Deuxième Commission: le commerce mondial est une force motrice qui est nécessaire à la croissance économique et au développement durable
La Deuxième Commission (économique et financière) a tenu, aujourd’hui, son débat sur les questions de politique macroéconomique et sur le suivi et la mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement. Les délégations ont saisi cette occasion pour rappeler, à l’instar du Groupe des 77 et la Chine, que le commerce mondial est une force motrice pour une croissance inclusive, l’éradication de la pauvreté et le développement durable. « Le commerce mondial doit servir à stimuler la croissance économique », a souligné la représentante de la Norvège.
Il est en effet urgent de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de garantir un système financier mondial stable, a déclaré M. Alexander Trepelkov, Directeur du Bureau du financement du développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES), en présentant le rapport* du Secrétaire général sur le système financier international et le développement et le rapport** sur le suivi et la mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement.
Plusieurs délégations se sont inquiétées du ralentissement de la croissance économique mondiale. Pour le représentant de Singapour, l’extrême volatilité de l’environnement économique mondial pose un problème à court terme pour l’emploi et la croissance et, à plus long terme, pour la réalisation des objectifs de développement durable. Le délégué du Bangladesh, s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a rappelé que le commerce international est vital pour l’intégration des PMA dans l’économie mondiale.
M. Alexander Trepelkov a indiqué que les flux internationaux de capitaux publics et privés en direction des pays en développement avaient baissé alors qu’ils constituent un élément essentiel au financement des objectifs de développement durable. Pour autant, il faut retenir les avancées réalisées dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement en ce qui concerne les institutions de financement, la régulation financière, la coopération internationale en matière fiscale, le filet de sécurité financière mondiale, ou encore la réforme de la gouvernance des institutions financières internationales.
Le Plan d’action d’Addis-Abeba est déterminant pour mobiliser des ressources aux fins de la réalisation des objectifs de développement durable, ont reconnu plusieurs délégations. Le Groupe des 77 et la Chine a d’ailleurs estimé que la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030 sera impossible sans un financement adéquat et une mobilisation de ressources pour le développement.
De nombreuses délégations ont appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer au moins 0,7% à l’aide publique au développement (APD), dont 0,20% en faveur des pays les moins avancés, comme l’a rappelé le Bangladesh. La Fédération de Russie a estimé que l’aide devrait se focaliser en priorité sur le financement des infrastructures.
Plusieurs délégations, comme la République dominicaine, qui intervenait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), ont en outre mis l’accent sur la nécessité de renforcer la participation des pays en développement aux processus de prise de décisions internationaux et de la gouvernance économique.
En présentant le rapport*** intitulé « Commerce international et développement » du Secrétaire général, Mme Mina Mashayekhi, du secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a fait observer que les PMA avaient des difficultés à doubler leur part dans les exportations mondiales. En outre, ces exportations restent concentrées dans les produits de base, ce qui rend ces pays très vulnérables aux chocs extérieurs. C’est pourquoi, des mesures politiques immédiates sont nécessaires, de même qu’une revitalisation du partenariat mondial afin de transformer les économies nationales et trouver des solutions communes. Il faut donner un nouvel élan au commerce international, a-t-elle lancé.
Plusieurs délégations ont plaidé pour un système multilatéral juste, équilibré, ouvert, inclusif et prévisible, qui permette aux pays en développement de prendre effectivement part au commerce international et d’améliorer leur capacité de financement pour leur développement.
Le représentant de Brunéi Darussalam a appelé les États à s’abstenir de créer des obstacles supplémentaires aux échanges commerciaux internationaux, en particulier à travers de nouvelles mesures discriminatoires. Son homologue du Burkina Faso a identifié plusieurs priorités pour relancer la croissance mondiale, à commencer par la réforme du système commercial international, qui doit devenir « multilatéral, universel et non discriminatoire ». Ensuite, il est indispensable de remettre le système financier international en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Quant au problème de la dette, Mme Stephanie Blankenburg, représentante de la CNUCED, a présenté le rapport**** sur la soutenabilité de la dette extérieure et le développement du Secrétaire général, qui constate une détérioration progressive des indicateurs pour la majorité des pays en développement. Les petits États insulaires en développement (PEID) sont dans une situation particulièrement difficile, complexe et qui s’aggrave.
