Le Conseil de sécurité affiche de nouveau ses divisions sur la situation en Syrie
En raison de trois votes négatifs, il ne parvient pas à demander une trêve de sept jours renouvelables pour faciliter l’accès de l’aide humanitaire dans l’est d’Alep
En raison des votes négatifs de la Chine et de la Fédération de Russie, les membres du Conseil de sécurité ne sont pas parvenus, cet après-midi, à s’entendre sur un projet de résolution qui visait notamment à mettre fin à toutes les attaques menées dans la ville d’Alep pour une période renouvelable de sept jours. Le Venezuela a également voté contre ce texte tandis que l’Angola s’est abstenu.
Présenté par l’Égypte, l’Espagne et la Nouvelle-Zélande, ce projet de résolution, qui a fait l’objet de longues négociations, exigeait également des parties qu’elles procèdent immédiatement à la cessation des hostilités et ménagent aux organismes humanitaires un accès à l’ensemble du territoire syrien. Le 8 octobre, le Conseil de sécurité n’avait pas réussi à adopter deux projets de résolution concernant la situation à Alep.
Avant le vote, le délégué de la Fédération de Russie a affirmé que le texte avait été distribué ce matin à 11 heures et que le vote aurait dû avoir lieu le lendemain, en vertu d’une règle de procédure selon laquelle un délai d’au moins 24 heures est nécessaire pour l’examen d’un texte. Si nous avions disposé de plus de temps, peut-être aurions-nous pu aboutir à un consensus pour améliorer la situation en Syrie, a-t-il affirmé.
Le projet de résolution, a-t-il également regretté, ne prévoit pas le retrait des combattants de la ville d’Alep, contrairement au plan sur lequel travaillent la Fédération de Russie et les États-Unis. La Russie se soucie davantage de « préserver ses gains militaires » sur le terrain que de trouver une solution, a fait remarquer la représentante des États-Unis. Elle a qualifié « d’invention » l’assertion selon laquelle la mise aux voix de ce projet de résolution ferait obstacle aux avancées diplomatiques réalisées par ailleurs.
Après le vote, les partisans de ce projet de résolution ont exprimé leur déception, notamment le délégué de la Nouvelle-Zélande qui a estimé que l’incapacité du Conseil de sécurité à agir nuisait à sa réputation et adressait à la population syrienne « un terrible message ». Une nouvelle fois, la Russie a empêché l’unité du Conseil de sécurité, a déploré le délégué de la France, en indiquant que les raisons motivant cette décision étaient « claires ».
« En l’espace de quelques jours, le régime de Bashar Al-Assad et ses soutiens –au premier chef la Russie et l’Iran– ont tout fait pour accélérer la chute d’Alep, alors même que la date d’adoption du projet de résolution était déjà fixée, pour que la trêve exigée par les Nations Unies et par l’écrasante majorité de ses États Membres n’ait plus lieu d’être mise en œuvre », a expliqué le représentant de la France.
Cette position a été réfutée par le délégué du Venezuela, qui a estimé que l’objectif de ce texte visait à instrumentaliser la question humanitaire pour saper les efforts de la Fédération de Russie en Syrie. La mise aux voix de ce texte, en dépit de divergences, n’est pas de nature à renforcer les initiatives de la Fédération de Russie et des États-Unis, a appuyé le représentant de la Chine.
