Soixante-douzième session,
22e séance – matin
CPSD/651

La Quatrième Commission appelle à renforcer la dimension humanitaire de la lutte antimines

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a adopté par consensus, ce matin, un projet de résolution qui renforce la dimension humanitaire de l’assistance à la lutte antimines.

Intitulé « Assistance à la lutte antimines », ce texte demande instamment aux États de fournir une aide humanitaire aux victimes des mines et des restes explosifs de guerre et de prendre des mesures pour que la population civile soit épargnée.

Si l’Assemblée générale venait à l’adopter, elle encouragerait aussi tous les programmes et organismes multilatéraux, régionaux et nationaux à inclure des activités de lutte antimines, notamment de déminage, dans leurs programmes de consolidation de la paix, d’aide humanitaire, de stabilisation, d’aide au relèvement, à la reconstruction, au maintien de la paix et au développement.

Le projet de résolution a été présenté par le représentant de la Pologne qui a indiqué que ce texte demande, en outre, pour la première fois aux États Membres de respecter leurs obligations internationales respectives en matière de lutte antimines.

Saluant un projet de résolution « qui reflète les réalités du terrain et mentionne l’élimination humanitaire des engins explosifs improvisés », le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, M. Alexandre  Zouev, s’est longuement attardé, dans un exposé introductif, sur les progrès accomplis ces deux dernières décennies.

Le débat prenait en effet place dans un contexte particulier puisque cette année marque le vingtième anniversaire de la Convention d’Ottawa (Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction), ainsi que celui de la création du Service de la lutte antimines de l’ONU et du Groupe interinstitutions de coordination de la lutte antimines.

M. Zouev s’est ainsi félicité qu’aujourd’hui, 162 États soient parties à la Convention d’Ottawa, et que plus de 51 millions de stocks de mines antipersonnel aient été détruits, précisant que l’année dernière, plus de 185 kilomètres carrés de terres suspectées d’être contaminées ont été débarrassées de mines antipersonnel et de restes d’engins explosifs de guerre.  Mais une des plus belles réussites, à ses yeux, est la diminution notable du nombre de victimes au cours des deux dernières décennies, en Afghanistan et en Colombie notamment.

M. Zouev a également beaucoup insisté sur le fait que la lutte antimines est une composante cruciale de l’action humanitaire, de la construction de la paix, et de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Malgré ces avancées, le Sous-Secrétaire général, rejoint par de nombreuses délégations, a cependant déploré l’augmentation du nombre de victimes liées aux engins explosifs de guerre, aux mines et aux engins explosifs improvisés, qui s’élève à 40% en 2016.  Un phénomène que le représentant de l’Algérie a imputé « au nombre croissant de conflits armés dans le monde, particulièrement en Moyen-Orient, en Afrique et en Asie », tandis que le représentant du Canada mettait en lumière la responsabilité grandissante d’acteurs non étatiques.  Notant la diversification des types de mines utilisées, le délégué japonais a appelé pour sa part à mettre en place des « approches différenciées ».

Rappelant que 22 millions de mines et autres explosifs dangereux ont été posés dans son pays pendant la Seconde Guerre mondiale, le représentant de l’Égypte a souligné pour sa part que le défi technique du déminage restait à relever.  « Il nous faut acquérir les dernières technologies en date de détection et d’enlèvement des mines pour pouvoir continuer de localiser les mines terrestres, qui ont tendance à se déplacer sous l’effet de l’érosion », a-t-il notamment expliqué.

La République démocratique populaire lao et la Thaïlande, deux autres États particulièrement concernés par la persistance de mines et d’engins explosifs, ont tous deux mis en évidence l’importance d’informer les populations sur les dangers des mines antipersonnel et l’assistance aux victimes, « qui mobilisent beaucoup de ressources ». 

Indiquant que 30% des 270 millions de sous-munitions qui ont touché le sol de son pays pendant la guerre n’ont pas explosé, le représentant laotien a aussi mis en exergue les défis importants que représentent ces engins pour le développement socioéconomique du pays.  La République démocratique populaire lao s’est d’ailleurs fixée un dix-huitième objectif de développement durable qui consiste à éliminer l’obstacle des engins non explosés.

