En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
14e & 15E séance – matin après-midi
AG/EF/3480

Deuxième Commission: la mondialisation et les technologies de la communication examinées à la lumière des exigences du développement durable

L’ordre du jour était chargé aujourd’hui à la Commission économique et financière (Deuxième Commission), avec la matinée dédiée à une discussion sur le thème « mondialisation et interdépendance », avant d’enchaîner l’après-midi avec un débat sur « les technologies de l’information et des communications au service du développement ».

Comme il ressort du rapport* du Secrétaire général sur les promesses de la mondialisation, qui a été présenté par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, il existe actuellement trois grandes tendances qui influencent la mondialisation, à savoir les nouveaux schémas de production et l’évolution des marchés du travail, qui requièrent de nouveaux emplois et compétences, les progrès rapides de la technologie et les changements climatiques.

Mais si l’on entend par mondialisation l’intégration du commerce et des marchés financiers, la diffusion des progrès technologiques, la réduction de l’impact des contraintes géographiques sur les flux sociaux, culturels et migratoires, et la propagation accrue des idées et des technologies, force est de constater qu’elle n’a pas tenu partout dans le monde sa promesse de favoriser une croissance équitable et un développement durable.  

Ce constat très largement partagé dans la salle, a aussi été à la base des revendications multiples des pays à revenu intermédiaire qui sont au nombre de 109, selon la classification du système de l’ONU, et qui représentent 73% des pauvres du monde, 70% de la population mondiale, mais seulement un tiers du PIB mondial.

C’est le « paradoxe » de ces pays, comme l’a exprimé le représentant des Maldives, ou encore le « piège du revenu intermédiaire », selon les termes de son homologue sud-africain.  Cela s’explique, d’une part, par le fait que cette catégorie regroupe en même temps certaines des plus grandes économies du monde et d’autres économies beaucoup plus petites en termes de PIB, et, d’autre part, par l’utilisation du revenu par habitant comme seul critère de classification dans cette catégorie. 

Ces pays se sentent pénalisés, parce qu’en tant que pays à revenu intermédiaire ils ne sont plus éligibles à l’aide publique au développement, ni aux financements concessionnels pour le développement.  Or, leurs économies restent souvent vulnérables aux chocs exogènes comme les catastrophes naturelles.  Ils ont donc rejeté ce critère et plaidé pour que les institutions financières internationales et les Nations Unies le révisent pour passer à un système d’indices multidimensionnels permettant d’évaluer effectivement leurs progrès en termes de développement.  

Le rapport** du Secrétaire général sur la coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire reconnaît d’ailleurs que cette classification selon le revenu par habitant ne rend pas effectivement compte de la nature complexe des défis liés au développement.  Il suggère que les États Membres de l’ONU énoncent un mandat clair pour l’élaboration d’un nouvel outil de classification.  Créé en 2016, le Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire constitue, selon le Secrétaire général, une plateforme pour le faire.

Dans l’après-midi, les délégations se sont penchées sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), en abordant à la fois leur potentiel en tant que moteurs du développement durable et les obstacles à dépasser dans ce domaine. 

Comme il ressort du rapport*** du Secrétaire général sur la question, présenté par Mme Shamina Sirimanne, Directrice technologie et logistique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), on assiste aujourd’hui à un développement significatif, mais inégal, de l’accès à ces technologies et à leur utilisation.  Une seule statistique illustre bien l’ampleur du problème: la proportion de foyers ayant accès à Internet est de 84% en Europe, contre seulement 15% en Afrique subsaharienne. 

En outre, s’il ne fait pas de doute que la révolution des TIC est en train de transformer les sociétés, les économies et les individus dans le monde entier, ces avancées s’accompagnent toutefois de leur lot de problèmes liés, d’une part, au fossé numérique entre pays développés et pays en développement comme au sein même des pays, et, d’autre part, à la gouvernance mondiale de l’Internet et à la cybersécurité.  

Relevant que les mutations technologiques combinées aux pressions concurrentielles de la mondialisation ont élargi ladite fracture numérique, le représentant de la Communauté des Caraïbes a exigé une réponse multilatérale solide.  De son côté, le porte-parole de l’Alliance des petits États insulaires a mis l’accent sur les bénéfices que les petits États insulaires en développement peuvent tirer des TIC notamment en termes de gestion des catastrophes naturelles.

Le Groupe des 77 et de la Chine s’est, pour sa part, félicité de l’opérationnalisation de la Banque de technologies des Nations Unies pour les PMA et demandé que les pays développés allouent 0,1% de l’APD destinée aux PMA à cette banque.  Plusieurs ont aussi salué les progrès dans la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies, créé par le Plan d’action d’Addis-Abeba.  De manière générale, les délégations ont plaidé auprès des pays développés pour qu’ils assistent les pays en développement à travers le transfert de technologie et une assistance technique effective et durable.

La Deuxième Commission reprendra ses travaux lundi 16 octobre, à 10 heures, pour examiner la question: « développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition ».

*A/72/301

**A/72/329

***A/72/64–E/2017/12

MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE

a) Rôle de l’Organisation des Nations Unies dans la promotion du développement dans le cadre de la mondialisation et de l’interdépendance (A/72/301)

b) Science, technologie et innovation au service du développement (A/72/257)

c) Culture et développement durable (A/72/336)

d) Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire (A/72/329)

Discussion générale

M. HENRY JONATHAN VIERA SALAZAR (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a rappelé qu’il n’est plus question, aujourd’hui, de rediscuter des accords auxquels la communauté internationale est parvenue en 2015.  « Il est temps maintenant de les mettre en œuvre », a—t-il clamé en demandant de soutenir les pays en développement.  Il a noté que la science, la technologie et l’innovation ont un rôle majeur pour faire face aux défis mondiaux, notamment l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions.  Le transfert des technologies, à des conditions favorables, en faveur des pays en développement, est crucial afin de réduire la vulnérabilité aux effets néfastes des changements climatiques, améliorer la santé des océans, a-t-il, entre autres, cité.  Sans des progrès en matière technologique, la voie vers la durabilité sera parsemée d’embûches pour les pays en développement, a averti le délégué.  La mondialisation, a-t-il poursuivi, apporte avec elles ses risques et défis, et les Nations Unies sont le seul organe mondial indiqué pour renforcer la coopération internationale dans le contexte de la mondialisation, notamment afin d’intégrer les pays en développement dans l’économie mondialisée.

Il faut aussi permettre aux pays à revenu intermédiaire de faire face aux défis qui les freinent, a plaidé M. Viera Salazar en soulignant que ces pays abritent cinq des sept milliards d’humains, représentent près du tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial, mais, dans le même temps, comptent 73% des pauvres du monde.  Il a jugé urgent d’identifier les moyens pour prendre en compte les défis de développement des pays à revenu intermédiaire, afin de ne laisser personne de côté.  À ce propos, il a suggéré au système de développement des Nations Unies d’améliorer son soutien aux pays connaissant des réalités différentes, y compris les pays à revenu intermédiaire.  Le G77 souligne que l’aide publique au développement (APD) demeure cruciale pour bon nombre de ces pays.  De plus, le classement de ces pays en fonction du revenu par habitant ne suffit pas pour évaluer les niveaux de vie.  C’est pourquoi le G77 réitère sa demande de voir mettre sur pied des mesures transparentes du progrès qui aillent au-delà du critère de revenu par habitant, en s’appuyant, au besoin, sur les initiatives en cours.  Cette approche devrait tenir compte de la nature multidimensionnelle de la pauvreté et des déséquilibres structurels à tous les niveaux, a-t-il ajouté. 

Par ailleurs, le représentant a demandé de placer la création d’emplois et le plein emploi au centre des politiques économiques, et de mettre sur pied des politiques macroéconomiques, industrielles, commerciales, environnementales et sociales qui se renforcent les unes les autres.

La culture est un facilitateur et un catalyseur du développement durable, a poursuivi M. Viera Salazar, expliquant que la diversité culturelle et les industries créatives apportent beaucoup aux trois dimensions du développement durable et, partant, à la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a donc souhaité que les organisations et toutes les parties prenantes tiennent compte du rôle de la culture dans la formulation de politiques de développement nationales, régionales et internationales.  Il a souhaité que la place des peuples autochtones et de leurs savoirs soit également valorisée.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. JOSEPH TEO CHOON HENG (Singapour) a regretté que la mondialisation et l’interdépendance soient menacées, vu que les voix de l’isolationnisme et du protectionnisme sont en train de gagner du terrain dans le monde entier, tout en faisant observer que l’histoire a montré qu’aucun pays n’est sorti de la pauvreté depuis la Seconde Guerre mondiale sans participer à l’économie internationale.  Les défis complexes tels que le terrorisme, la cybersécurité, les pandémies et les changements climatiques n’ont pas de frontières et requièrent des solutions globales, a ajouté le représentant. Aussi, l’ASEAN estime que la mondialisation peut être une force positive qui peut aider les pays à parvenir à une économie juste et inclusive, dans un monde plus sûr, et, pour ce faire, le multilatéralisme est essentiel.

