Comité de maintien de la paix: inquiétudes quant au manque de moyens logistiques dans les missions de l’ONU
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
Session de fond de 2014
236e & 237e séances – matin & après-midi
COMITÉ DE MAINTIEN DE LA PAIX: INQUIÉTUDES QUANT AU MANQUE DE MOYENS LOGISTIQUES DANS LES MISSIONS DE L’ONU
Au deuxième et dernier jour du débat général du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, de nombreuses délégations se sont inquiétées des faibles moyens dont disposent les missions de l’ONU, une situation, ont-elles relevé, qui a un impact particulièrement négatif sur la mobilité des troupes.
« La complexité croissante et l’élargissement des opérations de maintien de la paix exigent que l’on améliore leurs capacités et qu’on leur fournisse des ressources adéquates », a souligné le représentant de l’Algérie. Son homologue du Népal a dénoncé les « situations pathétiques » auxquelles l’ONU a dû faire face parce qu’elle n’avait pas d’hélicoptères.
Le représentant de l’Ukraine a fait la proposition d’offrir des mesures incitatives plus alléchantes aux pays contributeurs d’hélicoptères comme par exemple, la création d’un système de remboursement non pas sur la base des heures de vol effectuées mais à partir d’un taux mensuel fixe. Une telle approche permettrait aux chefs de mission d’éviter la pratique courante qui les pousse, dans un souci d’économie, à utiliser des hélicoptères civils, payés sur une base mensuelle, plutôt que des engins militaires, s’est-il expliqué.
Dans son rapport* sur l’application des recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, le Secrétaire général indique qu’entre 2012 et 2013, on a recouru à des méthodes et des partenariats novateurs en vue de mettre à la disposition des missions les unités d’hélicoptères dont elles avaient besoin. Le représentant de l’Ukraine a tout de même accusé le Département d’appui aux missions (DAM) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) d’avoir des « préjugés négatifs » à l’égard des entreprises et des unités d’hélicoptères militaires ukrainiennes.
Au-delà des hélicoptères, son homologue de la Norvège a proposé une autre solution. « Le manque perpétuel de mobilité » pourrait être compensé par l’utilisation des drones, a-t-elle estimé, en arguant de la situation au Soudan du Sud où la saison des pluies rend la majorité du pays inaccessible sauf par voie aérienne.
« La majorité des missions pourraient profiter des drones pour améliorer les capacités d’alerte rapide et la sécurité de leur personnel », a insisté la délégation norvégienne. Le représentant du Canada a plaidé pour le déploiement de ces systèmes et autres technologies comme les radars et les équipements de vision nocturne.
Son homologue du Soudan n’a pas été le seul à relever que l’utilisation de drones continue de soulever une multitude de questions « morales, juridiques et politiques » auxquelles il faudra répondre.
D’autres questions ont été abordées aujourd’hui. Le représentant du Bangladesh s’est inquiété des retards dans le remboursement des pays contributeurs de contingents et a espéré que la publication du prochain rapport sur cette question permettra de mettre à jour le barème des remboursements.
Son homologue de l’Ukraine a dénoncé les nombreux défis logistiques et financiers supplémentaires que connaissent les pays fournisseurs de contingents à cause d’une tendance du Conseil de sécurité à proroger les mandats des missions deux ou trois jours avant, voire le jour même de leur expiration.
Le représentant du Sénégal a, quant à lui, jugé essentiel de tenir compte du facteur linguistique dans le choix des contingents à déployer dans le théâtre des opérations. « Pour être efficace, le personnel engagé doit maîtriser ou avoir de solides aptitudes à dialoguer avec les populations concernées. »
Dans ses remarques de clôture, et paraphrasant un passage de Jules César de Shakespeare, la Présidente du Comité spécial, Mme U. Joy Ogwu, du Nigéria, a fait observer que le voyage des hommes est marqué par le mystère des marées et a appelé les délégations à saisir le courant actuel de la bonne volonté, de l’espoir et de l’unité.
En début de séance, le Comité spécial a observé une minute de silence pour rendre hommage à la mémoire des Casques bleus tombés l’an dernier. La Présidente du Comité a parlé de la mort, le week-end dernier, de deux Casques bleus salvadorien et espagnol de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), et de celle du colonel Yao Telou, Conseiller de la défense du Togo qui a participé à des opérations de maintien de la paix.
Les délégations d’Israël, de Fédération de Russie, de Géorgie et du Liban ont exercé leur droit de réponse.
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui se réunit désormais en consultations officieuses, tiendra une séance plénière dans l’après-midi du vendredi 21 mars.
* A/68/652
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Au nom de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ),M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a insisté sur la formation des soldats de la paix. Il s’est réjoui du premier déploiement de systèmes d’aéronefs sans pilote et sans armes au sein de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) qui permet de faire progresser la modernisation des capacités onusiennes. Nous devons accélérer le déploiement de ces systèmes et d’autres technologies comme les radars et les équipements de vision nocturne, a plaidé le représentant. Il s’est donc réjoui de la création d’un Groupe de travail chargé d’examiner les besoins en matière de technologies pour s’attaquer aux problématiques modernes. Il a voulu voir s’installer un processus de constitution de forces véritablement axé sur les capacités qui permette de prévoir plus rapidement les besoins futurs. La Brigade d’intervention de la MONUSCO illustre bien comment il est possible de déployer des moyens adéquats pour contrer une menace de façon décisive. Le représentant a donc regretté que le manque d’hélicoptères continue d’avoir une répercussion négative sur la mise en œuvre des mandats, en particulier celui de la protection des civils.
Poursuivant, il a souligné l’importance de la résolution 2086 du Conseil de sécurité qui reconnait la nécessité de renforcer le partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents. Il a salué la finalisation de la Politique sur les transitions de l’ONU et a estimé que les grands principes de cette politique, à savoir la planification rapide, l’intégration, l’appropriation nationale et le renforcement des capacités, y compris la communication, doivent être appliqués à tous les scénarios de transition.
