Soixante et onzième session,
18e séance – matin
AG/EF/3459

Des délégations de la Deuxième Commission plaident pour la soutenabilité de la dette souveraine afin de libérer des fonds pour le développement durable

De nombreuses délégations de la Deuxième Commission (économique et financière) ont, au cours de la dernière séance consacrée aux questions de politique macroéconomique et sur le suivi et la mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement, averti que la dette souveraine des États pourrait entraver leurs efforts en vue de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elles ont ainsi rappelé que cela avait déjà été le cas dans le contexte de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Dans le rapport du Secrétaire général sur la question de la dette, il est noté que la mise en œuvre du Programme 2030 au cours des 15 prochaines années nécessitera jusqu’à 7 000 milliards de dollars par an.  Il sera donc essentiel d’assurer la soutenabilité de la dette des pays en développement si l’on entend réaliser ces objectifs avant la date butoir.

C’est fort de ce constat que l’Observateur permanent du Saint-Siège a estimé que la soutenabilité de la dette était « une condition vitale de la réalisation des objectifs de développement durable ».  L’Observateur a ainsi rappelé la résolution 69/319 de l’Assemblée générale portant sur les « Principes fondamentaux des opérations de restructuration de la dette souveraine », qui avait été adoptée en septembre 2015.  Il a souhaité que l’esprit de ce texte soit considéré comme étant une partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Par cette résolution, l’Assemblée générale réaffirme notamment que « tout État souverain a le droit, dans l’exercice de son pouvoir discrétionnaire, d’élaborer sa politique macroéconomique, et notamment de restructurer sa dette souveraine, droit dont nulle mesure abusive ne saurait empêcher ou gêner l’exercice ».

Des initiatives prises dans les années 1990 et 2000, notamment l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM), ont permis de réduire le fardeau de la dette que subissent les pays en développement.  Néanmoins, le montant total de la dette extérieure des pays en développement et des économies en transition a atteint environ 6 800 milliards de dollars en 2015, contre 2 100 milliards de dollars en 2000, relève le rapport du Secrétaire général.

Cette situation s’explique en partie par la crise économique et financière de 2008.  Certains pays, dont le Soudan, n’ont pas bénéficié des mécanismes d’allègement de la dette du fait des sanctions économiques unilatérales qui lui sont imposées, a déploré son représentant.

Pour s’assurer que cette question aura l’attention qu’elle mérite de la part de la communauté internationale, la déléguée de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a fait remarquer que les ministres des finances de son organisation avaient plaidé en faveur de la définition de cibles en matière d’endettement sous l’objectif 17 de développement durable, afin d’éviter les risques de surendettement dans tous les pays.  Ils avaient également appelé à un mécanisme d’allègement de la dette qui soit plus rapide, plus large, plus transparent et impartial que les mécanismes actuels, a-t-elle ajouté.

De nombreux représentants de pays en développement, dont le Nigéria, la Libye et l’Afrique du Sud, ont également insisté sur le renforcement de la coopération internationale pour lutter contre les flux financiers illicites, en particulier ceux en provenance d’Afrique.  Ce continent perd 50 milliards de dollars par an du fait de ce fléau, souligne le rapport, publié en 2014, par le  Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites en provenance d’Afrique. 

Le représentant de l’Algérie s’est plaint de l’évasion fiscale qui, a-t-il dit, constitue un obstacle dans la mobilisation des ressources nationales pour financer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Son homologue du Nigéria a indiqué, quant à lui, que sa délégation déposera un projet de résolution, à la présente session, sur les moyens de faciliter le retour de ces fonds détournés vers les pays d’origine.

 Les délégations de la Deuxième Commission sont également revenues sur l’importance du commerce dans le cadre du développement durable.  La représentante du Qatar a plaidé pour la conclusion du Cycle des négociations commerciales de Doha, tandis que d’autres États Membres ont préconisé l’établissement d’un système commercial multilatéral qui soit universel, ouvert, transparent, inclusif et non discriminatoire.