C’est la raison pour laquelle l’ASEAN s’efforce d’aller plus loin dans l’intégration régionale et en améliorant sa connectivité avec le monde, comme l’illustre le Master Plan sur l’ASEAN Connectivity 2025.  Mais, a dit M. Teo, les efforts au niveau régional échoueront si les Nations Unies, qui sont la pierre angulaire de la gouvernance mondiale, ne continuent pas à jouer un rôle central pour trouver des solutions communes aux défis mondiaux. Il a cité en exemple l’adoption, l’année dernière, du plan d’action ASEAN-Nations Unies pour 2016-2020 sur cinq ans, qui prévoit un dialogue régional annuel permettant de partager les bonnes pratiques.

Mme SHANCHITA HAQUE (Bangladesh), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a indiqué que la science, la technologie et l’innovation sont cruciales pour stimuler la croissance économique et parvenir au développement durable.  Il y a un grand fossé entre les PMA et le reste du monde dans ces domaines, a-t-elle déploré.  Elle a relevé que le nombre de brevets issus des PMA avait baissé, étant passés de 639 en 2010 à 542 en 2014, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que la part du PIB dédiée aux recherches est dans ces pays de 0,5% contre 1,4% en moyenne dans les pays en développement.  De ce fait, elle a appelé à la pleine opérationnalisation de la Banque de technologies en faveur des PMA.

Les PMA appellent à l’augmentation des investissements publics dans la recherche et le développement.  Ils souhaitent aussi une coopération renforcée entre secteurs public et privé, capable de mettre sur pied les infrastructures technologiques nécessaires, notamment celles liées aux données.  Les PMA ont en outre besoin de financements adéquats pour renforcer leurs capacités en matière de science, technologie et innovation.  Cela leur permettrait de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, encore appelé Programme d’action d’Istanbul.  La représentante a aussi insisté sur la mise en place d’un cadre solide devant régir les transferts technologiques des pays développés vers les PMA, ajoutant que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pourraient, dans ce contexte, compléter les initiatives de la coopération Nord-Sud dans ce domaine.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans le développement national et régional pour créer des sociétés du savoir qui contribuent à l’amélioration des capacités productives.  Il a ainsi expliqué que les transferts de technologie, la consolidation des capacités et la diffusion de l’information sont des moteurs importants du développement et de la croissance économique et permettent de réduire le fossé numérique entre pays et à l’intérieur même des pays.  Pour ce qui est de la culture et du développement durable, il a souligné l’importance du respect de la diversité culturelle qui caractérise notamment la région de la CELAC.  La multiculturalité et la tolérance doivent être la base de la coopération, a-t-il estimé. 

Le représentant a également fait part des préoccupations des États membres de la CELAC par rapport aux critères actuels qui permettent aux pays les moins avancés (PMA) de sortir de cette catégorie, et en particulier le fait que seul le critère du revenu par habitat est utilisé pour mesurer le niveau de développement d’un pays et, par conséquent, pour décider de son éligibilité à l’aide publique au développement.  Les méthodologies utilisées doivent aller au-delà de ce critère pour pouvoir reconnaître les besoins et défis en termes de développement de chaque pays, a-t-il estimé.  Rappelant que la plupart des membres de la CELAC sont des pays à revenu intermédiaire, le représentant a insisté sur le fait que ces pays ont toujours besoin de l’aide au développement pour réduire les écarts et inégalités structurels et renforcer leurs capacités pour réaliser les objectifs de développement durable.

M. MHER MARGARYAN (Arménie), qui parlait aussi au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, a appelé la communauté internationale, l’ONU et les institutions financières internationales à revoir leur approche concernant la classification des pays en développement.  « Avancer vers des critères allant au-delà du revenu par tête est crucial pour comprendre les défis spécifiques et le potentiel de chaque pays en développement. »  Le représentant a estimé qu’une catégorie entière de pays était laissée de côté puisque la coopération avec les pays à revenu intermédiaire est menée sur une base ad hoc.

En vue de remédier aux besoins complexes des pays en développement, le délégué a défendu des politiques adaptées et graduelles permettant aux pays de passer d’une catégorie à l’autre, plutôt qu’une approche unique pour tous.  Il s’est dit préoccupé par le fait que l’accès d’un pays aux financements concessionnels se réduit au fur et à mesure que son revenu augmente, comme c’est le cas des pays à revenu intermédiaire.  Le délégué a insisté sur les défis que ces pays doivent relever, tels que la pauvreté et les inégalités. Les pays à revenu intermédiaire abritent 73 % de la population pauvre mondiale, a-t-il noté.  Il a également souligné l’importance pour ces pays de recevoir une assistance suffisante pour remédier aux conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes qui les frappent.  En conclusion, le délégué a demandé une approche globale pour remédier aux défis des pays à revenu intermédiaire.

M. KEITH HAMILTON LLEWELLYN MARSHALL (Barbade), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a affirmé que les grandes tendances qui influencent la mondialisation, telles qu’identifiées par le Secrétaire général dans son rapport, affectent de manière disproportionnée les petits États insulaires en développement qui forment la CARICOM, en particulier s’agissant des changements climatiques.  Par conséquent, la CARICOM exhorte la communauté internationale à revisiter et à restructurer la manière avec laquelle elle interagit avec ces États.

Après avoir souligné l’impact des chocs exogènes qui ralentissent le développement des petits États insulaires en développement (PEID) et qui émanent souvent des pays développés -notamment la crise financière de 2007-, le représentant a estimé que les Nations Unies devaient assumer un rôle essentiel pour renforcer la coopération internationale en vue de réaliser les objectifs de développement durable.

Évoquant l’ampleur des dégâts causés par les ouragans Irma et Maria dans les Caraïbes, le représentant a rappelé à nouveau la contribution mineure des PEID aux changements climatiques, alors même qu’ils en sont les premières victimes, ajoutant que la science prouve la contribution de la mondialisation aux changements climatiques et à la dégradation environnementale.  Il a saisi cette occasion pour dire « que ce n’est pas le moment pour revenir sur les engagements pris en vue de protéger la planète ».  « Il faut au contraire redoubler d’effort », a-t-il lancé par le biais notamment de l’application de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Avant de conclure il a salué le Secrétaire général qui a demandé que les pays vulnérables à revenu intermédiaire et élevé puissent avoir accès aux prêts à des conditions préférentielles, ce qui lui semble crucial lorsque ces pays doivent faire face aux dégâts causés par des catastrophes naturelles.

Mme RENUKA CHOWDHURY (Inde) a noté le rythme accéléré de la mondialisation au cours des trois dernières décennies en raison des innovations technologiques qui ont contribué à « rétrécir la planète ».  Toutefois, la révolution en cours avec les technologies numériques, l’automatisation et l’intelligence artificielle, a un impact inégal sur les professions, les modèles économiques et, par conséquent, sur les rapports de force dans le monde, a-t-il constaté.  De plus, la montée en puissance du pouvoir des médias sociaux transforme les modes de fonctionnement des gouvernements, a poursuivi le représentant qui a également rappelé que l’intégration économique et financière avait parfois conduit à des crises graves.  La mondialisation a même joué en faveur des réseaux terroristes qui ne connaissent plus de frontières, a-t-il souligné.

Le représentant a ensuite évoqué les progrès scientifiques qui ont permis de mieux comprendre l’impact des activités humaines sur notre habitat et sur le réchauffement de la terre.  Parmi les autres menaces liées à la mondialisation, M. Chowdhury a encore cité les épidémies, qui se propagent rapidement, et la cyber-sécurité.  Toutes ces questions exigent, selon lui, des consultations étroites entre les pays et plus de multilatéralisme dans la manière de les appréhender.

M. TANG TIANXI (Chine) a invité la communauté internationale à passer à une mondialisation plus inclusive.  Pour cela, a-t-il recommandé, il faut créer un modèle économique ouvert et promouvoir l’inter connectivité et les échanges commerciaux, tout en s’opposant au protectionnisme.  Il est également important, selon la délégation, de s’adapter aux réalités actuelles en amendant les règles régissant le commerce et l’économie internationales.

Le représentant de la Chine a appelé à adopter un modèle de croissance équilibré, un modèle qui apporte aussi des solutions aux problèmes structurels.  Il a fait remarquer que la Chine avait tiré parti de la mondialisation économique, notamment par le biais d’une croissance rapide qui a apporté la stabilité dans le pays. Le défi est maintenant de rendre cette croissance profitable à tous, a-t-il reconnu.

Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a rappelé son pays est l’un des 109 États à revenu intermédiaire selon la classification du système de l’ONU, en soulignant les défis particuliers qui se posent à ces pays qui ont des niveaux différents de revenu, de croissance, de structures sociales et d’urbanisation.  Malgré une croissance élevée depuis quelques années, les Philippines n’ont toujours pas éradiqué la pauvreté ni éliminé les inégalités qui demeurent élevées, a-t-elle indiqué en expliquant aussi que les avancées en matière de développement sont freinées par les catastrophes naturelles plus fréquentes et plus dévastatrices.  Elle a fait remarquer que si ces pays hébergent 73% des pauvres du monde et 70% de la population mondiale, ils ont seulement un tiers du PIB mondial.