La délégation du Bangladesh a précisé que la dette globale des PMA était évaluée à 242 milliards de dollars en 2015, en appelant la communauté internationale à procéder à l’annulation pure et simple de la dette multilatérale et bilatérale des PMA. Si la délégation de la Jamaïque a également souligné que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) était l’une des régions les plus endettées au monde, celle de la République dominicaine, au nom de la CELAC, a demandé de reconnaître l’importance de réduire la dette, voire de l’annuler ou de la restructurer.
La Deuxième Commission se réunira à nouveau demain, vendredi 21 octobre, à 10 heures, pour conclure ce débat.
*A/71/312, **A/71/311, ***A/71/275, **** A/71/276
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
a) Commerce international et développement (A/71/275 et A/71/15)
b) Système financier international et développement (A/71/312 et A/71/15 (Part I))
c) Soutenabilité de la dette extérieure et développement (A/71/276)
SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT (A/71/311 et A/71/88–E/2016/68)
Examen conjoint des points de l’ordre du jour
Mme PATTAMAWADEE AUEAREECHIT (Thaïlande), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sera impossible sans un financement adéquat et une mobilisation effective de ressources pour le développement, tel que prévu dans le Plan d’action d’Addis-Abeba. L’aide publique au développement, a fait observer la représentante, est certes en hausse mais elle continue d’être très inférieure à l’objectif de 0,7% du PIB fixé par les Nations Unies. La coopération Nord-Sud est le principal canal de financement du développement, a-t-elle souligné, en encourageant les pays développés à respecter leurs engagements.
Le commerce international est un moteur pour une croissance économique inclusive, l’éradication de la pauvreté et la promotion du développement durable, a déclaré la représentante. Elle a plaidé pour un système multilatéral juste, équilibré, ouvert, inclusif et prévisible, qui permette aux pays en développement de prendre effectivement part au commerce international et d’améliorer leur capacité de financement pour leur développement. Elle a également demandé une conclusion rapide du Cycle des négociations de Doha, engagées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le Groupe des 77 et la Chine met l’accent sur le nécessaire renforcement de la participation des pays en développement dans les processus de prise de décisions internationaux et la gouvernance économique. Il appelle à une pleine mise en œuvre des réformes de quotas et de gouvernance de 2010 du Fonds monétaire international (FMI).
Par ailleurs, la représentante a indiqué que le Groupe était préoccupé par la crise de la dette, laquelle, a-t-elle précisé, a un impact particulièrement sévère sur les pays pauvres très endettés, notamment sur leurs efforts pour atteindre le développement durable. Sa délégation est en faveur de politiques coordonnées et de mesures spécifiques permettant d’assurer une soutenabilité à long terme de la dette, saluant ainsi les efforts du FMI et de la Banque mondiale.
Avant de conclure, elle s’est félicitée du lancement du Forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement en avril 2016, conformément au Plan d’action d’Addis-Abeba. Elle a cependant regretté que les conclusions et recommandations n’aient pas réussi à lever les obstacles au financement, ni à prendre des mesures concrètes en ce qui concerne l’aide des pays développés aux pays en développement.
M. RAJA REZA RAJA ZAIB SHAH (Malaisie), s’exprimant au nom de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que malgré la baisse du volume des échanges commerciaux mondiaux en 2015, l’ASEAN était restée relativement résiliente au milieu des incertitudes mondiales. Le produit intérieur brut (PIB) de la région a presque doublé entre 2007 et 2016, s’évaluant à plus de
2 500 milliards de dollars, alors que le PIB par habitant a augmenté de plus de 80% au cours de la même période, se situant à 4 000 dollars, a-t-il assuré. Le représentant a également indiqué que l’ASEAN restait l’une des destinations phares des investissements étrangers directs (IED), recevant 120 milliards de dollars en 2015, soit 16% de la valeur mondiale des IED consacrés aux économies en développement. Il a expliqué que les entreprises multinationales continuaient de renforcer leur présence dans la région, notamment dans des secteurs tels que l’industrie manufacturière, les finances, les infrastructures et le secteur des services.
