En cours au Siège de l'ONU

Commémoration des 50 ans d’occupation,
Matin & après-midi
AG/PAL/1390

Comité des palestiniens: la société civile présente des solutions pour résister à l’occupation israélienne

Le dernier jour du Forum de commémoration des 50 ans d’occupation israélienne des terres palestiniennes, organisé depuis hier par le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a offert l’occasion, aujourd’hui, à la société civile, de présenter ses solutions pour faire face à l’occupation, en présence de la Lauréate du prix Nobel de la paix 1997, Mme Jody Williams.

Le Forum de la société civile, intitulé « Mettre fin à l’occupation: créer un espace pour les droits de l’homme, le développement et une paix juste », était organisé autour de trois tables rondes qui avaient pour thèmes: « La bande de Gaza: une partie intégrante de l’État de Palestine »; « Respect du droit international et responsabilisation: comment faire la différence? »; et « Au-delà de l’occupation: à la recherche d’une paix juste et durable ».

« Quand les gouvernements échouent, alors c’est à la société civile d’agir », cet appel de la Lauréate du prix Nobel de la paix 1997 a eu un écho favorable auprès des représentants de la société civile.

Plus connu pour son plaidoyer en faveur de l’interdiction des mines terrestres, Mme Jody Williams a martelé que les préoccupations sécuritaires légitimes de sécurité d’Israël ne peuvent justifier l’occupation des territoires palestiniens.  Elle a ainsi invité la société civile à pousser les gouvernements à agir, mais aussi  à lancer des plaidoyers en direction du peuple d’Israël, pour « le mettre mal à l’aise » et le faire sortir de sa « zone de confort ». 

Parmi les mesures proposées pour faire la différence face à l’occupation, certains ont suggéré le boycott de produits venant de territoires occupés, tandis que d’autres ont appelé à boycotter tout produit originaire d’Israël dans le but de contraindre cet État à respecter le droit international.

Les entreprises ne veulent pas que leur image soit ternie par la controverse de l’occupation, a expliqué M. Dalit Baum, Directeur du plaidoyer économique à l’American Friends Service Committee, une ONG confessionnelle des États-Unis, qui a établi une liste noire qui « semble efficace ». 

« Il ne suffit pas de boycotter les produits d’Israël, il faudrait aussi promouvoir la consommation de produits palestiniens pour soutenir leur économie », a toutefois estimé Mme Wesam Ahmad, Chef de la branche recherche juridique et plaidoyer international de Al Haq, une ONG palestinienne des droits de l’homme basée à Ramallah en Cisjordanie.

De son côté, M. Mustafa Barghouthi, Membre du Conseil législatif palestinien et Secrétaire général d’Al Mubadara (Initiative nationale palestinienne) a constaté que l’occupation se poursuit en partie à cause du soutien des États-Unis à Israël et de la « passivité-complicité » de la communauté internationale.  Il a également appelé au retour de l’unité palestinienne, arguant que la division est « la plus grande faiblesse des Palestiniens ». 

La représentante de la Coalition des femmes pour la paix, Mme Jessica Nevo, a plaidé pour l’octroi de réparations et le retour des réfugiés, soulignant par ailleurs que la recherche d’une paix durable doit impliquer les femmes. 

La Directrice exécutive de l’ONG « la Voix juive pour la paix » basée en Californie, Mme Rebecca Vilkomerson, a toutefois affirmé que l’opinion publique américaine est de plus en plus opposée à l’occupation, « y compris la majorité des membres du Congrès appartenant au parti républicain », tandis que M. David Wildman, Secrétaire exécutif des droits de l’homme et la justice raciale à United Methodist Church, a appelé ses compatriotes à confesser leurs erreurs, les impôts des citoyens américains servant à acheter des armes qui sont livrées à Israël.    

M. Diego Khamis, Président de la branche jeunesse du « Club palestinien de Santiago du Chili », a par ailleurs salué l’engagement de la diaspora palestinienne à sensibiliser les opinions publiques. 

La situation à Gaza a longuement mobilisé l’attention des participants qui ont noté que le blocus a eu un impact sur le présent Forum, certains panélistes n’ayant pas pu se rendre à New York en raison de problèmes de visa et d’autorisation. 

