humanitaires des sanctions internationales. 

Une demande appuyée par le Sous-Secrétaire général, qui a rappelé que 18 millions de personnes, soit 70% de la population en RPDC, souffraient d’insécurité alimentaire.  M. Jenča a demandé à tous les États Membres de soutenir les activités vitales en RPDC, en insistant sur les 114 millions de dollars nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires sur place. 

Le Sous-Secrétaire général a par ailleurs demandé aux institutions financières de faire preuve de responsabilité sociale et d’assurer les services bancaires vitaux aux organisations humanitaires qui opèrent sur le terrain.  « Si la situation politique et sécuritaire en RPDC attire une attention constante de la part de la communauté internationale, sa crise humanitaire est souvent oubliée », a regretté M. Jenča. 

Le programme nucléaire de la RPDC a néanmoins été au cœur de nombreuses interventions, dont celle de la déléguée des États-Unis qui a estimé, à l’instar du Haut-Commissaire, qu’il était inséparable des violations des droits de l’homme commises dans ce pays. 

« Les problèmes nucléaires et les questions des droits de l’homme sont les deux faces de la même pièce en Corée du Nord », a appuyé le délégué de la République de Corée, en exhortant la RPDC à abandonner son programme nucléaire et de missiles. 

Rappelant que Pyongyang avait préféré procéder à des essais nucléaires et à des tirs, dont les trois derniers « sont capables d’atteindre le territoire des États-Unis », plutôt que de remédier à une situation humanitaire « désastreuse », le délégué du Japon a souhaité que le Conseil continue de maintenir ce point à son ordre du jour. 

* S/2017/1006

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Débat de procédure

Le Conseil de sécurité a procédé à un vote sur la procédure à la suite d’une demande formulée par neuf membres du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Sénégal, Suède, Ukraine et Uruguay).  Par 10 voix pour, 3 contre (Bolivie, Chine et Fédération de Russie) et 2 abstentions (Égypte et Éthiopie), il a ainsi adopté un ordre du jour provisoire qui invite un haut fonctionnaire du Secrétariat de l’ONU et un autre du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à les informer officiellement de la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui est un point de l’ordre du jour du Conseil.

La lettre (S/2017/1006) datée du 1er décembre 2017, adressée par les membres requérants au Président du Conseil de sécurité, précise le fondement juridique de la demande -l’article 2 du Règlement intérieur provisoire du Conseil– ainsi que l’objectif de la réunion souhaitée: recevoir des informations du Secrétariat sur cette situation et ses incidences sur la paix et la sécurité internationales.

S’exprimant avant ce vote procédural, le représentant de la Chine s’est déclaré opposé à l’examen par le Conseil de la situation des droits de l’homme en RPDC.  Il s’est appuyé sur la Charte des Nations Unies qui contient des dispositions claires concernant les fonctions des principaux organes de l’ONU. 

Ainsi, a-t-il rappelé, le mandat du Conseil de sécurité est de discuter de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a plaidé pour que les droits de l’homme ne soient pas politisés et ne fassent pas partie du champ d’action du Conseil.  La situation en RPDC est complexe, sensible et sérieuse, a-t-il fait valoir en appelant les membres du Conseil à éviter les provocations mutuelles qui pourraient l’aggraver.  Il a invité les parties à examiner l’initiative proposée de « suspension pour suspension » et à travailler à la reprise des négociations.

La représentante des États-Unis a souligné qu’il n’y avait pas de séparation entre la paix et les droits de l’homme.  « Tout pays qui ne s’occupe pas de son peuple finit par être en conflit », a-t-elle dit, notant qu’il peut facilement abuser d’autres pays.  Tout en assurant comprendre les préoccupations de certains membres du Conseil, elle a expliqué que rester fidèle au concept de « prévention » signifie être capable de dénoncer les pays pour leurs violations des droits de l’homme.  De tels abus ont également été constatés en Syrie et au Venezuela, a-t-elle déclaré.

S’exprimant après le vote, le délégué de la Fédération de Russie a déclaré que les questions relatives aux droits de l’homme ne relevaient pas du mandat du Conseil.  Cet organe n’a jamais fait partie de la boîte à outils des Nations Unies pour la promotion et la protection des droits de l’homme, a-t-il fait valoir en ajoutant que le Conseil n’est pas en mesure de surveiller ces questions. 