M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) s’est inquiété de l’impasse dans laquelle s’est trouvé le Comité spécial l’année dernière concernant des questions de procédure et s’est interrogé sur la réelle volonté des États Membres d’aller de l’avant. Les demandes croissantes en matière de maintien de la paix, a poursuivi le représentant, doivent conduire à une collaboration plus rapprochée entre les pays contributeurs de troupes, les organisations régionales et le Secrétariat. Il a encouragé les États Membres à contribuer en personnel à la cause du maintien de la paix. Il a aussi plaidé pour un processus triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et de police et le Secrétariat dès la planification des opérations.
Le représentant s’est inquiété du manque de ressources et des problèmes de gestion qui liés au manque d’hélicoptères, dénonçant notamment les « situations pathétiques » auxquelles l’ONU a dû faire face, en particulier lorsqu’il s’est agi de la protection des civils. M. Bhatarrai a appelé le Comité spécial à promouvoir des accords entre le Secrétariat et les États intéressés sur les équipements en attente. Il a tout de même dénoncé les retards dans l’indemnisation des pays dont les soldats ont été tués ou blessés.
Le représentant a fait observer que les rotations annuelles posent un défi de taille pour les pays comme le sien qui sont éloignés des zones d’opération et qui n’ont pas les moyens d’affréter des vols. Les troupes risquent donc d’être soumises à des situations de stress prolongées. Les loisirs sont essentiels, a souligné M. Bhattarai qui a recommandé un cycle de rotation plus court, avant de rappeler que depuis 1958, 110 000 Népalais ont servi dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU et que 69 d’entre ont fait le sacrifice suprême.
M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda) a voulu qu’en matière de maintien de la paix, l’on tienne compte des avantages comparatifs des acteurs régionaux et sous-régionaux. Il s’est félicité du déploiement de la Brigade d’intervention qui a été conçue à la Conférence internationale sur les Grands Lacs en tant que « force neutre ». Il s’est félicité que la contribution de l’Union africaine en tant qu’acteur du maintien de la paix ait été reconnue et encouragée par le Conseil de sécurité. Il a appelé le Département des opérations de maintien de la paix à continuer de travailler avec la Commission de l’Union africaine et ses mécanismes sous-régionaux. Le succès dans le déploiement des troupes africaines au Mali et en République centrafricaine témoigne de l’efficacité de la contribution que l’Union africaine peut apporter, a-t-il dit. Dans ce contexte, il a appelé l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité et le Département des opérations de maintien de la paix, à fournir un appui logistique et technique à la capacité africaine de réaction aux crises. Il a salué l’importance du Centre de services régional d’Entebbe qui facilite la coordination des missions et les opérations en Afrique.
Mme TINE MØRCH SMITH (Norvège) a estimé que la majorité des missions de maintien de la paix pourraient profiter des drones qui peuvent améliorer les capacités d’alerte rapide ainsi que la sécurité et la sureté des missions et de leur personnel. Les drones peuvent compenser « le manque perpétuel de mobilité », a-t-elle insisté, en citant en exemple le Soudan du Sud où, a-t-elle relevé, la saison des pluies rend la majorité du pays inaccessible sauf par voie aérienne.
Mme Mørch Smith a jugé nécessaire d’améliorer la collecte des données et le partage d’informations afin de renforcer la capacité de l’ONU à mieux comprendre et gérer les situations complexes de maintien de la paix. Elle s’est félicitée, à ce titre, de la création de la cellule d’analyse conjointe de la Mission, ainsi que du projet pilote au Mali.
La représentante a salué l’Union africaine et les organisations régionales africaines qui n’hésitent pas à se déployer dans des situations extrêmement difficiles, dont la République centrafricaine. Elle s’est dite convaincue que le Cadre d’orientation stratégique permettra de renforcer l’efficacité des policiers qui travaillent dans les opérations de maintien de la paix. Elle a annoncé que l’Institut norvégien des affaires internationales et le Challenges Forum accueilleront, du 17 au 18 mars, à Oslo, un séminaire sur le renforcement des capacités et le développement, pour appuyer le Cadre. Elle a appelé les Départements des opérations de maintien de la paix, d’appui aux missions et des affaires politiques à assurer le suivi des recommandations sur les moyens de combler les écarts en matière d’égalité entre les sexes parmi le personnel civil des opérations de paix.
Mme ALEXANDRA TOHMÉ (Liban) a salué le partenariat entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour renforcer l’état de droit dans les pays frappés par une crise. Elle a dit l’importance de faire des évaluations conjointes et d’étudier les avantages comparatifs pour combler les lacunes des opérations de maintien de la paix. Elle a plaidé pour l’appui au renforcement des institutions, l’implication des experts civils, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents. Elle a insisté sur l’importance de l’appropriation nationale pour pérenniser la paix. Elle a salué la plateforme des capacités civiles, CAPMATCH, pour répondre aux besoins sur le terrain et souligné les avantages comparatifs d’agences telles que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et ONU-Femmes. Elle a aussi voulu que l’on identifie des cadres de coopération entre l’ONU et la Banque mondiale.
La représentante a rappelé que le Liban est hôte de deux des missions les plus anciennes de l’ONU, l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui visent à mettre fin aux violations par Israël de l’intégrité territoriale libanaise. Elle s’est inquiétée de la persistance de ces violations et a fustigé la « guerre électronique » lancée par Israël contre le Liban grâce à un réseau mis en place le long de la frontière.
M. GONZALO KONCKE PIZZORNO (Uruguay) a voulu faire une mise au point: « mon pays ne participe pas aux opérations de maintien de la paix pour son prestige ni pour la formation de ses troupes mais pour des impératifs éthiques et moraux ». Dans ce cadre, il a insisté sur l’importance qu’il y a à dialoguer avec toutes les parties qui ont une incidence directe ou indirecte sur le travail des Casques bleus. Il a jugé nécessaire de renforcer la place du Comité spécial dans le système de l’ONU.
