7693e séance – matin
CS/12365

Kosovo: l’état de droit et les étapes franchies vers l’intégration régionale et internationale ne règlent pas tous les problèmes avec Belgrade

Le débat trimestriel du Conseil de sécurité sur le Kosovo, tenu ce matin, a été l’occasion de souligner les progrès dans le renforcement de l’état de droit et les étapes récemment franchies en matière d’intégration régionale et internationale, malgré des différends qui persistent entre Priština et Belgrade.  Certains membres du Conseil ont réitéré leur demande d’espacer ces débats en organisant une réunion semestrielle, une proposition que le Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie n’a pas soutenue.

L’investiture du nouveau « Président du Kosovo », M. Hashim Thaçi, et les élections générales serbes ont été perçues comme un tournant par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Zahir Tanin, après une période souvent marquée par des luttes politiques.  « La situation politique est restée tendue et conflictuelle tout au long de la période considérée », souligne le Secrétaire général dans son rapport* en dressant la liste des incidents et des problèmes à régler pour arriver à un État démocratique et multiethnique.  M. Tanin s’est, toutefois, félicité des messages envoyés sur le ton de la conciliation par le Premier Ministre et le Président du Kosovo.  

En outre, plusieurs mesures ont été prises aux niveaux régional et international pour intégrer le Kosovo au sein de la communauté internationale.  Ainsi, la Commission européenne a officiellement proposé au Conseil et au Parlement de l’Union européenne le transfert du Kosovo sur la liste d’exemption de visa pour les séjours de courte durée dans la Zone Schengen.  Auparavant, l’Accord de stabilisation et d’association de l’Union européenne avait été annoncé, trois ans après l’entrée en vigueur de l’Accord de stabilisation et d’association de la Serbie.

Ces progrès ont eu un écho dans le sport puisque le Kosovo a été admis au sein de la Fédération internationale des associations de football (FIFA) et de l’Union des associations européennes de football (UEFA).

De l’avis de M. Tanin, les progrès du Kosovo sur la voie européenne devraient renforcer le processus existant entre Belgrade et Priština.  Maintenant que les processus électoraux sont pratiquement terminés, il faudrait, a-t-il recommandé, donner un nouvel élan aux négociations.

Il a regretté que l’établissement de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo ait donné lieu à de mauvaises interprétations, alors que cette communauté représente un pas vers un Kosovo plus fort, selon les propres termes de la Haute Représentante de l’Union européenne, Mme Federica Mogherini. 

Pour M. Tanin, la participation de la communauté internationale doit se concentrer sur les conditions réelles de vie de la population.  Évoquant les problèmes du chômage et de l’impunité, il a expliqué que la justice et l’emploi représentent le souci majeur des jeunes.  La représentante du Kosovo a cité à ce propos une nouvelle loi sur les achats électroniques, ainsi que l’arrestation de 50 fonctionnaires impliqués dans la criminalité organisée.  Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont d’ailleurs souhaité que le Kosovo rejoigne INTERPOL.

M. Tanin, qui est à la tête de la Mission d’Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a rappelé aux membres du Conseil l’appui fourni par la Mission, même si elle n’a plus lieu d’administrer le Kosovo.  La Mission partage son expérience et joue un rôle de liaison entre le Conseil et les communautés du Kosovo et de la région.  Ses ressources ont été réorientées vers les domaines qui en ont le plus besoin, comme les droits de l’homme, les réfugiés et les migrants.

La MINUK participe aussi à la lutte contre le terrorisme et à la prévention contre l’enrôlement de jeunes dans les rangs des combattants terroristes étrangers.  Si on parle de 300 Albanais et 36 Albanaises du Kosovo et de Mitrovica qui auraient rejoint Daech en Syrie, ce chiffre pourrait en réalité se rapprocher de 900 selon le Premier Vice-Premier Ministre serbe. 

En dénonçant la passivité de la police kosovare face aux dégradations physiques contre l’Église du Christ Sauveur à Priština et l’inscription de graffiti à la gloire de Daech, la délégation russe a craint que le Kosovo ne devienne une « zone grise » au cœur de l’Europe, qui servirait de terreau fertile pour les activités terroristes menées par les islamistes radicaux.  « Pas un seul Kosovar n’a rejoint les rangs de l’EIIL cette année », a rétorqué la représentante du Kosovo en faisant valoir que le Kosovo était un partenaire actif de la coalition luttant contre l’EIIL.

En ce qui concerne l’avenir de la MINUK, si certains membres du Conseil, comme les États-Unis, se sont dit favorables à une réduction de ses ressources financières et humaines, le Ministre serbe a rejeté cette idée au motif que plus de 200 000 Serbes déplacés avaient dû quitter le Kosovo et Mitrovica et seulement 1,9% d’entre eux ont pu retourner dans leur lieu d’origine.

Réfutant les arguments en faveur de la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, il a pris pour preuve le nombre de pays qui n’ont pas reconnu l’indépendance du Kosovo, dont sept siègent au sein du Conseil de sécurité (Angola, Chine, Ukraine, Espagne, Fédération de Russie, Uruguay et Venezuela).  Ces pays ont d’ailleurs réaffirmé leur appui à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale de la Serbie.

