Quatrième Commission: les délégations plaident pour une amélioration de la mobilité et des capacités logistiques des opérations de maintien de la paix
Les délégations de la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) ont conclu, aujourd’hui, leur débat de quatre jours sur les questions relatives au maintien de la paix, en appelant à l’amélioration de la mobilité et des capacités logistiques des forces de maintien de la paix. Il s’agissait, pour les intervenants, de réfléchir aux contours d’une « nouvelle architecture » adaptée aux changements intervenus dans la nature et l’aspect des conflits.
« Les capacités de déploiement rapide devraient être une de nos priorités », a souligné la représentante de la Pologne, pour qui l’ONU devrait désormais développer ses capacités afin de mettre en œuvre des missions sur mesure, habilitées à établir de bons contacts de travail sur le terrain. Abondant dans le même sens, la déléguée de la Jordanie a préconisé la création de missions de paix capables de réagir rapidement et dotées d’un personnel hautement qualifié dans le cadre d’une « nouvelle architecture » mieux adaptée aux évolutions sur le terrain. Son homologue du Nigéria a appelé à explorer tous les mécanismes pour renforcer les opérations de maintien de la paix (OMP) au regard du nombre croissant des conflits qui dépassent les capacités des Nations Unies.
Face à ces évolutions et à la complexité des conflits, le représentant du Pérou a proposé la révision, par les Nations Unies, de la manière dont sont abordées les OMP, estimant que « tout agenda pour la paix devrait envisager désormais des actions globales ». Un point de vue partagé par son homologue du Sénégal pour qui, étant donné que les missions actuelles dépassent le stricte cadre sécuritaire du maintien de la paix et de la protection des civils, une « synergie renforcée » entre leurs composantes militaire, police et civile est dès lors nécessaire.
Cependant l’adaptation à l’évolution des conditions sur le terrain nécessite un financement et des capacités en adéquation avec les besoins des OMP, a souligné le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Dans ce contexte, un accent particulier doit être mis sur le financement des opérations de paix de l’Union africaine, a estimé, pour sa part, le représentant du Sénégal.
Le rôle des organisations régionales a de nouveau été mis en exergue lors de ce débat, plusieurs délégués appelant l’ONU à forger des partenariats plus « cohérents et plus efficaces à tous les niveaux ». La République de Corée a cité, à cet égard, le rôle important des organisations régionales, comme l’Union africaine, dans le contexte de la sécurité à l’échelle mondiale. Il est « essentiel de renforcer les mécanismes régionaux pour résoudre les crises et de tenir compte de la nature transfrontière des menaces lorsque des flambées de violence dans un pays menacent de se répandre aux pays voisins et à l’ensemble de la région », a estimé pour sa part son homologue de la Fédération de Russie. Pour l’Érythrée, le rôle des organisations régionales doit être reconnu et soutenu, mais l’exercice de ce rôle doit se faire en accord avec le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.
Un autre point qui a retenu l’attention des délégations est la protection des civils dans les conflits armés en raison de l’augmentation du nombre d’attaques envers cette catégorie. « Au début du XXe siècle, environ 5% des tués concernaient des non-combattants, alors qu’en 1990 ce chiffre atteignait 90% », a déploré le représentant du Saint-Siège.
La prochaine réunion de la Quatrième Commission aura lieu jeudi 27 octobre, à 10 heures. Elle entamera l’examen du point de son ordre du jour relatif aux missions politiques spéciales.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Fin du débat général
M. LIM MUN PONG (Singapour) a rappelé que malgré ses moyens et ressources limités, son pays avait contribué aux contingents militaires et policiers de 16 missions d’opérations de la paix et d’observation. Nous croyons que la technologie peut jouer un « rôle vital » de soutien aux Casques bleus, a-t-il ajouté, en précisant que dans ce domaine, son pays et d’autres petits États pouvaient contribuer très efficacement aux missions, et rappelant que Singapour participait, en collaboration avec le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), au développement d’un programme informatique permettant la transmission d’informations sur les victimes lors de missions de terrain. Dans le domaine de la sécurité et du renforcement des capacités, Singapour participe à des efforts multilatéraux afin de promouvoir la paix et la stabilité, a-t-il noté, citant en exemple la Force opérationnelle multinationale 151 des Forces maritimes combinées qui lutte contre la piraterie et les attaques armées dans le Golfe d’Aden. Sur la question des abus et de l’exploitation sexuels qui « nuisent grandement » à la crédibilité des opérations de maintien de la paix de l’ONU, le représentant a prôné une politique de tolérance zéro.