Faisant par ailleurs écho aux propos de M. Zouev, qui a observé « un basculement vers des guerres urbaines », le représentant de la Libye a de son côté parlé de la situation à Syrte et à Benghazi, où l’impact des mines antipersonnel, posées entre les maisons et dans les rues, et la persistance de restes explosifs de guerre se font encore ressentir alors que les populations civiles sont revenues.  Il s’est également inquiété de la présence d’engins très développés, pouvant être détonés par téléphone portable ou déguisés en objet insoupçonnables.

Pour sa part, le représentant de l’Autriche s’est dit très préoccupé par l’utilisation des mines antipersonnel par le Myanmar, et a indiqué qu’en sa qualité de Président de la Convention d’Ottawa, il avait demandé l’établissement d’une mission internationale indépendante d’établissement des faits sur ce sujet.

La communauté internationale s’est engagée à créer un monde exempt de mines antipersonnel d’ici à 2025.

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 2 novembre, à partir de 15 heures.

ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES (A/72/226 et A/C.4/72/L.12)

Déclaration liminaire du Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité du Département des opérations de maintien de la paix

M. ALEXANDER ZOUEV, Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, s’est réjoui du nombre de résolutions des Nations Unies qui reflètent l’action antimines comme une composante essentielle de tous les efforts internationaux liés aux urgences humanitaires, à la consolidation et au maintien de la paix, à la prévention des conflits, aux droits de l’homme et au développement.  « En d’autres mots, le travail des Nations Unies en matière de lutte antimines est une illustration concrète de la réforme du Secrétaire général qui vise à renforcer la synergie et la coordination entre les différents piliers », a déclaré M. Zouev.  Il a noté que 2017 était une année particulièrement significative puisqu’elle marque le vingtième anniversaire de la Convention dOttawa –Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, ainsi que celui de la création du Service de la lutte antimines de l’ONU  et du Groupe interinstitutions de coordination de la lutte antimines. 

M. Zouev a ensuite souligné que les droits de l’homme et le droit humanitaire sont les pierres angulaires de la lutte antimines.  Il s’est félicité que 162 États soient parties à la Convention d’Ottawa, et que plus de 51 millions de stocks de mines antipersonnel aient été détruits, notant que 30 pays s’étaient acquittés de leur obligation.

Poursuivant, il a observé que des progrès significatifs avaient été accomplis ces 20 dernières années, en raison d’un partenariat effectif entre les États Membres, les Nations Unies, la société civile et le secteur privé.  La diminution notable du nombre de victimes au cours des deux dernières décennies, en Afghanistan et Colombie notamment, est une des plus belles réussites, s’est-il félicité.  M. Zouev a aussi voulu mettre en évidence l’impact positif d’une adhésion de plus en plus importante au respect des normes dans ce domaine.  À cet égard, il a salué le leadership, l’innovation et la créativité du Service de la lutte antimines de l’ONU.

M. Zouev a également souligné les progrès liés à l’opérationnalisation de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, et s’est dit satisfait que les programmes de lutte antimines de l’ONU atteignent à présent les plus hauts niveaux d’adéquation aux lignes directrices en matière d’égalité des sexes, ajoutant que le nombre de femmes employées dans le secteur à différents niveaux ne cesse d’augmenter.  Il a cependant estimé qu’on pouvait faire encore plus pour aider les communautés affectées par des conflits, et que la coordination et les partenariats étaient essentiels pour améliorer l’efficacité.  Il s’est donc réjoui que le projet de résolution reflète les réalités du terrain et mentionne l’élimination humanitaire des engins explosifs improvisés, soulignant que  le basculement vers des guerres urbaines rend d’autant plus critique la distribution d’une assistance humanitaire et le retour sûr des personnes déplacées et des réfugiés dans leur foyer.

