Face à l’aggravation de la dette extérieure des pays en développement, la majorité des délégations voudrait créer un mécanisme de restructuration
« La dette extérieure d’un pays constitue l’un des principaux obstacles à son développement et à l’éradication de la pauvreté. » C’est face à ce constat que les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont, ce matin, examiné la question de la dette souveraine des pays en développement, en lançant des appels en faveur de la réforme d’un système financier international fortement critiqué à la fois pour son inadaptation aux circonstances actuelles et pour l’absence, dans ses organes de prise de décisions, de nombreux groupes de pays, notamment en développement ou émergents. Dans l’après-midi, les délégations ont par ailleurs souligné l’importance du rôle que peuvent jouer les technologies de l’information et des communications pour dynamiser les efforts de développement.
Dans son rapport sur la question « soutenabilité de la dette extérieure et développement », le Secrétaire général explique que les pays en développement ont vu leur dette s’aggraver en 2013. La dette des 48 pays les moins avancés (PMA) a en effet augmenté de 16,8 milliards de dollars par rapport à 2012, a précisé le représentant du Bangladesh qui parlait au nom de ces pays. Son homologue de la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déploré le fait que le niveau d’endettement des pays de cette région dépasse le cap des 70% de leur PIB.
Après la présentation du rapport par un responsable de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CCED), M. Richard Kofu-Wright, le représentant de la Bolivie, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a tout d’abord exigé que les pays en développement soient équitablement représentés au sein des organes de prise de décisions des institutions financières internationales, ce qui oblige à réformer l’architecture financière internationale comme le demandent ces pays depuis un certain nombre d’années.
Une telle réforme permettrait de renforcer le système financier international afin qu’il privilégie les meilleures pratiques et favorise les emprunts responsables et prévisibles, a expliqué le représentant du Costa Rica, parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELA).
Parmi les mauvaises pratiques à éliminer, le Groupe des 77 et la Chine, ainsi que d’autres délégations, ont dénoncé les activités des fonds vautours, qui sont des fonds d’investissement « qui se spécialisent dans l’achat des dettes de pays en défaut de paiement et qui demandent ensuite le remboursement de ces dettes en y appliquant des taux d’intérêt exorbitants », a expliqué la représentante de l’Argentine dont le pays est directement touché par le problème. Dans son rapport, le Secrétaire général fait référence à l’affaire République argentine c. NM Capital Ltd. (Affaire opposant la République argentine au fonds NM Capital Ltd) et s’inquiète de l’absence de mécanisme international de réaménagement de la dette.
C’est dans ce contexte que beaucoup d’espoir a été placé dans l’initiative visant à mettre en place un mécanisme de restructuration de la dette souveraine des États, lancée le mois dernier par l’Assemblée générale* à travers l’adoption d’une résolution. La délégation des États-Unis, qui à l’instar d’un certain nombre de pays développés n’a pas soutenu cette résolution de l’Assemblée, a exprimé un avis différent. « Les États-Unis n’approuvent pas et n’apportent pas leur soutien à cette initiative au motif qu'un tel mécanisme, s’il était mal conçu, pourrait créer des problèmes dans la gestion de la dette des pays en développement », a-t-elle indiqué.
Les pays endettés ont aussi apprécié les progrès réalisés grâce à des programmes d’allègement de la dette comme l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), tout en avertissant que ces mécanismes ne suffiraient pas à mettre fin à la crise de la dette. Les PMA ont ainsi demandé l’annulation systématique de leurs dettes tant bilatérales que multilatérales.
Des représentants de pays créanciers ont donné des exemples de ce qu’ils font pour alléger la dette des pays pauvres. La Fédération de Russie, la Chine et les États-Unis ont indiqué qu’ils ont consenti des remises de dettes importantes en faveur de ces pays. La Commission discutera encore de ces questions demain après-midi, à l’occasion d’une réunion conjointe avec le Conseil économique et social.
Dans l’après-midi, les délégations ont abordé la question des technologies de l’information et des communications (TIC), en se basant sur les rapports présentés par Mme Dong Wu, de la CNUCED, et M. Ricardo de Guimaraes Pinto, de l’UNESCO. Reconnues comme des vecteurs de croissance et de développement économique, les TIC doivent bénéficier à un plus grand nombre de personnes, ont demandé les orateurs en appelant à combler le fossé numérique entre pays développés et pays en développement.
Les délégations ont aussi été nombreuses à exiger que la gouvernance de l’Internet soit régie de manière multilatérale, de manière démocratique et inclusive, notamment par le biais du processus d’examen du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI+10) qui culminera en décembre 2015.
Certains ont aussi souligné le fait que le cyberespace devrait permettre de promouvoir la paix et le développement économique et social, et cela dans le respect des droits de l’homme. Le représentant du Brésil a demandé à cet égard de ne pas tolérer les pratiques d’espionnage par l’interception indue de données à laquelle se livrent certains gouvernements, rappelant la nécessité de respecter le principe de souveraineté des États, ainsi que le droit au respect de la vie privée.
La Deuxième Commission se réunira demain, mardi 14 octobre, à partir de 10 heures, pour une discussion qui commencera par une présentation en vidéoconférence du Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).
* A/RES/68/304
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE: SOUTENABILITÉ DE LA DETTE EXTÉRIEURE ET DÉVELOPPEMENT
Rapport du Secrétaire général (A/69/167)
Dans ce rapport, le Secrétaire général explique que les pays en développement ont continué de se heurter à une dégradation de leurs indicateurs d’endettement en 2013 pour ce qui est de l’augmentation de l’encours de la dette, notamment de la dette à court terme, ce qui a contribué à une détérioration des ratios d’endettement. Vulnérables aux récessions économiques et aux chocs extérieurs, ces pays doivent faire preuve de prudence et appliquer des stratégies de gestion des risques et de la dette de façon à maintenir des niveaux d’endettement viables.
Il note aussi la tendance croissante, chez les pays les moins avancés (PMA), à faire flotter les obligations sur les marchés internationaux pour profiter de taux d’intérêt bas, ce qui a aidé des pays à accéder aux ressources pour financer leurs besoins en infrastructures.
Le Secrétaire général se préoccupe du fait que, si l’aide publique au développement (APD) a augmenté en 2013 après deux années consécutives de baisse en volume, elle est maintenant allouée davantage aux pays à revenu intermédiaire qu’aux pays les plus pauvres. Il encourage la communauté internationale à renforcer ses engagements au titre de l’APD dans le programme de développement pour l’après-2015.
Il recommande aussi aux décideurs de trouver un équilibre important entre la participation étrangère et la nécessité de continuer à faire en sorte que les institutions nationales détiennent d’importants actifs de titres de créances en monnaie locale. Enfin, le Secrétaire général reprend l’affaire opposant la République argentine à NML Capital Ltd. en soulignant les complications qui peuvent surgir en l’absence d’un mécanisme international de réaménagement de la dette. Les arrangements internationaux ponctuels de règlement des crises de la dette ont été source d’incohérence et d’imprévisibilité, estime le Secrétaire général. Cette affaire a rendu plus difficile toute restructuration future de la dette, les débiteurs ne disposant plus que de la pression morale et des relations internationales pour inciter les créanciers à la coordination.
Débat général
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a relevé que la crise financière et économique mondiale et ses impacts sur le développement soulignent l’importance qu’il y a de mettre en place une riposte mondiale pour répondre à la fragilité des États affectés et aux déséquilibres inhérents aux actions des institutions financières internationales. Il a estimé que ce constat demande que l’on mène des actions sérieuses pour résoudre les problèmes structurels nés de l’instabilité financière et notamment de l’indisponibilité des liquidités, cette dernière affectant les pays en développement qui ont besoin de ressources financières. Il a ajouté que la capacité des institutions financières internationales de fournir les liquidités à temps, en période de crise systémique, est un élément important pour assurer la stabilité financière mondiale. Le représentant a, de ce fait, lancé un appel pour le déploiement d’efforts afin de renforcer les filets de sécurité sociale à l’échelle mondiale, et de renforcer également la coordination entre les mécanismes à divers niveaux. Il a aussi souligné le besoin d’adopter des approches multilatérales inclusives, transparentes et efficaces pour gérer les défis mondiaux, et il a réaffirmé le rôle central qui incombe aux Nations Unies dans cette optique. Il a d’autre part plaidé pour la promotion d’un forum intergouvernemental qui favoriserait le dialogue et le consensus sur des sujets d’intérêt mondial.
Les pays en développement doivent être équitablement représentés au sein des organes de prise de décision des institutions financières internationales, et leur voix devrait être mieux entendue dans le cadre de la gouvernance économique mondiale, a dit le représentant. Il a également prôné la réforme du secteur financier et de l’architecture financière internationale, afin que l’on parvienne à réduire les investissements spéculatifs. Ceci permettrait que les marchés de capitaux soient mobilisés pour le financement du développement durable, a-t-il estimé. Le commerce international devrait jouer un rôle de premier ordre dans la mobilisation de ressources pour le développement économique.