Ce dernier a par ailleurs dénoncé les accusations lancées contre son pays par le délégué du Royaume-Uni, en soulignant que de telles accusations allaient à l’encontre du caractère solennel des réunions du Conseil de sécurité. Le représentant du Royaume-Uni avait déclaré qu’en votant contre ce texte, la Chine avait choisi de se mettre aux côtés de la Russie car tous les deux « font confiance en un despote qui s’est retourné contre son peuple ». Assurant que sa délégation, qui préside ce mois le Conseil de sécurité, n’avait « aucun regret » concernant le vote d’aujourd’hui, l’Ambassadeur Román Oyarzun Marchesi, de l’Espagne, a rappelé que l’Assemblée générale se réunirait, dans trois jours, pour demander au Conseil d’agir en Syrie.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que ce projet de résolution avait été distribué ce matin à 11 heures et que le vote aurait dû avoir lieu demain matin, en vertu d’une règle de procédure selon laquelle un délai d’au moins 24 heures est nécessaire pour l’examen d’un texte. Si nous avions disposé de plus de temps, peut-être aurions-nous pu aboutir à un consensus pour améliorer la situation en Syrie, a-t-il affirmé.
Il a rappelé que le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, et le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, s’étaient récemment rencontrés à Rome et avaient décidé de réunir un groupe d’experts à Genève pour régler la situation à Alep. « Nos partenaires américains ont proposé de reporter cette réunion du 4 au 7 décembre, ce que nous avons accepté », a-t-il indiqué. M. Churkin a précisé que son pays et les États-Unis travaillaient à un plan prévoyant notamment le retrait des combattants de la ville d’Alep.
Le projet de résolution ne prévoit pas le retrait de ces combattants, a affirmé le représentant, en rappelant que ces combattants avaient mis à profit les cessez-le-feu antérieurs pour reconstituer leurs forces. La Fédération de Russie ne peut pas appuyer ce projet de résolution, a-t-il précisé. M. Churkin a rappelé que ce point de vue avait été présenté aux trois coauteurs du projet de résolution qui ont exercé davantage de pression pour parvenir à une mise aux voix. Avant de conclure, il a indiqué qu’une femme médecin et une infirmière russes avaient été tuées, aujourd’hui, à la suite du bombardement d’un hôpital de campagne russe à Alep.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a assuré que la Fédération de Russie avait soutenu qu’« au moment où nous étions sur le point de parvenir à un accord sur la situation à Alep », la mise aux voix de ce projet de résolution mettrait en danger les avancées diplomatiques réalisées par ailleurs. « C’est une invention », a-t-elle accusé, en soulignant qu’aucune percée n’avait été constatée, dans la mesure où la Russie est davantage soucieuse de « préserver ses gains militaires » sur le terrain que de trouver une solution. À chaque fois que des initiatives diplomatiques sont enclenchées, la Russie lance des bombardements, a ajouté la déléguée américaine. « Nous n’allons pas permettre à la Russie de prendre le Conseil de sécurité “en otage” au moment où la situation à Alep exige une action de notre part », a-t-elle tenu à rappeler.
Le représentant de la Fédération de Russie a répondu que « ce n’est pas la première fois que nous nous trouvons face à cette situation ». Lorsque les Ministres des affaires étrangères russe et américain sont sur le point de parvenir à un accord, des efforts sont déployés à New York pour le faire échouer, a-t-il regretté. Pour l’Ambassadeur Churkin, le projet de résolution ne prenait en compte que des éléments présentés par le Secrétaire d’État, M. John Kerry, et non pas ceux présentés par M. Sergey Lavrov. Ensuite, nous avons été informés que trois jours supplémentaires seraient nécessaires, avant de dire qu’en fait, il n’y a pas d’accord sur l’ensemble du texte. C’est la même situation que celle à laquelle nous nous sommes heurtés en septembre dernier, a poursuivi M. Churkin, qui a insisté sur la nécessité pour les auteurs du texte d’assumer leurs responsabilités au lieu d’essayer de les faire porter aux autres. Accusant les États-Unis d’avoir fait « pression » sur les coauteurs du projet de résolution pour qu’il soit mis aux voix, le délégué russe a déploré « l’absence d’unité » entre les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), qui sont les États-Unis et la Fédération de Russie.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé les principaux éléments du projet de résolution, lequel a fait l’objet de longues négociations. Il est inacceptable que les négociations soient dans l’impasse et que nous gardions le silence face aux souffrances du peuple syrien, a-t-il déclaré. Le représentant a indiqué qu’il était conscient, avant la mise aux voix, des difficultés entourant ce projet de résolution. Il a ensuite insisté sur la nécessité d’agir pour améliorer la situation dans le pays. « Nous allons continuer d’utiliser notre capital politique auprès de toutes les parties pour répondre aux appels du peuple syrien », a-t-il assuré, en rappelant que l’Égypte n’était pas partie au conflit.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a exprimé la profonde déception de sa délégation à la suite du rejet du texte. Ce projet de résolution marquait un petit pas pour que le Conseil de sécurité réponde à la crise à Alep, a-t-il affirmé, en insistant sur le caractère humanitaire du texte. L’incapacité du Conseil à agir nuit à sa réputation et adresse à la population syrienne un terrible message a-t-il souligné. Le représentant de la Nouvelle-Zélande a rappelé l’intensité des négociations sur ce projet de résolution, marquées notamment par des échanges nourris avec la Fédération de Russie. Il a regretté qu’un argument de procédure ait été avancé par ce membre du Conseil pour empêcher l’adoption du texte. Le plus grand perdant aujourd’hui, a-t-il dit, c’est la population syrienne.