Le représentant a ensuite déclaré que le commerce était un catalyseur majeur pour la réalisation des objectifs de développement durable. Le multilatéralisme, a-t-il souligné, demeure un bien-être mondial qui permet de créer et faciliter les conditions menant vers le développement durable. Il a indiqué que la libéralisation des échanges a facilité la circulation des marchandises dans la région d’Asie du Sud-Est. Le représentant a en outre affirmé que les petites et moyennes entreprises (PME) de la région manquent de capacités en ce qui concerne les normes internationales, ce qui constitue un frein pour leur participation dans les chaînes de valeur mondiales. Il a invité la communauté internationale à œuvrer au renforcement de leurs capacités, afin qu’elles puissent jouer un rôle plus important dans le marché mondial.
L’établissement formel de la Communauté économique ASEAN a permis, en 2015, de renforcer le développement économique, ainsi que les échanges commerciaux au sein de la région et entre la région et le reste du monde, a expliqué M. Zaib Shah. Il a assuré que la région entendait améliorer son intégration économique au cours des 10 prochaines années. Il a enfin appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer au moins 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), en rappelant aussi que l’ONU avait une position unique, en tant que forum universel, pour renforcer la coopération internationale en faveur du développement, surtout dans ce contexte de mondialisation.
S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et s’alignant sur la déclaration du G77 et la Chine, M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), a rappelé à quel point l’économie des petits États insulaires en développement, souvent basée sur les services et reposant largement sur le secteur d’exportation des denrées, devait constamment faire face aux caprices de l’économie globale. « La CARICOM est une des régions les plus endettées au monde », ce qui a pour conséquence de freiner les investissements privés, a-t-il expliqué. M. Rattray a également déploré le fait que la classification de CARICOM dans la liste des pays à revenu intermédiaire limitait son accès aux aides de la communauté internationale. À ce titre, il a invité cette dernière à trouver un consensus sur une Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Cette Initiative permettrait à ces pays, souvent de petite taille, particulièrement vulnérables aux changements climatiques mais qui sont fermement engagés en faveur de réformes sociales et fiscales, de bénéficier d’une aide ciblée, notamment, dans les domaines des investissements, du commerce ou de l’énergie, a-t-il estimé.
Le représentant a également déploré le fait que les grandes institutions bancaires mondiales aient interrompu leurs relations d’affaires avec les banques locales des Caraïbes, au moment où les banques locales ont entrepris des démarches de transparence et d’échanges de données. Il a enfin rappelé que pour la CARICOM, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 reposait essentiellement sur les objectifs du Plan d’action d’Addis-Abeba, et en particulier sur la mobilisation des ressources autour des trois piliers du développement durable –économique, social et environnemental- et l’alignement des flux financiers avec ces objectifs.
S’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (OASIS),
M. AHMED SAREER (Maldives), a rappelé que le commerce international était un outil « crucial » de développement pour les petits États insulaires, qui sont largement dépendants de l’importation des biens et des services et pour qui le secteur des exportations est également « vital ». À ce titre, il a déploré que la plupart de ces pays enregistrent un déclin sérieux de leurs exportations, notamment en raison de la chute des prix sur le marché international pour les exportations traditionnelles et d’une incapacité à s’adapter aux conditions du marché international. Le représentant a réitéré l’importance pour les petits États insulaires d’établir un réseau d’échanges multilatéral afin d’améliorer le commerce international, créer de nouvelles opportunités et ouvrir de nouveaux marchés. Il a également rappelé le taux d’endettement élevé de ces pays, lié notamment aux changements climatiques et à leur impact sévère sur les secteurs de la pêche et de l’agriculture. Ceci risque d’entraîner un cercle vicieux d’endettement, a-t-il prévenu.
