Le Programme de développement 2030 reste prioritaire à la Deuxième Commission qui adopte huit premiers textes alors que la fin de la session approche
La Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, s’est réunie cet après-midi pour adopter les premiers textes de la session. Sur les huit projets de résolution, quatre ont été adoptés par vote, dont deux portant sur le développement durable. Au vu de ces désaccords, la Suisse et l’Islande ont plaidé pour que soient trouvés des accords négociés à la Deuxième Commission, d’autant plus qu’elle discute de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le projet de résolution sur la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, n’a pas recueilli l’unanimité parce que certaines délégations estiment que le moment est venu de se concentrer sur les nouveaux instruments du développement, en particulier sur la mise en œuvre du Programme 2030, au lieu de celle d’Action 21, texte datant de 1992.
« Action 21 a rempli sa mission », a tranché le délégué de la Bulgarie, qui parlait au nom de l’Union européenne pour expliquer son opposition à ce texte. Adopté par 123 voix pour, 48 contre et 3 abstentions (Norvège, Nouvelle-Zélande et Turquie), ce projet de résolution propose néanmoins à l’Assemblée générale de réaffirmer la teneur du document final « L’avenir que nous voulons » adopté à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio+20, en 2012, en demandant qu’il soit intégralement mis en œuvre.
La Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait aussi au nom de la Norvège, a justifié leur abstention par le fait que les objectifs d’Action 21 sont intégrés dans le Programme 2030.
Un autre texte à avoir été soumis aux voix porte sur les « mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement ». Adopté par 116 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 49 abstentions, il s’adresse à la communauté internationale pour lui demander de condamner et de rejeter l’imposition de telles mesures.
Si les États-Unis ont voté contre parce qu’ils estiment que des sanctions économiques ciblées peuvent être une alternative au recours à la force, d’autres délégations -le Venezuela, la Syrie et le Kirghizistan- ont déploré une telle pratique. La déléguée kirghize a saisi cette occasion pour dénoncer le blocus économique que subit son pays depuis le 10 octobre dernier, du fait du Kazakhstan, ce qui a fait réagir le représentant de ce pays qui a demandé à son voisin de respecter ses engagements en matière de commerce international.
La Commission est également passée par un vote pour adopter le texte sur la « Marée noire sur les côtes libanaises », et celui sur la « Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles ».
Il est temps d’enlever cette résolution « dépassée » de l’ordre du jour de la Commission, a affirmé la représentante d’Israël en parlant du premier texte, alors que l’Observateur de la Palestine a réagi à l’adoption du second en invitant les États au boycott de produits issus de l’exploitation des territoires occupés, arguant que l’on ne peut pas s’opposer à l’occupation et ouvrir son marché aux produits venant des colonies israéliennes.
Au titre de deux autres textes relatifs au développement durable, adoptés cette fois par consensus, la Commission demande à l’Assemblée générale de proclamer 2024 « année internationale des camélidés », et le 20 mai « journée mondiale des abeilles ».
La Deuxième Commission a aussi adopté, sans vote, le projet de résolution intitulé « Renforcer les liens entre tous les modes de transport pour atteindre les objectifs de développement durable ». Ce texte envisage la possibilité de convoquer une autre conférence mondiale sur le transport durable pour assurer la réalisation des objectifs fixés lors de la première Conférence sur ce sujet, tenue en novembre 2016 à Achgabat, au Turkménistan.
En début de séance, plusieurs délégations ont rendu hommage au délégué de l’Australie, Julian Simpson, décédé des suites d’un accident il y a deux jours, après qu’une minute de silence a été respectée en sa mémoire.
Le Président de la Commission, M. Sven Jürgenson, de l’Estonie, a rappelé l’urgence pour les délégations de parvenir à un accord sur les projets de résolution en cours de négociation avant le 22 novembre comme cela avait été prévu dans le calendrier fixé par l’Assemblée générale.
