En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session
16e séance – après-midi
CPSD/568

Quatrième Commission: les mandats robustes avec possibilité de recours à la force restent un sujet sensible dans le contexte du maintien de la paix

Les opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations Unies, consécration d’une démarche multilatérale, ne sauraient se transformer en opérations d’imposition de la paix, ont souligné de nombreuses délégations ce matin, lors de la poursuite du débat sur l’examen de l’ensemble des opérations de maintien de la paix à la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. 

La validité des principes fondamentaux du maintien de la paix dont l’impartialité, le consentement des parties et le non-recours à la force hormis en cas de légitime défense, a été souvent invoquée pour justifier les réticences d’un certain nombre d’États vis-à-vis du concept des mandats robustes.  La question des mandats offensifs avec possibilité de recours à la force, comme cela a été le cas l’année dernière en RDC avec la brigade d’intervention de la MONUSCO, et celle de l’utilisation des drones dans le contexte du maintien de la paix, ont suscité de vives réactions.

Si le représentant de l’Uruguay a exprimé des regrets qu’il n’y ait pas eu de consultation préalable avec les pays fournisseurs de contingents avant le déploiement de cette brigade d’intervention l’année dernière, le délégué du Pérou a, quant à lui, demandé qu’un tel précédent ne puisse être invoqué pour justifier des mandats similaires à l’avenir.

Pour sa part, le représentant du Venezuela a rappelé qu’une telle situation s’était produite dans le passé, en 1992, avec l’UNOSOM en Somalie, et en 1995, avec l’UNPROFOR, et qu’à l’époque ces missions avaient déjà fait l’objet de controverses, ce qui avait dissuadé le Conseil de sécurité à en autoriser d’autres pendant près de 10 ans.  Il faudra donc aborder cette question avec prudence, a-t-il conseillé.  De son côté, le délégué pakistanais a souligné que « le maintien de la paix était différent de l’imposition de la paix », précisant que toute ambiguïté sur cette question ne pouvait que porter préjudice à l’Organisation.

Le représentant de l’Indonésie a quant à lui exprimé sa préoccupation face à l’utilisation de drones « hors de tout cadre et procédures juridiques clairs ».  Pour le Venezuela, a indiqué son délégué, l’utilisation des nouvelles technologies dans le contexte des OMP devrait faire l’objet d’un accord normatif préalable.

Les délégations ont appelé le Département des opérations de maintien de la paix à répondre aux inquiétudes formulées par un certain nombre d’États Membres sur ces sujets, en particulier les pays fournisseurs de contingents qui demandent que leur voix soit entendue et prise en compte tout le long du processus, depuis la formulation des mandats à leur mise en œuvre.

Prenant note de l’intention du Secrétaire général d’examiner le système des opérations de maintien de la paix d’ici 2015, le représentant du Brésil a invité les délégations à tirer meilleur parti de cet exercice qui doit être l’occasion d’un dialogue constructif et de consultations avec les États Membres, en particulier les pays d’accueil, les pays fournisseurs de troupes et les organisations régionales.  Les recommandations formulées à cette occasion devront être examinées dans le cadre d’une discussion au sein du Comité de maintien de la paix (C-34), qui demeure, de l’avis de nombreuses délégations, le forum idoine de discussion de toutes les questions relatives au maintien de la paix des Nations Unies.

Le représentant de l’Égypte a pour sa part proposé un certain nombre de points à l’examen des États Membres, comme le renforcement de la coopération triangulaire entre les États Membres, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes, l’amélioration de la planification avant le déploiement, la fourniture du soutien nécessaire, en termes de fonds, d’équipements et de formations, l’utilisation d’équipements de haute technologie, le renforcement du rôle des organisations régionales, la non-utilisation de la protection des populations civiles comme prétexte à des interventions militaires, la meilleure préparation des stratégies de sortie et les consultations sur la mise en œuvre de la stratégie globale d'appui aux missions.  Il a également proposé d’organiser une réunion régionale au Caire servant de forum de discussion sur ces principes.