Mme MARÍA EUGENIA DEL CASTILLO (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné que, malgré les progrès, l’économie mondiale faisait face à des difficultés liées à la pauvreté et aux inégalités. Les défis économiques, sociaux et environnementaux doivent être relevés en aidant les pays en développement, en particulier les PMA, les PEID et les pays en développement sans littoral, ainsi que les pays à revenu intermédiaire qui font face à des problèmes particuliers. Le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement est partie intégrante du Programme de développement à l’horizon 2030, a rappelé la déléguée, en ajoutant que tous les types de financement devraient être mobilisés.
Outre la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, la représentante a estimé qu’il était nécessaire de renforcer la coopération Nord-Sud à travers l’APD. Elle a appelé les nombreux pays qui ne respectent pas leurs engagements en la matière à le faire. La coopération Sud-Sud, a-t-elle dit, est un mécanisme de complémentarité, de solidarité et d’échange horizontal de savoirs.
La CELAC réitère qu’il serait nécessaire de renforcer le système financier international afin de promouvoir la stabilité financière et les flux adéquats pour le développement des pays en développement, a-t-elle dit. En outre, elle souhaite une meilleure participation de ces derniers dans les processus de prise de décisions et la gouvernance. Elle demande également de reconnaître l’importance de réduire la dette, voire de l’annuler ou de la restructurer le cas échéant. Quant au nouveau Forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement, la CELAC estime qu’il faudrait le renforcer en tant que principal mécanisme de suivi.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a salué le lancement de l’Instance mondiale consacrée aux infrastructures en avril dernier. Il a appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD, dont 0,20% en faveur des PMA. Il a également plaidé pour davantage d’investissements directs étrangers en faveur des PMA, en précisant que ces pays méritaient d’être assistés en matière de collecte de données fiables, en droite ligne avec les objectifs du Plan d’action d’Addis-Abeba.
Le commerce international est vital pour l’intégration des PMA dans l’économie mondiale, a souligné M. Momen. Il s’est ensuite félicité de l’augmentation du volume des exportations réalisées par ce groupe de pays, ce qui a accéléré leur participation au commerce mondial en passant de 0,7% à 1,03% entre 2005 et 2014. Il s’est ensuite dit préoccupé par le fait que cette participation ait baissé à 0,9% en 2015, bien loin de l’objectif de 2% à l’horizon 2020 prévu par le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2011-2020. Pour rectifier la tendance actuelle, il a préconisé que des mesures adéquates soient prises. Par exemple, que les produits venant des PMA aient un accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent, et qu’un soutien financier et technique leur soit accordé en matière commerciale.
Selon le rapport 2015 de la Banque mondiale relatif au financement du développement, a-t-il fait observer, si la règle de l’accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent est appliquée en faveur des PMA, trois millions de personnes pourront sortir de la pauvreté dans ces pays. Le représentant a aussi noté qu’un appui au commerce de la part du G20 pourrait augmenter les revenus nationaux des PMA de 1,3% à 1,5%. C’est pourquoi, il a invité tous les États à mettre en œuvre le paquet de mesures qui avaient été arrêtées en faveur des PMA au cours de la dixième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre dernier à Nairobi.
L’article 66.2 des accords de l’OMC relatifs aux aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, stipule que les pays développés doivent fournir des facilités aux entreprises et institutions de leur pays afin que celles-ci procèdent à des transferts de technologies en faveur des PMA, a-t-il rappelé.
La dette globale des PMA était évaluée à 242 milliards de dollars en 2015, a indiqué M. Momen, qui a appelé la communauté internationale à procéder à l’annulation pure et simple de la dette multilatérale et bilatérale des PMA. Il a expliqué que la soutenabilité de la dette était cruciale pour la réalisation des objectifs de développement durable par les PMA. Il faudrait une meilleure cohérence et une solide coordination des systèmes financiers et commerciaux internationaux, a-t-il insisté, en souhaitant notamment que la voix des PMA soit davantage entendue.