Le représentant a ensuite déploré les mesures négatives qui sapent la promotion des échanges commerciaux des pays en développement, évoquant ainsi, entre autres, les barrières commerciales, les restrictions posées à l’accès de leurs produits aux marchés des pays développés, et le manque d’accès des pays du Sud aux financements de leur commerce. Le représentant a ainsi plaidé pour la mise en place d’un système commercial multilatéral juste, équitable, non discriminatoire, inclusif et tourné vers le développement. Il a aussi invité l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à faciliter le développement de politiques qui permettent un essor commercial des pays en développement. Il a en outre dénoncé certaines mesures prises par les pays développés, notamment en termes de subventions et de règles phytosanitaires, qui affectent l’agriculture des pays en développement, limitant ainsi les capacités de ce secteur clef à jouer pleinement son rôle dans l’éradication de la pauvreté et d’appui à la croissance économique. Il a de ce fait demandé la fin des subventions agricoles en vigueur dans les pays développés, mesures qui sont contraires aux règles de l’OMC, a-t-il précisé.
Le représentant a en outre indiqué que la soutenabilité de la dette implique la mise en place de mesures qui permettraient que la gestion de la dette des pays en développement n’influe pas négativement sur leur perspective nationale de développement. Il a fait part de l’inquiétude ressentie par les États membres du Groupe des 77 et la Chine face à l’activité des fonds vautours, dont la nature spéculative pose un risque au processus de restructuration future de la dette. Il est important de ne pas permettre aux fonds vautours de paralyser les efforts de restructuration de la dette des pays en développement, et ces fonds ne devraient en aucun cas empêcher les États d’exercer le droit qu’ils ont de défendre la vie et le bien-être de leurs citoyens, et qui est conforme au droit international.
M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCIA (Costa Rica), parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a estimé qu’il fallait renforcer le rôle central des Nations Unies, et en particulier celui de l’Assemblée générale, sur la question « soutenabilité de la dette extérieure et développement ». Il a rappelé que les résolutions adoptées sur cette question dans le passé avaient reconnu le prix élevé qu’ont les crises sur les pays, notamment en termes de chômage et d’investissement productif. Ces crises sont généralement suivies de coupes budgétaires dans les finances publiques, ce qui affecte particulièrement les pauvres. Les textes adoptés dans le passé ont aussi souligné la nécessité de réformer le système financier international, a-t-il rappelé.
La dette souveraine peut conduire, à cause de la procrastination des créanciers, à la « socialisation de la dette privée et à beaucoup de souffrance humaine », a remarqué le représentant du Costa Rica. Il a donc recommandé, comme le fait le Secrétaire général dans son rapport, d’améliorer l’efficacité et la coordination dans la restructuration de la dette souveraine au niveau international. Il a aussi relevé que l’architecture financière internationale n’était pas adaptée à la recherche de solutions efficaces aux crises relatives à la dette souveraine. Il a plaidé en faveur de la création d’un cadre permettant de restructurer la dette souveraine de manière organisée et prévisible. Cette discussion, a-t-il précisé, doit se tenir dans le cadre des Nations Unies. Le représentant a expliqué l’importance de l’adoption de pratiques saines dans la gestion et la gouvernance de la dette souveraine, en termes de promotion de la croissance économique et de développement. « Le système mondial de traitement de la question de la dette souveraine a vraiment besoin d’être harmonisé », a-t-il insisté.
La CELAC reconnaît l’importance d’une approche « droits de l’homme » à cette question, a poursuivi le représentant. Il a souligné qu’il est nécessaire d’adopter des politiques favorisant les emprunts responsables et prévisibles. Il faut donc renforcer le système financier international, a-t-il répété, afin d’adopter les meilleures pratiques en ce qui concerne les flux financiers internationaux. À cet égard, il a salué les progrès réalisés grâce aux programmes d’allègement de la dette des pays pauvres, comme celui de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Pour ce qui est des fonds vautours, il faut éviter, a-t-il demandé, qu’ils paralysent les efforts de restructuration de la dette des pays en développement. Ces fonds, a-t-il ajouté, ne doivent pas prévaloir en droit international sur le droit d’un État à protéger sa population. Il a recommandé de travailler davantage pour s’attaquer aux activités de ces fonds, qui sont purement spéculatives.
M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), qui a pris la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déploré le fait que le niveau d’endettement des pays des Caraïbes dépasse le cap des 70% de leur PIB, et que d’autres pays de la région ont même atteint le ratio de 100% de leur PIB. Il a expliqué que cette situation démontre que dans la région des Caraïbes, les pays qui doivent bénéficier des mécanismes d’allègement de la dette n’y ont pas été approuvés, et il a souhaité que cet état de fait soit corrigé. Il a aussi dit qu’il était temps que la question posée par l’utilisation du PIB comme indicateur du niveau de développement des pays soit résolue, que l’usage de ce critère soit aboli, et que l’évaluation de la mesure du développement d’un pays devrait prendre en compte les vulnérabilités qui affectent l’essor des petites îles et des petits États insulaires en développement (PEID). Il a expliqué que les pays des Caraïbes sont notamment vulnérables aux chocs extérieurs tels que les effets des changements climatiques -avec les ouragans qui les frappent de manière récurrente-, et des cycles d’inondations et de sécheresse qui s’alternent. Il a pris en exemple le cas de Saint-Vincent-et-les Grenadines où quelques heures de pluies, en décembre dernier, ont détruit 17% du PIB du pays, fragilisant ainsi l’économie nationale. Il a ainsi appelé à la mise en place d’une initiative d’allégement de la dette des PEID, afin que ces pays, notamment ceux des Caraïbes, puissent mettre en place des mesures qui leur permettrait de renforcer leur résilience face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles. Il a enfin salué l’adoption de la résolution 68/304 de l’Assemblée générale, qui propose la mise en place d’un mécanisme multilatéral de restructuration de la dette souveraine des États.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a demandé que la dette des pays affectés par l’épidémie à virus Ebola soit totalement annulée –il s’agit de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone-. En 2013, la dette des 48 PMA a augmenté de 16,8 milliards de dollars par rapport à 2012, a-t-il indiqué, soit une augmentation de 9,5%. Le représentant a reconnu les avantages offerts par l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM), tout en relevant qu’ils ne suffisent pas à éliminer les risques de crise de la dette pour tous les pays. En mars 2014, a-t-il illustré, un PMA était en situation de crise en ce qui concerne la dette, et 9 PMA étaient considérés à haut risque, alors que 7 d’entre eux avaient bénéficié de l’IADM. Ces mécanismes ne suffiront pas à mettre fin à la crise de la dette, en a-t-il déduit, reprenant les constatations du Secrétaire général dans son rapport. Il a aussi remarqué que la communauté internationale devait faire face à des défis qui ont émergé depuis le lancement de ces initiatives. Il a suggéré de ne pas tenir compte de circonstances politiques dans les critères d’admission des pays à ces deux mécanismes.
Le représentant a ensuite fait référence à l’affaire qui oppose l’Argentine à un groupe de fonds, dont des fonds vautours. Cette affaire illustre la nécessité d’offrir aux pays lourdement endettés un moyen organisé d’obtenir un allègement de leur dette. Il ne faut pas, a ajouté le représentant, que la gestion de la dette soit un moyen d’écraser les économies de certains États et d’en déstabiliser les gouvernements. Le représentant a rappelé que les PMA demandent l’annulation totale de leurs dettes, aussi bien bilatérales que multilatérales, et ce, de manière systématique dès lors qu’ils font partie de la catégorie PMA. Il a regretté que l’allègement de la dette n’ait pas été un moyen supplémentaire de soutien aux pays pauvres, en plus de l’aide publique au développement (APD), comme cela était prévu dans le Consensus de Monterrey. « Nous sommes inquiets de voir que l’APD nette versée aux PMA a été réduite de 9% en 2012, ce qui a des incidences directes en termes d’accumulation de la dette extérieure de ces pays. »
Le représentant a ensuite suggéré de ne pas mettre de limite aux dettes des pays qui font des investissements productifs. Il a indiqué que certains PMA, comme l’Angola, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et la Zambie, s’étaient tournés vers les marchés internationaux pour lever des fonds par le biais d’Eurobonds. Ces pays ont ainsi réussi à mobiliser des ressources leur permettant de répondre à leurs besoins en termes d’infrastructures à usage à long terme. Il a demandé à la communauté internationale d’amortir les risques pris par ces pays à cause de l’utilisation des Eurobonds. Il a aussi souhaité que les institutions financières internationales prennent plus au sérieux les risques posés par les fluctuations des taux de change en développant un nouveau mécanisme pour offrir des prêts dans les monnaies locales. Enfin, dénonçant le rôle des agences de notation de crédit qui ont, a-t-il estimé, prouvé leur inefficacité, il a demandé de mieux les réglementer en créant un mécanisme intergouvernemental sous les auspices de l’Assemblée générale.
M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dénoncé le cadre actuellement en vigueur et dont les termes régissent les opérations de restructuration de la dette souveraine: « la pratique en cours protège indument les créanciers des risques qu’ils encourent en connaissance de cause, gonflant leurs gains au-delà de taux de rendement raisonnables tout en les protégeant de pertes quand la conjoncture est difficile, ce qui constitue une entrave au jeu des forces du marché. Et ceci se fait de plus en plus au détriment des États souverains », a dénoncé M. de Aguiar Patriota. Cette situation encourage en outre la spéculation à court terme contre les pays, fragilisant la stabilité de tout le système alors que, parallèlement, aucune attention n’est prêtée aux conséquences de ce genre de manœuvres sur les conditions de vie des populations vivant dans les pays concernés, a regretté le représentant du Brésil.
