La Commission économique et financière entame ses travaux en recensant les domaines d’action prioritaires pour la réalisation du développement durable
La hausse des inégalités dans le monde actuel, au moment même où la communauté internationale poursuit ses efforts de développement durable, a été au centre des débats de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui a, aujourd’hui, entamé les travaux de fond de sa session au cours de celle de la soixante-neuvième Assemblée générale de l’ONU. Ouvrant ce jour son débat général, la Commission a entendu près de 40 délégations plaider avec conviction en faveur de l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015 qui soit en priorité centré sur l’éradication de la pauvreté.
La réduction des inégalités, qui se sont accrues aussi bien dans les pays industrialisés riches que dans les pays en développement, est un des objectifs inscrits dans le projet de programme de développement durable, où il figure comme objectif numéro 10, a signalé Mme Janet Gornick, professeur en science politique et en sociologie à l’Université de la ville de New York, qui a fait un exposé sur cette question à l’ouverture de la session. Elle a expliqué que la poursuite de cet objectif exigeait à la fois davantage d’investissements dans la collecte et le partage des données statistiques et de volonté politique, les classes riches contrôlant trop souvent l’agenda politique et législatif de leur pays, comme cela se voit aux États-Unis, a relevé M. Gornick.
« Cette session de la Commission s’ouvre alors que la communauté internationale fait face à des défis importants tels que les changements climatiques, l’épidémie d’Ébola, et un fort taux de chômage », a relevé le Président de la Deuxième Commission, M. Sebastiano Cardi (Italie) en soulignant l’opportunité des travaux, qui dureront jusqu’au 26 novembre 2014, pour qu’un dernier effort soit fait en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les pays où ils n’ont pas été atteints et pour formuler un nouveau programme de développement mondial pour l’après-2015.
Depuis la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20) de 2012, les États Membres ont en effet entrepris de définir le programme de développement à mettre en œuvre au niveau international après 2015, ainsi que les objectifs de développement durable qui doivent prendre le relai des OMD, dont l’échéance de réalisation arrive en 2015.
Pour le représentant de la Bolivie, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), le programme de développement pour l’après-2015 doit être l’occasion pour la communauté internationale de renforcer son engagement à éradiquer la pauvreté d’ici à 2030. Comme les autres intervenants, il a salué la proposition avancée à cet égard par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, qui a été adoptée par l’Assemblée générale le 10 septembre dernier, estimant qu’elle devait servir de base au programme de l’après-2015.
Son homologue de l’Indonésie, parlant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a mis l’accent sur la technologie, considérée comme un outil crucial de la mise en œuvre des programmes de développement, et a salué les recommandations adoptées le mois dernier sur la création d’un éventuel mécanisme de facilitation pour le développement, le transfert et la diffusion de technologies propres.
La représentante de Nauru, qui intervenait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a, elle aussi, plaidé en faveur du transfert de technologies en demandant aux pays développés de respecter les engagements qu’ils ont pris dans ce domaine. Rappelant par ailleurs que les petits États insulaires en développement (PEID) détiennent des savoirs traditionnels, elle a demandé la mise en place de mécanismes pouvant assurer la protection de ces connaissances.
Pour sa part, le Groupe des États d’Afrique, qui s’exprimait par la voix de la délégation du Malawi, a souligné l’importance que revêt le développement agricole pour le continent africain. L’année 2014 a été proclamée Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire en Afrique, a rappelé le délégué malawite en indiquant que les États membres de l’Union africaine avaient décidé de consacrer désormais 10% de leur budget national à ce domaine.
L’élaboration d’un nouveau partenariat mondial pour le développement est l’une des priorités de la Deuxième Commission cette année, a indiqué M. Cardi en expliquant que ses travaux devaient apporter une contribution majeure à la deuxième Conférence internationale des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui va avoir lieu à Vienne le mois prochain, et à la vingtième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP20), prévue à Lima en décembre 2014. Les intervenants ont lancé des appels pour que ce processus aboutisse à un document final ambitieux, lors de la vingt et unième Conférence des parties (COP21) qui se tiendra à Paris, en France, à la fin de l’année 2015.
La plupart des intervenants ont aussi placé beaucoup d’espoir dans la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en juillet 2015 à Addis-Abeba, en Éthiopie, et les groupes de pays ont salué la résolution du 9 septembre 2014 par laquelle l’Assemblée générale a décidé de créer, d’ici à l’année prochaine, un cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette souveraine.
De son côté, le représentant de l’Union européenne (UE) a promis un soutien de l’UE aux pays les plus vulnérables, dont les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement en faveur desquels, a-t-il rappelé, doivent être appliquées les recommandations du plan d’action « Samoa: la Voie à suivre » adopté le mois dernier.
La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, mercredi, le 8 octobre, à partir de 10 heures.
Déclarations liminaires
M. SEBASTIANO CARDI (Italie), Président de la Deuxième Commission, a déclaré que cette session de travaux s’ouvre alors que la communauté internationale fait face à des défis importants tels que les changements climatiques, l’épidémie à virus Ebola et un fort taux de chômage. Il a relevé que l’épidémie à virus Ebola risque de réduire à néant tous les progrès et succès engrangés dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les pays affectés par l’épidémie. Il a ensuite souligné que la communauté internationale a l’opportunité de faire un dernier effort pour la réalisation des OMD là où ils n’ont pas été atteints et pour la formulation d’un nouveau programme de développement mondial.
M. Cardi a souhaité en outre que la Deuxième Commission fasse de cette session un succès, notamment en améliorant ses méthodes de travail. Il a, à cet égard, invité les délégations à faire des propositions pertinentes au cours des travaux qui seront consacrés à cette question le jeudi 9 octobre prochain. Il a par ailleurs rappelé que les problèmes du monde appellent les États Membres à développer une vision globale, étant donné que les questions économiques, sociales et environnementales sont liées. Le Président de la Deuxième Commission a ainsi noté que l’élaboration d’un nouveau partenariat mondial pour le développement est une priorité de la Commission, et il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux pays en situation particulière. Dans ce contexte, le Président a souhaité que la Deuxième Commission apporte une contribution majeure à la deuxième Conférence internationale des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui va avoir lieu à Vienne, en Autriche, le mois prochain, et à la vingtième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP20), prévue à Lima au Pérou, en décembre de cette année.
M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, qui parlait au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a noté que l’économie mondiale continue de croître à un certain rythme, même s’il y a encore de grandes disparités dans les niveaux de croissance des différents pays. L’économie mondiale devrait globalement croître de 2,5% en 2014 et de 3,5% en 2015, a-t-il précisé. Il a cependant relevé que l’exposition aux chocs mondiaux et les déséquilibres structurels, ainsi que les tensions politiques, continuent de gangrener l’essor économique de beaucoup de pays en développement. Stimuler la croissance devrait être une priorité absolue, a-t-il estimé, tout en recommandant de prêter attention à la dimension environnementale d’une telle croissance. Notant les forts taux de chômage et de pauvreté qui persistent dans les pays en développement, il a souhaité que ces pays œuvrent en faveur d’une croissance économique équitable et durable.
Nous devons investir dans l’éducation, la santé, l’agriculture, a-t-il notamment recommandé, ajoutant qu’il fallait aussi élargir la base de protection sociale. Il faut, a-t-il ajouté, renforcer le financement à long terme du développement durable. Il a relevé que, comme le montre le Document final de la Conférence de Samoa, les problèmes des petits États insulaires en développement (PEID) sont des problèmes mondiaux. M. Gass a ensuite plaidé en faveur de la création d’un cadre de suivi robuste pour le succès du programme de développement pour l’après-2015, ainsi que pour la mobilisation d’un financement adéquat. En tant que Secrétaire général de la Conférence sur le financement du développement, qui se tiendra en juillet 2015 à Addis-Abeba, en Éthiopie, il a tenu à ce qu’elle soit un succès. Pour mettre en œuvre toutes ces mesures, il a invité à se baser sur des programmes robustes, qui soient eux-mêmes basés sur des données précises, comme s’y attache à le faire le département auquel il travaille, qui est le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES).
