En cours au Siège de l'ONU

Soixante et onzième session  
13e séance – après-midi
CPSD/618

Quatrième Commission: le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix identifie quatre défis majeurs aux opérations de maintien de la paix

La Quatrième Commission (chargée de la décolonisation et des questions politiques spéciales) a entendu lors de sa séance de cet après-midi un exposé du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, qui a identifié quatre défis majeurs rencontrés par les opérations de maintien de la paix.  M. Ladsous partageait la tribune avec le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, M. Atul Khare, à l’occasion de l’examen global de toute la problématique des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.

Dans son intervention liminaire, M. Ladsous a fait le bilan des cinq années passées à la tête du Département de maintien de la paix (DOMP) et des orientations stratégiques qu’il y a impulsées.  Il a identifié quatre défis majeurs auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix, à savoir le consentement des pays hôtes, la protection des civils par le personnel de maintien de la paix, les cas de mauvaise conduite du personnel des missions et la sécurité et sûreté du personnel déployé dans des environnements asymétriques.

Sous sa direction, une approche pragmatique, axée sur le terrain et orientée vers la performance a été adoptée pour la gestion et les réformes des activités de maintien de la paix de l’ONU.  Conscient du fait que les conflits actuels ne peuvent pas être réglés uniquement par l’ONU, il a misé sur les leviers politiques et les avantages comparatifs qu’offrent les acteurs régionaux en approfondissant la collaboration de son Département avec les organisations régionales, en particulier avec l’Union africaine et l’Union européenne.

Depuis 2011, a-t-il précisé, le DOMP a également travaillé à la mise en place des composantes de base de sa vision progressiste, notamment le Système de préparation des moyens de maintien de la paix qui doit permettre de faire correspondre, de manière proactive, les moyens aux besoins du terrain.  Des normes de performance ont été établies, en consultation avec les États Membres, et des normes de formation révisées et améliorées, alors que les outils de maintien de la paix ont été modernisés grâce au recours à des technologies de pointe comme les drones. 

Cette réorganisation a été rendue nécessaire par les défis à relever.  En premier lieu, M. Ladsous a cité le problème du consentement des pays hôte de missions qui a dominé l’engagement de l’ONU au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo et au Sahara occidental.  Le consentement est une rue à double sens, et les Casques bleus, déployés sous le mandat du Conseil, ne devraient jamais être perçus comme des intrus, a affirmé M. Ladsous, pour lequel l’appropriation nationale des processus de paix doit être l’objectif ultime des missions.  L’érosion du consentement des pays hôtes est imputable en partie au manque d’unité au Conseil de sécurité et entre le Conseil et les acteurs régionaux, a-t-il estimé. 

La sécurité et la sûreté du personnel de maintien de la paix déployé dans des environnements asymétriques est une autre source de préoccupation pour son Département.  Même si les nouvelles mesures adoptées ont permis de faire baisser le nombre des victimes au cours des 12 derniers mois, il faudra, selon M. Ladsous, envisager une discussion sur la portée du maintien de la paix dans un contexte de lutte antiterroriste.  Il a réaffirmé qu’à son avis, le maintien de la paix ne peut pas, et ne doit pas être utilisé comme un outil militaire de lutte antiterroriste. 

Pour le Chef du DOMP, le maintien de la paix de demain doit être un outil agile, souple et moderne pour pouvoir répondre aux défis spécifiques du terrain.  Il doit permettre de rapidement déployer l’expertise nécessaire, d’utiliser efficacement les technologies modernes, d’avoir accès aux renseignements et d’être en mesure de s’adapter aux changements sur le terrain.  

Un point de vue partagé par M. Khare, pour lequel le déploiement des opérations de maintien de la paix dans des régions reculées et un environnement dangereux représente un défi logistique de taille.  Avec 17 opérations de maintien de la paix déployées dans un environnement complexe et à haut risque, 142 000 personnes de 123 pays qui y prennent part, et près de 75% des ressources budgétaires du Secrétariat à gérer, son Département est engagé à leur apporter le soutien responsable, rapide et efficace dont ces missions ont besoin pour la réalisation de leurs mandats. 