Mme Ponce a donc plaidé pour que la méthode de classification de ces pays aille au-delà du simple critère de revenu par habitant et adopte une approche multidimensionnelle, appréciant la recommandation du Secrétaire général à ce sujet.  Plaider en faveur de la reconnaissance de cette catégorie de pays par le système de l’ONU ne veut pas dire qu’on cherche à prendre des ressources d’autres groupes de pays en situation particulières, a-t-elle assuré en expliquant vouloir surtout créer des synergies positives pour d’autres pays en développement.  Elle a exhorté le système des Nations Unies pour le développement à continuer d’intégrer les pays à revenu intermédiaire dans ses plans et programmes stratégiques.  Mme Ponce a aussi abordé la question de la science, la technologie et l’innovation en souhaitant voir les capacités des pays se renforcer pour disposer de ces moteurs du développement.

Mme TAMARA KHARASHUN (Bélarus) a dit être d’accord avec le Secrétaire général pour une réalisation universelle du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Pour cela, il convient de renforcer le système de coopération avec les pays à revenu intermédiaire qui doivent bénéficier d’un soutien plus ciblé de la part des organismes multilatéraux, a-t-elle estimé.  Ces pays représentent le moteur de la croissance économique mondiale, a-t-elle poursuivi avant de regretter que leurs intérêts soient néanmoins souvent relégués au second plan.

Par conséquent, le Belarus table sur l’élaboration et l’application d’une stratégie pour l’appui au développement durable des pays à revenu intermédiaire.  Il espère que la résolution sur cette question abordera le problème du classement de ces pays uniquement sur la base du revenu par personne.  « Ce critère présente souvent une vue plus favorable du bien-être de nos pays », a précisé la représentante pour laquelle il est indispensable de passer à des indices multidimensionnels efficaces pour évaluer les progrès en termes de développement de chaque pays.

M. JUAN MIGUEL GONZÁLEZ PEÑA (Cuba) a jugé indispensable un système multilatéral transparent, ouvert, non discriminatoire et inclusif, qui optimise les bénéfices de la mondialisation tout en minimisant ses coûts.  Mais, a regretté la délégation, la réalité est que la mondialisation avance selon des principes néolibéraux, qui aggravent les inégalités dans le monde, élargissent le fossé entre le Nord et le Sud et perpétuent des problèmes mondiaux tels que la pauvreté, la faim, l’analphabétisme, le chômage et la mortalité due à des maladies évitables et curables.  Pourtant, a-t-elle souligné, l’engagement et la volonté politique permettraient de surmonter ces problèmes.

Dans ce contexte, la délégation de Cuba a réitéré la nécessité d’un nouvel ordre économique international, basé sur l’équité, l’égalité souveraine, le bénéfice commun et la coopération entre tous les États.  Ce nouvel ordre économique permettrait ainsi de corriger les inégalités et les injustices et assurerait aux générations présentes et futures un développement économique et social juste.  Cuba attend avec intérêt l’avancée du Mécanisme de facilitation des technologies ainsi que la mise en pratique de la Banque de technologies et du mécanisme de renforcement des capacités scientifiques et technologiques et des capacités d’innovation des pays les moins avancés.

M. DAVID MULET LIND (Guatemala) s’est déclaré convaincu que tant que l’on n’aborde pas la question du financement pour le développement et ses aspects complexes dans le contexte de la réforme de l’ONU, l’Organisation ne réussira jamais à fournir un meilleur appui aux pays pour atteindre les objectifs de développement durable.  En effet, le système onusien utilise actuellement différentes méthodes et mesures pour classer différents groupes de pays, y compris ceux se trouvant dans des situations particulières.  Il a réaffirmé que le système onusien doit se servir d’une classification intégrale qui n’exclue par les pays à revenu moyen comme pays éligibles pour l’aide au développement.

« Si le Programme 2030 est universel, appliquons alors des critères universels pour déterminer le financement du développement, notamment l’aide publique au développement », a-t-il lancé.  Il a ensuite appuyé la proposition de l’Arménie relative à une mesure multidimensionnelle de la pauvreté et du développement qui pourrait s’inspirer, pour son élaboration, de l’expérience du Comité des politiques de développement.  Il a attiré l’attention sur la réalité qui fait qu’il existe un groupe de grands pays que le système onusien considère uniquement en fonction de ses revenus, occultant par la même les inégalités internes en son sein et autres considérations.  Ce groupe représente le tiers du produit interne brut mondial et 73% des personnes vivant dans la pauvreté dans le monde. Il est donc temps d’opérer des changements qui déboucheraient sur un système plus juste, démocratique, efficace, transparent et qui rende des comptes, a-t-il conclu.  

Mme RABOHALE (Afrique du Sud) a fait part de son inquiétude face au peu de soutien de la communauté internationale en faveur des pays en développement dans l’optique de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a rappelé aux pays développés qu’il était impérieux qu’ils respectent leurs engagements en matière d’APD, ainsi que les promesses de facilités commerciales, de transferts technologiques et de renforcement de capacités en faveur de pays en développement.  Elle a souligné que ces derniers continuent de souffrir des effets pervers des crises financières et économiques de 2008.  Cette situation en appelle au renforcement de la gouvernance économique mondiale, afin notamment de s’assurer que les pays émergents aient une plus grande représentation dans les instances de gouvernance des institutions financières et économiques internationales.

En outre, l’Afrique du Sud souhaite la conclusion du Cycle des négociations commerciales de Doha, espérant également que la onzième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue à Buenos Aires, en Argentine, en fin d’année, apportera des solutions à des défis inhérents aux pays en développement.  L’Afrique du Sud dénonce la tendance protectionniste accrue de certains pays, a dit la déléguée avant de demander la réduction du fossé technologique entre le Nord et le Sud.  Pour cela, elle a appelé au transfert de technologies écologiquement viables en faveur des pays en développement, à des termes et conditions de commun accord.  Elle a enfin évoqué le « piège du revenu intermédiaire » pour souligner les défis de développement auxquels sont confrontés les pays de ce niveau.

M. PATRICIO AGUIRRE VACCHIERI (Chili) a contesté l’utilisation par le système des Nations Unies pour le développement d’une classification des pays à revenu intermédiaire basée uniquement sur le revenu par habitant, estimant qu’elle est en contradiction avec le Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Ce programme implique en effet une approche multidimensionnelle, avec des variables économiques, sociales et environnementales interagissant au même niveau, a-t-elle relevé. Aussi, la délégation a-t-elle espéré que le projet de résolution négocié par la Deuxième Commission sur le sujet des pays à revenu intermédiaire permettrait à ce groupe de pays d’avancer en termes de critères et de paramètres multidimensionnels.  Elle a aussi souhaité que le système des Nations Unies pour le développement cherche à se doter d’un mécanisme de suivi pour que les pays classés dans une catégorie supérieure bénéficient d’une période de transition, comme c’est le cas pour les pays les moins avancés.

M. ELTON KHOETAGE HOESEB (Namibie) a reconnu que le commerce international est l’un des principaux catalyseurs de la mondialisation, en expliquant que son pays en est un bon exemple puisqu’il a récolté les bénéfices de son économie d’exportation « de la meilleure viande et du meilleur poisson du monde, ainsi que de diamants ».  Le fait de pouvoir avoir des échanges commerciaux, dans le cadre de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), de l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne et de l’AGOA (loi en faveur de la croissance de l'Afrique et son accès aux marchés) avec les États-Unis, a contribué à la croissance économique de la Namibie et à la réduction de la pauvreté qui est passée de 37% en 1990 à 18% en 2017.

La Namibie est un fervent adepte des groupements régionaux pour développer les continents.  C’est la raison pour laquelle elle participe activement à la mise en œuvre du Plan stratégique de développement régional de la SADC pour la période 2005-2025, et à promotion de l’Accord tripartite de libre échange africain, a indiqué M. Gertze.  Pour lui, les Nations Unies et d’autres organismes multilatéraux sont essentiels pour assurer que la mondialisation soit une expérience positive pour tous.  Il s’est opposé au classement des pays sur la seule base du revenu par habitant, expliquant que la Namibie, comme d’autres pays à revenu intermédiaire, en avait été pénalisée dans son accès aux financements concessionnels pour le développement.  « La mondialisation peut être une bénédiction ou une malédiction », en fonction des circonstances a-t-il conclu en encourageant la communauté internationale à travailler main dans la main pour la réalisation du Programme 2030.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a fait remarquer qu’aujourd’hui, la pauvreté constitue une menace pour tous les pays, qu’ils soient plus ou moins avancés, et que son caractère multidimensionnel contraste avec le classement des pays selon le seul revenu par habitant, qui n’est plus adapté aux réalités.  Ce classement ne permet pas non plus d’évaluer correctement les ressources nécessaires dans la coopération pour le développement et l’efficacité de l’aide s’en trouve amenuisée.  Le classement des pays à revenu intermédiaire suppose que ceux-ci ont jugulé les hauts niveaux de pauvreté, d’inégalités et de vulnérabilité, alors qu’en réalité ce sont des problèmes qu’ils affrontent toujours, a précisé la délégation.  La pauvreté est un phénomène complexe et la solution demande de s’attaquer aux différentes composantes de cette réalité complexe, avec des critères adéquats.

