En cours au Siège de l'ONU

5e Réunion biennale des États sur le commerce illicite des armes légères,
5e et 6e séances - matin et après-midi
CD/3507

Examen du Programme d’action de l’ONU sur les armes légères: les délégations mettent l’accent sur l’amélioration de la coopération aux fins du renforcement des capacités

Des États intervenants demandent que l’aide à la lutte contre les flux illicites d’armes soit octroyée sans condition et soit respectueuse de la souveraineté des pays récipiendaires

La cinquième Réunion biennale d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères –« le programme d’action de l’ONU sur les armes légères »- a mis l’accent aujourd’hui sur l’amélioration de l’aide et de la coopération internationale pour la formation des acteurs de la mise en œuvre de ce programme dans les pays en développement ou en transition.

Cette troisième journée des débats, tenus par la Réunion d’examen depuis l’ouverture de ses travaux lundi, a permis aux participants d’entendre de nombreuses délégations insister que la coopération et l’aide en faveur du renforcement des capacités, de la formation et du transfert de technologies et de matériels pertinents soient apportées aux États qui en ont besoin ou en font la demande sans condition et dans le respect de leur souveraineté nationale.  Beaucoup d’intervenants ont jugé insuffisants les moyens à ce jour mobilisés par la coopération internationale et ont demandé la création de bourses de formation et la mise en place de nouveaux fonds aux Nations Unies pour collecter les ressources qui permettraient de mieux soutenir et appuyer les projets de coopération dans le domaine de la lutte contre le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.   

« En 2012, les pays de l’Union européenne (UE) et les institutions européennes ont consacré 20 millions de dollars au renforcement des capacités en vue du contrôle des armes légères », a dit la représentante de l’Union européenne, en insistant notamment sur l’aide fournie à la gestion des stocks et des flux d’armes en Libye.  Elle a souligné l’action menée par l’UE pour, d’une part, soutenir la lutte contre l’accumulation illicite d’armes à feu en Afrique, et de l’autre, aider les pays des Balkans occidentaux à mettre en œuvre les obligations qui leur incombent au titre du Programme d’action de 2001 et de l’Instrument de traçage de 2005.

Le représentant du Bélarus a cité en exemple l’initiative de sécurisation et de protection physique menée par son pays sur 30 sites de stockage d’armes, grâce à l’assistance de partenaires, notamment l’Union européenne, qui ont pris en charge près de la moitié des 6,3 millions de dollars consacrés à la mise en œuvre de ce projet.  La représentante du Mali a quant à elle remercié le Gouvernement allemand et le Service de la lutte antimines des Nations Unies (SLAM) pour les contributions qu’ils ont récemment apportées aux efforts menés par son pays.  Compte tenu de l’actualité et des difficultés particulières qui se posent au Mali, elle a souhaité que son pays soit parmi les pays bénéficiaires, et ceci de manière prioritaire, de la coopération en matière de prévention, de lutte et d’élimination du commerce illicite des armes légères. 

« On ne peut imposer un type d’assistance particulier », a prévenu au cours de son intervention la représentante de Cuba en insistant qu’il appartient aux États récipiendaires de déterminer le type d’assistance dont ils ont besoin dans le cadre de cette coopération internationale.  En écho à cette intervention, le représentant du Japon a dit que pour son pays, qui a déjà consacré 153 millions de dollars à la lutte contre le fléau des transferts illicites d’armes légères, les conditionnalités posées à l’attribution de l’aide contribuent à la transparence que veulent les contribuables dans les pays donateurs.  Le représentant des États-Unis a indiqué que sa délégation s’inquiétait de la formulation « aide sans condition » figurant dans le projet de texte négocié, avant d’insister sur le rôle que doivent jouer les organisations régionales et sous-régionales pour encadrer les initiatives nationales.  La représentante de la France, dont le pays vient d’adopter une nouvelle stratégie de lutte contre la prolifération des armes légères, a estimé que l’aide était un acte souverain et ne pouvait être imposée.  

Au-delà de la formation et du renforcement des capacités, des délégations ont mis l’accent sur les moyens financiers.  Estimant que l’aide et la coopération n’étaient pas à la hauteur des besoins en matière de lutte contre la prolifération, le représentant de l’Indonésie, s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a proposé la mise en place d’un fonds spécial à travers lequel pourrait être assurée une aide fiable et durable aux pays qui en ont besoin et la création d’un programme de bourses distinct sur la question des armes légères, afin de former les responsables désignés par les gouvernements. 

Dans la même veine, les représentants de l’Inde et de la Thaïlande ont appuyé la proposition visant à demander au Bureau des affaires de désarmement de l’ONU de mettre en place des bourses destinées à la formation des spécialistes de pays en développement chargés de la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes légères.  La délégation de l’Iraq a pour sa part exhorté les partenaires au développement à ne ménager aucun effort, en matière de formation et de bourses, afin de renforcer les capacités des pays en développement dans le domaine de la prévention et de la lutte contre les flux illicites d’armes légères.

« Nous faisons de notre mieux pour adapter nos ressources aux besoins existants et profiter des échanges d’expérience pour endiguer la prolifération », a dit le représentant du Ghana, qui parlait au mon de la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Alors que le représentant de l’Argentine a suggéré de renforcer les alliances stratégiques entre les États et la société civile, la déléguée de la Chine a pour sa part suggéré la promotion du dialogue entre les États, notant qu’ils doivent renforcer leur législation nationale.  Elle a aussi appelé l’ONU à jouer le rôle qui lui incombe en promouvant l’aide et la coopération internationale.  « Le problème de la prolifération des armes ne peut être combattu par une somme d’efforts individuels, mais par une démarche intégrée et globale », a dit le représentant du Pérou, pays qui a proposé la mise en place d’un réseau  interaméricain de contrôle des armes légères et des explosifs à usage civil.

Soulignant la nature transfrontalière du commerce illicite des armes légères, la représentante de la Colombie a proposé la création de bases de données sur le commerce illicite des armes, notamment afin d’en garantir la bonne traçabilité.  Les représentants du Costa Rica et de l’Australie ont souhaité la mention, dans le projet de document en cours de négociation, de l’importance du Mécanisme de fonds internationaux des Nations Unies d’appui à la coopération en matière de régulation des armes (UNSCAR).  Notant que l’UNSCAR venait d’être créé à la suite de la conférence de 2012, le représentant des États-Unis a jugé qu’il était prématuré de demander la mise en place d’un nouveau fonds d’affection spéciale, ceci au vu des difficultés financières auxquelles font actuellement face les États.

La Réunion biennale d’examen poursuivra ses travaux demain, jeudi le 19 juin, à 10 heures.

 
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