Pour M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) les opérations de maintien de la paix sont un mécanisme légitime et efficace pour mettre fin aux conflits. Depuis 1956, El Salvador a participé à 12 missions différentes et est en train de préparer une nouvelle étape de déploiement de ses effectifs, a précisé le représentant. Rappelant qu’initialement les opérations de maintien de la paix jouaient un rôle de garant des cessez-le-feu, il a souligné que, depuis lors, elles concernent de plus les opérations de construction et de consolidation de la paix, les Nations Unies étant devenues un véritable partenaire des processus de paix.
Toute mise en œuvre des mandats décidés par le Conseil de sécurité doit être décidée en consultation entre le Conseil, les Secrétariats et les pays contributeurs de contingents, de l’avis du représentant. Il a également estimé que les contingents participant aux missions de déploiement rapides doivent être adéquatement préparés dans leurs pays d’origine.
El Salvador soutient la politique de tolérance zéro du Secrétaire général face à tout abus sexuel commis par le personnel de maintien de la paix. Il faut permettre des enquêtes rapides et exhaustives de chaque cas et traduire les responsables en justice, a-t-il poursuivi.
Pour sa délégation, toute opération de maintien de la paix doit apporter une contribution positive au processus politique, à la réforme des systèmes de justice, au renforcement des capacités d’application de l’état de droit et à la réintégration des combattants, à condition que ces mesures obtiennent l’aval du pays hôte. Par ailleurs, a-t-il dit, El Salvador soutient toute initiative visant à renforcer la présence des femmes au sein des missions. En conclusion, le représentant a également demandé que l’on réexamine les délais de remboursement des pays fournisseurs de contingents.
Mme SONIA ISHAQ AHMAD SUGHAYAR (Jordanie) a appelé à la mise en place d’une nouvelle architecture et à l’amélioration des politiques des opérations de maintien de la paix (OMP) en raison des différentes modifications et changements intervenus dans la nature et l’aspect des conflits. Il s’agit pour elle de traiter les causes essentielles de ces conflits et d’essayer d’en limiter les conséquences. Les OMP ont fait de grands progrès ces dernières années, s’est-elle réjouie, citant à cet égard la mission en Côte d’Ivoire. La Jordanie apprécie et appuie ces efforts en tant que pays contributeur de taille aux opérations de maintien de la paix depuis 27 ans, a indiqué la représentante, soulignant toutefois les lacunes qu’il faudra combler à son avis pour en améliorer le fonctionnement, telle qu’une meilleure coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix et les pays contributeurs de troupes (PCC). À cet effet, elle a identifié plusieurs axes qui devraient être prioritaires à l’avenir, à savoir la création de missions de paix capables de réagir rapidement en cas de conflit, dotées d’un personnel hautement qualifié et pratiquant la politique de « tolérance zéro » en cas d’abus sexuels. Mme Sughayar a par ailleurs préconisé la création d’un mécanisme de coordination et de consultation tripartite entre le Secrétariat, les pays contributeurs de contingents et les pays hôtes pour davantage de transparence et de complémentarité dans l’élaboration des politiques des opérations de paix et leur exécution. Elle a, à cet égard, appelé à ne pas négliger le Comité des 34 et son mandat en tant qu’instance responsable de l’examen des OMP.
M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a salué les travaux constructifs de la dernière session du Comité des 34, qui, selon lui, a la possibilité historique d’entériner les recommandations du Groupe Ramos-Hortas (Groupe indépendant de haut niveau chargé d'étudier les opérations de paix) et du rapport du Secrétaire général. Le Brésil est actuellement le plus grand fournisseur de contingents à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), et 1 000 Casques bleus brésiliens sont déployés dans 10 missions à l’heure actuelle, a-t-il précisé.
Le représentant a salué le dialogue triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, mais a estimé qu’il fallait trouver un équilibre plus juste entre les pays qui définissent les mandats des missions et ceux qui les mettent en œuvre
Le Brésil a réitéré sa demande pour que les missions politiques spéciales fassent l’objet d’un compte budgétaire séparé du budget général. Une telle mesure améliorerait, selon lui, l’efficacité et allègerait les pressions budgétaires que connaissent d’autres activités couvertes par le budget général.