M. CORY BERNARDI, Sénateur australien, qui s’est exprimé au nom du Groupe de Cairns formé par 19 pays exportateurs agricoles, a rappelé que l’élimination des subventions aux exportations avait été entérinée à Nairobi au cours de la dixième conférence ministérielle de l’OMC. Cela sape la sécurité alimentaire dans les PMA et freine l’essor économique de ces pays, a-t-il fait observer, ajoutant que le Groupe de Cairns a toujours plaidé en faveur de l’élimination de ces subventions afin de réduire les distorsions
Mme MAHIRAH MAHUSIN (Brunéi Darussalam) a souligné l’importance, face à l’incertitude du contexte économique et financier actuel, de maintenir un système d’échange multilatéral ouvert, garantissant la participation de tous les pays, quelle que soit la taille de leur économie. Elle a appelé les États à s’abstenir de créer des obstacles supplémentaires aux échanges commerciaux internationaux, en particulier à travers de nouvelles mesures discriminatoires. « En dépit du sentiment grandissant s’opposant à l’ouverture des échanges commerciaux, nous devons poursuivre nos efforts vers l’intégration économique », a-t-elle déclaré, tout en appelant à privilégier les échanges de nature à promouvoir une croissance équitable et bénéfique pour tous.
Mme Mahusin a souligné qu’il était pertinent pour les États de continuer à coopérer sous les auspices de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle a précisé que son pays avait déposé l’instrument de ratification de l’Accord sur la facilitation des échanges en décembre 2015. Le Brunéi Darussalam est attaché au processus d’intégration régionale dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), y compris à travers sa participation à l’Accord de partenariat transpacifique, a assuré sa représentante. Par ailleurs, Mme Mahusin a indiqué que le Brunéi Darussalam s’était engagé sur la voie de réformes nationales structurelles pour augmenter la compétitivité de ses petites et moyennes entreprises, notamment dans le secteur du numérique. En tant que petite économie en développement, le Brunéi Darussalam dépend fortement de l’ouverture des marchés internationaux pour sa croissance, a-t-elle fait remarquer avant de conclure.
Mme IRENE SUSAN B. NATIVIDAD (Philippines) a précisé que les Philippines avaient atteint 7% de croissance durant le second trimestre 2016 en s’appuyant sur des politiques macroéconomiques, fiscales et monétaires saines, mais aussi grâce à la transparence et la bonne gouvernance. Elle a espéré que le Cycle de Doha sera conclu rapidement, avant de souligner l’importance de l’Organisation mondiale du commerce. Elle a rappelé que le commerce était une clef de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Elle a expliqué que son pays souhaitait promouvoir les attentes des micro, petites et moyennes entreprises au sein de l’OMC et que les Philippines ont présidé en 2015 le Comité préparatoire pour la facilitation des échanges.
La représentante des Philippines a aussi salué la conclusion de la quatorzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, qui s’est tenue à Nairobi, au Kenya, en juillet dernier. Elle a estimé que le Plan d’action d’Addis-Abeba était déterminant pour mobiliser des ressources aux fins de la réalisation des objectifs de développement durable. Enfin, elle a indiqué que les Philippines travaillaient à une réforme fiscale visant à encourager des investissements durables dans les infrastructures, des investissements directs étrangers ainsi que la création d’entreprises.
M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a souligné l’importance qu’attache son pays à reconquérir la confiance des investisseurs locaux et étrangers, malgré le fort ralentissement de sa croissance économique, due à la chute du cours des matières premières sur les marchés internationaux, à l’augmentation des dépenses budgétaires et aux pressions de la dette souveraine. Il compte relancer à moyen terme son économie, notamment en garantissant une stabilité macroéconomique, en réduisant la vulnérabilité liée à la fluctuation des prix, en allégeant le fardeau de la dette et en renforçant la résilience économique.
Dans ce contexte et, comme l’a souligné le Groupe des 77 et la Chine, la Mongolie est favorable à un système commercial multilatéral, équitable et équilibré, ouvert, inclusif, non discriminatoire et transparent, permettant aux pays en développement de s’impliquer dans le commerce mondial et d’améliorer leurs capacités de financement à des fins de développement, a précisé le délégué. Il a enfin affirmé que, s’agissant des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030, son gouvernement considérait comme essentiel, pour leur réalisation, le développement de son secteur agricole, de son réseau logistique et de nouvelles technologies.
