En cours au Siège de l'ONU

8044e séance – matin
CS/12985

Coopération ONU-Union africaine: Le Représentant spécial du Secrétaire général relaye les appels en faveur d’un renforcement logistique et financier

Le Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine (UA), M. Haile Menkerios, a, ce matin, présenté devant le Conseil de sécurité les points saillants de la onzième réunion annuelle des Nations Unies et de l’UA, qui s’est tenue la semaine dernière à Addis-Abeba, en Éthiopie, en relayant les appels en faveur d’un renforcement logistique et financier entre les deux organisations. 

Les membres du Conseil de sécurité se sont, pour leur part, félicités de la coopération de plus en plus étroite entre ces deux organisations et ont appelé à la renforcer, en soulignant les problèmes qui se posent en termes de financement.

M. Menkerios, qui est à la tête du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA), a basé son exposé sur le rapport annuel du Secrétaire général sur le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’UA sur les questions de paix et de sécurité en Afrique*, et notamment sur les activités du Bureau.

Le partenariat entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’UA se caractérise désormais par un engagement constant des personnels à chaque niveau, a-t-il indiqué, en citant la tenue régulière de séances d’information conjointes avec les représentants et envoyés spéciaux respectifs. 

Lors des délibérations de la semaine dernière, les deux conseils ont réitéré le principe de la responsabilité première du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales, tout en réaffirmant la nécessité de renforcer le partenariat entre les deux organes, notamment par le biais de missions conjointes. 

Ils ont également proposé d’entendre les représentants de l’UA lorsque leurs homologues des Nations Unies s’expriment au cours de réunions sur la paix et la sécurité en Afrique.  Le Secrétariat de l’ONU, a précisé M. Menkerios, est prêt à travailler avec la Commission de l’UA et avec les communautés économiques régionales pour donner suite à ce souhait.

Les représentants ont aussi souligné l’importance d’une collaboration plus étroite pour la prévention des conflits et la pérennisation de la paix, ainsi qu’en matière de consolidation de la paix. 

En commentant ces observations, le délégué du Royaume-Uni a proposé de rendre des rapports communs sur la violence sexiste et sexuelle, tandis que son homologue de la France a prôné un meilleur partage de l’information d’alerte précoce. 

Plusieurs membres du Conseil ont cité le cas de la Gambie pour illustrer les fruits d’un partenariat en matière de prévention et de médiation des conflits, se félicitant de la collaboration trilatérale entre le Conseil, l’UA et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

D’autres ont mentionné la collaboration de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de l’UA et de l’ONU pour traiter de la situation au Soudan du Sud. 

Le représentant de la Fédération de Russie a émis l’espoir de tirer profit de ce format tripartite dans d’autres situations sur le continent.  En revanche, il a jugé inacceptable d’imposer aux pays africains des « recettes extérieures » pour le règlement de situations, citant le Burundi en exemple. 

La même délégation a abordé les problèmes de financement des opérations de soutien à la paix menées par l’UA en invoquant la compétence exclusive à cet égard des organes spécialisés de l’ONU chargés de traiter des questions financières et budgétaires, à savoir la Cinquième Commission, l’Assemblée générale et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires. 

Plusieurs membres du Conseil de sécurité se sont montrés déterminés à trouver une solution pour apporter un soutien logistique et financier prévisible et adéquat pour ces opérations.  La résolution 2320 (2016) du Conseil de sécurité, datant du 18 novembre 2016, avait prévu à ce sujet que le fardeau financier des opérations de soutien à la paix de l’UA devait être mieux réparti.

Le problème de financement que connaît actuellement la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) a été soulevé en particulier par le Représentant spécial qui a relayé les « appels passionnés » du Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour obtenir un financement prévisible, souple et adéquat.  Il a annoncé un rapport du Secrétaire général en novembre 2017 sur l’avenir du financement de cette mission.

Le représentant de l’Éthiopie, pays hôte de la réunion de la semaine dernière, a rappelé que la séance de ce jour précédait de peu le débat de haut niveau que tiendra le Conseil de sécurité le 20 septembre prochain concernant la réforme des opérations de maintien de la paix. 

