En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
10e séance – matin
AG/AB/4172

Cinquième Commission: en sept ans, la réhabilitation du Siège de l’ONU à New York aura coûté 2,15 milliards de dollars

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a appris aujourd’hui que la réhabilitation du Siège de l’ONU à New York aura finalement coûté la somme de 2,15 milliards de dollars, après sept ans de travaux.  La Commission a aussi examiné la proposition du Secrétaire général sur un dispositif de prestation de services centralisée à l’ONU et les progrès dans la mise en œuvre des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS).

La réhabilitation du Siège de l’ONU dont le premier coup de marteau a été frappé, il y a sept ans, aura nécessité la somme totale de 2,15 milliards de dollars, après une réduction de 65 millions due à l’abandon des projets concernant les bâtiments de la Bibliothèque et de l’annexe sud.  À ce jour, il faut encore une somme de 49 millions de dollars pour finaliser les travaux, soit 35 millions pour la démolition du bâtiment temporaire de la pelouse nord, l’aménagement paysager et les travaux relatifs aux voies de desserte au niveau des 42e et 48e Rues, et 14 millions pour le déplacement provisoire des activités de l’annexe sud et les petits travaux prévus à la Bibliothèque. 

Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a dénoncé un manque d’informations claires sur la démolition du bâtiment de la pelouse nord, estimée aujourd’hui à 15,4 millions de dollars au lieu de 1,9 million initial.  À l’instar du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et du Comité des commissaires aux comptes (CCC), il s’est inquiété de la facture finale alors que l’on compte déjà 4 300 avenants aux contrats. 

Quant à la rénovation du Siège de l’ONU en général, le représentant a noté que les réductions annoncées de 50% de la consommation d’énergie, de 45% des émissions de gaz à effet de serre et de 40% de la consommation d’eau ne sont restées que des projections jamais concrétisées. 

La Cinquième Commission a aussi examiné la proposition sur un dispositif de prestation de services centralisée dont l’objectif est de rationaliser les 98 entités administratives autonomes qu’en 70 ans, l’Organisation a établies sur des centaines de sites rattachés aux différents lieux d’affectation ou à des départements et bureaux spécifiques.  La représentante des États-Unis a estimé que cette démarche est une chance unique de tirer profit des autres initiatives de réforme, tels que le progiciel de gestion intégrée (Umoja), la stratégie globale d’appui aux missions, les Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS), la stratégie informatique et communications et la réforme de la gestion des ressources humaines.  

Le Secrétaire général adjoint à la gestion, M Yukio Takasu, qui présentait le rapport du Secrétaire général, a annoncé la présentation à l’automne 2016 d’une étude de faisabilité détaillée assortie d’une demande d’un peu plus d’un million de dollars pour financer à partir du 1er janvier 2016 une petite équipe dans son Cabinet.  À l’instar du CCQAB et du CCC, les représentants de l’Union européenne et du Japon ont estimé qu’il aurait peut-être mieux valu concevoir le dispositif avant le lancement d’Umoja pour éviter des réaménagements coûteux du progiciel de gestion intégré.  La mise en place d’un dispositif de cette ampleur exige une vision finale, des paramètres, des cadres de référence, des calendriers et structures de gouvernance clairs, ont-ils insisté. 

Quant aux progrès dans la mise en œuvre des Normes IPSAS lancées en 2006 avec un coût total de 25 millions de dollars au 28 juillet 2015, qui est dans les limites du budget indicatif, le Groupe des 77 et la Chine se sont inquiétés des mauvaises pratiques de gestion des inventaires observées dans les missions de maintien de la paix et qui accroissent les risques.

Normes comptables internationales pour le secteur public (A/70/329* et A/70/7/Add.2)

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. LYLE DAVIDSON (Afrique du Sud) a prié le Secrétaire général de continuer à coordonner tous les aspects relatifs à la transition entre Normes comptables du système des Nations Unies et les Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS), en continuant de rassembler les informations concernant les leçons apprises et les pratiques optimales jusqu’à ce que le progiciel de gestion intégré (Umoja) soit pleinement fonctionnel.  Il a rappelé l’importance de la résolution 60/283 qui encadre la mise en application d’IPSAS en tant que moyen d’améliorer l’efficience de la gestion financière.  Il s’est inquiété des mauvaises pratiques de gestion des inventaires observées dans les missions de maintien de la paix qui accroissent les risques.

Dispositif de prestation de services centralisée (A/70/323* et A/70/436)

Dans son rapport sur le cadre pour la mise en œuvre d’un dispositif de prestation de services centralisée au Secrétariat de l’ONU, le Secrétaire général rappelle que depuis la création de son Secrétariat en 1945, les structures administratives de l’Organisation se sont complexifiées jusqu’à rassembler aujourd’hui quelque 98 entités autonomes établies sur des centaines de sites rattachés aux différents lieux d’affectation ou à des départements et bureaux spécifiques.  Les pratiques administratives varient sensiblement selon les entités et les environnements opérationnels, à l’instar des performances et du degré de satisfaction des clients quant à la ponctualité et à la qualité des services.