Pour l’avenir, le représentant du Venezuela a recommandé à la MINUK, la KFOR et la mission de l’Union européenne « État de droit » (EULEX) de continuer de jouer leurs rôles complémentaires respectifs pour trouver une solution viable, juste et mutuellement acceptable.  Mais, a prévenu le représentant du Japon, la communauté internationale ne devrait pas apporter une assistance trop excessive au Kosovo sous peine d’entraver sa capacité à prendre en main les rênes de son destin.

*S/2016/407

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SECURITE

Déclarations

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a rappelé que le Kosovo restait au cœur de questions vitales pour la sécurité en Europe et dans les relations internationales plus larges.  « Les dynamiques politiques internes à Priština ont préoccupé ma mission pendant près d’un an », a-t-il dit, et ce jusqu’au mois d’avril où ont eu lieu l’investiture du nouveau Président du Kosovo, M. Hashim Thaçi, et les élections générales serbes menant à la constitution d’un nouveau Parlement et d’un nouveau cabinet.  Ces événements donnent l’occasion de s’éloigner d’une période qui a souvent été marquée par des luttes politiques et autres distractions, a-t-il affirmé, en se félicitant des messages envoyés sur le ton de la conciliation par le Premier Ministre et le Président du Kosovo. 

Il y a deux semaines, a poursuivi M. Tanin, la Commission européenne a officiellement proposé au Conseil et au Parlement de l’Union européenne le transfert du Kosovo sur la liste d’exemption de visa pour les séjours de courte durée dans la Zone Schengen.  Il a cependant reconnu qu’il restait encore beaucoup à faire pour que cette étape se traduise en progrès concrets sur les plans économique et social.  Il a aussi rappelé que, il y a un mois, l’Accord de stabilisation et d’association de l’Union européenne avait été annoncé, tandis que l’Accord de stabilisation et d’association de la Serbie était entré en vigueur en septembre 2013.

Il a souligné ces signes de progrès vers l’intégration de la région, tout en remarquant que les liens entre le processus de paix actuel, qui est au cœur de la mission de la MINUK, et ces processus européens, n’étaient pas toujours clairs.  Pourtant, ces liens sont essentiels, a-t-il argué, estimant que les conditions prévues dans les accords de stabilisation et d’association de l’Union européenne étaient importantes pour favoriser la paix, la prospérité et le bien-être.  Pour Priština et Belgrade, l’intégration est étroitement liée au processus de dialogue de haut niveau facilité par l’Union européenne.  De l’avis de M. Tanin, les progrès du Kosovo sur la voie européenne devraient renforcer le processus existant entre Belgrade et Priština, ce qui est crucial pour la paix dans la région.

Il faut, a-t-il recommandé, plus de souplesse et d’innovation, pour que le cadre de discussion permette des progrès réels et tangibles.  Alors que les processus électoraux sont pratiquement terminés, il a demandé de donner un nouvel élan aux négociations.  Il a noté que l’établissement de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo, comme agréé en avril 2013, avait donné lieu à de mauvaises interprétations.  Cette communauté représente un pas vers un Kosovo plus fort, a-t-il fait remarquer en citant la Haute Représentante de l’Union européenne, Mme Federica Mogherini.  Il a aussi mentionné le discours d’investiture du Président Thaçi qui a insisté sur les thèmes de la réconciliation et a invité à laisser le passé derrière nous.

Soulignant les difficultés auxquelles le Kosovo fait encore face, comme le chômage ou l’héritage de l’impunité, il a souhaité que les institutions internationales participent de manière importante à l’appui à fournir au Kosovo, les efforts devant se renforcer mutuellement pour atteindre des objectifs communs.  La participation de la communauté internationale doit se concentrer sur les conditions réelles de vie de la population, a-t-il souhaité en s’interrogeant sur les mesures prises par les dirigeants à cet égard.  Si on se concentre sur les questions économiques, sociales et environnementales, ce sont la justice et l’emploi qui représentent le souci majeur des jeunes, a-t-il remarqué.  Les acteurs politiques du Kosovo doivent agir de manière responsable dans les dossiers qui sont les plus importants pour l’avenir de la population.

Enfin, si la MINUK n’est plus en train d’administrer le Kosovo, M. Tanin a souligné son importance en termes d’appui et de légitimité, ainsi que pour partager son expérience.  Elle joue aussi un rôle de pont entre le Conseil et les communautés du Kosovo et de la région.  Il a indiqué que les ressources de la Mission ont été réorientées vers les domaines qui en ont le plus besoin, comme les droits de l’homme, ce qui devrait contribuer à la lutte contre la corruption et au renforcement des communautés vulnérables minoritaires.  Il a aussi mentionné les autres questions sur lesquelles la Mission travaille, comme les réfugiés et les migrants, ainsi que la prévention contre l’enrôlement de jeunes pour rejoindre les rangs des combattants terroristes étrangers.

M. IVICA DACIĆ, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a informé le Conseil de son souhait de voir la Mission d’Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) continuer de s’acquitter de son mandat lors de la période à venir.  La présence en Serbie de plus de 200 000 personnes déplacées qui ont quitté le Kosovo et Mitrovica parle haut et fort en défaveur de toute réduction des ressources humaines et financières de la Mission, ainsi que de la diminution des réunions du Conseil consacrées à ce sujet, a-t-il dit, rappelant qu’1,9% seulement de ces personnes déplacées avaient pu rentrer chez elles.  Il s’est d’ailleurs étonné que cette information ne figurât pas dans le rapport du Secrétaire général.