* S/2017/744

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES - UNION AFRICAINE

Rapport du Secrétaire général sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (S/2017/744)

Déclarations

M. HAILE MENKERIOS, Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA), a présenté le rapport du Secrétaire général sur le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine (UA) sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du BNUUA, en y apportant des mises à jour. 

Il a tout d’abord félicité le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour l’unité qu’ils affichent, qui est basée sur une solidarité et un respect mutuels, ainsi que sur la reconnaissance de leurs avantages comparatifs. 

Le partenariat entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’UA se caractérise désormais par un engagement constant des personnels à chaque niveau, a indiqué M. Menkerios.  Ainsi, les représentants et envoyés spéciaux travaillent avec leurs homologues de l’UA sur plusieurs situations critiques, comme celles au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC), en Gambie, au Mali, en Libye, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan, notamment en tenant régulièrement des séances d’information et en participant ensemble à de nombreuses réunions. 

Sur le plan opérationnel, les évaluations et les planifications communes se poursuivent, a-t-il ajouté.

Il a ensuite présenté cinq points qui résultent des délibérations de la semaine dernière.  Les deux conseils ont tout d’abord réitéré le principe de la Charte des Nations Unies selon lequel le Conseil de sécurité a la responsabilité première de maintenir la paix et la sécurité internationales, en reconnaissant aussi l’importance des accords régionaux lors des conflits. 

En deuxième lieu, les deux conseils ont été d’avis que le partenariat entre eux peut encore être renforcé grâce à une interaction plus fréquente.  Plusieurs suggestions ont été faites sur l’organisation de missions conjointes, a-t-il dit.

Troisièmement, les délibérations et décisions sur la paix et la sécurité en Afrique pourraient être enrichies par des interventions de représentants de l’UA lorsque s’expriment leurs homologues des Nations Unies.  Le Secrétariat de l’ONU est prêt à travailler avec la Commission de l’UA et avec les communautés économiques régionales pour donner suite à ce souhait.

Les représentants ont aussi souligné l’importance d’une collaboration plus étroite pour la prévention des conflits et la pérennisation de la paix.  « Nous tendons souvent à "réagir" plutôt qu’à "agir en amont" », a-t-il en effet été noté. 

En matière de consolidation de la paix, les deux conseils ont souligné qu’il fallait accorder une plus grande attention aux causes profondes des conflits et éviter ainsi de retomber dans un conflit.  Une plus grande collaboration entre la Commission de consolidation de la paix et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix a été souhaitée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Enfin, les deux conseils ont rappelé que le fardeau financier des opérations de soutien à la paix de l’UA devait être mieux réparti, conformément à la résolution 2320 (2016) du Conseil de sécurité.  Les discussions ont souligné le poids important que portent déjà les pays africains en déployant leurs soldats dans des situations dangereuses. 

L’UA a pris des mesures pour renforcer sa responsabilité financière et humaine, ainsi que les mécanismes de suivi.  Le Secrétaire général a salué la volonté à cet égard des dirigeants de l’UA, qui se manifeste notamment par le paiement de déjà 18% du montant prévu de 65 millions de dollars au Fonds pour la paix en 2017.

En outre, M. Menkerios a rappelé l’importance de financer les opérations de soutien à la paix de l’UA autorisées par le Conseil de sécurité dans le contexte d’une stratégie politique commune, agréée par les deux conseils et suivie par des analyses conjointes des situations de conflit.  Ce processus a commencé, entre le Secrétariat et la Commission, pour que ces opérations deviennent un outil pour mener la stratégie politique commune.

Le Représentant spécial a enfin fait part des « appels passionnés » entendus du côté du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en vue d’un financement, de manière prévisible, souple et adéquate, de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), et ce, de toute urgence. 

Actuellement, le soutien de l’ONU à cette mission est insuffisant et inadapté, a-t-il argué, ajoutant qu’il est en outre incertain au-delà de 2018.  Les membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont estimé « intenable » cette situation. 

Le Secrétaire général présentera un rapport sur l’avenir du financement de l’AMISOM en novembre 2017, a-t-il dit, en prévenant que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait demandé au Conseil de sécurité de prendre les décisions appropriées pour régler cette situation urgente et grave.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a salué l’évolution positive de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine sur la base d’une prise de conscience partagée sur « l’interdépendance et la complémentarité » des deux organisations.  Il a souligné l’importance de renforcer ce partenariat aux niveaux stratégique et opérationnel afin de faire face de manière efficace aux défis actuels de la paix et de la sécurité sur le continent africain. 