M ASHISH SINHA (Inde) a fait observer que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît l’interdépendance mondiale et la nécessité d’un véritable partenariat international pour atteindre les objectifs de développement durable. Un accès facilité aux ressources financières et technologiques, à l’innovation, au renforcement de capacités et un système commercial et financier plus juste sont essentiels pour les pays qui ont le plus besoin. En outre, le contexte économique mondial dégradé et la tendance à une hausse du chômage préoccupent particulièrement l’Inde. Aussi, elle soutient le rôle central de l’OMC pour garantir un système d’échanges multilatéral ouvert, transparent, non discriminatoire et inclusif.
De plus, la mobilisation de ressources adéquates pour financer l’énorme écart de développement devrait retenir toute l’attention des délégations, a estimé M. Sinha. Les pays donateurs devraient respecter leurs engagements d’APD, a-t-il rappelé. Faisant remarquer que le montant de l’évasion fiscale dépasse celui de l’aide dans les pays en développement, il a plaidé pour une coopération internationale sur cette question fiscale.
Mme NAEEM (Maldives) a estimé que le Plan d’action d’Addis-Abeba réaffirme, de bien des façons, le cas particulier des petits États insulaires en développement concernant la question du financement. Les Maldives, a-t-elle souligné, forment un pays constitué de plus d’un millier d’îlots tropicaux situés sur des voies maritimes stratégiques de l’océan Indien et cernés d’écosystèmes d’une grande richesse et de diversité. La représentante a rappelé que, dans les années 1980, son pays figurait parmi les 20 plus pauvres du monde, alors qu’aujourd’hui, il est en tête du classement des pays en développement à revenu intermédiaire, avec un produit intérieur brut par habitant de plus de
7 000 dollars.
Depuis cette date, a souligné la déléguée, des défis se posent dans l’accès aux sources de financement et aux conditions qui leur sont rattachées. Or, les prêts à taux préférentiels qui permettraient aux Maldives d’entreprendre des projets d’infrastructure indispensables « au maintien de sa trajectoire de développement » ne sont plus disponibles, a-t-elle regretté, en faisant remarquer que le pays est maintenant confronté à une crise économique, conséquence du déclin touristique. Dans ces conditions, le poids de la dette se fait douloureusement ressentir, a ajouté la représentante, qui a plaidé pour que la communauté internationale envisage une restructuration de la dette extérieure.
Mme KHARASHU (Bélarus) a estimé que pour sortir du marasme économique mondial actuel, il faudrait des efforts concertés de la communauté internationale. Elle a salué le rôle que joue la CNUCED en matière de commerce, en rappelant que cette entité onusienne avait un rôle important pour stimuler l’essor des pays en développement. Elle a aussi souhaité que l’ONU ne laisse personne de côté en établissant un cadre de partenariat avec les pays à revenu intermédiaire. Le système financier international doit être réformé, a-t-il recommandé, en souhaitant que l’on renonce aux mesures économiques unilatérales qui, a-t-il dit, vont à l’encontre des principes de la Charte des Nations Unies. La déléguée a ensuite salué l’Union eurasiatique pour les efforts entrepris, en émettant aussi le vœu de voir le Bélarus devenir membre de l’OMC.
Mme RAVILOVA-BONOVIK (Fédération de Russie) a appelé à renforcer la transparence des institutions financières internationales. Elle a souligné que l’aide à apporter aux pays en développement devrait se focaliser en priorité sur le financement des infrastructures. À ce propos, elle a annoncé que la nouvelle banque du Groupe BRICS va débloquer 2,5 milliards de dollars en 2017 pour cet objectif. La représentante a aussi appelé les États à fournir des données fiables et transparentes sur leur dette, afin de faciliter les processus de restructuration. Elle s’est ensuite dite inquiète des faibles progrès réalisés dans le cadre des négociations commerciales de Doha, et invité la communauté internationale à se focaliser en priorité sur les paragraphes pour lesquels le consensus peut être atteint sans difficulté. Avant de conclure, elle a salué l’impact de l’Union eurasiatique dans la perspective de la réalisation des objectifs de développement durable dans la région.
