Deuxième Commission: il est temps de réformer la gouvernance économique mondiale et notamment les institutions de Bretton Woods, insistent les délégations
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Deuxième Commission
16e & 17e séances – matin & après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: IL EST TEMPS DE RÉFORMER LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE
ET NOTAMMENT LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS, INSISTENT LES DÉLÉGATIONS
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a terminé, aujourd’hui, l’examen du point de son ordre du jour consacré aux « questions de politique macroéconomique », ce qui a offert aux délégations l’occasion de passer en revue les problèmes que posent les inégalités et distorsions du système commercial multilatéral, les déséquilibres et incohérences du système financier international et le poids de la dette extérieure, aux efforts de croissance des pays en développement.
Analysant les conséquences de la crise économique mondiale sur le commerce, en particulier dans les pays en développement, de nombreuses délégations ont souligné la nécessité de la création d’un système de commerce international ouvert, juste, non discriminatoire et plus transparent que celui créé par les termes de l’Uruguay Round. La création d’un nouveau système commercial multilatéral dépendant d’une bonne conclusion des négociations du Cycle de Doha, dont les résultats devraient remplacer le cadre commercial de l’Uruguay Round, la représentante de l’Éthiopie a estimé que l’impasse dans laquelle se trouve le Cycle de Doha sape la crédibilité du système commercial actuel. Toutes les délégations ayant pris la parole aujourd’hui ont appelé à conclure le plus rapidement les négociations ouvertes par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 à Doha. La situation actuelle, déséquilibrée, sans transparence et pleine de distorsions, notamment en ce qui concerne le commerce agricole, mine les capacités de production et d’exportation des États en développement et exacerbe les impacts qu’a sur eux la crise mondiale, a souligné le représentant du Nigéria. De plus, avec la mondialisation, les règles imposées par le système de commerce actuel constituent de véritables obstacles à l’accès aux marchés des produits des pays en voie de développement, notamment des PMA, a relevé le représentant du Niger.
Plusieurs pays, dont Haïti et la Thaïlande, ont constaté l’apparition de tendances au protectionnisme dans les pays industrialisés, en réaction à la crise mondiale et ils ont fait part de leurs préoccupations, plaidant pour la mise en œuvre d’accords préférentiels en faveur des pays les moins avancés (PMA). Malgré l’augmentation du niveau des exportations provenant des PMA, la participation de ces pays au commerce mondial reste faible, a relevé la représentante de l’Éthiopie. Cela s’explique par les limites de leurs réserves de matières premières et par la mise en place sur les marchés de barrières tarifaires et non tarifaires qui réduisent la capacité des PMA à exporter.
Plusieurs délégations ont insisté sur la nécessité d’une réforme de la gouvernance économique mondiale, afin d’apporter plus de transparence et plus de capacités de réactivité aux crises et de stabilité au système. Cette réforme nécessaire inclut celle des institutions de Bretton Woods, et notamment celle du Fonds monétaire international (FMI), pour lui donner une plus grande représentativité et une plus grande légitimité en prenant en compte les intérêts des pays en développement, comme l’ont souligné les représentants de la Malaisie, de l’Argentine ou de la Côte d’Ivoire.
Concernant la dette extérieure, la représentante du Soudan a rappelé la résolution 186/62 adoptée le 31 janvier 2008 par l’Assemblée générale, qui demande à la communauté internationale de faire preuve de plus de souplesse dans l’allégement de la dette des pays en développement. Le représentant du Niger a indiqué que le déficit de la balance des opérations courantes, situation dans laquelle se retrouve la majorité des PMA, démontrait l’importance pour ce groupe de pays de recevoir un allégement de leur dette dans le cadre du processus de développement international agréé.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 25 octobre, à partir de 10 heures. Elle se réunira pour une manifestation parallèle sur le thème: « Les crises de la dette souveraine et les réaménagements de la dette: Les enseignements tirés et les propositions concernant des mécanismes de règlement de la dette ».
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
a) Commerce international et développement (A/67/183, A/67/184 , A/67/15 (Part I), A/67/15 (Part II) , (A/67/15 (Part III) et A/67/15 (Part V)
b) Système financier international et développement (A/67/187)
c) Soutenabilité de la dette extérieure et développement (A/67/174)
Suite et fin du débat général
M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a relevé que l’Amérique latine et les Caraïbes ont fait preuve d’une meilleure résilience que d’autres régions à la crise économique qui s’est déclenchée en 2008 et que, dans ce contexte, El Salvador accorde une grande importance aux relations intrarégionales pour aller vers la relance à travers un plus grand flux d’exportations et des projets de coopération. Depuis le début de la crise, les pays en développement ont également souligné l’importance de leur accès aux marchés internationaux et leur opposition aux mesures protectionnistes, a dit le représentant. El Salvador plaide pour une reprise des négociations commerciales du Cycle de Doha et pour une réforme de la gouvernance économique mondiale, y compris la révision et le renforcement de l’architecture financière et monétaire internationale. Pour El Salvador, la réforme de la gouvernance doit avoir pour objectif fondamental de donner plus de voix et de participation aux pays en développement dans les organes de décision des institutions de Bretton Woods, afin d’en renforcer la légitimité et l’efficacité.