Devant la montée de l’extrémisme violent et de la criminalité transnationale organisée, le renforcement des capacités de l’Union africaine et des communautés économiques régionales est essentiel, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité d’un soutien logistique et financier prévisible et adéquat aux opérations de maintien de la paix de l’UA approuvées par le Conseil de sécurité. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a insisté sur l’importante pour le Conseil de sécurité d’étudier toutes les voies possibles proposées par le Secrétaire général dans son rapport en particulier celles concernant le soutien aux opérations de paix de l’Union africaine mandatées par le Conseil.  Il est important d’assurer un financement durable et flexible à ces opérations, a ajouté le représentant.  Une plus grande priorité doit être accordée à la prévention des conflits, à l’alerte précoce et à la reconstruction après les conflits, ainsi qu’à la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine dans ces domaines. 

Le représentant, qui a souhaité le renforcement du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, a déclaré qu’en tant que membre du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, l’Égypte était déterminée à renforcer son partenariat pour relever les défis complexes et multidimensionnels en Afrique.

Mme MICHELE J.SISON (États-Unis) a affirmé que l’Union africaine est un partenaire important pour les Nations Unies sur la question du maintien de la paix en Afrique, notamment en Somalie, au Burundi ou au Soudan du Sud et au Mali.  Aujourd’hui, la question est de savoir comment améliorer et approfondir ce partenariat, a-t-elle dit. 

Elle a salué l’effort de l’Union africaine pour établir des cadres pour prévenir les abus et promouvoir le respect des droits de l’homme.  C’est un point positif à l’actif de l’organisation continentale, a indiqué la représentante. 

Toutefois, a-t-elle averti, les États-Unis n’examineront pas la proposition d’utiliser les contributions des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine sans tenir compte des critères financiers, de droits de l’homme et de responsabilité.  « Agir autrement mettrait en péril la légitimité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies », a mis en garde la représentante, pour qui les États-Unis sont confiants que les relations importantes entre les Nations Unies et l’Union africaine vont dans la bonne direction. 

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a déclaré qu’il convenait de trouver un équilibre entre l’appropriation et le partenariat en matière de coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique.  Selon lui, la création de l’Union africaine a démontré l’existence d’un consensus sur la prévention et la résolution des conflits. 

Les deux institutions peuvent approfondir la planification et la prise de décisions conjointes et trouver des façons concrètes de renforcer la communication a-t-il souligné, ajoutant que les interactions directes et régulières entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine se poursuivent. 

De même, a poursuivi le représentant, le renforcement possible des missions conjointes pourrait fournir des renseignements utiles concernant la situation sur le terrain.  Ce renforcement est également nécessaire pour la prévention et la médiation des conflits, comme l’a démontré la collaboration trilatérale entre le Conseil, l’UA et la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Gambie.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué la tenue de la réunion conjointe des Nations Unies et de l’UA la semaine dernière à Addis-Abeba, ainsi que les efforts menés depuis avril par les deux organisations pour arriver à une compréhension commune des causes fondamentales des conflits et promouvoir le consensus en vue d’adopter des décisions. 

En ce qui concerne les mécanismes de coopération et de collaboration, il a salué le déploiement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en 2007, dont les progrès ont permis aux Nations Unies et à l’UA d’établir une alliance aux plans stratégique et opérationnel. 

Pour la Bolivie, les opérations de paix en Afrique sont un instrument clef pour la consolidation de la paix, ainsi que des outils pour faire face au terrorisme et aux crises humanitaires, comme c’est le cas dans le bassin du lac Tchad.  La Bolivie se félicite d’ailleurs de la signature d’un mémorandum d’accord, le 24 février, entre la Commission de l’UA et les pays fournisseurs de contingents à la force déployée dans cette région. 

Au Soudan du Sud, cet appui se traduit par des efforts pour soutenir le dialogue national et la mise en œuvre de l’accord en étroite collaboration avec la Commission mixte de suivi et d’évaluation et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

Le représentant a souligné le niveau croissant de partenariat stratégique entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA.  À cet égard, il a appuyé l’exigence de cohérence exprimée par le Secrétaire général dans son rapport et invité à réfléchir aux possibilités d’appui des opérations de soutien à la paix de l’UA. 