Exposé liminaire
Mme JANET C. GORNICK, Professeur en science politique et en sociologie au Graduate Center de l’Université de la ville de New York, a présenté un exposé relatif aux inégalités dans le monde. Elle a déclaré qu’au cours de ces trois dernières décennies, les inégalités ont connu une croissance fulgurante à travers le monde, y compris aux États-Unis et dans la ville de New York. Elle a ensuite présenté le programme « Lis », qui est un programme de recueil de données socioéconomiques transnationales couvrant près de 50 pays, basé au Luxembourg, et avec un bureau au Graduate Center de l’Université de la ville de New York. Mme Gornick a ainsi présenté le coefficient de Gini qui analyse l’état de la distribution des revenus dans un pays et les écarts entre les riches et les pauvres, et qui a permis d’analyser les données sur les inégalités entre les ménages, conduisant au constat qu’une augmentation des inégalités a eu lieu entre les ménages au sein de la plupart des pays à haut revenu entre les années 1985 et 2010. Ces études, a noté Mme Gornick, ont également laissé voir que la classe moyenne a diminué dans la plupart des pays à haut revenu, tandis que les revenus du 1% comprenant la tranche des ménages et des individus les plus riches ont crû dans ces pays au cours de la période à l’étude. Le coefficient de Gini ou index de Gini aura en outre démontré, a souligné le professeur Gornick, que les inégalités ont globalement reculé en Amérique latine dans les années 2000.
Pour expliquer cette croissance des inégalités, Mme Gornick a dit que la tranche des 1% les plus riches a notamment bénéficié de privilèges fiscaux. En outre, elle a noté que la mondialisation et l’ouverture des marchés auraient également contribué à affaiblir davantage les ménages qui étaient déjà les plus faibles. Elle a également cité des facteurs tels que la « financiarisation » et l’utilisation de la bourse des valeurs comme des causes de la montée des inégalités. Le professeur Gornick a aussi dit que la réduction des taux de redistribution des richesses nationales et l’affaiblissement des filets de protection sociale en faveur des travailleurs les plus pauvres sont d’autres raisons qui expliquent ce phénomène. Par contre, la scolarisation des femmes et l’augmentation de leur taux d’emploi sont des facteurs tendant à réduire les inégalités entre les ménages. Mme Gornick a relevé par ailleurs que les avis des économistes sont partagés en ce qui concerne l’impact des inégalités sur la croissance économique. En effet, alors qu’un premier groupe estime que les inégalités entre les ménages sont positives pour la croissance, un autre groupe explique que la diminution du nombre de personnes et de foyers constituant la classe moyenne, qui est traditionnellement le moteur de la consommation, réduit la croissance économique.
Mme Gornick a ensuite souligné que les inégalités observées dans les pays riches sont associées à la démocratie, notamment à l’influence politique, car aux États-Unis par exemple, les sénateurs auraient tendance à écouter plus les exigences des plus riches que celles des classes moyennes. Elle a en outre expliqué que la réduction de telles inégalités passe par la mise en place d’institutions et de règles qui soient à même de favoriser l’équité sociale, une exigence qui, pour être efficace doit être accompagnée, a-t-elle précisé, par la volonté politique. Elle a ensuite rappelé que l’objectif de développement durable numéro 10, qui a été identifié par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, prévoit la réduction des inégalités entre pays et au sein des États. Pour ce faire, elle a prôné plus d’investissements dans la collecte des données statistiques et dans leur partage, afin que des données de bonne qualité puissent servir aux décideurs dans leur processus de prise de décisions. Elle a traduit ce vœu en le qualifiant de « révolution des données ».
Discussion
Après l’exposé du Professeur en science politique et en sociologie au Graduate Center de l’Université de la ville de New York, plusieurs intervenants, notamment des délégations du Guyana, de la République démocratique du Congo, de la République islamique d’Iran, de l’Irlande, du Guatemala et du Sénégal, ont réagi en appelant notamment l’attention de la panéliste sur la méthodologie adoptée lors de la conduite des études qu’elle a présentées, et sur le manque de données en rapport avec les inégalités entre États.
Mme Gornick a admis que, pour avoir des résultats plus complets, le programme « Lis » gagnerait à prendre en compte un plus grand nombre d’États afin de mieux mesurer les inégalités entre ceux-ci. Elle a par ailleurs noté que l’index de Gini n’est pas un outil exhaustif et qu’il ne représente qu’une méthode parmi tant d’autres pour rendre compte des inégalités pouvant exister au sein des pays et entre les États. Elle a aussi précisé que la lutte contre les inégalités relève du ressort de chaque État, et que la présence de règles et institutions ne garantissait pas l’efficacité de la lutte contre les inégalités, citant en exemple le cas des États-Unis, où les lois libérales du marché diminuent l’influence de l’État.
Débat général
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a noté que la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale avait lieu à une époque importante de l’histoire des Nations Unies, dans le contexte de l’établissement du programme de développement pour l'après-2015. Il a dit attendre qu’un document final ambitieux soit adopté à l’issue de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, ainsi qu’une approche cohérente pour le programme de développement pour l’après-2015. Ce programme devrait renforcer l’engagement de la communauté internationale à éradiquer la pauvreté d’ici à 2030 et à atteindre le développement durable, grâce à la contribution du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, a dit M. Llorentty Solíz. Il a aussi demandé que ce programme respecte pleinement les Principes de Rio, en particulier le principe de responsabilité commune mais différenciée.
Le représentant du G77 a espéré qu’un accord serait trouvé sur une nouvelle phase de coopération internationale, par le biais d’un partenariat renforcé en faveur du développement. Il a précisé que pour cela, il fallait fixer des objectifs quantifiés et assortis d’échéances précises, et que cette démarche devait se faire d’une manière qui soit cohérente avec le huitième Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) et en respectant le principe de responsabilité commune mais différenciée. Le nouveau partenariat mondial devrait être la « pièce maîtresse » et le « boulon d’ancrage » du programme de développement pour l’après-2015 et des objectifs de développement durable, a expliqué M. Llorentty Solíz. Il devrait aussi inclure les questions relatives à la fourniture de ressources financières adéquates aux pays en développement, à l’aide publique au développement (APD), à l’allègement et à la restructuration de la dette, ainsi qu’au commerce, au transfert de technologies et à la participation des pays en développement à la gouvernance économique mondiale, a souligné le représentant.
M. Llorentty Solíz a demandé que la Commission parvienne, au cours de la session, à un accord sur un mécanisme de facilitation en ce qui concerne les technologies, en tant qu’outil de mise en œuvre du développement durable. Il a aussi réaffirmé l’importance cruciale de la gestion de la dette souveraine et a souligné les incidences des changements climatiques sur les pays en développement. Il a espéré que la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP20), qui se tiendra à Lima (Pérou) à la fin de l’année, serait l’occasion de paver la voie à celle de Paris, prévue en 2015, en vue de conclure un accord sur le climat qui soit juridiquement contraignant. Une session préparatoire aura lieu du 4 au 7 novembre 2014 au Vénézuela, a-t-il indiqué. Enfin, il a souligné l’importance de la mise en œuvre du Document final de la Conférence de Samoa sur les petits États insulaires en développement (PEID) et a émis l’espoir que des mesures orientées vers l’action seraient décidées lors de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays sans littoral, qui se tiendra à Vienne (Autriche) en novembre. Nous souhaitons aussi mettre l’accent sur la nécessité de doubler l’aide à l’Afrique, a-t-il ajouté. Quant aux pays les moins avancés (PMA), il a souhaité qu’on continue à examiner le critère qui les fait sortir de cette catégorie. Il a aussi parlé de l’épidémie d’Ebola et a appelé à maintenir l’assistance nécessaire aux pays affectés.
Mme LOIS MICHELE YOUNG (Belize), qui prenait la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a noté que la CARICOM s’associait aux déclarations de la Bolivie, porte-parole du Groupe des 77 (G77), et du Costa Rica, représentant la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes. Mme Young a appelé le Forum politique de haut niveau pour le développement durable à veiller à la bonne mise en œuvre du plan d’action en faveur des petits États insulaires en développement, sur lequel un consensus a été trouvé au mois d’août et qui a été adopté lors de la Conférence de Samoa. Le plan d’action intitulé « Samoa, la Voie à suivre », couvre les domaines du financement du développement, de l’allègement de la dette, de l’éradication de la pauvreté, de l’adaptation aux changements climatiques, des transferts de technologies et du renforcement des capacités.