M. Koncke Pizzorno s’est félicité des progrès réalisés en matière de protection des civils et d’équipements. Après avoir plaidé pour une implication plus forte des pays contributeurs de troupes dans les décisions liées au maintien de la paix, le représentant a estimé que la Brigade d’intervention de la MONUSCO « dépasse » le cadre conceptuel approprié. Les missions doivent limiter le recours à la force à la légitime défense ou la défense de leur mandat, a-t-il tranché en se disant préoccupé du danger que risque de poser cette Brigade sur la protection des civils.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a noté que de plus en plus d’opérations de l’ONU semblent aller bien au-delà de la traditionnelle activité de maintien de la paix. Il a insisté sur le rôle de l’Assemblée générale et du Comité spécial, instances idoines pour débattre du contenu du maintien de la paix. Il a par exemple estimé que l’utilisation de drones, même à titre expérimental, est une question « très sensible » qui doit être examinée de façon très prudente dans le respect des trois principes cardinaux du maintien de la paix. La protection des civils ne doit pas servir de prétexte à l’intervention militaire de l’ONU. Cette protection exige une approche holistique englobant des appuis et des ressources adaptés.
Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) s’est félicitée des nouvelles mesures de l’ONU visant à renforcer la participation des femmes à la résolution des conflits et la consolidation de la paix à tous les niveaux. Elle a précisé que le Rwanda est le premier fournisseur de femmes policières dans les missions de maintien de la paix et qu’en tant que nation phare de l’autonomisation des femmes, il est résolument engagé à promouvoir leur participation dans les opérations de maintien de la paix. La responsabilité première de la protection des civils incombe en premier chef au pays hôte qui doit être soutenu par l’ONU, a dit la représentante qui s’est alarmée du nombre croissant d’attaques contre les Casques bleus. Elle n’a pas manqué de souligner l’importance de la coopération intermissions et de la contribution de la stratégie globale d’appui aux missions.
M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a indiqué que le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, restent les principes cardinaux qui gouvernent les opérations de maintien de la paix. Il a souligné que le développement de la politique de maintien de la paix doit s’accompagner des ressources adéquates afin de garantir leur efficacité. Tout en reconnaissant qu’il existe des améliorations à faire dans la conduite des opérations de maintien de la paix, notamment en termes de qualité et de réduction des coûts, le représentant a jugé nécessaire de poursuivre ces efforts en mettant l’accent sur la qualité des services fournis, la formation des Casques bleus, les partenariats stratégiques ainsi que sur une meilleure clarification des mandats des opérations de maintien de la paix. M. Diallo a estimé nécessaire de poursuivre les consultations du Secrétariat avec les États Membres sur la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions.
Après avoir condamné les meurtres, enlèvements et attaques ciblées qui visent le personnel de maintien de la paix, le représentant du Sénégal a appuyé la mise en œuvre du Plan décennal de renforcement des capacités ainsi que le Plan d’action conjoint pour l’appui des Nations Unies au maintien de la paix de l’Union africaine. Ces efforts conjoints aideront à la concrétisation de la Force africaine en attente, a-t-il fait observer. M. Diallo a ensuite annoncé que le Sénégal augmentera « sensiblement » sa participation à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) avec le déploiement d’une compagnie mécanisée et d’une unité multinationale d’hélicoptères dans le courant de l’année.
Le représentant a estimé que la réduction importante du budget pour la période 2012-2013 ne devrait pas influer sur les décisions du Conseil de sécurité. Il a indiqué que le montant considérable de remboursement que l’ONU doit actuellement aux pays contributeurs de troupes demeure une préoccupation. Il a aussi appelé l’ONU à maintenir une politique de tolérance zéro sur toutes les formes d’inconduite.
M. Diallo a jugé essentiel de tenir compte du facteur linguistique s’agissant du choix des contingents déployés dans les théâtres des conflits. Pour être efficaces, les personnels engagés doivent maîtriser ou avoir de solides aptitudes à dialoguer avec les populations concernées, a-t-il notamment fait observer.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué les initiatives au Mali, avec le déploiement de la MINUSMA, et en RDC, avec la Brigade d’intervention. La situation au Soudan du Sud a démontré le rôle unique et indispensable de l’ONU, s’est-il aussi félicité, notant que les opérations de maintien de la paix méritent des orientations basées sur les pratiques optimales observées sur le terrain. Il a salué le transfert d’unités de police d’autres missions vers le Soudan du Sud et l’introduction de drones pour améliorer l’efficacité de la MONUSCO et la protection de son personnel et des civils. Il s’est aussi félicité du développement d’outils et de politiques pour remédier aux problèmes de discipline. Il a appuyé les efforts de promotion de droits de l’homme et de l’état de droit qu’il a jugé décisifs pour la crédibilité et la légitimité des opérations de maintien de la paix.
M. FETHI METREF (Algérie) a souligné que la complexité croissante et l’élargissement des opérations de maintien de la paix nécessitent d’améliorer leurs capacités et de leur fournir des ressources adéquates. Il s’est inquiété des écarts qui demeurent entre la définition des mandats et les moyens mis à la disposition des missions. Il a estimé que le Conseil de sécurité doit pouvoir adapter les mandats des missions lorsque cela s’avère nécessaire et sans sélectivité. Il a insisté sur l’importance de mener un processus transparent et inclusif à cette fin. Il a fait observer que le rétablissement, la consolidation et l’élargissement de l’autorité de l’État sont une composante essentielle des mandats qui doit reposer sur l’appropriation nationale. En la matière, il a jugé important d’améliorer la coordination entre les missions de maintien de la paix, les équipes de pays et les acteurs nationaux de développement. M. Metref a aussi souligné que la réforme du secteur sécuritaire est un processus national qui doit se faire dans le cadre du respect de l’état de droit.
Le représentant a poursuivi en parlant du rôle important que sont amenées à jouer les organisations régionales et a insisté sur l’importance de leur fournir un appui adéquat. Il a notamment estimé que les capacités africaines de maintien de la paix doivent être renforcées et a appelé l’ONU à renforcer son appui aux missions de maintien de la paix de l’Union africaine. M. Metref s’est par ailleurs inquiété de l’échec du Comité à adopter son rapport annuel lors de la session précédente.