Déplorant l’absence d’un droit international sur la restructuration des dettes publiques, qui aurait dû être comparable à la législation qui régit les faillites du secteur privé dans la plupart des pays, il a jugé le système actuel contraire aux missions et aux principes des Nations Unies, et il s’est inquiété des violations au droit au développement qu’il risque d’entraîner.
« Il n’est pas cohérent de soutenir la mobilisation nationale de ressources pour mettre en œuvre le programme de développement pour l’après-2015 tout en faisant preuve d’un excès d’indulgence quand cette mobilisation de ressources ne sert qu’à remplir les poches déjà bien pleines de créanciers étrangers spéculateurs qui sont protégés contre tous les risques », a dit M. de Aguiar Patriota. Il faut revoir l’architecture actuelle de la restructuration de la dette avec l’expertise technique du système multilatéral, spécialement le Fonds monétaire international, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et le Département des affaires économiques et sociales (DAES), a-t-il dit.
Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a expliqué que les fonds vautours sont des fonds qui se spécialisent dans l’achat des dettes de pays en défaut de paiement. Ces fonds demandent ensuite le remboursement de ces dettes en y appliquant des taux d’intérêt exorbitants, et intentent des procès à tout État qui refuse de se soumettre à cette saignée financière. Les fonds vautours n’ont pour objectif que de tirer des bénéfices exorbitants de leurs manœuvres spéculatives, a dit Mme Perceval. Elle a appelé à la création d’un cadre multilatéral consacré à la restructuration de la dette souveraine des États, afin de créer un cadre juste et équitable en droite ligne de la résolution 68/304 de l’Assemblée générale. Elle a noté que l’adoption de ce texte montre l’importance qu’accordent la majorité des États Membres à la question de la dette souveraine. Elle a ajouté que ce problème émerge du fait de certaines lacunes juridiques dans le système international de gestion de la dette. Et ces lacunes, a-t-elle regretté, nuisent à tous les pays, aussi bien débiteurs que créanciers. Elle a en outre affirmé que les pratiques prédatrices des fonds vautours nuisent aux citoyens des pays qui en sont victimes, car d’énormes sommes d’argent qui devaient servir la cause du développement quittent les pays pour être versés dans des comptes bancaires de structures privées. « Si nous ne faisons rien, nous allons faire gagner les spéculateurs », a-t-elle mis en garde.
Mme Perceval a par ailleurs relevé que la soutenabilité de la dette extérieure va de pair avec le respect des droits de l’homme. Elle a rappelé que le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a récemment adopté une résolution qui stipule que le fardeau de la dette constitue un obstacle au développement des pays, constituant de ce fait un obstacle à la jouissance de tous les droits de l’homme. La représentante a également indiqué que l’Argentine était prête à participer à un processus international efficace et ouvert de dialogue sur la question de la dette. Elle a en outre déclaré que la troisième Conférence sur le financement du développement, qui aura lieu en juillet prochain à Addis-Abeba en Éthiopie, revêt une importance majeure, car la question de la dette extérieure est l’un des aspects majeurs de la question du financement du développement.
M. KHALED BENAMADI (Algérie) a parlé de la rigueur macroéconomique de l’Algérie, qui après un douloureux processus de restructuration de sa dette dans les années 1990, a aujourd’hui un taux d’endettement très bas, équivalent à 1,5% de son PIB. Le représentant a salué l’appel du Secrétaire général à mettre en place un ensemble de pratiques cohérentes dans la gestion et la gouvernance des dettes souveraines.
En matière de traitement de la dette souveraine, les affrontements qui ont lieu ces derniers temps et qui opposent devant la justice l’Argentine et des fonds vautours montrent la nécessité de mettre fin au vide juridique actuel, qui va à l’encontre des intérêts des pays en développement et des pays restant vulnérables aux chocs extérieurs, a relevé le représentant.
L’établissement d’un mécanisme de restructuration international de la dette non seulement favorisera la cohérence et l’équité, mais améliorera en outre les prochaines restructurations de la dette, a indiqué M. Benhamadi. « Nous pouvons accepter que les créanciers fassent des profits à un niveau raisonnable, mais nous devons aussi veiller à ce que le but final, qui est de favoriser efficacement l’éradication de la pauvreté, et de promouvoir la création d’emplois et une croissance économique durable et non exclusive, soit préservé », a-t-il préconisé.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a rappelé que les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015 étaient l’occasion non seulement de réitérer les engagements traditionnels de soutien à la coopération internationale en faveur du développement, mais aussi de changer les systèmes monétaire et financier internationaux. Il a salué les propos tenus par la représentante de l’Argentine à propos des fonds vautours, qui montrent les failles du système actuel. Il a demandé à la communauté internationale de donner la priorité à la question de la dette des pays en développement, notamment celle des PMA. Il nous faut, a-t-il expliqué, examiner les conséquences de la dette extérieure ainsi que l’impact et le lien qu’elles ont avec les droits de l’homme.
M. Hermida Castillo a suggéré que le programme de développement pour l’après-2015 aborde l’aide aux pays en développement par le biais de politiques coordonnées destinées à promouvoir le financement du développement, et l’allégement et la restructuration de la dette. Il faut, a-t-il ajouté, que les processus de restructuration de la dette souveraine soient conformes aux accords passés entre les créanciers et les débiteurs, comme cela a été prévu par le processus de restructuration consensuelle de la dette. Le représentant a enfin exprimé le soutien de sa délégation à la résolution portant sur la restructuration de la dette souveraine, adoptée par l’Assemblée générale le mois dernier.
M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a souligné qu’outre des politiques macroéconomiques rigoureuses, la poursuite du soutien international était indispensable à la stabilité macroéconomique des pays les moins avancés (PMA), particulièrement via des annulations de dette et l’établissement de services de la dette supportables. « Il est donc essentiel que des allègements de dettes continuent, particulièrement aux termes de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés et de l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale, afin que les ressources réaffectées puissent être utilisées pour des activités de réduction de la pauvreté et autres afin de permettre à ces pays de parvenir à un développement durable », a dit M. Hassen.
« En outre, vu les incidents qui se sont récemment produits sur les marchés mondiaux de capitaux, et qui sont liés aux dettes souveraines, et en tant que représentante d’un pays qui vient juste d’achever sa phase préparatoire devant déboucher sur une vente de ses bons du Trésor sur les marchés internationaux pour la première fois, notre délégation partage le point de vue selon lequel l’harmonisation de la dette souveraine mondiale aide à remédier à la fragmentation et aux arrangements ad hoc ayant cours actuellement dans le système mondial de gestion de la dette », a-t-il ajouté.
M. Hassen a ensuite lancé un appel aux pays avec lesquels l’Éthiopie entretient des relations financières bilatérales et aux institutions financières multilatérales pour qu’ils continuent à accorder à son pays des prêts à des conditions privilégiées. Sans ce genre de prêts concessionnels, « il est difficile de financer les énormes besoins en investissement d’un pays qui reste en croissance après la période de croissance économique à deux chiffres que nous avons enregistrée depuis plus de 10 ans », a-t-il souligné. « Il ne fait pas de doute que c’est mutuellement bénéfique, et également conforme à l’esprit du programme de développement pour l’après-2015 », a-t-il relevé. La troisième Conférence internationale sur le financement du développement, que mon pays accueillera l’an prochain, pourrait être une plateforme appropriée pour discuter et élaborer les mesures concrètes à prendre pour s’attaquer à ces questions et aux autres difficultés du développement de façon efficace et durable, a-t-il conclu.
Mme TERRI ROBL (États-Unis) a dit que les États-Unis prennent très au sérieux la question de la dette des pays en développement. Elle a souligné que les États-Unis sont impliqués dans le processus de restructuration de la dette par le biais du Club de Paris, et elle a affirmé que son pays a consenti à des remises de dettes en faveur des pays en développement, à hauteur de 75 milliards de dollars, par le biais de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Elle a souligné que pour les États-Unis, l’objectif est de s’assurer que les marchés de capitaux fonctionnent harmonieusement pour tous les pays. Elle a relevé qu’il est essentiel d’avoir une vision à long terme pour gérer la dette de manière durable. Elle a rappelé que depuis les années 1980, les apports des créanciers privés dans le financement du développement n’ont cessé de croître, et qu’ils excèdent aujourd’hui les apports publics issus de l’aide publique au développement (APD). Elle a invité les pays en développement à mettre sur pied des mécanismes institutionnels à même de faciliter la gestion de la dette, et elle a fait part de la disponibilité des États-Unis à les appuyer dans ce sens.
La représentante a en outre indiqué que les États-Unis n’approuvent pas et n’apportent pas leur soutien à l’initiative visant la mise en place d’un mécanisme de restructuration de la dette souveraine des États. Elle a estimé qu’un tel mécanisme, s’il était mal conçu, pourrait créer des problèmes dans la gestion de la dette des pays en développement. Elle a également exprimé l’opposition de sa délégation à tout mécanisme qui bloquerait l’application des clauses contractuelles agréées entre débiteurs et créanciers. La représentante a rappelé qu’un tel mécanisme avait été discuté au sein du Fonds monétaire international (FMI), il y a une dizaine d’années, et qu’un mécanisme mis en place au sein du FMI était déjà utilisé dans le cadre de la restructuration de la dette des pays en développement.