Le représentant a également salué l’initiative du Secrétaire général et du Japon pour créer des unités de génie civil en Afrique, et affirmé la volonté de son pays d’y participer.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné le rôle central des opérations de maintien de la paix (OMP) au sein de l’Organisation en tant qu’instrument dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. L’action des Nations Unies est largement jugée à l’aune des réussites de ces opérations sur le terrain, a-t-il dit. Le maintien de la paix est un processus en permanente évolution qui s’adapte à la nature des différents conflits, relevant qu’au cours des dernières décennies la communauté internationale a été témoin de nombreux changements dans le système international. Ces changements, à son avis, ont entrainé davantage de complexité dans le maintien de la paix et de la sécurité et exigé des Nations Unies qu’elles revoient la manière dont sont abordées les OMP. Il a, à cet égard, souligné le caractère multidimensionnel de ce type d’opérations, qui englobent des éléments relatifs à la paix, à la sécurité, au développement économique, au caractère institutionnel de l’État, à la consolidation de l’état de droit, au respect des droits de l’homme, à l’assistance humanitaire et à la protection des civils. C’est pourquoi le Pérou estime que tout programme pour la paix devrait envisager des actions globales qui contribuent à identifier et à soutenir la diversité des structures des processus liés à la consolidation de la paix. En conclusion, il a réaffirmé que le comportement éthique et professionnel des personnels des OMP doit impérativement respecter les valeurs et principes fondamentaux des Nations Unies et a apporté le soutien de son pays à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général des Nations Unies.
Mme MARGARETA KASSANGANA-JAKUBOWSKA (Pologne) a salué les travaux menés actuellement pas le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions afin d’améliorer la mobilité et les capacités logistiques des forces dans le domaine des opérations. « Les capacités de déploiement rapide devraient être une de nos priorités », a-t-elle estimé. La résolution des conflits repose également sur le déploiement rapide d’équipes de médiation et de prévention des conflits, a poursuivi la représentante. À ce titre, a-t-elle relevé, l’ONU devrait développer ses capacités à mettre en œuvre des missions sur mesure et être habilitée à établir de bons contacts de travail sur le terrain, en tenant compte de la bonne volonté des populations locales. Une approche axée sur l’humain et basée sur une collaboration entre civils et militaires conduirait, à son avis, a plus de confiance et de sécurité, et améliorerait notablement l’environnement des missions de maintien de la paix. S’agissant de la protection des mineurs, la représentante a déclaré en faire une priorité depuis longtemps, en rappelant que son pays était un des principaux initiateurs de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
Mme ELSA HAILE (Érythrée) a indiqué que les missions de maintien de la paix ne pouvaient œuvrer à préserver la paix et la sécurité internationales que si elles disposaient d’un mandat clair et réalisable, d’un soutien politique et d’une stratégie de retrait précise. La vocation des opérations de maintien de la paix n’est pas de gérer les crises et elles ne doivent pas se substituer au travail qui consiste à établir les causes des conflits, a estimé la représentante, précisant que le succès de ce type d’opération résidait dans le soutien universel apporté à ses principes intangibles, symbolisant la neutralité et la coopération internationales. La représentante a ensuite rappelé que le Conseil de sécurité avait la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Le rôle des organisations régionales doit être reconnu et soutenu, mais l’exercice de ce rôle doit se faire en accord avec le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, a-t-elle souligné. Par ailleurs, tout en reconnaissant que les opérations de maintien de la paix ont la tâche de protéger les civils, le représentant a souligné qu’elle incombait en premier lieu aux pays concernés. La protection des civils ne doit pas être utilisée pour servir de base à une intervention militaire des Nations Unies dans les conflits, a-t-elle estimé.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a estimé que le succès des opérations de maintien de la paix (OMP), notamment dans le domaine de la protection des civils, est largement tributaire de leur capacité à s’adapter à l’évolution des environnements dans lesquels elles sont déployées. Très souvent, des groupes armés optent pour des actions asymétriques et terroristes, en prenant régulièrement pour cible le personnel des Nations Unies et les populations civiles, a-t-il indiqué. Les agissements de ces groupes constituent, à son avis, un défi majeur pour la sécurité et la sûreté du personnel onusien, ainsi que pour l’exécution correcte des mandats, en particulier en matière de protection des civils. Le cas de la MINUSMA reste à son avis le plus illustratif de l’ampleur de ces menaces. Étant donné que les missions actuelles dépassent le strict cadre sécuritaire du maintien de la paix et de la protection des civils, une synergie renforcée entre leurs composantes militaire, police et civile est nécessaire, a poursuivi le représentant. Le Sénégal, qui préside cette année le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les OMP, s’emploie à favoriser un dialogue ouvert en organisant des discussions thématiques relatives, en particulier, à l’utilisation des nouvelles technologies dans les OMP, à la complémentarité entre les entités onusiennes de lutte contre le terrorisme et les OMP, au cadre politique pour le renseignement dans le maintien de la paix et au renforcement de la coopération avec les organisations régionales, avec un accent particulier sur le financement des opérations de paix de l’Union africaine, a indiqué le représentant.
M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a souligné que l’année en cours a vu le lancement d’une série d’initiatives et d’actions visant à améliorer les activités de maintien de la paix et renforcer l’engagement en leur faveur. Ces efforts ont toutefois été sapés, à ses yeux, par des actes répréhensibles d’abus sexuel commis par un petit nombre de combattants de la paix. Dans ce contexte, a-t-il dit l’Algérie réitère son soutien à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général sur les abus sexuels, et demande des réponses immédiates pour réunir des preuves et engager des enquêtes sur chacun de ces actes.