En effet, le Conseil traite de questions d’agression ou d’usage de la force et ne peut être une plateforme pour l’examen des questions relatives aux droits de l’homme, a rappelé le représentant.  Pour lui, le mandat du Conseil de sécurité doit être axé sur les questions représentant des menaces réelles pour la paix et la sécurité internationales.  Il a également mis en garde contre la dilution du travail du Conseil sur des questions sans rapport avec son mandat principal, ainsi que contre la politisation et la politique de deux poids, deux mesures, des méthodes qui risquent à son avis de saper sa crédibilité. 

Des résolutions politisées et spécifiques à un pays n’ont jamais donné de résultats positifs, a-t-il dit.  Il a appelé à donner la priorité au règlement pacifique des différends, ajoutant que la réunion d’aujourd’hui ne devait pas servir de prétexte pour accroître l’intervention étrangère dans la péninsule coréenne.

Le représentant de l’Égypte, exprimant le rejet des armes nucléaires sur la péninsule coréenne, a expliqué s’être abstenu lors du vote parce qu’il respecte pleinement la souveraineté des États Membres et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures. 

Le Conseil, à son avis, n’est pas le lieu pour débattre de ces questions, sauf lorsqu’il s’agit de cas de génocide ou de nettoyage ethnique ayant un impact direct sur la paix et la sécurité internationales.  Des considérations telles que celles soulevées aujourd’hui, a-t-il estimé, ont miné le travail du Conseil et conduit à la polarisation de ses membres, ainsi qu’à une baisse de la confiance dans l’ensemble des Nations Unies. 

Il a également rejeté l’approche sélective qui cherche à examiner les droits de l’homme en soi.  Cela n’a pas aidé à résoudre les causes réelles des crises internationales, a-t-il en effet noté.

Le représentant de l’Uruguay a expliqué que sa délégation avait voté en faveur de la tenue de la réunion au motif qu’elle ne voit aucune limite aux discussions sur les droits de l’homme.  Le respect total et inconditionnel de ces droits et la recherche des responsabilités lorsqu’ils ont été violés sont des principes clefs de la politique étrangère de son pays, a-t-il indiqué.  Il a rappelé que son pays avait connu une dictature militaire dans les années 1970 et qu’il avait subi une forte pression en raison des violations des droits de l’homme commises, ce qui avait été crucial pour faire tomber la dictature dans « ces heures sombres ».

Le représentant de la Bolivie a déclaré que son pays était déterminé à promouvoir les droits de l’homme aux niveaux mondial et régional.  Cependant, la Charte des Nations Unies affirme sans équivoque que le Conseil est le forum choisi pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il dit en notant que les droits de l’homme ne font pas partie de son mandat. 

La Bolivie a soutenu les discussions visant à dénucléariser la péninsule coréenne et a toujours appelé au dialogue entre les parties, a-t-il rappelé avant de dire toutefois que la question des droits de l’homme ne devrait pas être traitée par le Conseil, arguant que cela le distrait de ses objectifs.

Le représentant de l’Éthiopie, invoquant les mandats spécialisés du Conseil des droits de l’homme et de ses organes subsidiaires, a souhaité qu’ils œuvrent à l’amélioration de la situation des droits de l’homme en RPDC.  Exprimant sa solidarité avec le Japon au sujet de l’enlèvement de ses ressortissants, et insistant sur leur retour le plus tôt possible, il a déclaré que cette affaire avait rendu difficile pour l’Éthiopie de s’abstenir lors du vote. 

Néanmoins, l’Éthiopie reconnaît que la situation dans la péninsule coréenne est complexe et sérieuse et souhaite que le Conseil consacre tout son temps et toute son énergie à trouver une solution pacifique et diplomatique par le dialogue. 

Déclarations

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a déclaré que la réunion du Conseil de sécurité sur la situation des droits de l’homme en République démocratique populaire de Corée (RPDC) est la preuve qu’il n’y a pas que la question du nucléaire qui mérite l’intérêt et l’action de la communauté internationale.  Même s’il est difficile d’obtenir des données actualisées et complètes à ce sujet, les informations récoltées révèlent une tendance continue de violations graves des droits de l’homme et une absence de progrès sur des questions comme les réunifications des familles ou encore les enlèvements de personnes. 