Enfin, M. Zouev a insisté sur le fait que la lutte antimines était une composante cruciale de l’action humanitaire.  « Elle est aussi essentielle pour la construction de la paix, et pour accélérer la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030 », a-t-il poursuivi en se réjouissant que l’année dernière, plus de 185 kilomètres carrés de terres suspectées d’être contaminées ont été débarrassées de mines antipersonnel et de restes d’engins explosifs de guerre, et que plus de 140 hôpitaux, 220 écoles et près de 500 marchés avaient été sécurisés.

Même quand les activités hostiles se poursuivent, des individus et des communautés bénéficient de l’assistance à la lutte antimines, a aussi fait savoir M. Zouev, citant plus particulièrement l’assistance des Nations Unies en Iraq où l’Organisation soutient les efforts de stabilisation dans les zones libérées des mains de Daech.  « L’électricité et l’eau ont été rétablies à Mossoul peu après le conflit, après l’évaluation du risque d’explosion dans 270 infrastructures », a-t-il expliqué.  « Personne ne doit vivre dans la peur de la mort, même après la fin des combats », a ajouté M Zouev.  À cet égard, il a regretté l’augmentation enregistrée en 2016, de 40% de victimes liées aux engins explosifs de guerre, aux mines et aux engins explosifs improvisés.

Débat général

M. JESÚS DIAZ CARAZO, de l’Union européenne, a rappelé le soutien de l’Union européenne à l’objectif collectif d’un monde exempt de mines antipersonnel, soulignant que tous les pays membres de l’UE étaient parties à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, et qu’ils coparrainaient le projet de résolution sur la lutte antimines.  Il a souligné que l’UE finançait plus d’un tiers de l’assistance à la lutte antimines, estimant toutefois que les efforts de la communauté internationale n’étaient pas encore suffisants et l’appelant à renforcer encore la coopération entre les Nations Unies, les États et d’autres organisations régionales telles que l’Union africaine ou des organisations non-gouvernementales comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « Renforcer la collaboration aidera à soutenir les efforts des États affectés d’une manière plus efficace et pérenne », a-t-il insisté.

Le représentant s’est ensuite félicité du fait que le projet de résolution mette l’accent sur la dimension humanitaire de la lutte antimines, notamment sur l’accès humanitaire et la prise en compte de la lutte antimines dans les appels de fonds et les premières réponses humanitaires.  Il a aussi salué le fait que ce texte souligne l’importance de la lutte antimines à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. KITTITHEP DEVAHASTIN NA AYUTHAI (Thaïlande) a indiqué que son pays, qui fut l’un des premiers à devenir partie à la Convention d’Ottawa sur les mines, faisait de l’enlèvement des mines et de la réhabilitation des victimes une priorité gouvernementale depuis deux décennies.  Guidés par un comité national pour la lutte antimines, qui est présidé par le Premier ministre, nos efforts pour honorer les obligations de la Convention sont menés de manière durable, efficace et complète, a-t-il assuré.  Il a expliqué que son pays s’était engagé à faire de la Thaïlande un pays sans mines et, qu’en moins de 20 ans, les services compétents avaient décontaminé plus de 2 100 kilomètres carrés du territoire thaïlandais.  Nous sommes résolus à déminer complètement les 430 kilomètres carrés restants aussitôt que possible, a-t-il indiqué.  Le délégué a fait remarquer que son pays fournissait une assistance active aux victimes des mines, cela en mettant également en œuvre les volets pertinents de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Il a souligné qu’en matière de sensibilisation aux dangers des mines, les services de l’État thaïlandais travaillaient en étroite coopération avec les autorités locales, y compris les établissements scolaires des villages, pour tenir informer les plus jeunes. 

M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a indiqué qu’au cours des 20 dernières années, les mines terrestres avaient posé un défi sérieux à son pays, qui reste l’un des pays les plus touchés au monde.  Rappelant que 22 millions de mines et autres explosifs dangereux ont été posés en Égypte pendant la Seconde Guerre mondiale, ce chiffre représentant 20% du total des mines terrestres utilisées à travers le monde, il a souligné que le défi technique du déminage restait à relever.  Il nous faut acquérir les dernières technologies en date de détection et d’enlèvement des mines pour pouvoir continuer de localiser les mines terrestres, qui ont tendance à se déplacer sous l’effet de l’érosion, a-t-il précisé.  Il a ajouté que son pays, conscient des conséquences humanitaires liées à la production, au transfert et à l’utilisation de mines antipersonnel, avait instauré un moratoire sur le transfert de mines vers d’autres États dès 1984.  Il a souligné les répercussions néfastes des mines sur le développement du pays, et insisté sur le fait que l’aide apportée à son pays dans le domaine du déminage devait consister en la fourniture d’une assistance technique.  Le représentant a en outre assuré que l’Égypte poursuivait ses efforts dans le cadre du service de lutte antimines des Nations Unies.