Dans le contexte actuel marqué par la crise économique mondiale, M. MAURICIO FERNANDO DIAS FAVERO (Brésil) a fait remarquer que les pays en développement resteront probablement le moteur de la croissance globale à court et moyen termes. Néanmoins, nombre de ces pays font face à une décélération, ceci à l’heure où ils adaptent leurs politiques monétaires et budgétaires pour résister aux impacts négatifs de la crise qui sévit dans les pays développés. Cette situation exige, plus que jamais, une action collective internationale efficace, a relevé le représentant. Cette action devrait passer par une coordination renforcée entre les États Membres des Nations Unies, les institutions financières internationales et le G-20, afin de freiner la récession et de stimuler la demande mondiale. Pour une gouvernance économique mondiale plus efficace et plus légitime, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour réformer les institutions de Bretton Woods, a préconisé le représentant.
Les pays en développement, dont le Brésil, luttent pour limiter l’impact des flux de capitaux volatiles et sont handicapés par les politiques monétaires de beaucoup de pays développés, a relevé le représentant, qui a précisé que la hausse récente des barrières douanières imposées par le Brésil et d’autres membres du MERCOSUR sur certains produits n’est pas une mesure protectionniste.
M. VADIM PISAREVICH (Bélarus) a plaidé en faveur de la création d’un système d’échanges internationaux inclusif, fondé sur des règles communes et non discriminatoires. Il s’est plaint des sanctions économiques imposées par l’Union européenne et les États-Unis à son pays, estimant qu’elles violent le droit international. Il a rappelé que la treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), tenue à Doha en avril 2012, a invité les États à éviter l’imposition de sanctions unilatérales contre d’autres pays. Le représentant a ensuite expliqué que les pays de transit doivent surmonter une série d’obstacles qui diminue leur compétitivité commerciale. Il a également posé la question de la réforme de la gouvernance internationale, invitant tous les États à participer à ce débat. C’est pour cette raison que ce débat doit avoir lieu sous l’égide de l’ONU et en particulier de son Conseil économique et social (ECOSOC), a-t-il expliqué. Le Bélarus estime que la réforme doit comprendre des mesures sur la règlementation des flux financiers et sur le fonctionnement des institutions financières.
M. MOHAMMED NAJEED ABDULLAH (Malaisie) a estimé que la communauté internationale aurait du tirer les leçons des crises précédentes. Pour remédier à la situation actuelle, il a souhaité notamment que le système de surveillance du Fonds monétaire international (FMI) soit étendu au-delà de la supervision des seuls taux de change. Il a aussi proposé que l’on fasse avancer la réforme du Fonds monétaire international (FMI) en donnant une plus grande représentativité et légitimité au Fonds, afin de prendre en compte les intérêts des pays en développement. M. Abdullah a demandé que soient mises immédiatement en œuvre ces mesures en vue de renforcer les économies des pays en développement. Il a plaidé en faveur d’une réforme complète des institutions financières internationales. Cette réforme permettra d’augmenter la transparence des opérations dans certains marchés et institutions financières et offrira l’occasion de mieux étudier les moyens qui permettraient une meilleure surveillance du système financier international, a-t-il expliqué. Il a par ailleurs estimé que le système des Nations Unies reste le cœur de la structure de gouvernance économique mondiale. Enfin, il a rappelé que la Malaisie promeut un système financier islamique qui puisse soutenir un système économique cohérent et juste.
Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti) a relevé que les grands changements structurels et conjoncturels de ces dernières années modifient les enjeux et augmentent les risques qui pèsent sur l’avenir d’un système commercial multilatéral ouvert, transparent, non exclusif, non discriminatoire, fondé sur des règles claires et conjugué à des initiatives d’intégration et de coopération régionales. Une grande tendance du commerce international est le plurilatéralisme, et ceci est aggravé par l’inachèvement du processus de négociations de Doha, a dit la représentante. Les accords commerciaux plurilatéraux, limités à quelques pays, tendent à dépasser de plus en plus le cadre de simples arrangements douaniers ou tarifaires pour rechercher une intégration économique et commerciale entre les États qui en sont membres, a prévenu Mme Nazaire. Haïti y souscrit, mais seulement en complément des négociations et des accords multilatéraux. En revanche, Haïti est préoccupé par les tendances au protectionnisme, notamment dans les domaines de la sécurité alimentaire, de l’énergie, de l’environnement et des taux de change. Si les difficultés actuelles rencontrées dans les échanges internationaux devraient s’exacerber, ce sont certainement les pays les plus vulnérables qui paieront le plus lourd tribut, a regretté la représentante. Cette situation souligne l’importance d’accords préférentiels pour les pays les moins avancés (PMA) et celle du respect des engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD) pour aider les PMA à développer une véritable politique d’industrialisation, a ajouté la représentante.
En conclusion, les efforts de la communauté internationale devraient se concentrer sur la réforme de l’architecture financière internationale et sur la mise en place d’un mécanisme fiable de restructuration de la dette externe, a préconisé Mme Nazaire.
M. DMYTRO KUSHUERUK (Ukraine) a rappelé le rôle essentiel que doivent jouer les Nations Unies dans la réforme du système financier international, dans le contexte actuel marqué par la crise économique mondiale et des changements sans précédent. Analysant les conséquences de cette crise sur le commerce, en particulier dans les pays en développement, le représentant a souligné la nécessité de la création d’un système de commerce international ouvert, juste, non discriminant et transparent. Son ouverture est un élément clef du progrès économique et social que doivent accomplir les pays pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il fait valoir, réitérant le souhait de l’Ukraine de voir aboutir les négociations commerciales du Cycle de Doha, tenues dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’Ukraine soutient le travail et les initiatives de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a indiqué le représentant qui s’est félicité du lancement d’un nouveau projet visant à renforcer la législation sur la concurrence en Ukraine. Plus largement, elle est favorable à une politique de taux de change plus flexible pour améliorer la résilience aux chocs externes, à une amélioration du climat des investissements et à des réformes structurelles pour relancer la croissance à long terme.