Rien ne permet de penser que la situation s’est améliorée depuis la parution du rapport de la Commission d’enquête de 2014, a poursuivi le Sous-Secrétaire général, avant de rappeler que l’une des obligations pour la RPDC est de protéger sa population de crimes graves au regard du droit international.  Il a également insisté sur la responsabilité collective de la communauté internationale de protéger cette population, si l’État ne le fait pas, et d’envisager les implications de ces violations graves des droits de l’homme sur la stabilité de la région.

« Au cours de cette année, l’environnement sécuritaire a eu un impact négatif sur les droits de l’homme en RPDC », a déclaré M. Jenča en rappelant les activités nucléaires et balistiques de la RPDC qui ont contribué à l’isoler encore davantage de ses voisins et de la communauté internationale.  Il a fait état de mesures encore plus sévères pour limiter la liberté de mouvement, à la fois à l’intérieur du pays et le long de la frontière avec la Chine. 

Les gens paient un prix plus élevé et prennent des routes plus dangereuses pour fuir la RPDC, a souligné le haut fonctionnaire.  En particulier, il s’est inquiété du sort des femmes qui restent la première cible des trafiquants qui les aident à s’échapper pour les vendre à l’industrie du sexe.  Il a également jugé alarmante la situation des prisonniers et des détenus étrangers, rappelant que trois citoyens américains et six citoyens de la République de Corée étaient toujours détenus en RPDC.  Il a également noté l’augmentation des rapatriements forcés de transfuges nord-coréens qui se trouvaient en Chine au cours de l’année écoulée, et les risques de torture et de mauvais traitements qu’ils encourent sur place.

Les Nations Unies ont pris un certain nombre de mesures cette année pour répondre à la situation des droits de l’homme en RPDC, a expliqué M. Jenča.  Ainsi le Rapporteur spécial a présenté son rapport à l’Assemblée générale en septembre, et un rapport du Secrétaire général sur cette question est paru an août.  La Troisième Commission s’est saisie de cette question et a adopté un projet de résolution qu’elle va soumettre pour adoption à l’Assemblée générale.  En réponse à ce texte, la RPDC a réitéré son objection ferme à des résolutions et mandats qui portent spécifiquement sur un seul pays, mais s’est dite ouverte à la coopération générale en matière de droits de l’homme.

Si l’accent est mis sur la situation politique et sécuritaire, la RPDC est « une crise humanitaire oubliée », a regretté M. Jenča.  Pourtant 18 millions de personnes, soit 70% de la population, y souffrent d’insécurité alimentaire, et 10,5 millions sont sous-alimentées.  Le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme a aussi averti que le régime de sanctions imposé à la RPDC risquait d’avoir des répercussions négatives sur les conditions de vie et les soins médicaux, et a demandé d’en tenir compte lorsque les résolutions du Conseil de sécurité sont rédigées.  De plus, les partenaires humanitaires sur le terrain rencontrent des défis opérationnels de plus en plus importants. 

Dans sa dernière résolution 2375 (2017), a rappelé M. Jenča, le Conseil de sécurité réaffirme que les mesures imposées ne sont pas censées avoir des conséquences humanitaires négatives.  Gardant cela à l’esprit, le Sous-Secrétaire général a fait quatre demandes.  D’une part, toutes les organisations non gouvernementales et organisations internationales qui rencontrent des problèmes opérationnels doivent utiliser le processus établi pour informer et demander des directives ou une exemption au Comité établi par la résolution 1718 (2006).  Il a ensuite exhorté le Comité 1718 à se saisir rapidement de ces demandes pour éviter que la situation humanitaire difficile ne se dégrade davantage. 

M. Jenča a également demandé à tous les États Membres de soutenir les activités vitales en RPDC, insistant sur le fait que le financement des secours était essentiel et qu’il fallait 114 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires sur place.  Il a fait écho au Comité 1718 pour rappeler aux États Membres leur obligation de respecter le régime de sanctions et, enfin, il a appelé les institutions financières à faire preuve de leur « responsabilité sociale » et d’assurer les services bancaires vitaux aux organisations humanitaires qui opèrent sur le terrain. 

M. ZEID RA’AD ZEID AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a estimé que « la crise sécuritaire internationale concernant les actions militaires prises par le Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) est indissociable des violations généralisées des droits de l’homme de la population dans ce pays ».  Notre tableau de la situation est incomplet, compte tenu du manque d’accès du personnel du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), a reconnu le haut fonctionnaire, avant de souligner que des transfuges avaient relaté des violations qui touchent à chaque aspect de la vie des gens. 