Les progrès réalisés dans le domaine de l’informatique et des communications et les initiatives de réforme lancées récemment sont l’occasion de reconsidérer la complexe structure d’appui administratif qui s’est développée au sein de l’Organisation au fil des dernières décennies.  Aligné sur l’objectif de créer un secrétariat véritablement mondial, le dispositif de prestation de services centralisée améliorerait la capacité du Secrétariat d’exécuter ses mandats, en s’appuyant sur des services administratifs qui fournissent ce qu’il faut, quand il faut et où il faut.  L’approche institutionnelle commune du dispositif permettra d’offrir des services administratifs de qualité, rapides et uniformes, régis par un ensemble de règles de gestion financière et de statuts et règlements du personnel commun à tout le Secrétariat.

Les fonctions d’appui administratif seront organisées de manière à donner la priorité aux besoins des clients, aux impératifs opérationnels et aux résultats, tout en assurant le contrôle, la supervision et le rapport coût-efficacité adéquats.  Des solutions modulaires permettront de tenir compte de la diversité des besoins et de la complexité des différents contextes opérationnels au Siège et sur le terrain.

Le dispositif de prestation de services centralisée mettra à profit les possibilités offertes par le déploiement d’autres initiatives de réforme, tels qu’Umoja, la stratégie globale d’appui aux missions, les Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS), la stratégie informatique et communications et les réformes de la gestion des ressources humaines.  Il fera en outre fond sur les enseignements et l’expérience tirés des arrangements de services partagés déjà en vigueur au Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et dans l’ensemble du système des Nations Unies.

Le Secrétaire général propose une mise en place progressive du dispositif et promet un projet détaillé, comprenant une étude de faisabilité et une sélection de lieux où déployer le dispositif, que l’Assemblée générale examinera à sa prochaine session.  Dans l’intervalle, il propose à l’Assemblée d’autoriser l’affectation de ressources à la création d’une petite équipe temporaire chargée du projet et au recrutement des experts-conseils qui élaboreront le projet dans son intégralité.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. LYLE DAVIDSON (Afrique du Sud) a reconnu la nécessité de ce nouveau dispositif et regretté que les informations n’aient pas été présentées plus tôt.  Il a espéré que l’étape suivante comprendra une analyse coût/efficacité plus poussée.  Il a d’emblée demandé que le nouveau dispositif comprenne des mécanismes de responsabilisation au plus haut niveau pour garantir une bonne réalisation des objectifs.  

M. JAN DE PRETER, Union européenne, a soutenu l’objectif qui consiste à créer un Secrétariat véritablement mondial mieux à même d’accomplir son mandat, avec des services administratifs qui fournissent les services nécessaires, quand cela est nécessaire et là où c’est nécessaire.  Le nouveau dispositif et Umoja vont se renforcer mutuellement, a-t-il prédit, en se félicitant de l’amélioration de la qualité des mandats qui en résultera ainsi que des gains en termes de ressources qui se traduiront par des économies pour l’ONU et ses Membres.  Il faut pour cela que la vision finale soit claire dès le départ, a-t-il souhaité, en conseillant de fixer des paramètres clairs, un calendrier et des structures de gouvernance bien conçues.  Il a dit partager les vues du Comité des commissaires aux comptes selon lequel le dispositif de prestation de services centralisée aurait dû être conçu avant le projet Umoja.  Le représentant a aussi prôné une approche véritablement globale et à l’échelle du système.

M. MATTHIAS DETTLING (Suisse), qui s’exprimait aussi au nom du Liechtenstein, a salué l’objectif du Secrétaire général qui consiste à regrouper, lorsque cela se justifie, les fonctions administrative, transactionnelle et de soutien aux opérations.  Pour la réussite de ce projet qui consiste à créer un secrétariat véritablement mondial, il a proposé tout d’abord de considérer les opérations des Nations Unies dans une perspective plus large.  Il a partagé l’avis du Comité des commissaires aux comptes selon lequel la proposition du Secrétaire général constitue également une occasion de passer en revue des structures organisationnelles pouvant être obsolètes ou redondantes.  Il a donc souhaité que le dispositif de prestation de services soit mis en adéquation avec les exigences liées aux programmes dans les phases suivantes du projet.  Ensuite, a poursuivi le représentant, il faudrait songer à mieux exploiter les synergies entre les dispositifs d’appui administratif du Secrétariat des Nations Unies et ceux des fonds, des programmes et des agences spécialisées.  Il a invité à réfléchir aux quatre modèles de regroupement de services qui avaient été identifiés au cours des discussions menées par le Comité de haut niveau sur la gestion.  Nous encourageons également le Secrétaire général à mettre à profit les centres de services partagés existants.  Les synergies avec les dispositifs de fourniture de services déjà en place pour les opérations de paix doivent être développées.  Enfin, il a conseillé de bien coordonner cette action avec les mesures de transformation en cours, y compris Umoja, la stratégie informatique et communications, la stratégie globale d’appui aux missions, les Normes IPSAS et les réformes des ressources humaines.