En conclusion, le représentant a rappelé que l’Ukraine a besoin d’investissements étrangers directs et que l’accumulation, sans précédent, opérée par certains pays en termes de réserves en devises étrangères serait mieux employée en les investissant dans des secteurs de l’économie réelle tels que la production, la construction, etc.
Rappelant les conséquences de la crise mondiale et la nécessité d’une politique cohérente pour y faire face, M. AKSORNSAWAD (Thaïlande) a souligné que le bien-être des populations doit être placé au cœur des stratégies de développement économique, que l’intégration économique régionale doit être renforcée, et que l’Agenda du développement post-2015 doit prendre une direction plus inclusive profitant à tous les pays. La Thaïlande estime qu’une plus grande ouverture du système de commerce international, basé sur des règles claires et justes, favoriserait la croissance et améliorerait la qualité de vie des populations. Par conséquent, le protectionnisme doit être évité à tout prix. En ce sens, la Thaïlande plaide pour une conclusion positive des négociations commerciales du Cycle de Doha. Concernant le système financier international, la Thaïlande plaide pour sa réforme, ainsi que celle de la gouvernance économique mondiale en général: ces réformes devraient apporter plus de transparence, plus de capacités de réactivité aux crises et de stabilité au système, a précisé le représentant. De plus, les pays en développement devraient être mieux représentés dans les organes de conception de politiques et de prise de décisions des institutions financières internationales, notamment celles de Bretton Woods.
Mme WOINSHET TADESSE (Éthiopie) a estimé que l’impasse dans laquelle se trouve le Cycle de négociations commerciales de Doha sape la crédibilité et l’efficacité du système commercial multilatéral. Elle a donc invité les États Membres à achever rapidement ces négociations en élaborant des règles commerciales favorables au développement qui éliminent les mesures créant des distorsions commerciales. Il faut augmenter le niveau d’accès des produits des pays en développement aux marchés, a dit Mme Tadesse. La représentante a noté que, malgré l’augmentation des exportations provenant des pays les moins avancés (PMA), la participation de ces pays au commerce mondial reste faible. Cela s’explique par les limites de leurs réserves de matières premières et par la mise en place de barrières tarifaires et non tarifaires qui réduisent leur capacité d’exporter, a-t-elle indiqué. Elle a ainsi demandé de créer un environnement permettant de renforcer les capacités de production des PMA, de leur permettre de mieux accéder aux technologies et de créer ainsi des emplois. Une plus grande participation des PMA dans le système commercial mondial permettrait à ces pays d’atteindre plus vite le développement durable, a-t-elle assuré. Dans ce contexte, l’Éthiopie est prête à finaliser son accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a-t-elle ajouté. Enfin, Mme Tadesse a invité la communauté internationale à mobiliser des ressources prévisibles d’aide au développement.
Préoccupée par les effets de la crise économique mondiale, Mme JOSEFINA BUNGE(Argentine) a rappelé la grave crise que l’Argentine a connue il y a 10 ans et les efforts menés par le pays pour s’en relever. Pendant ces années, a précisé la représentante, l’Argentine a mis en place des politiques économiques se basant sur l’histoire et ayant trait au rôle fondamental que doit jouer l’État pour favoriser les conditions d’un développement durable.
Concernant les solutions à proposer pour remédier à la crise mondiale actuelle, l’Argentine est très préoccupée par les nouveaux risques de récession, par la volatilité des marchés, et elle considère que la mise en œuvre d’un ajustement fiscal dans certains pays développés n’est pas une politique optimale.
En conclusion, la représentante a indiqué qu’il faut accorder la priorité à la question de la gouvernance économique mondiale pour améliorer la légitimité et l’efficacité du Fonds monétaire international (FMI) et mieux refléter le poids croissant des pays en développement dans l’économie mondiale. Elle a plaidé pour une réduction des subventions agricoles versées par les gouvernements des pays développés à leurs producteurs et exportateurs agricoles et a demandé une réduction des droits de douane imposés par les pays du Nord aux produits des pays en développement.
M. RABEE JAWHARA (République arabe syrienne) a souligné l’importance du commerce comme moteur du développement, ainsi que la nécessité d’un système commercial multilatéral juste et équitable. Il a demandé que soit mis fin aux mesures unilatérales économiques et financières imposées par certains pays à d’autres en dehors de toute légalité internationale. La Conférence Rio+20 et la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), tenue à Doha en avril 2012, ont reconnu l’importance de faire cesser ces mesures illégales et inhumaines, a-t-il rappelé. Il a expliqué que ces mesures violent les règles de l’Organisation internationale du Travail (OIT), ainsi que les droits de l’homme. Le représentant a ensuite demandé aux pays développés de respecter leurs engagements en matière de commerce international, notamment en prenant des mesures qui respectent les besoins des pays en développement et en réduisant les mesures protectionnistes. Il a aussi attiré l’attention sur les pays qui souffrent de l’occupation étrangère, soulignant les mesures restrictives au commerce et aux exportations qui sont imposées à ces pays et territoires, comme c’est le cas pour le Golan syrien occupé et le Territoire palestinien occupé.