M. Al Hussein a commencé par faire état des conditions horribles dans le réseau de prisons et de camps de travail nord-coréens.  Selon les témoignages collectés, la torture est généralisée dans des centres de détention, pour extorquer des détenus des aveux selon lesquels ils envisagent de quitter le pays, communiquent avec le reste du monde à l’aide de réseaux de télécommunication étrangers, ou s’engagent dans des trafics divers.  Les détenus sont contraints de travailler dans des mines, où ils sont roués de coups par des gardes et insuffisamment alimentés.

De plus, s’il a été certes possible de collecter certaines informations sur les camps de travail, « il règne un secret absolu » s’agissant des « cinq camps de prisonniers politiques » de la RPDC.  Les entretiens menés par le HCDH avec les personnes ayant réussi à fuir le pays indiquent que la peur d’être renvoyé dans ces camps reste un « puissant instrument de contrôle ».  Au cours des derniers mois, a poursuivi le Haut-Commissaire, le regain de tensions militaires dans la péninsule coréenne a conduit à des contrôles plus stricts de la liberté de mouvement et des droits civils et politiques de la population nord-coréenne. 

« Les personnes qui essaient de quitter le pays sans autorisation encourent un grand risque », a souligné le Haut-Commissaire, qui a expliqué qu’il est désormais pratiquement impossible de traverser la frontière sans recourir à un passeur ou à un trafiquant.  Les femmes, qui forment la majorité des personnes prenant la fuite, sont fréquemment contraintes au mariage forcé, à l’exploitation sexuelle, ou à des travaux domestiques peu rémunérés. 

Au cours de l’année écoulée, plus de 70 cas font état de femmes, d’hommes et d’enfants renvoyés de Chine vers la RPDC après que les autorités les eurent considérés comme « migrants économiques ».  Parmi eux, des femmes ont témoigné que suite à leur retour forcé, des agents auraient conduit des fouilles corporelles invasives.  Nous avons également reçu une information selon laquelle une famille de cinq personnes aurait commis un suicide collectif pour ne pas être renvoyée en Corée du Nord, a souligné M. Al Hussein.  Le cas d’Otto Warmbier, mort des suites d’actes de torture, démontre bien les graves violations dont sont victimes les prisonniers en RPDC. 

Quant à l’assistance humanitaire fournie par les agences humanitaires de l’ONU, elle est d’une importance vitale pour 13 millions de personnes, a rappelé le Haut-Commissaire.  Mais les sanctions internationales risquent d’avoir un impact sur la fourniture d’articles de première nécessité, s’est-il alarmé, en demandant au Conseil de sécurité de mener une évaluation de l’impact des sanctions sur les droits de l’homme et de réfléchir aux moyens de le minimiser. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a dénoncé les violations systématiques des droits de l’homme comme constituant une stratégie du régime de la République démocratique populaire de Corée (RPDC) « pour rester au pouvoir ».  La marche de la RPDC vers l’arme nucléaire a commencé par l’oppression de son peuple et les violations des droits de l’homme, a-t-elle rappelé.  Elle a indiqué que le peuple de la RPDC était instrumentalisé en vue de mettre en œuvre et développer ce programme.  Un système de caste très strict a été mis en place tandis que plus de 100 000 Nord-Coréens, dont des enfants, croupissent dans des camps de travail forcés, a-t-elle affirmé. 

La représentante a en outre dénoncé le système de « culpabilité par association » dans le pays qui voit un individu emprisonné pour les faits d’un proche.  Trois générations peuvent ainsi être emprisonnées, a-t-elle insisté.  Elle a ensuite mentionné les violations commises contre des Nord-Coréens à l’étranger, en citant l’incident de Kuala-Lumpur, avant de condamner les avortements forcés dont sont victimes certaines femmes afin de préserver « la pureté ethnique ». 

Mme Haley a demandé à deux femmes nord-coréennes ayant fui le pays et qui se trouvaient dans la salle de se lever.  Elle a longuement détaillé les sévices endurés par l’une de ces femmes.  « Le monde doit savoir ce qui se passe dans la boîte noire de la RPDC. »  Enfin, la déléguée a demandé des mesures de protection pour les demandeurs d’asile venant de la RPDC.  « Il nous incombe de faire face à cette menace ensemble. »

« Nous ne pouvons que regretter, cette année encore, le bilan désastreux de la situation des droits de l’homme en RPDC », a déclaré M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  La Commission d’enquête internationale, dans son rapport publié en février 2014, avait conclu à « de multiples crimes contre l’humanité, découlant de politiques établies au plus haut sommet de l’État, ont été commis et continuent d’être commis en Corée du Nord ».  La France a donc appelé à la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête, qui continuent « hélas » de faire référence. 