La Quatrième Commission poursuivra son débat sur cette question, demain, jeudi 30 octobre, à partir de 10 heures.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Mme MÓNICA BOLAÑOS PÉREZ (Guatemala) a rappelé le rôle central joué par les opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations Unies et a appelé les États Membres à en renforcer la capacité opérationnelle ainsi que la structure organisationnelle.  Tout en reconnaissant l’importance du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et de ses 34 États Membres dans la supervision des OMP, la représentante a souhaité que tout examen des OMP se fasse en concertant les pays fournisseurs de contingents.  Elle a en outre appelé à ce que les mandats des OMP soient définis de la façon la plus claire possible, en définissant des objectifs réalisables et vérifiables, tout en soulignant la nécessité de prendre en compte les besoins spécifiques propres à chaque cas. 

La représentante a reconnu les lacunes importantes des OMP en termes de ressources disponibles et de formation, lacunes que seule une coopération accrue entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs permettra d’atténuer.  Cette coopération, a-t-elle précisé, doit également s’appliquer dans le cadre du processus de prise de décision et d’exécution des mandats. 

Mme Pérez s’est inquiétée des conséquences et de la portée des OMP robustes, telle que la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO).  La représentante a appelé à une évaluation de l’impact de ces OMP robustes sur le fonctionnement des activités de maintien de la paix. 

Tout en reconnaissant la valeur ajoutée des technologies modernes à l’instar des drones dans la mise en œuvre des OMP, Mme Pérez s’est inquiétée des risques liés à l’élimination de la distinction entre combattants et non-combattants que font peser l’utilisation de technologies modernes. 

La représentante a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité du personnel des OMP, rappelant que des enlèvements de personnel cette année ont fait plusieurs morts et blessés, notamment au Mali et en République démocratique du Congo.  Elle a dénoncé la lenteur des enquêtes portant sur ces incidents et a appelé à faire en sorte que les auteurs soient traduits en justice dans les plus brefs délais. 

En conclusion, la représentante a insisté sur la nécessité de rembourser efficacement et dans des délais acceptables des pays fournisseurs de contingents. 

M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a noté que les principes de maintien de la paix classiques ne correspondaient plus toujours à un nombre croissant de conflits intra-étatiques.  Rejetant les arguments de ceux qui  essayent de justifier les mandats plus robustes des OMP par la complexité croissante des conflits, le représentant a réaffirmé son opposition au recours à des brigades d’intervention et aux missions hybrides avec la participation de troupes étrangères, en appui aux missions de l’ONU, ainsi qu’à l’utilisation des technologies comme les drones.  Pour sa délégation, ces questions nécessitent une discussion de fond sur l’avenir des opérations de maintien de la paix. 

Pour sa part, le représentant estime que la nature des conflits n’est pas si nouvelle, citant le cas de la RDC.  Par ailleurs, a-t-il indiqué, le recours aux brigades d’intervention est déjà intervenu dans le cas de l’UNOSOM en Somalie en 1992 et de l’UNPROFOR en 1995.  Il a rappelé à ce sujet que ces missions avaient fait l’objet de controverses et avaient dissuadé le Conseil de sécurité à en autoriser d’autres pendant presque 10 ans.  Il faudra donc aborder cette question avec prudence, a-t-il conseillé. 

Que la nature des conflits ait changé ou non, il faudra, à son avis, continuer à respecter les principes fondamentaux du maintien de la paix.  Les mandats plus robustes ne sont pas la seule approche possible; les OMP sont un instrument politique devant permettre un règlement négocié des conflits, et pas une fin en soi, a-t-il souligné, précisant par ailleurs que l’utilisation légale et appropriée de nouvelles technologies, comme les drones, devait être conditionnée à un accord normatif préalable. 

M. DAVID FORÉS RODRÍGUEZ (Cuba) s’est inquiété de la prolifération de mandats trop larges, vagues et complexes concernant les opérations de maintien de la paix (OMP) ainsi que du manque de discipline et de préparation des contingents déployés sur le terrain.

Les OMP doivent être définies et mises en œuvres dans le plus grand respect des principes de la Charte, a poursuivi le représentant, insistant notamment sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États concernés, le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures et le non-recours à la force hormis les cas de légitime défense.  

Le représentant a en outre appelé à l’établissement de mandats précis, comportant des objectifs concrets et réalisables, assortis de ressources appropriées à la réalité du terrain.  À ce titre, M. Rodríguez a souligné la nécessité d’une coopération accrue entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, insistant notamment sur une plus grande participation de ces derniers.  