M. SOULIKONE SAMOUNTY (République démocratique populaire lao) a félicité le système des Nations Unies et la communauté internationale pour leur travail dans la lutte antimines.  Rappelant que deux millions de tonnes de bombes ont été larguées sur son pays durant la Guerre d’Indochine, il a indiqué que 30% des 270 millions de sous-munitions qui ont touché le sol n’ont pas explosé.  « Cela explique pourquoi les restes explosifs de guerre sont devenus un défi si important pour le développement socioéconomique du pays », a ajouté le délégué.  Expliquant qu’une grande quantité de ressources est nécessaire pour nettoyer, informer et porter assistance aux victimes innocentes, il a rappelé les dispositifs qui ont permis d’avancer dans l’élimination de ce fléau.  Avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et plusieurs organisations non gouvernementales, le Programme national lao d’élimination des munitions non explosées a pu débuter en 1996.  Un fonds d’affectation spéciale a été créé pour financer le travail, bientôt remplacé par le projet multilatéral « Progresser vers la réalisation des objectifs de développement durable 18 -Éliminer l’obstacle des engins non explosés pour le développement en République démocratique populaire lao ».  Parmi les objectifs des arrangements bilatéraux que le pays a passés avec ses partenaires, il a dénombré la surveillance, le nettoyage, l’éducation au risque, l’assistance aux victimes et l’entraînement.

M. KOJI MIZUMOTO (Japon) a rappelé que son pays était co-auteur du projet de résolution « Assistance à la lutte antimines » et qu’il espérait la voir adoptée par consensus.  Jugeant que la Convention d’Ottawa a marqué d’une pierre blanche le combat contre ces armes, il a constaté qu’un certain nombre de progrès avaient été réalisés depuis: 162 pays ont rejoint le traité, 159 d’entre eux ne détiennent plus de mines et en tout 51 millions de ces dispositifs ont d’ores et déjà été détruits. Hélas, le nombre de victimes de mines n’est pas en régression du fait de l’instabilité en plusieurs endroits du globe, a-t-il déploré notant que ces engins ont provoqué la mort de 6 500 personnes en 2015 contre 3 700 en 2014.  La diversification des types de mines nécessite des approches différenciées, ou tout du moins différentes, pour répondre au danger, a-t-il expliqué.

Le représentant a ensuite souligné que les actions humanitaires sont indissociables des opérations de déminage, étant même un prérequis pour permettre le retour des populations dans un environnement de paix et de sécurité.  C’est pourquoi, a rebondit le délégué, le Japon a fait de l’action contre les mines l’une de ses priorités diplomatiques, un volontarisme concrétisé par son statut de second pays contributeur avec 263 millions de dollars dépensés entre 2011 et 2015.  Une somme qui a servi au déminage, mais aussi à la surveillance, à l’assistance aux victimes et à l’éducation aux risques, a-t-il précisé.  Afin d’améliorer l’assistance à la lutte antimines, le représentant a appelé à favoriser les coopérations triangulaires, aider les victimes, augmenter l’éducation au  risque, multiplier les partenariats notamment avec la société civile et accroître l’implication des femmes.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a rappelé que cette année marque le vingtième anniversaire de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.  Il a rappelé l’objectif d’un monde exempt de mines antipersonnel à l’horizon 2025.  Il s’est félicité de la destruction de 51 millions de mines antipersonnel, de stocks passés sous la barre des 50 millions et de la fin du commerce de ces mines.  Il a aussi salué le fait que 162 États sont dorénavant parties à la Convention.  À propos de la Convention sur les armes à sous-munitions, il a indiqué que son pays, qui en avait assuré la présidence, avait initié un dialogue avec des États qui n’ont pas encore rejoint cette Convention.