M. DEREK O’BRIEN, membre du Parlement de l’Inde, a relevé qu’à leur tour, les grands pays en développement montraient des signes de ralentissement économique et ne pouvaient rester à l’abri des conséquences de la crise de la dette souveraine qui sévit en Europe et des tendances à la récession de l’économie mondiale. De plus, l’instabilité des flux de capitaux et la volatilité des marchés des changes ont sapé les efforts de compétitivité à l’exportation des pays en développement. En conséquence, les règles du commerce international devraient contribuer à la levée des barrières, faciliter l’accès des pays en développement à tous les marchés et empêcher le protectionnisme, a dit le représentant.
L’Inde est particulièrement préoccupée par la hausse et la volatilité des prix des produits de base, qui ont un impact négatif sur la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA). Elle plaide pour l’accès aux marchés en franchise de droits et hors quota des produits de tous les PMA et pour la conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha, afin de créer
un cadre de commerce mondial juste, équilibré et équitable. Enfin, une réforme de la gouvernance économique mondiale est essentielle pour faire face aux faiblesses du système commercial et financier international. Les réformes en cours du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale doivent être menées à terme de toute urgence, a conclu le représentant.
M. AL-MUBARAK (Arabie saoudite) a expliqué que son pays accorde un intérêt particulier au commerce international en tant que moteur du développement. Il a plaidé en faveur de relations économiques équilibrées entre pays développés et en développement. En ce qui concerne la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a indiqué que l’Arabie saoudite a déjà dépassé les plafonds convenus. Attaché à la libéralisation du commerce, le Gouvernement saoudien a pris des mesures pour favoriser les flux de capitaux et coopérer avec d’autres pays en matière commerciale, a-t-il aussi indiqué. Le représentant a ajouté que, figurant parmi les 25 économies les plus importantes du monde, l’Arabie saoudite est le marché économique le plus large au Moyen Orient. Il a aussi parlé des réserves pétrolières saoudiennes qui sont « les plus importantes » au monde. L’énergie est fournie à un prix modique en Arabie saoudite, a-t-il indiqué, tout en évoquant la stabilité de la monnaie saoudienne. Le représentant a ensuite indiqué que l’aide au développement de l’Arabie saoudite a atteint 10 milliards de dollars et est répartie à 95 pays à travers le monde.
M. KEVIN WONG (Singapour) a rappelé que les discussions sur les questions économiques se tiennent tant à l’ONU qu’en dehors du système onusien. Il a souhaité que ces discussions aboutissent à des mesures coordonnées, ce qui aux yeux de Singapour, implique un renforcement du rôle des Nations Unies dans la gouvernance mondiale. Plaidant aussi en faveur d’une plus grande coopération entre le système de l’ONU et les groupes internationaux, il a remarqué que les Nations Unies avaient déjà amélioré leur coordination avec les groupes économiques informels comme le G-20, permettant ainsi une plus grande transparence des travaux de ces groupes. Il s’est réjoui que le Secrétaire général de l’ONU soit ainsi invité aux sommets du G-20, comme cela a été le cas à Los Cabos en juin dernier. Ce sommet a conduit à l’adoption de résolutions importantes, a relevé M. Wong. Les pays du G-20 se sont en effet engagés à réformer le secteur financier, a-t-il précisé. M. Wong a également appelé le G-20 à interagir avec les autres organisations internationales et consulter davantage les pays non membres. Enfin, M. Wong a invité les États Membres à améliorer les méthodes de travail du système de l’ONU.
M. J. RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que l’inflexibilité dont fait preuve un groupe de pays développés constituait le principal obstacle à la conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha, qui doivent être transparentes et inclusives et garantir un espace politique aux pays en développement. Nos pays ont besoin d’un traitement différencié, a dit le représentant. Il a également précisé que l’engagement de mettre en place un système multilatéral commercial ouvert, juste et équitable a déjà été pris mais reste sans effets alors qu’il est plus que jamais nécessaire dans le contexte de crise économique et financière mondiale actuel. Les mesures commerciales unilatérales, comme le blocus économique, commercial et financier qu’appliquent les États-Unis contre Cuba, doivent être éliminées de toute urgence, a déclaré le représentant.
Mme WANG HONGBO(Chine) a encouragé la CNUCED à poursuivre son travail de promotion en faveur d’une meilleure gouvernance économique internationale, avec au centre la réforme du système financier international. Elle a aussi appelé à conclure le plus rapidement possible les négociations commerciales du Cycle de Doha. Mme Wang a indiqué par ailleurs que la Chine attache une grande importance à la coopération Sud-Sud. La Chine aide les pays les moins avancés (PMA) à diversifier leurs économies et à augmenter leurs exportations. Nous avons aussi contribué aux discussions du Cycle de Doha sur des règles qui permettraient des importations exemptes de droits de douane pour les produits des PMA. La représentante a indiqué également que son pays adopte une attitude plus ouverte avec ses partenaires commerciaux, afin de maintenir un environnement commercial solide.