En vue d’accroître la responsabilisation, renforcer la transparence et faciliter le dialogue entre le personnel, les clients et les parties prenantes, le DAM a mis en place un cadre renforcé de mesure des performances, avec l’introduction à l’horizon 2017/2018 d’une base commune d’indicateurs de performance au sein des opérations de maintien de la paix. Ce cadre permettra de mieux appréhender les lacunes et difficultés.

La Quatrième Commission se réunira à nouveau, vendredi 21 octobre, à 15 heures, pour poursuivre son débat général sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Déclarations liminaires

S’adressant cet après-midi à la Quatrième Commission, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix (DOMP), M. HERVÉ LADSOUS, a rappelé le contexte du maintien de la paix en 2011, date de sa prise de fonction, avant de souligner les nouvelles orientations stratégiques mises en place depuis.

Sous sa direction, une approche pragmatique, axée sur le terrain et orientée sur la performance, a été adoptée pour la gestion et les réformes des activités de maintien de la paix de l’ONU.  Cette orientation a d’ailleurs été confirmée l’an dernier par les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, a précisé M. Ladsous.  Il s’agissait, pour lui, de transformer les missions en « opérations modernes et plus professionnelles », l’objectif étant de revigorer l’engagement collectif en faveur du maintien de la paix vers une réinterprétation de son rôle, y compris en termes de recours à la force.  « Je ne perçois pas le recours à la force et la recherche de solutions politiques comme des notions mutuellement exclusives.  Au contraire, elles se renforcent l’une l’autre », a estimé M. Ladsous.

Conscient du fait que les conflits actuels ne peuvent pas être réglés uniquement par l’ONU, il a estimé qu’il fallait maximiser les leviers politiques et les avantages comparatifs des acteurs régionaux et travailler avec eux.  C’est la raison pour laquelle, sous son leadership, le Département de maintien de la paix a approfondi sa collaboration avec les organisations régionales, en particulier avec l’Union africaine et l’Union européenne.

Parmi les réalisations accomplies en cinq ans, M. Ladsous a cité les deux Sommets des chefs d’État et de gouvernement, en 2014 et 2015, qui ont débouché sur des engagements nouveaux en termes de contributions d’unités en uniforme aux missions de maintien de la paix.  Dans le même ordre d’idées, il a rappelé la première réunion le mois dernier à Londres des responsables de la défense et de la police, la plus grande réunion ministérielle de ce type organisée à ce jour par l’ONU.

Depuis 2011, le DOMP a également travaillé à la mise en place des composantes de base de sa vision progressiste, comme le Système de préparation des moyens de maintien de la paix qui doit permettre de faire correspondre, de manière proactive, les moyens aux besoins du terrain.  Des normes de performance ont été mises en place, en consultation avec les États Membres, et les normes de formation révisées et améliorées, alors que les outils de maintien de la paix ont été modernisés grâce au recours à des technologies de pointe comme les drones. 

Les cinq dernières années ont été intenses d’un point de vue opérationnel, a noté M. Ladsous.  II y a eu le déploiement de trois nouvelles missions, en Syrie, au Mali et en République centrafricaine; d’autres missions ont été reconfigurées comme celles au Soudan du Sud et en RDC.  Le Timor-Leste a été accompagné sur son chemin vers la paix, et le Département en fait de même actuellement en Côte d’Ivoire et au Libéria.  La stabilisation au Mali et en République centrafricaine est en cours, en dépit de processus politiques fragiles.  Au Moyen-Orient, les missions de l’ONU ont maintenu et adapté leur présence malgré une grande insécurité et l’engagement hésitant de certains contributeurs de contingents, a précisé le Secrétaire général adjoint, qui y voit la preuve de la capacité opérationnelle du maintien de la paix à s’adapter à des environnements en évolution.