Le représentant a ensuite fait savoir que l’Allemagne avait consacré 32 millions de dollars à la lutte antimines.  Il s’est toutefois préoccupé de la persistance de « la contamination », citant notamment en exemple le Yémen, l’Iraq ou la Syrie, qui souffrent également de l’impact des engins explosifs improvisés. Il s’est félicité que le projet de résolution prenne en compte cet aspect, ainsi que la dimension humanitaire de la lutte antimines.  

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a indiqué que 51 millions de mines antipersonnel avaient été détruites dans le monde et que le nombre de victimes avait baissé de manière « substantielle », constatant toutefois qu’il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à l’objectif d’un monde exempt de mines antipersonnel à l’horizon 2025.  Il a rappelé que l’existence de nombreux champs de mines antipersonnel était aujourd’hui le fait d’acteurs non étatiques, déplorant leurs conséquences humanitaires, en particulier pour les réfugiés ou les personnes déplacées par des conflits.  Il a appelé à mieux répondre aux besoins des populations les plus touchées et à promouvoir l’inclusion et l’égalité des sexes dans la lutte antimines.  Il a souligné que les personnes handicapées et les survivants constituaient des populations vulnérables, insistant sur les efforts à déployer pour faciliter leur réintégration, notamment pour les femmes ou les filles qui peuvent avoir besoin de services économiques, sociaux et de réhabilitation adaptés.

Le représentant a ensuite indiqué que son pays avait consacré l’année passée 17,5 millions de dollars au déminage en Afghanistan, en Colombie, en Iraq, au Sri Lanka et en Ukraine.  Il a précisé que pour répondre au mieux aux réalités et aux populations locales, le Canada employait des équipes paritaires de liaison avec les collectivités équilibrées qui forment des femmes locales pour les intégrer dans leurs équipes de déminage.  À ses yeux, les efforts collectifs pour éliminer les mines antipersonnel et les restes explosifs de guerre, l’aide humanitaire, la sécurité et le travail de développement « doivent tenir compte du sexe et de la diversité, afin de contribuer à rebâtir les sociétés et instaurer une paix durable » 

M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a déploré que la présence continue de mines antipersonnel et de vestiges de guerre ait des conséquences très graves au niveau social et économiques ainsi que sur la mise à disposition de l’assistance humanitaire.  Il a indiqué que son pays avait complété la dernière phase de destruction des stocks de mines antipersonnel qu’il avait gardés à des fins d’entrainement.  Pour ce qui est de la dimension humanitaire, l’Algérie a terminé le déminage du territoire, éliminant les mines antipersonnel posées du temps de la période coloniale.  « Grâce à ces efforts nationaux, nous avons réussi à détruire quelques neuf millions de mines et à déminer 62 millions d’hectares de zones agricoles, entre 1963 et 2016, s’est-il félicité, précisant que ces activités ont permis de lancer des projets de développement le long des frontières est et ouest du pays, des régions autrefois contaminées.

Le représentant a ensuite assuré que son pays accordait une grande importance aux personnes handicapées, victimes de ces mines antipersonnel, et qu’il leur offre une assistance pour leur réintégration sociale et professionnelle, avec l’appui d’organisations de la société civile.  Il s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de victimes provoquées par des restes d’engins explosifs de guerre, des engins explosifs improvisés et des mines antipersonnel terrestres, notant une hausse de 40% entre 2015 et 2016.  Il a imputé cela au nombre croissant de conflits armés dans le monde, particulièrement en Moyen-Orient, en Afrique et en Asie.  Il a aussi souligné que la lutte antimines participait à la prévention des conflits en nettoyant les terrains de tous engins explosifs, et en empêchant l’accès à des matériaux explosifs permettant de les fabriquer.