2016 a également été l’année au cours de laquelle de graves incidents se sont produits, qui ont sapé les mandats des opérations et ont posé un défi à la capacité du Conseil de sécurité de s’acquitter de ses obligations, a poursuivi le représentant. Il a exprimé la préoccupation de son gouvernement face à de tels incidents, se demandant « ce qui est derrière les expulsions de personnel de maintien de la paix et la violation du cessez-le-feu, si ce n’est la volonté d’escalade des tensions? ». Le représentant a regretté à cet effet l’incapacité du Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités et de réagir de manière adéquate à de telles provocations.
Par ailleurs, il a affirmé que la sécurité du personnel de la paix demeurait une question fondamentale à laquelle il faudra répondre par une formation adéquate et la livraison de matériel militaire adéquat pour les soldats de la paix. Conscient de l’importance des technologies modernes dans ce domaine, le représentant a néanmoins estimé que celles-ci devaient être appliquées conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies, au droit international et local, en toute transparence et en consultation avec les pays voisins. À cet effet, il a encouragé un dialogue constant entre le Secrétariat et les États Membres pour définir la direction à prendre.
Mme DINA GILMUTDINOVA (Fédération de Russie) a rappelé que l’évolution des opérations de maintien de la paix (OMP) et leur adaptation aux enjeux croissants et complexes a donné lieu à un examen du Groupe d’experts indépendant de haut niveau, suivi de recommandations examinées par les États Membres lors des discussions du Comité spéciale (C34) de l’ONU sur les OMP, lors de la soixante dixième session de l’Assemblée générale. À cet égard, elle a exprimé son accord avec la priorité accordée au dialogue politique pour résoudre les situations de conflit, estimant en outre qu’il était essentiel de renforcer les mécanismes régionaux pour résoudre les crises et de tenir compte de la nature transfrontière des menaces lorsque des flambées de violence dans un pays menacent de se répandre aux pays voisins et à l’ensemble de la région. Dans ce contexte, il est important, à son avis, de renforcer les formats de coopération interétatiques des États d’une même région, tout comme la coopération avec les organisations régionales et sous régionales, et de procéder à l’échange de pratiques optimales et fournir l’appui financier nécessaire pour réagir de façon rapide et efficace face aux crises. L’expérience acquise dans la résolution des crises au Soudan et en Somalie et dans d’autres zones complexes a permis de découvrir le potentiel d’organisations, comme l’Union africaine, en matière de prévention et de règlement politique des conflits, a indiqué la représentante. Elle a en outre estimé que la présence de l’ONU, sous n’importe quelle forme, doit avoir une nature auxiliaire et aider le pays hôte, conformément aux priorités établies par le gouvernement national. Cette aide doit se manifester impérativement, à son avis, sous la forme d’un dialogue et d’une coopération constructive entre la mission de maintien de la paix et les autorités nationales, et d’une assistance, et également fournir une assistance pour renforcer la capacité de l’État hôte. Elle a, en outre, jugé inacceptable l’utilisation de la force par les missions de maintien de la paix de l’ONU pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent. La déléguée de la Fédération de Russie a appelé, en conclusion, à une évaluation minutieuse des menaces qui pèsent sur le personnel de maintien de la paix.
M. WILLY LOUIS (Haïti) a salué l’approche pragmatique du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, qui est axée sur une coordination opérationnelle efficace sur le terrain en vue de garantir la bonne performance des activités de maintien de la paix des Nations Unies. Il a en outre souligné qu’une approche holistique et intégrée de la communauté internationale s’avérerait indispensable pour faire face collectivement à la complexité des conflits multiformes et récurrents susceptibles de mettre en péril les efforts visant à préserver la paix et la sécurité internationales. S’agissant des normes de conduite au sein des missions de paix, le représentant a rappelé les efforts mis en œuvre pour renforcer la discipline dans les opérations de paix, tout en reconnaissant qu’en dépit de tels efforts, plusieurs cas d’exploitation et d’abus sexuels avaient été signalés au sein d’un certain nombre de missions au cours des cinq dernières années, notamment en Haïti. Le représentant a exhorté les autorités onusiennes à prendre des mesures strictes d’application des normes en vigueur en vue de prévenir ces déviances qui sont de nature à ternir l’image de l’Organisation.