Face à une situation d’une gravité exceptionnelle, il est de la responsabilité des membres du Conseil de sécurité de soutenir tout ce qui peut permettre de sauver des vies civiles, a affirmé M. FRANÇOIS DELATTRE (France). En exigeant l’arrêt complet des attaques durant sept jours renouvelables, pour permette aux acteurs humanitaires de parer aux urgences vitales dans l’est d’Alep, « ce n’est pas une concession que nous demandions », a-t-il insisté. « C’était la réponse minimale aux demandes répétées des Nations Unies, des acteurs humanitaires, relayées depuis des mois par les membres de ce Conseil, à commencer par la France. »
Une nouvelle fois, a déploré M. Delattre, la Russie a empêché l’unité du Conseil de sécurité. Pour lui, les raisons qui président à cette décision sont claires. En l’espace de quelques jours, le régime et ses soutiens, Russie et Iran au premier chef, ont tout fait pour accélérer la chute de la ville, alors même que la date d’adoption de la résolution était déjà fixée, pour que la trêve exigée par les Nations Unies et par l’écrasante majorité de ses États Membres, n’ait plus lieu d’être mise en œuvre. « La Russie vient encore de prouver que la survie à court terme de 250 000 personnes n’était même pas un paramètre de cette équation implacable », a-t-il poursuivi.
Le représentant a rappelé que depuis le début de la crise syrienne, la France a défendu une position constante: le primat de la solution négociée face à une solution militaire car, a-t-il dit, seule une solution politique permettra de répondre aux aspirations du peuple syrien, d’assurer une paix durable et d’endiguer le terrorisme. « La France est convaincue que la fuite en avant militaire du régime syrien n’est pas seulement une faute morale, elle est aussi une erreur stratégique qui, au-delà de la Syrie, met en danger la communauté internationale toute entière. »
M. Delattre a appelé à la reprise immédiate d’un dialogue international crédible et inclusif, en associant tous les acteurs ayant prise sur le conflit syrien, pour « sauver la population martyre d’Alep de l’annihilation, tant que cela est encore possible ». Il a également appuyé l’initiative portée par le Canada à l’Assemblée générale.
« Que doit-on faire? » a dit M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) en rappelant la question qu’il avait posée devant le Conseil de sécurité la semaine dernière. La Russie, s’est-il indigné, n’avait aucun intérêt à répondre à cette question. Il a rejeté les accusations avancées par la délégation russe qui a soutenu qu’elle n’avait pas eu d’autre choix que d’exercer son droit de veto et que la durée des consultations n’avait pas permis d’examiner de manière approfondie le texte proposé. Ce projet de résolution a été distribué il y a un mois, a-t-il rappelé, en précisant que la première version du texte avait été « mise en bleu » il y a une semaine et une seconde, vendredi dernier.