Les incidents sécuritaires ont des conséquences négatives sur la confiance entre les communautés et continuent de poser un grave défi, a-t-il dit, avant de déplorer l’inaction de ceux qui sont en charge du maintien de l’ordre.  Il a en particulier dénoncé les attaques perpétrées contre le patrimoine culturel et religieux des communautés minoritaires, mentionnant la profanation de l’Église du Christ Sauveur à Priština à la suite de manifestations en janvier dernier et un graffiti à la gloire de Daech sur une autre église de Priština.  Les lois qui visent à protéger les droits de la communauté serbe au Kosovo et à Mitrovica ne servent à rien sans volonté des acteurs concernés de relever ces défis, a-t-il dit.

Le Premier Vice-Premier Ministre a critiqué l’absence de toute mention dans le rapport du Secrétaire général d’incidents intercommunautaires, comme ceux qui se sont déroulés dans les villages de Berkovo et de Pasjane.  S’il a souligné l’engagement de son gouvernement de soutenir le souhait de toute personne déplacée de retourner chez elle, il a estimé que celui-ci ne servirait à rien sans la volonté de Priština et la tolérance de la communauté hôte vis-à-vis de ces personnes déplacées.

Les non-Albanais du Kosovo et de Mitrovica font face à de nombreux obstacles, incompatibles avec les normes internationales et européennes, s’agissant de la protection de leurs droits de propriété, a-t-il affirmé, ajoutant que la situation économique des Serbes et des membres des autres minorités était marquée par une insécurité tant physique que juridique. 

M. Dacić a en particulier dénoncé le non-règlement des affaires d’occupations illégales de propriétés appartenant à ces minorités et dit son étonnement qu’aucune Mission, y compris la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), ne cherche à relever ce défi.  « La détérioration de la situation économique découlant de cette violence institutionnelle pourrait aboutir à une détérioration de la sécurité », a-t-il prévenu.

Le Premier Vice-Premier Ministre a souligné l’engagement de son gouvernement en faveur d’un dialogue constructif avec Priština et de la mise en œuvre de tous les accords agréés jusqu’à présent, « reflet de sa ferme détermination à contribuer à la stabilité des Balkans occidentaux ».  Malheureusement, Priština n’a pas encore pris les mesures nécessaires à l’application des accords conclus dans le cadre du dialogue de Bruxelles, a déclaré M. Dacić.

Il a estimé qu’en raison de l’absence de volonté politique et de la crise des institutions de Priština, les dispositions clefs de l’Accord de Bruxelles relatives à l’établissement et au fonctionnement d’une communauté de municipalités à majorité serbe n’étaient pas respectées.

La crise politique à Priština est lourde de dangers, notamment celui de voir la frustration des communautés majoritaires prendre pour cible la communauté serbe, a-t-il mis en garde, ajoutant que la rhétorique incendiaire des responsables à Priština n’apaisait en rien les tensions.

Il a assuré que la situation fragile au Kosovo et à Mitrovica était aggravée par la montée de l’extrémisme et de la radicalisation, précisant que 300 Albanais et 36 Albanaises du Kosovo et de Mitrovica avaient rejoint Daech en Syrie.  Il a observé qu’en réalité ce chiffre pourrait être plus proche de 900 personnes.

En conclusion, le Premier Vice-Premier Ministre a souhaité que la communauté internationale continue d’apporter son aide afin de restaurer la confiance nécessaire au développement « d’une vie normale » au Kosovo et à Mitrovica. 

« J’appartiens à une génération qui a connu le pire, qui a été le témoin d’un génocide, de massacres, d’exclusion et de discrimination », a fait remarquer Mme VLORA ÇITAKU (Kosovo), en se rappelant l’époque où l’éducation n’était pas un droit puisque les écoles étaient fermées.  En même temps, elle a reconnu avoir eu la chance de voir la naissance de son État, contre toute attente.  « Nous appartenons à une génération qui a lutté pour exister, qui a vu que l’impossible devenait possible », a-t-elle expliqué. 

La semaine dernière, le Kosovo a été accepté au sein de la Fédération internationale des associations de football (FIFA) et de l’Union des associations européennes de football (UEFA), ce qui est une immense victoire pour l’égalité et pour le sport, s’est réjouie Mme Çitaku.  Elle s’est toutefois préoccupée du fait que la Serbie se montrait scandalisée par ces bonnes nouvelles et veuille faire renverser ces décisions.  La Serbie veut nier les droits de notre peuple, a-t-elle déploré.

Comme autre bonne nouvelle, elle a mentionné la recommandation de la Commission européenne qui permet aux Kosovars de se rendre dans l’espace de l’Union européenne sans visa.  Pour arriver à ce résultat, « il nous a fallu répondre à 101 critères, soit deux fois plus que pour les autres pays Balkans occidentaux », a-t-elle souligné.  Sachant que cette décision ne résoudrait pas tous les problèmes, elle a toutefois apprécié ce signe en faveur de l’égalité et cette possibilité pour les citoyens de se déplacer librement.

