Cinquième Commission: après la réduction du budget de l’opération au Darfour, l’Afrique appelle à un recentrage des efforts sur la reconstruction
La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires était saisie, ce matin, d’une demande de 949 millions de dollars pour financer l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) jusqu’au 30 juin 2018, soit une diminution de 8,7% par rapport à l’exercice précédent. Eu égard au retour à la stabilité au Darfour, le Groupe des États d’Afrique et le Soudan ont salué la réduction « au strict minimum » des ressources de la MINUAD, tout en appelant l’ONU à centrer désormais ses efforts sur la reconstruction postconflit et le développement.
Au vu de la reconfiguration souhaitée par le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale avait décidé, en juin dernier, de ne financer le budget de la MINUAD que du 1er juillet au 31 décembre 2017. En plus des 486 millions de dollars débloqués en juin dernier, le Secrétaire général demande donc 462 millions de plus pour la période allant du 1er janvier au 1er juillet 2018.
Le processus de reconfiguration de la MINUAD va « dans la bonne direction » et la stabilité du Darfour ne semble pas menacée par le retrait d’une partie des forces de l’Opération, s’est félicité le Groupe des États d’Afrique. La situation sécuritaire dans la zone s’est même améliorée, a ajouté le Groupe, comme en témoigne, selon lui, l’absence d’affrontement entre le Gouvernement et les rebelles, ces derniers mois. Les États d’Afrique ont par conséquent voulu que l’on entame la seconde phase de réduction des effectifs de la MINUAD et que l’on en maintienne les ressources « au strict minimum ».
Après que le Conseil de sécurité eut adopté la résolution 2363 en juin dernier, la MINUAD a entamé une réduction de 44% de ses effectifs en deux phases, laquelle s’accompagnera du recentrage des activités autour de deux volets: la protection militaire, la neutralisation des restes explosifs de guerre et les secours d’urgence dans la région de Jebel Marra; et la stabilisation des régions n’ayant connu aucun combat récent, via un appui à la police et aux institutions de l’état de droit.
Un budget de 949 millions de dollars? Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a émis des doutes et avancé des recommandations qui aboutiraient à réduire de 9,8 millions l’enveloppe proposée par le Secrétaire général. Le CCQAB s’oppose à la création du poste d’administrateur adjoint chargé du protocole et recommande la suppression des postes d’officier de liaison, d’assistant à la gestion des installations et d’assistant au soutien logistique, vacants depuis plus de deux ans et dont le maintien n’a fait l’objet d’aucune justification.
Le CCQAB recommande en outre que les montants prévus au titre des indemnités de départ ponctuelles s’établissent à 8 millions de dollars au lieu de 10,9 millions pour le personnel recruté sur le plan international et à 8 millions au lieu de 10,2 millions pour le personnel recruté sur le plan national. Pour le CCQAB, les ressources demandées au titre des voyages doivent être réduites de 10% et donc ramenées à 3 167 500 dollars et, compte tenu de la sous-utilisation des ressources allouées au titre des installations et infrastructures par le passé, il faut diminuer de 2 millions de dollars les ressources prévues pour les services d’architecture et de démolition et du même montant, celles pour les communications par réseaux commerciaux.
La diminution des effectifs et des ressources de la MINUAD correspond bien à l’évolution de la situation sur le terrain, a déclaré ce matin le Soudan, pour qui les tensions intercommunautaires ont diminué dans la zone. À l’exception d’affrontements survenus le 20 mai dernier, suite à l’infiltration de groupes venus de la Libye et du Soudan du Sud, il n’y a plus de combats au Darfour, a-t-il affirmé.
II convient désormais de mettre en œuvre le Document de Doha pour la paix au Darfour, a estimé de son côté le Groupe des États d’Afrique, notamment les dispositions relatives au désarmement de la population civile et des milices, pour remédier aux causes profondes du conflit. La détermination de mon gouvernement de coopérer avec l’Union africaine et l’ONU pour mettre en œuvre ce document ne fait aucun doute, a répondu le Soudan. Outre la collecte des armes en circulation, le pays a souligné la nécessité d’ouvrir des corridors humanitaires et de permettre aux personnes déplacées de retourner chez elles. Sur ce dernier point, le Soudan a dit avoir entamé des discussions avec le Soudan du Sud.
Le temps est venu, a estimé le Soudan, de se focaliser sur la reconstruction postconflit, la consolidation et la pérennisation de la paix et les efforts de développement.
La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.