Le représentant britannique s’est dit ensuite surpris par le veto exercé par la Chine, qui a ainsi choisi de se mettre aux côtés de la Russie non pas en raison de consultations suffisantes, « mais en raison de leur foi dans un despote qui s’est retourné contre son peuple ». Se tournant vers son homologue russe, l’Ambassadeur Rycroft lui a demandé ce que sa délégation cherchait à obtenir aujourd’hui. Moscou a empêché le Conseil de sécurité de prendre une décision crédible: « en quoi ce veto nous permet-il de respecter notre mandat de maintenir la paix et la sécurité internationales? » s’est-il interrogé. La poursuite de bombardements aveugles ne vise pas à lutter contre le terrorisme, a lancé M. Rycroft. Cependant, il n’est pas trop tard pour que la Russie empêche des crimes encore plus graves d’être perpétrés, a-t-il dit avant de conclure.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a estimé que le règlement de la crise syrienne passait par un cessez-le-feu immédiat sans conditions dans tout le pays. Ce texte était bien loin de notre vision, a-t-il soutenu. « Ma délégation a voté en faveur du projet de résolution, qu’elle considérait cependant comme insuffisant pour parvenir à mettre fin au massacre », a expliqué le représentant. Rares sont ceux qui s’inquiètent de savoir à quel moment un texte a été mis en bleu, a-t-il poursuivi. Ce qui est grave, c’est que le Conseil de sécurité soit toujours incapable de jouer son rôle. « Nous devons insister encore et encore pour dire que le règlement de la crise soit un règlement politique et non un règlement militaire, mené par les Syriens eux-mêmes », a tenu à rappeler M. Rosselli en conclusion.
M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que l’action du Conseil de sécurité en Syrie devrait viser à appuyer les initiatives diplomatiques de la Fédération de Russie et des États-Unis. Les coauteurs du projet de résolution, qui n’ont pas ménagé leurs efforts, auraient dû les poursuivre afin que le Conseil s’exprime d’une seule voix et évite toute politisation de l’aide humanitaire, a-t-il affirmé. Le représentant a estimé que la mise aux voix de ce texte, alors que des divergences subsistaient, n’était pas de nature à renforcer les initiatives précitées. Il a ensuite dénoncé les accusations lancées par le délégué du Royaume-Uni contre son pays, lesquelles, a-t-il rappelé, ne respectent pas le caractère solennel des réunions du Conseil de sécurité.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que le projet de résolution ne reflétait pas correctement la situation à Alep, en particulier la présence d’éléments terroristes dans l’est d’Alep. Une fois de plus, l’aide humanitaire est instrumentalisée à des fins politiques, a-t-il affirmé. Le représentant a souligné que la lutte antiterroriste livrée par la Syrie et la Russie était le moyen le plus efficace pour empêcher des éléments terroristes d’utiliser les civils comme boucliers humains dans l’est d’Alep. L’objectif de ce texte, a-t-il soutenu, visait à instrumentaliser la question humanitaire pour saper les efforts de la Fédération de Russie en Syrie. Si le Conseil de sécurité avait eu la volonté de parvenir à un texte consensuel, il y serait parvenu, a-t-il assuré. Avant de conclure, le délégué du Venezuela a insisté sur l’importance des efforts diplomatiques en Syrie et réaffirmé le droit légitime de ce pays à défendre sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est dit convaincu que le projet de résolution préparé par l’Égypte, l’Espagne et la Nouvelle-Zélande aurait représenté, s’il avait été adopté, un moyen de faire la différence sur le terrain à Alep et d’y sauver des vies humaines. Rappelant que sa délégation avait voté en faveur du texte, il s’est dit « profondément déçu » par son rejet. « Que faut-il faire pour mettre fin aux combats et fournir une assistance humanitaire urgente? » a-t-il demandé. Nous ne pouvons pas perdre espoir, c’est pourquoi nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour poursuivre la recherche d’une solution.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a soutenu le projet de résolution qui, de l’avis de sa délégation, représente une « faible lueur d’espoir ». Il s’est dit déçu, « mais pas surpris », de constater que tous les efforts du Conseil de sécurité ont été anéantis par la Fédération de Russie au nom « de règles de procédure ». Si le projet de résolution avait été adopté, cela aurait marqué un « petit pas » dans la bonne direction, a estimé le représentant de l’Ukraine. Sa délégation s’est vigoureusement opposée à ceux qui empêchent le Conseil de sécurité de s’acquitter de son mandat, a-t-il dit, en affirmant que les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devront répondre de leurs actes.