Le dialogue et la collaboration avec les partenaires régionaux et sous-régionaux sont essentiels pour prévenir les conflits, a-t-il poursuivi, en saluant notamment les efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et pour éviter un conflit en Gambie.

Le représentant a conclu en demandant d’accorder une plus grande importance au rôle de l’UA dans la région, selon le principe qu’il faut une solution africaine à tout problème africain.  Il a recommandé d’envisager la possibilité d’entendre des représentants spéciaux de l’UA lors des examens de rapports sur des situations africaines au Conseil de sécurité.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est félicité de la première réunion entre l’UA et l’ONU, tenue le 19 avril dernier à New York, au cours de laquelle les dirigeants des deux organisations ont signé un cadre commun pour renforcer leur partenariat en matière de paix et de sécurité. 

Il a aussi apprécié la visite, en juillet, en République démocratique du Congo (RDC) et au Nigéria, d’une délégation conjointe à laquelle a participé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed.  Plus récemment, le représentant a estimé que la onzième réunion, tenue à Addis-Abeba, avait montré l’utilité de ce format de réunion pour s’assurer que les deux organisations sont sur la même longueur d’onde sur les questions africaines.

Il a cité, comme exemple de succès, le partenariat de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de l’UA et de l’ONU pour traiter de la situation au Soudan du Sud, espérant que ce format tripartite se montrerait efficace pour d’autres situations sur le continent. 

Le représentant russe a jugé inacceptable d’imposer aux pays africains des « recettes extérieures » pour le règlement de situations, citant le Burundi en exemple.  Il ne faut pas, a-t-il ajouté, évaluer de loin les situations politiques et relatives aux droits de l’homme, en imposant des mesures correctives.  À son avis, il faut plutôt laisser le soin aux Africains de prendre les décisions qu’ils jugent bonnes pour faire face aux menaces, rappelant le cas de la crise en Libye en 2011.

S’agissant des problèmes de financement des opérations de soutien de l’UA, le délégué a rappelé qu’il y avait des organes spécialisés à l’ONU chargés de traiter des questions financières et budgétaires, comme la Cinquième Commission, l’Assemblée générale et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires. 

« Nous sommes prêts à poursuivre un dialogue constructif à ce sujet et attendons le rapport du Secrétaire général sur le financement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) pour trouver des solutions concrètes », a-t-il indiqué.

M. WU HAITAO (Chine) a souligné l’importance de la collaboration et du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU en matière d’opérations de maintien de la paix en Afrique.  Le représentant a ajouté qu’il était essentiel de soutenir le développement socioéconomique de l’Afrique, car il constitue un moyen important de règlement et de prévention des conflits. 

Pour le représentant, l’Afrique devait tenir compte du Programme de développement à l’horizon 2030 dans l’Agenda 2063 et donner la priorité à l’éducation, à la santé et aux infrastructures.  Il a mis l’accent sur le rôle de chef de file de l’Union africaine pour la paix et de la sécurité notamment en matière de renforcement des capacités. 

S’agissant de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, le représentant a plaidé pour une meilleure communication et coordination et la création d’un mécanisme pour une évaluation précoce des menaces.  Il faut aussi garantir un financement prévisible et durable des opérations de maintien de la paix africaines, a ajouté le représentant chinois. 

M. OLOF SKOOG (Suède) a dit que « nous devons assurer et mobiliser la volonté politique et le soutien au partenariat entre l’Union africaine et l’ONU afin qu’il atteigne son plein potentiel ». 

Après avoir salué les efforts du Département des opérations de maintien de la paix, le représentant a indiqué que « nous avons aujourd’hui l’occasion d’agir et de franchir des étapes concrètes vers le renforcement de la collaboration ».  Cela implique la concrétisation d’un financement flexible, prévisible et durable des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.

Le représentant a ajouté que le programme « les femmes et la paix et la sécurité » restait un élément essentiel du partenariat.  Il a mis également l’accent sur le recours à des visites communes des Nations Unies et de l’Union africaine pour sensibiliser sur la question de genre.  