M. RUBEN I. ZAMORA (El Salvador) a fait valoir que les fonds vautours « représentent un risque pour tous les processus à venir de restructuration de la dette, ceci aussi bien pour les pays en développement que pour les pays développés ». Par conséquent nous soulignons qu’il est important de ne pas permettre que les fonds vautours paralysent les intentions de restructuration de dette des pays en développement, et que ces fonds ne doivent pas porter atteinte au droit d’un État à protéger son peuple aux termes du droit international, a dit M. Zamora.
Pour cette raison, El Salvador souhaite que le projet de résolution du Groupe des 77, dont il fait partie, intitulé « Modalités pour les négociations intergouvernementales et l’adoption d’un cadre juridique multilatéral pour les processus de restructuration de la dette souveraine », soit une priorité de l’Assemblée générale.
Mme YING ZHU CHEN (Chine), a relevé que la dette extérieure des pays en développement avait augmenté de 8,7% en 2013, et a appelé les pays développés, principaux créanciers, à honorer leurs engagements en termes d’allégement de la dette et d’assistance. Les pays industrialisés, a-t-elle ajouté, devaient eux-mêmes adopter des politiques macroéconomiques responsables et mieux gérer leur propre dette souveraine. Elle a aussi recommandé aux institutions financières internationales d’accroître leur soutien financier et leur aide technique aux pays en développement endettés. La représentante a ensuite prôné la création d’un mécanisme de restructuration de la dette qui soit efficace et souple. La Chine, a-t-elle expliqué, utilise des filières bilatérales pour alléger dans la mesure du possible le fardeau de la dette des pays endettés. Elle a donné l’exemple d’accords signés en 2013 par la Chine pour annuler la dette de certains pays. La Chine, a-t-elle assuré, continuera à œuvrer avec les pays endettés pour renforcer la coopération et les échanges, ainsi que pour réduire le fardeau de la dette des pays en développement.
Mme DILYARA RAVILOVA-BOROVIK (Fédération de Russie) a plaidé en faveur d’un règlement multilatéral équitable du problème de l’endettement extérieur des pays en développement. Ces 14 dernières années, a-t-elle dit, la Fédération de Russie a restructuré les dettes de pays tiers pour une somme de 100 milliards de dollars. Les sommes ainsi libérées peuvent être consacrées à la lutte contre la pauvreté et à la croissance dans les pays en développement, a noté la représentante. Elle a donné l’exemple de l’allégement des dettes de Cuba et de la République populaire démocratique de Corée, qui a permis à ces pays de consacrer les sommes économisées à des projets en matière de santé et d’énergie. En outre, elle a parlé d’accords conclus par la Fédération de Russie pour la mise en œuvre de projets dans plusieurs pays comme la Tanzanie et le Mozambique. Abordant ensuite la question de la restructuration de la dette souveraine, la représentante russe a souhaité que l’on garantisse la stabilité des marchés de la dette. C’est pour cette raison que nous avons apporté notre appui à la résolution de l’Assemblée générale qui vise à créer un mécanisme dans ce domaine, a-t-elle indiqué.
M. BADR-EL-DINE MAHMOUD ABBAS, Ministre de l’économie du Soudan, a relevé que la dette extérieure du Soudan a un impact sur l’économie et la croissance du pays. Cette dette extérieure, a-t-il expliqué, constitue un obstacle pour le financement des activités de développement du Soudan. Il a noté que le pays avait une dette extérieure évaluée à environ 43 milliards de dollars en 2012, soit 64% de son produit intérieur brut (PIB). Le Ministre a aussi estimé que la dette extérieure engloutit des fonds qui auraient pu servir au développement, et il a regretté que le Soudan soit victime de sanctions économiques unilatérales qui lui sont imposées par certains États. Il a déploré le fait qu’alors que le pays est éligible pour certains mécanismes d’allègement de la dette comme l’initiative PPTE, il ne peut toujours pas y accéder. Le Ministre de l’économie du Soudan a affirmé que les sanctions dont le Soudan est victime ont un impact sur son secteur agricole car il ne peut importer certains intrants agricoles et voit ses produits interdits d’exportation. Il a demandé qu’il soit mis fin aux sanctions économiques qui frappent le Soudan, et il a plaidé pour l’annulation de la dette extérieure du pays, notamment, a-t-il indiqué, parce que le Soudan vit une situation de conflit intérieur depuis plusieurs décennies, et que le pays a perdu 75% de ses ressources pétrolières.
M. TAGHI MOHAMMAD POUR FERAMI (République islamique d’Iran) a plaidé en faveur d’un accès transparent et sans restriction de tous les pays en développement aux différents types de financement, y compris au marché de la dette. Le débat sur la dette souveraine se poursuit depuis les années 1970, a-t-il remarqué, rappelant que la dernière Conférence sur le financement du développement, tenue à Monterrey il y a 12 ans, avait permis de prendre des engagements en faveur d’un mécanisme de restructuration de la dette souveraine. Il s’est d’ailleurs félicité de l’adoption, par l’Assemblée générale, de la résolution qui vise à créer un cadre juridique multilatéral sur la restructuration de la dette souveraine. Il a indiqué que l’Iran souhaite participer de manière constructive à la création d’un tel cadre.
À ceux qui craignent qu’un tel mécanisme crée des incertitudes sur les marchés financiers, et donc entraîne moins de financements, il a répondu, tout d’abord, qu’il y avait de manière indéniable des lacunes à combler dans le système financier international actuel. Ensuite, a-t-il ajouté, l’ONU est l’instance internationale la plus représentative et la plus démocratique. Enfin, il a estimé que les résultats des travaux engagés dans d’autres instances pouvaient être utilisés dans les consultations intergouvernementales de l’Assemblée générale. Il a donc appelé à fournir au système financier international un cadre juridique qui permette de surveiller et éventuellement de restructurer la dette souveraine. Ce mécanisme, a-t-il argué, traiterait les problèmes tant des débiteurs que des emprunteurs, d’une façon plus démocratique et plus transparente.
M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a déclaré qu’en juin 2014, la dette totale extérieure de la Zambie s’élevait à 4,55 milliards de dollars, et il a indiqué que le service de la dette zambienne avait cette année absorbé 98,91 millions de dollars, une partie de ces remboursements allant au FMI. Sur le 98,81 millions de dollars, 30,50 millions représentaient le montant des intérêts, a précisé le représentant. Il s’est félicité du fait que malgré l’augmentation globale de la dette nationale, dans le but de financer des infrastructures clefs pour le développement du pays, la dette de la Zambie reste en deca des 40% du PIB du pays, ce qui respecte la limite requise pour la soutenabilité de la dette, et ne compromet pas l’avenir des générations futures. Le représentant a enfin déploré la baisse de l’APD en 2013, notamment celle en faveur des pays en développement d’Afrique, et il a estimé que cette situation compromet leur capacité à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. SHELDON MOULTON (Afrique du Sud) a déclaré que l’Afrique du Sud souhaitait la mise en place d’un système de notation de la dette qui soit plus transparent et prenne en compte les besoins des pays en développement, avec des mécanismes de surveillance en place. Plus généralement, « la communauté internationale a besoin de mesures concrètes visant à réduire la dépendance envers les agences de notation de crédit et à renforcer leur supervision », a dit le représentant. M. Moulton a également rappelé que l’Afrique du Sud était favorable à l’effacement de la dette des pays les moins développés, particulièrement en Afrique, via le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
« Il est perturbant d’apprendre qu’alors même que l’aide publique au développement (APD) a progressé de 6,1% en 2013 après deux ans de déclin, l’aide au continent africain a quant à elle reculé de 5,6% en 2013. Nous appelons donc tous les pays développés à respecter leurs engagements à temps et de manière prévisible », a souligné le représentant. Il a demandé que dans le même temps les efforts soient centrés sur le développement et la croissance économique, afin d’aider les pays à parvenir à l’éradication de la pauvreté.
LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT (A/69/65–E/2014/12 ET A/69/217)
« Progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international » (A/69/65−E/2014/12) Rapport du Secrétaire général
Les effets économiques et sociaux des technologies de l’information et des communications (TIC) sont vastes et profonds, déclare le Secrétaire général dans ce rapport. Il note que les gouvernements reconnaissent de plus en plus l’importance et le potentiel des TIC dans leurs objectifs sociaux et économiques nationaux en élaborant des politiques nationales de TIC. Les pays où l’utilisation de l’Internet croît le plus rapidement sont les pays en développement, où l’on voit apparaître de plus en plus de « créateurs Internet », avec près de 150 000 créations d’entreprises liées à l’Internet chaque année. Des disparités importantes subsistent néanmoins dans le développement des TIC d’une région à l’autre et au sein des régions, relève le Secrétaire général.
La gouvernance d’Internet est un aspect important de l’écosystème des TIC, où toutes les parties prenantes ont un rôle important à jouer. Un modèle multipartite constitue une première étape valable vers l’intégration des différents types de structures (formel et informel, d’entreprise et de technologie, ainsi que hiérarchique et décentralisé) que recouvre la gouvernance de l’Internet.