M. Ladsous a tenu par ailleurs à souligner quatre défis auxquels son Département a été confronté, à commencer par le consentement des pays hôtes.  Il a rappelé à ce sujet que des crises de consentement des autorités du pays hôte ont dominé l’engagement de l’ONU au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo et au Sahara occidental, où il se rendra ce soir.  « C’est inévitable qu’il y ait parfois des désaccords entre partenaires », mais lorsqu’il y a une compréhension fondamentalement différente entre le Conseil de sécurité et les gouvernements hôtes, et au sein même du Conseil, quant au rôle et aux objectifs de l’opération de maintien de la paix, il faut reconnaitre ces divergences et y répondre de manière proactive, a-t-il  affirmé.  Le consentement est une rue à double sens, et les Casques bleus, déployés sous le mandat du Conseil, ne devraient jamais être perçus comme des intrus, a remarqué M. Ladsous, pour lequel l’appropriation nationale des processus de paix doit être l’objectif ultime des missions.  En même temps, il a appelé le Conseil de sécurité à réagir lorsqu’on empêche le personnel de maintien de la paix de s’acquitter de ses fonctions, notamment lorsqu’il s’agit de protéger des groupes spécifiques comme les femmes et les enfants.  Pour lui, « le manque d’unité au Conseil de sécurité et entre le Conseil et les acteurs régionaux induit l’érosion du consentement ».

Pour ce qui est de la protection des civils, il a reconnu que pendant ces cinq ans, de nombreuses situations ont prouvé les écarts qui existent entre les attentes et la capacité à délivrer, citant le cas des massacres sanglants de Beni, au Nord-Kivu, en RDC, alors que les forces de la MONUSCO n’étaient pas loin.  « Malgré le fait que 98% de notre personnel a le mandat de protéger les civils, nous rencontrons encore des difficultés pour le faire », a-t-il regretté, proposant notamment des actions proactives sur le terrain et plus de proximité entre le personnel de maintien de la paix (en uniforme et civil) et les communautés locales.  Pour M. Ladsous, les attaques contre les civils sont souvent des actes politiques et devraient être traitées comme tels dans les efforts politiques pour parvenir à un règlement négocié des conflits.  Il a rappelé le mandat robuste de protection des civils de la MONUSCO, où une Brigade d’intervention a été mise en place.

M. Ladsous a également dénoncé les cas où les Casques bleus deviennent eux-mêmes une menace pour les populations locales, en particulier lorsqu’ils commettent des actes « abjectes » d’abus sexuels.  Le DOMP et le Département d’appui aux missions ont entrepris une action déterminée sur trois fronts –prévention, redevabilité et assistance aux victimes- pour lutter contre ces cas.  « Il faut dénoncer ces actes face à l’impunité, à la fois au sein des missions, au Secrétariat et par les États Membres.  C’est une question trop grave pour laisser les intérêts bureaucratiques et la fierté nationale devenir des obstacles », a affirmé le Chef du Département.

Le quatrième défi est celui de la sécurité et de la sûreté du personnel de maintien de la paix dans des environnements asymétriques.  Même si les nouvelles mesures mises en place ont permis de faire baisser le nombre de victimes au cours des 12 derniers mois, il faudra envisager  une discussion sur la portée du maintien de la paix dans un contexte de lutte antiterroriste, a dit M. Ladsous, soulignant qu’à son avis, le maintien de la paix ne peut pas, et ne devrait pas être utilisé comme un outil militaire de lutte antiterroriste.  Les opérations de maintien de la paix ne sont pas équipées pour cela et leur force repose dans l’accompagnement d’accords de paix politiques, a-t-il précisé.