Aussi le représentant a-t-il salué la décision de ce Conseil de tenir cette réunion sous un point dédié de l’ordre du jour, « qui paraît d’autant plus nécessaire après les développements de ces derniers mois ».  Alors que Pyongyang, en violation de ses obligations au titre du droit international et des résolutions du Conseil, poursuit ses programmes illégaux d’armes nucléaires et de missiles balistiques, « la situation de sa population demeure l’une des plus dramatiques au monde », a estimé M. Delattre. 

« Plus de la moitié de la population souffre d’une insécurité alimentaire et médicale grave, parce que les ressources du pays sont drainées et détournées pour les programmes militaires, au détriment du bien-être de la population et de l’exercice de ses droits les plus élémentaires. »

La liste des exactions est bien trop longue pour être ici exhaustive, a dit le délégué: « torture, détentions arbitraires, exécutions publiques, travail forcé, viols, déplacements de population, trafic d’êtres humains, et de femmes en particulier ».  Le Rapporteur spécial a reçu des témoignages faisant état de la peur généralisée des camps de prisonniers politiques dans la population, « ces camps que le régime appelle des “instituts de réadaptation” ».  L’anxiété serait telle que les habitants partent du principe que toute personne disparue est détenue dans un camp, parfois pour la simple détention d’un téléphone portable. 

« C’est pourquoi nous devons continuer notre mobilisation en faveur des personnes victimes de disparitions forcées, nombreuses en Corée du Nord, mais aussi parmi les ressortissants des pays voisins, notamment de Corée du Sud et du Japon. »

Évoquant ensuite la question des travailleurs nord-coréens à l’étranger, M. Delattre a assuré qu’ils sont « exploités, parfois condamnés au travail forcé et privés de leur liberté de mouvement, ce qui s’apparente à de la traite d’êtres humains ».  L’essentiel de leurs revenus, en devises étrangères, est détourné par le régime nord-coréen et mis au profit des programmes d’armement nucléaire. 

Enfin, le droit fondamental qu’est la liberté d’opinion et d’expression demeure brimé par la censure et éclipsé par la propagande, a dénoncé la France.  « La surveillance systématique par le voisinage, illicite et arbitraire, la persécution des voix dissidentes ou même différentes, sont autant de moyens révoltants utilisés par le régime pour étouffer la liberté d’opinion et d’expression, et l’égal accès à l’information », a accusé le représentant, en parlant de « totalitarisme absolu ». 

Il a en conclusion espéré que le Conseil de sécurité resterait saisi de la situation en RPDC et saurait s’unir pour appeler les autorités de la Corée du Nord à autoriser l’accès aux organes de suivi des droits de l’homme, y compris le Rapporteur spécial.

M. OLOF SKOOG (Suède) a affirmé que la poursuite des efforts déployés par la RPDC pour créer un programme nucléaire et balistique se fonde sur un système sans précédent de répression dirigée contre les citoyens nord-coréens.  La convergence entre le manque de respect pour les droits de l’homme, la crise humanitaire et les menaces à la paix et à la sécurité internationales sont évidents, a-t-il dit. 

Tout en reconnaissant qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des informations sur la situation des droits de l’homme dans le pays, le représentant a ensuite fait état de violations « systémiques, répandues et graves ».  Il a notamment énuméré des cas d’exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, de torture, de viol et d’autres formes de violence sexuelle, dénonçant par ailleurs les violations systématiques de la liberté d’expression et de culte. 

À cette liste, a-t-il poursuivi, s’ajoute l’absence du droit à la nourriture et à la santé qui frappe de manière disproportionnée les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Il a aussi noté le manque d’action positive de la RPDC pour rapatrier des ressortissants japonais enlevés. 

Le délégué a appelé à déployer tous les efforts pour mettre un terme à l’impunité, soulignant que toute tentative pour réaliser une paix et une stabilité durables exige justice et réparation pour les victimes des violations des droits de l’homme en RPDC.  Le représentant a aussi appelé à mettre en œuvre les recommandations de la Commission d’enquête. 

