Comité spécial de la décolonisation: « Modèle de coopération » entre un territoire et une puissance administrante, les Tokélaou placent leur développement avant l’autodétermination
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Comité spécial chargé d’étudier la situation
en ce qui concerne l’application de la Déclaration
sur l’octroi de l’indépendance aux pays
et aux peuples coloniaux
Reprise de session
6e séance – matin
COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION: « MODÈLE DE COOPÉRATION » ENTRE UN TERRITOIRE ET UNE PUISSANCE ADMINISTRANTE,
LES TOKÉLAOU PLACENT LEUR DÉVELOPPEMENT AVANT L’AUTODÉTERMINATION
« Modèle de coopération » entre un territoire non autonome et une puisssance administrante, les Tokélaou ont expliqué aujourd’hui au Comité spécial de la décolonisation leur décision de renoncer pour le moment au référendum sur l’autodétermination et de concentrer plutôt les efforts sur les défis du développement. Après son débat sur les Tokélaou, le Comité spécial a adopté trois textes dont sa traditionnelle résolution omnibus sur 11 territoires non autonomes.
Les relations entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande sont un modèle, a estimé le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et pour illustrer ce « modèle de coopération », l’Ulu de Tokélaou, Chef du Gouvernement, a rappelé qu’après le référendum de 2007, son territoire et la Nouvelle-Zélande ont décidé de « mettre au garage » la question d’un autre référendum et de travailler sur les besoins fondamentaux du développement.
La force des relations entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande date d’il y a près de 90 ans, a confirmé l’Administrateur des Tokélaou, qui a espéré qu’il en sera de même dans 100 ans. Comme « nous ne savons rien d’un élan contre le statu quo », la Nouvelle-Zélande, a-t-il annoncé, entend débloquer entre 2014 et 2015 une somme de 19,65 millions de dollars pour les domaines du transport, de l’éducation et de l’appui budgétaire. La Nouvelle-Zélande est toujours le plus grand donateur bilatéral des Tokélaou, s’est enorgueilli l’Administrateur.
L’Ulu a tout de même assuré au Comité spécial que la population des Tokélaou, fière de son statut de citoyen néo-zélandais, n’en est pas moins portée par l’envie d’une identité distincte. Le document de travail dont est saisi le Comité spécial relaye cependant l’avis des Tokélaou selon lequel les trois options d’autodétermination présentent chacune des inconvénients; ces options étant la libre association, l’intégration et l’indépendance.
Le Comité spécial a d’ailleurs recommandé* aujourd’hui à l’Assemblée générale de soulignerl’importance des diverses révisions constitutionnelles menées dans les territoires administrés par le Royaume-Uni et les États-Unis. Dans ce projet de résolution omnibus relatif à 11 territoires non autonomes**, l’Assemblée devrait se féliciter des préparatifs à Anguilla en vue de l’adoption de la nouvelle constitution et dans les Îles Turques et Caïques où le débat sur la réforme constitutionnelle se poursuit, elle soulignerait qu’il importe de mettre en place une constitution qui reflète les aspirations de la population, en se fondant sur la consultation populaire.
L’Assemblée devrait aussi se féliciter de l’annonce aux Samoa américaines d’un dialogue au sein de la population, qui commencera en 2015, sur le futur statut politique du territoire. Quant aux Îles Vierges américaines, l’Assemblée prierait la Puissance administrante de faciliter le processus d’approbation du projet de constitution du territoire par le Congrès américain, une fois qu’il aura été approuvé dans le territoire.
Une nouvelle fois, le Comité spécial a recommandé*** à l’Assemblée générale d’engager vivement les puissances administrantes à prendre des mesures efficaces pour sauvegarder et garantir le droit inaliénable des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles et celui de rester maîtres de leur mise en valeur. L’Assemblée devrait aussi demander aux puissances administrantes de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les droits de propriété des peuples. Le représentant de la Fédération de Russie a émis des réserves sur la disposition félicitant le Conseil économique et social (ECOSOC) de sa résolution sur ces questions. Notre « position n’a pas changé », a-t-il dit. Bien que nous appuyions activement le droit à l’autodétermination, nous estimons que l’attention qu’accorde l’ECOSOC à cette question hautement politique le détourne de son rôle de coordination des activités socioéconomiques.
Le Comité spécial a également recommandé**** à l’Assemblée générale de prier les institutions spécialisées de l’ONU de fournir des informations sur l’exploitation illégale des ressources marines et autres ressources naturelles, les problèmes environnementaux, les effets des catastrophes naturelles et les moyens d’aider à lutter contre le trafic de stupéfiants, le blanchiment d’argent et d’autres activités illégales et criminelles.
Les institutions spécialisées seraient aussi priées***** avec le Secrétaire général d’apporter une assistance économique, sociale et autre aux territoires non autonomes une fois qu’ils auront exercé leur droit à l’autodétermination. En sa qualité de Président pro tempore du Comité spécial, le Secrétaire général devrait se réunir informellement avec le Président et le Bureau du Comité pour étudier des moyens novateurs d’user de ses bons offices et faire progresser le processus de la décolonisation.
Le Comité spécial rependra ses travaux jeudi 26 juin à partir de 10 heures.
* A/AC.109/2014/L.8
** d’Anguilla, des Bermudes, de Guam, des îles Caïmanes, des îles Turques et Caïques, des îles Vierges américaines, des Îles Vierges britanniques, de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène et des Samoa américaines.