L’ONU et les institutions internationales ont engagé les travaux préparatoires de l’examen SMSI+10 qui doit être entrepris par l’Assemblée générale en 2015, parallèlement à leurs délibérations sur le programme de développement après 2015. Le Secrétaire général recommande de veiller à la coordination entre le processus de délibération à cet égard et le processus d’examen SMSI+10.
Rapport de la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO): « Programmes de communication pour le développement dans le système des Nations Unies » (A/69/217)
La Directrice générale de l’UNESCO formule des recommandations sur les TIC en rappelant que l’utilisation des nouvelles technologies dans la promotion des dimensions sociale, écologique et économique du développement durable doit être prise en compte dans les débats portant sur le programme de développement pour l’après-2015 et ses objectifs. Bien que les technologies soient omniprésentes, comme le montrent les 7 milliards d’abonnements à la téléphonie mobile en 2014, la capacité de s’en servir pour le développement est largement négligée, indique-t-elle. Si rien n’est fait, le fossé numérique risque de se creuser plus rapidement encore, prévient la Directrice générale.
Étant donné le nombre croissant d’acteurs favorables à la communication pour le développement, les États Membres sont invités à recenser les initiatives pertinentes et à étudier les possibilités de généraliser les bonnes pratiques; à mettre en place des politiques, et à renforcer les cadres législatifs et réglementaires pertinents.
Les organismes des Nations Unies sont instamment invités à fournir une assistance technique au renforcement des capacités en vue d’une communication ouverte, démocratique, axée sur l’équité et privilégiant les relations humaines. La participation de la société civile et des universitaires est indispensable et ceci doit être reconnu, souligne la Directrice générale de l’UNESCO dans ce rapport.
Les organismes des Nations Unies sont instamment invités à appuyer le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, notamment en célébrant, le 2 novembre de chaque année, la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.
En ce qui concerne la radiodiffusion, qui est de plus en plus accessible aux communautés marginalisées grâce aux nouvelles technologies, la Directrice générale conseille de la renforcer en mettant en place des politiques, ainsi que des cadres législatifs et réglementaires permettant des progrès dans les pays en développement et les pays les moins avancés.
Dans ce rapport, la Directrice générale attire l’attention des pays donateurs sur l’absence de travaux de recherche sur la radiodiffusion dans certaines régions, comme l’Afrique subsaharienne, en ce qui concerne les adolescents et l’égalité des sexes. Il convient de coopérer avec l’Alliance mondiale genre et médias et l’Alliance mondiale des partenaires de l’éducation aux médias et à l’information de l’UNESCO, préconise-t-elle.
Enfin, elle invite instamment les centres d’information des Nations Unies à inclure des outils et des documents relatifs à la communication pour le développement dans leur bibliothèque et à les mettre à la disposition des équipes de pays des Nations Unies, des ministères d’exécution, de la société civile et des chercheurs.
Débat général
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a noté l’importance des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement agréés à l’échelle internationale, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a souligné que les TIC sont vitales pour la participation des pays en développement à l’économie mondiale, car ces technologies ont un fort potentiel de facilitation de l’éradication de la pauvreté et de la promotion du développement socioéconomique, notamment dans les domaines de l’emploi et du bien-être social. Il a aussi indiqué qu’il y a un besoin d’amélioration de la qualité et de la quantité des infrastructures de télécommunication existant dans les pays en développement. Il a ainsi expliqué que les États du Groupe des 77 et la Chine soulignent l’importance de réduire les coûts de ces technologies, y compris le coût des connexions à larges bandes passantes, et celle de promouvoir le renforcement des capacités des populations des pays en développement pour les rendre aptes à mieux utiliser les TICS. Le représentant a salué les avancées que les pays en développement ont connues grâce à l’expansion de l’accès aux TIC, mais il a déploré le fossé numérique qui existe toujours entre ces derniers et les pays développés. Il a également regretté le fait que la crise financière et économique mondiale ait réduit la capacité des pays en développement à investir dans les TICS.
M. Llorentty Solíz a par ailleurs souligné l’importance de la mise en œuvre complète des recommandations des rencontres de Genève et de Tunis. Il a notamment précisé le besoin de mettre en œuvre la recommandation relative à la gouvernance de l’Internet, en droite ligne, a-t-il noté, du paragraphe 68 de l’Agenda de Tunis pour la société de l’information. Il a également rappelé qu’au cours de la réunion mondiale multi-acteurs NetMundial qui a eu lieu à São Paulo au Brésil en avril dernier, il avait été convenu d’accélérer le processus visant à rendre multilatéral le « Internet Corporation for Assigned Names and Numbers », l’institution jusqu’ici américaine chargée de réguler les noms de domaines sur Internet dans le monde entier. Ce processus vise notamment à établir une « organisation véritablement internationale et mondiale avec un statut indépendant et des mécanismes de reddition des comptes clairs », a-t-il rappelé.
M. Llorentty Solíz a en outre rappelé qu’au cours d’une réunion tenue le 12 juin 2013 et relative à la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial sur la société de l’information, les participants avaient relevé l’importance des TIC comme facilitateurs de la réalisation des trois piliers du développement durable, tout en reconnaissant que les TIC seraient une composante importante des solutions innovantes de développement dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015. Il a ainsi plaidé pour que des solutions soient trouvées pour réduire le fossé numérique existant entre pays développés et pays en développement, et entre diverses sociétés, notamment en termes de disponibilité, d’accessibilité, de qualité, et en ce qui concerne particulièrement l’accès aux larges bandes passantes.
M. Llorentty Solíz a invité la communauté internationale à organiser, avant la fin de l’année 2015, une conférence d’examen des recommandations du Sommet mondial sur la société de l’information dix ans après sa tenue. Le représentant a également indiqué que le Groupe des 77 et la Chine attendent, au plus tard le 15 juin prochain, le rapport du Groupe de travail des Nations Unies relatif à la Commission de la science et de la technique au service du développement. Il a enfin souligné le fait que le cyberespace doit permettre de promouvoir la paix et le développement économique et social, et cela dans le respect des droits de l’homme, y compris le droit à la vie privée.
M. EDEN CHARLES (Trinité et Tobago), parlant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre des grandes orientations du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), aux plans régional et international. Il a aussi noté avec satisfaction la mise en œuvre des recommandations du Groupe de travail sur les améliorations à apporter au Forum sur la gouvernance d’Internet. Le fossé numérique, qui existe toujours entre pays en développement et pays développés, exige de renforcer les efforts afin de faire tomber les obstacles dans ce domaine, a-t-il dit. À cet effet, il a appelé à veiller à la mise en œuvre complète des recommandations du SMSI. Il a estimé que l’examen SMSI+10 serait une bonne source d’informations pour la formulation du programme de développement pour l’après-2015, en ce qui concerne les liens complexes entre les TIC et le développement durable.
La CARICOM, a indiqué M. Charles, a décidé de relever le défi en concevant des outils politiques qui devraient mettre les TIC au service du développement. La région a ainsi mis en place un programme TIC pour le développement, a précisé le représentant. Il a mentionné les efforts accomplis pour surmonter les difficultés actuelles. Il a ensuite souligné que les TIC doivent bénéficier au secteur de l’environnement, en permettant de renforcer la résilience face aux changements climatiques. M. Charles a par ailleurs souligné l’importance de la collecte et de la production de données, qui est un secteur qui se heurte encore à divers obstacles. Il a mentionné à cet égard les progrès accomplis dans la région des Caraïbes, grâce à des indicateurs développés par l’Observatoire pour la société de l’information en Amérique latine et les Caraïbes et grâce aux efforts de la CELAC.
M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCIA (Costa Rica), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a indiqué que les TIC sont un outil important pour la promotion du développement humain, de l’inclusion sociale et de la croissance économique. Il a noté que l’éducation, le partage des connaissances et l’information et la communication sont essentielles pour le progrès et le bien-être des peuples, précisant que les avancées rapides du secteur des TIC ouvrent de nouvelles opportunités pour atteindre des niveaux de développement élevés. Il a déclaré que la CELAC est engagée à développer une société de l’information basée sur les droits de l’homme, y compris le droit à la vie privée, et respectueuse des principes de paix, de solidarité, d’inclusion, de liberté, de démocratie et de coopération. Il a également indiqué l’engagement qu’a pris la CELAC d’impliquer la société civile, le secteur privé et la communauté scientifique et technique dans un dialogue ouvert, participatif, multilatéral dans le développement des TIC.
Le représentant a ensuite déclaré que la CELAC était inquiète de la fracture numérique entre pays développés et pays en développement, et qu’elle déplore les difficultés que ces derniers ont à mobiliser les fonds nécessaires pour investir dans les TIC et dans leur diffusion. Il a plaidé afin que ces technologies soient accessibles à tous, et que le coût de l’Internet soit abordable dans les pays en développement. Il a en outre indiqué que les délibérations du Groupe de travail de la Commission de la science et de la technique au service du développement seraient d’une très grande importance dans le cadre de l’examen des recommandations du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) 10 ans après. Il a par ailleurs fait part de l’inquiétude éprouvée par la CELAC au sujet des surveillances et des interceptions des communications auxquelles se livrent certains États, et il a souligné que la lutte contre le terrorisme devrait être menée dans le respect des droits de l’homme. Les actions qui ne s’inscrivent pas dans ce cadre sont « injustifiables, illégales et inacceptables », a souligné le représentant.