Mme Young a particulièrement appelé à ce que les changements climatiques tiennent une place qui soit à la mesure de leur gravité dans le programme de développement pour l’après-2015. Elle a émis l’espoir que les travaux de la prochaine Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques soient couronnés de succès. Cette rencontre aura lieu en décembre prochain à Lima, au Pérou. La représentante a appelé la communauté internationale à la mobilisation pour que le total des contributions promises au Fonds vert pour le Climat atteigne 10 à 15 milliards de dollars, alors que des engagements à hauteur de 1,5 milliard de dollars ont été pris lors du récent Sommet du Secrétaire général sur le climat. « Pour parvenir à un accord sur le climat lors de la Conférence de Paris, prévue en 2015, il est vital que le Fonds vert soit plus accessible aux pays intéressés », a-t-elle ajouté.
Sur la question du développement, Mme Young a noté la « logique perverse » qui régit le processus de graduation, qui fait sortir des pays de la liste des pays les moins avancés (PMA). La graduation de la liste des PMA affecte le pays qui, auparavant, était considéré un PMA en le privant de tout accès à des prêts concessionnels, qui sont des prêts faits pour les PMA à des conditions avantageuses, a-t-elle relevé. « Nous encourageons la communauté internationale à reconsidérer les barèmes applicables à la détermination des conditions d’accès aux financements, en prenant en compte un index de vulnérabilité, avec l’objectif de faire en sorte que ceux qui ont le plus besoin de financement puissent y avoir accès », a dit Mme Young, en réitérant le soutien de la CARICOM à la mise en place d’un cadre juridique multilatéral pour les processus de restructuration de la dette.
Enfin Mme Young a noté que la CARICOM demanderait l’examen de la résolution sur le développement durable de la mer des Caraïbes, qui est déjà reconnue par l’Assemblée générale comme une région de biodiversité unique et un écosystème très fragile.
M. WILLIAM JOSÉ CALVO CALVO (Costa Rica), a déclaré, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), qu’il fallait intégrer la proposition faite par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable dans le programme de développement pour l’après-2015. Dans le cadre du processus d’élaboration de ce programme, il a souhaité que le Forum politique de haut niveau sous les auspices de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC aille plus avant dans les discussions, afin de donner des directives et des recommandations politiques aux États Membres et au système des Nations Unies. Il a également souhaité que le Forum coopère davantage avec les commissions régionales des Nations Unies et autres organisations régionales. Tout en réaffirmant le caractère intergouvernemental des négociations ayant trait au programme de développement pour l’après-2015, le représentant a souligné l’importance de la contribution des grands groupes, des mouvements sociaux et de la société civile dans ce processus.
Le financement du développement est un autre élément central du processus, a-t-il poursuivi, souhaitant que soit établi un véritable partenariat mondial qui s’appuie sur le Consensus de Monterrey, la Déclaration de Doha et le Document final de la Conférence Rio+20. Il a indiqué que la CELAC tiendrait une réunion préparatoire, en vue de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, et que celle-ci aura lieu en mars 2015, à Santiago du Chili. Tout en reconnaissant l’importance de la mobilisation des ressources financières additionnelles, il a souligné le rôle central que joue l’aide publique au développement (APD) pour aider les pays à réaliser les objectifs de développement. Le Chili préside un groupe sur les financements innovants en faveur du développement, a-t-il aussi indiqué, tout en précisant que ce genre de financement doit venir en complément des sources traditionnelles de financement du développement.
Plaidant ensuite en faveur d’un partenariat mondial en faveur du développement, le représentant de la CELAC a demandé de le renforcer en prévoyant des moyens efficaces de mise en œuvre. Il a souhaité que des objectifs financiers quantitatifs et assortis d’échéances soient fixés, en complément de ceux fixés pour l’APD et en suivant le principe de responsabilité commune mais différenciée. La coopération en faveur du développement doit en outre prendre en compte les différents niveaux de développement, et les priorités et les capacités des pays en développement, a-t-il ajouté. Le représentant a ensuite prôné la coopération dans le domaine des technologies, plaçant beaucoup d’espoir dans le mécanisme de facilitation qui devrait voir le jour en 2015. Il a aussi invité la communauté internationale à progresser dans la gestion de la dette des pays pauvres et s’est félicité de l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale, qui a décidé de créer, d’ici à l’année prochaine, un cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette souveraine. Il a enfin exprimé tout le soutien de la CELAC aux petits États insulaires en développement (PEID) et aux pays en développement sans littoral.
M. DESRA PERCAYA (Indonésie), parlant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a salué le fait que l’Assemblée générale ait adopté une proposition concernant les objectifs de développement durable et a souhaité que ce document soit la principale base de définition du programme de développement pour l'après-2015. Il a ensuite évoqué cinq questions urgentes qui sont à l’ordre du jour de la Deuxième Commission cette année, la première étant les mesures concrètes qui permettraient de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a noté à cet égard que les pays de l’ASEAN avaient accompli de grands progrès, la région étant même celle qui a fait le plus d’avancées sur cette voie. La deuxième question urgente, a estimé le représentant, est celle du programme de développement pour l’après-2015 lui-même, qui doit se concentrer sur l’éradication de la pauvreté. Ce programme doit être transformatif et inclure des réformes systémiques, a ajouté le représentant de l’Indonésie.
M. Percaya a ensuite estimé qu’il fallait axer les débats sur le suivi des recommandations issues de la Conférence Rio+20, en mettant l’accent sur la technologie comme outil crucial de la mise en œuvre des programmes, en même temps que la finance, le renforcement des capacités et le commerce. Il a salué à cet égard les recommandations adoptées le mois dernier lors de dialogues qui se sont tenus sur la mise en place d’un éventuel mécanisme de facilitation de la promotion du développement, et pour le transfert et la diffusion de technologies propres. Les deux autres questions urgentes dont doit débattre la Commission sont, respectivement la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, dont les travaux doivent être basés sur le Consensus de Monterrey, et, enfin les changements climatiques. Le représentant a souligné à ce propos l’importance qu’il y a de respecter le principe de la responsabilité commune mais différenciée.
Pour l’ASEAN, 2015 est une année charnière, car elle verra la création de la Communauté de l’ASEAN, qui comprendra la mise sur pied d’une communauté économique, d’une communauté politique-sécurité, et d’une communauté socioculturelle. La Communauté sera régie par des principes régissant une économie de marché ouverte et inclusive, a-t-il précisé. Il a indiqué que la communauté de l’ASEAN, qui compte 600 millions de personnes, a connu une croissance économique de plus de 5% depuis 2006. Avec 9% de la population mondiale, l’ASEAN a créé l’un des plus grands marchés de l’hémisphère sud, ayant atteint plus de 2 000 milliards de dollars en volume commercial. Cela, a noté M. Percaya, a permis à l’ASEAN de contribuer à la réalisation des OMD à travers le monde jusqu’à cette année. Il a espéré que l’intégration économique des pays de l’ASEAN en 2015 permettrait à ceux-ci de contribuer davantage au programme mondial d’éradication de la pauvreté et de promotion du développement durable.
M. CHARLES P. MSOSA (Malawi), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a noté avec satisfaction que les résultats des travaux du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable serviraient de base à la formulation des objectifs de développement durable pour le programme de développement pour l’après-2015. Il a aussi rappelé que la résolution 68/309, adoptée par l’Assemblée générale le 10 septembre dernier, et relative au « Rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable », stipule que d’autres données pourraient également être prises en compte dans le cadre des négociations intergouvernementales sur le programme de développement pour l’après-2015. Il a précisé que l’Afrique considère que l’éradication de la pauvreté devrait être le but central de ce futur programme, ajoutant que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui n’ont pas pu être réalisés devraient être intégrés dans le programme de développement en cours d’élaboration.
Le représentant a ensuite indiqué que l’une des priorités du programme de développement pour l’après-2015 doit être l’agriculture et la sécurité alimentaire, étant donné que 805 millions de personnes souffrent de malnutrition à travers le monde, selon les chiffres des Nations Unies. Il a rappelé que l’année 2014 avait été proclamée Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire en Afrique, et que cela coïncide avec le dixième anniversaire du lancement du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA). M. Msosa a aussi relevé que l’Union africaine a décidé que ses membres allaient consacrer désormais 10% de leur budget national au développement agricole, une exigence qui est déjà respectée par 13 de ses États membres, s’est-il félicité. Il a ainsi appelé la communauté internationale à soutenir les programmes du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), et notamment le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine.