M. RAJA REZA BIN RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) a précisé que 946 militaires et policiers malais servent actuellement dans sept opérations de maintien de la paix. Il a souligné l’importance d’une approche basée sur les capacités dans le cadre de la proposition « Nouvel horizon » promue par le Secrétaire général. Le bien-être des Casques bleus doit être une priorité de l’ONU. Il a appuyé le recours aux technologies modernes pour mieux évaluer la situation sur le terrain, collecter des informations et améliorer la surveillance et la sécurité. Les drones peuvent permettre de suivre les mouvements des groupes armés, a-t-il insisté en demandant que la priorité soit accordée aux technologies permettant de renforcer la surveillance et la sécurité. Il faut s’appuyer sur l’expérience pour définir un cadre de protection des civils, a-t-il dit, avant de se féliciter de l’appui apporté par le Département des opérations de maintien de la paix à une formation sur la protection des civils dispensée au Centre de formation aux opérations de maintien de la paix de la Malaisie. À son tour, le représentant malais a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes dans un esprit de partenariat et de responsabilité collective.
M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a fait savoir que son pays envisageait de doubler la taille de son unité d’aviation militaire au sein de la MONUSCO, et que le Parlement ukrainien avait approuvé le transfert d’hélicoptères de combat du Libéria vers la Côte d’Ivoire, afin qu’ils puissent être utilisés dans les deux pays en vertu de la résolution 2062 du Conseil de sécurité. Les écarts actuels entre les mandats et les moyens présentent un véritable défi pour les missions de maintien de la paix, a souligné le représentant, en estimant que la solution à ce problème serait d’offrir des mesures incitatives plus alléchantes aux pays contributeurs d’hélicoptères. Il a proposé un système de remboursement non pas sur la base des heures de vol effectuées mais d’un taux mensuel fixe. Une telle approche permettrait aux chefs de mission d’éviter la pratique courante qui les pousse, dans un souci d’économie, à utiliser des hélicoptères civils, payés sur une base mensuelle, plutôt que des engins militaires.
Le représentant s’est inquiété du manque de progrès dans la gestion des transports par avion et a dénoncé le manque de volonté dont font preuve, selon lui, le Département d’appui aux missions et la Division des achats. Il a critiqué le fait que le 3 février dernier, la Division ait annoncé l’annulation de l’offre présentée pour le Mali sans fournir la moindre explication. Ce qui est le plus préoccupant, ce n’est pas le fait que c’est une entreprise ukrainienne qui avait présenté la meilleure offre, mais bien le manque de transparence qui a entouré cette décision, entraînant une situation qui ne fait que nourrir les soupçons. Quelqu’un au Département ou à la Division doit agir par intérêt personnel, a dit penser le représentant. Il a accusé le Département d’appui aux missions et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) d’avoir des « préjugés négatifs » à l’égard des entreprises et des unités d’hélicoptères militaires ukrainiennes. Ainsi, s’est-il inquiété, les hélicoptères militaires ukrainiens de la MONUSCO, de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) opèrent sans lettre de mission depuis le 9 février 2014, tandis que l’entreprise « Ukrainian helicopters » n’a reçu que 18% du paiement dû. L’Ukraine fera au mois de mars un exposé sur les hélicoptères.
Le représentant s’est inquiété de la tendance du Conseil de sécurité à proroger les mandats deux ou trois jours avant, voire le jour même de leur expiration. Il faut un mois au Parlement ukrainien pour autoriser le déploiement de nouvelles troupes, a-t-il fait remarquer, en dénonçant une situation qui contraint l’Ukraine à rapatrier ses troupes à l’expiration des mandats puis à les redéployer une fois la législation adoptée, ce qui pose non seulement des défis logistiques et financiers supplémentaires mais également des risques sécuritaires pour les missions concernées. Il a appelé le Conseil de sécurité à tenir compte de cela.
M. APHAXARD MUTHURI KIUGU (Kenya) a déclaré que la corne de l’Afrique et la Région des Grands Lacs connaissent un terrorisme et une criminalité transfrontalières qui menacent la stabilité régionale. Notant que les Casques bleus doivent protéger des civils avec peu de garanties sur leur propre sécurité, il a appelé la communauté internationale à mieux protéger son personnel. La réforme des secteurs de la défense et de la sécurité est une composante clef du succès des opérations de maintien de la paix, a-t-il dit. « Plus tôt la communauté internationale aidera les pays hôtes à mettre en place des institutions militaires, de police et d’état de droit crédibles, plus vite les efforts de maintien de la paix se traduiront par la stabilisation des pays », a estimé le représentant du Kenya. Estimant que cette question n’a pas été mise en œuvre de manière adéquate en RDC, au Soudan du Sud et en Somalie, le représentant du Kenya a appelé à des efforts coordonnés et concertés de tous les acteurs concernés qui doivent avoir une vision et une stratégie claires. Il a regretté que le Comité spécial n’ait pas pu trouver d’accord sur ses méthodes de travail et qu’aucun rapport n’ait pu être élaboré lors de sa session 2013.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh)a insisté sur l’importance de tenir compte de la perspective des pays hôtes, des enseignements tirés et des meilleures pratiques parmi les pays contributeurs de troupes lors de l’évaluation des besoins des missions. Il a estimé que les exigences en termes de forces doivent fixées sur la base du mandat d’une mission. Les pays contributeurs de contingents doivent être entendus dès le lancement d’une mission et à chaque étape de la modification des mandats. Tout changement dans une opération doit se faire en accord avec ceux qui travaillent sur le terrain, a-t-il tranché, en réclamant des mesures adéquates pour assurer la sécurité et la sureté des Casques bleus qui doivent être bien équipés, surtout dans les missions prolongées.