Reprenant la parole, la représentante des États-Unis a déploré l’échec du Conseil à agir en Syrie. La Chine, la Fédération de Russie et le Venezuela ne veulent pas que nous agissions pour alléger les souffrances en Syrie, a-t-elle affirmé, avant d’ajouter que la Russie et le régime syrien saisiraient cette occasion pour continuer à bombarder Alep. Elle a affirmé que le rejet de ce texte montrait les véritables intentions de la Russie. Ce projet de résolution avait un but purement humanitaire, a-t-elle soutenu. Ces votes négatifs résonnent comme la condamnation à mort de civils à Alep, a-t-elle affirmé.
La population civile est désormais placée devant un choix impossible, soit rester à Alep et mourir de faim, soit quitter la ville et être prise pour cible par des tirs. Accusant la Russie d’avoir abusé de sa qualité de membre permanent au sein du Conseil de sécurité, la représentante des États-Unis a souligné qu’il était nécessaire de trouver d’autres moyens pour augmenter les pressions sur ce pays. Chaque fois qu’un moyen sera anéanti, nous en trouverons d’autres pour mettre fin à une intervention militaire barbare en Syrie, a-t-elle assuré avant de conclure.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a indiqué que sa délégation avait voté en faveur du projet de résolution, convaincue que ce texte aurait joué un rôle décisif pour répondre aux besoins humanitaires à Alep et ailleurs en Syrie. « Notre priorité maintenant est d’agir vite pour améliorer la situation sur le terrain, indépendamment de l’impasse dans laquelle se trouve le processus politique », a-t-il souligné. Le représentant a regretté que le Conseil de sécurité, une fois de plus, échoue à surmonter ses divisions. Il a estimé que le Conseil est responsable, en dernier ressort, de la situation humanitaire dévastatrice qui prévaut en Syrie. M. Okamura a exhorté le Conseil à ne pas renoncer aux efforts, tant individuels que collectifs, et à reprendre les discussions « immédiatement après la fin de cette réunion ».
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que sa délégation s’était abstenue car elle aurait souhaité que les consultations concernant le projet de résolution donnent lieu à un consensus. Le Conseil de sécurité doit agir de manière unie en vue d’encourager une paix durable dans l’ensemble de la Syrie, a-t-il souligné, en mettant l’accent sur la nécessité d’adopter une vision commune à cette fin.
Rappelant que sa délégation avait voté en faveur du projet de résolution qui vient d’être rejeté, M. GORGUI CISS (Sénégal) a déclaré que le Sénégal avait voulu agir ainsi pour éviter à la partie orientale d’Alep de devenir le théâtre d’une « tragédie sans précédent ». Au-delà de la situation dans cette ville, il s’agit pour nous de redonner un « nouveau souffle » à la cessation des hostilités dans le pays en mettant en œuvre la résolution 2268 (2016), a-t-il expliqué. Pour ces diverses raisons, le Sénégal a soutenu le texte, a indiqué le représentant, qui a réitéré son appel aux deux coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie pour qu’ils trouvent un accord et donnent une chance à un processus politique crédible sur la base du Communiqué de Genève et de la résolution 2254.