Le représentant a salué l’usage de technologies modernes dans la mise en œuvre des OMP, à condition que cette utilisation se fasse dans le respect des principes de la Charte.  Tout en saluant le rôle des OMP, il a appelé les États Membres à examiner également les causes profondes des violences dans le monde, notamment l’éradication de la faim, la pauvreté et les inégalités. 

Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a noté que les opérations de maintien de la paix (OMP) faisaient partie intégrante des efforts des Nations Unies pour parvenir à la paix et à la sécurité internationales.  Rappelant que son pays a annoncé cette année la reprise de sa participation aux opérations de maintien de la paix pour faire bénéficier les Nations Unies de sa grande expérience en matière d’aide humanitaire, le représentant a affirmé que cette décision correspondait à une réaffirmation de l’attachement de son pays aux principes et valeurs de l’Organisation. 

Précisant que cette participation sera subordonnée à une évaluation et une analyse de chaque OMP, le représentant a insisté sur l’importance d’inclure des PCC aux processus de prise de décisions dès le déploiement des missions.  Elle a également souligné la nécessité de doter les OMP de mandats clairs, réalistes et mesurables, et a appelé à la vigilance vis-à-vis des mandats qui imposent l’utilisation de la force. 

M. ESTASIUS WIDYO SUNARYO (Indonésie) a souligné qu’à l’heure où les missions de maintien de la paix se voient confier des mandats de plus en plus multidimensionnels et où les Casques bleus sont exposés à des dangers nouveaux tels que le terrorisme ou le virus Ebola, les Nations Unies et la communauté internationale doivent améliorer leur appui aux missions.  « Cela nécessite que les parties prenantes aux opérations de maintien de la paix –Assemblée générale, Quatrième Commission, Conseil de sécurité, pays contributeurs de troupes, pays d’accueil, donateurs-déploient des efforts vigoureux et durables pour créer une compréhension commune des questions et des défis posés par chaque mission », a-t-il déclaré. 

Le représentant a fait part de sa préoccupation quant à la création d’une brigade d’intervention rapide au sein de la MONUSCO et à l’usage de drone « hors de tout cadre et procédures juridiques clairs ».  Il a appelé le Département des opérations de maintien de la paix à répondre aux inquiétudes exprimées par un certain nombre d’États Membres sur ces sujets. 

Après avoir rappelé les principes fondamentaux qui définissent les missions de maintien de la paix -consentement, impartialité, usage de la force exclusivement pour la légitime défense et la mise en œuvre du mandat-le représentant a souligné que « toute ambivalence dans la définition des mandats n’affecte pas seulement la sécurité des Casques bleus mais peut aussi compromettre la sécurité des populations que ces missions sont censées protéger ». 

Il a également souligné le « rôle essentiel » du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, le qualifiant « de forum intergouvernemental offrant la plus large représentation pour discuter de tous les aspects des opérations de maintien de la paix ».  Prenant note de l’intention du Secrétaire général de passer en revue le système des opérations de maintien de la paix, il a souhaité qu’elle soit « l’occasion d’un dialogue constructif et de consultations avec les États Membres, en particulier les pays d’accueil, les pays contributeurs de troupes et les organisations régionales ». 

En conclusion, il a rappelé que 1 830 Casques bleus indonésiens participaient en ce moment à des missions de maintien de la paix et que ce chiffre passerait à 2  300 personnes d’ici à la fin de l’année.  « Les chiffres ne sont pas une fin en soi, l’Indonésie s’intéresse en particulier à l’amélioration des mandats multidimensionnels par le biais du renforcement des formations multifacettes; les Casques bleus doivent aujourd’hui être non seulement déployés rapidement, mais être en plus capables de mener à bien des tâches difficiles comme la lutte contre le terrorisme ou les secours en cas de 

M. IHAB HAMED (Syrie) a estimé que les opérations de maintien de la paix (OMP), un des principaux outils des Nations Unies d’assurer la paix et la sécurité internationales, doivent respecter les principes de la Charte de Nations Unies concernant la souveraineté, le respect de l’intégrité territoriale et la non-ingérence.  En outre, elles ne peuvent être menées sans l’accord préalable des pays d’accueil, a-t-il souligné, affirmant que son pays a toujours soutenu les efforts d’adaptation des OMP compte tenu de la nature changeante des conflits.  Toutefois, a-t-il estimé, les OMP ne peuvent se substituer au règlement permanent des conflits qui passe par la recherche de solutions à leurs causes profondes. 