Par ailleurs, il a avancé quelques idées pour l’avenir du maintien de la paix, notamment la nécessité de forger de nouvelles coalitions pour faire face aux menaces sécuritaires collectives.  Il a invité le Conseil de sécurité à réaffirmer son autorité et exercer plus de pressions collectives sur les parties aux conflits en ayant recours à la diplomatie, au dialogue et à l’engagement politique.  Il reconnaît toutefois que le Conseil de sécurité n’est pas le seul pôle de levier politique, et que des relations stratégiques et opérationnelles avec des acteurs régionaux sont essentielles.

Pour le Chef du DOMP, le maintien de la paix de demain doit être un outil agile, souple et moderne pour pouvoir répondre aux défis spécifiques du terrain.  Il doit permettre de rapidement déployer l’expertise nécessaire, d’utiliser efficacement les technologies modernes, d’avoir accès aux renseignements et d’être en mesure de s’adapter aux changements sur le terrain.

En conclusion, M. Ladsous a dénoncé une « vérité gênante, mais indéniable », à savoir que de nos jours, les structures administratives et gestionnaires de l’ONU, ainsi que ses règles et sa culture, y compris celles de ses organes de contrôle, visent à protéger l’Organisation contre des risques financiers, souvent au détriment de sa capacité sur le terrain à répondre aux risques de violences graves.  « Une structure axée sur des résultats administratifs plutôt qu’humains ne sert pas les principes de l’ONU aussi bien qu’elle le devrait », a regretté le Chef du DOMP, pour lequel il est impératif de redoubler d’efforts pour que le système d’appui aux missions devienne plus souple et plus orienté vers le terrain.

Le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, M. ATUL KHARE, a souligné la complexité des opérations de maintien de la paix face aux divers types de conflits qui peuvent dépasser la capacité de l’ONU à y répondre, se disant toutefois encouragé par le soutien apporté par les États Membres lors de la réunion ministérielle de maintien de la paix de Londres.

Dans son intervention aux États Membres, il a salué leur soutien essentiel pour répondre à l’ampleur de la responsabilité de l’Organisation, et dressé, à cette occasion, un rapide état des lieux: 17 opérations de maintien de la paix se déroulent dans un environnement complexe et à haut risque, 142 000 personnes de 123 pays y prennent part, nécessitant près de 75% du budget du Secrétariat. 

Le déploiement des opérations de maintien de la paix dans des régions reculées et un environnement dangereux représentent un défi logistique de taille, a-t-il fait observer, soulignant que lors de sa visite au Soudan du Sud, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, il a été témoin de la dure réalité et des difficultés auxquelles font face les nombreuses missions dans l’exercice de leurs mandats.  Ces tournées lui ont permis également d’apprécier l’engagement et le dévouement de ceux qui soutiennent les missions de la paix, a-t-il dit dans son intervention axée sur la performance de la gestion, les priorités, les partenariats et la responsabilité collective.

« Nous sommes engagés à fournir des opérations de paix avec le soutien responsable, rapide et efficace dont elles ont besoin pour la réalisation de leurs mandats », a-t-il précisé, se félicitant des progrès accomplis malgré les difficultés de la tâche.

M. Khare a indiqué que, cette année, le Département de l'appui aux missions (DAM) avait réorganisé la gestion du rendement afin de pouvoir mieux mesurer les progrès et améliorer le niveau des performances. De même, il a souligné la mise en place d’une évaluation trimestrielle des initiatives prioritaires.

En vue d’accroître la responsabilisation, renforcer la transparence et faciliter le dialogue entre le personnel, les clients et les parties prenantes, le DAM a mis en place un cadre renforcé de mesure de performance, avec l’introduction à l’horizon 2017/2018 d’une base commune d’indicateurs de performance au sein des opérations de maintien de la paix.  Ce cadre permettra de mieux appréhender les lacunes et difficultés.