L’Accord de stabilisation et d’association de l’Union européenne ouvre par ailleurs une nouvelle phase pour le Kosovo, a-t-elle souligné en citant les propos de la Haute Représentante de l’Union, Mme Federica Mogherini, selon laquelle cet accord doit contribuer à la stabilité et à la prospérité du Kosovo et de la région.

Certaines familles au Kosovo sont cependant toujours en deuil, a-t-elle dit en évoquant les familles de disparus.  Elle a donné l’exemple d’une femme qui, 17 ans après la guerre, attend toujours son mari et ses quatre fils.  Comme des milliers de familles, elle attend encore la vérité et des funérailles dignes de ce nom. 

Exigeant l’ouverture des archives par la Serbie, elle s’est plainte que ce pays ait pris au contraire des mesures pour dissimuler des traces, allant jusqu’à sortir des dépouilles d’un charnier.  Elle a aussi dénoncé le fait que, sur 250 corps de victimes non identifiées des massacres de Rezalla et de Cikatova, les corps de seulement 54 Albanais aient été trouvés et inhumés.

« Nous ne pouvons pas édifier la paix et la réconciliation si nous enterrons la vérité », a-t-elle lancé.  Elle a expliqué que le Kosovo voulait écrire un nouveau chapitre dans la région, ce qui exige une même détermination de la part de toutes les parties.  Faisant valoir que le Kosovo met en œuvre chacun des accords de Bruxelles, elle a déploré que, de son côté, la Serbie compare le Kosovo à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) (Daech).  Le Kosovo, a-t-elle affirmé, est un pays européen qui aspire à devenir un membre de l’UE, car nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes aspirations que le reste de l’Europe. 

Mme Çitaku a aussi fait savoir que le Kosovo était un partenaire actif de la coalition luttant contre l’EIIL.  Cette année, pas un seul Kosovar n’a rejoint les rangs de l’EIIL, a-t-elle dit.  Elle a aussi exprimé sa crainte de voir les attitudes dangereuses d’incitation à la haine raviver les rêves de Milosević.  « Nous sommes européens », a réaffirmé Mme Çitaku en assurant de la détermination de tous les niveaux d’institutions, de toutes les parties et de toute la société civile pour lutter contre cette menace mondiale.  Dans de nombreuses villes, une mosquée, une église catholique et une église orthodoxes partagent la même cour, ce qui n’est pas le cas chez notre voisin du nord, a-t-elle argué.

« Venez à Priština et vous verrez l’innovation », a-t-elle déclaré en parlant du Centre d’innovation du Kosovo à Priština.  La communauté du Kosovo commence ainsi à être reconnue sur la scène internationale comme une communauté d’innovation.  Tout en reconnaissant les progrès qui restent à faire pour renforcer l’état de droit, elle a cité une nouvelle loi sur les achats électroniques, ainsi que l’arrestation de 50 fonctionnaires impliqués dans la criminalité organisée.

M. ALEXIS LAMEK (France) a indiqué que la France soutenait activement la poursuite du dialogue politique mené entre la Serbie et le Kosovo sous les auspices de l’Union européenne.  Il a salué les progrès enregistrés sur ce front ces derniers mois, notamment l’intégration d’anciens agents du Ministère de l’intérieur serbe dans les institutions kosovares, ainsi que l’entrée en vigueur, depuis mars dernier, de l’accord sur la reconnaissance mutuelle des diplômes.  Il a également dit attendre que l’ensemble des engagements souscrits dans le cadre des accords conclus sous l’égide de l’Union européenne soient mis en œuvre dans les meilleurs délais, y compris la création de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  Il a ajouté qu’il s’agit là d’un élément clef du dialogue.  Le représentant a souligné que la normalisation des relations entre Belgrade et Priština restait, de manière générale, une condition indispensable pour leur avancée respective sur le chemin de l’intégration européenne.

La France, a déclaré M. Lamek, est préoccupée par les agissements d’une frange de l’opposition kosovare.  Il a jugé que les perturbations du fonctionnement de l’Assemblée sont « absolument inacceptables », et il a appelé les responsables de ces actes à jouer le jeu de la démocratie et à faire valoir leurs revendications dans le cadre des institutions existantes et dans le respect de la Constitution.  En dépit des tensions, a-t-il expliqué, les autorités kosovares doivent chercher à maintenir le dialogue et rester à l’écoute de la population.  Les réformes intérieures sont essentielles pour redonner des perspectives aux citoyens, a-t-il souligné. 