Il a ajouté qu’il serait regrettable que l’information qui a été véhiculée par les médias, sur un programme intitulé « Zunzuneo » se révèle fondée. Il a expliqué que ce programme d’espionnage, mené par un puissant État, à travers un média social, ciblerait les utilisateurs d’Internet d’un État de la CELAC dans des buts inavoués.
M. AMERICO BEVIGLIA ZAMPETTI, de la délégation de l’Union européenne, s’est réjoui qu’on ait réussi à élaborer les modalités d’examen de la mise en œuvre des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Dans l’attente de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale qui se tiendra en décembre 2015, il a souhaité que le processus d’examen SMSI+10 soit ouvert, inclusif et transparent. Le représentant a aussi soutenu le Forum sur la gouvernance de l’Internet, appréciant qu’il arrive à rassembler les représentants du monde des affaires, de la société civile, des gouvernements, des organisations internationales, des parlements et du monde académique, afin de leur permettre de procéder non seulement à des échanges de vues, mais aussi de meilleures pratiques. Notant que le Forum avait bénéficié des recommandations du Groupe de travail de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), il a espéré que celles-ci seraient mises rapidement en œuvre. Il a aussi indiqué que l’Union européenne soutenait le renouvellement du mandat du Forum au-delà de 2015, en garantissant un financement adéquat de son Secrétariat.
M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que les pays de la région comptaient sur la réunion de haut niveau prévue en décembre 2015 pour discuter des retombées du Sommet mondial sur la société de l’information de 2003, et des moyens de combler le fossé numérique.
Il a rappelé que, selon les statistiques de l’Union internationale des télécommunications (UIT), seulement 32% des habitants des pays en développement auront un accès à Internet en décembre prochain, contre 78% des habitants des pays développés, soit un progrès de seulement 1%. Vu l’importance des technologies de l’information et des communications (TIC) pour le développement et la croissance de nombreux secteurs, y compris l’éducation, la santé, la finance et l’environnement, plus d’efforts sont nécessaires pour réduire le fossé numérique et promouvoir les TIC dans les pays du Sud. Les États Membres, qu’ils soient développés ou en développement, en partenariat étroit avec le secteur privé, doivent y consacrer les investissements et financements nécessaires, y compris pour améliorer la fiabilité, la sûreté et la résistance des réseaux et des infrastructures de communication, a estimé M. Ismail.
« D’après notre propre expérience au sein de l’ASEAN, surmonter la fracture numérique est extrêmement difficile, vu nos différents niveaux de développement. Néanmoins nous progressons bien dans la mise en œuvre du schéma directeur 2015 sur les TIC, par lequel nous nous sommes engagés à renforcer l’adoption de ces technologies par les populations, particulièrement dans les régions rurales. Cela doit permettre de donner la même opportunité à tous les peuples de l’ASEAN pour leur permettre de participer au processus de développement régional, avec le déploiement de réseaux nationaux à bande large, des obligations de service universel améliorées au niveau national, et en collaboration avec les secteurs concernés, comme celui de l’éducation ».
M. Ismail a conclu en saluant le rôle joué par les différentes agences de l’ONU, y compris l’UNESCO, la CNUCED et la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), afin de promouvoir le rôle des TIC comme moyens d’améliorer la productivité, améliorer l’enseignement à distance, et renforcer le développement dans les pays en développement. Il a également salué le rôle que joue le Secrétaire général pour promouvoir les consultations entre les gouvernements et les parties intéressées dans les affaires de politique générale liées à Internet.
M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a salué le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, qui reconnait que les TIC sont des moteurs dans des domaines comme l’éducation, la santé, les finances et l’autonomisation des femmes. Il a rappelé l’importance, dans ce domaine, de la liberté d’expression et du droit au respect de la vie privée, souhaitant que des garde-fous soient mis en place pour assurer le respect de ces principes. La gouvernance de l’Internet n’est plus une question seulement technique, a-t-il prévenu, souhaitant que deux visions se rapprochent: celle qui promeut la souveraineté étatique, et celle qui pense que certains ont suffisamment d’influence sans avoir besoin de l’intervention des Nations Unies.
Le représentant s’est félicité de la tenue récente d’une conférence, à São Paulo, à l’occasion de laquelle on a insisté sur la nécessité urgente de créer un mécanisme garantissant le multilatéralisme dans la gouvernance de l’Internet. Il a ensuite dénoncé les surveillances électroniques qui ont déjà été dénoncées mais qui continuent d’avoir lieu, estimant qu’elles constituaient de graves violations. Il a demandé de ne pas tolérer l’interception indue de données par des gouvernements, rappelant la nécessité de respecter le principe de souveraineté des États et des peuples, ainsi que le droit au respect de la vie privée.
Mme RONIT BEN-DOR (Israël) a noté que, dans le même temps que 4 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à Internet, « les citoyens du monde sont cependant plus connectés que jamais. Il y a presque autant d’abonnements à la téléphonie mobile que de gens sur terre », ce qui « nous aide à mieux comprendre les changements qui se produisent en terme de bien-être humain et donne un aperçu en temps réel des tendances des comportements de la population dans le domaine du développement ». C’est aussi un « succès remarquable pour l’approche une multipartite visant à tenir les objectifs fixés lors du Sommet mondial sur la société de l’information » de 2003.
La technologie de téléphonie cellulaire, au-delà de son intérêt en termes d’accès aux informations, a aussi un impact positif réel en situation de crise, a noté Mme Ben-Dor, en citant l’exemple actuel de l’épidémie d’Ebola. Des applications mobiles permettent, dans le cadre de la réponse à cette crise, d’apporter un soutien aux travailleurs sanitaires et aux populations locales jusque dans les régions les plus reculées, s’est-elle félicitée.
Israël, qui a 200 jeunes entreprises dans le secteur des TIC, y détient une part de marché mondiale de 5 à 8%, ce qui est bien au-delà de l’importance globale de l’économie israélienne dans le monde et témoigne de l’engagement du pays dans le développement de ce secteur. « Notre gouvernement accueillera en février 2015 une conférence sur le Forum pour le bien-être dans les médias numériques qui a déjà obtenu le soutien de l’UNESCO », a-annoncé Mme Ben-Dor.
D’autre part, a-t-elle dit, Israël entend prendre toute sa part dans les efforts à déployer pour protéger le cyberespace en tant qu’espace ouvert et socle de la croissance mondiale, ceci en renforçant les efforts qu’il mène déjà pour lutter contre les cybermenaces et l’usage malveillant ou nocif des TIC.
M. ANTON Y. MOROZOV (Fédération de Russie) a souhaité, dans le cadre de la gouvernance de l’Internet, que soit instauré un modèle inclusif qui garantisse un rôle clef aux pouvoirs publics, dans l’intérêt de tous les pays. Il a déclaré que l’examen de la mise en œuvre des recommandations du SMSI, 10 ans après, permettrait de relever les lacunes de la gouvernance de l’Internet, et d’évoquer des solutions pour régler les problèmes liés au développement des TIC, comme celui de la fracture numérique. Il a aussi indiqué qu’étant donné que le monde est connecté par une seule toile, la résolution des problèmes de l’Internet doit se faire à travers une approche collective.
Le représentant a ensuite déploré le fait que certains pays utilisent leur position dominante pour réaliser leurs propres objectifs politico-militaires en menant des attaques informatiques contre les ressources d’autres pays. Il a ainsi mis en garde contre une fragmentation de la toile qui conduirait à un affaiblissement de la coopération internationale, ce qui profiterait, a-t-il mis en garde, aux groupes terroristes. Il a aussi déploré le fait que certains États utilisent les TIC à des fins d’espionnage, violant ainsi la vie privée des usagers, et il a souligné que l’ONU est l’instance idoine qui devrait travailler sur la sécurité de l’Internet.
Mme TERRI ROBL (États-Unis) a souhaité que le processus de diffusion des TIC inclue tout le monde - les gouvernements, le secteur privé, la communauté scientifique et technique et la société civile. Elle a aussi demandé que les coûts de ces technologies continuent à diminuer et que les investissements dans ce domaine s’accroissent. Nos efforts doivent aboutir à une plus grande innovation, à une croissance plus forte et à l’expansion des valeurs universelles de liberté d’expression. Les États-Unis sont engagés, dans le cadre de l’examen du SMSI, à réaffirmer leur engagement envers le Programme de Tunis, a assuré Mme Robl. Elle a précisé que cet examen ne devrait pas servir à renégocier les résultats du Sommet de Tunis.
Mme Robl a salué la contribution à ce processus de l’Union internationale des télécommunications, de l’UNESCO et de la Commission de la science et de la technique au service du développement. Les États-Unis, a-t-elle ajouté, souhaitent aussi voir le succès du Forum sur la gouvernance de l’Internet, dont ils apprécient la nature multipartite qui permet une discussion ouverte. Mme Robl a indiqué que son pays avait contribué financièrement à ce Forum et qu’il soutenait le renouvellement de son mandat le plus tôt possible.