Pour apporter des solutions rapides, efficaces, fiables et durables aux problèmes rencontrés sur le terrain, le Secrétaire général adjoint a estimé nécessaire de continuer à se concentrer sur l’ensemble des initiatives prioritaires sur le long terme, annoncées l’année dernière, à savoir la gestion logistique, l’impact environnemental, comme préconisé par l’Assemblée générale, l’utilisation accrue des technologies et de l’innovation, en plus de la prochaine mise en œuvre de réformes issues du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (HIPPO) et des recommandations du Secrétaire général.  Tous ces processus de réformes nécessitent, à son avis, une approche à long terme pour leur élaboration et mise en œuvre intégrale, en plus d’un engagement du Département d’appui aux missions et un soutien des parties prenantes. 

Abordant le volet du partenariat, il a cité quelques exemples d’expériences concluantes, tels le projet de partenariat triangulaire, inauguré l’an dernier avec un soutien budgétaire additionnel du Japon, qui vise à renforcer les unités de génie militaire dans les missions de maintien de la paix en Afrique, et le projet relatif aux académies de transmissions, financé également par le Japon, qui a pour objectif de former à l’utilisation des transmissions dans les missions de l’ONU. Ce concept pourrait être étendu à d’autres domaines, notamment aux services médicaux, a précisé le Secrétaire général adjoint.

Débat général

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc), au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a souligné la nécessité d’adopter une « approche plus prudente » concernant les nombreux développements et changements intervenus dans le domaine du maintien de la paix des Nations Unies, après l’évaluation de l’année dernière.

De nouvelles politiques ont été planifiées, parfois même mise en œuvre, sans que les États Membres aient été consultés, a-t-il précisé.  La dernière révision sur les fonctions, structures et capacité de la Division de la force de police est un exemple flagrant où le Secrétariat « apparaît agir sous pression » pour mettre en œuvre les recommandations émanant de cet examen, avant de les soumettre au Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34 ou C34) qui doit disposer », a-t-il regretté.

Le NAM, a poursuivi M. Laassel, souhaite réaffirmer que le C34 est le seul forum des Nations Unies mandaté pour examiner de manière globale l’ensemble des questions relatives au maintien de la paix sous tous ses aspects, y compris les mesures visant à améliorer les capacités de l’ONU à mener ses opérations de maintien de la paix. Il est extrêmement important, a-t-il estimé, de veiller à la recherche d’un consensus parmi les États Membres sur l’élaboration de politiques, soulignant que seules les idées et approches adoptées collectivement par les États Membres doivent être appliquées.

À cet égard, a-t-il dit, « nous réaffirmons notre appel au Secrétariat de se retenir de mettre en œuvre une série de politiques n’ayant pas fait l’objet d’un accord préalable au sein du processus intergouvernemental.  À cet égard, le NAM demande au Secrétaire général un rapport détaillé sur les recommandations émanant des trois examens de l’année dernière, a dit le représentant.

Il a également exprimé le souhait du Mouvement de voir la prochaine session du C34 aussi importante que les précédentes, au regard de la série de recommandations contenues notamment dans les rapports du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies (HIPPO) et du Secrétaire général.

« Nous nous attendons à une session difficile, mais demeurons confiants quant à la capacité des discussions sur les nombreuses recommandations à aider à relever les défis et répondre à la complexité des questions auxquels les opérations de maintien de la paix et les Casques bleus font face aujourd’hui », a-t-il conclu.

M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie), au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a affirmé que le maintien de la paix doit être conforme aux principes de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’aux principes de base comme le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense.  Il a estimé que les missions militaires ne peuvent mener à une paix durable et que, par conséquent, l’ASEAN s’associait au point de vue du Groupe indépendant de haut niveau chargé d'étudier les opérations de paix, pour placer les solutions politiques au cœur des décisions de déploiement d’une mission.  Ainsi, l’ASEAN soutient la diplomatie préventive et la médiation et insiste sur la nécessité d’une étroite collaboration entre la Commission de consolidation de la paix et les opérations de maintien de la paix (OMP).