Le représentant a par ailleurs déclaré que la poursuite des efforts engagés pour la consolidation de l’état de droit au Kosovo doit plus que jamais demeurer une priorité.  Cela concerne d’abord la lutte contre l’impunité.  Il a souligné que la ratification dans les meilleurs délais par le Président kosovar de l’accord de siège signé avec le Gouvernement des Pays-Bas était une avancée déterminante que la France salue.  Il a estimé que la poursuite du travail engagé sur la question des personnes disparues était également de première importance, tout comme la lutte contre la radicalisation sous toutes ses formes.  Il a réitéré le soutien de la France aux efforts menés par les autorités du Kosovo en faveur de la reconnaissance internationale de leur État.  M. Lamek a salué l’admission récente du Kosovo en tant que 55e membre de l’Union des associations européennes de football (UEFA), en assurant que la France soutenait également activement la candidature du Kosovo à Interpol, ainsi qu’au Conseil de l’Europe, et le renforcement de son statut auprès de l’OSCE.  Sa délégation souhaite la poursuite du transfert progressif des compétences de la MINUK aux autorités kosovares, ainsi que la révision du rythme d’examen par le Conseil de sécurité de la situation au Kosovo, au regard des progrès continus enregistrés sur le terrain.  Avant de conclure, M. Lamek s’est félicité de la signature d’un accord de siège entre les autorités kosovares et le Gouvernement des Pays-Bas, portant sur la création prochaine des chambres spéciales et le bureau du procureur spécial concernant les crimes de guerre commis au Kosovo. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a rappelé que son pays avait adopté une position de non-reconnaissance du Kosovo, le respect de l’intégrité territoriale des États étant au fondement de leur coexistence pacifique.  Il a insisté sur le contexte politique « tendu » à Priština, qui a généré un certain nombre d’incidents préoccupants, tels que des dégradations de biens dans tout le Kosovo.  Il s’est dit préoccupé par les défis qui subsistent au Kosovo, parmi lesquels il a cité le manque d’impartialité des juges, les mauvais traitements de détenus ou encore les demandes de compensation en souffrance.  M. Rosselli a souligné l’importance que l’Uruguay accorde à la lutte contre la violence sexuelle et s’est félicité, à cet égard, de la création, en février dernier, d’une Commission d’identification des victimes de violence sexuelle visant à leur accorder certaines prestations sociales.  Avant de conclure, M. Rosselli s’est également félicité des activités de la MINUK de promotion du rôle des jeunes femmes dans les efforts de réconciliation.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a mis en garde contre toute approche unilatérale concernant le Kosovo, en rappelant que la résolution 1244 (1999) demeurait la base juridique de tout règlement au Kosovo.  La délégation de l’Angola réaffirme son appui à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale de la Serbie et dit comprendre les préoccupations de ce pays.  Le représentant s’est ensuite dit préoccupé par le climat politique tendu au Kosovo et dénoncé les tactiques violentes utilisées par les partis d’opposition au sein de l’Assemblée à Priština.  Les retards dans la création d’une communauté de municipalités à majorité serbe sont également préoccupants, a-t-il dit.  Les dirigeants serbes et kosovars doivent mener à bien leur dialogue, a-t-il espéré en précisant que l’« intégration européenne de la Serbie et du Kosovo était subordonnée au succès de ce dialogue.  Enfin, le représentant de l’Angola a souligné la détermination des autorités de Priština à remédier au défi de la radicalisation des jeunes. 

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a invité à reconnaître, comme tous les trois mois, le fait que le mandat de la Mission d’Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a largement été réalisé.  « La seule raison pour laquelle nous nous réunissons est la politique », a-t-il fait remarquer avant de déclarer que le temps était venu de réduire l’empreinte de la Mission.  La MINUK emploie un personnel très qualifié qui serait utile dans d’autres missions, a-t-il estimé avant de saluer la décision de réduire le budget de la Mission. 

En ce qui concerne le Conseil de sécurité, il l’a trouvé « coincé dans le passé » car il continue à se réunir sur cette questions tous les trois mois.  Il a rappelé à cet égard sa demande d’espacer ces réunions qui devraient à son avis se tenir seulement tous les six mois.

Se réjouissant des efforts de normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie, il a toutefois prévenu que sans un réel dialogue cela ne servirait à rien.  Il a donc appelé Priština et Belgrade à mettre en œuvre ce dialogue, notamment dans les domaines prévus dans l’accord de 2015.  La passation de pouvoir envers l’ancien et le nouveau président est un signe de maturité du Kosovo, a-t-il ensuite souligné. 

Le représentant a également salué la signature d’un accord avec l’Union europénne et la libéralisation des visas pour les déplacements dans la zone européenne, y voyant des jalons importants qui témoignent de la confiance de l’Europe.  Il a aussi apprécié la participation d’athlètes du Kosovo aux championnats européens de judo, d’autant plus que Majlinda Kelmendi a remporté la médaille d’or.  Cela va dans le même sens que la participation du Kosovo à la Fédération internationale de football association (FIFA) et l’Union européenne des associations de football (UEFA).