La date de la prochaine réunion de la Deuxième Commission sera publiée dans le Journal des Nations Unies.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE: COMMERCE INTERNATIONAL ET DÉVELOPPEMENT (A/C.2/72/L.7)
Décision sur le projet de résolution
Avant que la Deuxième Commission ne se prononce sur le projet de résolution intitulé « Mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement », le représentant des États-Unis a fait une déclaration générale pour préciser que les résolutions de l’Assemblée générale et de nombreux documents qui y sont mentionnés, notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba, sont des documents non contraignants sur le plan juridique et qu’ils ne créent donc pas de droits ou d’obligations en vertu du droit international. Il a précisé que chaque pays a ses propres priorités de développement et ses propres politiques nationales.
Il a précisé que le texte soumis à la Commission ne modifiait aucun accord ou décision de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), y compris l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce. Pour lui, certains aspects relatifs au commerce du Programme d’action d’Addis-Abeba apparaissent aujourd’hui désuets. Il a invité les pays à revenu intermédiaire à se tourner davantage vers d’autres sources de financement, plutôt que d’essayer de préserver l’accès à des financements concessionnels.
Le représentant a ensuite rappelé que les États-Unis, par la voix de leur Président, avaient annoncé leur intention de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Il a expliqué que la politique climatique du pays était en cours de révision. Enfin, a-t-il précisé, la présente déclaration des États-Unis s’applique à tous les points de l’ordre du jour de la Deuxième Commission.
La Deuxième Commission a ensuite adopté, à l’issue d’un vote, par 116 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 49 abstentions, le projet de résolution intitulé « Mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement » (A/C.2/72/L.7) par lequel l’Assemblée générale demanderait à la communauté internationale de condamner et de rejeter l’imposition de mesures visant à exercer une pression économique et politique sur les pays en développement.
Par ce texte, l’Assemblée générale engagerait instamment la communauté internationale à prendre d’urgence des mesures efficaces pour mettre fin au recours unilatéral, à l’encontre de pays en développement, à des mesures économiques coercitives qui ne sont pas autorisées par les organes compétents de l’Organisation des Nations Unies ou sont contraires aux principes du droit international énoncés dans la Charte des Nations Unies et qui contreviennent aux principes de base du système commercial multilatéral.
Des délégations ont ensuite expliqué leur vote. La représentante de la Bulgarie, s’exprimant au nom de l’Union Européenne (UE), a expliqué l’abstention des États de l’UE au motif que les mesures coercitives visées par le texte peuvent être acceptables dans les cas de la lutte contre le terrorisme ou pour faire respecter l’état de droit et la bonne gouvernance. C’est pourquoi l’UE utilise ces mesures coercitives en dernier recours et conformément à la Charte des Nations Unies.
Pour la représentante des États-Unis, chaque pays a le droit de décider de la façon dont il gère son économie. Lorsque les États-Unis ont eu recours aux sanctions économiques, ils l’ont fait dans des cas précis, par exemple pour faire respecter le droit international, a-t-elle témoigné. Les États-Unis estiment que des sanctions économiques ciblées peuvent être une alternative au recours à la force, et c’est pourquoi le pays a voté contre ce texte.
La déléguée du Kirghizistan a assuré que son pays était attaché au droit international. Un seul État ne saurait prendre des mesures unilatérales contre d’autres États, a-t-elle plaidé en indiquant que son pays subissait, depuis le 10 octobre dernier, un blocus économique imposé par le Kazakhstan, ce qui sape les intérêts économiques du Kirghizistan et va à l’encontre des règles établies par l’OMC.
Le représentant du Venezuela a de son côté expliqué que son pays avait voté pour ce texte car il estime que les mesures économiques unilatérales vont à l’encontre de la Charte des Nations Unies. L’imposition de telles mesures affectent l’économie des pays visés, y compris celle du Venezuela, a-t-il noté.
Quant à la représentante de la République arabe syrienne, elle a regretté que ce texte n’ait pu être adopté par consensus. Elle a jugé que ces mesures économiques unilatérales étaient utilisées comme une arme par certains pays. La Syrie subit depuis 1979 de telles sanctions unilatérales qui ont en plus été renforcées ces dernières années. Cet état de fait affecte l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie, a-t-elle déploré.
Réagissant aux propos de la déléguée du Kirghizistan, le représentant du Kazakhstan a demandé que ce pays respecte ses engagements en matière de commerce international.
DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/C.2/72/L.2/REV.1, A/C.2/72/L.8, A/C.2/72/L.28/REV.1, A/C.2/72/L.29, A/C.2/72/L.32 ET A/C.2/72/L.44)
Présentation et décision sur les projets de résolution
La Deuxième Commission a adopté, sans vote, le projet de résolution intitulé « Renforcer les liens entre tous les modes de transport pour atteindre les objectifs de développement durable » (A/C.2/72/L.2/Rev.1), aux termes duquel l’Assemblée générale s’engagerait à renforcer le rôle du transport durable et de la mobilité dans la création d’emploi, la facilitation de la mobilité et l’optimisation des chaînes logistiques pour rendre l’emploi, l’éducation et la santé accessibles aux personnes et aux communautés et faciliter la fourniture de biens et de services aux populations rurales et urbaines, assurant ainsi l’égalité des chances pour tous sans faire de laissés-pour-compte.
Elle inviterait le Secrétaire général à envisager de convoquer une autre Conférence mondiale sur le transport durable pour assurer la réalisation des objectifs énoncés lors de la première Conférence, et noterait que cette Conférence serait financée au moyen de ressources extrabudgétaires. L’Assemblée générale engagerait les États Membres souhaitant accueillir la prochaine Conférence mondiale sur le transport durable à se manifester.
L’Assemblée engagerait les organismes des Nations Unies et les autres organisations internationales, les institutions financières internationales, les donateurs multilatéraux et bilatéraux et le secteur privé à mieux coordonner leurs efforts et à travailler en collaboration pour mobiliser une assistance financière et technique en faveur des pays afin de renforcer les liens entre tous les modes de transport pour atteindre les objectifs de développement durable.
Au titre des explications de position, le représentant de l’Ouzbékistan a souligné l’importance de ce projet pour les pays de sa région qui n’ont pas accès au littoral. Il a soutenu par conséquent les initiatives dans le domaine du transport, en signalant que son pays et l’Afghanistan avaient créé des centres logistiques fonctionnant en corrélation avec un réseau routier. Sa délégation soutient le renforcement du dialogue et de la coopération entre les pays d’Asie centrale pour développer les réseaux de transport par air, par train et par voie routière.
La représentante des États-Unis a exprimé son désaccord avec la référence faite à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le préambule de ce projet de texte, arguant qu’en tant qu’organisation, l’OMC ne développait pas de corridors et que cela ne faisait pas partie de son mandat. Elle a regretté que cette correction n’ait pas été apportée.
En adoptant ensuite le projet de résolution relatif à la « Marée noire sur les côtes libanaises » (A/C.2/72/L.8), par 157 voix pour, 7 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, États fédérés de Micronésie, Îles Marshall, Israël, Nauru) et 7 abstentions (Cameroun, Honduras, Îles Salomon, Mexique, Soudan du Sud, Tonga et Vanuatu), la Deuxième Commission a fait plusieurs recommandations à l’Assemblée générale pour faire face aux dégâts écologiques causés par cette marée noire. Ainsi, si celle-ci adoptait ce texte, l’Assemblée prendrait acte des conclusions formulées par le Secrétaire général dans son rapport, indiquant que, selon les études menées, les dommages subis par le Liban se chiffraient en 2014 à 856,4 millions de dollars. Elle prierait le Secrétaire général d’engager les organismes et institutions des Nations Unies et les autres organisations ayant participé à l’évaluation initiale des dégâts écologiques à entreprendre, dans la limite des ressources existantes, une nouvelle étude en vue de mesurer et quantifier les dommages causés à l’environnement des pays voisins.
L’Assemblée générale demanderait de nouveau à cet égard au Gouvernement israélien d’assumer la responsabilité qui est la sienne de dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais pour les dégâts susmentionnés, ainsi que les autres pays directement touchés par la marée noire, tels que la République arabe syrienne, dont les côtes ont été en partie polluées, pour les dépenses engagées en vue de réparer les dégâts écologiques causés par la destruction des réservoirs, et notamment de remettre en état le milieu marin, en particulier compte tenu de la conclusion tirée dans le rapport du Secrétaire général, selon laquelle la non-application des dispositions pertinentes de ses résolutions concernant l’indemnisation et le dédommagement des Gouvernements et peuples libanais et syrien touchés par la marée noire demeure fort préoccupante.