Ce projet de résolution, qui est certes imparfait, aurait permis d’alléger les souffrances en Syrie, a déclaré M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne). Il a assuré que les trois pays coauteurs du texte ont veillé, lors des négociations, à ne pas entraver les initiatives diplomatiques, conduites dans d’autres enceintes, visant à trouver une solution à la situation en Syrie. « Nous ne pouvons pas rester silencieux face à la situation qui prévaut dans le pays », a-t-il dit, en rappelant que l’Assemblée générale doit se réunir dans trois jours pour appeler le Conseil à agir. Il a précisé que les propositions de toutes les délégations souhaitant participer à la rédaction de ce texte ont été dûment prises en compte. « Nous avons fait l’impossible pour parvenir à un accord », a-t-il soutenu, avant d’ajouter que son pays n’avait « aucun regret ».
Réagissant à la déclaration des États-Unis, le représentant de la Chine a soulevé la question des responsabilités de certains pays dans la situation qui prévaut aujourd’hui en Syrie. « Les archives sont claires » et on ne peut « pas modifier » l’Histoire, a-t-il précisé.
Intervenant à nouveau, le représentant de la Fédération de Russie a insisté sur les chances de succès des efforts conjoints de MM. Kerry et Lavrov. Il a ensuite déploré « le ton agressif » avec lequel la déléguée américaine a prononcé sa déclaration. Répondant au délégué de l’Ukraine, il a réfuté toute comparaison entre les situations en Syrie et en Ukraine.
Reprenant la parole, le représentant du Venezuela a rappelé aux États-Unis son rôle dans la déstabilisation de la situation en Libye, en Iraq ou encore en Syrie. Il a qualifié d’« acte de cynisme politique » le fait que les États-Unis se préoccupent de la crise humanitaire en Syrie, alors « qu’ils l’ont eux-mêmes causée ». Il a rappelé que sa délégation s’opposait, lors de l’adoption de toute résolution par le Conseil de sécurité, « à toute ingérence politique ». Au sein du Conseil de sécurité, nous avons une responsabilité partagée, et nous ne pouvons nous permettre d’afficher nos divisions et de nous écarter de notre principal objectif face à la situation en Syrie, qui est de vaincre le terrorisme, a insisté le représentant du Venezuela. « Rien ne se fera » en l’absence d’un accord politique, a-t-il rappelé.
Réagissant à ces commentaires, la représentante des États-Unis a rappelé qu’en 2011, le Président Bashar Al-Assad s’en était pris à son peuple, et que le Conseil de sécurité avait commencé de réfléchir à une action pour mettre fin à cette situation. « Toute allégation du contraire serait mensongère », a-t-elle tranché.
Intervenant à son tour, le représentant de l’Ukraine a déclaré que les méthodes employées par la Fédération de Russie étaient « exactement les mêmes » que celles qu’elle emploie au Donbass, en Ukraine.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a estimé que ce sont les « parrains du terrorisme » qui souhaitent la chute de la Syrie. Parmi eux, figurent les « trois mousquetaires », terme par lequel il a qualifié les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, mais aussi la Turquie, le Qatar ou encore l’Arabie saoudite. Il a assuré que son gouvernement ne cèderait pas aux tentatives des « trois mousquetaires » d’exploiter le Conseil de sécurité. « Nous ne renoncerons pas à aider notre peuple et à le débarrasser du fléau terroriste, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil », a assuré le représentant de la Syrie.
À quel moment le Conseil de sécurité doit-il imposer une trêve avec les terroristes et leur demander de rendre les armes? C’est, a-t-il dit, la question que la communauté internationale doit se poser. Face à ce « chantage politique », le Gouvernement syrien ne ménagera aucun effort pour poursuivre sa lutte contre les groupes armés non étatiques tout en venant en aide à la population civile, a souligné le délégué. Il a ainsi demandé aux États Membres de s’abstenir de soutenir, « au Conseil de sécurité et en dehors », les initiatives destinées à empêcher son pays de lutter contre le terrorisme.