Sur le plan économique, il a appelé à en faire davantage.  Le chômage et la corruption doivent être des domaines d’action prioritaires, a-t-il souhaité en prônant des mesures plus fortes.  Cela mènera à davantage de possibilité pour tous.  Il a aussi voulu que le Kosovo puisse intégrer la communauté internationale de la police, notamment par le biais d’INTERPOL.  Il a remercié le Kosovo pour sa lutte contre le terrorisme international, saluant notamment sa loi contre les combattants terroristes étrangers.  Enfin, il a appelé les États Membres qui n’ont pas encore reconnu le Kosovo à le faire.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) s’est dit préoccupée par les violences qui ont eu lieu à l’Assemblée du Kosovo, en faisant remarquer que de tels actes par des élus mettent en péril l’avenir des institutions démocratiques.  Elle a souhaité que les progrès accomplis en faveur de la réconciliation ne soient pas anéantis par les actes d’une minorité contestataire.  Pour avancer ensemble dans la bonne direction, toutes les composantes de la société doivent accepter de tourner la page sur le passé.  À cet égard, Mme Schwalger a salué les progrès réalisés en vue d’établir un tribunal spécial chargé de connaître des allégations qui ont fait l’objet d’une enquête de l’Union européenne.  Elle s’est également félicitée de la signature d’un accord de siège entre les autorités kosovares et le Gouvernement des Pays-Bas, portant sur la création prochaine des chambres spéciales et du bureau du procureur spécial concernant les crimes de la guerre du Kosovo.  Elle a, en outre, appelé à des progrès en matière d’état de droit, y compris en s’assurant du respect de l’indépendance du système judiciaire, ainsi que pour la nomination de juges et procureurs du système judiciaire serbe dans le système judiciaire du Kosovo.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a regretté que le travail de l’Assemblée du Kosovo soit régulièrement troublé par des actes tels que l’utilisation de gaz lacrymogène par certains élus.  Il a également dénoncé les actes de violence ciblant les institutions du Kosovo, en prévenant que les tensions politiques affectaient négativement les progrès accomplis dans la mise en œuvre d’accords majeurs entre les autorités de Belgrade et celles de Priština.  M. Yelchenko a ensuite déploré la lenteur des mesures prises par le Kosovo pour établir l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  Il a également souligné les problèmes que rencontrent les véhicules immatriculés au nom du Ministère serbe des affaires intérieures à des points de passage, tout comme les problèmes relatifs à la mise en œuvre de l’Accord sur l’assurance automobile.

Le représentant a dit souhaiter qu’à la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur la question du Kosovo, les deux parties auront réalisé des progrès en matière de reconnaissance des diplômes.  Le dialogue de Bruxelles doit continuer de garder une place centrale, a-t-il dit, en appelant également à promouvoir une plus grande tolérance et la réconciliation entre les communautés au Kosovo, ainsi que la protection des droits des minorités et la facilitation du retour des personnes déplacées.  Après avoir salué le travail de la MINUK, il a estimé que la Mission devrait mettre l’accent sur la promotion de la paix, la stabilité et le respect des droits de l’homme au Kosovo.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a déclaré que le rôle de la Mission d’Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) devait être reconsidéré étant donné que le Kosovo est désormais doté de sa propre constitution et dispose de ses propres gouvernement et assemblée.  Il a estimé que la Mission devait avoir pour objectif de promouvoir la réconciliation entre les différents groupes ethniques afin de prévenir toute instabilité dans la région des Balkans.

Les autorités serbes et kosovares doivent poursuivre leur dialogue et la normalisation de leurs relations, a-t-il affirmé.  Il a déclaré que la Mission devait aussi remédier à la montée de l’extrémisme et à la circulation des armes légères.  M. Okamura a affirmé que la communauté internationale ne devait pas apporter une assistance trop excessive au Kosovo sous peine d’entraver sa capacité à prendre en main les rênes de son destin.  « Faisons confiance au peuple kosovar », a conclu le représentant du Japon.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a noté avec satisfaction la poursuite du processus de normalisation des relations entre Priština et Belgrade.  Il a invité les deux parties à s’inscrire dans le sens d’un dialogue de très haut niveau sous les auspices de l’Union européenne et s’est félicité de la signature par les représentants des forces armées serbes et de la Force de paix au Kosovo (KFOR) d’un accord sur la levée complète de la zone de sécurité aérienne.

Il a également salué l’entrée en vigueur de l’Accord de stabilisation et d’association entre l’Union européenne et le Kosovo.  Il a exhorté les acteurs à poser d’autres jalons dans le sens de l’apaisement, en favorisant notamment les accords du 25 août 2015 dans le nord du Kosovo.  En conclusion, le délégué a appuyé sans réserve le programme conjoint Union européenne/ONU visant à renforcer la confiance entre les communautés par la protection du patrimoine culturel et la résolution de la question des personnes disparues.

M. WU HAITAO (Chine) a reconnu les préoccupations de la Serbie et la nécessité de respecter sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.  Il est important, a-t-il souligné, de trouver une solution appropriée pour toutes les parties, sur la base du dialogue, de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes.  Si la situation sécuritaire est stable au Kosovo, la situation reste cependant complexe, a-t-il fait observer.  Il a félicité le Gouvernement serbe de tenter de trouver une issue politique.  Il a appuyé les efforts des deux parties en vue de nouer un dialogue positif en tenant compte des deux communautés au Kosovo.  Le représentant de la Chine a espéré que les parties s’abstiendront de prendre des mesures pouvant entrainer une escalade de la situation.  La Chine, a-t-il ajouté, salue les efforts de la MINUK et espère que celle-ci continuera de s’acquitter de son mandant tout en améliorant la coordination avec l’EULEX et la KFOR.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a rappelé que la résolution 1244 restait la base juridique internationale applicable à la recherche d’une solution politique sur la question du Kosovo.  Le soutien des Nations Unies reste fondamental au Kosovo pour promouvoir la stabilité et les droits de l’homme, a-t-il souligné, en invitant la MINUK, la KFOR et la mission de l’Union européenne « État de droit » (EULEX) à continuer de jouer leurs rôles complémentaires pour trouver une solution viable, juste et mutuellement acceptable.  Il s’est dit préoccupé par les actes de violence de l’opposition à l’Assemblée du Kosovo.  Sur la question des communautés à majorité serbe, il a souhaité que l’on poursuive les objectifs fixés à Bruxelles au niveau le plus élevé.  Les autorités élues récemment au Kosovo devraient appuyer le processus de normalisation défini en 2013, a-t-il recommandé, en prônant des rencontres au plus haut niveau entre les autorités à Priština et celles à Belgrade.