M. PURNOMO AHMAD CHANDRA (Indonésie) a souligné que la croissance économique mondiale était essentielle à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Or, il a constaté que la croissance globale cette année avait oscillé autour de 3%. Il a ajouté que, selon les prévisions actuelles, cette croissance risquerait de s’établir autour de 3,4% à peine en 2017. « Le manque de résilience de l’économie mondiale nous fait du mal à tous », a-t-il déploré, tout en reconnaissant que les réponses à ce défi résidaient dans le multilatéralisme. Le représentant a insisté sur le fait que le principal facteur d’élimination de la pauvreté et de mise en œuvre du Programme 2030 serait l’essor des échanges commerciaux internationaux.
Par ailleurs, le représentant indonésien a appelé les finances publiques et privées à indexer leurs objectifs sur ceux du développement durable. Le système financier international, en particulier, doit prendre des mesures concrètes pour allouer des ressources au développement durable sur le long terme, notamment sous forme d’investissements dans les infrastructures, les technologies de lutte contre les changements climatiques, la santé, l’éducation et les services d’assainissement au profit des plus pauvres. Il a salué, sur ce point, l’engagement des diverses banques multilatérales de développement, dans le cadre de l’Instance mondiale consacrée aux infrastructures, à harmoniser leurs approches. Enfin, le délégué a appelé à réformer les institutions financières internationales, y compris concernant la coopération internationale en matière fiscale et les programmes de restructuration de la dette.
Mme MARIANNE LOE (Norvège) a attiré l’attention sur le difficile contexte de ralentissement économique dans lequel s’inscrit l’ambitieux Programme 2030. Saluant la valeur du Plan d’action d’Addis-Abeba, elle a assuré que la Norvège continuerait d’apporter 1% d’APD, tout en soulignant que cette aide ne constituait pas une ressource suffisante pour le développement. Attirer des investissements est nécessaire, de même que la hausse des ressources fiscales nationales. Toutefois, les pays à faible revenu sont particulièrement vulnérables à l’érosion de l’assiette fiscale, a relevé la déléguée. Quant aux flux de capitaux illégaux dans les pays en développement, elle a fait remarquer qu’ils représentaient sept fois le volume de l’APD. Le commerce mondial doit servir de moteur de croissance, a lancé Mme Loe. Il doit être utilisé davantage en tant que moteur de développement afin d’aider les pays les plus pauvres. En ce qui concerne la dette, la Norvège estime qu’il faudrait en garantir la soutenabilité dans les pays les plus pauvres.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a jugé essentiel de garantir un suivi efficace des progrès réalisés pour atteindre les objectifs de développement durable et le Plan d’action d’Addis-Abeba. Il est possible de transformer un pays en une génération, a-t-il lancé, en évoquant la croissance de l’économie péruvienne qui a permis de réduire de moitié la pauvreté en 15 ans. Le Gouvernement du Pérou a favorisé l’investissement étranger et une ouverture au commerce international, ce qui s’est traduit par une croissance annuelle de 6%. Cela lui a permis de mobiliser davantage de ressources pour financer le développement et lutter contre la pauvreté par des programmes multidimensionnels. Cependant, M. Meza-Cuadra a déploré les limites d’ordre systémique qui affectent les capacités d’investissement du Pérou. Le pays est particulièrement vulnérable au ralentissement de la croissance économique mondiale, aux fluctuations des cours des matières premières qu’il exporte et aux effets des changements climatiques.
M. FIDELE BAMA (Burkina Faso) a identifié plusieurs priorités pour relancer la croissance mondiale, à commencer par la réforme du système commercial international, qui doit devenir « multilatéral, universel et non discriminatoire ». Ensuite, il est indispensable de remettre le système financier international en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en lui permettant d’assurer efficacement « l’intermédiation des flux », a préconisé le représentant. À cet égard, la mobilisation et l’utilisation efficaces de l’aide publique au développement continueront de jouer un rôle crucial, l’accent devant être mis sur la coopération Sud-Sud, ainsi que la lutte contre la fraude fiscale, l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.