M. PALITHA T. B. KOHONA (Sri Lanka) a exprimé la déception de sa délégation face à l’engagement insuffisant de la communauté du développement et du secteur privé pour garantir l’accès du plus grand nombre aux technologies de l’information et des communications (TIC), alors même que ce secteur doit se trouver au centre du programme de développement pour l’après-2015.
Au Sri Lanka, la politique volontariste du Gouvernement a permis au pays de progresser de 3% en 2005 à 50% en 2014 le nombre de nationaux en termes de compétences informatiques et de capacités humaines nécessaires à la réalisation des programmes planifiés. Des programmes de formation ont été lancés à destination des fonctionnaires, des enseignants et des élèves, avec l’objectif d’arriver à un taux de compétence informatique nationale de 75% d’ici à 2016, pour un chiffre d’affaires atteignant 5 milliards de dollars (contre 720 millions en 2013) et pour 200 000 emplois (contre 33 700 en 2007).
« Le gouvernement entend faire du Sri Lanka une plateforme majeure des TIC et du savoir dans la région », a expliqué M. Kohona. Cette stratégie de développement repose notamment sur l’existence de 790 centres « Nenasala » (« diffusion de la sagesse ») répartis dans le pays, y compris dans le nord, naguère touché par la guerre. Ces centres sont basés sur des partenariats public-privé, qui permettent notamment la fourniture de services gouvernementaux dans des langues locales. Le programme a été distingué par la Fondation Bill & Melinda Gates comme étant le meilleur programme rural d’accès aux TIC dans le monde, a fait valoir M. Kohona. Parallèlement à cela, le Sri Lanka bénéficie d’une pénétration cellulaire de 110%, ce qui est un autre atout pour le développement du secteur, a-t-il conclu.
Mme KHANIM IBRAHIMOVA (Azerbaïdjan) a souhaité que dans le cadre du développement des TIC, un accent soit mis sur la connectivité. Elle a souligné que les trois quarts des habitants des pays en développement n’ont pas accès à l’Internet, notamment en Asie centrale, région dont les pays sont enclavés et n’ont pas un accès à la mer. Elle a affirmé que l’Azerbaïdjan a ainsi initié un projet de connectivité de 20 pays dans le cadre du projet « autoroute eurasiatique ». La représentante a enfin indiqué que les TIC favorisent la réalisation des trois piliers du développement durable, d’où leur importance.
M. KHALED BENAMADI (Algérie) a, après avoir rappelé que les TIC sont des vecteurs de croissance et de développement économique, regretté leur répartition inégale et la marginalisation des pays en développement dans ce domaine. Il a noté, par exemple, les différences de prix du haut débit, qui le rend hors de portée de nombreux pays. Les sciences et la technologie doivent être intégrées dans les stratégies de développement, a-t-il recommandé. Il a plaidé en faveur d’une société de l’information inclusive. Seule une action déterminée de la communauté internationale en faveur des pays en développement permettra à ceux-ci de rattraper le retard qu’ils ont pris dans les TIC et de profiter des avantages offerts par ces technologies dans les domaines comme celui de la santé.
Le nouvel ordre mondial, a souhaité le représentant algérien, devrait veiller au transfert des technologies dans le cadre non seulement de la coopération Nord-Sud mais aussi de la coopération Sud-Sud. Il a aussi soulevé la question des risques posés à la sécurité internationale par l’utilisation de l’imagerie satellitaire à des fins non pacifiques. Enfin, il a plaidé en faveur du traitement international, régional et national de la cybersécurité et de la mise en place d’une gouvernance de l’Internet qui soit véritablement inclusive.
M. DENIS ZDOROV (Bélarus) a parlé des projets de développement des TIC au Bélarus, qui font de ce pays en développement, s’est-il félicité, l’un des plus avancés dans le domaine de ces technologies. Il a appelé la communauté internationale à lutter contre la cybercriminalité, notamment pour protéger les enfants, et il a aussi mis en garde contre les conséquences négatives de l’utilisation de l’Internet par les groupes terroristes. Le représentant a par ailleurs prôné le renforcement de l’assistance technique en faveur des pays en développement, afin que ces derniers puissent se servir des TIC pour améliorer leurs capacités de développement socioéconomique.
M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a remarqué que l’accès à l’Internet est plus difficile pour les femmes, ce qui aggrave le fossé numérique à leur égard dans les pays en développement. Or, a-t-il rappelé, les femmes jouent un rôle important dans les efforts de développement des sociétés. Il en a déduit que doter les femmes de ces outils leur permettait de pleinement développer leur capacités et réaliser leur potentiel humain. M. Mukerji a ensuite parlé de l’expérience réussie de l’Inde qui, dans son programme « Digital India » cherche à conjuguer les talents indiens aux TIC. Il a expliqué que pour améliorer le taux de pénétration de l’Internet, le programme envisageait de fournir l’accès à l’Internet à haut débit aux assemblées de villages. Au plan mondial, il a plaidé en faveur d’une gouvernance de l’Internet qui soit multilatérale, transparente et démocratique. L’Internet ne peut pas être géré comme une propriété privée, a-t-il fait remarquer.
M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a indiqué que le Zimbabwe s’est engagé à renforcer l’utilisation des TIC comme catalyseur de sa croissance économique, et il a souhaité que le développement des TIC dans les pays en développement soit un point important du programme de développement pour l’après-2015. Il a relevé que de nombreux progrès ont été notés dans les pays en développement dans le cadre de l’utilisation des TIC, notamment l’expansion de l’usage des téléphones portables et de l’Internet. Mais il a souligné que ces constats ne devraient pas faire oublier le fait qu’il existe un large fossé numérique entre les pays développés et les pays en développement, notamment en ce qui concerne la disponibilité des larges bandes passantes.
Il a affirmé par exemple que le nombre d’abonnés à l’Internet au Zimbabwe est passé de 2 millions à 5,2 millions entre 2011 et 2013, mais que la position enclavée du pays réduit malheureusement ses possibilités d’accès aux larges bandes passantes. Il a aussi annoncé que le Zimbabwe, à l’instar d’autres pays africains, n’allaient probablement pas effectuer la transition à la radiodiffusion numérique en juillet 2015, date butoir fixée par l’Union internationale des télécommunications (UIT).
M. YASUAKI MOMITA (Japon) a exprimé le souhait de son pays de participer aux préparatifs et à la mise en œuvre de l’examen de la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI+10). Il a rappelé que, du fait de la nature même des TIC, cet examen devrait se faire dans le cadre d’une approche multipartite. Il a dit que le Japon attendait avec intérêt les consultations interactives officieuses qui auront lieu dans ce cadre et qui seront organisées par l’Assemblée générale. L’examen des résultats du Sommet permettra de promouvoir les TIC dans le monde, de combler le fossé numérique et de garantir la participation de tous les États Membres, a-t-il expliqué.
Mme YAOWALUK SUTHIMANUS (Thaïlande) a dit que la Thaïlande partage et regrette les conclusions du Secrétaire général dans son rapport sur la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) de 2003. En dépit des efforts des gouvernements, en particulier dans les pays en développement où la croissance de l’usage d’Internet connaît la plus forte croissance, « il reste des écarts importants en matière de développement des technologies de l’information et des communications (TIC) à la fois entre régions et au sein des régions », a-t-elle noté.
Mme Suthimanus a particulièrement évoqué deux domaines où les TIC peuvent jouer un rôle crucial: il s’agit d’une part de la sécurité alimentaire à travers la collecte systématique, l’analyse et la dissémination d’informations, et d’autre part de la gestion des risques de catastrophe, avec l’utilisation des réseaux pour des fonctions de surveillance, d’alerte et de gestion d’après-catastrophe pour permettre aux communautés de mieux résister à des tsunamis et autres cataclysmes. Dans le premier cas, la Thaïlande a mené et coordonné un programme de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) sur la sécurité alimentaire, et dans le deuxième, elle a lancé un Fonds multidonateurs de la Commission économique et sociale de l’ONU pour l’Asie-Pacifique, a indiqué la représentante.
Enfin elle a noté que la Thaïlande briguait un nouveau mandat pour la période 2015-2018 au Conseil de l’Union internationale des télécommunications, auquel elle participe déjà activement depuis 1973.
M. ACHARGUI ABELMALEK (Maroc) a affirmé que les TIC occupent aujourd’hui une « place omniprésente et quasi vitale dans la vie quotidienne des femmes, des hommes et des enfants, aussi bien à la maison, sur le lieu du travail, à l’école, que durant les moments de distraction et de loisirs » au Maroc. Il a salué l’impact des TIC dans le désenclavement des zones rurales et dans les zones montagneuses des pays en développement, mais il a regretté que ces technologies demeurent aujourd’hui coûteuses. Il a ainsi déploré l’accès non équitable aux nouvelles technologies et la fracture numérique entre les pays développés et les pays en développement. Il a indiqué que les TIC, qui sont en train de « révolutionner les mentalités et de transformer les modèles de production et de consommation, pourraient jouer un rôle dans la transition vers la société d’information et du savoir », notamment si des politiques cohérentes et appropriées sont mises en place. Il a en outre relevé que la Stratégie nationale pour le développement de la société d’information et de l’économie numérique, baptisée « Maroc Numérique 2013 » avait été lancé en 2009, et que cette initiative a permis de créer un nouveau secteur d’activités qui a généré un chiffre d’affaires de 4 milliards de dollars en quatre ans.