Les pays de l’ASEAN condamnent tout acte de violence à l’encontre du personnel de l’ONU et réaffirment le besoin d’assurer la protection de tout le personnel de missions, a-t-il poursuivi.  À cette fin, il faut améliorer, à son avis, les connaissances situationnelles et les capacités de réponse des Casques bleus, notamment à travers une bonne formation d’avant-déploiement et de bons équipements de protection.  Il a également encouragé la coopération et les partenariats entre Nations Unies, États Membres et organisations régionales et sous-régionales.  À ce titre, l’ASEAN salue les solutions régionales.  Ces partenariats doivent être renforcés à la fois sur le plan stratégique et opérationnel, a-t-il précisé.  

Le représentant de l’ASEAN s’est associé à l’indignation de la communauté internationale suite aux allégations d’abus sexuels commis par le personnel de missions onusiennes, affirmant que de tels actes nuisent à la réputation de l’Organisation et sapent la capacité des missions à réaliser leurs mandats.  Par conséquent, il faut y répondre et les États Membres doivent étroitement collaborer avec l’ONU pour appliquer les recommandations du rapport du Comité de maintien de la paix, notamment la comparution en justice des responsables de tels actes et l’application de la politique de tolérance zéro, a réitéré le représentant. 

Il a également indiqué que le maintien de la paix était l’un des principaux piliers de la coopération politique et sécuritaire de l’ASEAN.  4 800 policiers, conseillers militaires et personnel en uniforme sont actuellement déployés dans des OMP de l’ONU, a-t-il dit, et des centres de formation de prédéploiement de pointe existent à Singapour, en Malaisie, en Thaïlande, au Cambodge, en Indonésie et aux Philippines.  Compte tenu de l’importance de la contribution des pays de l’ASEAN au DOMP et au Département d’appui aux missions, ces Départements devraient avoir plus de personnel et davantage de postes de direction réservés à cette région au sein des missions.  À ce jour, l’ASEAN a l’impression d’être « sous-représentée » au Siège et sur le terrain, a-t-il dit.

S’exprimant ensuite en sa qualité nationale, le représentant indonésien a souligné la nécessité d’élaboration de mandats clairs et réalistes pour les opérations de maintien de la paix.  L’Indonésie soutient l’idée de passer d’une culture de réaction à une culture de prévention dans le règlement des conflits, a poursuivi le représentant, rappelant qu’actuellement 2 867 Casques bleus indonésiens sont déployés dans 10 missions et s’engageant à faire passer ce nombre à 4 000 d’ici à 2019.  Compte tenu de sa contribution au maintien de la paix de l’ONU, l’Indonésie souhaiterait pouvoir aspirer à une meilleure représentation aux niveaux décisionnels et de leadership du DOMP, au Siège ou sur le terrain, a indiqué le représentant, annonçant par ailleurs que son pays avait postulé à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2019-2020.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a salué, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les efforts déployés par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Département de l'appui aux missions (DAM) pour leur diligence et engagement dans les efforts de l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.

La CARICOM est consciente de l’ampleur de la tâche ardue et des conditions souvent précaires dans le monde où évoluent les Casques bleus, et salue leur sacrifice, dévouement et courage et le lourd tribut qu’ils paient dans l’exercice de leur fonction.

À cet égard, la CARICOM a fait part de son soutien aux efforts visant à renforcer les capacités du système des Nations Unies pour assurer la sécurité et la sûreté du personnel des Nations Unies, a dit le représentant.

Il a précisé que les États membres de la CARICOM accueillent une mission unique de maintien de la paix dans la région: la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), pays qui se relève difficilement des pertes tragiques en vies humaines et des dégâts matériels consécutifs au passage de l’ouragan Matthew qui a balayé Haïti au début d’octobre.  Le représentant a évoqué à ce sujet les défis que doit relever ce pays en matière de reconstruction et de relèvement, couplés à l’incertitude quant au respect du calendrier de l’élection présidentielle, en raison de l’incidence de cette catastrophe naturelle.  Dans de telles circonstances, il a salué la capacité d’adaptation des opérations de maintien de la paix comme la MINUSTAH, qui peuvent mobiliser des efforts d’intervention rapide, essentiels au maintien de la paix et de la sécurité.