Expliquant son vote avant le vote, la représentante d’Israël a dénoncé « ce rituel accusant Israël de tous les maux de l’humanité », une attitude qui affaiblit, selon elle, le rôle de la Commission d’autant plus que d’année en année aucun mot n’a changé dans le texte de cette résolution. Au fil des ans, a-t-elle ajouté, cette résolution demande un rapport très détaillé et celui-ci stipule qu’il n’y a pas d’autres éléments d’information disponibles outre ce qui a été présenté à l’Assemblée générale. Il est temps d’enlever cette résolution « dépassée » de l’ordre du jour de la Commission, a exigé la représentante avant de demander un vote contre ce texte et en appelant les autres délégations à en faire de même.
Après le vote, le représentant du Liban a fait remarquer que, pour la deuxième année consécutive, les membres de la Deuxième Commission avaient voté en faveur de ce texte à une majorité écrasante. C’est à son avis un message clair que l’heure n’est pas à l’impunité. Ce texte reconnaît les conséquences environnementales graves de la marée noire et exige de la part d’Israël un dédommagement pour le Liban, a-t-il souligné. À cet égard, le Liban affirme qu’il continuera à utiliser tous les recours possibles pour que cette résolution soit mise en œuvre.
Aux termes d’un autre projet de résolution, adopté sans vote, sur la question « Coopération et coordination internationales en vue du rétablissement de la santé de la population, de la régénération de l’environnement et du développement économique de la région de Semipalatinsk au Kazakhstan » (A/C.2/72/L.28/Rev.1), l’Assemblée générale apprécierait et reconnaîtrait le rôle important qu’a joué le Gouvernement kazakh en allouant des ressources nationales pour répondre aux besoins de la région de Semipalatinsk et en prenant des mesures visant à optimiser l’administration publique du territoire et la gestion des installations de l’ancien site d’essais nucléaires de Semipalatinsk et des zones alentour, à assurer la sécurité radiologique et la régénération de l’environnement et à réintégrer l’exploitation du site d’essais nucléaires dans l’économie nationale.
Elle inviterait instamment la communauté internationale à aider le Kazakhstan à concevoir et exécuter des programmes et projets spéciaux de traitement et de soins à l’intention de la population touchée, ainsi qu’à appuyer l’action qu’il mène en faveur de la croissance économique et du développement durable de la région de Semipalatinsk, notamment en renforçant l’efficacité des programmes actuels et en apportant l’assistance technique, spécialisée et financière nécessaires à la mise en œuvre de programmes de développement nationaux pour le relèvement et le développement de la région de Semipalatinsk.
Puis la Deuxième Commission a adopté, sans vote, un projet de résolution intitulé « Journée mondiale des abeilles » (A/C.2/72/L.32) qui recommande à l’Assemblée générale de proclamer cette journée le 20 mai.
Si elle suivait les recommandations de la Deuxième Commission, l’Assemblée inviterait tous les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales, ainsi que la société civile, y compris les organisations non gouvernementales, les particuliers et les autres parties prenantes concernées, à célébrer la Journée mondiale des abeilles comme il se doit et dans le respect des priorités nationales, au moyen de mesures éducatives et d’activités destinées à faire prendre conscience de l’importance des abeilles et des autres pollinisateurs, des risques auxquels ils sont exposés et de leur contribution au développement durable.
La Commission a par ailleurs adopté sans vote le projet de résolution intitulé « 2024, Année internationale des camélidés » (A/C.2/72/L.44) aux termes duquel l’Assemblée générale déciderait de proclamer 2024 Année internationale des camélidés.
L’Assemblée engagerait tous les États Membres, les organismes des Nations Unies et tous les autres acteurs concernés à tirer parti de l’Année internationale pour sensibiliser le public à l’importance économique et culturelle des camélidés et encourager la consommation des produits issus de ces mammifères, en particulier les produits alimentaires, en vue de contribuer à l’élimination de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. C’est pourquoi l’Assemblée inviterait toutes les parties prenantes à verser des contributions volontaires et à fournir d’autres formes d’appui à l’Année internationale.
Après l’adoption de ce texte, le projet de résolution A/C.2/72/L.29 a été retiré.
Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (A/C.2/72/L.39)
Décision sur le projet de résolution
La Deuxième Commission a recouru à un vote pour adopter le projet de résolution portant sur la « Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable » (A/C.2/72/L.39). Elle l’a adopté par 123 voix pour, 48 contre et 3 abstentions (Norvège, Nouvelle-Zélande et Turquie).
Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale réaffirmerait la teneur du document final intitulé « L’avenir que nous voulons », qui a été adopté à l’issue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, et demanderait instamment qu’il soit intégralement mis en œuvre. Elle soulignerait qu’il faut mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en tirant parti et en s’inspirant des expériences, des pratiques optimales, des difficultés rencontrées et des enseignements tirés de la réalisation inachevée des accords antérieurs sur le développement durable, notamment les objectifs du Millénaire pour le développement.
Elle soulignerait aussi qu’il importe de mettre fin au cloisonnement et d’adopter des démarches innovantes et concertées pour intégrer les trois dimensions du développement durable –économique, sociale et environnementale– aux niveaux mondial, régional et national, et prierait les organismes des Nations Unies de tenir systématiquement compte de ces dimensions et d’en accroître l’intégration à l’échelle du système.
L’Assemblée demanderait instamment que les priorités en matière de développement durable qui sont définies pour les petits États insulaires en développement dans les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et qui figurent dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 soient véritablement et rapidement appliquées et que leur mise en œuvre fasse l’objet d’un suivi et d’un examen efficaces. Elle réaffirmerait que ces États demeurent un cas particulier au regard du développement durable en raison des facteurs de vulnérabilité qui les caractérisent.
L’Assemblée générale soulignerait que les organisations régionales et sous-régionales ont un rôle à jouer dans la promotion du développement durable dans leur région, notamment en favorisant l’apprentissage par les pairs et la coopération, y compris la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, et en aidant à établir des liens entre les activités menées aux niveaux mondial, régional, sous-régional et national, selon que de besoin, pour faire progresser le développement durable. En outre, elle prierait instamment l’Organisation des Nations Unies d’aider davantage les États à mettre pleinement en œuvre le Nouveau Programme pour les villes, adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), tenue à Quito en 2016.
Expliquant son vote avant le vote, la représentante de la Bulgarie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a précisé avoir demandé un vote sur ce texte contre lequel ses membres ont voté. Au vu de ses préoccupations d’ordre procédural et de nature substantive, l’UE est d’avis qu’il n’y a plus lieu, pour la Deuxième Commission, d’adopter ce projet de texte sur l’Agenda 21 sur une base annuelle. Cet Agenda a rempli sa mission, a estimé la déléguée pour qui « le moment est venu de se concentrer sur les nouveaux instruments du développement, en particulier sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 ». Elle a dit n’avoir reçu aucune explication convaincante pour justifier l’inclusion d’un sous-projet relatif à Action 21 dans l’ordre du jour de l’Assemblée générale.
La délégation de l’UE a plutôt conseillé de débattre des questions qui ont trait à l’agenda d’Action 21 dans le cadre de la mise en œuvre et du suivi du Programme 2030. À ce titre, la représentante a précisé que cela concernait notamment le format, l’organisation et le fonctionnement du Forum politique de haut niveau pour le développement durable; le renforcement de l’ECOSOC dans ses relations avec le Forum politique de haut niveau; le renforcement des interfaces sciences-politiques; et la préparation du rapport mondial sur le développement durable.
Le représentant de la Suisse, qui s’exprimait aussi au nom de l’Islande, a insisté sur la nécessité de trouver des accords négociés entre États Membres, en particulier à la Deuxième Commission qui discute de la mise en œuvre du Programme 2030. Pour sa délégation, le consensus doit être la règle et le vote l’exception en Deuxième Commission. C’est pourquoi sa délégation, par principe, regrette lorsqu’un vote est nécessaire pour adopter une résolution. Cependant, elle souhaite aussi renforcer l’efficacité et la cohérence au sein des Nations Unies. Dans ce cas présent, elle estime que les objectifs du projet de résolution ont été depuis repris par d’autres accords, résolutions et décisions adoptés au sein des Nations Unies, comme notamment le Programme 2030 et le Plan d’action d’Addis-Abeba. L’intégration des objectifs de cette résolution dans d’autres textes adoptés de manière universelle doit être considérée comme un grand succès, de l’avis du représentant. Par conséquent, la Suisse et l’Islande estiment qu’il n’y aura plus lieu d’inscrire ce point à l’ordre du jour à la soixante-treizième session de l’Assemblée générale. C’est la raison pour laquelle, ces deux pays n’ont pas soutenu l’adoption de cette résolution.