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a salué le nouveau partenariat stratégique entre l’ONU et l’UA, se félicitant du consensus large sur le principe de missions conjointes sur le terrain et sur l’harmonisation des méthodes de travail sur l’Afrique.  Il a encouragé cette coopération qui doit être renforcée plus avant, selon lui. 

Le terrorisme, les liens croissants entre les réseaux criminels, tels sont des problèmes qui ont des conséquences au-delà de l’Afrique, dont les conflits ne sont plus locaux mais d’incidence mondiale.  C’est pourquoi il a jugé important de renforcer cette coopération par des mécanismes triangulaires qui intègrent des organisations régionales, comme c’est le cas avec le partenariat de l’ONU et de l’UA avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour la situation au Soudan du Sud. 

C’est aussi le cas en matière de sécurité avec la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant a ainsi soutenu le mécanisme dont parle le Secrétaire général dans son rapport concernant les opérations conjointes en Afrique. 

L’UA assume des responsabilités croissantes et a montré qu’elle est capable d’en faire encore plus, a noté le représentant souhaitant le renforcement des capacités actuelles des opérations de soutien à la paix de l’UA.  Une solution au problème de financement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) doit être trouvée rapidement, a-t-il plaidé. 

À son avis, les Nations Unies devraient envisager d’utiliser les quotes-parts budgétaires des États Membres, à condition que ce soit dans le contexte du respect de conditions relatives aux droits de l’homme, à la conduite et à la déontologie.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a déclaré que l’alliance entre l’UA et les Nations Unies en matière de paix et de sécurité était « essentielle et nécessaire » en raison de la multiplication des menaces asymétriques, du terrorisme et de conflits de plus en plus complexes causant des crises humanitaires et des violations des droits de l’homme à grande échelle. 

Il a salué les progrès réalisés dans ce domaine au cours de la dernière année ainsi que le renforcement de la coopération entre les deux institutions, notamment à travers le Fonds pour la paix et la récente réunion conjointe entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA. 

Selon lui, la définition et la planification des mandats conjoints de maintien de la paix, le financement prévisible des opérations de l’Union africaine et le développement des capacités du personnel déployé sur le terrain seront des facteurs décisifs pour assurer le succès de l’alliance. 

Il a souligné à cet égard que les troupes déployées par l’UA devraient répondre aux mêmes exigences de conduite que celles de l’ONU, dans le plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a déclaré que son pays était « résolument engagé » en faveur du renforcement du partenariat stratégique entre les Nations Unies, l’UA et les communautés économiques régionales en Afrique. 

Devant la multiplication et l’évolution des crises et des menaces sur le continent africain et leurs conséquences sur les populations, elle a plaidé pour un « partage rationnel des tâches » entre les deux organisations afin d’assurer une plus grande efficacité et une meilleure allocation des ressources humaines et financières. 

« Nous devons en outre améliorer et préciser les conditions de financement ainsi que la conduite des opérations de paix africaines », a ajouté la représentante, afin de répondre à l’objectif d’« appropriation, par les Africains, de leur propre sécurité ». 

Elle a cité en exemple le Fonds pour la paix, qui vise à permettre aux États africains de financer 25% du coût des opérations de maintien de la paix d’ici à 2020, tout en tenant compte de l’impact financier de ces propositions sur le budget de l’ONU. 

Enfin, Mme Gueguen a souligné que ce renforcement devait se fonder sur une approche visant à prévenir les crises, par exemple par le biais d’un meilleur partage de l’information d’alerte précoce.  Le partenariat entre les deux organisations ne doit donc pas se limiter à la sécurité mais s’étendre aussi à la pérennisation de la paix et du développement durable conformément à l’Agenda 2063 de l’UA et au Programme de développement durable à l’horizon 2030, a conclu la représentante.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a indiqué que les outils et les mécanismes de la diplomatie de l’ONU et de l’Union africaine pouvaient être renforcés en travaillant étroitement à chaque niveau et avec toutes les entités.  Cela exige une synergie étroite entre les représentants spéciaux et les envoyés de l’ONU et de l’Union africaine.  « Nous avons aussi besoin d’unir nos forces à toutes les phases qui vont de l’alerte précoce à la prévention des conflits en passant par la résolution, le relèvement, le développement et le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. »

L’ONU peut également tirer parti des avantages comparatifs des organisations régionales et sous-régionales ainsi que des groupes de pays voisins qui ont une meilleure compréhension des dynamiques et des causes profondes des conflits et du terrain. 