M. SAFAH (Iraq) a invité la communauté internationale à soutenir l’Iraq au moment où il se trouve sur la voie de la reconstruction de ses infrastructures détruites par le groupe terroriste Daech.  Le pays a vu ses revenus diminuer du fait de la baisse du prix du pétrole sur les marchés internationaux, a-t-il rappelé. 

Sur le thème de la culture, élément qui peut permettre de renforcer la paix et la tolérance, le représentant a dénoncé les actes de Daech qui ont conduit à la destruction d’une civilisation millénaire en Iraq.  Ces méfaits affectent le pays et le monde entier, puisqu’il s’agissait de sites et œuvres considérés comme faisant partie du patrimoine culturel de l’humanité.  C’est pourquoi l’Iraq attend de la communauté internationale qu’elle apporte son soutien à la reconstruction et la réfection des œuvres et sites détruits, conformément à la Convention de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, avec Règlement d’exécution 1954.

Pour M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) la catégorie des pays à revenu intermédiaire est « un paradoxe ».  Elle regroupe certains pays avec les plus grandes économies du monde et les plus diversifiées et d’autres avec des économies beaucoup plus petites en termes de PIB.  Les Maldives, qui font partie de cette catégorie depuis 2004, regrettent que cela ne les protège pas pour autant des chocs exogènes et ne les dote pas des moyens d’y répondre.  Par ce que les Maldives ont été inclues dans cette nouvelle catégorie, elles ne sont plus éligibles à l’APD et n’obtiennent pas de financements concessionnels, a expliqué le représentant.  Ces défis rendent les petites économies qui sont récemment sorties de la catégorie des PMA plus vulnérables et c’est là « toute l’ironie de la sortie », selon le représentant.

Le coût des dégâts causés par le tsunami en 2004 était de l’ordre de 62% du PIB du pays, a expliqué le délégué expliquant que les Maldives avaient mis plusieurs années à s’en sortir.  Certains pays des Caraïbes sont en train de vivre une situation similaire, a constaté M. Mohamed avant d’appeler les Nations Unies à se pencher avec plus de sérieux sur la situation des pays à revenu intermédiaire pour leur permettre d’obtenir des financements à des conditions favorables et d’avoir un meilleur accès aux marchés d’exportation.  « La classification qui se base uniquement sur le critère du revenu par habitant ne tient pas compte de la nature multiforme des défis au développement que connaissent les pays à revenu intermédiaire », a-t-il conclu.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a jugé nécessaire de définir des critères autres que le revenu par habitant comme référence de développement pour classer les pays, afin que personne ni aucun pays ne soit laissé de côté dans la mise en œuvre du Programme 2030, du Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, du Nouveau programme pour les villes et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, entre autres instruments internationaux de première importance.  Des pistes existent déjà, a poursuivi le représentant, citant par exemple l’Indice de pauvreté multidimensionnelle.  Car, sur la voie du développement, il faut reconnaître les réalités complexes des pays lorsqu’on analyse leurs forces et leurs faiblesses.

Il est temps, a lancé le représentant, d’adopter une approche novatrice et multidimensionnelle du développement durable.  Il a ajouté qu’il fallait redéfinir le rôle du système des Nations Unies pour le développement en réponse aux besoins particuliers desdits pays à revenu intermédiaire. Ces pays regroupent 73% de la population mondiale en situation de pauvreté, a rappelé M. Mendoza Garcia, et un traitement cohérent de leurs besoins doit constituer une priorité si l’on veut être réaliste dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. LEULESEGED TADESE ABEBE (Éthiopie) a affirmé que même si la mondialisation a contribué à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique mondiale, ses bienfaits ne sont toutefois pas partagés par tous.  C’est la raison pour laquelle on assiste aujourd’hui à des soulèvements populaires, suscités par les pertes d’emplois et les inégalités croissantes.  Cette situation a mis le multilatéralisme à l’épreuve, a noté le représentant qui estime que pour répondre aux demandes légitimes des peuples, il faut renforcer la coopération internationale en vue de garantir une mondialisation qui profite à tous.

Pour sa délégation, le Programme 2030, le Plan d’Action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris constituent la feuille de route pour faire en sorte que la mondialisation devienne une force plus positive et plus inclusive et pour jeter les bases d’une économie plus équitable.  Parallèlement, a-t-il ajouté, il faudra collectivement gérer les grandes tendances qui influencent la mondialisation, que le Secrétaire général identifié dans son rapport.  En outre, les efforts nationaux pour la réalisation des objectifs de développement durable devraient s’accompagner, selon le représentant, d’une architecture économique et financière mondiale plus favorable au développement et plus équitable. 

Tout en reconnaissant le potentiel de la science et de la technologie pour le développement durable, le délégué a rappelé que les pays en développement ne disposaient souvent ni des moyens humains et techniques, ni de l’infrastructure et des institutions qui leur permettraient de pleinement en tirer parti.  Par conséquent, la coopération internationale est cruciale pour réduire le fossé technologique croissant, par le biais de transferts de technologies et de mise à niveau des capacités des pays en développement.

M. TLHALEFO MADISA (Botswana) a rappelé que les pays à revenu intermédiaire constituent une large catégorie, dont la classification masque de grandes poches de pauvreté, d’inégalités et de forts écarts dans les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable. Des pays comme le Botswana font face à l’énorme tâche de pérenniser les avancées des décennies précédentes dans un contexte d’augmentation des coûts de la vie, de la nourriture et de l’énergie, de baisse des cours des matières premières, de hauts niveaux de chômage des jeunes, d’évolution technologique, de développement des infrastructures et d’autres défis de développement durable. Le représentant a partagé l’idée qu’il fallait modifier les critères de classification des pays, qui se fait actuellement par niveau de revenu, et a apporté son plein soutien à la recommandation du Secrétaire général de renforcer la coopération des Nations Unies pour le développement avec les pays à revenu intermédiaire.

La mondialisation a apporté de nombreux bénéfices et opportunités depuis des décennies, a salué Mme PUNNAPA PARDUNGYOTEE (Thaïlande).  Elle a parlé de pays qui sont devenus interconnectées, économiquement prospères tout en saluant l’essor des technologies et de l’innovation.  Néanmoins, on voit en même temps une mondialisation qui a produit une répartition inégale des richesses, des inégalités de diverses natures, des pertes d’emplois et des mutations technologiques, sans compter les changements climatiques.  Pour le cas de pays à revenu intermédiaire par exemple, les bénéfices tirés de la mondialisation n’ont pas pu résoudre la question des inégalités socioéconomiques.  En outre, pour sortir du piège du revenu intermédiaire, ces pays doivent se battre dans une compétition contre les pays développés sur les marchés internationaux.

La Thaïlande souligne la place centrale du système des Nations Unies pour le soutien aux États Membres qui font face à de nombreux défis, dont la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La représentante a souhaité que le soutien onusien tienne compte des défis propres à chaque pays.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pourraient également jouer un rôle majeur à cet effet, en complément de la coopération Nord-Sud.  La Thaïlande participe à la coopération Sud-Sud en partageant son expérience avec des pays d’Asie, du Pacifique et d’Afrique, a-t-elle précisé avant de saluer le rôle que joue le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud  à cet effet.

Pour Mme BAKURAMUTSA (Rwanda), la mondialisation a le potentiel de contribuer au succès du Programme de développement durable à l'horizon 2030 en permettant aux pays développés et aux pays en développement de cultiver des collaborations bénéfiques en vue d’améliorer les conditions de vie de tous.  La vision stratégique à long terme du Rwanda mise sur le développement du secteur privé grâce à un environnement porteur, et à renforcer la coopération et le commerce régional, a expliqué la représentante qui a affirmé que son pays tirait déjà les bénéfices de cette approche.

Pour le Rwanda, les Nations Unies sont l’organisation la mieux placée pour jouer un rôle de catalyseur dans l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial.  Il s’agit de parvenir à une économie mondiale plus équitable et plus inclusive pour les pays en développement, a expliqué la représentante.

M. BHARAT RAJ PAUDYAL (Népal) a noté que la mondialisation avait conduit à des améliorations dans la vie quotidienne de populations de pays développés et en développement, même si les bénéfices ont été distribués de manière inégale.  Les inégalités entre nations et au sein d’elles ne cessent en effet de croître.  L’économie du savoir a fait revenir en arrière les gens sans capacités technologiques, créant ce que l’on appelle désormais un « quart monde » formé de personnes ne pouvant s’impliquer dans la nouvelle économie.  « Nous avons échoué à humaniser la mondialisation », a—t-il déploré. Dans ce contexte, les PMA et les pays à revenu intermédiaire font face à des chocs externes et sont les plus affectés par les changements climatiques, la criminalité transfrontalière et les défis posés par le terrorisme et la cybersécurité.