Rappelant que certaines missions sont chargées de protéger les populations civiles, le représentant a souligné que cette responsabilité incombait en premier lieu au pays d’accueil, et qu’il fallait donc éviter tout dépassement des prérogatives de ces missions.  Pour la Syrie, a-t-il ajouté, il faudrait parvenir au préalable à la définition légale et consensuelle du concept de protection des civils avant la mise en place des OMP. 

Le représentant a par ailleurs affirmé que l’occupation de territoires arabes par Israël était la principale cause de la présence de quatre OMP au Moyen-Orient depuis des décennies.  Il a invité les Nations Unies à exercer des pressions sur Israël pour qu’elle mette fin à cette occupation de sorte que le personnel de ces missions puisse rentrer chez soi.  Exprimant sa préoccupation face à la situation dans la région du Golan où la prise en otage d’un nombre de soldats de maintien de la paix avait incité les forces de maintien de la paix de la FNUAD à se retirer de certaines zones, le représentant a déploré les actions de groupes comme le Front El Nosra, qui, à son avis, agissent avec impunité dans cette région tampon avec l’appui de la puissance occupante. 

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a souligné les évolutions que connaissaient aujourd’hui les opérations de maintien de la paix et la nécessité de les préparer aux nouveaux défis auxquels elles seront confrontées: intervention après des catastrophes naturelles, distribution d’aide humanitaire, désarmement et démobilisation d’anciens combattants, assistance aux réformes des secteurs de la sécurité et de la défense, processus électoral, protection de civils ou contrôle de régime de sanctions.  « Les défis actuels deviennent de plus en plus complexes et exigeants, avec l’émergence de menaces non conventionnelles qui affectent la sécurité et le travail du personnel déployé dans les opérations de l’ONU », a-t-il estimé, avant d’insister sur la nécessité d’améliorer l’utilisation des ressources, la modernisation des équipements des Casques bleus et l’usage de nouvelles technologies 

Il a également insisté pour que les nouveaux mandats multidimensionnels confiés aux missions soient en conformité avec les principes fondamentaux contenus dans la Charte: consentement, impartialité, usage de la force exclusivement pour la légitime défense et la mise en œuvre du mandat.  Il a aussi plaidé pour un dialogue plus régulier entre le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes.  Estimant enfin que la formation des Casques bleus était « l’un des éléments clefs de la réussite » des missions, le représentant a appelé au renforcement de celle-ci, avant les déploiements.  Il a par ailleurs rappelé que son pays avait créé un Centre de formation pour les Casques bleus en 1996. 

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a renouvelé l’attachement de son pays  au maintien de la paix, rappelant que le Pakistan a fourni au total 150 000 soldats de la paix aux Nations Unies, déployés dans le cadre d’opérations de maintien de la paix (OMP) à travers le monde. 

Citant notamment le déploiement de soldats de la paix pakistanais dans le cadre d’OMP particulièrement complexes et difficiles sur le terrain, comme en République centrafricaine, le représentant a salué le professionnalisme de ces derniers, tout en rendant hommage aux 14O soldats de la paix pakistanais ayant perdu la vie dans l’exercice de leur fonction. 

Au titre de son engagement en faveur du maintien de la paix, M. Khan a souligné l’appui du Pakistan au Sommet sur le maintien de la paix organisé à l'initiative des États-Unis en marge de l'Assemblée générale et auquel a participé le Vice-président américain, Joe Biden.  M. Khan a également rappelé la création du Centre pour la paix et la stabilité à Islamabad, inauguré l’an dernier par le Secrétaire général. 

Le représentant s’est félicité de l’évolution des OMP en faveur d’une approche multidimensionnelle permettant de gérer des crises complexes et de l’augmentation récente du taux de remboursement des pays fournisseurs de contingents. 

S’agissant du futur examen des OMP par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, M. Khan a rappelé certains principes de base, tel que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États concernés et le non-recours à la force hormis en cas de légitime défense.  « Le maintien de la paix est différent de l’imposition de la paix », a ajouté M. Khan, précisant que toute ambiguïté sur cette question ne peut que porter atteinte à l’Organisation. 