D’autres orateurs, à l’instar de la Chine, ont souhaité une réforme du système financier international pour que les « nouvelles réalités économiques mondiales soient prises en compte ».

La Deuxième Commission reprendra ses travaux lundi prochain, 24 octobre, à 10 heures.  Elle examinera la question du développement agricole, de la sécurité alimentaire et de la nutrition.

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE

a) Commerce international et développement (A/71/275 et A/71/15 (Part I))

b) Système financier international et développement (A/71/312 et A/71/221)

c) Soutenabilité de la dette extérieure et développement (A/71/276)

SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT (A/71/311 ET A/71/88–E/2016/68) [POINT 18]

Débat général

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a mis l’accent sur le Plan d’action d’Addis-Abeba, pilier des efforts visant à renforcer le partenariat mondial pour le développement durable et complémentaire du Programme à l’horizon 2030.  La représentante a souligné qu’il était nécessaire de stimuler la croissance économique et de s’engager activement en faveur d’un développement durable.  Elle a fait observer que l’aide publique au développement (APD) contribuait à financer les programmes de développement, non seulement pour réduire la pauvreté mais également pour mieux répondre à la crise des réfugiés.

Le Qatar a organisé une Conférence de suivi international sur le financement du développement et continuera de déployer tous les efforts nécessaires pour assister les pays en développement, a assuré son représentant.  Le Qatar veut être chef de file en matière de coopération Sud-Sud, qu’il juge essentielle.  Elle doit être fondée sur la solidarité et des intérêts communs, a-t-elle estimé.  De l’avis de sa délégation, toutes les sources de financement publiques ou privées doivent être mobilisées, a-t-elle ajouté, en soulignant à cet égard l’importance de respecter les priorités nationales.  Comme le commerce stimule la croissance économique durable pour les pays en développement, ceux-ci devraient bénéficier de prêts préférentiels, a suggéré la représentante, avant d’appeler à conclure rapidement le Cycle des négociations de Doha.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a regretté les spéculations financières et les déséquilibres découlant du système économique actuel, qui entrave la création d’emplois indispensables pour éliminer la pauvreté.  Le représentant a plaidé pour une réforme de l’architecture financière internationale qui puisse assurer une participation plus active des pays en développement.  Il a estimé que les distorsions du système capitaliste exigent que de nouveaux mécanismes soient créés pour résoudre le problème de la dette extérieure.  Le financement international ne peut pas affecter négativement le développement de programmes sociaux, a-t-il fait remarquer.  Constatant la dissonance entre le secteur financier international et l’économie réelle, le Venezuela soutient les initiatives de nouvelles institutions financières internationales telles que la Banque asiatique d’investissement.  M. Ramirez Carreño a également rappelé que la coopération Sud-Sud et la coopération Nord-Sud par le biais de l’APD étaient nécessaires, afin de garantir la stabilité du financement des activités opérationnelles de développement.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a souligné que la situation mondiale complexe exigeait un système financier stable, ouvert, équitable et inclusif qui permette d’avancer vers un développement durable.  Il faudrait également une meilleure coordination entre les autorités monétaires concernant les politiques macroéconomiques afin de prévenir la volatilité des marchés financiers.  Le Panama estime que le commerce international est une force motrice pour la réalisation des objectifs de développement durable, qui doit être accompagnés de politiques de soutien, d’infrastructures adéquates et de ressources humaines qualifiées.

La coopération Sud-Sud joue de plus en plus un rôle complémentaire à la coopération Nord-Sud mais elle ne doit pas s’y substituer, a estimé Mme Flores Herrera.  Les investissements étrangers directs contribuent également au développement durable et les banques multilatérales doivent adapter leurs politiques pour appuyer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a ajouté la représentante.

M. MAX H. RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a plaidé pour un système commercial multilatéral qui soit universel, ouvert, transparent, inclusif et non discriminatoire.  Il est crucial de conclure le Cycle des négociations de Doha  afin d’améliorer l’accès aux marchés et d’accroître l’assistance technique pour renforcer les capacités nationales des pays en développement, a-t-il affirmé.  Le représentant a appelé les membres de l’OMC à mieux réguler les subventions au secteur de la pêche, en interdisant notamment celles qui contribuent à des pratiques excessives de la pêche.