M. Momen s’est inquiété des retards dans le remboursement des pays contributeurs de contingents et a espéré que la présentation, en temps voulu, à l’Assemblée générale, du prochain rapport sur cette question permettra de passer du taux actuel de remboursement de 6,75% à un nouveau taux. Le représentant a rappelé que les frais d’entretien des équipements augmentent à cause du manque de pièces détachées et d’un appui technique. Il a recommandé des mesures qui permettraient de faciliter le transport, au frais de l’ONU, des pièces détachées.
Le représentant a voulu que l’on honore la mémoire des Casques bleus tombés au front. Il a rappelé que sa délégation avait proposé, l’an dernier, d’établir un mémorial permanent en leur honneur et où figurerait le nom, le grade et la nationalité de chaque défunt. Depuis 1988, 121 465 Bangladeshis ont pris part aux missions de maintien de la paix de l’ONU et 112 d’entre eux ont donné leur vie à la cause de la paix.
M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a estimé que l’approche multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix exige un examen global de la manière dont les mandats sont déterminés. Une meilleure gestion des conflits doit passer par des missions plus souples, a-t-il dit, en estimant que les enseignements tirés du terrain appellent à des opérations simplifiées et mieux coordonnées, à des forces mieux formées et à des capacités aériennes renforcées. Il faut une approche holistique englobant la fin du conflit, la reconstruction et le développement, a insisté le représentant du Kazakhstan. Le Kazakhstan, qui déploie pour la première fois des effectifs dans les missions de maintien de la paix au Sahara occidental, au Libéria, en Côte d’Ivoire et à Haïti, veut travailler avec les État Membres pour renforcer les opérations dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales, a conclu le représentant.
M. DANIEL YILMA WORKIE (Éthiopie) a noté que la gestion des conflits a évolué alors que les Casques bleus sont amenés, de plus en plus souvent, à assumer des mandats qui vont bien au-delà des activités traditionnelles de maintien de la paix. Illustrant ses propos, il a cité les menaces terroristes au Mali et en Somalie et l’effondrement des institutions nationales en République centrafricaine. Il a jugé indispensable une coopération triangulaire plus cohérente entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents. Il a dit l’utilité de promouvoir la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, dont l’Union africaine (UA), notamment dans le domaine du renforcement des capacités. Alors que le continent africain est destinataire de 70% des Casques bleus de l’ONU une meilleure coopération entre l’Union africaine et l’ONU permettrait à cette dernière de mieux comprendre les conflits en Afrique. Le représentant s’est dit encouragé par la proposition du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de créer une force africaine en attente.
M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a estimé que le succès des mandats du Conseil de sécurité dépendait de l’octroi de ressources adéquates aux missions de maintien de la paix et ajustées à l’exécution propre de leurs mandats. Les mesures d’efficacité motivées par la volonté de faire plus avec moins ne devraient, selon lui, jamais compromettre les nécessités opérationnelles fondamentales ou la sécurité du personnel des Nations Unies.
Le représentant a en outre affirmé que l’efficacité et la légitimité des opérations de maintien de la paix dépendaient d’une collaboration étroite entre le Siège de l’ONU, les gouvernements des pays hôtes, les États Membres, les organisations régionales, les partenaires multilatéraux et bilatéraux et d’autres parties prenantes essentielles.
Le délégué jamaïcain a par ailleurs recommandé l’adoption d’une approche holistique de la prévention des conflits et de la reconstruction postconflit, y compris l’utilisation d’instruments de politique sociale et de développement, la poursuite de la mise en œuvre de systèmes d’alerte précoce et d’intervention rapide et la pleine application des engagements conclus sur la contribution des pays développés aux efforts des pays en développement en vue de réaliser leurs objectifs socioéconomiques.
M. DENIS RÉGIS (Haïti) a déclaré que les opérations de maintien de la paix illustrent le rôle irremplaçable de l’ONU en tant que seule organisation disposant de la légitimité, de la crédibilité et de la capacité de résoudre des crises, d’éteindre les foyers de tension et de protéger les plus vulnérables. Il a dit que la République d’Haïti, hôte depuis une décennie de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ne peut que se féliciter de la contribution inestimable de l’ONU à son processus de consolidation de la démocratie et de l’état de droit, nonobstant des réserves légitimes exprimées ici et là. Aujourd’hui, les objectifs de consolidation de la paix exigent une vision renouvelée face aux nouvelles menaces, a estimé le représentant d’Haïti. Il a ajouté que le renforcement de l’efficacité suppose que l’ONU se dote d’une vision nouvelle et de moyens nécessaires, suffisants et adaptés, pour planifier, mettre en place, déployer et conduire des opérations de plus en plus complexes. S’agissant de la MINUSTAH, il s’est félicité de l’idée d’une reconfiguration en une mission de taille plus restreinte et plus ciblée d’ici à 2016.
Dans l’optique des élections législatives, municipales et locales prévues en 2014, le Président haïtien a organisé du 27 janvier au 5 février 2014, un dialogue national impliquant les acteurs politiques et la société civile dans le but de créer les conditions propices à la tenue d’élections honnêtes et crédibles. Le représentant d’Haïti a souligné les progrès des institutions haïtiennes en se targuant d’un taux de croissance économique passé de 2,9% à 4,3% entre 2012 et 2013. Le nombre de personnes déplacées depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a considérablement diminué, a dit M. Régis en se félicitant aussi de la mise en place de programmes d’aide aux plus vulnérables. Si le représentant d’Haïti a reconnu la lenteur des progrès au regard de l’ampleur des attentes, il s’est dit persuadé qu’Haïti atteindra ses objectifs avec l’aide de ses partenaires au développement, dont les Nations Unies.
M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a, à son tour, jugé indispensable de prendre en compte les vues des pays fournisseurs de contingent dans la définition du mandat d’une opération. Il a souligné la nécessité de respecter les trois piliers du maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, l’impartialité, le non-recours à la force à l’exception de la légitime défense, et a appelé à un dialogue constant, franc et ouvert à tous les États Membres de l’Assemblée générale, seul organe intergouvernemental habilité à formuler des recommandations sur les stratégies relatives aux opérations de maintien de la paix. Il a exhorté le Conseil de sécurité à établir des mandats clairs et précis pour que les missions ne soient pas utilisées comme prétexte pour porter atteinte à la souveraineté d’un État. Il a estimé que la question de l’utilisation de drones devait être débattue plus avant.