Mme CHERITH NORMAN CHALET (États-Unis) a dit la nécessité d’adapter la structure d’appui administratif à l’empreinte mondiale des Nations Unies.  La mise en place d’un dispositif de prestation de services centralisée est une bonne occasion d’utiliser tout le potentiel des grandes initiatives de réforme.  L’objectif doit être d’améliorer la productivité des Nations Unies et de réaffecter les ressources vers les mandats prioritaires, là où l’ONU en a le plus besoin.  Elle a fait siennes les recommandations du Comité des commissaires aux comptes selon lesquelles la stratégie adoptée risque de nécessiter, après coup, des réaménagements coûteux des processus d’Umoja.  « Si nous ne sommes pas capables de saisir l’opportunité de ce dispositif pour unifier les grandes initiatives de gestion en cours, nous nous limiterons à reproduire des mécanismes redondants » a prévenu la représentante qui a dit vouloir travailler avec les autres États pour définir un cadre qui, intégré à d’autres systèmes, pourra favoriser une transformation permettant à l’ONU de devenir un prestataire de services plus efficace et mieux organisé.  

M. HAJIME KISHIMORI (Japon) a rappelé avoir constamment soutenu les initiatives visant à transformer et à moderniser les affaires menées par l’ONU, expliquant combien il était important que l’Organisation demeure pertinente au moment où elle célèbre ses 70 ans et doit relever les défis du XXIe siècle.  Il a soutenu la proposition du Secrétaire général et souligné le principe fondamental selon lequel on peut « faire plus avec moins ».  Il a espéré que l’on tirerait parti des leçons apprises dans la mise en œuvre des précédentes mesures comme la Stratégie globale d’appui aux missions et Umoja.  Le nouveau dispositif ne portera de fruits que si les hauts fonctionnaires de l’ONU se l’approprient et prennent le ferme engagement de l’appliquer, y compris sur le terrain.  Le Japon, a-t-il assuré, participera activement aux discussions à venir pour explorer les moyens de mise en œuvre de ce dispositif.

Plan-cadre d’équipement (A/70/343, A/70/5 (Vol. V), A/70/338 (Chapt.III), A/70/338/Corr.1 et A/70/441)

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. LYLE DAVIDSON (Afrique du Sud) a partagé les vues du Comité des commissaires aux comptes (CCC) et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et observé que même si le montant estimatif du dépassement des coûts semble réduit de 65 millions de dollars, il correspond tout de même à la livraison d’un projet dont le champ d’application a été considérablement réduit -trois bâtiments rénovés au lieu de cinq- pour un coût supérieur aux prévisions initiales.  Il s’est dit inquiet de la réaffectation des fonds.

Le représentant a noté que le projet risquait encore de générer des coûts additionnels à la clôture des contrats à cause du grand nombre d’avenants aux contrats, sans oublier les demandes de certains fournisseurs.  Il a regretté que les réductions annoncées de 50% de la consommation d’énergie, de 45% des émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d’énergie et de 40% de la consommation d’eau n’aient pu être confirmées dans la réalité.  Il a appuyé la mise au point de directives pour la gestion des grands projets d’équipements tenant compte des enseignements tirés de l’expérience.

Bien que le Bureau du plan-cadre d’équipement ait fermé le 31 juillet 2015, le représentant a souhaité rappeler que le projet n’est pas terminé.  Il a attiré l’attention sur le fait que la démolition du bâtiment temporaire de la pelouse nord est un projet et dénoncé le manque d’informations claires à ce sujet.  Il a noté que le report proposé à la fin de cette année et l’aménagement paysager qui devait suivre ajoutaient aux retards et généraient de nouveaux coûts pour les États Membres.  Ce projet ne pourra pas être considéré comme terminé tant que ne seront pas réglées les questions liées à l’accès physique et technique, aux infrastructures vidéo et aux prises électriques. 

Le Groupe des 77 et la Chine, a-t-il insisté, souhaitent des informations détaillées sur le nombre de personnes récupérées par le Bureau des services centraux d’appui auprès du Bureau chargé du plan-cadre d’équipement.  Le Groupe des 77 et la Chine veulent aussi des précisions sur la proposition liée à la rénovation des bâtiments de la Bibliothèque et de l’annexe sud, y compris ce qui est prévu pour la sécurité du personnel, dont le personnel des services de publications au sous-sol.  Qu’en est-il, par ailleurs, du coût des travaux et des consultations avec le pays hôte sur la rénovation de la voie de desserte au niveau des 42e et 48e Rues? s’est aussi impatienté le représentant.   

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