Le délégué a ensuite détaillé les mesures prises par son pays pour faire des échanges commerciaux un moteur de croissance économique, soulignant ainsi les réformes fiscales ambitieuses qui contribueraient à une meilleure mobilisation des ressources nationales et à une intégration stratégique des petites et moyennes entreprises.  Il est important d’assurer la mise en œuvre efficace du Plan d’action d’Addis-Abeba pour atteindre les 17 objectifs définis par le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il insisté.  Saluant l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques le 4 novembre prochain, le représentant a plaidé pour un financement accru des efforts visant à remédier aux conséquences des changements climatiques.

M. HUA YE (Chine) a plaidé pour une réforme du système financier international afin de mieux prendre en compte les nouvelles réalités économiques mondiales, d’améliorer la capacité de gestion de crise des institutions financières internationales et de renforcer les moteurs de la croissance économique mondiale.  Il a souligné les avancées accomplies à ce titre, dont les mesures importantes prises par le FMI dans sa réforme des quotes-parts, avant de se féliciter du succès du récent Sommet du G20 à Hangzhou.  Un consensus a été forgé lors de ce Sommet pour renforcer la mise en œuvre des initiatives prises en vue de réformer le système financier international, s’est-il félicité.

La délégation de la Chine est opposée à toute forme de protectionnisme commercial, a tenu à préciser son représentant, en soulignant qu’il était nécessaire de renforcer le système commercial international.  « Nous devons renforcer la capacité des pays développés à prendre part à la chaîne de valeur internationale et à en bénéficier », a-t-il affirmé.  La Chine, a-t-il indiqué, œuvre à l’application de la Stratégie du G20 pour la croissance du commerce international formulée lors du Sommet de Hangzhou.

Le représentant a souhaité une mise en œuvre effective du Plan d’action d’Addis-Abeba et appelé les pays développés à s’acquitter de leurs promesses au titre de l’aide publique au développement (APD).  Il a rappelé que son pays avait  fourni, au cours des décennies écoulées, une assistance multidimensionnelle à plus de 100 pays en développement dans les domaines financier, technologique et de l’accès aux marchés.  Avec l’opérationnalisation d’institutions telles que la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures et la Nouvelle Banque de développement des pays du groupe BRICS, la Chine apportera une contribution accrue au développement, a assuré le délégué avant de conclure.

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a indiqué que l’heure est venue de mettre en œuvre un certain nombre de textes agréés sous l’égide des Nations Unies, notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Plan d’action d’Addis-Abeba.  La priorité est d’en intégrer les engagements dans les plans nationaux de développement et les cadres régionaux de développement, et de mobiliser les ressources adéquates à l’appui de cette mise en œuvre.  Pour sa part, son pays a pris l’initiative d’inscrire ces engagements dans son huitième plan quinquennal de développement national économique et social, qui couvre la période 2016-2020 et porte sur trois domaines spécifiques: la croissance économique durable, le développement social et la protection environnementale.  En outre, la République démocratique populaire lao participe activement aux cadres de coopération établis par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour éradiquer la pauvreté dans la sous-région et y développer les infrastructures visant à promouvoir le commerce, l’investissement et le tourisme.

M. JOHN CHIKA EJINAKA (Nigéria) a déclaré que, dans un effort visant à améliorer sa compétitivité au niveau international, son pays avait fait du commerce et de l’investissement direct étranger les deux axes directeurs de son programme économique.  En outre, le Gouvernement a pris des mesures pour diversifier son économie parallèlement à l’exploitation des hydrocarbures, en privilégiant l’exportation des produits agricoles et l’extraction de minerais solides.  Conscient de l’importance des envois de fonds, le Nigéria a estimé que des efforts devaient être entrepris au niveau mondial sur le plan politique pour renforcer l’impact de ces envois dans les pays en développement.  Le représentant s’est notamment élevé contre le monopole exercé par les opérateurs chargés des transferts financiers, dont les coûts sont jugés trop élevés.

