Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien commémore 50 ans d’occupation israélienne
Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a commémoré, aujourd’hui, les 50 ans de l’occupation israélienne, en organisant un forum au cours duquel les appels à la paix et à l’établissement d’un État palestinien indépendant, aux côtés de l’État d’Israël, se sont multipliés.
En la présence du Secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), M. Saeb Erakat, et de l’ancien Ministre des affaires étrangères d’Israël, M. Shlomo Ben-Ami, les participants à ce Forum intitulé « Mettre fin à l’Occupation: la voie de l’indépendance, de la justice et de la paix pour la Palestine », ont notamment appelé à la reprise des pourparlers de paix directs entre Palestiniens et Israéliens. S’ils ont fait le constat de l’échec de la communauté internationale, de nombreux intervenants ont aussi rappelé que la solution des deux États reste la seule issue à un conflit qui déstabilise tout le Moyen-Orient.
C’est après la guerre des six jours, 5 au 10 juin 1967, qu’Israël a occupé des territoires palestiniens, notamment la Cisjordanie et Gaza, et le Golan syrien. L’année 2017 marque également les 70 ans de l’adoption, par l’Assemblée générale, de la résolution 181 (II) prévoyant le partage de la Palestine en deux États indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et de placer Jérusalem sous un régime spécial international.
C’est donc fort de cette réalité historique que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a affirmé qu’il est temps de mettre fin au conflit en établissant un État Palestinien indépendant, aux côtés de l’État d’Israël. Dans son message lu par Mme Amina J. Mohammed, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, il a souligné que la fin de l’occupation est la seule voie pour jeter les bases d’une paix durable qui réponde aux besoins sécuritaires des Israéliens et aux aspirations des Palestiniens à un État et à la souveraineté. Mme Mohammed a appelé pour sa part à la fin d’actions unilatérales qui sapent la solution des deux États.
« Voisins ou occupants? Les Israéliens doivent faire un choix », a martelé M. Saeb Erakat, Secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). J’aurai souhaité que cette réunion n’eût jamais lieu, a-t-il déclaré, déplorant la commémoration de 50 ans d’occupation de la Palestine, « une occupation dont le coût est plus élevé que le coût de la paix pour les autorités israéliennes ».
Au cours d’un table ronde consacrée au « coût et aux conséquences de 50 ans d’occupation », ce dernier a rappelé que plus de 90% des eaux palestiniennes sont « volées » par Israël, et il a déploré l’exploitation de nombreuses ressources naturelles palestiniennes par Israël.
Le Secrétaire général de l’OLP a aussi estimé que l’attention que prêtent les jeunes palestiniens aux appels à l’extrémisme violent, symbolisé par Daech, est une autre conséquence de l’occupation israélienne, se réjouissant toutefois de constater que d’autres jeunes arabes du Moyen-Orient s’opposent au groupe.
M. Erakat a également souligné que le conflit avec Israël n’est pas religieux, mais plutôt politique. Il a accusé le Premier Ministre israélien de vouloir en changer la nature lorsque ce dernier affirme qu’« Israël est un État juif », tout en reconnaissant que du côté palestinien, certains cherchent également à transformer ce conflit en une confrontation religieuse.
Ancien ministre des affaires étrangères d’Israël, M. Shlomo Ben-Ami, a toutefois estimé que le glissement des Israéliens vers la droite serait lié à leur lecture des échecs des négociations de paix par des gouvernements précédents.
Ce dernier a également affirmé que les Palestiniens auraient tort de penser que la pression internationale ferait fléchir le Gouvernement israélien, déclarant que le « rayonnement diplomatique » de ce dernier n’a jamais été aussi fort.
Cette table ronde a également été marquée par la participation de Mme Zaha Hassan, ancienne Coordinatrice et Conseillère juridique principale de l’équipe de négociation palestinienne, qui s’est attardée sur les conséquences de l’occupation sur la jeunesse palestinienne. Elle a parlé des jeunes de Gaza qui vivent sous occupation, l’esprit plein d’espoir, tout en expérimentant des désillusions au quotidien en raison des exactions auxquelles ils sont soumis de la part d’Israël. Elle a décrit la souffrance de ces jeunes dans un contexte de dénuement total à Gaza, un territoire qui fait l’objet d’un blocus depuis déjà 10 ans. Elle s’est également préoccupée d’une situation de ségrégation en Israël, où, a-t-elle affirmé, les citoyens non juifs sont dénués de tout droit.