Pour rendre la mondialisation plus inclusive et créer une situation gagnant-gagnant, il faudrait mener des réformes de la gouvernance mondiale et de l’architecture financière internationale, a souhaité le représentant en faisant valoir que les économies de tous les pays doivent être reliées aux chaînes de valeur mondiales.  La mise en place d’infrastructures de connectivité telles que des routes, des chemins de fer, des voie fluviales est la clé pour renforcer l’interdépendance, a relevé M. Paudyal.  Ces infrastructures sont particulièrement cruciales pour les PMA enclavés, a-t-il souligné.  Étant donné que l’une des manifestations de la mondialisation est la mobilité des gens, le Népal appelle à la mise en œuvre de toutes les cibles des objectifs de développement durable relatives aux migrations, notamment la baisse des frais de transfert de fonds des migrants.

M. VITALII BILAN (Ukraine) a rappelé que son pays vivait l’un des moments les plus difficiles de son histoire, mais assuré que cela ne l’empêchait pas de partager son expérience et ses technologies.  Il a noté que la science, la technologie et l’innovation peuvent jouer un rôle crucial face aux défis de développement tels que l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’accès à l’énergie, la lutte contre les maladies, l’amélioration de l’éducation, la protection de l’environnement, cela dans l’optique de la diversification de l’économie.  Il a appelé les États à intégrer la technologie dans la vie quotidienne.  Notant que les retards technologiques peuvent être comblés par l’éducation et la formation, l’Ukraine offre des bourses scientifiques aux ressortissants de pays en développement, a-t-il indiqué.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a regretté que les bénéfices de la croissance économique et des progrès technologiques se concentrent dans les pays déjà développés et que les coûts de la mondialisation retombent de façon disproportionnée sur ceux qui sont affectés par les évolutions rapides dans les sites de production, souvent dans le monde développé.  Le Saint-Siège est de plus en plus préoccupé par le fait qu’une « mondialisation de l’indifférence » accompagne la mondialisation des systèmes de production.  Cette indifférence touche d’abord les plus marginalisés, les pauvres, les migrants et les réfugiés, qui sont exclus du système économique mondial, puis ceux qui sont affectés par les impacts négatifs de la dégradation de l’environnement.  L’Observateur permanent du Saint-Siège a donc appelé la communauté internationale à travailler de manière interdépendante, dans une attitude de solidarité à l’égard de ceux qui sont le plus pénalisés, en construisant des passerelles pour une coopération plus responsable.

Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a remarqué que la modalisation fait peur aux gens, surtout dans le secteur de l’emploi, car ils voient d’un mauvais œil les flux de migrants qu’ils accusent de prendre leurs emplois, ou encore les robots qui remplacent les postes occupés par des êtres humains.  Pour établir des directives claires dans ce domaine, l’OIT entend mener une recherche dans plus de 100 pays sur les relations entre le travail, l’individu et la société.  Le représentant a aussi relevé que l’un des défis majeurs, aujourd’hui, c’est la réduction des inégalités de revenus.  Selon l’OIT, si l’on veut que la mondialisation soit au service des sociétés, alors il faut qu’elle réponde au besoin de création d’emplois décents.

M. HIROKO MURAKI GOTTLIEB, Chambre de commerce internationale, a fait observer qu’il existe de nombreux exemples concrets d’initiatives novatrices qui soient inclusives et favorables aux pauvres, qui non seulement aident, mais surtout autonomisent les populations vulnérables en utilisant au maximum les ressources disponibles.  Optimiser les potentiels demande aussi des compétences, ce qui a fait dire à la délégation qu’il fallait se concentrer sur le renforcement des capacités, de l’alphabétisation à l’acquisition des connaissances sur le développement durable, en formant en particulier les femmes, les filles et les groupes vulnérables dans les domaines de la technologie, le commerce, la finance et l’investissement.

LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT

Pour M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur), qui s’exprimait au nom du G77 et de la Chine, les technologies de l’information et des communications (TIC) sont des outils qui facilitent la réalisation des objectifs de développement durable et stimulent la croissance économique.  Même s’il reconnaît les progrès réalisés en termes d’accès aux TIC, la réduction du fossé numérique entre pays et à l’intérieur même des pays, ainsi qu’entre hommes et femmes, reste une priorité urgente pour le G77.  En effet, selon les estimations de l’Union internationale des télécommunications (UIT), en 2016, 84% des ménages européens avaient accès à l’Internet par rapport à 15% en Afrique subsaharienne.  « Ces chiffres sont alarmants compte tenu du rythme soutenu des avancées technologiques », a estimé le représentant. 

Le G77 préconise de mettre en place des environnements propices et de renforcer la coopération internationale dans le but de rendre ces technologies plus accessibles et abordables, en prévoyant aussi des investissements et des financements appropriés.  Le représentant a en outre suggéré de canaliser l’assistance technique pour élaborer des outils sur mesure pour les pays en développement.  Les contributions des TIC dans les domaines de la santé, de l’éducation, du partage des connaissances, du développement agricole, de la promotion de la paix et des réponses aux catastrophes naturelles et humanitaires sont telles qu’il est urgent d’investir dans les capacités des pays en développement pour qu’ils puissent en tirer parti, a insisté le délégué. Le G77 reste attaché à la pleine mise en œuvre des recommandations des sommets de Genève et de Tunis sur les TIC, en particulier des dispositions relatives à la gouvernance de l’Internet.  Il salue l’opérationnalisation de la Banque de technologies des Nations Unies pour les PMA et soutient la demande de ces pays d’allouer 0,1% de l’APD des PMA à cette banque.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025 soulignent tous deux le rôle pivot des technologies de l’information et des communications qui ont déjà été un facteur clef de la transformation économique et sociale des pays de l’ASEAN. L’Association est actuellement en train de passer à une économie numérique, guidée par le programme ASEAN ICT Master plan 2020, qui vise à intégrer les TIC dans tous les secteurs de l’économie et à renforcer la croissance et l’innovation. Ce programme s’attache également à connecter chaque individu et chaque communauté, quelle que soit leur localisation, à faciliter un accès plus rapide aux services et à créer de nouvelles et meilleures façons de faire des affaires.

Malgré la croissance rapide d’Internet, des médias sociaux et des activités mobiles dans l’ASEAN, a précisé le représentant, la fracture numérique persiste toutefois dans la région.  C’est pourquoi une stratégie d’innovation numérique a été mise en place pour la réduire. Dans le même temps, l’ASEAN reconnaît la nécessité de renforcer la gouvernance numérique pour répondre aux menaces de cyberattaques et travaille en ce sens au niveau régional et au-delà.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a rappelé la grande vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID), auxquels les avancées technologiques et l’innovation pourraient apporter de meilleures opportunités pour contourner les limites intrinsèques liées à leur taille. Toutefois, a-t-elle averti, les mutations technologiques combinées aux pressions concurrentielles de la mondialisation ont élargi la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Cela démontre la nécessité d’apporter une réponse multilatérale solide pour réduire cette fracture entre et au sein des États Membres.  À cet égard, le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) est essentiel pour construire une société de l’information centrée sur les personnes, inclusive et orientée vers le développement. La CARICOM se félicite en plus de l’alignement du processus du SMSI sur le Programme 2030.

Les États membres de la CARICOM ont pris des initiatives pour améliorer l’attractivité de l’environnement régional pour l’investissement, pour harmoniser les TIC et les autres cadres législatifs et rendre le terrain fertile à la production numérique, au commerce, à l’entrepreneuriat et à l’innovation, notamment par le biais de plateformes numériques nationales et régionales.  La représentante a en outre noté que le Programme 2030 exige un transfert de technologie, de ressources et de l’investissement pour les pays en développement, notamment les PEID.  Elle a enfin assuré que la CARICOM reste engagée dans le développement des TIC pour tous, ce qui comprend les utilisateurs à bas revenu et les groupes marginalisés comme les handicapés, les peuples autochtones.  La CARICOM œuvre aussi en faveur du renforcement des capacités pour augmenter l’alphabétisation en ligne.

Mme SHANCHITA HAQUE (Bangladesh), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a relevé que les TIC jouent un rôle de catalyseur pour la croissance économique, le renforcement de la productivité et la compétitivité.  C’est également une force capable d’autonomiser des milliards de gens, en leur faisant acquérir des connaissances.  Mais la situation des TIC dans les PMA n’est pas du tout reluisante, a reconnu la déléguée en s’appuyant sur le constat fait par l’Union internationale des télécommunications (UIT) que la majorité des pays les moins connectés sont également des PMA.  Il existe un grand fossé entre les pays développés et les pays en développement en matière de connexion à haut débit, et à peine le dixième des populations des PMA a accès à l’Internet.  À l’intérieur des PMA, il y a 31% de femmes de moins que d’hommes utilisant Internet.  Les disparités sont également visibles au sein des pays, notamment entre zones rurales et urbaines.

Pour résoudre ces problèmes, les PMA estiment que la technologie a besoin d’être soutenue par le savoir-faire nécessaire, les institutions, les partenariats public-privé et un climat approprié dans le monde des affaires.  Ainsi, les PMA invitent les États à adopter des politiques et stratégies appropriées pour assurer la disponibilité et l’accessibilité des TIC, y compris le haut débit.  Ces politiques doivent s’accompagner d’infrastructures modernes et de systèmes de fourniture de services adaptés.  Les services de TIC doivent également prévoir le renforcement des capacités des usagers.  C’est pourquoi des formations sont cruciales, notamment en faveur des femmes.