Par ailleurs, il faudrait rendre la dette extérieure soutenable pour les États, a plaidé la délégation, en rappelant que la mise en œuvre du Programme 2030 pourrait exiger jusqu’à 7 000 milliards de dollars par an, pendant 15 ans. M. Bama a expliqué la stabilité macroéconomique appréciable du Burkina Faso –taux de croissance annuel moyen de 5,7%, taux d’inflation relativement bas, déficit commercial en nette amélioration et taux d’endettement viable– par des réformes majeures, en particulier dans les secteurs productifs et par la mobilisation de ressources fiscales. En outre, son gouvernement s’est doté d’un plan ambitieux de développement économique et social, a-t-il précisé en conclusion.
M. TIMOTHY CHARLES YAP (Singapour) a indiqué que son pays soutenait fermement la croissance soutenue, inclusive et durable que vise à favoriser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a toutefois noté que l’objectif ultime des politiques macroéconomiques n’était pas la croissance économique en elle-même mais « la croissance destinée à améliorer la vie des gens ».
Pour le représentant, l’extrême volatilité de l’environnement économique mondial pose un problème à court terme pour les priorités nationales que constituent l’emploi et la croissance économique et, à plus long terme, pour la réalisation du Programme 2030 et des objectifs de développement durable. Faute de détenir la solution à ces défis, a-t-il dit, Singapour s’appuie sur sa propre expérience et préconise une approche à la fois pragmatique et fondée sur des principes. « Au final, nous adoptons des politiques qui fonctionnent », a-t-il souligné, en évoquant en particulier le choix de son pays de faire librement flotter sa devise avec une marge de fluctuation définie.
Dans le même ordre d’idées, a poursuivi le délégué, Singapour s’emploie à davantage impliquer ces citoyens et ses entreprises, notamment à travers une amélioration de la relation directe avec la clientèle, et veille à ce que sa politique économique soit effectivement et efficacement mise en application.
M. EMMANUEL KAUNDA (Zambie) a déclaré que la Zambie dépend fortement du commerce, ce qui ne l’a pas épargnée des chocs externes et des pressions domestiques. La faible demande mondiale de cuivre a ainsi conduit à la réduction des revenus commerciaux du pays, sapant la mise en œuvre du budget national du fait de l’augmentation du déficit de la balance commerciale. Il a indiqué que la baisse de la fourniture du courant électrique et la pression fiscale avaient également affecté l’équilibre macroéconomique du pays. M. Kaunda a ainsi appelé la communauté internationale à soutenir la Zambie. Il a ensuite annoncé qu’une nouvelle analyse du niveau d’endettement tolérable sera effectuée avant la fin de l’année en Zambie, après celle de juin 2014, et cela même si le niveau d’endettement du pays semble soutenable. Les autorités entendent transformer les obstacles auxquels le pays fait face en opportunités, notamment en procédant à la diversification de l’économie nationale et en autonomisant la population.
M. GOUGH (Brésil) a indiqué que le commerce était un moyen important pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable en vue d’assurer des changements structurels. Il s’est dit préoccupé par les subventions agricoles qui sont des barrières maintenues par les pays développés et qui ont une incidence sur la production agricole des pays en développement. Il a appelé à lutter contre le protectionnisme sous toutes ses formes, en rappelant que ces subventions sur les exportations agricoles, qui auraient dû être éliminées depuis 2013, sont maintenues à ce jour. Il a ajouté que des obstacles techniques comme les contrôles sanitaires et phytosanitaires doivent respecter les normes internationales et s’appuyer sur une base scientifique solide. Il a estimé que de telles mesures freinent les efforts des pays en développement.
Le représentant a ensuite rappelé que les principes de Rio pour le développement durable établissaient le respect de l’exigence de la responsabilité commune mais différenciée et la nécessité de tenir compte des réalités, capacités, niveaux de développement et priorités nationales des États. Le délégué a également plaidé pour la réforme du système commercial international et de l’architecture financière internationale, afin que cette dernière soit plus représentative et efficace. Cette réforme de la gouvernance devrait permettre d’assurer des moyens plus solides pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il expliqué. Il a ainsi cité le commerce et le financement, mais également le renforcement des capacités, le développement et le transfert des technologies, dont les pays en développement ont besoin pour réaliser un développement durable grâce à des transformations structurelles de leur économie nationale.