Mme Wang a encouragé les membres de la communauté internationale à bien coordonner leurs actions en matière de politique macroéconomique. Il faut améliorer les systèmes financier et monétaire internationaux, a-t-elle aussi demandé, invitant le Fonds monétaire international à poursuivre ses travaux en ce sens. La représentante a ensuite relevé que la Banque mondiale souligne l’importance de promouvoir des politiques en faveur de l’emploi pour réduire la pauvreté. En matière de développement durable, elle a encouragé le FMI et la Banque mondiale à entamer des négociations sur le programme de développement de l’après-2015. Enfin, sur la question de la dette extérieure, qui a augmenté de 12% pour les pays en développement, elle a demandé à la communauté internationale de promouvoir la restructuration de la dette et de tenir ses engagements en matière d’allègement de la dette. Depuis 2000, la Chine a annulé six fois les dettes des PMA, a indiqué Mme Wang.
M. ADENIKE OSOBA (Nigéria) souscrivant à la déclaration lue par l’Algérie au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a ajouté que pour permettre aux pays d’atteindre leur plein potentiel en matière de développement, un système commercial multilatéral, équitable et non discriminatoire est nécessaire, autant que l’est une libéralisation des échanges commerciaux. Dans ce contexte, le Nigéria est d’avis qu’il faut rapidement progresser vers les conclusions du Cycle de négociations commerciales de Doha. Pour sa part, le Nigéria a toujours promu l’intégration économique sous-régionale, la libéralisation des échanges, l’acquisition et le transfert des technologies ou encore la diversification de son économie. C’est dans ce cadre que le Nigéria soutient la décision de l’Union africaine de mettre en place à l’horizon 2023, une zone de libre échange panafricaine, a affirmé le représentant, appelant tous les acteurs pertinents à soutenir cette initiative.
Le représentant s’est également déclaré conscient que la mise en place d’un nouveau système financier international ne sera pas chose facile. Il a dit partager en cela la vision du débat thématique de haut niveau sur l’état de l’économie mondiale qui s’est tenu en mai dernier. Cependant, il faut passer du discours aux actes, a-t-il aussi plaidé, soulignant que la situation actuelle mine la capacité des États en développement et exacerbe les conséquences de la crise mondiale. Il faut par exemple que les pays donateurs respectent leurs engagements en matière de réduction de dettes et de fourniture d’aide publique au développement; cette aide devant être prévisible et sans conditionnalités irréalistes, a plaidé Adenike Osoba. Toute réforme du système financier mondial doit par ailleurs être transparente, holistique et inclusive, a-t-il encore déclaré, appelant par ailleurs à une réforme des institutions financières internationales, qui inclurait une meilleure représentativité des pays d’Afrique et des autres pays en développement.
Mme ESNART MPOKOSA (Zambie) a regretté que les négociations commerciales du Cycle de Doha n’aient pas abouti et n’aient donc pas permis d’atténuer la situation de pauvreté prévalant dans les pays en développement. Elle a demandé de mener à bien ces négociations dès que possible. Elle a indiqué que la Zambie profite de diverses initiatives d’accès aux marchés mises en place par les États-Unis, la Chine, l’Union européenne, l’Inde, le Canada et le Brésil. La Zambie a aussi amélioré ses structures de gouvernance, a-t-elle dit. En matière de dette, elle a constaté les efforts déployés par les pays en développement pour gérer leurs économies et leurs dettes. Elle a apprécié l’aide apportée par les pays développés au renforcement des capacités des pays en développement à cet égard. Les ressources libérées grâce à l’allègement de la dette permettent au pays en développement de mener des activités de développement et de résoudre des problèmes sociaux, a-t-elle expliqué.
Évoquant l’échéance de 2015, fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Mme TERRI ROBL (États-Unis) a souligné les progrès engrangés malgré les difficultés posées par la crise économique mondiale, mais aussi par les problèmes subsistant dans les pays les moins avancés (PMA) et les pays à faible revenu. La représentante a affirmé que la Commission doit examiner le paysage du développement international et se défaire de l’approche binaire qui prévaut actuellement entre pays développés et pays en développement, et qui ne reflète plus l’actualité du financement du développement. À titre d’exemple, elle a évoqué le cas des pays en développement qui représentent un quart des investissements étrangers directs, et la coopération Sud-Sud, qui est en pleine expansion, tout en regrettant que plusieurs PMA soient laissés à la traîne. L’aide publique au développement (APD) doit aider au financement du développement, mais elle est maintenant dépassée par d’autres flux de capitaux, y compris privés, a-t-elle ajouté. Pour mobiliser les sources de capitaux privés, les pays récipiendaires d’APD « doivent donc développer des systèmes démocratiques et juridiques pour rassurer les investisseurs », a estimé la représentante. Elle a exprimé l’opposition des États-Unis aux mesures protectionnistes et le souhait de son pays de voir progresser les négociations commerciales du Cycle de Doha.
M. OUSMAN SAMADOU (Niger) a estimé que le commerce avait toujours joué un grand rôle dans la croissance économique des nations et que plusieurs pays devaient leur prospérité au commerce international. Toutefois, a-t-il regretté, avec la mondialisation, les règles imposées par le système de commerce actuel ont constitué de véritables obstacles à l’accès aux marchés des produits des pays en voie de développement. M. Ousman a déploré que le Cycle de négociations de Doha, de 2001 –initialement fixé pour une période de quatre ans- et qui devait atténuer les effets de la libéralisation du commerce soit aujourd’hui dans l’impasse.