Haïti souligne l’importance de voir le Comité des 34 poursuivre ses efforts visant à renforcer les capacités opérationnelles et la structure organisationnelle des opérations de maintien de la paix, a poursuivi le représentant. Il faut également toujours garder à l’esprit que la perception de la légitimité des opérations de maintien de la paix est une condition essentielle à leur efficacité sur le long terme, a-t-il ajouté. Le représentant a également salué les contributions des deux Secrétaires généraux adjoints des Nations Unies et leur importance capitale au regard de la revitalisation des capacités opérationnelles, logistiques, technologiques et sécuritaires de maintien de la paix de l’ONU. Toutefois, a-t-il estimé, le Comité des 34 constituait à son avis l’unique forum intergouvernemental habilité à discuter des questions de politique, de directives stratégiques et à faire des recommandations qui feront l’objet de projets de résolution et de décision à soumettre à l’Assemblée générale aux fins d’adoption.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a rappelé l’engagement ferme et renouvelé de son pays en faveur des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, ce qui se traduit notamment par une contribution de nouvelles troupes et d’équipements depuis deux ans, a-t-il précisé. La réunion des Ministres de la défense, qui a eu lieu en septembre à Londres, a été l’occasion pour débattre des réformes en cours des opérations de maintien de la paix, permettant au ministre britannique de la défense de présenter les nouveaux engagements de son pays en termes de personnel et d’équipements, a précisé le représentant. Le communiqué final de cette réunion, qu’il a qualifié de « robuste » a été signé par 50 pays et contient notamment un nouveau libellé sur la performance et la responsabilisation des Casques bleus, ainsi que des engagements clairs sur la présence des femmes dans les missions de l’ONU à hauteur de 15%, a-t-il poursuivi. « Le moment est venu de nous assurer que nous nous acquittons de nos engagements », a estimé le représentant, invitant les États Membres à consulter ce communiqué disponible en ligne.
M. KOMLAVI AGBENOZAN DEDJI (Togo) a rappelé que les opérations de maintien de la paix sont devenues complexes et reposent sur un cadre normatif conjuguant les dispositions de la Charte et les instruments juridiques internationaux des droits de l’homme et du droit humanitaire. Son pays, a perdu 12 « combattants de la paix », dont 10 au Mali, dans le cadre de la MINUSMA et 2 à l’ONUCI, a-t-il précisé. C’est à ce titre que le Togo se félicite du Rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, dont les recommandations rappellent la nécessité de protéger les forces engagées sur les terrains des opérations, mais également pour garantir que ces forces exercent leur mandat dans le respect des droits de l’homme, a poursuivi le représentant. Il a dit regretter les cas d’exploitation et d’abus sexuels par le personnel de maintien de la paix qui remettent en cause la crédibilité des missions et appelé les Nations Unies, avec l’appui des États Membres, à sensibiliser davantage le personnel déployé dans les missions. Mon pays a d’ores et déjà pris des mesures pour prévenir de telles violations par le biais de l’instruction et de la sensibilisation des troupes avant leur déploiement, a précisé le représentant. À cette fin, a-t-il indiqué, le Centre d’entraînement aux opérations de maintien de la paix a été créé en 2009 à Lomé. À ce jour, le Togo occupe la seizième place mondiale des pays contributeurs de troupes et la cinquième en Afrique, avec un effectif de 1 750 hommes déployés dans les missions de l’ONU au Mali, en Côte d’Ivoire, au Darfour, au Libéria, en Haïti, en RDC, et au Sahara occidental, a poursuivi le représentant. En conclusion, il a réitéré « l’urgente nécessité » de définir clairement les mandats des missions pour qu’elles participent à la protection des civils et des droits de l’homme, ainsi qu’à la réforme de la sécurité, à la construction de l’état de droit et à la bonne gouvernance.
M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a salué les recommandations du Groupe HIPPO, ainsi que celles du Secrétaire général visant le renforcement de l’architecture de paix des Nations Unies. Il a demandé que tout mandat ou prolongation de mandat soit conforme aux principes de la Charte des Nations Unies, en particulier pour ce qui concerne le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense. La Mongolie est devenue un pays contributeur de troupes avec environ 1 000 soldats déployés chaque année dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il précisé. De ce fait, mon pays accorde une priorité absolue à la sécurité des hommes et des femmes déployés sur les terrains des opérations. Le représentant a fermement condamné les actes d’exploitation et d’abus sexuels commis par des membres du personnel des missions de l’ONU et exprimé son soutien à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général.