Mme ALI (Bahreïn) a parlé des progrès accomplis par son pays dans la mise en œuvre des huit Objectifs du Millénaire pour le développement, y compris par le recours aux TIC. Elle a mentionné l’existence au Bahreïn d’un comité sur les TIC et d’une autorité sur les communications électroniques qui met en œuvre la Stratégie de gouvernance électronique. En conséquence, grâce à ces efforts, le Bahreïn a reçu en 2014 deux récompenses des Nations Unies pour la qualité de son service public. La représentante a aussi vanté le niveau de préparation de son pays à la révolution technologique. L’Autorité de gouvernance de l’Internet poursuit ses efforts pour élargir l’accès et améliorer la qualité des services de l’Internet, a-t-elle aussi indiqué.
M. XIE XIAOWU (Chine) a espéré que la communauté internationale ferait le bilan de la mise en œuvre des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) au cours des 10 dernières années et ferait jouer un rôle important aux TIC dans la formulation et la mise en œuvre des objectifs de développement durable et du programme de développement pour l’après-2015. Après avoir salué la contribution qu’ont apportée aux efforts déployés les différentes entités onusiennes qui travaillent dans le domaine des TIC en faveur du développement, M. Xie a invité les Nations Unies à utiliser au mieux leur expertise, tout en renforçant leur coordination et en optimisant les mécanismes.
En ce qui concerne la Chine, le pays compte désormais 600 millions d’utilisateurs d’Internet et près de trois millions de sites Internet. Plus de 500 millions de Chinois utilisent Internet par le biais de leur téléphone portable, a-t-il ajouté. En outre, 4 des 10 plus grandes sociétés d’Internet au monde sont basées en Chine, s’est félicité M. Xie. Le représentant a expliqué que la croissance rapide de son pays est la conséquence de sa stratégie, qui donne la priorité au développement et aux principes d’ouverture, de coopération et de partenariats gagnant-gagnant. La Chine est prête à partager son expérience avec les pays qui veulent construire un monde meilleur, a-t-il dit.
M. GONE FEH MOUSSA (Côte d’Ivoire) a annoncé que son pays était décidé à prendre toute sa part à la révolution numérique, en mettant en place de nouvelles stratégies et un nouvel environnement réglementaire. Il s’agit, pour la Côte d’Ivoire, d’œuvrer à la couverture numérique de son territoire jusque dans les zones isolées et d’assurer à la population un accès au réseau panafricain de services en ligne pour bénéficier d’applications informatiques dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation, de la santé ou encore du commerce. Il s’agit également de redynamiser l’École supérieure africaine des technologies de l’information et de la communication (ESATIC) réouverte en 2012-13, et de créer un système de gouvernance électronique. Dans le même temps des lois et règlements ont été promulgués pour mieux protéger les consommateurs et sécuriser l’usage des TIC, a indiqué M. Moussa.
Avec aujourd’hui 19,5 millions d’abonnés aux divers services de TIC, le secteur représente environ 5% du PIB ivoirien, a noté M. Moussa. Mais vu le rôle que peut jouer le secteur dans le développement, et l’écart encore important en la matière entre pays développés et pays en développement, « il importe de soutenir les États en développement dans leur quête pour le mieux-être de leurs populations, notamment l’accès pour tous, à des coûts accessibles aux TIC », a-t-il conclu.
M. JAVAD MOMENI (République islamique d’Iran) a exposé les stratégies mises en place dans son pays pour réduire la fracture numérique. Depuis 2011, le Ministère des technologies de l’information et des communications s’est attaché à préparer l’infrastructure nécessaire pour offrir des services sous forme électronique dans les domaines suivants: enseignement en ligne, services bancaires et commerciaux, services sanitaires, en s’en remettant notamment aux ressources nationales, « tout en préservant les valeurs comme les traditions et la culture irano-islamiques ».
Aujourd’hui le budget que l’Iran consacre aux TIC a presque doublé par rapport à l’exercice fiscal 2013-14, et s’élève à 1,36 milliard de dollars. Cela représente 1,55% du budget total du pays, une proportion qui a été doublée en un an, et triplée par rapport à 2011-2012.
C’est une reconnaissance que, pour l’Iran, les TIC sont un vecteur déterminant pour le développement environnemental, économique et social, a conclu le représentant qui a appelé à ce que « tous les pays aient un rôle et une responsabilité équivalents » dans le traitement des questions liées à ce secteur.
M. FRANCIS LORENZO (République dominicaine) a plaidé pour la démocratisation de l’accès aux TIC, y compris pour les personnes souffrant d’un handicap, comme l’a fait le Gouvernement de la République dominicaine à travers des programmes ciblant des enfants handicapés qui sont pris en charge dans des centres spéciaux. Il a en outre salué le partenariat établi entre son gouvernement et le secteur privé, dans le but de renforcer les capacités des employés et augmenter par ce biais la productivité et la compétitivité des entreprises dans lesquelles ils évoluent. Le représentant a aussi précisé que les innovations digitales offrent d’énormes bénéfices au monde entier, notamment par des applications dans les secteurs de la médecine et de l’éducation, révolutionnant ainsi l’approche adoptée dans le domaine des soins de santé et changeant les modes d’apprentissage. Il a souhaité que ces développements du secteur des TIC soient intégrés dans une perspective globale de développement, à travers une vision claire.
M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie), a parlé au nom des pays en développement sans littoral, et a expliqué les problèmes que rencontrent les pays sans littoral, qui souffrent particulièrement du manque de moyens de transport et de communication avec l’extérieur. L’absence de littoral peut cependant être compensée par une amélioration des infrastructures et en encourageant le développement des infrastructures dans les pays de transit. Alors que se prépare la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays sans littoral, qui se tiendra à Vienne le mois prochain, nous devons bénéficier d’un appui fort de la part de nos partenaires de développement et de la communauté internationale tout entière, a-t-il demandé. Parmi les mesures prises par la Zambie pour améliorer l’accès aux TIC, le représentant a indiqué que son pays avait allégé les tarifs douaniers sur le matériel de communication et que le réseau de télécommunications zambien s’était élargi. Il a aussi évoqué l’importance de la lutte contre la cybercriminalité, qui reste une question importante les pays enclavés.
M. GARY FOWLIE, représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a noté que les technologies de l’information et de la communication devaient être placées au cœur des objectifs de développement pour l’après-2015. « Nous avons raté le potentiel révolutionnaire des TIC pour le développement dans l’ère des OMD, mais nous ne pouvons pas nous permettre de répéter cette omission », a dit le représentant. Il a regretté que le rôle des TIC ne soit reconnu que dans 4 des 17 objectifs de développement durable proposés: l’égalité entre les sexes; l’infrastructure; l’éducation; et les partenariats pour le développement, mais sans qu’il y ait dans ce cas d’approche systématique pour intégrer les TIC.
« Cela doit changer », car « nous avons maintenant une fenêtre d’opportunité pour appeler à ce que l’Internet à haut débit soit explicitement reconnu comme un moyen de mise en œuvre de la plupart sinon de tous les objectifs de développement durable », a dit le représentante de l’UIT.
Outre les domaines déjà évoqués, « les TIC sont essentielles pour réduire la pauvreté et la faim et améliorer la sécurité alimentaire. Elles sont essentielles pour préserver notre environnement, et notamment combattre les changements climatiques. Elles sont essentielles pour l’industrialisation et la promotion de l’égalité entre les nations tout en préservant leur riche diversité culturelle. Elles ont une position de premier plan pour créer des villes et des centres de population durables, et pour arriver à des modes de production et de consommation durables. Les TICS sont aussi essentielles pour faire la promotion de sociétés pacifiques et inclusives, de l’état de droit, et d’institutions compétentes », a énuméré le représentant de l’UIT.
Les TIC et le haut débit ont un rôle à jouer sans équivalent dans la mise en œuvre du Programme de développement pour l’après-2015, et ce rôle doit être reconnu par la communauté internationale, a conclu M. Fowlie.
Mme MAGDA KOSA-KOVACS, Directrice du Bureau de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à New York, a présenté le compte rendu de la treizième table ronde de l’ONU sur la communication pour le développement, qui a eu lieu en septembre dernier au siège de la FAO à Rome. Elle a ainsi indiqué que cette rencontre a permis de discuter, entre autres, de l’Année internationale de l’agriculture familiale qui prendra fin au mois de décembre. Les participants ont estimé qu’il y avait un besoin de sensibilisation, au sein du système des Nations Unies, sur l’importance de la communication pour le développement dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes. Mme Kosa-Kovacs a également relevé que la rencontre a permis de souligner l’importance du rôle que pourrait jouer la communication pour le développement dans le contexte du programme de développement pour l’après-2015 et dans des situations d’urgence comme celle de l’épidémie à virus Ebola. Par ailleurs, les participants à cette table ronde ont noté l’importance de la mise en place d’une stratégie de communication pour le développement unique au niveau des pays, en droite ligne de l’approche « Unis dans l’action » des Nations Unies.
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