Citant le cas du Niger, qui est un pays moins avancé (PMA) et sans littoral, la situation a-t-il dit, est loin d’être reluisante, malgré l’uranium et le pétrole qui y sont produits. Il a expliqué que l’enclavement de son pays handicapait son développement, d’où l’importance d’une mise en œuvre rapide et intégrale des dispositions du Programme d’action d’Almaty en faveur du commerce de transit des pays en développement sans littoral, ainsi que celles du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés (PMA). Par ailleurs, M. Ousman a indiqué que le déficit de la balance des opérations courantes, situation dans laquelle se retrouve la majorité des pays les moins avancés, démontrait l’importance pour ce groupe de pays de recevoir un allégement de leur dette dans le processus de développement. Enfin, le représentant a salué l’initiative du Groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) pour la création d’une nouvelle banque de développement afin d’appuyer des projets d’infrastructure et de développement dans les pays qui en ont besoin. C’est une opportunité pour certains pays d’accéder à des ressources supplémentaires de financement de leur développement.
M. HAJIME UEDA (Japon) a indiqué que Tokyo a accueilli ce mois-ci les réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. En avril dernier, a-t-il ajouté, le Japon a aussi contribué au renforcement des ressources du FMI. Selon le représentant, le devoir de la communauté internationale est de faire progresser le commerce et l’investissement, ainsi que d’aider les pays à participer au commerce multilatéral. Dans cet esprit, le Japon s’est engagé à réaliser l’initiative « Aide pour le commerce ». En ce qui concerne la Conférence de suivi de la crise économique et financière mondiale et son impact sur le développement, organisée en 2009 aux Nations Unies, il a demandé que soient introduits de nouveaux mécanismes permettant de faire face aux effets de ces crises. En ce qui concerne le financement du développement, le représentant s’est dit favorable aux conclusions de la Conférence de Busan sur l’efficacité de l’aide. Nous souhaitons renforcer notre coopération avec les pays émergents, a-t-il ajouté, soulignant aussi l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. Enfin, il s’est prononcé sur l’efficacité des travaux menés aux Nations Unies en matière de développement en demandant d’éviter les doubles emplois.
M. MOJTABA ALIBABAEE (République islamique d’Iran) a estimé que le commerce international est un outil favorisant une croissance à long terme. Pour exploiter au mieux ce potentiel, il a suggéré d’œuvrer en faveur d’un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable. Les Nations Unies ont un rôle crucial à jouer dans les questions de commerce et de développement, ainsi pour traiter des iniquités qui existent dans les relations économiques internationales, a-t-il dit. Il a plaidé en faveur d’une plus grande participation des pays en développement au fonctionnement des institutions financières et monétaires internationales. Le représentant a jugé nécessaire de réformer complètement l’architecture de la gouvernance financière et économique mondiale, afin de les rendre plus transparentes. Rappelant la tenue en avril dernier, à Doha, de la treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), il a invité la communauté internationale à soutenir pleinement les activités de la CNUCED et à encouragé cette institution à contribuer à la poursuite des objectifs du développement. Par ailleurs, M. Alibabaee s’est inquiété des problèmes systémiques actuels, qui touchent les marchés financiers mondiaux. Il a estimé que les Nations Unies et les institutions financières internationales ont des mandats complémentaires et a demandé que leurs activités soient mieux coordonnées.
Mme DIANA ALI AL-HADID (Jordanie) a souligné que le paysage économique mondial actuel reste assombri par des problèmes sous-jacents, ce qui ne permet pas de retour à la croissance économique mondiale. La volatilité des marchés financiers et les mauvaises conditions économiques vont perdurer un certain temps, a-t-elle craint, soulignant les difficultés que rencontrent notamment les pays en développement à cause de la baisse du volume d’envois de fonds de l’étranger et de celle que connaissent leurs exportations. Elle s’est aussi inquiétée de la baisse du niveau de l’aide publique au développement (APD). Mme Al-Hadid a plaidé en faveur d’une régulation efficace du système financier mondial pour qu’il soutienne mieux les efforts de développement. La Jordanie a adopté des programmes économiques visant à maintenir la stabilité macroéconomique, a-t-elle indiqué. Selon les prévisions du FMI, l’économie de la Jordanie connaîtra une croissance de 2,75% en 2012, ce qui marque une hausse par rapport au taux de croissance de 2,5% qu’elle a connu en 2011. La Banque mondiale prévoit quant à elle une croissance de 5% en 2015 pour la Jordanie, a indiqué Mme Al-Hadid. Enfin, la représentante a appelé de ses vœux la conclusion rapide du Cycle de Doha, dit « Cycle du développement », et demandé d’améliorer le fonctionnement du système commercial international.
M. ZAHEER JANJUA (Pakistan) a fait remarquer que la situation économique et financière mondiale reste fragile et qu’elle entraîne un ralentissement du commerce mondial. Il est nécessaire de mettre l’accent sur les responsabilités, a souligné le représentant, et le système international doit jouer son rôle pour le développement d’une économie durable, ainsi que pour appuyer les efforts des pays en développement, décourager les financements irresponsables, travailler sur l’amélioration de la participation des pays en développement dans les institutions financières internationales, et renforcer les capacités de ces institutions pour servir les besoins des pays en développement. Concernant l’allègement de la dette, le représentant l’a jugé crucial et a suggéré que cette question soit discutée en priorité. Il est important et urgent de mener des négociations sérieuses sur un mécanisme approprié pour aborder la restructuration de la dette souveraine, a-t-il conclu.