La représentante a misé sur la nouvelle Banque de technologies pour faciliter le transfert des technologies appropriées et du savoir-faire vers les PMA, invitant les donateurs à la financer.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire peuvent aussi servir de viatique pour la vulgarisation des TIC dans les PMA, a argué la représentante, avant de rappeler que les partenaires au développement avaient promis, dans le Programme d’action d’Istanbul, de continuer à fournir des bourses aux étudiants et formateurs des PMA, particulièrement dans les domaines de la science, de la technologie, de la gestion et de l’économie.

Mme NAEEM (Maldives) qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a mis en exergue les difficultés rencontrées par ces pays du fait de leur éloignement et des barrières géographiques qui entravent la communication, ce qui confirme l’urgence d’y développer les TIC.  L’Alliance salue l’opérationnalisation de la Banque de technologies pour les PMA et les progrès dans la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies.

Les TIC représentent, selon le représentant, un potentiel de changement et de développement énorme, mais la vitesse avec laquelle elles se sont propagées dans nos sociétés soulève de nouveaux défis.  À cet égard, il a déploré que la fracture numérique entre pays développés et pays en développement ne cesse de se creuser, une vraie source de préoccupation pour les pays de l’Alliance.  L’accès inégal à ces technologies n’a fait qu’exacerber les inégalités entre pays, et, par conséquent il convient d’adopter des politiques coordonnées pour y remédier, a exigé le représentant. 

Pour les États insulaires, ces technologies sont d’autant plus importantes qu’elles leur faciliteraient la gestion des catastrophes naturelles auxquelles ils sont régulièrement exposés, dès la phase de l’alerte rapide jusqu’à celle de la reconstruction.  Le représentant a saisi cette occasion pour demander une assistance technique pour permettre à ces États de collecter les données nécessaires notamment à la gestion des catastrophes.  L’accès aux services financiers par le truchement des TIC est une autre utilisation de ces outils qui est souhaitable pour les pays de l’Alliance dans la mesure où la téléphonie mobile a fait d’énormes progrès dans ce domaine.

M. SWAPAN DASGUPTA (Inde) a relevé que de nos jours, le pouvoir des médias sociaux, l’analyse des métadonnées et l’Internet, ont complètement modifié la manière d’agir et d’interagir entre individus et entre gouvernements.  Dans le même temps, des défis nouveaux tels que la cybersécurité et la protection de la vie privée ont vu le jour.  Malgré le fait que la technologie est neutre, son déploiement et son accès ne le sont pas, a-t-il fait remarquer, notant que le fossé numérique accentuait les inégalités. 

Les TIC représentent pourtant un outil qui peut autonomiser les gens, les pauvres et les marginalisés notamment, comme l’Inde a pu en faire l’expérience en lançant des programmes qui visent à renforcer la connectivité mobile, la gouvernance électronique, le commerce électronique et les emplois dans le domaine des TIC.  En plus des services comme la télé-éducation et la télémédecine, l’Inde utilise également les TIC pour vulgariser les services bancaires.  Ainsi, plus d’un milliard d’Indiens ont désormais une identité biométrique unique dénommée « Aadhar », tandis que plus de 300 millions de nouveaux comptes bancaires ont été ouverts pour les plus vulnérables grâce aux TIC.  La connexion entre les cartes biométriques et les comptes bancaires a en plus permis un plus grand accès à des services financiers en ligne tels que les demandes de crédits, les services d’assurance ou les transferts de fonds.  L’un des grands succès des TIC en Inde est l’application « e-VIN » qui permet aux parents de s’informer en temps réel sur la disponibilité des vaccins, s’est félicité le délégué.  Les TIC sont aussi utilisées pour des services agricoles et de cadastre.  En outre, l’Inde collabore avec d’autres pays en développement afin de partager son expérience en matière de TIC.

Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a fait part de ses préoccupations relatives au fossé numérique.  Les Philippines, qui ont développé des infrastructures dans le domaine des TIC, accusent toujours des retards par rapport à d’autres pays en termes de disponibilité, de coût abordable et de vitesse d’accès à l’Internet.  Son taux de pénétration du haut débit fixe la plaçait en 2016 à la cent-dixième place mondiale et à la quatre-vingt neuvième pour le taux de pénétration du haut débit avec 64% des ménages ayant accès à l’Internet.

Sa délégation est consciente du besoin d’un meilleur accès à moindre coût à l’Internet dans le contexte de la quatrième révolution industrielle qui est marquée par la fusion des technologies et par les économies numériques.  Le plan de développement national des Philippines prévoit des investissements dans les infrastructures à cet effet et encourage la recherche collaborative dans le domaine des TIC.  De plus, le Département des TIC est en train de réfléchir à un plan national de la large bande qui sera la feuille de route pour la couverture nationale en fibre optique et en technologies sans fil, a encore précisé la représentante.

M GUO WEIMIN (Singapour) s’est déclaré convaincu que les Gouvernements doivent jouer un rôle actif pour réunir les conditions qui permettront l’émergence de nouvelles idées, tout en donnant aux acteurs du développement une chance de s’adapter et de se montrer compétitifs.  Comme l’illustrent les expériences des systèmes de transport Uber, Lyft et Via, les autorités de chaque pays doivent réfléchir à des règlementations appropriées pour garantir que les nouveaux arrivants sur ce marché puissent entrer en compétition de manière équitable avec leurs rivaux traditionnels, tout en maintenant des normes élevées de sécurité et de qualité.  En outre, a poursuivi le représentant, les gouvernements doivent jouer un rôle actif dans la formation des travailleurs de manière à leur donner les compétences et la confiance nécessaires à leur épanouissement dans un monde en perpétuelle évolution.  Enfin, ils doivent aussi inviter les industries à se transformer et à miser sur le numérique, ce que Singapour s’est efforcé de faire par son programme qui permet aux PME de développer leurs capacités en la matière.

M. EBRAHIM ALIKHANI (République islamique d’Iran) a reconnu les mérites de TIC dans la réalisation des objectifs de développement durable, notamment parce qu’elles jouent un rôle moteur dans l’innovation et l’amélioration de la productivité.  Toutefois, le fossé numérique reste une réalité puisque beaucoup de pays en développement ne disposent toujours pas d’un accès abordable à ces technologies.  Sa délégation demande par conséquent à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour réduire cet écart, ce qui suppose des transferts de technologie, des investissements et une coopération internationale accrue.  Le savoir-faire en matière de TIC et les services qui s’y rattachent devraient être accessibles au monde en développement sans aucune restriction ou discrimination, a plaidé le représentant avant de présenter les mesures prises par son pays pour réduire le fossé numérique et pour élargir les applications des TIC aux services financiers et commerciaux ainsi qu’au secteur de la santé dans le cadre du sixième Plan de développement de l’Iran.  Il est estimé qu’un cinquième des nouveaux emplois par an seront créés dans le secteur des TIC en Iran.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déploré que les progrès réalisés en matière de connectivité n’aient pas touché tout le monde et que des fossés numériques persistent à l’intérieur et entre les pays, ainsi qu’entre les zones urbaines et rurales, sachant que les pays en développement et les moins avancés se trouvent particulièrement désavantagés.  Par exemple, la proportion de foyers ayant accès à Internet atteint 84% en Europe, contre seulement 15% en Afrique subsaharienne. Ces inégalités, reflet du modèle de développement injuste qui gouverne le monde, a dit la délégation, empêchent les pays en développement d’avoir pleinement accès à ces technologies qui sont nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable.

Les ressources pour réduire la fracture numérique existent pourtant, a relevé la délégation qui a estimé que l’élimination du statu quo passait par la volonté politique et l’engagement des pays développés en matière de financement, d’investissement, de divulgation des connaissances, de transfert de propriété intellectuelle et de technologie.  Les TIC doivent servir la paix et le développement et ne doivent jamais être utilisées pour promouvoir la guerre, l’interventionnisme, la déstabilisation, la subversion, l’unilatéralisme ou les actes terroristes, a ajouté Cuba pour qui l’établissement d’un nouvel ordre mondial de l’information et des communications est une nécessité incontournable. Le cyberespace et l’accès à Internet doivent être considérés comme des ressources stratégiques et le bien commun de toute l’humanité, a insisté la délégation, plaidant pour une gouvernance internationale, démocratique et participative, basée sur le droit international et le multilatéralisme.

Mme SILALAHI (Indonésie) a pointé la persistance du fossé numérique entre les pays. Seuls 15% des foyers dans les pays les moins avancés ont accès à Internet, a-t-il rappelé.  Il a affirmé que les TIC devraient faire partie intégrante des stratégies nationales de développement, avant de détailler les efforts de son pays dans ce domaine.  Nous sommes en train de mettre en œuvre le projet Palapa Ring visant à garantir un accès à Internet à haut débit dans tout l’archipel indonésien, a-t-il dit.  Il a appelé au renforcement de la coopération internationale pour généraliser l’accès aux TIC et combler ainsi le fossé numérique précité. Les pays en développement ont besoin d’un renforcement de leurs capacités et de transferts de technologie, a-t-il rappelé.  Enfin, le représentant indonésien a souligné l’importance, malgré les apports positifs des TIC, de prévenir les abus dans leur utilisation, au nom de la sécurité nationale et du développement économique.  « Il y a toujours un revers de la médaille », a-t-il conclu.