Contraint d’intervenir par téléphone depuis Gaza,  M. Mohammed Azaiza, du Gisha-Legal Center for Freedom of Movement, une ONG israélienne qui défend la liberté de mouvement des Palestiniens, a décrit des scènes de vie quotidienne dans la bande où le courant électrique n’est disponible que quatre heures par jour. 

En cette période d’été marquée par la canicule, les populations se ruent vers les plages pour tenter de se rafraîchir alors qu’elles sont polluées par des déchets venant d’Israël.  Les hôpitaux travaillent au ralenti parce que les groupes électrogènes ne peuvent tourner à plein temps faute de carburant.  L’agriculture est également affectée, faute d’électricité pour faire tourner les pompes d’irrigation. 

« On n’a plus besoin de décrire la crise qui a cours à Gaza, il faut plutôt prendre des mesures », a renchéri Mme Majeda Alsaqqa, Directrice des programmes de Culture and Free Tought Association, qui était à ses côtés.  « Je suis née sous occupation et je n’ai jamais été libre en tant que Palestinienne.  Nous ne demandons pas de la compassion, nous revendiquons nos droits », a-t-elle clamé.

Citant l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Noura Erakat, Professeur à l’Université George Mason des États-Unis, a averti qu’à moins d’un changement, la vie à Gaza sera impossible d’ici à 2020, affirmant par ailleurs que l’argument sécuritaire d’Israël ne serait qu’un prétexte, le blocus ayant commencé avant même que le Hamas ne lance sa première attaque-suicide.

« On a l’impression qu’Israël veut isoler Gaza et l’écarter de toute solution à la question palestinienne », a commenté à son tour Mme Tania Hary, Directrice exécutive du Gisha-Legal Center for Freedom of Movement, une ONG israélienne, accusant par ailleurs l’Autorité palestinienne de se servir de la crise énergétique de Gaza pour faire pression sur le Hamas.

Coordonnatrice du plaidoyer international à Al Mezan Center for Human Rights, une ONG palestinienne, Mme Nuriya Oswald a constaté de son côté l’échec du Mécanisme de reconstruction de Gaza, qui est placé sous la supervision de l’ONU.  Trois ans plus tard, a-t-elle déploré, à peine 20% des maisons détruites ont été reconstruites faute de matériaux de construction. 

Prenant part à la deuxième table ronde consacrée au respect du droit international et la responsabilisation, M. Omar Shakir, Directeur de la branche israélo-palestinienne de Human Rights Watch, a expliqué que l’ONG n’avait pu se rendre à Gaza qu’une seule fois depuis 2008 en dépit de ses nombreuses démarches, faisant toutefois observer qu’outre Israël, l’Égypte fait le jeu du blocus. 

Juriste à l’unité des droits civils et politiques de Adalah, Mme Muna Haddad s’est montrée pessimiste quant à la possibilité de pouvoir obtenir gain de cause. Elle a notamment expliqué que malgré les preuves que son ONG apporte au quotidien à la justice israélienne, rien n’est fait pour traduire les auteurs d’exactions ou de crimes en justice.  En octobre 2000 par exemple, 13 Israéliens d’origine arabe ont été tués par des tirs de police, et cela n’a pas donné lieu à une enquête, s’est-elle indignée.  Quant aux plaintes au civil, elles, non plus, ne prospèrent jamais, la justice explique en effet que l’État israélien ne saurait être civilement responsable des dommages collatéraux relatifs aux activités de guerre.

Même le droit international n’en a cure, a enchainé M. Hagai El-Ad, Directeur exécutif de l’ONG israélienne B’Tselem.  Si les États Membres de l’ONU ne prennent pas au sérieux la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui condamnait la colonisation, alors pourquoi attendre d’Israël qu’elle soit impliquée dans sa propre condamnation, a-t-il lancé.

« Après 2 000 ans, les juifs ont continué de croire au rêve de la terre promise par les enseignements religieux, de quel droit devrais-je, après juste 50 ans, perdre espoir? »  Cette interrogation de Mme Mona Khalil, Conseillère juridique à « Independent Diplomat », une organisation à but non lucratif de conseil sur des questions diplomatiques, a conclu la journée et le Forum commémorant le demi-siècle d’occupation israélienne qui a commencé en 1967.

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