M. Msosa a en outre relevé que l’industrialisation de l’Afrique est un facteur clef de son développement, et il a appelé les Nations Unies à soutenir la promotion de la coopération entre pays en développement, notamment à travers la coopération Sud-Sud. Il a par ailleurs déclaré que les changements climatiques sont un sujet de première importance pour l’Afrique, dont les deux tiers de la superficie sont constitués de régions désertiques et de terres arides. Il a ajouté que la région est touchée en permanence par des sécheresses sévères, notamment dans la Corne de l’Afrique et dans le Sahel. Il a ainsi invité la communauté internationale à apporter son soutien à la mise en place de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. M. Msosa a ensuite souhaité que la COP20, prévue à Lima, au Pérou, au mois de décembre de cette année, et la COP21, qui aura lieu à Paris en décembre 2015, permettent de trouver un accord sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre qui serait juridiquement contraignant pour pouvoir faire face aux changements climatiques. Il a promis que l’Afrique était prête à apporter sa contribution dans la lutte contre les changements climatiques, et il a souhaité que les pays industrialisés puissent également y jouer un rôle de premier plan. Il les a notamment invités à fournir des moyens adéquats, y compris les moyens financiers, et à veiller à assurer un bon transfert de technologies vertes, pour renforcer les mesures d’atténuation et d’adaptation nécessaires aux effets des changements climatiques dans les pays en développement. M. Msosa a aussi invité les pays développés à respecter l’engagement qu’ils ont pris de fournir 100 milliards de dollars par an au Fonds vert pour le climat d’ici à l’an 2020.
Le représentant a également appelé à la mise en œuvre complète du Programme d’action d’Istanbul pour le développement des pays les moins avancés (PMA), ainsi qu’à celle des résultats de la troisième Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui a eu lieu à Samoa en début du mois dernier. M. Msosa a en outre dit que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) est la « plateforme naturelle pour le suivi des progrès qui seront accomplis dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 » lorsque celui-ci sera adopté. Il a ensuite déclaré que le Groupe des États d’Afrique estime que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu l’an prochain à Addis-Abeba, en Éthiopie, devra produire une plateforme unique pour les questions de financement du programme de développement pour l’après-2015. Il a aussi relevé que les partenariats sont un outil clef pour la communauté internationale dans la résolution des questions d’intérêt international telles que la lutte contre les pandémies, comme celle causée par le virus Ebola, ou dans la résolution de questions majeures comme celle de la restructuration de la dette souveraine des États. M. Msosa a enfin appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de financement du développement en versant 0,7% de leur produit intérieur brut à la cause du développement, dont 0,15% en faveur des PMA.
Mme MARLENE MOSES (Nauru), qui intervenait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a demandé d’intégrer le suivi de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID) dans le programme de développement pour l’après-2015 et dans l’agenda des travaux de la Deuxième Commission. Entre toutes les exigences de ce programme, les réalités des PEID telles qu’elles ont été énoncées dans le Document final « Samoa, la Voie à suivre » doivent rester au centre des travaux, a-t-elle demandé. Elle a ensuite rappelé les vues et les ambitions des PEID en ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015, ces pays souhaitant notamment être reconnus comme des cas particuliers en matière de développement durable du fait de leurs vulnérabilités particulières. Cela exige de la part des pays développés qu’ils soutiennent les efforts des PEID dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, a indiqué la représentante.
Il faut, a-t-elle ajouté, créer un climat mondial propice en tenant compte du Programme d’action de la Barbade, de la Stratégie de Maurice et des orientations de Samoa. Le programme de développement pour l’après-2015 doit prendre en compte le développement durable à tous les niveaux et intégrer ses dimensions économique, sociale et environnementale, a poursuivi la représentante. Elle a aussi plaidé en faveur d’un pacte mondial qui reflète la volonté politique des PEID, afin de soutenir leurs efforts de résilience et de compétitivité. Ces pays, en tant que gardiens des océans, doivent définir eux-mêmes les stratégies relatives au développement durable des mers, a-t-elle estimé, en se basant sur les pêches, le tourisme côtier, l’exploitation éventuelle des ressources des fonds marins et les énergies renouvelables.
La représentante de Nauru a aussi plaidé en faveur du transfert de technologies en demandant aux pays développés de respecter les engagements qu’ils ont pris dans ce domaine. Rappelant par ailleurs que les PEID détiennent des savoirs traditionnels, elle a demandé de mettre en place des mécanismes de protection de leurs patrimoines culturels et de leurs connaissances traditionnelles. Nous souhaitons aussi que nos pays bénéficient d’un traitement spécial et différencié dans les relations commerciales, a-t-elle ajouté. Elle a conclu son intervention en appelant à lutter contre les changements climatiques qui représentent une grave menace pour les petites îles. Elle a appelé toutes les parties à travailler d’urgence à un document final ambitieux dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
M. IOANNIS VRAILAS a déclaré au nom de l’Union européenne et de ses États membres, que, dans l’objectif de parvenir à un consensus sur le programme de développement pour l’après-2015, l’Union européenne et ses États membres entendent prendre toute leur part au travail à accomplir et participeront aux discussions portant sur les moyens de la mise en œuvre de ce programme, y compris son financement. Les objectifs définis devraient impliquer l’action de tous les pays, a-t-il souligné.
Concernant la question des changements climatiques, le représentant a appelé à ce que de nouveaux progrès soient accomplis lors de la prochaine Conférence des États parties prévue à Lima. Les progrès à accomplir à Lima devraient permettre l’adoption, à Paris en 2015, d’un accord global, exhaustif et juridiquement contraignant sur la question des émissions de gaz à effet de serre et les autres afin de limiter la hausse de la température moyenne à la surface de la planète à moins de deux degrés Celsius (2ºC) par rapport à ce qu’elle était l’ère préindustrielle.
Le représentant a promis le soutien de l’Union européenne en faveur des pays les plus vulnérables, y compris les PMA et les autres catégories de pays fragiles et vulnérables, particulièrement, en ce qui concerne les premiers, dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, et en ce qui concerne les petits États insulaires en développement dans celle des recommandations du plan d’action « Samoa: la Voie à suivre ». En ce qui concerne les pays en développement sans littoral, l’Union européenne accordera une attention particulière à la mise en œuvre des résultats à venir de la Conférence de Vienne.
Évoquant ensuite l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, le représentant a souligné que l’Union européenne restait engagée à la pleine et effective mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence sur la population et le développement.
Enfin il a noté que la légèreté relative du programme de travail de la Deuxième Commission devrait être l’occasion d’améliorer ses méthodes de travail, et d’éviter notamment que les travaux de la Commission fassent doublon avec le travail accompli par d’autres organes et entités du système de l’ONU ou autres.
M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin), a pris la parole au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), et a appelé la communauté internationale à soutenir dans l’urgence la lutte contre l’épidémie à virus Ebola, ajoutant que cette crise sanitaire démontre la vulnérabilité des PMA. Il a ainsi indiqué que les PMA allaient demander aux Nations Unies de mettre sur pied un mécanisme de réaction aux urgences sanitaires auxquelles ces pays peuvent faire face. Il a ensuite dit que malgré leur responsabilité, minime, dans les changements climatiques, les PMA sont très vulnérables face aux conséquences de ce phénomène. M. Zinsou a souhaité que les accords qui seront discutés sur cette question au cours des COP20 et 21 prévues respectivement à Lima, au Pérou, et à Paris, en France, permettent d’apporter un soutien aux PMA dans le cadre des mesures d’adaptation. Ceci devrait notamment être rendu possible par le respect des engagements de financement pris en la matière et par les transferts vers les PMA de technologies et des savoir-faire adéquats.
Le représentant a en outre salué l’embellie économique vécue par les PMA, qui ont connu une croissance globale de 5,6% en 2013, alors que l’année 2012 y avait donné lieu à une croissance de 4,3%. Il a précisé néanmoins que peu de PMA ont atteint un taux de croissance de 7% comme cela avait été stipulé dans le Programme d’action d’Istanbul. Il a aussi déploré le fait que les PMA ne jouissent pas d’une représentation équitable au sein des organes de gouvernance internationale. M. Zinsou a d’autre part regretté que l’aide publique au développement prévue pour 2014 doive diminuer de 5%, et il a rappelé aux partenaires de développement qu’il est important qu’ils respectent l’engagement qu’ils avaient pris d’octroyer une partie de l’APD au PMA. Sur le plan du commerce international, M. Zinsou a noté que les exportations des PMA ont atteint 232,7 milliards de dollars en 2012, soit une augmentation de 0,7% par rapport à l’année précédente. Il a également relevé que 83% des exportations des PMA vers les pays développés en 2011 se sont faites sous le principe de l’accès aux marchés en franchise de droits et hors quota. Il a rappelé que ce taux devrait être de 100% comme cela avait été agréé dans le cadre de l’Initiative Tout sauf les armes.