« Nous devons investir beaucoup plus dans la résolution des causes profondes des tensions et de l’instabilité, en créant des institutions étatiques et en consolidant la constitution, en organisant des élections, la construction de la démocratie, la primauté du droit, la fin de l’impunité, l’établissement de la bonne gouvernance et la mise en œuvre des réformes du secteur de la sécurité », a-t-il ajouté. 

Si le cadre de processus de prise de décisions proposé par le Secrétaire général rend notre action commune plus efficace, d’autres travaux techniques doivent être entrepris pour convenir des modalités d’analyse conjointe, de planification et d’évaluation des organes intergouvernementaux pertinents. 

Il faudra une révision des processus administratifs internes, des politiques et des procédures, a averti le représentant pour lequel « ce travail commun est particulièrement avantageux dans la lutte contre le terrorisme, le crime international organisé, la traite de personnes et d’autres fléaux ». 

La communauté internationale doit fournir aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine des appuis en matière de renforcement de sécurité et financiers en vertu de la résolution 2320 (2016). 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que les deux organisations avaient les mêmes objectifs, les mêmes priorités et le même respect du leadership africain pour les dossiers africains.  Il a suggéré trois mesures pour renforcer leur collaboration, la première étant d’en faire plus pour apprendre les uns des autres.  Cela signifie tenir davantage de réunions conjointes, comme pour le cas de la Somalie, et mener des analyses et des évaluations conjointes. 

Il a aussi proposé de rendre des rapports communs sur la violence sexiste et sexuelle, ainsi que de mettre à disposition tous les employés de l’ONU si le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le souhaite.

Le deuxième conseil du Royaume-Uni est de mieux exploiter les avantages comparatifs des deux organisations, comme c’est le cas avec le dossier somalien.  « Ensemble, nous avons contribué à l’histoire en veillant au succès des élections les plus démocratiques en Somalie depuis des décennies. »

Un financement fiable est le troisième point important, a poursuivi le délégué en appelant à trouver des solutions quant à la responsabilité du financement prévisible et fiable.  Il a salué l’engagement de l’UA de financer 25% de ses opérations de soutien à la paix, mais a souhaité que cela se combine avec l’adoption de normes conjointes pour un bon contrôle de la responsabilité financière.  Cela aura en outre pour conséquence d’améliorer les résultats des missions, a-t-il fait remarquer. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a souligné quatre points concernant la coopération entre l’ONU et l’Union africaine « qui méritent une attention particulière ».  Premièrement, il est important de continuer les efforts afin d’éliminer les imperfections des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, notamment dans le domaine des capacités.  Assurer un déploiement rapide et une performance accrue exige des actions coordonnées et collectives de la part de l’Union africaine, de l’ONU et d’autres partenaires clefs comme l’Union européenne. 

Deuxièmement, il est crucial d’assurer un financement durable et prévisible des opérations de paix de l’Union africaine mandatées par le Conseil de sécurité. 

Troisième point, a indiqué le représentant, la protection des civils est un facteur décisif du succès des opérations africaines mandatées par le Conseil de sécurité.  La composante « droits de l’homme » devrait devenir un élément indispensable de toutes les opérations de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité. 

Quatrièmement, le représentant a souligné le mérite des missions conjointes de l’ONU et de l’Union africaine sur le terrain « qui sont des outils importants de prévention de conflit ». 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a exprimé l’attachement de son pays à la question de la collaboration renforcée des deux organisations et salué la réunion de la semaine dernière.  Celle-ci a eu lieu après que le Secrétaire général de l’ONU et le Commissaire de l’UA eurent soumis un rapport sur le financement des opérations d’appui à la paix de l’UA, et avant le débat de haut niveau du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix qui aura lieu le 20 septembre prochain. 

Le représentant a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités dans le domaine du maintien de la paix et espéré que l’on pourrait progresser pour assurer la prévisibilité et la fiabilité du financement de ces opérations.

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