Le représentant a condamné les attaques à l’encontre du personnel des Nations Unies de ces derniers mois, appelant les États Membres  à prendre toutes les mesures possibles pour y remédier dans les  plus brefs délais. 

M. Khan a également plaidé en faveur d’un déploiement plus rapide et d’une réactivité accrue dans la mise en œuvre des OMP, tout en soulignant la nécessité de fournir des efforts supplémentaires pour faire face à la criminalité transnationale.  L’utilisation des technologies modernes, a ajouté le représentant, doit se faire avec l’accord préalable des pays concernés. 

M. Khan a appelé à mieux utiliser la diplomatie préventive afin de couper par la racine les causes des conflits.  Enfin, tout en insistant sur la nécessité de consulter davantage les pays fournisseurs de contingents dans le cadre des prises de décision concernant le maintien de la paix, le représentant a exhorté les États Membres à établir un calendrier périodique de révision des taux de remboursement dans le cadre de l’examen des OMP. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a pris acte de l’évolution nécessaire de la portée des mandats des opérations de maintien de la paix (OMP), en réponse à l’évolution de la nature et des caractéristiques des conflits menaçant la paix et la sécurité internationales. 

La promotion du développement durable, le renforcement des capacités civiles et institutionnelles des États en situation de postconflit et la promotion de l’état de droit font désormais partie intégrante des mandats de maintien de la paix, s’est félicité le représentant.  Face à la complexité croissante de la planification et de la situation sur le terrain des OMP, M. Meza-Cuadra a insisté sur la nécessité de garder à l’esprit les principes de la Charte, y compris le consentement des parties, le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures et le non-recours à la force hormis en cas de légitime défense.  Rappelant également le principe d’impartialité des OMP, le représentant s’est inquiété d’une évolution récente allant dans le sens d’une logique d’imposition de la paix.  Aussi, M. Meza-Cuadra a souhaité que le précédent introduit par les brigades d’intervention de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo ne fournisse pas de justification pour l’établissement de mandats similaires à l’avenir. 

Concernant la conduite d’un examen des OMP, le représentant a réaffirmé son attachement au processus intergouvernemental de négociations dans le cadre du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. 

Face à la complexité croissante des conflits, M. Meza-Cuadra a appelé à une coopération renforcée entre Conseil de sécurité, le Secrétariat, Comité spécial des opérations de maintien de la paix et les pays fournisseurs de contingents.  Le représentant a particulièrement insisté sur la nécessité d’inclure les pays fournisseurs de contingents aux prises de décisions concernant les OMP. 

M. Meza-Cuadra a appelé à une amélioration de la formation des soldats de la paix et à une utilisation accrue des technologies modernes permettant de faciliter leur travail sur le terrain.  Le représentant a également insisté sur la nécessité de rembourser en temps opportun les pays fournisseurs de contingents et d’actualiser régulièrement les taux de remboursement. 

Affirmant que l’impulsion du maintien de la paix doit avant tout provenir de processus nationaux, M. Meza-Cuadra a souhaité que les OMP se limitent à appuyer les autorités des pays hôtes dans l’articulation et la mise en œuvre de leurs priorités de consolidation de la paix. 

Soulignant l’importance d’un comportement éthique du personnel onusien sur le terrain, le représentant s’est prononcé en faveur de la politique de tolérance zéro  appliquée par le Secrétaire général, en particulier dans les cas d’exploitations et atteintes sexuelles à l’encontre des populations civiles.  Le représentant a également appuyé l’inclusion systématique de la question de la parité entre les sexes dans la mise en œuvre des OMP. 

Saluant la contribution des 7 000 soldats de la paix péruviens déployés dans des OMP à travers le monde, M. Meza-Cuadra a réaffirmé en conclusion l’attachement de son pays au maintien de la paix. 

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a rappelé que son pays a participé à plus de 50  missions de maintien de la paix (OMP) depuis 1958, précisant qu’il fournissait à présent des responsables pour les missions en Haïti et en RDC.  Soulignant que le caractère complexe des situations sur le terrain exigeait des efforts constants pour améliorer les OMP, le représentant a estimé que celles-ci devaient, d’une part, contribuer à l’établissement d’une véritable paix durable, et que, d’autre part, en cette période financière difficile, il fallait parvenir à une répartition plus équitable du fardeau entre tous les États membres. 