Le représentant a par ailleurs demandé l’annulation totale de la dette extérieure des PMA, notamment en ce qui concerne les dettes multilatérales et bilatérales. Il a appelé les débiteurs de ces pays, qu’ils soient débiteurs publics ou privés, à adopter des mesures visant à faciliter les financements des programmes de développement des PMA, notamment dans le secteur des infrastructures. Il a aussi déclaré que l’accès aux sources d’énergie, notamment celles renouvelables, et l’accès aux technologies écologiquement viables, étaient essentiels pour les PMA dans leur souci de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les objectifs de développement durable. Parlant du programme de développement pour l’après-2015, M. Zinsou a dit qu’en dépit de nombreuses cibles déjà prédéfinies, ce programme ne tenait pas encore compte de toutes les priorités des PMA. Il a en outre souhaité que la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul soit évaluée, afin, a-t-il expliqué, de mettre en place un nouveau cadre stratégique plus efficace de sa réalisation au cours de la prochaine décennie.
M. VALENTIN B. RYBAKOV(Bélarus) a averti que, bien qu’il soit possible de réduire de moitié la population vivant avec moins d’un dollar par jour, ces progrès seront inégaux selon les endroits. Il reste beaucoup de progrès à faire pour éradiquer l’extrême pauvreté, a-t-il aussi relevé. Il a noté, par exemple, que la question des ressources et celle des mécanismes efficaces à mettre en place pour éliminer cette pauvreté n’avaient pas encore été tranchées. Il a donc mis en garde la Commission contre le risque de voir les objectifs de développement durable rester lettre morte. L’éradication de la pauvreté ne sera pas possible sans l’implication des pays à revenu intermédiaire, a ajouté le représentant, tout en notant que ces pays ont besoin d’un soutien coordonné de la part des pays développés. Il a donc appelé les États Membres à se concentrer sur cette catégorie de pays.
Venant à la question de l’énergie, le représentant a relevé la nature transversale de ce sujet. Il a plaidé en faveur d’un programme énergétique global pour les Nations Unies, qui doit s’accompagner d’un mécanisme mondial transparent d’accès aux technologies permettant de générer de l’énergie renouvelable. Par ailleurs, il a demandé aux pays qui se sont engagés en matière de financement du développement de respecter leurs obligations. Il a aussi proposé que soit prévue la création d’une instance intergouvernementale de financement du développement, qui serait par exemple un organe subsidiaire de l’ECOSOC. Cette année, nous voulons que la Deuxième Commission fasse plus que de tenir son débat habituel, a-t-il lancé. Nous voulons des négociations couronnées de succès sur le développement durable.
M. PAUL SEGER (Suisse) a demandé une intensification du débat portant sur le rôle des Nations Unies et sur la façon dont l’ONU peut soutenir le programme de développement durable pour l’après-2015, appelant à une adaptation du système onusien. « Il est indispensable d’établir un lien entre le niveau des prérogatives politiques dont jouit l’ONU et son système de développement », a-t-il noté.
Le représentant de la Suisse a jugé nécessaire que la Deuxième Commission discute des moyens permettant de vérifier comment et si le système des Nations Unies soutient la mise en œuvre de l’agenda de développement durable pour l’après-2015, conformément aux termes de la résolution 67/290 de l’Assemblée générale, qui appelle à un redoublement des efforts déployés en ce sens.
Le représentant a en particulier exhorté la Deuxième Commission à revoir ses méthodes de travail, en évitant une multiplication des résolutions traitant de thèmes similaires, et en rationnalisant au mieux les points inscrits à l’ordre du jour de ses travaux, ceci afin d’adopter des résolutions moins nombreuses mais plus exhaustives.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé que cette session de travaux de la Deuxième Commission devrait être axée sur la formulation du programme de développement pour l’après-2015, ainsi que sur les voies et moyens de réaliser tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant la fin de l’année 2015. Le développement ne sera possible qu’avec la mise sur pied et le bon fonctionnement d’un partenariat international respectant la spécificité et les besoins de chaque État, a ensuite souligné le représentant. Il a appelé les pays industrialisés à respecter leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD). Il a en outre noté que le Forum politique de haut niveau aura un rôle majeur à jouer dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. Il a par ailleurs plaidé pour que des transferts technologiques en faveur des pays en développement aient lieu, et il a appelé à la fin de l’impasse que connaît le Cycle des négociations commerciales de Doha. Le représentant a ensuite suggéré que la question de l’endettement des pays en développement soit résolue, et il a suggéré, par exemple, que les fonds illicites en provenance de ces pays transférés vers les pays riches ou vers des paradis fiscaux soient rapatriés afin d’être investis dans les programmes de développement.
M. YAŞAR HALIT ÇEVIK (Turquie) a rappelé l’engagement de la Turquie en faveur des pays les moins avancés (PMA), des petits États insulaires en développement et des pays en développement sans littoral, dont les difficultés et vulnérabilités particulières doivent faire l’objet de l’attention immédiate de la communauté internationale. Ces pays sont ceux qui tirent le moins de bénéfices de la mondialisation, alors qu’ils en supportent les conséquences les plus négatives pour la croissance, l’emploi et le bien-être des populations, a-t-il souligné.
M. Çevik a notamment annoncé qu’en signe de la solidarité de la Turquie avec les pays les moins avancés, son pays avait promis de contribuer volontairement, à hauteur de 200000 dollars, à l’établissement d’une banque des technologies et à un mécanisme de soutien aux sciences, à la technologie et à l’innovation dans les pays les moins développés, sous l’égide de l’ONU, que la Turquie se propose d’héberger. Le Conseil de recherche scientifique et technologique de Turquie a également invité les membres du Groupe d’experts de haut niveau sur ces thèmes, un groupe qui doit être prochainement nommé par le Secrétaire général, à organiser leurs réunions en Turquie, a précisé le représentant. Il a enfin souligné que le développement serait la priorité de l’action de la Turquie quand elle assumera la présidence du G-20 dans les mois qui viennent.
M. YUONUS HUSSEIN (Iraq) a remarqué que tout pays qui a une lourde dette extérieure ne peut parvenir aux OMD. Afin d’aider ces pays à mieux absorber les chocs économiques, il a conseillé de leur apporter une aide pour y favoriser les investissements locaux. Il a salué l’adoption d’une résolution par laquelle l’Assemblée générale a décidé de créer un cadre juridique international de restructuration de la dette souveraine. L’Iraq a beaucoup souffert de la lourdeur de ses dettes, a-t-il rappelé. Reconnaissant que l’APD avait aidé de nombreux pays, dont l’Iraq, à faire face aux problèmes engendrés par la crise financière mondiale, il a toutefois espéré une restructuration de sa dette. Il faut qu’il y ait une justice dans la restructuration de la dette, a-t-il précisé, notamment en faveur des groupes vulnérables comme les femmes et les enfants. Par ailleurs, après avoir souligné les conséquences qu’ont les activités terroristes sur la croissance et la stabilité, le représentant a estimé que la lutte contre le terrorisme n’était pas suffisamment mentionnée dans le rapport du Groupe de travail sur les objectifs de développement durable.
M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a indiqué que le Kazakhstan a élaboré un plan de sortie de la crise économique internationale à destination des Nations Unies, afin qu’il soit examiné par l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC). Il a rappelé le rôle central que devrait jouer le système des Nations Unies dans l’architecture économique et financière internationale. Il a relevé que le Kazakhstan, en tant que pays enclavé, prépare activement la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral qui aura lieu en novembre prochain à Vienne, en Autriche. Il a souhaité que cette rencontre soit l’occasion de mettre sur pied un cadre global qui permettrait de faire face aux défis qui se poseront aux pays en développement sans littoral pour la prochaine décennie. Le représentant a en outre déclaré que le Kazakhstan est engagé dans une transition vers une « économie verte », et il a exprimé le soutien de son pays à une fixation du prix du carbone. Il a annoncé que son pays accueillera, en 2017, une exposition internationale sur le thème « L’énergie de l’avenir », afin de promouvoir, a-t-il expliqué, l’utilisation de sources d’énergie renouvelables. Il a souligné que le Kazakhstan a également adopté le Programme de partenariat pour une passerelle verte, en partenariat avec de nombreux autres États. Il a enfin appelé les États Membres à soutenir le projet de résolution que le Kazakhstan va soumettre à la Deuxième Commission, et qui est un texte ayant un rapport avec le développement de la région de Semipalatinsk, autrefois vouée à la conduite d’essais nucléaires.