M. TLEUZHAN S. SEKSENBAY (Kazakhstan) a indiqué que son pays avait adopté et mis en œuvre des nouveaux programmes de développement dans tous les secteurs de son économie, ce qui lui a permis de conserver une dynamique positive au cours de périodes difficiles en ce qui concerne l’économie mondiale. Il a cependant estimé que dans un monde globalisé et interdépendant, les politiques adoptées au plan national ne suffisent pas. Il faut aussi plus de coordination au niveau des politiques économiques et financières mondiales qui doivent être mises au service de la croissance et du développement, a-t-il indiqué. La Conférence de haut niveau sur les crises économique et financière mondiales et leur impact sur le développement, tenue en 2009, a rappelé que chaque pays a la responsabilité première de son développement économique et social, tout en appelant les États à continuer à travailler dans la solidarité pour apporter une réponse mondiale à la crise, a souligné M. Seksenbay. Le représentant a aussi souligné le rôle central qui incombe à l’ONU dans les discussions sur l’économie mondiale, le développement durable et la gouvernance économique mondiale. Il a proposé d’organiser une conférence des Nations Unies en mai 2013, dans la capitale du Kazakhstan, Astana, sur le suivi des recommandations de la Conférence de haut niveau des Nations Unies sur les crises économique et financière mondiales et leur impact sur le développement, afin de concevoir un plan anticrise orienté vers l’action.
Mme AMEL SULIMAN SID AHMED ELSAYED (Soudan) a rappelé que son pays avait souffert du blocus économique et de la marginalisation qui en a été la conséquence, bien qu’il ait reçu une aide substantielle des pays du Sud. Elle a demandé que soit poursuivi le Cycle de négociations sur le commerce de Doha et que l’accent soit mis sur l’importance du transfert de technologie vers les pays en développement. Elle a aussi invité les États à poursuivre les pourparlers du Cycle de São Paulo sur le Système global de préférences commerciales entre pays en développement. S’agissant du système financier international, la représentante a souhaité qu’il soit basé sur les principes de justice et d’égalité. Le Soudan souhaite voir réformer ce système afin de faire entendre davantage la voix des pays en développement dans ce domaine. Nos pays doivent également être autorisés à utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS) en matière financière, a-t-elle aussi demandé. La représentante a ensuite rappelé la résolution 186/62 de l’Assemblée générale qui demande à la communauté internationale de faire preuve de plus de souplesse dans l’allégement de la dette des pays en développement. En ce qui concerne les institutions de Bretton Woods, elle a été d’avis qu’il fallait les réformer pour y garantir une représentation à tous les pays. Le commerce international doit transcender le protectionnisme et les mesures économiques répressives qui vont avec, a-t-elle ajouté.
M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a exprimé sa préoccupation en ce qui concerne le ralentissement des flux nets de capitaux privés et surtout celui du volume des investissements étrangers directs (IED) vers les pays en développement, notant aussi le net recul de l’aide publique au développement (APD) en 2011. La Côte d’Ivoire, qui émerge d’une décennie de crise sociopolitique, amorce la reconstruction de son économie, a-t-il indiqué. C’est dans ce contexte que le Président ivoirien s’est attelé à la stabilisation de la situation sécuritaire et politique et a entrepris de relancer l’économie. Un plan de développement national a ainsi été adopté pour la période 2012-2015, ainsi qu’un programme économique et financier couvrant cette période élaboré avec le FMI. Le Président Alassane Ouattara tente, en outre, de repositionner le pays comme pôle économique et moteur de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. L’économie de la Côte d’Ivoire devrait connaître une croissance de 8,6% en 2012 en vue de devenir une économie émergente d’ici à 2020.
M. Bamba a mentionné les secteurs prioritaires dans lesquels la Côte d’Ivoire entend investir plus particulièrement, notamment l’agriculture, l’énergie et l’éducation. Il a espéré que les fonds privés viendraient en grande partie sous forme d’IED, tandis que les besoins de financement publics seraient couverts en priorité par des prêts concessionnels. Le Gouvernement ivoirien s’engage à poursuivre une politique d’endettement public prudente et mesurée, a-t-il précisé, signalant à cet égard la création du Comité national de la dette publique. M. Bamba a indiqué que son pays avait repris le paiement contractuel des coupons de l’Eurobond depuis juin 2012, étant déterminé à apurer le solde des arriérés le plus tôt possible. Enfin, le représentant a plaidé en faveur de la réforme des institutions financières internationales, notamment pour y arriver à une meilleure représentation de toutes les zones géographiques et conférer à la gouvernance financière internationale un caractère plus ouvert et transparent.
M. JEAN BENGALY (Burkina Faso) a noté que la conjoncture économique mondiale était marquée par la décélération de la croissance économique, un niveau élevé de chômage et des tendances persistantes protectionnistes, aggravés par un renchérissement des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Tout cela constitue un motif sérieux de préoccupation, surtout pour les pays les moins avancés (PMA). En effet, ces pays jouent un rôle marginal dans l’économie mondiale (0,9% de la production mondiale) alors qu’ils représentent 12% de la population mondiale. Pour le représentant c’est d’autant plus inquiétant que le Cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha est dans l’impasse depuis 10 ans. Pour le Burkina Faso, ces négociations devraient tenir compte des besoins spécifiques des pays en développement, car leur performance économique dépend en large partie de leur participation active au commerce international. Il s’agit de conclure au plus vite ces négociations afin de permettre aux PMA de bénéficier effectivement des avantages mutuels des échanges commerciaux, a insisté le représentant.