Mme AL AWADHI (Émirats arabes unis) a présenté les progrès accomplis par son pays en termes de technologie de l’information et des communications (TIC), se prévalant notamment du fait qu’il n’y existe pas de fossé numérique.  Son gouvernement a reconnu l’importance du cyberespace, ce qui a conduit à une croissance économique certaine.  Sa délégation est consciente du fait que le temps presse et qu’il faut consolider la position du pays dans ce domaine par la « techplomatie ».  Les Émirats pensent en outre qu’il faut un travail collectif pour façonner l’avenir de l’Internet.  Dans cet esprit, les Émirats ont accueilli une conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme et l’utilisation des TIC pour en faire la propagande et le recrutement.  En conclusion, la représentante s’est inquiétée de l’incidence de ce qui se passera à l’avenir dans le cyberespace.

M. AL-KUWARI (Qatar) a déclaré que des infrastructures ont été mises sur pied dans son pays pour le déploiement des TIC.  L’office du Qatar pour les technologies et les sciences joue un rôle central dans la diffusion des TIC, a-t-il indiqué en signalant aussi la création du Centre de renforcement des capacités des personnes vulnérables dans les domaines des TIC qui est censé faciliter l’insertion socioprofessionnelle de ces personnes.  Le représentant a fait part de son inquiétude face à la cybercriminalité, arguant que son pays en avait été victime, juste avant que des mesures économiques unilatérales lui soient imposées.

M. ZAHIR (Maldives) a expliqué qu’avec 1 190 îles et une population dispersée, l’offre de services socioéconomiques dans son pays se fait à un coût très onéreux, parfois 4 à 5 fois plus cher que dans d’autres petits États insulaires en développement (PEID).  Le Gouvernement a cependant pris des mesures pour le déploiement des TIC dans le pays qui est désormais couvert à 100%.  Cette connectivité facilite le travail des entrepreneurs et autres hommes d’affaires, tandis que les TIC sont largement utilisées dans le secteur de la pêche et du tourisme.  La majorité des bateaux de pêche, par exemple, sont pourvus de systèmes de localisation géospatiale, communément dénommés GPS.  Les TIC sont également intégrées dans les programmes scolaires.  Malgré tout, le renforcement des capacités et le transfert de technologie restent des défis pour les Maldives, a averti le délégué.

M. ALQARNI (Arabie saoudite) a affirmé que le Gouvernement saoudien a très tôt pris conscience de l’importance des TIC et du caractère essentiel de l’infrastructure numérique pour le développement.  La Vision 2030 de l’Arabie saoudite a permis d’étendre les TIC dans le pays et de fournir à tous les citoyens une connexion à haut débit dans les villes mais aussi à l’extérieur, et ce, grâce à des partenariats avec le secteur privé.  L’Arabie saoudite travaille aussi à l’amélioration de la gouvernance numérique et estime qu’il faut engager un véritable partenariat international pour mettre en place les cadres réglementaires nécessaires dans ce domaine, sur la base des résultats du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), afin d’assurer la protection numérique au monde entier.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) s’est dit convaincu que l’innovation et les nouvelles technologies de l’information et des communications sont un atout de taille pour le développement durable.  Le Sénégal constate en même temps que cette influence ne se manifeste pas de façon uniforme et que de nombreux pays d’Afrique, notamment parmi les plus pauvres de la planète, se retrouvent de plus en plus en déficit technologique et en manque d’accès aux connaissances.  Cette situation, a-t-il craint, risque de les empêcher de profiter au mieux de la globalisation des marchés et de la mondialisation.  Le représentant a donc jugé fondamental que l’ONU, les partenaires de développement ainsi que les États concernés adoptent des mesures pour combler le fossé numérique qui sépare les pays riches des pays en développement.

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a rappelé que de nombreux pays en développement étaient toujours à la traîne s’agissant des technologies de l’information et des communications (TIC), en particulier les pays les moins avancés (PMA).  C’est la raison pour laquelle sa délégation a appelé les Nations Unies à accélérer l’opérationnalisation de la Banque de technologies, comme le prévoit le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Dans son pays, a dit le représentant, les TIC demeurent déterminantes pour la productivité et la compétitivité.  Le Gouvernement continue d’investir pour mettre en place un environnement propice à l’épanouissement de ce secteur.  Actuellement, la plupart des services gouvernementaux sont fournis au travers de plateformes modernes s’appuyant sur les TIC.  En outre, a poursuivi le représentant, le Kenya est à l’avant-garde de l’enseignement supérieur, comme le démontrent les institutions dédiées aux sciences et aux technologies telles que l’Université Jomo Kenyatta d’agriculture et de technologie, fondée en 1981.  Le pays dispose également d’un réseau éducatif appelé KENET (Kenya Education Network), qui permet la mise en partage de services et d’infrastructures de recherche.

M. CHETTRI (Népal) a relevé que la connectivité mondiale permet de réduire la pauvreté et d’accélérer les progrès sociaux.  Il a misé sur la mise en place de la Banque de technologies pour les PMA, qui doit permettre des transferts de technologies vers ces pays et leur ouvrir ainsi la voie aux marchés internationaux et aux opportunités d’affaires.  Il serait donc de bon aloi d’adopter des politiques pour faciliter l’accès aux services des TIC, notamment dans les PEID et les pays sans littoral, a lancé le représentant.  Notant également que les TIC permettent de réduire le nombre de victimes en cas de catastrophe, le délégué a rappelé que ce fut le cas au Népal ces dernières années lorsque les TIC firent passer des messages d’alerte aux populations.  Le Népal plaide donc pour le renforcement des capacités des populations en matière de TIC, mais à condition de tenir compte des langues locales.

M. LIU JUN(Chine) a conseillé d’accorder une plus grande attention au rôle des TIC dans la réalisation des objectifs de développement durable, au plan national et au plan mondial.  Une coopération accrue dans le domaine scientifique et l’innovation est essentielle, selon lui, de même que le renforcement des capacités dans ces domaines.  Le représentant a déploré la fracture numérique entre les pays et entre les sexes, estimant qu’elle devait être réduite, de sorte que tous puissent avoir un accès égal aux technologies.  Il a recommandé que la communauté internationale mette en place un cyberespace commun, renforce la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, partage les connaissances et les savoir-faire avec les pays en développement.  La Chine a formulé l’esquisse d’une stratégie nationale pour promouvoir la synchronisation du développement des TIC dans tout le pays et garantir une plus grande modernisation, a-t-il aussi indiqué.

M. KOMLAN DODJI YEPLE (Togo) a appelé, pour assurer une mise en œuvre inclusive des objectifs de développement durable, à réduire la fracture numérique non seulement en levant les principales contraintes d’infrastructures mais également en accordant une attention particulière aux solutions adaptées aux besoins locaux, estimant que celles-ci peuvent être étendues au niveau régional voire international.  La science, la technologie et l’innovation doivent être centrées sur l’être humain et profitables à tous, en particulier aux pauvres et aux couches vulnérables, a-t-il aussi exigé, en visant notamment les populations touchées par des situations d’urgence humanitaire complexes et le terrorisme.

Dans le domaine des télécommunications, le Togo a ouvert un vaste chantier de réformes aux fins d’améliorer la gouvernance de ce secteur et renforcer sa contribution à la recherche du bien-être des populations, par l’extension du réseau de téléphonie mobile.  Le Gouvernement a décidé de supprimer les taxes sur les équipements informatiques et terminaux mobiles en vue de réduire la fracture numérique et les disparités technologiques.  Il est aussi envisagé de généraliser et de pérenniser, à un coût abordable, l’Internet à haut-débit.  Au plan régional, le représentant a salué l’initiative de roaming gratuit dans l’espace de la CEDEAO qui est un exemple en Afrique où 70% de la population disposent de téléphones mobiles.

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a souligné l’importance de poursuivre la mise en œuvre, de manière équilibrée, des deux processus lancés par le Sommet mondial de la société de l’information (SMSI).  Le représentant a, premièrement, salué les progrès réalisés dans le cadre du Forum sur la gouvernance d’Internet, espérant que les résultats du processus de suivi seront d’intérêt pour une large panoplie d’acteurs y compris ceux qui ne sont pas liés traditionnellement aux discussions du Forum.

Deuxièmement, le représentant s’attend à ce que la communauté internationale puisse faire avancer la mise en œuvre du concept de coopération renforcée, conformément au mandat du SMSI + 10, avec pour objectif d’améliorer les mécanismes permettant de discuter des politiques publiques internationales relatives à Internet.  Ces deux processus se renforcent mutuellement et peuvent contribuer à une évolution plus harmonieuse de la gouvernance d’Internet, a-t-il estimé.  En conclusion, il a relevé que « la quatrième révolution industrielle » pose de nombreux défis à tous les pays en particulier concernant l’emploi, la règlementation, la fiscalité, la vie privée et l’éthique, sachant que les pays en développement font face à des défis supplémentaires en termes d’accès aux résultats et aux bénéfices de ces innovations.

Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a relevé que si l’évolution technologique et l’automatisation ont crû de manière exponentielle dans le monde, le cadre légal et institutionnel dans chaque État diffère de manière linéaire.  Les pays ont donc besoin de renforcer leurs politiques publiques pour répondre plus rapidement tant aux défis qu’aux opportunités qu’apporte la quatrième révolution technologique. Parmi les bénéfices importants pour les populations, l’économie et le développement social, la représentante a évoqué les progrès enregistrés dans la santé et l’agriculture.  Parmi les défis, elle a cité le déplacement de l’emploi, le chômage et le manque de compétences, ajoutant que le monde entre dans l’ère la plus perturbée de son histoire car, contrairement aux autres périodes de grande transformation, les effets sont aujourd’hui immédiats, profonds et de plus en plus irréversibles.  Conscient de ces changements, le Mexique a accueilli en décembre 2016 la réunion du Groupe d’experts sur le changement technologique, l’automatisation et leurs implications sur le développement durable.

Mme ALABDULMOHSEN (Bahreïn) a affirmé que son pays est classé premier du monde arabe en matière de gouvernance électronique.  Elle a dit que l’Union internationale des télécommunications avait décerné au Roi le prix des TIC au service du développement pour l’année 2016.  La semaine de la technologie a eu lieu récemment au Bahreïn, une manière pour le pays de promouvoir le rôle des TIC dans la société, a expliqué la représentante avant de s’enorgueillir de la présence du Centre régional des TIC de l’UNESCO au Bahreïn.  Elle a aussi indiqué que la compagnie américaine Amazon avait annoncé l’ouverture d’une succursale au Bahreïn en 2019, des faits qui démontrent la forte attractivité du pays pour les entreprises du secteur des TIC.

M. SYLVAIN KALSAKAU (Vanuatu) a expliqué que le Gouvernement du Vanuatu a accordé la priorité aux infrastructures, conscient du potentiel colossal des TIC pour éliminer la pauvreté et garantir les piliers des objectifs de développement durable.  Par exemple, le service des télécommunications a été libéralisé et 93% de la population a aujourd’hui accès à Internet, malgré l’isolement de l’archipel. Les TIC permettent un changement transformateur dans la vie des populations mais le Vanuatu n’a pas la rapidité et la puissance d’autres pays, a dit le représentant, évoquant ainsi la fracture numérique entre pays développés et pays en développement, tout en rappelant l’attachement du Vanuatu à la réduire et à créer des cadres politiques et juridiques en faveur des TIC.  Ceci étant, sans partenariats et sans coopération, le Vanuatu n’a aucune chance de parvenir au développement durable en 2030, a conclu le représentant.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a jugé inquiétant que la fracture numérique continue de s’approfondir entre les pays.  Les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, sont à la traîne en termes d’accès des ménages aux TIC en raison dudit fossé numérique.  L’accès à l’Internet, au haut débit et aux réseaux reste inégal, a constaté le délégué.  En dépit du rapport du Secrétaire général faisant état d’un grand progrès dans l’adoption et l’utilisation des TIC en Afrique, elle reste la région la moins connectée, a-t-il précisé. 

Plus d’actions sont nécessaires afin d’assurer que le continent bénéficie pleinement des avantages de la société de l’information, a plaidé le représentant en expliquant que ce défi à multiple visages requiert des investissements dans l’infrastructure, les services et le développement des compétences et du contenu.  Ainsi, il est important que les pays en développement, en particulier les pays africains et les PMA, reçoivent un appui coordonné pour combler le fossé numérique.  Cet appui peut se faire dans le cadre du transfert de technologie, de l’assistance technique et du renforcement des capacités, en s’adaptant aux besoins de chaque pays.    

M. KULIKOF (Fédération de Russie) a plaidé pour un accès de tous aux TIC, et ce, à des prix abordables.  Pour cela, il faut créer des infrastructures adéquates et renforcer les capacités des populations, a-t-il estimé.  Pour la Fédération de Russie, l’aspect le plus important de cette démocratisation des TIC est la disponibilité de l’Internet à haut débit, notamment dans les PMA.  La Fédération de Russie se targue d’avoir, à ce propos, l’un des prix de connexion les plus bas au monde.  L’abonnement mensuel y coûte environ 4 dollars, a-t-il clamé, promettant même que ce prix serait bientôt revu à la baisse.   

Le représentant a en outre mis en garde contre les dangers liés au mauvais usage des TIC.  La protection de la vie privée et des données étant parfois foulée au pied, la Fédération de Russie appelle à une coopération plus étroite entre États pour renforcer les règles de sécurité, dans l’intérêt de tous, a—t-il ajouté.

M. AKINREMI BOLAJI (Nigéria) a fait observer que l’accès aux TIC a considérablement augmenté en Afrique au cours de la dernière décennie, ce qui améliore l’accès aux services et à l’information de populations qui restaient à l’écart, de même que la productivité et l’innovation dans les secteurs public et privé.  En reconnaissant que les TIC ont un impact direct sur la capacité d’une nation à améliorer son bien-être économique et celui de sa population, le Nigéria s’est engagé à faciliter l’accès universel et abordable aux infrastructures de communications, à se conformer aux normes internationales, à encourager l’accès rapide aux TIC dans toutes les couches socioéconomiques de la société, et à encourager la production locale de logiciels et de matériel informatiques afin de réduire la dépendance aux importations.  Il est devenu impératif d’associer les pays en développement à cette révolution des TIC, a souligné le représentant, car si la fracture numérique persiste, la probabilité de réaliser le Programme 2030 s’amenuise.  La fracture entre zones rurales et urbaines est par ailleurs un phénomène mondial exigeant une réponse de la communauté internationale, a dit M. Bolaji, appelant à une inclusion numérique.

M. YONATHAN GUEBREMEDHIN SIMON (Éthiopie) a souligné que, malgré les progrès mondiaux dans le domaine des TIC, l’Afrique reste le continent le moins connecté et faisant face à des défis tels que l’investissement dans les infrastructures et le renforcement des capacités.  Il est donc important de renforcer la coopération internationale pour que les TIC contribuent pleinement à la réalisation des objectifs de développement durable, notamment dans les PMA.  Promouvoir les partenariats public-privé est à cet égard crucial, a remarqué le délégué en souhaitant que les pays développés soutiennent les pays en développement par le biais de transferts de technologie et de renforcement de capacités, dans la droite ligne des promesses qu’ils ont faites dans le Programme d’action d’Addis-Abeba. 

En Éthiopie, les TIC sont utilisées dans la lutte contre la pauvreté, a-t-il continué en expliquant que les autorités ont créé un « Parc des TIC » qui attire des entreprises nationales et internationales.  En outre, des centres communautaires polyvalents ont été mis sur pied par le Gouvernement dans des zones rurales, offrant des opportunités d’accès aux populations tout en créant des emplois aux jeunes ruraux.  Il a appelé à la consolidation des partenariats internationaux et multipartites afin de réduire le fossé numérique entre pays développés et pays en développement.  L’Éthiopie estime du reste que l’ONU a un rôle à jouer pour soutenir les efforts nationaux des pays en développement dans le domaine des TIC.

Mme WYNHOVEN, de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a déclaré que « ne laisser personne de côté » signifie que nul ne doit être dépourvu de connexion. Pourtant, 3,9 milliards de personnes dans le monde ne sont pas connectées en raison du manque d’infrastructure, du caractère inabordable des services, ainsi que de l’absence de qualifications et de contenu numériques.  La situation est extrême dans les PMA et les pays en développement.  Avec le rythme sans précédent de changement dans le domaine des TIC, l’écart numérique risque de devenir « un abîme numérique », a-t-il averti, rappelant la cible 9 c) du Programme 2030 qui vise un accès universel et abordable à Internet d’ici à 2020 pour les PMA.

Il a aussi indiqué qu’en septembre, le Groupe de travail sur l’éducation de la Commission sur la large bande au service du développement durable avait publié un rapport intitulé « Des compétences numériques pour vivre et travailler » qui contient des recommandations stratégiques sur les politiques susceptibles d’améliorer l’acquisition des compétences nécessaires aujourd’hui et dans le futur.  En coopération avec ONU-Femmes et d’autres partenaires, l’UIT a également lancé l’initiative « Equal » pour réduire l’écart numérique entre les hommes et les femmes.      

M. DINO CORELL, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a prévenu que l’économie numérique, l’innovation, l’intelligence artificielle, la robotisation et l’impression 3D, entre autres, vont contribuer à des changements structurels dans le secteur industriel et le marché du travail.  Cela va en outre modifier les types d’emplois, ainsi que les capacités requises pour les remplir.  Ces transformations numériques regorgent de nombreuses promesses pour l’emploi des jeunes, a-t-il souligné.  Les capacités requises pour les jeunes à l’heure du numérique sont, du reste, présentées par l’OIT et l’UIT dans une campagne lancée cette année à Genève et intitulée « les capacités numériques pour des emplois décents en faveur des jeunes ».  La campagne entend, entre autres, mobiliser des fonds afin d’équiper cinq millions de jeunes en capacités numériques d’ici à 2030.

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