M. DER KODGA (Burkina Faso) a souligné que toutes les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance politique des États. Il a estimé que la réussite de ces opérations nécessite l’instauration d’une coopération triangulaire entre le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité lors des processus de conception, de définition et de mise en œuvre des mandats. Le représentant a aussi souligné que le volet protection des civils doit occuper une place de choix dans les opérations.
M. Kodga a salué les efforts de la Division de police qui cherche à atteindre l’objectif du déploiement de 20% de femmes d’ici à la fin de l’année en cours. Il a ajouté que le 11 septembre 2013, le Burkina Faso a adopté une stratégie d’intégration du genre dans le déploiement du personnel de la Police et de la Gendarmerie nationales. Le représentant s’est félicité des résultats « très probants » de la collaboration de l’ONU avec l’Union africaine et a estimé qu’ils méritent d’être renforcés. Il a fait savoir que son pays participe depuis 1993 aux opérations de maintien de la paix avec un effectif actuel de 1 998 hommes. Il a aussi annoncé que le Burkina Faso se prépare à faire partie d’une Unité multilatérale d’hélicoptères qui sera déployée au sein de la Mission au Mali et qu’il s’est proposé d’abriter, du 8 au 10 juillet 2014 à Ouagadougou, la cinquième Conférence internationales sur la correction dans les opérations de maintien de la paix.
M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a estimé que l’adoption d’une approche intégrée ne doit pas être considérée comme un luxe au vu de la nature multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix. Il a voulu une meilleure synchronisation entre le Secrétariat et le terrain et a appelé New York à s’abstenir de microgérer les missions. Le représentant a aussi jugé nécessaire d’examiner les questions transversales du maintien de la paix, notamment celles qui ont un impact positif sur le Partenariat mondial pour le maintien de la paix.
M. Laassel a poursuivi en indiquant que le Maroc est un des principaux pays contributeurs de contingents d’Afrique. Il a souligné que les opérations de maintien de la paix doivent bénéficier d’un appui politique dès leur conception et être dotées de suffisamment de ressources financières, humaines et logistiques. La sécurité et la sureté des Casques bleus et du personnel associé ne sauraient être compromises et la coopération triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Secrétariat et le Conseil de sécurité doit être renforcée afin d’établir une interaction réelle et substantielle. Le représentant a également appelé à des mandats réalistes et à des ressources adaptées. Il estimé que la Commission de consolidation de la paix doit jouer un rôle décisif pour appuyer le long terme.
Il a souligné que la protection des civils incombe en premier lieu au pays hôte et que le succès des tâches liées à cette protection exige l’intégration des efforts à tous les niveaux. Il a estimé que les questions entourant le coût des contingents doivent être traitées rapidement. M. Laassel a indiqué que lorsqu’il présidait le Conseil de sécurité, le Maroc a organisé un débat sur la coopération intermissions et la consolidation de la paix postconflit. Le Maroc, a-t-il ajouté, a été élu à la tête de la « formation République centrafricaine » de la Commission de consolidation de la paix. Avant de conclure, M. Laassel a estimé que les méthodes de travail du Comité spécial méritent d’être révisées régulièrement.
M. ABUZIED SHAMSELDIM AHMED MOHAMED (Soudan) a mis l’accent sur la coopération entre le Soudan et le Département des opérations de maintien de la paix dans le respect des principes et buts de la Charte des Nations Unies. Il a prévenu que le non-respect des principes de souveraineté nationale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États minera l’intégrité et la légitimité des Nations Unies. Il a jugé indispensable de renforcer le rôle des organisations régionales dans le maintien de la paix et a estimé que l’argument de la protection des civils ne devrait pas être exploité pour pousser les Nations Unies à s’ingérer dans un conflit au lieu de promouvoir la paix. Notant que l’utilisation des drones continue de soulever une multitude de questions « morales, juridiques et politiques », il a souhaité une bonne analyse de tous ces aspects.
M. SUL KYUNG-HOON (République de Corée) a rappelé que jusqu’ici son pays a participé à 10 opérations de maintien de la paix, depuis le premier déploiement en Somalie en 1993. Il a ensuite développé six points et d’abord le déploiement rapide pour déplorer les retards dans l’arrivée des renforts au Soudan du Sud. S’il a reconnu les progrès, il a néanmoins estimé qu’on peut faire mieux s’agissant des procédures, du transport, du concept des forces de réaction rapide, de l’approche stratégique des pays contributeurs de troupes et de police ou des partenariats avec les arrangements régionaux et les forces en attente. Le représentant s’est ensuite attardé sur la question de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix. Il nous faut, a-t-il estimé, renforcer des cadres institutionnels contre les violations des accords sur le statut de forces et pour la traduction en justice de ceux qui menacent le personnel de l’ONU et compromettent la mise en œuvre des mandats.
Le représentant est ensuite passé à la protection des civils qui figure dans le mandat de 9 missions sur 15. Il a espéré que les enseignements tirés de l’expérience sur le terrain seront dûment reflétés dans le guide que le Département des opérations de maintien est en train de finaliser. Il a, à son tour, parlé de l’utilisation des technologies modernes pour se féliciter du système aérien non armé déployé au sein de la MONUSCO. Là encore, il a espéré que les enseignements tirés de cette expérience seront expliqués à tous les États Membres. Il a d’emblée estimé que l’introduction de technologies telles que l’analyse des renseignements ou les radars peut améliorer les capacités des opérations de l’ONU.
Quant à la stratégie d’appui, le représentant a voulu que les instruments et les principes de la stratégie globale soient dûment intégrés dans tout le système de travail du Département de l’appui aux missions. Le représentant a conclu en appelant le Comité spécial à faire cette année des recommandations « pertinentes et stratégiques sur le fond».