La situation de pays sahéliens en développement sans littoral, comme le Burkina Faso, explique que son économie soit fortement dépendante du commerce international, a-t-il expliqué. Conscient que le commerce constitue un puissant levier de développement, le Burkina Faso met en œuvre, depuis plus de deux décennies, une politique commerciale orientée vers une plus grande intégration et un meilleur accès au marché régional et international. Ainsi une série de réformes économiques a été entamée en vue notamment de libéraliser l’économie et de renforcer le rôle du secteur privé, a indiqué M. Bengaly. Il a toutefois noté que nonobstant les progrès réalisés, plusieurs défis restent à relever, dont le rééquilibrage de la balance commerciale qui est structurellement déficitaire de l’ordre de 300 milliards de FCFA en moyenne par an. De plus, malgré un taux de croissance de 5,7% en moyenne entre 2000 et 2010, la proportion des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté demeure élevée et se situe autour de 43%. Le représentant a expliqué cela par la vulnérabilité du secteur agricole qui occupe 80% de la population active burkinabè, la fluctuation des cours mondiaux de matières premières, l’insuffisance des infrastructures et les troubles politiques dans la région. Il a incité les pays développés à s’acquitter de l’engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD) et a souhaité que la simplification des procédures et la neutralité de l’APD soient effectives dans le cadre des programmes de coopération.
MgrFRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a déclaré que l’effondrement financier de 2008 et les bouleversements économiques qui ont suivi ont montré que le système économique et financier mondial doit être réglementé par des normes morales, pour le bien-être commun et une économie plus juste, non discriminatoire, équitable, axée sur le développement au profit de tous les peuples. Le manque de responsabilité a conduit à la fraude et à d’autres pratiques immorales, a-t-il précisé. Les questions économiques sont maintenant mondiales et imposent une réglementation aux niveaux national et international. Il en va de même pour le marché des capitaux, a relevé l’Observateur du Saint-Siège, expliquant que des décisions irresponsables prises par les dirigeants d’un pays débordent sur les intérêts des autres pays et affectent les populations les plus pauvres. De telles inégalités engendrent des politiques favorisant des intérêts locaux ou nationaux, des mesures protectionnistes, au détriment du bien commun mondial, a-t-il insisté. La situation actuelle résulte de mesures prises dans les pays développés qui, maintenant, connaissent les conséquences engendrées par un système non durable. Que ceux qui ont tiré parti de la prospérité économique antérieure assument donc aujourd’hui les conséquences de leurs décisions, a-t-il conclu.
Mme TELMA VIALE, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a noté la fragilité persistante du système financier international, et les conséquences sans précédent de la crise économique et financière mondiale sur les marchés du travail. Le chômage frappe 200 millions de personnes à l’échelle mondiale dont 75 millions de jeunes, et près de 900 millions de personnes s’en sortent à peine, avec moins de 2 dollars américains par jour, a-t-elle rappelé, sans compter qu’en 2013 on s’attend à une augmentation de 2,5 millions du nombre de chômeurs. Concrètement, avec 40 millions de personnes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, il va falloir créer 600 millions de postes de travail au cours de la prochaine décennie, a encore souligné Mme Viale. Pour l’OIT, en vue de combattre les effets néfastes de cette crise prolongée, il faut mettre le plein emploi et le travail décent au cœur des objectifs macroéconomiques et des politiques de développement, a dit Mme Viale.
Pour cela, l’OIT estime que les politiques fiscales et monétaires devraient être activement utilisées pour lutter contre la stagnation prolongée, a-t-elle ajouté. Mais elle a averti que lorsque la consolidation fiscale s’impose, elle ne peut être durable que si elle tient compte de la responsabilité sociale et du partage équitable du fardeau de la crise. Ainsi l’OIT préconise que les mesures politiques prennent en considération à la fois l’offre et la demande du marché du travail, y compris les investissements dans les infrastructures; l’amélioration de l’accès aux financements bancaires pour les PME; l’élargissement de la couverture sociale et l’investissement dans des secteurs créateurs d’emplois potentiels pour les jeunes.
L’OIT reconnait également le rôle positif que les politiques industrielles et de promotion des investissements peuvent avoir sur l’emploi à condition qu’elles soient planifiées de manière transparente et responsable pour garantir que les investissements se fassent dans des secteurs porteurs pour l’emploi et la croissance, a souligné Mme Viale. Pour l’OIT, il reste également crucial que les reformes et « ajustements » à apporter au secteur financier soient poursuivis, avec pour priorité de parvenir à plus de cohérence entre les politiques commerciales et d’investissement, a-t-elle conclu.
M. VÍCTOR LAUTARO OVALLES SANTOS (Venezuela) a souligné que la gouvernance économique mondiale doit être approfondie et le système financier international réformé, pour un monde plus juste et plus humain. Le Venezuela est en ce sens favorable à la création d’un groupe d’experts sur les questions importantes relatives au système économique et financier mondial. À cet égard, il est important d’avoir des discussions de fond au sein de la Deuxième Commission et un débat thématique de haut niveau, a dit le représentant, précisant que l’ONU a l’obligation d’assurer une réponse globale et inclusive aux problèmes mondiaux. Concernant le nécessaire processus de transformation et de modernisation des institutions financières et monétaires internationales, il est nécessaire de parvenir à ce qu’un financement solidaire et sans condition soit mis à la disposition des pays grâce aux Droits de tirage spéciaux, a conclu le représentant.
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