Affirmant par ailleurs que la crise humanitaire dans le pays est « l’incarnation du mépris du Gouvernement de la RPDC envers son propre peuple », le représentant a indiqué que l’ambassade de la Suède à Pyongyang avait appris que la capacité des organismes humanitaires à fournir une aide, « dont le besoin grand », avait été réduite. 

Il a rappelé au Gouvernement de la RPDC son obligation d’accorder aux organisations humanitaires l’accès dont elles ont besoin pour accomplir leur travail.  Il est de la plus haute importance que les exemptions humanitaires prévues dans le cadre des sanctions soient respectées, a-t-il souligné.  Le Gouvernement de la RPDC, a-t-il ajouté, doit prendre conscience du fait que son système de répression ne pourra pas survivre indéfiniment. 

Les gens trouveront toujours le moyen de le contourner, d’accéder à l’information, voir même de s’échapper.  L’histoire démontre que l’esprit humain fini éventuellement par triompher.  Il en sera un jour de même pour le peuple de la Corée du Nord, a-t-il dit.

Pour M. FODÉ SECK (Sénégal), il faut créer les conditions d’une coopération internationale renforcée dans le domaine des droits de l’homme, en insistant sur leur caractère « universel, indivisible et interdépendant ».  Dès lors, a-t-il avancé, il importe, en tant qu’États indépendants et souverains, de « nous investir solidairement dans toutes les questions, y compris celles des droits de l’homme, sur la base du respect mutuel et d’un dialogue constructif ». 

Saluant la mise en place par l’ONU de mécanismes à cet effet, notamment le Conseil des droits de l’homme (CDH), l’Examen périodique universel (EPU) et les organes créés en vertu d’instruments internationaux, le représentant y a vu des « outils complémentaires, bien qu’encore perfectibles » pour traiter des questions relatives aux droits de l’homme.  Il a cependant déclaré prendre bonne note du rapport du CDH sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), encourageant ce pays à coopérer davantage avec les mécanismes pertinents de promotion des droits de l’homme, en particulier le Rapporteur spécial et la Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en RPDC. 

M. MATTHEW JOHN RYCROFT (Royaume-Uni) a appuyé le souhait du Conseil de sécurité de faire la lumière sur la situation critique des droits de l’homme en RPDC.  Les preuves des violations des droits de l’homme commises dans ce pays ne peuvent être ignorées, a-t-il dit, ajoutant que le but de ces violations pour le régime était de tenir la population sous son contrôle. 

Le délégué britannique a ensuite fait état d’individus fuyant la RPDC.  Si ces personnes sont renvoyées en RPDC, le régime en sera, selon lui, renforcé, dénonçant le mépris de la Corée du Nord pour le droit international.  Le représentant a indiqué que le régime nord-coréen pouvait encore choisir la prospérité et la paix, en abandonnant son programme nucléaire.  Sur le dossier nord-coréen, le monde a les yeux rivés sur le Conseil de sécurité, a conclu M. Rycroft. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) s’est félicité de la tenue de cette réunion, affirmant ne pas partager la position selon laquelle les questions relatives aux droits de l’homme seraient du ressort exclusif du Conseil des droits de l’homme.  L’Ukraine, a-t-il réaffirmé, considère que les violations systématiques et massives des droits de l’homme constituent « des signaux précurseurs et l’indication d’une menace crédible » pour la paix et la sécurité internationales que le Conseil de sécurité est chargé de maintenir.  À cet égard, a observé le représentant, la situation des droits de l’homme en RPDC, loin de s’être améliorée depuis l’an dernier, « demeure critique ». 

Tout en saluant la première visite effectuée en RPDC par un titulaire de mandat spécial, en l’occurrence le Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées, ainsi que le lancement en janvier dernier d’un cadre de coopération stratégique entre les Nations Unies et le Gouvernement de RPDC pour la période 2017-2021, le représentant a estimé qu’au vu de la détérioration de la situation, des « mesures urgentes » doivent être prises par la communauté internationale pour « inverser la politique ciblée de violations systématiques des droits de l’homme » menée par le régime nord-coréen. 

Considérant que « même George Orwell » serait « surpris » par les éléments contenus dans le dernier rapport du Secrétaire général concernant la RPDC, le délégué s’est dit « profondément perturbé » par les informations faisant état d’actes de torture ou d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, mais aussi de viols, d’exécutions extrajudiciaires, sommaires, arbitraires et publiques, de détentions extrajudiciaires et arbitraires, de l’absence de respect et de primauté du droit, de l’imposition de la peine de mort pour des raisons religieuses et de punitions collectives sur plusieurs générations. 