M. CHEON KYEONGJIN (République de Corée) a rappelé qu’une interaction continue et une compréhension mutuelle entre le Secrétariat et les États Membres en matière de capacités requises sur le terrain, telles que définies par le Système de préparation des moyens de maintien de la paix (PCRS), étaient « essentielles ». À ce titre, a-t-il précisé, son pays s’est engagé à fournir des unités du génie supplémentaires, ainsi que des équipements hospitaliers de niveau 2 à une mission de maintien de la paix en Afrique et s’apprête à les déployer. Étant donné l’environnement de plus en plus dégradé des missions de l’ONU sur le terrain, une attention particulière doit être portée aux technologies de l’information, a noté le représentant, soulignant l’importance de la mise en place de centres de commandement et de contrôles « robustes », de l’utilisation de petits drones tactiques, et du partage de données aériennes et géo-spatiales. Il a également invité l’ONU à mettre en place des partenariats plus « cohérents et plus efficaces à tous les niveaux », citant le rôle important des organisations régionales comme l’Union africaine dans le contexte de la sécurité à l’échelle mondiale, « non seulement parce que 80% des Casques bleus sont déployés sur le continent, mais aussi au regard de la connaissance du contexte, des capacités de déploiement rapide et de la volonté d’agir avec vigueur de l’Organisation », a-t-il conclu.
Mme PATRICIA CHAND (Fidji) a rappelé que son pays avait une longue histoire de participation aux opérations de maintien de la paix et que ses troupes avaient participé à toute une série d’opérations et d’activités en tant que Casques bleus et force de stabilisation partout dans le monde. Elle a estimé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies représentaient un instrument efficace pour le maintien de la paix et la sécurité internationales, le renforcement des nations sortant de crise et la mise en place d’un environnement propice au développement durable. La représentante a exhorté le Secrétaire général à renforcer la consultation des États Membres fournisseurs de contingents militaires et de police sur toutes les questions relatives à tous les aspects de maintien de la paix, dont la formulation des politiques et le processus de prise de décisions. Elle a appelé à mieux coopérer afin de protéger plus efficacement les vies des Casques bleus. « Cela passe par une meilleure coordination et un meilleur partage d’informations pour atténuer les menaces », a conclu la représentante.
M. JOHN EJINAKA (Nigéria) a appelé à explorer tous les mécanismes pour renforcer les opérations de maintien de la paix de l’ONU (OMP) au regard du nombre croissant des conflits qui dépassent les capacités des Nations Unies. C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que nous devons examiner l’ensemble des instruments utilisables pour des opérations renforcées. Il a souligné la nécessité d’investir dans la prévention afin d’éviter les causes des conflits. Les États Membres et les organismes régionaux devraient mettre en place des stratégies plus efficaces en vue d’identifier et de lutter contre les causes des conflits dans leur régions respectives, a-t-il précisé. Le dialogue politique, les processus de réconciliation, le renforcement des secteurs de sécurité, la reprise économique et le développement social sont, à son avis, des moyens robustes qui permettent de créer un environnement propice à une paix durable. Les États Membres et la communauté internationale doivent consentir des efforts plus importants dans le cadre de la diplomatie préventive afin de promouvoir des solutions politiques pour éviter les conflits, a poursuivi le représentant. Il a, par ailleurs, regretté la persistance des abus sexuels malgré la campagne robuste du Secrétaire général contre ces atrocités, exhortant à un soutien redoublé des États Membres aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé spécial. Il a, également, appelé à une plus grande protection des soldats de la paix, estimant qu’il revient aux pays hôtes d’en garantir la sécurité. À cet égard, il a estimé nécessaire la tenue de consultations régulières entre les missions et les autorités des pays hôtes qui permettrait, à son avis, davantage de confiance pour la réussite des missions. M. Ejinaka a, par ailleurs, indiqué, que la moitié des 16 missions de maintien de la paix des Nations Unies sont en Afrique, estimant que le continent, qui fournit des contingents et bénéficie de missions, a un double rôle en matière de maintien de la paix. En conclusion, il a appelé à la finalisation d’un examen conjoint ONU-Union africaine et à une évaluation des différents mécanismes qui sont actuellement disponibles pour financer et soutenir les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité.
M. RAOUL BAZATOHA (Rwanda) a rappelé que son pays avait été le témoin direct de l’échec des Nations Unies en matière de maintien de la paix, estimant qu’il fallait en tirer les leçons pour éviter que cela ne se reproduise. À court terme il a appelé les États Membres et les Nations Unies à faire en sorte que les écarts qui persistent entre les attentes et les moyens des opérations de maintien de la paix soient réduits. Cela suppose, à son avis, une plus grande capacité d’adaptation des trois acteurs du maintien de la paix que sont le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents. Par ailleurs, le Conseil de sécurité doit, selon lui, définir des mandats adaptés et classer par priorité les actions à mener, en ayant pour préoccupation majeure la protection des civils. Le Secrétariat doit faire de son mieux pour réduire la bureaucratie qui l’empêche d’être efficace dans sa réaction aux besoins pressants sur le terrain et les pays fournisseurs de contingents doivent travailler en étroite collaboration avec le Secrétariat pour lui donner les moyens de déployer rapidement un personnel hautement qualifié, a-t-il affirmé. Le représentant a appelé ces pays à moderniser leurs efforts, afin de mettre l’accent sur l’importance de la formation avant et pendant le déploiement, notamment en matière portant sur la protection des civils et en particulier des enfants. Il a par ailleurs rappelé les actions des Casques bleus rwandais déployés sur les terrains des opérations, notamment en Haïti, en RDC, au Darfour et au Soudan du Sud et en République centrafricaine.