M. THEMBELA OSMOND NGCULU (Afrique du Sud) a souligné que son pays s’associait aux déclarations du représentant de la Bolivie, faite au nom du Groupe des 77, et du Malawi, lue au nom du Groupe des États d’Afrique. Pour l’Afrique du Sud, « un programme mondial de développement doit s’attaquer au triple défi de la pauvreté, du chômage et des inégalités que subissent de nombreux pays en développement, avec une croissance économique rapide et durable, l’industrialisation et le développement durable », a déclaré M. Ngculu.
« Ma délégation salue l’accord auquel sont parvenus les États Membres sur les modalités d’un sommet à organiser en septembre 2015 et ayant pour seul but d’adopter un programme de développement pour la période de l’après-2015 », a ajouté M. Ngculu, en soulignant que le thème de ce sommet devait rester « strictement lié au développement ».
Enfin, évoquant la troisième Conférence sur le financement du développement, dont la tenue est prévue en juillet 2015 à Addis-Abeba, M. Ngculu a insisté sur le besoin d’une augmentation des sources publiques de financement, « pour exprimer une coopération internationale accrue » entre États, même si le financement du développement repose aussi partiellement sur le secteur privé.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a rappelé les différents rendez-vous qui auront lieu cette année et en 2015 pour permettre à la communauté internationale d’avancer sur la voie du développement durable des pays de la planète. Il a appelé à baser ces processus sur les recommandations et les engagements du Document final de la Conférence Rio+20, en privilégiant la qualité des résultats et les possibilités de les mettre en œuvre. Il a aussi souligné le droit souverain qu’a chaque pays de décider de ses propres priorités dans le cadre des stratégies de développement qu’il choisit. En outre, a-t-il recommandé, le système financier international doit faire l’objet de réformes systémiques, en vue de le rendre plus efficace et légitime. En ce qui concerne les travaux de la Deuxième Commission au cours de la présente session, M. Dehghani a indiqué que sa délégation appréciait le thème choisi pour l’organisation d’une manifestation spéciale qui portera sur le suivi du programme de développement pour l’après-2015. Enfin, en ce qui concerne l’Iran, il a mentionné les grands progrès accomplis par son pays dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) au niveau national, tout en soulignant l’importance du respect du droit international et des valeurs humaines qui, a-t-il précisé, ne doivent être compromis sous aucun prétexte.
M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a salué les propositions faites par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable dans le cadre de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Il a souhaité que les futures COP20 et COP21 prévues cette fin d’année à Lima, au Pérou, et à Paris, en France, en décembre 2015, permettent d’adopter un accord international, juridiquement contraignant sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre, en respectant le principe de « responsabilité commune mais différenciée ». Il a ajouté que cet accord devrait également prendre en compte les questions telles que le financement des mesures d’adaptation aux effets des changements climatiques, le renforcement des capacités, et le transfert des technologies écologiques en faveur des pays en développement. Le représentant a exprimé le vœu qu’a sa délégation de voir la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’an prochain, permettre la levée des obstacles qui empêchent la mise en œuvre complète du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha sur le financement du développement. M. Boukadoum a ensuite estimé que la question de la durabilité de la dette devrait être résolue en tenant compte de la souveraineté de chaque pays, et dans le respect des objectifs de développement propres à chaque État. Il a enfin estimé que le programme de développement pour l’après-2015 ne pourrait être efficace que si des mesures comme le transfert des technologies et la délivrance de l’APD à un niveau réaliste sont respectées. Il a ajouté que ce programme pourrait également s’appuyer sur la coopération Sud-Sud, mais qu’il devait d’abord et surtout compter sur la coopération Nord-Sud, qui reste l’épine dorsale des efforts en faveur du développement au niveau international.
M. GUILHERMEDE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a relevé que les inégalités sont plus grandes que jamais à travers le monde, prenant comme exemple la situation prévalant aux États-Unis, où la tranche des 3% des personnes les plus riches a reçu 30% du revenu total du pays en 2013. Pour contrer ce phénomène, il a prôné l’adoption de politiques robustes en faveur du développement durable. Au Brésil, la mise en œuvre de politiques sociales telles que « Bolsa Familia » a permis de réduire la pauvreté. Ainsi, a-t-il précisé, plus de 40 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté au cours d’une période de 10 ans. Si cela est plus difficile à réaliser sur le plan international, a-t-il dit, le Brésil apprécie cependant que le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable contienne un objectif sur la réduction des inégalités.
Le représentant a ensuite plaidé en faveur du transfert de technologies en soutien au développement durable, avant d’indiquer que son pays plaçait beaucoup d’espoir dans la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en juillet 2015 à Addis-Abeba, en Éthiopie. M. Patriota a par ailleurs demandé que soit renforcée et développée la coopération Sud-Sud, qui vient en complément de la coopération Nord-Sud. En ce qui concerne la dette souveraine, il a rappelé que les États Membres négocient actuellement un cadre multilatéral de restructuration. Le concept de « marge de manœuvre politique » a été renforcé dans le rapport de la CNUCED sur le commerce et le développement de 2014, a-t-il aussi noté en espérant qu’il serait reconnu plus largement. Le représentant a aussi soulevé les questions qui se posent en matière de changements climatiques, en donnant l’exemple de son pays, qui a réduit de 79% son taux de déforestation.
M. PAUL LOSOKO EFAMBE EMPOLE (République démocratique du Congo) a exprimé la satisfaction de sa délégation, face au consensus qui s’est dégagé à travers l’adoption de la proposition sur les objectifs de développement durable, ainsi qu’à travers celle du financement de la mise en œuvre des programmes y afférents. Il a aussi salué le fait que la proposition du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable servira de document de base pour le futur programme de développement pour l’après-2015. En tenant compte des méfaits qu’ont les conflits armés sur son pays, la République démocratique du Congo (RDC), le représentant a salué le fait qu’un objectif spécifique de développement durable soit consacré à la paix et la sécurité.
Il a ensuite salué l’appui technique et logistique apporté par la communauté internationale à la riposte menée contre l’épidémie à virus Ebola, dont la RDC est un des pays affectés. Il a ainsi rappelé que la RDC est victime pour la septième fois de ce virus, et que le pays a réussi à maîtriser l’épidémie sur son territoire et se tient prêt à renforcer l’appui qu’il peut offrir aux autres pays touchés. Dans le respect du principe de la prévention, M. Empole a dit que la RDC entend mettre sur pied des centres de formation pluridisciplinaires pour former un personnel de santé à même de répondre aux besoins des pays africains qui seraient touchés par ce type d’épidémie. Le représentant s’est par ailleurs félicité des avancées notables que la RDC a connues sur le plan socioéconomique, et il a demandé que soient reconnus et compensés les efforts que le pays consent pour la préservation des aires protégées, la conservation de la biodiversité, et la gestion durable des forêts.
Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a plaidé en faveur d’un programme de développement pour l’après-2015 « unique, universel et inclusif », qui tienne compte des différentes réalités et capacités, ainsi que des niveaux de développement respectifs des pays. Il doit aussi, a-t-elle ajouté, être basé sur des objectifs spécifiques et orientés vers des changements structurels. L’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités restent les grands défis actuels et sont les conditions indispensables au développement durable, a estimé la représentante. Elle a demandé d’adopter un nouveau programme en matière d’établissements humains, en proposant d’y intégrer la Déclaration de Medellín pour la diversité culturelle et la tolérance, fruit des délibérations de plus des 22 000 participants qui étaient présents au septième Forum urbain mondial.
Mme Mejía Vélez a aussi recommandé de prévoir le soutien d’une alliance mondiale renouvelée, avec des objectifs quantifiés et des évaluations périodiques. Cette alliance, a-t-elle précisé, devra inclure des ressources financières pour les pays en développement, notamment par le biais des promesses d’APD, ainsi qu’une solution juste et durable à la dette, un système commercial ouvert, et le transfert de technologies. Elle a espéré voir des progrès être accomplis dans l’élaboration d’un cadre juridique multilatéral de restructuration de la dette souveraine. Enfin, elle a demandé de mener à bien le processus préparatoire de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en juillet 2015 à Addis-Abeba en Éthiopie, et a exprimé le même souhait en ce qui concerne la Conférence des Parties à la CCNUCC, dont les prochaines étapes sont la COP20, prévue cette année à Lima au Pérou, et la COP 21 qui aura lieu à Paris, en France en 2015.