Après le vote, d’autres délégations ont tenu à expliquer leur vote. Le représentant des États-Unis, qui a voté contre ce texte, a expliqué que sa délégation était convaincue qu’il fallait utiliser le temps et les ressources limitées en se concentrant sur les résolutions qui permettent de faire avancer les priorités internationales en termes de développement. Or, à son avis, ce projet de texte ne répond pas à ce critère.
La représentante de la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait aussi au nom de la Norvège, deux pays qui se sont abstenus lors de ce vote, a expliqué qu’il fallait se concentrer sur les questions les plus importantes dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, d’autant plus que les objectifs d’Action 21 y ont été intégrés.
SOUVERAINETÉ PERMANENTE DU PEUPLE PALESTINIEN DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ, Y COMPRIS JÉRUSALEM-EST, ET DE LA POPULATION ARABE DANS LE GOLAN SYRIEN OCCUPÉ SUR LEURS RESSOURCES NATURELLES (A/C.2/72/L.40)
Décision sur le projet de résolution
La Deuxième Commission a encore recouru à un vote pour adopter le projet de résolution intitulé « Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles » (A/C.2/72/L.40), tel qu’oralement amendé, qui a recueilli 157 voix pour, 6 voix contre (Canada, États-Unis, États fédérés de Micronésie, Îles Marshall, Israël et Nauru) et 11 abstentions.
Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale exigerait qu’Israël, Puissance occupante, cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et du Golan syrien occupé. En plus, l’Assemblée réaffirmerait les droits inaliénables du peuple palestinien et de la population du Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles, notamment leurs terres et les ressources en eau et en énergie.
Par ce texte, l’Assemblée demanderait à Israël de mettre fin à la destruction d’équipements essentiels, notamment de réseaux d’adduction d’eau, d’assainissement et d’alimentation en électricité, ainsi qu’à la démolition et à la confiscation de logements, d’infrastructures civiles, de terres agricoles et de puits palestiniens, lesquelles entraînent, entre autres, une dégradation des ressources naturelles du peuple palestinien.
En outre, l’Assemblée générale reconnaîtrait le droit du peuple palestinien de demander réparation si ses ressources naturelles sont exploitées, altérées, détruites, épuisées ou mises en péril par suite de mesures illégales prises par Israël, Puissance occupante, ou des colons israéliens dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Elle exprimerait l’espoir que cette question sera réglée dans le cadre des négociations entre les parties palestinienne et israélienne relatives au statut final.
Deux délégations ont expliqué leur vote avant le vote. La représentante d’Israël a parlé d’une tentative palestinienne de biaiser le travail des Nations Unies par « un texte visant à diaboliser Israël ». Elle a souligné que le texte ne faisait pas mention du fait que la bande de Gaza est dirigée par le Hamas qui utilise les ressources à des fins n’ayant rien à voir avec le développement. « Ce texte n’a pas sa place dans cette Commission et c’est pourquoi Israël demande à voter contre », a-t-elle déclaré.
Pour le délégué de l’Arabie saoudite, qui a invité au contraire à voter en faveur du projet de résolution, « il est plus que jamais temps de mettre fin à l’occupation des territoires occupés par Israël et d’établir un État palestinien ».
Après le vote, le délégué de la Bulgarie, parlant au nom de l’Union européenne (UE) a précisé que bien que les membres de son groupe aient voté en faveur de ce texte, cela ne signifiait aucunement qu’ils reconnaissaient l’indépendance de la Palestine.
L’Observateur de la Palestine a, de son côté, rappelé des exactions d’Israël dans les Territoires palestiniens occupés. Il a invité les États au boycott de produits issus de l’exploitation de ces territoires, arguant que l’on ne peut pas s’opposer à l’occupation et en même temps ouvrir son marché aux produits venant des colonies israéliennes.