*** A/AC.109/2014/L.11
****A/AC.109/2014/L.10
*****A/AC.109/2014/L.9
QUESTION DES TOKÉLAOU
Document de travail établi par le Secrétariat (A/AC.109/2014/2)
Les Tokélaou sont un territoire non autonome administré par la Nouvelle-Zélande. Lors des dernières élections, du 23 janvier 2014, les Tokélaou ont élu leur nouveau Fonogénéral (organe représentatif national). À ce jour, l’Ulu-o-Tokélaou (chef du Gouvernement) estime que les trois options d’autodétermination présentent chacune des inconvénients. D’ailleurs, à l’occasion du référendum sur l’autodétermination, la population tokélaouane avait fait savoir qu’elle n’était pas encore prête pour la transition vers l’administration autonome.
Déclarations
M. ALIKI FAIPULE KURESA NASAU, Ulu o Tokelaou, a précisé que les élections pour le Fono général ont donné lieu à des résultats qui peuvent être vus comme un changement positif car, pour la première, une femme, Mme Saili Patea Peau, a été élue à la présidence. Le Fono général compte désormais 15% de femmes et le Conseil du Gouvernement, 17%. Après avoir parlé des efforts entrepris avec la Nouvelle-Zélande pour faire avancer le Plan stratégique national 2010-2015, l’Ulu a rappelé qu’après le référendum de 2007, les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande ont décidé de « mettre au garage » la question d’un autre référendum et de travailler sur les besoins fondamentaux. Mais si la population est fière de son héritage de citoyens néo-zélandais, elle est aussi portée par l’envie d’avoir une identité distincte, a affirmé l’Ulu. C’est cette aspiration qui est le moteur de sa participation et de ses positions dans les fora régionaux et internationaux, a-t-il dit.
Les Tokéalou travaillent d’ailleurs avec la Nouvelle-Zélande pour obtenir un statut de membre associé au Forum du Pacifique et le parcours n’a pas été de tout repos puisque le statut politique continue de limiter les ambitions. Le Plan stratégique national prend fin en 2015, ce qui sera l’occasion non seulement de renouveler l’engagement en faveur des priorités du développement mais aussi de revisiter les perspectives d’avenir s’agissant de l’acte d’autodétermination. Les discussions ont déjà commencé sur le Plan stratégique post-2015, a assuré l’Ulu.
M. ROBERT GUBA AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a estimé que la coopération entre les Tokelaou et la Nouvelle-Zélande constitue un modèle. Le processus de décolonisation doit se poursuivre si la communauté internationale veut mettre fin aux derniers vestiges du colonialisme. Le représentant a relevé que la moitié des membres du Fono général sont des jeunes et des femmes. Il a mis en exergue les problèmes que sont les changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer. Il a noté à cet égard que la résolution est un texte équilibré, équitable et orienté vers l’avenir. Il a prié le Comité spécial de l’adopter par consensus le 27 juin.
M. AMADU KOROMA (Sierra Leone) s’est dit impressionné par les synergies existantes entre les Tokélaou et la Puissance administrante et a félicité l’administration de l’archipel d’avoir adopté un plan stratégique qui couvre des domaines essentiels.
La coopération efficace entre la Puissance administrante et les Tokélaou, a renchéri M. PENI B. SUVEINAKAMA (Fidji), est illustrée par la décision commune de remettre à plus tard le processus d’autodétermination pour se concentrer sur le développement socioéconomique. Il a exhorté la Nouvelle-Zélande à aider l’archipel à se développer dans un « véritable esprit de décolonisation ».
La force des relations entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande date d’il y a près de 90 ans, a confirmé M. JONATHAN KINGS, Administrateur des Tokélaou, qui a espéré que dans 100 ans, son pays sera toujours le principal partenaire des Tokélaou. Les défis auxquels sont toujours confrontés ces derniers demeurent le facteur qui détermine ces relations. Les efforts, a dit l’Administrateur, portent principalement sur les domaines de l’éducation et de la santé, handicapés par une petite population, le manque de compétences et la difficulté à recruter et à retenir les enseignants et le personnel médical. Mais des développements positifs ont eu lieu, s’est félicité l’Administrateur, en les passant en revue et en expliquant que le but est de doter les Tokélaou des services essentiels avant d’en venir à un quelconque acte d’autodétermination. Comme « nous ne savons rien d’un élan contre le statu quo », entre 2014 et 2015, la Nouvelle-Zélande entend débloquer une somme de 19,65 millions de dollars pour les domaines du transport, de l’éducation et de l’appui budgétaire. La Nouvelle-Zélande est toujours le plus grand donateur bilatéral des Tokélaou, s’est enorgueilli l’Administrateur.
APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX
Déclarations
M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a réaffirmé l’attachement de son pays à la lutte contre le colonialisme et en faveur de l’autodétermination des populations des territoires non autonomes. Soulignant l’importance des séminaires régionaux, il a voulu que l’on fasse tout pour financer et faciliter la participation de représentants de ces territoires.
Concernant Porto Rico, il a affirmé que l’île était partie intégrante de la région d’Amérique latine et des Caraïbes et que le principe de la décolonisation devrait y être appliqué. Il a ensuite plaidé pour les droits légitimes de l’Argentine sur les Îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les Îles Sandwich, usurpées de force en 1833 par le Royaume-Uni qu’il a exhorté à « entendre les appels » de la région.
Le représentant a aussi exprimé son inquiétude face à l’impasse des négociations sur la question du Sahara occidental et a appelé à l’organisation rapide d’un référendum sous l’égide des Nations Unies pour que la population sahraouie puisse exercer ses droits.
M. ROBERT GUBA AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a invité le Comité spécial à revoir la manière dont il aborde les questions dans ses résolutions. Il a considéré que les Tokélaou étaient « un cas facile » mais que d’autres territoires non autonomes exigent une réflexion plus approfondie.
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