À long terme, le représentant a exprimé l’espoir que la relation entre les pays qui définissent les mandats et ceux qui les mettent en œuvre serait optimale, ce qui devrait contribuer à l’efficacité de la gestion et de la planification des missions.
M. GEORGE M. ITANG’ARE (République-Unie de Tanzanie) a relevé que la plupart des opérations de maintien de la paix (OMP) ont évolué, passant d’un cadre de maintien traditionnel de la paix à des opérations multidimensionnelles dotées de capacités robustes, telle que la force d’intervention rapide (FIB) incorporée dans la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Cependant, et en dépit des efforts considérables déployés dans ce sens, les missions de maintien de la paix des Nations Unies continuent de faire face à d’importants défis dans l’accomplissement de leurs mandats, tels que la sécurité et la sûreté du personnel, la protection des civils ou l’appui effectif aux missions, a regretté le représentant. Il a également estimé nécessaire l’amélioration de la coopération régionale et des capacités d’appropriation nationales, réaffirmant, par ailleurs, la nécessité du renforcement du partenariat stratégique avec les organisations régionales, conformément aux recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (HIPPO) et du rapport du Secrétaire général. Ces recommandations restent cruciales, à son avis, pour renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, y compris l’Union africaine. Il a également fait part du ferme engagement de son pays contre les abus sexuels et souligné les mesures prises par la Tanzanie à cet égard, en collaboration avec les Nations Unies. En conclusion, il a fait part de la fierté de la participation des soldats de son pays dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et rendu hommage à ceux qui ont donné leur vie dans l’exercice de leur fonction.
M. EFE CEYLAN (Turquie) a souligné que les 16 opérations de maintien de la paix actuellement déployées ne couvrent qu’une fraction des conflits inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. « Cependant leur succès est crucial pour améliorer la confiance dans le système onusien », a-t-il affirmé, avant d’inviter les Nations Unies à réagir à la menace croissante d’attaques contre le personnel onusien déployé sur le terrain par des groupes terroristes et armés. Se félicitant de la prise en considération des recommandations les plus importantes dans le cadre normatif, notamment le rôle de la médiation dans le règlement pacifique et la prévention des conflits, reconnu par la résolution 70262 de l’Assemblée générale et dans les travaux constructifs du Comité des 34 pendant la présente session, le représentant de la Turquie a invité le nouveau Secrétaire général à garder l’impulsion donnée en 2015 aux discussions sur ces sujets.
Le Comité des 34 reste, selon la délégation turque, le forum le plus approprié pour négocier et développer le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a précisé le délégué, saluant son travail consensuel. Il a également apporté son soutien à la coopération triangulaire entre Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents pour une meilleure définition, planification et exécution des mandats de maintien de la paix dans le but de les rendre plus réalistes et réalisables. À cet égard, il a noté la tendance actuelle de considérer la responsabilité de protéger les civils comme faisant partie des responsabilités de l’ONU, rappelant que, pour son pays, cette responsabilité revient en premier lieu aux États et que les opérations de maintien de la paix devraient toujours être fidèles aux principes du consentement du pays hôte, à l’impartialité et au non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense. Ces principes n’excluent toutefois pas, selon lui, la responsabilité de protection des civils.
En conclusion, le représentant a réaffirmé l’engagement de la Turquie à augmenter sa contribution aux opérations de maintien de la paix, notamment dans le cadre du Système de préparation des moyens de maintien de la paix et de la formation.