Le représentant s’est également félicité des efforts des Nations Unies pour promouvoir des programmes visant à aider les victimes et à sensibiliser les populations au risque des mines et autres engins explosifs.  Plus spécifiquement, il a salué le plan du PNUD de 2016, qui cherche à consolider la paix grâce à la lutte antimines, notant par ailleurs que la lutte antimines joue un rôle essentiel dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. ESAM BEN ZITUN (Libye) a rappelé que son pays avait longtemps souffert des mines antipersonnel et des restes explosifs de guerre après l’occupation italienne, rappelant que son peuple avait payé un prix exorbitant pour des conflits auquel il n’était pas partie.  « Les répercussions se font sentir génération après génération, en dépit des efforts déployés, et continuent de provoquer des morts et de nombreux blessés », a-t-il insisté, indiquant que les mines antipersonnel figuraient parmi les armes les plus utilisées dans les guerres qu’a connu la Libye et qu’elles ont touché plus de civils que de militaires. 

Le représentant a ensuite salué l’assistance fourni par les Nations Unies après la libération de villes tombées aux mains de Daech, citant notamment les programmes d’informations à l’intention des populations et les consignes techniques pour les autorités libyennes.  Il a appelé à poursuivre les contributions, citant notamment la situation à Syrte et à Benghazi, où l’impact des mines antipersonnel posées entre les maisons et dans les rues, et la persistance de reste explosifs de guerre se fait encore ressentir alors que les populations civiles sont revenues.  Le représentant a expliqué que ces engins étaient très développés, pouvant être détonés par téléphone portable ou déguisés en objet insoupçonnables.  « On se demande si ces technologies ont été développées dans notre pays et nous demandons aux Nations Unies de faire un rapport sur ces types de mines antipersonnel afin d’améliorer l’information sur celles-ci », a-t-il insisté.

Il a déploré que les ressources ne soient pas encore suffisantes pour faire face à la quantité et au niveau technologique des mines antipersonnel, tout en saluant l’aide apporté par les Nations Unies pour la formation de 200 spécialistes, dont 30 formés à l’évaluation des engins explosifs improvisés et des restes explosifs de guerre, en coopération avec les autorités libyennes.  Le représentant a aussi appelé à davantage de coordination entre Service de la lutte antimines de l’ONU, les autorités locales et la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).  Il a notamment appelé à l’établissement d’une carte indiquant quelles sont les zones contaminées par les mines antipersonnel afin de limiter les victimes parmi la population civile.  Il a en outre proposé que la Libye devienne un lieu d’entrainement pour le Service de la lutte antimines de l’ONU, espérant qu’elle puisse devenir un exemple de la transition vers un pays exempt de ces armes.

M. HAMADI (Émirats arabes unis), a regretté que les mines antipersonnel et les restes explosifs de guerre tuent des milliers de personnes, endommagent les infrastructures et entravent le développement durable.  « La lutte antimines est essentielle pour protéger les civils, faciliter l’aide humanitaire et faciliter le retour des personnes déplacées » a déclaré le représentant qui a indiqué que son pays avait appuyé nombre d’efforts internationaux et régionaux de déminage pour mettre fin aux répercussions socioéconomiques de ces engins.  Au Liban, il a ainsi contribué à un projet de déminage à hauteur de 50 millions de dollars, qui a permis la dépollution de trois millions de kilomètres carrés et la destruction de 26 000 mines antipersonnel.  « La présence des mines antipersonnel empêchaient les habitants d’accéder aux écoles, de mener à bien leurs activités agricoles », a indiqué le représentant.  Les Émirats arabes unis appuient aussi un projet de déminage à Kandahar, en Afghanistan, qui a permis de déminer 72 champs et aux personnes de rentrer chez elles, et contribuent activement à différentes initiatives telles que la conférence de donateurs, et la réunion des États parties à la Convention d’Ottawa.

M. HUANG DA (Chine) a salué les résultats positifs obtenus ces dernières années dans la lutte antimines grâce aux efforts conjoints de la communauté internationale.  Il a estimé que la lutte antimines devait tenir compte des conditions spécifiques du pays affecté.  Il a aussi insisté sur les efforts à déployer pour aider ces pays à accomplir une transition d’un déminage effectué avec l’assistance des Nations Unies, à un déminage réalisé par leurs propres équipes, afin de renforcer leurs capacités propres et d’assurer un développement pérenne dans ce domaine.  Il a également appelé la communauté internationale à axer ses efforts sur les effets concrets de l’assistance antimines et sur la coopération, en explorant de nouvelles approches.