Il a également rappelé qu’on restait sans nouvelle de 12 ressortissants japonais enlevés en RPDC dans les années 1970 et 1980 et a déclaré soutenir l’appel lancé par le Secrétaire général à toutes les parties prenantes pour que soient résolues la question de la séparation de familles et que des comptes soient rendus s’agissant des disparitions forcées. 

Le représentant a par ailleurs dénoncé le fait que le régime nord-coréen continue de construire son arsenal militaire « aux dépens de son propre peuple », se félicitant de la création d’un groupe d’experts indépendant sur la reddition des comptes pour les violations des droits de l’homme en RPDC, dont certaines sont susceptibles d’être constitutives de crimes contre l’humanité. 

Enfin, tout en exhortant les autorités nord-coréennes à coopérer avec la communauté internationale, il s’est dit en accord avec le projet, avancé par le groupe d’experts, d’établir un tribunal spécial international pour la RPDC. 

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a qualifié la situation des droits de l’homme en RPDC de « sujet de grande préoccupation » compte tenu du contexte dans lequel elle s’inscrit.  La population nord-coréenne se retrouve « otage » de la volonté de ses autorités sans que celles-ci lui accordent les libertés et les garanties minimales proclamées par la Déclaration universelle de droits de l’homme de 1948, a dénoncé le représentant, estimant que de telles violations « ne peuvent ni ne doivent être admises en plein XXIe siècle ». 

Le délégué a ajouté que la simple existence de camps de concentration et l’absence de garantie de procès impartiaux constituent des violations fondamentales des libertés dont doit pouvoir jouir la population civile de RPDC.  Se disant également préoccupé par les graves pénuries auxquelles est soumis le peuple nord-coréen, il a condamné la fabrication d’armes nucléaires et de missiles balistiques par le régime de Pyongyang, soulignant « l’impact négatif » que les détournements de ressources effectués à cette fin ont sur la situation humanitaire et les droits de l’homme des citoyens nord-coréens. 

Si d’autres gouvernements se livrent eux aussi à des violations constantes « sans que celles-ci se retrouvent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité », a-t-il poursuivi, la situation en RPDC s’inscrit dans un « scénario particulier » en raison du risque de déstabilisation qu’elle fait courir pour la péninsule coréenne, si ce n’est pour la paix et la sécurité du monde entier. 

Prenant note des efforts consentis par le Gouvernement nord-coréen, notamment au travers du cadre de coopération stratégique conclu avec les Nations Unies pour la période 2017-2021, il a estimé que ce « pas dans la bonne direction » ne devait pas faire oublier « le chemin qu’il reste à accomplir ».  Pour l’Uruguay, a-t-il souligné, la solution à ces tensions ne pourra advenir que par le biais du dialogue, de la négociation et d’un accord politique. 

C’est pourquoi, a conclu le délégué, « nous appelons une nouvelle fois au respect des dispositions contenues dans les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité sur la situation en RPDC et à la reprise des négociations afin de parvenir à une solution politique durable ».    

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a considéré que cette réunion relevait parfaitement du mandat du Conseil de sécurité.  Alarmé par les violations répétées des droits fondamentaux du peuple nord-coréen par le régime de Pyongyang, il s’est notamment dit préoccupé de la hausse du nombre de détentions arbitraires et des conditions de détention, et par la répression politique et sociale, destinée à étouffer toutes formes de dissension. 

Le représentant a estimé que la situation des droits de l’homme en RPDC devrait être renvoyée devant la Cour pénale internationale (CPI), avant de regretter que, jusqu’à présent, le Rapporteur spécial n’ait pas été en mesure de se rendre dans le pays.  L’Italie s’est par ailleurs dite grandement préoccupée par la question des enlèvements de citoyens japonais, retenus contre leur gré en RPDC. 

La délégation a en outre exhorté les États à assurer la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a indiqué que tous les sujets, même les plus délicats, devaient être discutés par ce Conseil.  Il a affirmé néanmoins que le Conseil des droits de l’homme était l’enceinte appropriée pour débattre de la situation des droits de l’homme en RPDC.  Il a salué certains développements positifs tels que la visite du Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées. 

Il a exhorté le régime à remédier à la malnutrition dans le pays et à libérer les personnes enlevées. 