L’Observatrice du Saint-Siège, Mme ELIZABETH F. DEFEIS, a déploré l’augmentation du nombre d’attaques envers les civils lors de conflits, précisant qu’au début du XXe siècle, environ 5% des tués concernaient des non-combattants, alors qu’en 1990 ce chiffre atteignait 90%. À ce titre, la protection des civils doit être au centre du mandat des opérations de maintien de la paix, a estimé la représentante. Elle a souligné les conséquences dramatiques de ce fait, notamment sur les femmes et les enfants, comme les déplacements de population massifs, la destruction intentionnelle d’écoles et d’hôpitaux et l’utilisation de civils comme armes de guerre. « Face à ces crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocides et nettoyages ethniques, les États et la communauté internationale ont une grave responsabilité », a-t-elle estimé, en rappelant que le document final du Sommet mondial de 2005 encourageait la communauté internationale à prendre les mesures collectives appropriées contre un État qui aurait failli à sa mission de protection de sa population. La délégation du Saint-Siège, a poursuivi la représentante, est néanmoins consciente que l’application de ces principes est parfois difficilement conciliable avec le principe de non-intervention contenu dans la Charte des Nations Unies. Dans certains cas, a-t-elle estimé, des interventions humanitaires ou des opérations internationales de paix et de sécurité peuvent également faire croire que le principe de souveraineté des États est ignoré au profit de l’application du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui permet au Conseil de constater « l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression » et de faire des recommandations ou de recourir à des mesures militaires ou non militaires « pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ». Or, en raison des pertes humaines intolérables dues à l’inaction, le Saint-Siège invite les États Membres à définir des critères clairs et efficaces dans l’application des principes contenus dans le Chapitre VII de la Charte, a conclu l’Observatrice.
M ERNESTO GRANILLO, Comité international de la Croix-Rouge(CICR), a souligné l’importance de garantir aux opérations de maintien de la paix des fonds et des capacités en adéquation avec les besoins croissants et l’évolution des conditions sur le terrain. Il a attiré l’attention sur le problème de la détention parfois négligé et sous-financé, et où les capacités en termes de logistique, d’infrastructures et de personnel formé ne sont parfois pas adaptées à la réalité du terrain. Le représentant a reconnu les défis d’ordre pratique et légal auxquels sont exposées les missions de l’ONU lors de la prise en charge de détenus, qu'ils soient des criminels de droit commun, des prisonniers de guerre échappés ou relâchés ou des détenus en attente de transfert à la Cour pénale internationale, soulignant l’importance de pouvoir anticiper et se préparer à ces éventualités. « Les infrastructures de détention doivent répondre aux lois et standards internationaux, y compris ceux du droit international humanitaire (DIH) », a-t-il ajouté. Le CICR salue les efforts de l’ONU dans ce domaine, a noté le représentant, notamment à travers la mise en place du mode opératoire standard intérimaire sur les conditions de détention de 2010 dans le contexte des opérations de maintien de la paix. Le représentant a par ailleurs rappelé que l’ONU avait un devoir de précaution dans sa façon de promouvoir auprès des parties au conflit le respect des dispositions légales, notamment lorsqu’elle offrait son soutien à la formation de détenteurs d’armes, cherchait à s’informer sur des violations du droit international ou souhaitait établir le contact avec les populations et les autorités locales. S’agissant de la mission de protection des civils lors des opérations de maintien de la paix, le représentant a rappelé l’importance pour le CICR d’être perçu comme un acteur neutre sur le terrain. « Une confusion ou un flou entre le mandat politique des missions de maintien de la paix et les principes défendus par la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge pourraient mettre en danger notre accès aux personnes dans le besoin et compromettre l’assistance aux victimes lors de conflits armés », a-t-il prévenu. Il a également rappelé le niveau de tension important auquel étaient exposées les populations lors de conflits, et précisé que ni le personnel humanitaire ni les Casques bleus n’avaient le droit de limiter ou d’empêcher leur autonomisation. À ce titre, une des principales missions des Casques bleus est de créer un environnement sûr et propice aux négociations entre populations autochtones, a-t-il conclu.
Mme PATRICIA HERDT, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé que, depuis 10 ans, le mouvement francophone, fort de ses 80 États et gouvernements membres et observateurs, s’est engagé en faveur du renforcement de la participation des pays francophones aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, affirmant que cette participation est en progression constante. Elle a souligné l’importance du multilinguisme dans les phases de préparation, d’intervention et de consolidation des missions et d’une meilleure prise en compte de la diversité des spécificités locales lors du déploiement des opérations. À cet effet, la représentante a précisé que l’OIF avait recommandé la consolidation de la dimension partenariale des opérations de maintien de la paix, tant au niveau des organisations internationales et régionales, qu’au niveau des États contributeurs, par le biais de partenariats innovants.
La représentante a par ailleurs réitéré le soutien de l’OIF à la politique de tolérance zéro en matière d’abus sexuels et annoncé le lancement de programmes consacrés à la formation et au renforcement des capacités des pays francophones dans le domaine du maintien de la paix. Par ailleurs, a-t-elle précisé, dans le cadre de sa collaboration avec le Département d’appui aux missions, l’OIF a organisé, les 24 et 25 octobre 2016 à Paris, un séminaire de formation des « points focaux » des pays francophones appelés à jouer un rôle clef dans le recrutement des personnels de maintien de la paix.