Le représentant a ensuite précisé qu’en tant qu’État partie à la Convention concernant certaines armes classiques et à son Protocole II tel qu’amendé, son pays remplissait ses obligations et prenait part aux travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur le cadre du Protocole II.  Il a indiqué que son pays ayant été autrefois affecté par les mines antipersonnel, la Chine comprenait « parfaitement les préoccupations des pays touchés » et qu’elle participait activement aux programmes d’assistance dans la lutte antimines, en particulier avec la mise en place depuis 1998 d’un programme qui lui est propre.  « La Chine a offert son assistance à plus de 40 pays des régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine », a-t-il indiqué.

M. GEORGE WILHELM GALLHOFER (Autriche) s’est félicité de la destruction de 49 millions de mines antipersonnel, de 10 000 vies sauvées et de l’adhésion de 162 États à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.

Se disant très préoccupé par l’utilisation des mines antipersonnel par le Myanmar, qui n’est pas partie à la Convention, le représentant a indiqué, qu’en sa qualité de président de la Convention, il avait demandé l’établissement d’une mission internationale indépendante d’établissement des faits sur ce sujet.  Il a ensuite rappelé que le nombre de victimes était resté élevé en 2016 en raison de l’accroissement de l’usage d’engins explosifs improvisés.  Il a ensuite indiqué que son pays entendait profiter du vingtième anniversaire de la Convention pour redynamiser les engagements de la communauté internationale de parvenir à l’objectif d’un monde exempt de mines antipersonnel à l’horizon 2025.

Décision sur le projet de résolution A/C.4/72/L.12

Par ce projet de résolution adopté par consensus, l’Assemblée générale, demanderait aux États Membres de respecter leurs obligations internationales respectives en matière de lutte antimines.

Elle prierait instamment tous les États, en particulier ceux qui sont le mieux à même de le faire, ainsi que les organismes des Nations Unies et les autres organisations et institutions compétentes en matière de lutte antimines, d’aider les États touchés par le problème des mines en fournissant, à leur demande et selon qu’il conviendra: une assistance aux pays touchés par le problème des mines et des restes explosifs de guerre pour leur permettre de créer ou de développer leurs propres capacités de lutte antimines; un soutien aux programmes nationaux; des contributions régulières et prévisibles en temps voulu à l’appui des activités de lutte antimines; des informations et l’assistance technique, financière et matérielle nécessaires pour localiser, éliminer, détruire ou neutraliser au plus tôt les champs de mines, les mines et les restes explosifs de guerre; ainsi qu’une assistance technologique visant à aider les pays touchés par le problème des mines et des restes explosifs de guerre, et à promouvoir la réalisation de travaux de recherche scientifique axés sur la conception de techniques et de moyens de lutte antimines d’utilisation facile, qui soient efficaces, viables, appropriés et écologiquement rationnels.

L’Assemblée générale engagerait tous les États touchés par le problème des mines à veiller à identifier toutes les zones où se trouvent des mines ou des restes explosifs de guerre, de la manière la plus efficace possible.

Elle inviterait les États touchés par le problème des mines à faire en sorte de tenir compte de l’assistance aux victimes avec les programmes dans le domaine de la santé et du handicap, afin que la lutte antimines fasse partie de leurs priorités de développement et que son financement, notamment celui de l’assistance aux victimes, soit assuré.

Elle encouragerait tous les programmes et organismes multilatéraux, régionaux et nationaux à inclure des activités de lutte antimines, notamment de déminage, dans leurs programmes de consolidation de la paix, d’aide humanitaire, de stabilisation, d’aide au relèvement, à la reconstruction, au maintien de la paix et au développement.

Elle demanderait instamment aux États de fournir une aide humanitaire aux victimes des mines et des restes explosifs de guerre et de prendre des mesures pour que la population civile soit épargnée.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.