La CARICOM, a-t-il poursuivi, a toujours estimé le maintien de la paix comme une composante essentielle dans les efforts des Nations Unies pour le passage difficile d’un état de conflit à la paix, a indiqué M. Rattray, pour qui le maintien de la paix est l’un des moyens les plus efficaces dont dispose l’ONU pour soutenir le processus de transition dans les pays sur la voie de la restauration et de la consolidation de leur processus démocratique.

En conclusion, il a fait part de l’engagement total et considérable de la CARICOM en faveur des opérations de maintien de la paix de l’ONU, et de sa contribution et participation active sur tous les aspects des questions actuelles et futures relatives au maintien de la paix.

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’importance des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans l’appui à la paix et à la sécurité internationales.

Il a souligné la nécessité pour ces opérations de respecter les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le respect de la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et la non-ingérence dans les affaires internes des États, le consentement des parties, et l’abstention du recours à la force excepté en cas de légitime défense.

Il a estimé que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34 ou C34) est l’unique corps intergouvernemental auquel incombe l’examen de manière exhaustive et sous tous leurs aspects de toutes les questions relatives aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Pour être efficaces les opérations doivent bénéficier de l’appui politique et disposer de mandat clairement défini et viable, a-t-il poursuivi, soulignant qu’elles ne sont pas une fin en soi et qu’il est important de les accompagner d’une stratégie de sortie orientée sur le développement économique et social.

Le représentant de la CELAC a, en outre, insisté sur le comportement éthique du personnel participant aux opérations de maintien de la paix. « Nous défendons de manière absolue la politique de l’Organisation de tolérance zéro dans le cas d’exploitation et d’abus sexuels », ajoutant que  la CELAC a noté avec « préoccupation l’augmentation du nombre d’accusations d’exploitations sexuelles » et affirmé qu’il est important d’enquêter rapidement pour déterminer les responsabilités.

M.PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande), au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ) a appelé les États Membres à s’attaquer collectivement aux questions de fond du maintien de la paix.  À ce titre il a estimé que les solutions et processus politiques inclusifs sont essentiels pour la prévention de conflit et pour toute paix durable.  Le système de l’ONU a, selon lui, la responsabilité de parvenir à une paix durable (avant, pendant et après conflit).  À cet égard, a-t-il dit, les membres du CANZ saluent la résolution historique conjointement adoptée sur cette question par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale en avril dernier.

Abordant la question des capacités opérationnelles du Département des opérations de maintien de la paix, il a mis l’accent sur la formation du personnel de maintien de la paix -y compris avant son déploiement- ainsi que sur sa sécurité.  Il s’agit là d’une responsabilité collective qui appelle des approches communes pour mieux comprendre la situation sécuritaire sur le terrain et améliorer les mandats, les ressources, la planification et l’exécution des opérations de paix, a-t-il estimé.

Pour le goupe CANZ, il faudrait que les plans de sécurité et de sûreté de l’ONU soient adaptés en fonction de la situation sécuritaire sur le terrain.  Il faudrait pour cela disposer d’une meilleure analyse situationnelle, de plans d’urgence, de forces de réaction rapide bien équipées, de nouvelles technologies, de renseignements fiables, d’un soutien médical et de capacités d’évacuation sanitaire, a indiqué le représentant.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le groupe CANZ souhaiterait voir une meilleure cohérence au niveau du système de l’ONU pour renforcer ses capacités d’alerte rapide, d’évaluation et d’une meilleure appréciation de la situation, ainsi que de meilleurs mécanismes de planification intégrés pour faciliter les interventions d’urgence. 

Le représentant a également souligné l’importance des stratégies de communication sur mesure au sein des missions pour permettre aux populations locales de mieux comprendre les mandats et activités des missions onusiennes.