S’agissant des OMP pluridimensionnelles, le représentant a estimé qu’il fallait accorder la priorité à la prévention et aux solutions politiques et renforcer l’efficacité des forces sur le terrain.  Le Brésil soutient les efforts du Secrétariat en ce sens, ainsi que l’utilisation de nouvelles technologies dans le cadre des OMP, a-t-il précisé, à condition que cela ne se fasse pas au détriment d’une répartition judicieuse des ressources en termes d’effectifs et d’équipements.  Pour le Brésil l’argument des contraintes financières n’est pas compatible avec le déploiement de technologies avancées dans les OMP, ni avec les mandats de plus en plus robustes et pluridimensionnels que le Conseil de sécurité leur confère, a-t-il affirmé. 

Souhaitant que les États Membres sachent tirer le meilleur parti de l’examen des OMP annoncé par le Secrétaire général en juin dernier, le représentant a estimé que les suggestions et points de vue exprimés à cette occasion seront abordés dans le cadre d’une discussion démocratique du C34, y compris l’impasse budgétaire concernant le financement des missions politiques spéciales. 

M. ABHISHEK SINGH (Inde), rappelant que son pays est le premier contributeur de troupes de l’ONU, avec 170 000 Casques bleus déployés dans 44 des 69 opérations de maintien de la paix menées par les Nations Unies depuis leur création, a insisté sur les valeurs fondamentales de ces missions: principe du consentement, impartialité, usage de la force exclusivement pour la légitime défense et la mise en œuvre du mandat.  Il a déploré à ce sujet que l’article 44 de la Charte, qui invite le Conseil de sécurité les États non représentés au Conseil à participer aux décisions qui concernent le déploiement de leurs troupes au sein des missions de maintien de la paix, ne soit pas appliqué. 

Abordant la question des mandats multidimensionnels, le représentant a exprimé la préoccupation de son pays par la formulation des mandats des missions de maintien de la paix, qui regroupe aujourd’hui les mandats traditionnels et les mandats exceptionnels plus interventionnistes, et les modifications ultérieures qui peuvent intervenir après le déploiement de la mission.  Il a cité en exemple la MONUCSO, dont une partie du contingent forme une Brigade d’intervention rapide, avant de réclamer que les mandats comportent systématiquement « des mesures juridiquement contraignantes permettant de poursuivre en justice et de neutraliser tout groupe ou milice armé s’attaquant ou menaçant de s’attaquer aux Casques bleus ».  « Le risque de voir des soldats de la paix impliquer dans des conflits essentiellement internes doit être souligné », a-t-il affirmé.  Le représentant a par ailleurs souligné le « rôle important » joué par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, se félicitant qu’il ait pu finaliser son rapport après une année d’impasse. 

En conclusion, M. Singh a plaidé pour des investissements dans les équipements, la logistique et la formation accordés aux OMP afin de les rendre « plus viable et plus durables », à la lumière de l’émergence des « mandats multidimensionnels ». 

Mme CAROLINE ZIADE (Liban) s’est prononcée en faveur d’une approche innovante et multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix (OMP) pour faire face à l’évolution de la nature des conflits et a réaffirmé son attachement au processus intergouvernemental de négociation des politiques de maintien de la paix au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. 

La représentante a insisté sur la nécessité d’accroître la participation des femmes dans le cadre du déploiement des OMP et d’intégrer la question de la sexospécificité dans la mise en œuvre des activités de maintien de la paix, s’agissant notamment de l’intégration des femmes à tous les niveaux et dans tous les secteurs, aussi bien dans la police que la représentation politique. 

Face à la complexité croissante des conflits, la représentante a appelé à une coopération renforcée entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix et les pays fournisseur de contingents.  De cette coopération accrue, a-t-elle ajouté, dépendra l’établissement de bonnes relations avec les pays d’accueil.  Mme Ziadé a en outre affirmé l’importance de la protection des civils et de l’appui à l’état de droit en situation de postconflit afin de faciliter des processus de transition sans heurt et enraciner la paix sur le terrain. 