Enfin, le délégué a indiqué qu’une aide pérenne pour le relèvement de la RPDC était possible pour autant que le régime fasse des concessions sur son programme nucléaire. 

M. KORO BESSHO (Japon) a rappelé qu’au cours des trois dernières années, le Conseil de sécurité s’est penché sur la situation des droits de l’homme en RPDC, à propos de laquelle « aucun progrès n’a été constaté ».  Selon les dernières estimations, plus de la moitié de la population souffre de la faim, et près d’un quart est atteint de malnutrition chronique.  Au lieu de remédier à cette situation désastreuse, a-t-il relevé, Pyongyang a préféré procéder à trois essais nucléaires et à des tirs répétés de missiles balistiques, dont les trois derniers ont une portée intercontinentale et sont capables d’atteindre le territoire des États-Unis. 

Pour le représentant, le Conseil de sécurité doit donc continuer de maintenir ce point à son ordre du jour.  Après avoir dénoncé l’exploitation des travailleurs nord-coréens expatriés, qui ont fait l’objet d’une résolution conjointe récente du Japon et de l’Union européenne à l’Assemblée générale, la délégation a attiré l’attention sur la question de l’enlèvement « systématique »  de ressortissants étrangers, notamment japonais. 

Même à l’heure actuelle, de nombreuses victimes de ces enlèvements sont privées de liberté et attendent d’être sauvées.  « Alors que ces personnes et leurs proches vieillissent, nous ne pouvons plus perdre de temps pour résoudre cette question », a tranché M. Bessho, en espérant sincèrement que la communauté internationale œuvrera au retour immédiat de toutes les personnes enlevées.  Le Japon a par ailleurs annoncé son intention de poursuivre sa coopération active avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour l’aider à consolider son implantation dans la péninsule coréenne.

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a déploré le manque de progrès sur le front des droits de l’homme en République démocratique populaire de Corée (RPDC) depuis sa prise de fonction l’an dernier.  Les violations graves des droits de l’homme continuent en RPDC et beaucoup de Nord-Coréens risquent leur vie pour passer la frontière vers le sud à la recherche de liberté et de dignité, a regretté le représentant, parlant de plus de 30 000 personnes au cours des 10 dernières années.  Le sort des transfuges nord-coréens qui ont été renvoyés en RPDC, pour une raison ou une autre, après avoir cherché à s’enfuir, est particulièrement difficile, a-t-il expliqué.  D’après lui, les causes profondes de ces violations tiennent à « l’obsession du régime nord-coréen avec sa sécurité au nom de laquelle tout est permis, y compris le développement d’armes nucléaires ».  En effet, des montants importants qui auraient dû être investis dans le bien-être du peuple nord-coréen ont été détournés à des fins nucléaires, une attitude « irresponsable » aux yeux de la Corée du Sud ainsi que du Conseil de sécurité qui a exprimé ses préoccupations à ce sujet dans sa résolution 2375 (2017). 

« Les problèmes nucléaires et les questions des droits de l’homme sont les deux faces de la même pièce en Corée du Nord », a poursuivi M. Cho pour lequel vouloir améliorer la situation des droits de l’homme sans s’attaquer aux causes profondes de sa détérioration est aussi irrationnel que « d’escalader un arbre pour y pêcher un poisson ».  Son pays appelle la RPDC à renoncer à son programme nucléaire et de missiles, à se soumettre aux normes internationales, à respecter les recommandations pertinentes du Conseil de sécurité et à investir plus de ressources dans le bien-être de son peuple. 

Le représentant a ensuite évoqué les souffrances partagées des personnes en RPDC et en Corée du Sud à la suite de la guerre qui a séparé leurs familles il y a plus de 70 ans.  Sa délégation a souhaité que ces Coréens puissent être réunis au plus tôt avec leurs proches.  « À nouveau, nous lançons un appel aux autorités nord-coréennes pour donner suite immédiatement à notre proposition en vue de reprendre les réunifications familiales. » 

Enfin, M. Cho a soulevé la question des citoyens non nord-coréens détenus en RPDC, dont six Sud-Coréens, un point abordé par la Troisième Commission le 14 novembre dernier.  Après avoir demandé à la communauté internationale de « garder un œil » sur la situation des droits de l’homme en RPDC, il s’est néanmoins dit convaincu que le jour viendra où les Coréens des deux côtés de la frontière vivront dans un pays unifié. 

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