Mme HADAS ESTER MEITZAD(Israël) a rappelé « qu’il n’y a pas de solution unique à appliquer dans la promotion du développement durable: c’est la leçon que nous avons apprise des OMD », a-t-elle noté. Elle a relevé avec satisfaction que la société civile était de plus en plus impliquée dans les programmes de développement. En Israël, nous estimons que l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes sont étroitement liées, a-t-elle indiqué en plaidant pour que les femmes aient la possibilité de déterminer le nombre d’enfants qu’elles souhaitent avoir ainsi que l’espace de temps entre les naissances. Il faut, a-t-elle ajouté, se pencher sur les besoins particuliers de toutes les femmes. La représentante a ensuite invité à porter tout l’attention nécessaire aux jeunes, en les encourageant à se faire entendre. La révolution des données est un bon moyen de régler certains problèmes, a-t-elle ensuite remarqué. Elle a aussi conseillé de soutenir l’entreprenariat en faisant observer qu’il avait un effet boule de neige et renforce la confiance. Se tournant vers 2015 et au-delà, elle a demandé aux États Membres d’œuvrer de concert pour mettre en place un programme de développement durable qui soit facile à comprendre et à appliquer. Au vu des différents processus concurrents qui doivent prendre place cette année durant les travaux de la Commission, elle a demandé aux délégations de respecter les échéances fixées par le Secrétariat.
M. JIM MCLAY(Nouvelle-Zélande) a indiqué que les objectifs de développement durable devraient donner lieu à des partenariats mondiaux, notamment dans le cadre du financement pour le développement. Il a dit que dans le contexte international actuel, marqué par la transition entre les OMD et le programme de développement pour l’après-2015, le travail de la Deuxième Commission devrait rester procédural et technique, « afin de ne pas empiéter sur le travail des autres instances qui ont plus de légitimité dans ce processus ». Sur la question des dettes souveraines, il a noté que cette question qui est de la plus grande importance, notamment pour les pays en développement, mérite d’être débattue au sein des Nations Unies, « mais également en partenariat avec d’autres acteurs clefs tels que les institutions financières internationales ».
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que, pour éradiquer la pauvreté, il fallait changer le modèle économique actuel en vigueur à travers le monde, « qui est fondé sur l’exploitation d’une majorité par une minorité ». Il a demandé notamment que soit menée la réforme de l’architecture financière internationale que demande la majorité des États depuis de nombreuses années. Il a salué l’adoption de la résolution par laquelle l’Assemblée générale a décidé de créer un cadre juridique multilatéral de restructuration de la dette souveraine. Il a aussi exprimé la solidarité du Nicaragua avec l’Argentine dans sa lutte contre les fonds vautours. Le représentant a espéré que la Troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en juillet 2015 en Éthiopie, donnerait l’occasion aux pays développés d’améliorer la politique économique et financière mondiale.
En ce qui concerne les objectifs de développement durable, M. Castillo a souhaité qu’ils soient basés sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Le programme de développement pour l’après-2015 doit être plus juste et plus solidaire, a-t-il aussi demandé, plaidant notamment en faveur du développement social participatif, de la protection de l’environnement, et du respect de la dignité de l’être humain. Il a demandé en particulier que les pays développés consacrent, comme ils s’y étaient engagés, 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD). Pour ce qui est du Nicaragua, il s’est félicité que son pays ait connu un taux de croissance de 5% cette année et de la forte participation des femmes dans la vie politique.
M. DMITRY I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a déclaré que les propositions du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable reflètent les opinions des États Membres en ce qui concerne l’architecture du programme de développement pour l’après-2015. Il a exprimé l’opposition de la Fédération de Russie à la volonté affichée de certains États, qui veulent universaliser le concept de développement durable tel qu’ils le perçoivent. Il a aussi souhaité que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’an prochain, permette d’adopter des mesures sur le cadre de financement du programme de développement pour l’après-2015. Le représentant s’est en outre félicité du lancement prochain de la banque de développement du groupe des BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Le représentant a par ailleurs condamné les sanctions économiques unilatérales prises contre des pays tiers. Il a ensuite appelé à l’amélioration des activités opérationnelles de développement des Nations Unies, ajoutant aussi que les commissions économiques régionales des Nations Unies devraient jouer un plus grand rôle, notamment en mettant à profit leur proximité spatiale avec les pays de leur région pour les assister dans l’élaboration des programmes nationaux de développement.
M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a appelé la communauté internationale à innover afin d’arriver à des résultats dans la réalisation d’Objectifs du Millénaire pour le développement qui soient de bonne qualité et durables. « Nous devons renforcer les partenariats avec le secteur privé, la société civile et d’autres acteurs pour sécuriser l’accès à des solutions et à des technologies novatrices », a déclaré M. Pedersen, exhortant également les États Membres à adopter et utiliser des « mécanismes de financement novateurs, comme les financements fondés sur les résultats, pour accélérer la réussite dans la réalisation des OMD ».
Quant aux objectifs de développement durable, qui prendront le relais des OMD, ils doivent être « réalistes et ambitieux », et, comme les Objectifs du Millénaire, « peu nombreux, concrets et mesurables ». Ils doivent aussi être « gérables pour les gouvernements » et « communicables » à l’opinion publique, a souligné le représentant. Enfin, a fait valoir M. Pedersen, il est essentiel que les travaux des mécanismes de surveillance, comme le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, soient fondés sur des analyses factuelles.
Globalement, l’ONU aura un rôle important dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, mais il faudra s’assurer qu’elle est à la hauteur, a conclu le représentant norvégien, en soulignant que « le système de développement de l’ONU ne peut pas et ne doit pas essayer de tout faire ». Il se peut, a-t-il noté, que ce soit l’occasion d’instaurer des changements d’organisation plus fondamentaux que ceux recommandés par l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, qui est mené par l’ECOSOC. Enfin, « il faudra vérifier que nos attentes envers l’ONU correspondent » à ses ressources budgétaires.
M. VAKHTANG MAKHAROBLISHVILI (Géorgie) a énuméré plusieurs des succès atteints par son pays depuis l’annonce des Objectifs du Millénaire pour le développement: chute du taux de pauvreté de 21% à 15%, avec une baisse « significative » de l’extrême pauvreté; mise en place d’un filet de protection sociale pour les groupes les plus vulnérables, comme par exemple les foyers pauvres, les retraités âgés et les personnes handicapées; maintien d’un taux élevé de scolarisation et conduite d’une réforme scolaire visant à une mise aux normes internationales; progrès dans l’accession des femmes aux postes à responsabilité politiques, au Parlement comme au Gouvernement; division par 2 des taux de mortalité infantile et maternelle; abolition ou réduction massive des droits d’importation, et huitième place obtenue par la Géorgie dans le rapport de la Banque mondiale et de la Société financière internationale (SFI), sur la liste des pays ayant mis en place des politiques et des structures favorables au secteur privé.
Évoquant les défis mondiaux restant à relever, à commencer par le réchauffement climatique, le représentant géorgien a annoncé que son pays s’efforcerait d’être neutre en carbone d’ici à 2050. Il s’est également dit favorable à la réouverture d’une nouvelle « route de la soie » favorisant le commerce entre l’Asie et l’Europe et passant par la Géorgie. « Le renforcement des communications de transport à travers la "route de la soie" est essentiel pour le développement durable du continent » (européen), a-t-il dit, et « à cet égard la Géorgie, avec ses voisins et partenaires, est un contributeur actif » via notamment la modernisation de son infrastructure de transport intérieur.
M. TARIK IZIRAREN(Maroc) a appelé à « la mise en place d’un dispositif multilatéral intégré et clair sur la restructuration de la dette souveraine des États, qui prend en compte la soutenabilité de la dette, les capacités des États et leurs besoins en matière de développement ».
Espérant que les pays qui participeront en décembre 2015 à la Conférence de Paris sur le climat s’engageront à prendre « des mesures drastiques », M. Iziraren a noté que l’accord attendu devait être fondé « sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée des États, du fait que les pays en développement, qui sont les plus touchés par les effets des changements climatiques, sont aussi ceux qui sont les moins responsables des émissions des gaz à effet de serre ».
Le représentant du Maroc a lancé un appel en faveur de la consolidation de la coopération Sud-Sud, et à sa prise en compte dans l’agenda de développement pour l’après-2015.