Le représentant a d’autre part insisté sur la nécessité de mandats clairs et proactifs, en particulier pour les missions qui prévoient un mandat de protection des civils.  Le groupe CANZ salue le soutien de plus en plus marqué des États Membres aux Principes de Kigali sur la protection des civils, a précisé le représentant, qui s’est prononcé pour une meilleure représentation des femmes au sein des OMP, sur le plan militaire, policier et civil.  En conclusion, le représentant du groupe CANZ a fermement condamné les cas d’exploitation et d’atteinte sexuels commis par des membres du personnel de l’ONU, des Casques bleus ou des forces non onusiennes.  Il a exhorté les États Membres et l’ONU à améliorer la transparence et la responsabilisation en matière d’abus sexuels.

Mme JOANNE ADAMSON, au nom de l’Union européenne (UE), a affirmé que le maintien de la paix est en évolution constante, fait imputable, en partie, à l’implication croissante d’acteurs non étatiques dans les crises.  Les Missions sont devenues plus proactives et pluridimensionnelles et sont souvent chargées de promouvoir la stabilité d’après-conflit, a remarqué la représentante. 

Pour les pays de l’UE, il est important de continuer à identifier les nouveaux défis et d’y répondre, a-t-elle dit.  Après avoir énuméré les recommandations du rapport HIPPO de 2015 sur la nouvelle architecture du maintien de la paix ainsi que les priorités fixées par le Secrétaire général dans son rapport en réponse au Groupe HIPPO, notamment en matière de prévention, de médiation, d’intensification des partenariats et d’élaboration de nouvelles méthodes de planification et de conduite des OMP pour les rendre plus rapidement déployables, plus redevables et mieux équipées, la représentante de l’UE a rappelé les contributions significatives de l’Union en termes d’orientation des OMP de l’ONU.  L’UE est prête à poursuivre sa contribution aux discussions en cours dans les comités pertinents, partant du principe qu’il s’agit d’un véritable partenariat mondial, a-t-elle précisé.

Pour les pays de l’UE, aucune OMP ne peut se substituer à un processus politique, et, par conséquent, la prévention et la médiation doivent devenir prioritaires.  Cela permettrait d’envoyer un message clair pour dire que le système mondial a la ferme intention de réduire le nombre de conflits armés, a-t-elle estimé.  Par ailleurs, les efforts de consolidation de la paix doivent être « synchronisés » avec les efforts de maintien de la paix, selon elle. 

Pour l’UE, la protection des civils et la prévention des crimes de masse doivent être au cœur des mandats des OMP, en particulier la protection des femmes et des enfants dans les conflits armés, a indiqué la représentante, affirmant soutenir les efforts de l’ONU de réaction rapide face aux allégations d’abus sexuels commis par le personnel de missions onusiennes.  Par ailleurs, l’appropriation nationale des processus de paix est essentielle, selon Mme Adamson, qui s’est prononcée pour une plus grande proximité entre Casques bleus et populations locales.  Un autre élément crucial pour le règlement de conflits est la lutte contre la corruption, a-t-elle ajouté.

La représentante de l’UE a également réaffirmé la nécessité de doter les missions de mandats clairs, cohérents et réalisables qui prévoient une composante humaine importante, et a estimé que les phases de transition et les stratégies de sortie doivent être envisagées au plus tôt.  L’UE reconnaît en outre qu’il faut mettre les intentions politiques et les capacités opérationnelles du DOMP en phase pour assurer le succès des opérations, a-t-elle dit, avant de saluer l’initiative du Secrétaire général qui exige désormais des certificats de formation pour le personnel de maintien de la paix, militaire, de police ou civil.

En conclusion, elle a indiqué que l’ONU et l’UE sont en train de renforcer leur partenariat dans des questions d’intérêt mutuel dans le cadre du Partenariat stratégique pour le maintien de la paix et la gestion des crises pour la période 2015-2018.   

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