Parlant justement des efforts internationaux, au cours de la première table ronde intervenue ce matin, ancien Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Nabil A. Elaraby, s’est pour sa part interrogé sur la volonté politique de la communauté internationale, rappelant notamment que lorsque « un membre permanent du Conseil de sécurité » a occupé la Crimée, des sanctions ont été imposées à son encontre, alors que pour ce qui est de l’occupation palestinienne, la communauté internationale s’en soucie peu.
« Au-delà de l’occupation: la voie vers l’indépendance palestinienne et une paix juste », ce thème de la deuxième table ronde, dans l’après-midi, a donné lieu à des propositions pouvant permettre d’espérer l’avènement d’un État palestinien indépendant.
L’Observateur de la Palestine auprès des Nations Unies a cependant fait observer que 16 résolutions sont adoptées chaque année aux Nations Unies sur le conflit israélo-palestinien alors que sur le terrain rien ne change. Cette frustration de M. Riyad Mansour a été partagée par de nombreux orateurs qui ont fait part de leur pessimisme de voir une solution durable au conflit.
« Il ne suffit pas d’adopter les textes, mettez-les donc en œuvre », a lancé à l’endroit des États Membres la Professeure émérite à l’université hébraïque de Jérusalem. Dans son intervention, Mme Galia Golan-Gild Darwin a parlé spécifiquement de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité qui rappelle « qu’il ne reconnaîtra aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations », et qui représente, à ses yeux, une base pour une solution future. L’universitaire s’est également dite inquiète de constater que certains États arabes de la région, qui cherchent à contrecarrer les actions de l’Iran, ont entrepris de se rapprocher d’Israël. « Cela va desservir la cause palestinienne », a-t-elle prédit.
L’ancien Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient est même allé plus loin en affirmant que « la solution des deux États n’est pas possible à court terme ». M. Robert Serry a notamment appelé à créer une nouvelle dynamique en faveur de la paix, par exemple en organisant une conférence internationale qui déboucherait sur un accord entre toutes les parties. Il a également affirmé que l’Europe pourrait jouer un rôle de catalyseur, « vu que la médiation des États-Unis semble battre de l’aile ».
En effet, « les États-Unis ne sont pas un interlocuteur objectif dans ces négociations », a renchérit Mme Aida Touma-Saliman, membre du parlement israélien, qui a souhaité l’implication d’autres puissances. Comme voie de sortie de crise, elle a préconisé le retour à l’unité du peuple palestinien, et la fin de la persécution des adeptes de la paix en Israël. Elle a aussi reconnu le droit à tout peuple persécuté de résister, rejoignant ainsi un avis émis par M. Riyad Mansour, l’Observateur de la Palestine auprès des Nations Unies.
Ce dernier a également lancé un appel en faveur de l’unité nationale palestinienne, invitant en outre les États européens à reconnaitre l’existence de la Palestine, afin que « cet acte diplomatique crée les conditions nécessaires à la reprise des négociations ». Cette reconnaissance pourrait changer toute la dynamique de ce conflit, a-t-il souligné en rappelant que les Arabes attendent toujours la réponse d’Israël à leur initiative de paix de 2002.
Au cours de cette table ronde, M. Robert Serry a par ailleurs estimé qu’après 50 ans de débats, il convient de se demander si l’ONU n’est pas une partie du problème. Une idée qui a fait réagir un membre de la société civile qui lui a rappelé que les décisions de l’ONU ne sont que la résultante des États Membres la constituant.
Lors du débat général organisé en fin de matinée, les représentants de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), du Koweït, s’exprimant au nom de la Ligue des États arabes, du Nicaragua, de Cuba et de l’Indonésie, ont appelé de tous leurs vœux à la fin de l’occupation des territoires palestiniens, et de l’avènement d’un État palestinien, installé sur les frontières qui étaient en vigueur avant juin 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale. Cuba a aussi promis d’organiser des manifestations pour commémorer ce cinquantième anniversaire de l’occupation des territoires palestiniens, une commémoration que ne doit pas s’apparenter à une célébration, a prévenu M. Neville Gertze (Namibie), le Vice-Président du Comité, qui a jugé préférable de rappeler à la communauté internationale qu’il s’agit bien de « 50 ans de trop ».
Le Forum se poursuivra demain, vendredi 30 juin à partir de 10 heures, avec des discussions qui porteront notamment sur le rôle de la société civile pour une paix juste entre Palestiniens et Israéliens.
Il s’inscrit dans le cadre des activités de sensibilisation sur la question palestinienne menées par le Comité, créé en 1975 par l’Assemblée générale, et présidé aujourd’hui par M. Fodé Seck, du Sénégal.