« Le Nigéria est convaincu que les autres parties prenantes telles que les services postaux, les coopératives d’épargne et de crédit, et les institutions de microfinancement devraient être autorisées à proposer des services faits sur mesure pour les populations rurales des pays en développement », a affirmé M. Ejinaka.  Il a par ailleurs demandé à la communauté internationale d’entreprendre le plus rapidement possible une réforme de la structure de gouvernance des institutions financières internationales au sein de laquelle l’Afrique serait mieux représentée.

Le représentant a en outre appelé à établir des mesures pour assurer la soutenabilité de la dette extérieure des pays en développement.  Il a expliqué que le service de la dette entravait les perspectives de développement de ces pays.  Il a également appelé à lutter contre les flux financiers illicites, en annonçant que le Nigéria déposera, au cours de la présente session de l’Assemblée générale, un projet de résolution sur la coopération internationale pour la lutte contre les flux financiers illicites.  Le texte invitera également la communauté internationale à œuvrer pour le retour de ces fonds détournés vers les pays d’origine.

M. LEULSEGEDE TADESSE ABEBE (Éthiopie) s’est dit satisfait de l’initiative de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de la Banque mondiale qui entendent renforcer les programmes sur les filets de sécurité, afin d’assurer une protection sociale universelle.  Il a estimé que l’initiative d’Addis-Abeba sur les taxes, et le nouveau concept des « Inspecteurs des impôts sans frontières »  avaient permis de mettre sur pied des projets majeurs dans le domaine de la lutte contre l’évasion fiscale.  Il a ensuite appelé au renforcement de la coopération pour lutter contre les flux financiers illicites, particulièrement ceux en provenance d’Afrique car, a-t-il fait remarquer, le continent perd 50 milliards de dollars par an du fait de ce fléau.  Il a aussi plaidé pour le respect des engagements en matière d’APD et pour la mobilisation des investissements étrangers directs qui sont un levier majeur de l’éradication de la pauvreté.  Il a, enfin, insisté sur la nécessité d’augmenter l’aide au commerce en faveur des pays en développement.

M. ABDULMONEM A. H. ESHANTA (Libye) a  plaidé afin que l’aide au commerce soit renforcée en faveur des pays en développement.  Il a souhaité une plus grande représentativité de ces pays au sein des structures de gouvernance des institutions financières internationales afin que leur voix soit davantage prise en compte.  « Nous avons besoin d’un système financier international qui met les investissements au service du développement », a-t-il insisté.  Le représentant libyen a rappelé aux pays développés l’importance de respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement, tout en les invitant à œuvrer pour la restructuration de la dette souveraine des États.  Il a expliqué que cette dette a été le principal obstacle pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et qu’elle risquerait d’entraver les efforts entrepris pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Le représentant s’est ensuite insurgé contre la fuite des capitaux de pays en développement vers les pays développés ou vers des paradis fiscaux.  Il a appelé la communauté internationale à établir des mécanismes de restitution des fonds pillés vers les pays d’origine, y compris le sien.

M. PABLO SORIANO (El Salvador) a indiqué que El Salvador attachait une grande importance à la solidarité et à la coopération internationale, outils essentiels à la croissance économique.  Il a estimé qu’il incombe aux Nations Unies de réformer l’architecture du système financier et commercial mondial afin de permettre aux pays en développement de participer activement aux marchés internationaux.  Le Plan d’action d’Addis-Abeba et l’APD sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable.  En ce qui concerne la dette souveraine, M. Soriano a salué les efforts des délégations pour trouver une solution juste et équilibrée qui permettra de négocier une restructuration de dette dans des conditions équitables.  Rappelant les incidences négatives des capitaux spéculatifs sur les pays en développement, il a plaidé pour un système économique et financier international adapté aux besoins de ces pays.  Enregistrer des progrès sur la dette souveraine contribuerait à établir une économie mondiale plus juste, plus saine et plus équilibrée.  M. Soriano a également souligné la nécessité de trouver des solutions concernant la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a plaidé pour la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha, en rappelant que la transparence, l’inclusion, les traitements spéciaux et différenciés dans la sphère du commerce international doivent être de mise en faveur des pays en développement.  Il a également appelé à un financement adéquat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui est l’instance principale des Nations Unies pour débattre des questions de commerce et de développement, ainsi que des questions connexes, a-t-il estimé.