M. HUGO ARÍSTIDES ANGULO ROGEL (El Salvador) a indiqué que les opérations de maintien de la paix avaient permis au Gouvernement d’El Salvador et au Frente Farabundo Martí para la Liberación Nacional (FMLN) de conclure un accord de paix et de mettre ainsi fin à une guerre civile de 12 ans. Le processus a également permis de réduire les forces armées, d’établir une Commission vérité, de réformer les systèmes judiciaires et électoraux et de tenir les élections de 1994, ce qui a débouché sur le départ de la Mission d’observation des Nations Unies en El Salvador (ONUSAL) en avril 1995.
Les opérations font face à des défis complexes qui exigent des stratégies plus souples et de meilleures technologies, a estimé le représentant. Il a indiqué que depuis le mois de février 2014, El Salvador a déployé 184 policiers et soldats dans différentes missions de l’ONU. Il a annoncé le déploiement prochain d’une unité aérienne constituée de 90 membres des forces armées et de trois hélicoptères de type H-500 pour appuyer les activités de la Mission au Mali. Il a appuyé l’utilisation de drones et réclamé une plus grande coopération entre les acteurs qui travaillent sur le terrain.
Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a rappelé que le Honduras a participé à la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUHA) de septembre 1993 à juin 1996 et participe actuellement grâce à un partenariat avec le contingent chilien à la Mission de stabilisation des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Il a également indiqué que son pays fournit des observateurs militaires à la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) depuis sa création en 1991. Il a indiqué que les forces du Honduras comprennent une unité de maintien de la paix et que le Honduras a signé le 24 février 2009 un mémorandum d’accord avec le Département des opérations de maintien de la paix qui précise le cadre de la contribution du pays à l’ONU. Le Président du Honduras souhaite que son pays s’implique de plus en plus dans les efforts de maintien de la paix de l’ONU, a affirmé le représentant.
M. GUSTAVO ADOLFO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a regretté que le Comité spécial ne soit pas parvenu à s’entendre sur un rapport et des recommandations, lors de sa session 2013. Il a mis l’accent sur trois aspects: l’évaluation des opérations de maintien de la paix, les codes de conduite du personnel et les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires à la mise en œuvre des mandats. Le maintien de la paix, a-t-il argué, de se limite pas à la fin d’un conflit mais exige des initiatives de maintien de l’ordre et de renforcement des institutions et processus nationaux indispensables à une paix durable. Dans ce cadre, le représentant a mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale.
Après avoir appelé au respect des trois piliers du maintien de la paix que sont le consentement des parties, l’impartialité, et le non-usage de la force sauf en cas de légitime défense et de défense du mandat, le représentant s’est dit inquiet de l’introduction de ce qui semble être l’imposition de la paix dans certains mandats. « Favorisons plutôt l’appropriation nationale des priorités plutôt que d’imposer la paix. » Compte tenu de la complexité croissante des mandats, il a plaidé, à son tour, pour une meilleure coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents pour assurer la mise à disposition de tous les moyens nécessaires. Notant que le barème de remboursement des pays contributeurs de troupes n’a pas été revu depuis 1992, le représentant s’est inquiété de l’écart croissant entre le coût réel des frais engagés et les montants remboursés par l’ONU.
M. OD OCH (Mongolie) a jugé nécessaire de restructurer de manière optimale les missions de maintien de la paix. Il s’est dit préoccupé par les échecs dans la protection des civils, comme en témoignent les actes de violence sexuelle. Il a réclamé la pleine mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Il a souligné que les troupes de la Mongolie représentent une part importante du système des forces en attente dont plusieurs ont déjà été déployées dans plusieurs missions de l’ONU. M. Och a aussi indiqué que son gouvernement est parvenu à la dernière étape de création d’une brigade en attente pour l’ONU, dont un bataillon est déjà opérationnel.
Après avoir appelé l’ONU à faire plus sur la question des pièces détachées, il a aussi touché du doigt la question du transport des médicaments. Il a conclu en rappelant qu’un Centre national de formation au maintien de la paix a été ouvert à Oulan-Bator; le Gouvernement envisageant d’en faire un centre régional.
M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a souligné le caractère incontournable des trois piliers du maintien de la paix que sont le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de protection du mandat. Les opérations de l’ONU, a-t-il prévenu, ne sauraient se substituer aux processus politiques. Elles doivent en faire partie pour appréhender les causes profondes d’un conflit. L’efficacité des opérations dépend, a-t-il souligné, des ressources politiques, humaines, matérielles et financières dont elles sont dotées mais aussi d’une stratégie de sortie claire. Les opérations ne peuvent être qu’une mesure temporaire et l’expansion « injustifiée » de leurs capacités risque de rendre floue la frontière entre maintien et imposition de la paix.
Toute nouvelle politique en matière de maintien de la paix doit être le fruit d’un consensus entre les États Membres, a averti le représentant. « Seules les approches convenues de façon collective doivent être mises en œuvre », a-t-il insisté en ajoutant que le Comité spécial est le seul organe habilité à formuler des recommandations en matière de maintien de la paix. Il a aussi voulu que l’on cesse d’invoquer la protection des civils pour justifier les interventions militaires, avant d’insister sur l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.
M. GIORGI KVELASHVILI (Géorgie) a dit que son pays possède une vaste expérience de contributeur à la sécurité et la stabilité internationales. Contributeur important de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan, la Géorgie a actuellement 1 600 hommes sur le terrain et restera engagée dans les efforts de développement après 2014. L’Accord-cadre sur l’implication de la Géorgie dans les opérations de gestion de crise en vertu de la politique de sécurité et de défense commune de l’Union européenne a été ratifié par le Parlement géorgien le 20 février dernier, ce qui a créé une base juridique solide pour le renforcement de la coopération en matière de défense, a indiqué le représentant. Il a aussi indiqué que le 21 février, le Parlement a approuvé la décision du Gouvernement de participer à la mission conduite par l’Union européenne en République centrafricaine, avec le déploiement d’une compagnie d’infanterie légère à Bangui. La Géorgie a déjà assuré sa participation à la mission de formation de l’Union européenne au Mali. Aujourd’hui, des consultations sont en cours pour identifier des domaines où la Géorgie pourrait s’impliquer dans d’autres opérations de l’ONU, et ce, en dépit du fait que 20% du territoire géorgien est toujours sous l’occupation illégale de la Fédération de Russie.