Le représentant du Venezuela a salué les accords conclus pour la reconnaissance des diplômes, tout en regrettant les faibles avancées dans l’intégration des juges au Kosovo.  La question des personnes disparues doit aussi rester prioritaire, a-t-il souhaité avant de saluer la création de la commission de reconnaissance des victimes de crimes sexuels.  Au plan religieux, il a appelé les parties à coopérer pour protéger le patrimoine des différentes communautés du Kosovo, en se félicitant des efforts des autorités orthodoxes à cet effet.  Le représentant a également salué les efforts déployés par le Kosovo pour lutter contre le terrorisme.  Ces efforts, a-t-il rappelé, doivent s’accompagner de progrès sociaux pour prévenir la radicalisation des jeunes.

M. RAMLAN IBRAHIM (Malaisie) a salué l’élection du nouveau Président du Kosovo, M. Hashim Thaçi, en se félicitant de son message sur la normalisation des relations avec la Serbie, et les priorités qu’il a définies pour son mandat, à savoir la promotion des droits de l’homme et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Kosovo.  Il a invité les parties kosovares à mettre fin à la violence politique, à l’intimidation et à la rhétorique incendiaire, et à résoudre leurs différends par les voies démocratiques.

Il a par ailleurs salué l’entrée en vigueur de l’Accord de stabilisation et d’association entre le Kosovo et l’Union européenne.  Il s’est aussi félicité des nombreux progrès que le Kosovo a réalisés au cours de ces derniers mois, notamment la signature d’un accord de siège entre les autorités kosovares et le Gouvernement des Pays-Bas, portant sur la création prochaine des chambres spéciales et le bureau du procureur spécial concernant les crimes de la guerre du Kosovo.  Avant de conclure, il a souligné l’importance d’adopter des directives relatives à l’Accord de Bruxelles de 2013, portant en particulier sur la création de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.

M. ROMÁN OVYARZUN MARCHESI (Espagne) a regretté les obstructions qui entravent le bon déroulement de la vie politique au Kosovo.  Tous les responsables politiques doivent agir avec mesure, a–t-il dit.  Il a appuyé le travail de la Mission d’Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et s’est félicité de l’accent mis sur la promotion des droits de l’homme et de la coexistence pacifique entre les communautés.

Il a lancé un appel aux parties afin qu’elles maintiennent un engagement constructif avec la Mission.  Les parties doivent résolument s’engager en faveur du dialogue de Bruxelles, a-t-il affirmé, soulignant que tous les accords devaient être appliqués, y compris celui portant création d’une Communauté de municipalités à majorité serbe.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a rappelé que la résolution 1244 (1999) demeurait le fondement de tout règlement de la situation au Kosovo.  Personne n’a le droit d’agir de manière unilatérale ou de réviser une décision du Conseil, laquelle, a-t-il précisé, ne peut être modifiée que par le Conseil lui-même.  Les « vrais défis » au Kosovo ne devraient pas être cachés, a-t-il déclaré, en regrettant que la discussion de ce jour ait été consacrée à des questions techniques.  Il a dénoncé le refus des autorités de Priština d’appliquer l’accord portant création d’une communauté de municipalités à majorité serbe et de privilégier, au contraire, « la manière forte ».  Il n’y a pas eu de progrès dans la normalisation des relations entre Belgrade et Priština depuis août 2015, a-t-il fait remarquer, en ajoutant que l’accord sur la création d’une communauté de municipalités à majorité serbe était en suspens, en raison « avec la passivité des médiateurs de l’Union européenne ».  Il a espéré que le futur Tribunal spécial fera toute la lumière sur les crimes commis par l’Armée de libération du Kosovo, avant de déclarer qu’un ancien responsable, qui aurait pu renforcer l’accusation, venait de disparaître.  Il a également dénoncé le manque de partialité du système judiciaire et la corruption élevée au Kosovo.

La situation des Serbes du Kosovo reste très préoccupante, a-t-il affirmé, avant de mentionner les dégradations physiques contre l’Église du Christ Sauveur à Priština et l’inscription de graffiti à la gloire de Daech.  « Qu’est-ce que cela signifie? » a demandé le délégué russe, en dénonçant la passivité de la police kosovare.  En raison de la faiblesse du maintien de l’ordre, le Kosovo court le risque de devenir une « zone grise » au cœur de l’Europe qui servirait de terreau fertile pour les activités terroristes menées par les islamistes radicaux, a-t-il averti.  Un grand nombre de personnes du Kosovo, a-t-il pécisé, se trouvent actuellement en Syrie.