Le représentant s’est ensuite inquiété de la diminution de l’APD, en appelant les donateurs à respecter leurs engagements en la matière, notamment en augmentant le niveau d’APD consacrée aux pays africains, aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID).  Les flux financiers illicites, a-t-il souligné, ont un impact négatif sur l’économie des pays en développement, notamment sur leurs capacités de mobilisation des ressources nationales.  Le représentant a ensuite fait remarquer que le rapport du Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites en provenance d’Afrique avait clairement établi que les activités criminelles représentent 30% de ces fonds tandis que la corruption représente 5% de ces flux illicites partant d’Afrique.

M. MOURAD MEBARKI (Algérie) s’est dit préoccupé par la baisse des flux financiers internationaux vers les pays en développement en 2015.  De plus, les mises à jour de données faites par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour le premier semestre 2016, a-t-il fait remarquer, sont très pessimistes et particulièrement inquiétantes pour les pays en développement. M. Mebarki s’est dit en revanche encouragé par l’augmentation de la coopération Sud-Sud, tout en prévenant que cela ne doit pas conduire les pays développés à se soustraire à leurs engagements en faveur de l’aide publique au développement, au titre de la coopération Nord-Sud.  Pour les pays en développement, le plus grand défi en matière de mobilisation nationale de fonds tient à l’absence de liquidités mais également à l’évasion fiscale ainsi qu’à d’autres flux de capitaux illicites.  Il a ainsi lancé un appel pour renforcer la coopération en vue de lutter efficacement contre ces flux illégaux et garantir leur retour dans les pays d’origine.

M. SALVADOR DE LARA RANGEL (Mexique) a mis l’accent sur le financement du développement tel qu’il a été défini dans le Plan d’action d’Addis-Abeba, lequel, a-t-il dit, représente une étape très importante sur la voie tracée par la Conférence de Monterrey, au Mexique, en 2002.  Le représentant a rappelé que la Conférence de Monterrey avait été la première que l’Organisation des Nations Unies ait organisée dans son histoire pour débattre de questions décisives sur le financement du développement.  Le représentant du Mexique a souligné qu’il était essentiel de mettre en œuvre, d’assurer le suivi et d’évaluer l’efficacité des flux de financement pour le développement, en utilisant des systèmes existants, afin de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. MURTADA HASSAN (Soudan) a plaidé pour un système financier international juste qui bénéficie à tous.  Il a estimé que ce système contient des lacunes et qu’il faut y remédier afin d’assurer son efficacité et son impartialité.  Beaucoup de pays en développement sont victimes de ces lacunes, car ils sont sous-représentés dans les instances dirigeantes de ces organisations.

La question de la dette souveraine est un grand problème pour le Soudan,
a-t-il indiqué en soulignant que l’endettement du pays avait conduit à une diminution des indicateurs de développement humain au Soudan.  Le pays devrait pouvoir bénéficier de certaines initiatives d’allégement de sa dette dont les pays de sa catégorie bénéficient, a estimé le représentant.  Le Soudan en est privé en raison des sanctions économiques unilatérales qui lui sont imposées, comme à d’autres pays du reste, a-t-il fait remarquer.    

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège a rappelé que le pape François avait lui-même qualifié leur développement de « bien commun mondial ».  Convaincu que le commerce a un rôle important à jouer dans la mise en œuvre du Programme 2030, l’Observateur du Saint-Siège considère également que garantir un système financier international stable, effectif et inclusif est fondamental si l’on veut ne laisser aucun pays à la traîne.  Il a, d’autre part, plaidé pour le maintien de la soutenabilité de la dette extérieure dans les pays en développement, en estimant qu’il s’agit là d’une condition vitale de la réalisation des objectifs de développement durable. 