Mme ASTRID NAZAIRE (Haïti) a noté que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient joué un « rôle fondamental » de catalyseur des programmes de développement, en particulier à Haïti. Elle s’est félicitée de la mise en place de programmes sociaux, des progrès effectués en matière de scolarisation et du recul des taux de fécondité et de mortalité maternelle qui font qu’il est réaliste d’affirmer que d’ici à l’an prochain, les cibles majeures seront atteintes ou proches de l’être. « Toutefois, beaucoup reste à faire pour l’éradication de l’extrême pauvreté », a-t-elle ajouté.
Quelques semaines après la tenue de la Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui été organisée à Samoa, Mme Nazaire a souligné que les difficultés et vulnérabilités uniques que connaissent ces pays justifiaient à nouveau que l’accent soit mis sur leurs besoins financiers, technologiques et commerciaux.
Enfin, elle a noté que « des pistes ou mécanismes de financement novateurs éventuels comme le partenariat avec le secteur privé ou la coopération Sud-Sud ne doivent nullement exonérer les pays les plus fortunés de leurs engagements en faveur de l’œuvre commune du développement durable pour tous ».
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a dit que le programme de développement pour l’après-2015 devrait passer par la mise en place d’un environnement pacifique, car il ne peut y avoir de développement économique et social durable sans la fin des politiques coercitives et des manœuvres militaires qui menacent la paix et la stabilité régionales et entravent la souveraineté territoriale des États souverains, comme cela se voit de nos jours. Il a ainsi appelé à la fin immédiate des sanctions unilatérales et des mesures coercitives imposées par certains pays à d’autres, et à la fin de la politisation de la coopération humanitaire à laquelle se livrent les États-Unis à l’encontre de certains pays. Il a ensuite déclaré que depuis la crise financière mondiale de 2008, il est devenu urgent de réformer le système monétaire international, jusqu’ici dominé par le dollar américain. Il a également appelé à la réforme du système de représentation des pays au sein des organes de décision de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en accordant, a-t-il préconisé, une plus grande place aux pays en développement et notamment aux pays émergents. Le représentant a par ailleurs estimé qu’un nouveau programme mondial de développement devrait avoir des objectifs clairs et prévoir des moyens de mise en œuvre qui soient en accord avec les réalités et les possibilités de chaque pays. Il a, de ce fait, expliqué que le succès des objectifs de développement durable (ODD) passera par l’établissement d’ODD nationaux qui pourraient être intégrés dans des ODD régionaux.
M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ(Cuba) a soulevé la responsabilité des pays riches, qui consacrent 1 700 milliards de dollars à des dépenses militaires pendant que 700 millions de personnes vivent dans la pauvreté extrême à travers le monde. Il a donc plaidé en faveur d’un ordre international plus juste, inclusif et équitable. Rappelant qu’il fallait, cette année, négocier un cadre juridique multinational pour la restructuration de la dette souveraine des pays en développement, il a demandé aux pays développés d’y participer de manière active et constructive. En matière de changements climatiques, il a rappelé la pertinence du principe de responsabilité commune mais différenciée, qui doit être respecté, et a invité les pays qui ont une responsabilité historique en matière d’émissions de gaz à effet de serre à faire preuve de solidarité. Le représentant a ensuite dénoncé le blocus toujours imposé par les États-Unis à son pays, tout en indiquant que cela n’avait pas empêché Cuba de progresser sur la voie du développement « et en matière de coopération envers ses pays frères ». Il a assuré que la délégation cubaine voulait contribuer de manière active aux travaux de la Deuxième Commission.
M. IBRAHIM O. A. DABBASHI(Libye) a dit que l’éradication de la pauvreté devrait rester l’objectif central du nouveau programme de développement pour l’après-2015. Il a souhaité que ce nouveau programme s’appuie sur les résultats et succès obtenus dans le cadre de la réalisation des OMD, et qu’il soit le reflet de la volonté des pays en développement et de ceux qui sont développés, notamment en droite ligne du principe de responsabilité commune mais différenciée. Le représentant a indiqué que la Libye aurait pu réaliser la plupart des OMD, n’eût été le conflit armé qui sévit dans le pays. Il a ensuite déploré la fuite des capitaux qui a lieu des pays en développement vers certains pays développés, et il a dit que la Libye entend récupérer ses fonds nationaux qui font l’objet d’un véritable pillage, afin de les investir dans les programmes de développement d’intérêt national qui pourraient également profiter aux pays voisins, diminuant ainsi les flux de migrants qui passent par la Libye pour se rendre en Europe.
M. JAUHAVA (République arabe syrienne) a demandé aux États Membres et à la Deuxième Commission de faire preuve de volonté politique pour mettre en œuvre les engagements qui n’ont pas à ce jour été respectés en matière de développement durable. Il faut, a-t-il expliqué, éliminer tous les obstacles à la réalisation des objectifs de développement, notamment en mettant fin à l’occupation étrangère, qui est le principal obstacle au développement des peuples vivant sous le joug de l’occupation. Il faut aussi lever immédiatement les mesures de coercition unilatérales imposées à des pays en développement, a-t-il insisté, arguant que ces mesures ont des effets négatifs sur le bien-être des peuples et des populations et vont à l’encontre des principes du droit international. Il faut aussi aider les gouvernements de pays touchés par le terrorisme, a prôné le représentant. Il a aussi demandé que soit renouvelé l’engagement international pris à l’issue de la Conférence Rio+20, notamment en faveur du respect du principe de responsabilité commune mais différenciée. Il faut, a-t-il ajouté, que les pays développés tiennent les promesses qu’ils ont faites en termes d’aide publique au développement (APD). Il a aussi plaidé pour la levée des obstacles posés à l’accès aux marchés des pays du Nord des produits en provenance des pays en développement.
Mme SARA LUNA CAMACHO(Mexique) a demandé que les objectifs de développement de l’après-2015 reposent sur une compréhension claire de « la nature multidimensionnelle de la pauvreté ». Pour ce qui est du Mexique, Mme Camacho a expliqué que son pays défendrait une perspective d’inclusion basée sur la protection et le respect des droits de l’homme de tous les groupes les plus vulnérables, évoquant les migrants, les peuples autochtones, les enfants, les handicapés et les femmes.
Elle a aussi indiqué que la délégation mexicaine prêterait une attention particulière aux questions environnementales, pour « corriger la dégradation des écosystèmes et conserver la biodiversité du monde ». Mme Camacho a aussi souligné la position unique dans laquelle se trouve l’ONU pour faire face à un monde où « tant de phénomènes transcendent les frontières » et exigent plus que jamais une coopération internationale.
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a indiqué que le processus de formulation du programme de développement pour l’après-2015 devrait tenir en compte les priorités des pays en développement, notamment les PMA. Il a aussi souligné que le principe de la responsabilité commune mais différenciée, adopté par la communauté internationale à la première Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio de Janeiro au Brésil, plus connue sous le nom de Conférence de Rio ou « Sommet de la Terre », devrait être au cœur de l’élaboration des objectifs de développement durable et des cibles qui les accompagnent. M. Haniff a déclaré que la Malaisie a réalisé pratiquement tous les huit OMD, et que le pays envisage désormais son passage au stade de pays développés et de pays à haut revenu d’ici à l’année 2020. Il a par ailleurs appelé au renforcement de l’architecture financière internationale, afin d’éviter que ne se reproduisent les effets désastreux de la crise financière et économique mondiale de 2008. Le représentant a enfin exprimé la volonté de la Malaisie de promouvoir la coopération Sud-Sud, qui se présente comme un complément et non un substitut à la coopération Nord-Sud.
M. HIROSHI MINAMI (Japon) a dit souhaiter que le futur rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les objectifs de développement durable soit ambitieux et équilibré, afin que les futures négociations intergouvernementales puissent le prendre pour référence en ce qui concerne la formulation du programme de développement pour l’après-2015. Il a relevé que le financement du développement est un sujet distinct mais intimement lié au programme de développement pour l’après-2015, et il a appelé la communauté internationale à éviter d’éventuelles duplications dans la poursuite de ces deux processus internationaux. Il a également mis en garde contre les possibilités de doublons entre les travaux de la Deuxième Commission et ceux engagés par d’autres organes en vue de préparer le programme de développement pour l’après-2015 et la troisième Conférence internationale sur le financement du développement. Le représentant a noté qu’en mars 2015, le japon va accueillir la troisième Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophe à Sendai, localité qui avait été particulièrement affectée par le tremblement de terre et le tsunami de 2011. M. Minami a relevé que les recommandations de la Conférence seraient une contribution au programme de développement pour l’après-2015.
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