À ce titre, la représentante a salué la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour son professionnalisme et son rôle crucial dans le maintien de la paix au Liban.  Mme Ziadé a lancé un appel afin qu’Israël mette définitivement fin aux violations de la souveraineté libanaise et s’aligne sur les résolutions adoptées par les Nation Unies en ce sens.  La représentante a également mis les États Membres en garde contre des crimes inacceptables tels que l’attaque israélienne de 1993 contre le siège de la FINUL.  Elle a appelé la FINUL à prévenir tout acte unilatéral pouvant entraîner une détérioration de la situation au Liban.  Tout en saluant l’établissement d’un dialogue de qualité entre la FINUL et les autorités libanaises, Mme Ziadé a souhaité un renforcement de l’appui de la FINUL aux forces armées de son pays. 

M. GONZALO KONCKE (Uruguay) a rappelé que son pays a déployé à ce jour deux millions de Casques bleus dans le cadre de 16 missions d’opérations de maintien de la paix des Nations Unies, soit 25% de ces forces de défense.  Déplorant le manque de consultation préalable au déploiement d’une brigade d’intervention dans le cadre d’une mission de l’ONU l’année dernière, le représentant a estimé que l’augmentation du nombre de soldats de la paix constatée depuis plusieurs années et l’élargissement des mandats de ces missions nécessitaient des formations adéquates permettant au personnel de ces missions de mieux s’acquitter de leurs mandats. 

Soulignant les risques accrus que représentaient pour la sécurité des Casques bleus les contraintes budgétaires des dernières années, M.X a regretté les nouvelles menaces posées par des groupes armés et terroristes qui ciblent les soldats de la paix et les pays fournisseurs de contingents.  Il a également regretté les retards qui interviennent dans les paiements des PCC par les Nations Unies, ce qui représente un fardeau pour les pays fournisseurs de contingents, et s’est dit favorable au renforcement du rôle du C34, forum de discussion idoine pour toutes les questions relatives au maintien de la paix. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné les évolutions que connaissent les opérations de maintien de la paix et qui en ont fait « l’un des principaux outils politiques de la communauté internationale pour la gestion de crises complexes ».  Soulignant que les Casques bleus avaient désormais « des tâches plus difficiles, des mandats plus multidimensionnels, dans des environnements plus dangereux », le représentant a estimé nécessaire de prendre acte des nouveaux défis auxquels sont confrontés les opérations de maintien de la paix et de renforcer le rôle et la participation des États Membres. 

Saluant la volonté du Secrétaire général de procéder à l’évaluation du fonctionnement de ces opérations, il a appelé les États Membres à fournir au Secrétaire général des directives et des orientations pour faciliter ce processus.  Il a énuméré à cette occasion un certain nombre d’éléments que son pays souhaitait voir aborder à l’occasion de cette évaluation: renforcement de la coopération triangulaire entre les États Membres, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes; amélioration de la planification avant le déploiement, fourniture du soutien nécessaire, en termes de fonds, d’équipements et de formations; utilisation d’équipements de haute technologie; renforcement du rôle des organisations régionales; non-utilisation de la protection des civils comme prétexte à des interventions militaires; meilleure préparation des stratégies de sortie; consultations sur la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions. 

« Pour fournir une plateforme de discussion sur ces principes, l’Égypte est prête à accueillir une réunion régionale au Caire », a indiqué le représentant, avant de rappeler la contribution de son pays aux opérations en cours et de s’engager à renforcer la participation de son pays pour déployer de nouveaux contingents de Casques bleus, déployer des spécialistes civils (génie civil, logistique, transport, santé) et pour offrir des formations techniques aux personnels qui seront déployés. 

Mme SALAMATOU BOHARI (Niger) a noté la complexité croissante des missions de maintien de la paix de l’ONU et a souligné la nécessité de les doter de mandats clairs et réalisables, de ressources adéquates et de matériel logistique et de communication appropriés afin de leur permettre de répondre efficacement aux attentes.  Dans cette optique, le partenariat entre toutes les parties prenantes s’avère nécessaire, a estimé la représentante. 

Le Niger contribue depuis des années aux OMP et est favorable à leur amélioration, ce qui suppose notamment un réajustement et un perfectionnement du dispositif des forces engagées, a-t-elle affirmé, avant de souligner que le personnel des OMP devait se conformer aux normes et comportements les plus strictes, de façon professionnelle et disciplinée.  Une fois le conflit terminé, il importait de réformer le système de sécurité du pays donné pour y assurer une paix et un développement durables, a-t-elle ajouté.  La représentante a par ailleurs salué la mémoire des soldats de la paix nigériens tombés au Mali le 3 octobre 2014 suite à une attaque terroriste, ainsi que celle d’autres Casques bleus africains. 

M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a pris acte de l’évolution des opérations de maintien de la paix (OMP) d’un rôle traditionnel de surveillance de la trêve vers une approche multidimensionnelle, sous l’impulsion de la complexité croissante des conflits.  Face à cette évolution, le représentant a appelé, d’une part, à une coopération accrue entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, et d’autre part, à une préparation et une formation exhaustives des personnels de maintien de la paix afin qu’ils soient en mesure de s’acquitter de tâches complexes sur le terrain. 

M. Rahman a également souhaité l’amélioration des déploiements rapides et du processus de constitution des forces, déplorant le manque de support technique et de constitution des forces appropriée dans de nombreuses OMP.  Le représentant s’est félicité de l’expérience de son pays dans le maintien de la paix, citant notamment l’Institut de formation aux opérations de support à la paix du Bangladesh (BIPSOT), qui offre des formations dans toutes les facettes des OMP, dont la protection des civils.  Tout en se disant favorable à l’utilisation de la technologie dans le cadre des OMP, M. Rahman a souhaité en limiter la portée dans le cadre de mandats clairement établis, ajoutant que la technologie ne peut se substituer aux soldats de la paix. 

Le représentant s’est prononcé en faveur d’un élargissement démocratique du processus de prise de décisions en matière de maintien de la paix, invitant notamment le Comité spécial des opérations de maintien de la paix à mieux s’appuyer sur l’Assemblée générale dans le cadre de l’examen des OMP pour lequel il a été mandaté.  M. Rahman s’est félicité de la tenue du Sommet sur le maintien de la paix le 25 septembre dernier, organisé conjointement par le Bangladesh. 

En conclusion, M. Rahman a énuméré une série de mesures pour améliorer les OMP, dont l’adoption de mandats clairs, réalistes et réalisables; la participation des pays fournisseurs de contingents aux prises de décisions; l’adéquation des ressources mises à disposition des OMP; la garantie de la sécurité des personnels des OMP; la non-substitution des OMP aux processus politiques nationaux de consolidation de la paix et l’établissement d’un mécanisme viable de remboursement des pays fournisseurs de contingents. 

Mme MERVE NEVA ÜNAL (Turquie) a pris acte de l’évolution nécessaire de la portée des mandats des opérations de maintien de la paix (OMP) afin de répondre à la nature changeante des conflits menaçant la paix et la sécurité mondiales.  Rappelant la menace terroriste grandissante et les difficultés budgétaires endémiques affectant les activités de maintien de la paix des Nations Unies, la représentante a estimé nécessaire de repenser les principes régissant les mandats des OMP ainsi que la mise à disposition des ressources clefs. 

Mme Ünal s’est félicitée du processus d’examen en cours dans le cadre du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, précisant que cet examen devait tenir compte tout particulièrement de la nécessité pour les OMP de protéger les civiles, notamment dans le cadre de mandats dit robustes.  Mme Ünal a également insisté sur la nécessité de maintenir un personnel en uniforme de qualité grâce à des formations adaptées et sur les bénéfices potentiels de nouvelles technologies telles que les drones, dont l’utilisation accrue permettra de sauver des vies humaines et d’alléger la charge des soldats de la paix sur le terrain. 

La représentante a appelé l’Organisation à mieux s’appuyer sur les acteurs régionaux pertinents dans le cadre de la mise en œuvre des OMP.  Les efforts pour maintenir la paix à court terme doivent également s’accompagner d’efforts de consolidation de la paix sur le long terme, notamment via le recours à la médiation, qui présente l’avantage de reposer sur le consentement des États.  Saluant le professionnalisme des soldats de la paix turcs déployés dans de nombreuses OMP à travers le monde, Mme Ünal a renouvelé en conclusion l’attachement de son pays au maintien de la paix dans le monde.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.