L’Observateur du Saint-Siège a ainsi rappelé la résolution 69/319 de l’Assemblée générale adoptée en septembre 2015 relative à la restructuration de la dette souveraine des États.  Il a souhaité que l’esprit de ce texte soit considéré comme partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a également indiqué que le débat sur la dette des pays en développement devrait tenir compte des questions de l’impact écologique négatif de l’industrialisation des pays riches sur ces pays.  Il a estimé que cette « dette écologique » était liée aux déséquilibres commerciaux avec des conséquences sur l’environnement, et l’usage disproportionné des ressources naturelles sur une longue période par certains pays.

Mme PATRICIA HERDT, Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a indiqué que cette organisation mettait l’accent sur l’importance d’adopter une approche holistique, qui intègre le développement économique, les dimensions sociale et environnementale, les modalités d’insertion commerciale des pays fragiles et le financement du développement.  Lors de leur dernière rencontre à Washington, le 6 octobre, les ministres des finances des pays francophones à faible revenu avaient insisté sur la nécessité d’améliorer leurs capacités en matière d’audit des grandes entreprises -pour réduire les exonérations et dépenses fiscales-, de réviser les traités fiscaux et d’améliorer la « progressivité » des impôts.  Les ministres avaient également réaffirmé leur volonté de maintenir une dette publique viable et plaidé en faveur de la définition de cibles en matière d’endettement sous l’objectif 17 de développement durable, afin d’éviter les risques de surendettement dans tous les pays.  Ils ont souhaité la création d’un mécanisme d’allègement de la dette qui soit plus rapide, plus large, plus transparent et impartial que les mécanismes actuels.

Mme GRIET CATTAERT, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que, selon les dernières prévisions économiques, la croissance mondiale devrait encore ralentir pour atteindre 3,1% en 2016.  Ce ralentissement aura des conséquences directes sur le marché du travail, avec une augmentation des inégalités et du taux d’emplois précaires, a-t-elle dit.  Mme Cattaert a indiqué qu’en 2015, le nombre de personnes sans emploi s’élevait à 197,1 millions, soit près d’un million de plus qu’en 2014, tandis que le nombre global de jeunes sans emploi devrait passer de 12,9% en 2015 à 13,1% en 2016, atteignant presque son record historique de 13,2% de 2013.

La représentante de l’OIT a précisé que les emplois précaires représentaient 46% du taux d’emploi mondial.  Elle a ensuite insisté sur l’importance de mener des politiques visant à promouvoir des emplois de qualité et à remédier aux inégalités.  Mme Cattaert a, à ce titre, plaidé pour des politiques macroéconomiques promouvant la création d’emplois, pour le renforcement des syndicats et des organisations d’employeurs afin d’améliorer le dialogue social ou bien encore pour l’élaboration d’un système de protection sociale adéquat.  Elle a également défendu des réformes financières afin que les banques s’acquittent de leur rôle en transférant les ressources au bénéfice de l’économie réelle et d’investissements productifs.  La création d’emplois décents doit être au cœur des politiques macroéconomiques, a-t-elle souligné.

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a estimé que le commerce agricole pouvait contribuer à garantir la disponibilité des produits des récoltes, à stabiliser les prix, et à prévenir les pénuries de denrées alimentaires.  La flambée de prix, toutefois, rend difficile l’achat de vivres pour les pays à faible revenu et les consommateurs les plus défavorisés.  Une telle situation, a-t-elle noté, les contraint alors à se tourner vers des alternatives moins coûteuses, riches en calories et en graisses mais faibles sur le plan nutritionnel.  Parallèlement, des prix plus élevés peuvent présenter une opportunité pour des exploitations familiales, a souligné la représentante, qui a estimé qu’il faudrait renforcer la capacité de ces agriculteurs à augmenter leur productivité.  Notant qu’un faisceau d’incertitudes, notamment les changements climatiques, menacent toujours de faire monter en flèche le prix des denrées, une coordination des politiques et une transparence accrue des marchés seront nécessaires pour maîtriser ces turbulences, a affirmé Mme Mucavi. 

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