Le délégué russe a exhorté Priština à appliquer les accords rapidement, y compris celui portant création d’une communauté de municipalités à majorité serbe.  L’application de cet accord sera la preuve de la bonne volonté de Priština, a-t-il affirmé.  Il est contreproductif d’inciter le Kosovo à intégrer des instances internationales, a-t-il estimé, en rappelant que la résolution 1244 était toujours en vigueur.  Enfin, le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que le maintien de la présence onusienne était nécessaire au Kosovo.  Les demandes visant à remodeler la Mission ou à diminuer son effectif sont sans fondement, a-t-il conclu.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué la décision d’accueillir le Kosovo à la FIFA et l’UEFA, en soulignant la confiance exprimée à cette occasion.  Les deux parties doivent abandonner les politiques qui divisent, a-t-il lancé en leur demandant aussi de ne pas entraver le fonctionnement du Parlement.  Il s’est félicité de l’engagement du nouveau Président du Kosovo en faveur du dialogue et espéré qu’il se concrétiserait rapidement.  Il est essentiel, a-t-il souligné, que le Kosovo s’unifie pour lutter contre les grands problèmes, comme la radicalisation.  Le représentant a en outre appuyé la demande du Kosovo de rejoindre INTERPOL. 

Le rapport du Représentant spécial montre que la situation sécuritaire est restée stable, a-t-il noté avec satisfaction.  S’il y a eu des incidents comme des attaques de journalistes, il ne faut pas, a estimé le représentant britannique, confondre les problèmes de criminalité avec les problèmes systémiques du pays.  L’intégration européenne représente une chance pour la région, a-t-il affirmé en recommandant de faire des progrès importants dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne, afin de parvenir à la normalisation des relations.  Les parties doivent prendre des mesures concrètes dans l’intérêt de leur population respective.  Il s’est félicité de la proposition de réduction du budget de la MINUK.  Le représentant a souhaité aussi que le Conseil de sécurité tienne moins de séances consacrées à cette question et à l’examen des rapports du Représentant spécial. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), a rejeté le recours à la violence comme moyen utilisé par l’opposition politique pour faire avancer ses vues au sein de l’Assemblée à Priština.  Les autorités kosovares doivent s’engager à conclure tous les accords conclus jusqu’à présent, a-t-il poursuivi, en rappelant que le règlement de la situation au Kosovo, dans le cadre de la résolution 1244 (1999), ne sera possible que si les deux parties font preuve de bonne volonté.  Le délégué a insisté sur l’importance d’instaurer un climat propice à la mise en œuvre de tous les points de l’Accord de 2015.  « Ne faisons pas de cet Accord un élément de division », a-t-il dit.  Le représentant a ensuite appelé à une intensification des efforts devant permettre le retour des personnes déplacées au Kosovo.  « La non-discrimination des minorités et la promotion de l’état de droit, a souligné M. Aboulatta, sont cruciales pour l’avenir du Kosovo. »

Reprenant la parole, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a estimé que l’autre partie évoquait des questions n’ayant rien à voir avec la période à l’examen.  Faisant d’abord remarquer que la représentante du Kosovo n’était pas invitée en tant que représentante de la « République du Kosovo », il a appelé à respecter la procédure en la matière.  Il a ensuite réagi à l’allégation de génocide faite par Mme Çitaku, cette remarque visant aussi le Conseil de sécurité.  Seul un tribunal peut dire s’il y a eu un génocide, a-t-il rappelé.  Il a rappelé que 200 000 Serbes avaient été expulsés du Kosovo depuis 1999 et que seulement 1,9% avaient pu y retourner.  Un tribunal spécial sera établi aux Pays-Bas pour juger des crimes graves commis au Kosovo, a-t-il indiqué.  Au lieu de parler des exploits sportifs, il a invité Mme Çitaku à se concentrer sur les problèmes concrets et sur la dégradation des lieux saints, en citant par exemple les graffitis sur les murs d’un monastère.

« Vous avez fait de la majorité serbe une minorité », a-t-il affirmé en rappelant l’acquittement de la Cour sur les crimes commis par les Serbes.  Il a aussi accusé l’UEFA d’agir en violation de son propre règlement en acceptant le Kosovo comme membre, alors que le Kosovo n’est pas Membre de l’Organisation des Nations Unies.  Il a cité les pays qui n’ont pas reconnu l’indépendance du Kosovo, dont sept siègent au sein du Conseil de sécurité, à savoir la Chine, l’Angola, l’Uruguay, l’Espagne, la Fédération de Russie, Venezuela et l’Ukraine.  Il s’agit de respecter le droit international, a-t-il lancé.  L’Accord de stabilisation et d’association de l’Union européenne n’a pas été signé pour un pays mais pour un territoire, a-t-il rappelé.  « N’utilisons pas cette réunion pour évoquer le passé, les tribunaux sont là pour jouer ce rôle.  N’utilisez pas cette enceinte pour promouvoir l’indépendance du Kosovo et faire de grands discours », a-t-il aussi demandé en invitant à axer les efforts sur ce qui se passe sur le terrain.  « Soyons pragmatiques: voulons-nous parvenir à une réconciliation ou, au contraire, renoncer à ce choix? » a-t-il demandé avant de conclure.

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