Les forces d’occupation ont recommencé à installer des barbelés et des clôtures dans le centre de la Géorgie et récemment encore, la Fédération de Russie a créé une prétendue zone de sécurité à 11 km de la frontière à l’intérieur du territoire nationale, en violation flagrante du droit international et des dispositions de l’Accord de cessez-le-feu d’août 2008. Le représentant a rappelé qu’en 2009, à cause du veto d’un seul membre du Conseil, son pays a vu partir la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) qui jouait un rôle crucial dans le maintien de la paix et de la stabilité. Il est urgent, a estimé le représentant, de discuter des moyens d’établir un mécanisme international de sécurité pour surveiller la situation en matière de sécurité et des droits de l’homme dans les territoires occupés de la Géorgie.
M. TORÉS (Cuba) a voulu que les opérations de l’ONU respectent strictement les principes de la Charte des Nations Unies, dont le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États. Il a aussi jugé incontournable le respect des trois piliers du maintien de la paix que sont le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de protection du mandat. Il a estimé indispensable que les ressources affectées aux opérations correspondent exactement à la réalité de terrain. Il faut des moyens prévisibles et une stratégie de sortie claire pour assurer le succès des opérations, a dit le représentant, en arguant tout de même que le meilleur moyen de parvenir à une paix durable est d’éliminer la faim, la pauvreté et les inégalités. À son tour, il a mis en garde contre la tentation d’invoquer la protection des civils pour justifier une intervention militaire.
M. ANTHONY A. BOSAH (Nigéria) a insisté sur une analyse approfondie de la menace grandissante que font peser les groupes armés non étatiques sur les Casques bleus. La sécurité et la sûreté des soldats de la paix et du personnel civil doivent être la priorité des priorités, a-t-il dit. Il a aussi estimé que le Comité spécial doit se concentrer cette année sur les enseignements tirés dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité. Il faut faire plus pour la protection des civils, a-t-il poursuivi, en soulignant la nécessité de programmes stratégiques de coordination pour assurer la cohésion nécessaire entre tous les acteurs chargés de cette protection dans les opérations de maintien de la paix. L’efficacité de la police étant cruciale pour la consolidation de la paix, le représentant a demandé une réflexion sur la menace que fait peser la criminalité organisée dans les situations postconflit. Il n’a pas voulu conclure sans rappeler que son pays a participé avec « dévouement et professionnalisme » à plus de 30 opérations de maintien de la paix depuis 1960 et que les troupes nigérianes sont présentes dans les 15 opérations déployées actuellement.
M. NABIL (Érythrée) a noté que nous sommes passés progressivement du maintien de la paix à des interventions destinées à mettre fin à des conflits civils sans que cette évolution n’ait été le fruit d’un dialogue transparent et inclusif. C’est pour cette raison, a-t-il dit, qu’il y a aujourd’hui un décalage entre les mandats et les principes du maintien de la paix, ce qui met les Casques bleus dans une situation de plus en plus difficile. Il a voulu un peu de cohérence avec les principes de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale, du consentement des parties, d’impartialité et du non-recours à la force saut en cas de légitime défense ou de protection du mandat. Il a estimé que le nombre croissant des morts, ces dernières années, s’explique notamment par la façon dont les Casques bleus sont perçus par les belligérants. Il faut analyser cette question et déployer plus d’efforts en vue de renforcer les capacités nationales et donner aux États les moyens de protéger leurs populaires civiles.
M. MOH’D KAIS MUFLEH ALBATAYNEH (Jordanie) a indiqué que 3 200 hommes et femmes jordaniens sont actuellement déployés dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU. Il a appuyé l’utilisation des nouvelles technologies dont les drones mais déploré le fait que les pays contributeurs de troupes ne soient pas informés au préalable de la révision stratégique des mandats, entravant ainsi leur capacité à faire une planification préalable du déploiement de leurs troupes. Il a également le manque de personnel arabophone sur le terrain et au Siège. Il a annoncé que la Jordanie organisera un atelier au Centre Abdullah II sur les formations spéciales afin de contribuer à l’élaboration du Guide à l’intention des missions de maintien de la paix. Il a, à son tour, regretté le fait que le Comité spécial n’ait pas pu adopter son rapport à la dernière session.
Droits de réponse
Le représentant d’Israël a regretté qu’une délégation ait choisi de politiser le débat, une délégation, a-t-il dit, dont le Gouvernement compte une organisation terroriste internationale comme le Hezbollah, qui détient au Liban des milliers de missiles menaçant Israël. Le Hezbollah, a-t-il accusé, a 15 000 roquettes stockées dans des maisons de particuliers au mépris du droit international.
Réagissant à la déclaration du représentant de la Géorgie, le représentant de la Fédération de Russie a appelé au respect de l’intégrité territoriale de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud qui ont obtenu leur indépendance après les combats d’août 2008. Il faut respecter la souveraineté de ces deux États, « au nom de la stabilité du Caucase », a-t-il dit.
Son homologue de la Géorgie a réitéré le fait que 20% du territoire « souverain » de la Géorgie est toujours occupé par la Fédération de Russie, en notant que nous commémorons aujourd’hui même le quatre-vingt-treizième anniversaire de la première invasion russe de la Géorgie, le 25 février 1921.
Répondant à l’intervention du représentant d’Israël, le représentant du Liban a rappelé que l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) a été mis en place pour mettre fin aux violations du droit international par Israël. « Lorsqu’Israël aura cessé de violer l’intégrité territoriale du Liban, il pourra sans problème parler du respect de la souveraineté », a tranché le représentant.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel