AG/EF/3344

Les délégations de la Deuxième Commission demandent le respect des engagements pris en matière de financement du développement

22/10/2012
Assemblée généraleAG/EF/3344
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission                                        

12e & 13e séances – matin & après-midi


LES DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION DEMANDENT LE RESPECT DES ENGAGEMENTS

PRIS EN MATIÈRE DE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT


La Deuxième Commission et l’ECOSOC tiennent une réunion

conjointe avec le « Projet LINK » sur les perspectives de l’économie mondiale


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a entamé aujourd’hui son débat sur le financement du développement, après avoir tenu, ce matin, une réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC) sur les « Perspectives de l’économie mondiale », séance à laquelle ont pris part des responsables du « Projet LINK Global Economic Outlook». 


Les délégations se sont inquiétées des conséquences des crises financière et économique sur le développement, notamment des incidences qu’ont ces crises sur les flux d’investissement étranger, sur la dette extérieure et sur le commerce international.  Elles ont partagé les préoccupations exprimées par le Secrétaire général en ce qui concerne la baisse du niveau de l’aide publique au développement (APD) en 2011, qui est la première enregistrée depuis 1997.


« Cela ne manquera pas de compromettre la capacité des pays les moins avancés (PMA) à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ainsi que l’atteinte des objectifs fixés par le Programme d’action d’Istanbul », a remarqué le représentant du Bénin, parlant au nom des pays les moins avancés (PMA).  L’APD est en effet la source la plus importante de ressources pour les PMA, a observé le représentant de la République de Corée.


Comme la plupart des intervenants, la représentante des Bahamas, s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a demandé aux partenaires de développement de tenir leurs engagements, notamment celui d’allouer 0,7% de leur PIB à l’APD, en vue de permettre la réalisation des OMD dans les pays en développement et de créer un environnement favorable au programme de développement post-2015.


Les délégations ont également souligné la nécessité d’un processus efficace de suivi des engagements pris dans ce domaine.  Le Secrétaire général note, dans son rapport, que la plupart des propositions concrètes visant à créer un nouvel organe intergouvernemental pour renforcer ce suivi et la coordination de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, adopté en mars 2002, et de la Déclaration de Doha, issue de la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, tenue en décembre 2008 au Qatar, suggèrent la mise sur pied d’un mécanisme multipartite dynamique, efficace, composé d’un nombre de membres limité, mais dûment représentatif.

À cet égard, le représentant de l’Algérie, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ainsi que son homologue du Chili, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), ont plaidé en faveur de la création, au sein du système des Nations Unies, d’une commission du financement du développement qui dépendrait du Conseil économique et social (ECOSOC).  La délégation de la Fédération de Russie a demandé que les travaux de l’ONU en ce sens soient bien coordonnés, et que l’on évite les doublons.


À plus grande échelle, beaucoup d’intervenants ont demandé le renforcement du partenariat entre le système des Nations Unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour assurer le suivi et la mise en place des engagements pris à Monterrey et à Doha.  La réforme de l’architecture financière internationale, demandée depuis plusieurs années par la majorité des États Membres, a été jugée indispensable, afin notamment de donner aux pays en développement plus de représentativité dans l’élaboration des politiques et la prise de décisions.


Pour mobiliser davantage de ressources en faveur du développement, certaines délégations, comme celle du Chili, au nom de la CELAC, ont proposé d’utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, ce qui permettrait d’augmenter le montant des liquidités des pays et de mettre en place des politiques contre-cycliques atténuant les effets de la crise.  Enfin, beaucoup d’intervenants ont espéré que la Conférence de suivi du financement du développement, prévue en 2013, redynamiserait ce processus et permettrait de s’attaquer aux problèmes systémiques.


La Deuxième Commission était saisie de deux rapports du Secrétaire général qui ont été présentés en début de séance par Mme Shamshad Akhtar, Sous-Secrétaire générale chargée du développement économique, et M. Alexander Trepelkov, Directeur du Bureau du financement pour le développement au Département des affaires économiques et sociales.


Ce matin, la réunion conjointe entre la Deuxième Commission et l’ECOSOC a réuni de nombreux experts du réseau Projet LINK ainsi que des experts de la Banque mondiale, de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et du Département des affaires économiques et sociales (DAES) de l’ONU.  Les participants ont recensé les problèmes économiques mondiaux en identifiant des pistes pour y remédier, telles que la révision des politiques budgétaires en vue de relancer la croissance et la priorité à donner à la création d’emplois.  Investir dans les énergies renouvelables, s’attaquer davantage à l’instabilité des flux de capitaux et accélérer la réforme financière sont également apparus comme des politiques indispensables.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 23 octobre, à partir de 10 heures.  Elle poursuivra son débat sur le financement du développement et abordera la question des politiques macroéconomiques.


RÉUNION CONJOINTE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC) ET DE LA DEUXIÈME COMMISSION


Déclaration liminaire et exposé


M. GEORGE TALBOT, Président de la Deuxième Commission, qui coprésidait cette séance de travail conjointe de la Commission et du Conseil économique et social (ECOSOC) avec un Vice-Président de l’ECOSOC, M. Luis-Alfonso de Alba, a introduit le thème de la réunion portant sur les « Perspectives de l’économie mondiale », en expliquant que l’état de l’économie mondiale reste précaire et plein d’incertitude.  Plusieurs pays subissent encore le contrecoup de la crise économique et financière qui a éclaté en 2008 au niveau de l’emploi, marqué par un chômage élevé, a-t-il remarqué, tout en expliquant que la fragilité actuelle de nombreuses économies n’est pas seulement le résultat de chocs externes mais aussi la conséquence de problèmes structurels internes.


M. ROB VOS, Directeur de la Division de l’analyse des politiques de développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le « Project LINK Global Economic Outlook » comme étant un réseau constitué d’experts de plus de 60 pays proposant des analyses et des prévisions sur l’économie mondiale.  Il a résumé les problèmes économiques mondiaux en soulignant la fragilité budgétaire qui la caractérise, ainsi que la lente croissance et la hausse du chômage, phénomènes qui touchent de nombreux pays.  Certains pays qui ont connu une croissance très rapide risquent de perdre leur élan, a-t-il averti.  Les réformes structurelles lancées par certains pays n’auront peut-être que peu d’effet, a-t-il prévenu, avant de suggérer d’adopter d’autres mesures pour sortir du cercle vicieux.  Nous constatons un ralentissement de l’économie mondiale, a indiqué M. Vos, notant que la croissance globale ne sera que de 2,3% en cette année 2012, ce qui représente une baisse de 0,2% par rapport à l’an dernier.  La croissance devrait être de 2,5% en 2013 et de 3% en 2014, a-t-il ajouté.


Recensant les problèmes essentiels que connaissent les pays développés, M. Vos a mentionné le cercle vicieux de la dette souveraine, le taux de chômage élevé et l’instabilité financière.  On parle beaucoup de la dette publique, mais la dette privée était déjà élevée avant la crise, a-t-il remarqué, notant que les banques et les foyers familiaux s’y étaient déjà enfoncés.  La dette souveraine a aggravé la fragilité du secteur bancaire, a-t-il ajouté.  Tous ces problèmes se répercutent sur les pays en développement, qui se retrouvent face à une demande plus faible pour les produits qu’ils exportent.  M. Vos a en outre constaté que les politiques d’austérité et les réformes structurelles n’ont d’effets que sur le court terme.  Les réformes sont lentes, et il en résulte une certaine incertitude pour la reprise économique, a-t-il ajouté, observant que certains pays se trouvent dans une impasse, comme par exemple les États-Unis.


Rob Vos a ajouté à ces observations que la crise de l’emploi se poursuit, la situation étant plus difficile en Europe, surtout en Espagne et en Grèce, où le taux de chômage dépasse 25% de la population active.  Aux États-Unis, ce taux se situe autour de 8%.  Les pays en développement souffrent aussi dans ce domaine, mais leur niveau de chômage est revenu au niveau d’avant la crise.  C’est plutôt la qualité et la précarité de l’emploi qui sont préoccupants dans ces pays, a-t-il indiqué.


M. Vos a également parlé du cours du baril de pétrole, de l’instabilité des prix des denrées alimentaires, de la volatilité des flux de capitaux, ainsi que du ralentissement de la croissance dans les investissements, comme cela s’observe en Chine et en Inde.  En outre, la crise de l’euro pourrait se poursuivre, a-t-il prévenu.  « Les États-Unis risquent de tomber du bord de la falaise budgétaire sur lequel ils marchent depuis un certain temps si le plafond de leur dette n’est pas relevé », a-t-il ajouté, suggérant d’y augmenter les impôts et avertissant que des coupes budgétaires potentielles pourraient avoir lieu dans ce pays.  En Chine, si le ralentissement devrait être assez faible, la croissance risque toutefois de chuter à 5%, a estimé Rob Vos.  Il a aussi parlé des risques de voir l’Europe et le Japon connaitre une croissance négative, ce qui pourrait aussi arriver aux principales économies du monde en développement.  Les économies émergentes connaissent aussi une instabilité de leur taux de change, a-t-il noté.


M. Vos a conclu son intervention par une série de recommandations en faveur de politiques qui permettraient de sortir du cercle vicieux.  Il a conseillé de s’éloigner des mesures d’austérité très strictes et de voir les choses à moyen terme.  Il faut réviser les politiques budgétaires afin de relancer la croissance et de favoriser l’emploi, a-t-il ajouté.  Il a aussi invité à investir dans les énergies renouvelables.  En outre, il a recommandé de s’attaquer davantage à l’instabilité des flux de capitaux.  Il faut aussi éviter le risque systémique en accélérant la réforme financière, afin de parvenir à maitriser cette instabilité, a-t-il préconisé.  L’important est de sortir du cercle vicieux, a-t-il conclu, en travaillant sur les quatre fronts à la fois, en vue de parvenir à relancer l’économie mondiale.


Le professeur PETER PAULY, Directeur du Projet LINK, a qualifié la situation économique mondiale actuelle de « superposition de différents problèmes »: une lacune importante au niveau de la production du secteur privé; une réduction de la production potentielle mondiale; l’incertitude budgétaire; et une baisse des taux de croissance dans plusieurs marchés émergents, entraînée par les économies des pays industriels.  Selon les études, la sortie de crise est plus lente et incertaine que celles qui ont eu lieu après d’autres crises, et le professeur Pauly, de l’Université de Toronto, au Canada, s’est montré assez pessimiste.  « Des politiques de désendettement sont en cours, les pays sont liés par leurs dettes et les politiques d’austérité n’ont pas l’air de bien fonctionner: le coût de l’austérité est beaucoup trop élevé sur le court terme », a indiqué M. Pauly, précisant que les pays européens devront prendre des mesures macroéconomiques plus accentuées, ce qui prend du temps.  L’économie mondiale va connaître pendant encore au moins deux ans une croissance modeste, comme l’a indiqué M. Vos, du Département des affaires économiques et sociales, a conclu le Directeur du Projet LINK.


M. ANDREW BURNS, de la Banque mondiale, a indiqué qu’il partageait la plupart des constats et prévisions de M. Rob Vos, du Département des affaires économiques et sociales, mais a regretté que l’on ne parle pas assez du potentiel des pays en développement d’une part et des conséquences de la crise qui affecte actuellement les pays développés, de l’autre.  Il a constaté que les politiques de réformes de la zone euro ont réduit les tensions dans ces pays et qu’on pourrait y voir apparaître une espèce de cercle vertueux: la crise de confiance évolue de manière positive et les flux de capitaux dirigés vers les pays en développement semblent avoir repris en août et septembre 2012, a indiqué M. Burns. 


Concernant le coût de croissance qu’une économie pourrait maintenir sur le long terme, les pays en développement ont assez bien traversé cette crise, contrairement aux pays de la zone euro: 60% des économies en développement sont proches de leur production optimale.  Cela signifie que les pays en développement doivent revenir sur leur politique structurelle macroéconomique pour le rendre plus durable et ne pas se contenter de réagir aux fluctuations qui ont lieu dans les pays développés, a souligné l’expert.  Cela signifie aussi que beaucoup de ces pays avaient une situation budgétaire saine, et qu’ils n’avaient pas d’excédent de déficit, ce qui les a protégés de la crise, a-t-il conclu.


M. MOAZAM MAHMOOD, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a fait deux remarques importantes: le chômage n’est pas revenu au niveau qu’il atteignait avant la crise, même quand il y a eu une reprise économique.  La crise s’est surtout fait ressentir dans les pays développés.  Les réformes structurelles mises en place en Europe ne sont pas tout à fait appropriées car les ajustements se sont répercutés négativement sur le marché du travail, a-t-il constaté.  L’OIT a identifié plusieurs effets négatifs des mesures prises dans la zone euro sur l’emploi: les ménages se désendettent et ne consomment plus; les entreprises n’investissent plus pour augmenter leurs liquidités; les banques ne prêtent plus; le secteur privé ne fait pas de dépenses et la dette publique massive a entraîné une politique d’austérité.  Avec une demande faible due à l’impact de la crise et le manque de flexibilité des taux de change dans la zone euro, tous les problèmes sont transférés sur le marché du travail, et c’est l’emploi qui en pâtit, a souligné l’expert.  Pour l’OIT, la perspective de la sortie de la crise doit correspondre à la création d’environ 13 millions d’emplois à travers le monde, a-t-il indiqué.  En conclusion, il convient d’adopter une politique qui tienne davantage compte du long terme. «On ne peut pas imposer l’austérité et attendre qu’elle règle les problèmes sur le court terme », a conclu M. Mahmood.


Avant d’ouvrir le débat interactif, M. LUIS-ALFONSO DE ALBA, Vice-Président de l’ECOSOC, a tiré les conclusions des exposés des conférenciers qui se résument à quelques prescriptions: adopter des politiques de long terme et faire en sorte que les institutions et organismes multilatéraux assurent une meilleure coordination des politiques à mettre en œuvre pour la reprise.


Débat interactif


« Dans quelles mesures sommes-nous pris dans une spirale d’incertitude?», a demandé Mme SHAMSHAD AKHTAR, Sous-Secrétaire générale chargée du développement économique, en lançant le débat.  « Qu’attend-on d’une action de la communauté internationale? » a ajouté la représentante de l’Allemagne.


L’incertitude est une question difficile à résoudre, a remarqué M. VOS, notant les différentes tendances macroéconomiques observables, à l’heure actuelle, à travers le monde, qui sont parfois divergentes.  L’Europe pourrait se concentrer sur la restauration de confiance dans les marchés financiers en réduisant la dette publique qui affecte la plupart des ses pays, a-t-il estimé.  Ce qu’il faut c’est une cohésion politique à tous les niveaux, a-t-il ajouté, expliquant que les mesures prises dans un seul domaine ne sont pas suffisantes.  « Il faut travailler sur tous les fronts », a-t-il préconisé.


« Est-ce que tous les pays font tous les efforts qui seraient possibles pour relancer l’économie mondiale? » s’est demandé le représentant de la République-Unie de Tanzanie.  Nous espérons toujours pouvoir faire plus, lui a répondu M. Vos.  Le représentant tanzanien s’est aussi interrogé sur les perspectives à moyen terme et a demandé que soient menées à bon terme les négociations commerciales du Cycle de Doha de l’OMC.


La délégation de l’Union européenne (UE) a estimé que le secteur financier doit apporter sa contribution à la relance.  Il a demandé des précisions sur la redéfinition des politiques structurelles, notamment en matière de croissance verte.  M. Vos a constaté qu’il y avait, en ce moment, beaucoup de politiques structurelles mises en œuvre, notamment en matière d’emploi, mais a relevé que leur impact était limité au court terme.  Il faut envisager des dépenses dans des secteurs créateurs d’emplois, a-t-il conseillé.  Il a aussi recommandé de concentrer les efforts sur le secteur de l’agriculture.


« Comment peut-on créer un lien entre les situations prévalant dans les pays en développement, les pays émergents et les pays développés ? » a demandé le représentant du Maroc.  « Quel rôle les Nations Unies peuvent-elles jouer pour remédier aux graves problèmes évoqués? » s’est-il interrogé.  Il a noté que la Conférence Rio+20 avait permis le renforcement du rôle de l’ECOSOC.  Il s’est aussi félicité de la création de deux groupes de haut niveau, l’un sur l’énergie durable et l’autre sur l’Agenda pour le développement post-2015, et s’est demandé comment ces experts pourraient contribuer à résoudre les problèmes économiques mondiaux.


M. Vos a rappelé qu’en 2009, la Commission Stiglitz avait proposé que certains pays en développement détenteurs d’importantes réserves fiscales contribuent à la création d’un filet de sécurité mondiale.  Quand les États développent et renforcent leurs réserves, cette accumulation de devises ralentit l’économie mondiale car ces fonds ne sont pas investis et ne sont pas consacrés au développement, a-t-il observé.  Or, une croissance économique qui tourne au ralenti implique moins d’emplois créés, ce qui se traduit par une lutte moins forte contre la pauvreté.


Sur la question de l’emploi, le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a expliqué que globalement, le produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter de 5,2% pour permettre de créer suffisamment d’emplois en vue d’éliminer le chômage à travers le monde.  Il faudrait aussi que le niveau d’investissement passe de 28% à 31% du PIB mondial, ce qui est considérable.  Le chômage des jeunes ne sera pas résolu simplement en augmentant les taux de croissance, a averti pour sa part la représentante de l’Université de Toronto, qui s’exprimait au nom du Project LINK.  Elle a donné l’exemple de l’Allemagne qui a pris des mesures qui ouvrent de nombreuses opportunités à ses jeunes.


Un autre représentant du Project LINK a relevé que, malgré la crise actuelle, certains pays en développement ont réussi à préserver leur taux de croissance.  Notant que leur production et leurs exportations portent surtout sur des matières premières brutes et n’ont de ce fait que peu de valeur ajoutée, il a demandé s’il n’y avait pas là un potentiel d’investissement. 


Le représentant de la Banque mondiale a conclu le débat en soulignant la nécessité de restaurer la confiance dans l’économie mondiale.  S’il a espéré que les États-Unis ne sombreraient pas dans un précipice budgétaire, il a averti qu’il fallait éviter une perte de confiance.  En ce qui concerne les pays en développement, il les a invités à réagir à la crise en augmentant leurs investissements.  On constate que les pays en développement ont de bons taux de croissance et, s’ils continuent dans ce sens, la pauvreté va y reculer, a-t-il espéré, tout en rappelant que tout le monde ne partage pas cet optimisme sur les perspectives de croissance de ces pays.

Informations de base sur le Project LINK Global Economic Outlook

Le « Project LINK Global Economic Outlook » est une organisation non gouvernementale de recherche internationale née en 1969 aux États-Unis, sur l’initiative de plusieurs économétriciens, et avec la participation d’économistes de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Le Project LINK organise chaque année des conférences semi-annuelles sur les prévisions économiques mondiales, les politiques économiques mondiales et les nouvelles techniques de modélisation internationale.  Le système LINK a été assorti de modèles sur l’énergie, sur les matières premières et autres systèmes spécialisés, en fonction des besoins.  Par ailleurs, le système LINK a permis la simulation de nombreux scénarii plausibles concernant l’économie mondiale.  C’est aussi un cadre favorisant la coopération technique en faveur du renforcement des capacités des pays en développement en matière d’analyse des politiques macroéconomiques.


En 1971, le centre universitaire de LINK a été déplacé à l’Université de Toronto.  Les activités du consortium LINK sont coordonnées par le centre de recherche du Project LINK à l’Université de Toronto et au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES).  Une grande partie de l’opération du système a été transférée aux Nations Unies à New York.  L’une des réunions qu’organise LINK a ainsi lieu dans l’un des bureaux des Nations Unies.  Plus de 100 personnes participent à ces réunions, dont de nombreux experts et les principaux auteurs des modèles.


Le système s’est amélioré sur le plan technique grâce à une meilleure gestion des données et l’informatisation des conclusions, et ses priorités ont beaucoup évolué.  Des conférences audiovisuelles intercontinentales ont été mises sur pied, de même que des équipements informatiques en ligne, pour analyser des politiques économiques différentes.  Depuis plusieurs années, les conclusions de LINK, à la fois pour les projections et pour les scénarii alternatifs, ont été utilisées pour apporter des informations générales pour l’édition annuelle de l’Étude sur l’économie mondiale des Nations Unies.


SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE 2002 SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA CONFÉRENCE D’EXAMEN DE 2008 


Rapport du Secrétaire général sur les modalités du processus de suivi de la question du financement du développement (résolution 65/145 de l’Assemblée générale) (A/67/353)


Dans sa résolution 65/145, l’Assemblée générale a pris note avec satisfaction des efforts déjà entrepris pour renforcer le processus de suivi du financement du développement et reconnu que les modalités de ce processus devraient, le cas échéant, être réexaminées.  Le Secrétaire général indique dans ce rapport qu’il a pris note que l’évolution progressive des modalités existantes du processus de suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey sur le financement du développement a été envisagée comme l’une des options permettant de la renforcer.  Toutefois, il est peu probable de réussir à inverser la forte diminution de la dynamique politique enregistrée pendant la dernière décennie, comme en témoigne la baisse de la participation tant des États Membres que des parties prenantes institutionnelles aux principales réunions intergouvernementales du processus d’examen du financement du développement, telles que le Dialogue de haut niveau et la réunion spéciale de haut niveau du Conseil économique et social.


La concertation sur le financement du développement est unique en ce sens qu’il s’agit d’un processus ouvert à tous.  La participation active d’un grand nombre d’acteurs des secteurs public et privé est un facteur essentiel.  Le système des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont un rôle particulier à jouer en tant que principaux acteurs institutionnels, souligne Ban Ki-moon.  Les modalités de leur participation dans le processus dépassent la pratique normale de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social, relève-t-il.


La plupart des propositions concrètes visant à créer un nouvel organe intergouvernemental pour renforcer le suivi du financement du développement suggèrent un mécanisme multipartite dynamique, efficace, composé d’un nombre de membres limité mais dûment représentatif, qui pourraient effectivement coordonner le suivi et la mise en œuvre du Consensus de Monterrey (adopté en mars 2002) et de la Déclaration de Doha (adoptée en décembre 2008), rappelle le Secrétaire général.  Toutefois, du fait de l’absence d’un consensus politique, ces propositions n’ont pas été suivies d’effet, malgré les nombreuses initiatives lancées au cours de la dernière décennie, regrette le Secrétaire général.


Dans le Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui s’est tenue à Rio de Janeiro en juin 2012, les États Membres ont convenu qu’il était nécessaire d’avoir une discussion séparée sur les options relatives à une stratégie efficace de financement afin de faciliter la mobilisation des ressources et de les utiliser efficacement afin de réaliser les objectifs de développement durable.  Le Comité intergouvernemental d’experts qui devrait être établi à cette fin souhaitera peut-être examiner comment les options qu’il pourrait proposer pourraient contribuer à la réalisation de ce que souhaitent les États Membres: étudier des options détaillées pour renforcer le processus d’examen du financement du développement, renforcer la cohérence et la coordination et éviter les répétitions inutiles en ce qui concerne le processus d’examen du financement du développement.


Le Secrétaire général souligne que certaines modalités des processus connexes peuvent compléter les options de renforcement du processus d’examen du financement du développement examinées dans le présent rapport, notamment les différents moyens permettant de recourir à des conseils d’experts dans le processus intergouvernemental, d’utiliser plus largement des structures spéciales et thématiques, de compléter le processus intergouvernemental par une coordination à l’échelon du système des Nations Unies afin de garantir une exécution cohérente et coordonnée et de suivre les progrès accomplis par rapport à une série d’indicateurs concrets, par exemple par le biais de rapports analytiques.


Rapport du Secrétaire général sur le suivi et la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha sur le financement du développement (résolution 66/191 de l’Assemblée générale) (A/67/339)


Le présent rapport fournit une évaluation annuelle de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha sur le financement du développement dans six domaines thématiques.


La mobilisation des ressources financières intérieures et la croissance économique sont indissociables, souligne le Secrétaire général dans ce rapport.  La croissance mondiale, qui marque le pas, le taux de chômage élevé, la baisse des recettes fiscales, des crédits bancaires accordés au compte-goutte et les courants de capitaux illicites demeurent des obstacles à la mobilisation des ressources intérieures et à l’investissement productif.  Le rapport précise que de nombreux pays en développement ont enregistré des progrès dans la mobilisation des investissements à la fois étrangers et locaux, grâce à une meilleure diffusion de l’information et à un assouplissement des conditions régissant les échanges commerciaux.


L’inquiétude des investisseurs quant à la viabilité des finances publiques en Europe a entraîné un ralentissement des courants de capitaux privés à destination des pays en développement.  La fragilité de la conjoncture économique et financière mondiale menace également la reprise progressive de l’octroi de prêts aux pays en développement par les banques commerciales.  Quant à l’investissement direct étranger (IDE), il a dépassé 376 milliards de dollars en 2011, mais les flux se concentrent dans quelques pays en développement d’Asie et d’Amérique latine, relève le Secrétaire général.


Les incertitudes liées à la crise européenne de la dette souveraine, la volatilité des prix des produits de base et l’instabilité des courants de capitaux rendent possible une poursuite du ralentissement du commerce international en 2012.  Une conclusion satisfaisante du Cycle des négociations commerciales de Doha pour le développement relatif au système commercial multilatéral contribuerait à mettre un frein aux tendances protectionnistes de certains pays et à assurer un relèvement plus rapide de l’économie mondiale, estime Ban Ki-moon.  Plusieurs enjeux qui ne figuraient pas à l’ordre du jour des négociations de Doha, comme la gouvernance des chaînes d’approvisionnement mondiales, la volatilité des prix des produits de base et les aspects des changements climatiques en rapport avec le commerce, sont apparus importants en vue de rendre le système commercial multilatéral efficace, a précisé le Secrétaire général.


En 2011, les membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont fourni 133,5 milliards de dollars au titre de l’aide publique au développement (APD), soit 0,31% de leur revenu national brut global et une baisse de 2,7% par rapport à 2010, la première depuis 1997.  Le volume de la coopération Sud-Sud a, lui, nettement augmenté, et l’une des caractéristiques de cette coopération est l’approche intégrée, relève le rapport.  Diverses sources de financement du développement, novatrices et potentiellement porteuses, ont été proposées, que la communauté internationale n’a cependant pas validées, comme les taxes sur les transactions financières et sur les émissions de gaz à effet de serre, constante M. Ban.


Concernant la dette extérieure, le système financier devrait tendre à accroître l’efficience des marchés de capitaux mondiaux et à réduire les pertes essuyées par les créanciers, les emprunteurs souverains et les autres acteurs aux prises avec l’incertitude suscitée par divers scénarios d’endettement potentiellement dévastateurs, relève le Secrétaire général.  Le Fonds monétaire international (FMI) joue un rôle essentiel en tant que dernier recours, mais il n’aide pas aussi bien qu’il le pourrait ses membres à trouver un équilibre judicieux entre financement et ajustement.  C’est pourquoi le moment est venu de réformer les mécanismes de restructuration de la dette, préconise Ban Ki-moon.


La communauté internationale a poursuivi ses efforts en vue de réformer le système monétaire et financier international afin d’en améliorer le fonctionnement, la stabilité et la capacité de résistance.  Toutefois, de graves faiblesses systémiques subsistent, qui compromettent la capacité des pays en développement de mobiliser des fonds.  D’aucuns plaident pour une coopération internationale généralisée et plus décisive que les plans d’action décidés jusqu’alors pour faire face aux défis économiques et financiers.  Il est nécessaire d’instaurer un cadre de gouvernance économique mondiale plus solide et moins exclusif, note le Secrétaire général.    


En guide de conclusion, le Secrétaire général rappelle que plusieurs réunions de haut niveau se sont tenues depuis un an dans diverses instances sur le financement du développement.  L’Assemblée générale a décidé d’examiner la nécessité de tenir une conférence à ce sujet en 2013. 


Débat général


M. Larbi Djacta (Algérie), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a partagé les préoccupations du Secrétaire général concernant la baisse des montants de l’aide publique au développement (APD) dans 16 pays du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ainsi que de la baisse majeure de l’APD d’un certain nombre d’autres pays.  Il a ensuite plaidé en faveur de la création, au sein du système des Nations Unies, d’un mécanisme approprié de suivi du financement du développement pour combler l’écart entre les politiques adoptées et la mise en œuvre des engagements, suggérant ainsi l’établissement d’une commission du financement du développement qui dépendrait du Conseil économique et social (ECOSOC).  Le représentant a précisé que l’aide au développement devait tenir compte des priorités des pays en développement et ne pas affecter le niveau des sources traditionnelles de financement du développement, dont l’APD.


Les pays développés ne doivent pas invoquer la crise économique et financière comme prétexte pour ne pas remplir leurs engagements en matière d’aide au développement, a poursuivi M. Djacta.  Ces pays sont encore loin de l’objectif de consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD à destination des pays en développement, dont 0,15% à 0,20% de ce montant en faveur des pays les moins avancés (PMA), a-t-il relevé.  Il a donc demandé aux pays développés de relever le niveau de leur APD bilatérale et multilatérale et d’établir des calendriers pour parvenir aux objectifs convenus dans ce domaine.  Il a par ailleurs regretté qu’il n’existe pas de mécanisme de restructuration de la dette des pays en développement.  Il s’est aussi inquiété des incidences de la crise de la dette souveraine sur les économies des pays en développement.  Le représentant a appelé à réformer l’architecture financière internationale afin, notamment, de fournir aux pays en développement un financement du développement prévisible.


Le Groupe des 77 et de la Chine réitère le rôle que jouent les Nations Unies en tant que point focal pour le processus de suivi du financement du développement.  Il faut toutefois intensifier l’engagement de toutes les parties prenantes dans ce processus, a dit le représentant en citant notamment la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a plaidé en faveur de la réforme du système économique et financier international, et notamment en faveur des institutions de Bretton Woods, afin d’y garantir la participation des pays en développement.  Il a aussi soutenu la proposition du Président de l’ECOSOC de créer un groupe comprenant des représentants de la CNUCED, de l’OMC et des institutions de Bretton Woods.  Il a enfin souhaité que l’ECOSOC renforce son rôle de promotion de la cohérence et de la coopération dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha.


Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas), parlant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que la croissance des économies de cette région se fait toujours de manière ralentie et instable, conséquence de la crise qui persiste dans les pays développés qui entraîne une baisse du tourisme dans les Caraïbes, la réduction des envois de fonds provenant de l’étranger et celle des investissements étrangers directs (IED).  Les dirigeants de la CARICOM ont décidé de se concentrer sur la croissance et le développement aux niveaux national et régional, a-t-elle dit, se fiant à toutes les possibilités qu’offre l’intégration régionale.  Elle a cependant souligné la nécessité de soutenir ces efforts par une réaction au niveau mondial afin de faire face aux défis économiques et financiers mondiaux, ceci en se basant sur un partenariat dynamique entre pays développés, pays en développement, institutions financières multilatérales.  Elle a demandé aux partenaires de développement de tenir leurs engagements, notamment celui d’allouer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), en vue de permettre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de créer un environnement favorable au programme de développement post-2015.


Mme Bethel a expliqué que les nouvelles conditions de l’aide au développement, influencées par les régimes commerciaux internationaux, restreignent énormément les capacités de développement durable des États membres de la CARICOM.  Elle a réitéré, à cet égard, la nécessité pour les banques multilatérales de développement d’adopter une approche plus nuancée pour accorder des financements à ces pays, et elle les a notamment invitées à prendre des initiatives d’allègement de la dette.  Mme Bethel a aussi demandé que soient pris davantage en compte les besoins et préoccupations des petites économies hautement endettées comme celles des pays de la CARICOM.  Elle a en outre appelé à conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha lancé sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en demandant que soit mis en place un système commercial multilatéral inclusif et transparent.  La CARICOM espère que la Conférence de suivi sur le financement du développement, prévue en 2013, redynamisera ce processus et s’attaquera aux problèmes systémiques, a indiqué Mme Bethel.  Elle a insisté pour que soient renforcés les mécanismes de suivi et d’application des mesures de financement du développement.  Elle a par ailleurs souhaité que le Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale devienne un organe intergouvernemental de l’ECOSOC, qu’il soit inclusif et ouvert sur le dialogue pour traiter des questions fiscales internationales.


M. YUSRA KHAN (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que les pays de l’ASEAN avaient fait de « remarquables progrès » dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) mais que certains des objectifs de développement internationalement agréés se voyaient menacés par la démographie et l’incertitude pesant sur l’économie mondiale.  D’autant que certains problèmes systémiques n’ont pas été résolus, a-t-il précisé, et que les turbulences que traverse la zone euro laissent redouter une nouvelle crise financière mondiale.


Dans ce contexte, l’ASEAN estime que le Consensus de Monterrey sur le financement du développement et la Déclaration de Doha de 2008 doivent impérativement être mis en œuvre, mais aussi qu’une évolution continue des modalités de financement existantes est nécessaire.  L’ASEAN juge essentiel l’agenda pour le financement du développement, en ce sens qu’il préserve la stabilité et la durabilité du développement économique et peut améliorer les conditions de vie de millions de personnes, a dit M. Khan.  Le représentant a rappelé les cinq points arrêtés pour renforcer le développement et la coopération tels que suggérés dans le cadre du cinquième Dialogue de haut niveau sur le financement pour le développement de l’année dernière: assurer la réalisation de tous les engagements du Consensus de Monterrey; renforcer la régulation financière internationale; encourager des financements innovants pour le financement du développement pour compléter l’aide publique au développement (APD); et renforcer le commerce international et réaliser le processus de suivi du Consensus de Monterrey.  Améliorer la gouvernance économique mondiale reste essentiel pour assurer une meilleure stabilité internationale, a-t-il conclu.


M. OCTAVIO ERRAZURIZ (Chili) parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a jugé urgent de relancer les processus de suivi des mécanismes du financement du développement à travers la tenue d’une conférence de suivi des Nations Unies et la création d’une commission sur le financement du développement placée sous l’égide du Conseil économique et social (ECOSOC).  La CELAC reste préoccupée par les conséquences des crises financière et économique sur le développement, ainsi que par leurs impacts sur les flux d’investissement étranger, sur la dette extérieure et sur le commerce international.  Elle plaide pour qu’il soit mis un terme aux conditions régulièrement imposées aux États du Sud, et qui réduisent les options financières disponibles pour les pays en développement, exacerbant inutilement les défis à relever, et pour que soit renforcé le suivi des engagements en matière de coopération au développement.


La crise financière et économique a montré la nécessité de mobiliser d’urgence des ressources financières, mobilisation dans laquelle les droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international(FMI) pourraient jouer un rôle essentiel, a indiqué M. Errázuriz, qui a estimé qu’accorder davantage de DTS serait une mesure efficace et à faible coût, qui permettrait d’augmenter le montant des liquidités des pays et de mettre en place des politiques contre-cycliques atténuant les effets de la crise.  La crise de la dette, en particulier dans la zone euro, pourrait affecter de façon significative la durabilité de la dette dans beaucoup de pays en développement et dans les économies émergentes, a fait remarquer M. Errazuriz, tout en regrettant l’absence d’un mécanisme de restructuration de la dette juste et efficace.


En conclusion, la CELAC plaide pour le renforcement du partenariat entre le système des Nations Unies, la Banque mondiale, le FMI et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour assurer le suivi et la mise en place des engagements pris à Monterrey et à Doha.  Elle est convaincue que le temps est venu d’organiser une conférence de suivi sur le financement pour le développement, a dit le représentant.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a rappelé qu’un partenariat international durable était la condition de base de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha, afin de pouvoir garantir des ressources adéquates au financement du développement « de tous les pays».  Tout en reconnaissant les conséquences de la crise économique et financière mondiale, il a constaté à regret que le processus de mondialisation n’avait pas su garantir des bénéfices à tous les pays de manière judicieuse, et que l’écart entre les pays riches et les pays les moins avancés n’avait cessé d’augmenter.  Le Groupe des PMA partage les préoccupations du Secrétaire général face à la baisse de 2,7% de l’aide publique au développement des membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a dit M. Zinsou, soulignant qu’en 2011 le montant total de cette APD avait baissé de près de 9% par rapport à 2010.  Cela ne manquera pas de compromettre la capacité des PMA à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement ainsi que les objectifs fixés par le Programme d’action d’Istanbul, a remarqué M. Zinsou.  La crise économique et financière internationale ne doit pas servir de prétexte pour ne pas respecter les engagements pris en termes d’aide au développement vis-à-vis des PMA « qui en dépendent lourdement », a souligné le représentant. 


Le Groupe des PMA souhaite que la réforme des institutions de Bretton Woods pour une meilleure gouvernance soit rapidement mise en place, et que la nouvelle architecture financière internationale tienne compte des besoins spécifiques des PMA.  Pour le Groupe des PMA, les Nations Unies devraient avoir la responsabilité de renforcer la coordination et les opérations du système financier international et de son architecture.  À ce titre, les PMA demandent que le Groupe de travail chargé du suivi des questions inscrites dans le Document final du Débat de haut niveau sur la crise économique et financière mondiale et son impact sur le développement poursuive ses activités.  Par ailleurs, le Groupe des PMA propose une participation plus grande des pays en développement, y compris des PMA, aux travaux des organismes internationaux qui fixent les normes internationales en matière de réglementation et supervision financières, y compris au sein du Comité de Bâle pour la supervision bancaire et du Conseil de stabilité financière (CSF). 


M.SERGEY VASILIEV (Fédération de Russie) a espéré que la résolution sur le financement du développement, qui sera adoptée par consensus par la Deuxième Commission, refléterait tous les engagements pris dans l’agenda post-Monterrey.  Les conclusions de l’Assemblée générale sur cette question doivent prendre en compte celles du Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide de Busan, a-t-il ajouté.  Le représentant a noté que les flux de capitaux privés internationaux, notamment les investissements étrangers directs (IED), sont essentiels pour encourager les efforts de développement.  Il a donc demandé de mieux coopérer pour renforcer les investissements internationaux dans les pays en développement.  Ces investissements encouragent les marchés et garantissent une dynamique, a-t-il expliqué, avant d’inviter la communauté internationale à financer des projets transnationaux.  Il a également accordé une grande importance au renforcement des mécanismes institutionnels de suivi des Conférences de Monterrey et de Doha sur le financement du développement.  Il a demandé que soient bien coordonnés les travaux de l’ONU en ce sens, en évitant les doublons.  Le représentant a indiqué que la Fédération de Russie était favorable à la convocation prochaine d’une nouvelle conférence internationale sur les progrès réalisés sur la question du financement du développement.  La Fédération de Russie présentera sa position, plus en détail, lors de l’examen par la Deuxième Commission, des questions de politique macroéconomique, a-t-il annoncé.


M. YONGSOO LEE (République de Corée) a constaté la baisse de l’aide publique au développement (APD) cette année, ce qui se produit pour la première fois depuis 1997.  Il a rappelé que, à Rio, les dirigeants mondiaux avaient renouvelé leur engagement en faveur d’un développement durable.  Étant donné l’ampleur du financement nécessaire pour faire avancer le programme de développement durable et celui de l’après-2015, il a conseillé de mobiliser des ressources provenant de sources élargies, qu’elles soient publiques, privées ou mixtes.  Reconnaissant que l’APD est la source la plus importante de ressources pour les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), il a invité les pays développés à faire tout leur possible pour remplir leurs engagements en la matière.  Il a en même temps reconnu que, vu les difficultés économiques des pays donateurs traditionnels et les changements constatés dans l’architecture du développement, il fallait impliquer davantage les acteurs du développement que sont les pays émergents et renforcer la coopération Sud-Sud.  Le représentant a également souligné l’importance du renforcement de l’efficacité de l’aide, rappelant le lancement, en juin dernier, du Partenariat mondial de Busan sur une coopération efficace pour le développement.  Enfin, il a invité à gérer au mieux la volatilité des flux de capitaux et à renforcer la coopération afin de permettre aux pays en développement d’attirer les investissements étrangers directs « verts ».  Nous devons explorer le potentiel de l’économie verte en tant qu’outil permettant d’ouvrir de nouveaux marchés et de créer des emplois, a-t-il préconisé.


M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a déclaré que la crise ne devrait pas être un prétexte pour les pays développés pour se désengager et amputer les ressources nécessaires à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les pays en développement.  Il faudrait envisager d’élargir les droits de tirage spéciaux (DTS) comme source potentielle pour le développement, a indiqué le représentant.  De plus, les Nations Unies devraient envoyer des signes très clairs pour que la crise soit traitée de façon appropriée, et les institutions financières internationales devraient être réformées en priorité, a dit le représentant.  La délégation de la Libye juge nécessaire de mettre en application le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha, qui sont des mécanismes de financement intégrés en faveur du développement.


M. GEIR O.PEDERSEN (Norvège) a déclaré que des ressources considérables existent à travers le monde mais qu’elles ne sont pas distribuées de manière équitable.  Il a ajouté qu’il faudrait aborder la question d’une distribution plus équitable et plus juste des richesses entre pays et au sein même des pays dans le contexte des discussions sur le financement du développement.  La Norvège estime qu’il s’agit là d’un défi mondial.  Reconnaissant que l’aide publique au développement (APD) reste une source majeure du financement du développement, il a assuré que la Norvège, qui est un des rares pays à avoir tenu ses engagements en la matière, continuera à allouer 1% de son PIB à l’APD.  Cette aide doit cependant être utilisée de manière plus judicieuse pour réellement servir de catalyseur dans la lutte contre la pauvreté, a-t-il averti.


De plus, l’APD et les investissements étrangers directs (IED) ne peuvent pas se substituer à la mobilisation des ressources domestiques, a préconisé M. Pedersen.  À ce titre, il a proposé que le système des Nations Unies utilise sa base normative et ses fonctions de renforcement des capacités nationales pour aider les pays en développement à élargir leur base fiscale et combattre la corruption et les flux illicites de capitaux.  Une étude récente estime ces flux qui sont allés des pays du Sud vers les pays du Nord à 1 300 milliards de dollars, a-t-il précisé.  Ceci sape les efforts de développement dans ces pays, et compromet la démocratie et déstabilise les systèmes financiers.  « Des mesures pour lutter contre la fuite illégale de capitaux permettraient de dégager des ressources importantes pour le financement du développement », a déclaré le représentant en indiquant que c’est une question de volonté politique.  La transparence financière est essentielle, a-t-il poursuivi et si chaque pays rapportait de manière transparente ce qui se passe, il serait possible de dévoiler les opérations financières des multinationales et de permettre aux pays en développement de les imposer fiscalement.


M. Pedersen a également mis en avant l’intérêt de mécanismes de financement nouveaux qui pourraient contribuer à mobiliser des ressources supplémentaires pour le développement et le bien public.  Le troisième volet adressé par le représentant a été la question de la dette des pays en développement qui doit être abordée par la communauté internationale de manière plus juste, prévisible et préventive.  La Norvège salue les discussions internationales en ce sens, qui devraient notamment examiner l’asymétrie qui existe entre débiteurs et créditeurs.  Elle a signé un programme de trois ans avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) qui réunira les parties concernées en vue de faire des propositions concrètes sur un tel mécanisme.


M. ALMANSOORI (Émirats arabes unis) a souligné l’importance de l’application des recommandations de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement de 2002 et de celles émises dans la Déclaration de Doha de 2008.  Il a aussi insisté sur l’application des termes du Document final de Rio+20 et des recommandations de la Conférence de Busan sur l’efficacité de l’aide.  Nous allons poursuivre nos efforts aux cotés de la communauté internationale pour promouvoir le financement du développement, a-t-il assuré.  En ce qui les concerne, les Émirats arabes unis ont réussi à créer les infrastructures nécessaires dans tous les secteurs économiques et sociaux et ont diversifié leurs bases et activités économiques.  La croissance a ainsi pu se poursuivre en dépit du ralentissement de l’économie mondiale, a indiqué le représentant.  En ce qui concerne l’aide qu’offrent les Émirats aux pays en développement, il a indiqué que les progrès accomplis dans la lutte contre la corruption dans ces pays avait permis d’y accroître les investissements.  Les Émirats arabes unis poursuivent leur aide au financement du développement dans plusieurs pays d’Afrique, ce qui bénéficie à des millions d’enfants, a-t-il ajouté.  Les Émirats arabes unis investissent aussi dans la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, a indiqué le représentant.  Il a déclaré que son pays contribue d’autre part à la recherche dans le domaine des énergies renouvelables, ceci notamment au bénéfice des petits États insulaires en développement. 


M. ANANTH KUMAR, membre du Parlement de l’Inde, a expliqué que le principal obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à trois ans de la date-butoir de 2015, est le financement du développement.  L’aide publique au développement (APD) a globalement baissé de près de 3% en 2011 ceci pour la première fois depuis 1997, et elle a connu une baisse de 9% à destination des pays les moins développés (PMA), a-t-il rappelé.  De plus, le chômage élevé, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie ainsi que des taxations nouvelles continuent à toucher de plein fouet la majorité des pays en développement.  Dans ce contexte, dégager des ressources financières pour le développement est un véritable défi et il est en conséquence nécessaire d’adopter des politiques de relance de la croissance, a préconisé le représentant.


Les investissements étrangers directs (IED) ont longtemps été considérés comme un moteur du développement, mais ils ne sont pour autant pas suffisants pour éradiquer la pauvreté, la faim et les maladies s’ils ne sont pas liés aux objectifs de développement durable au niveau national, a relevé M. Kumar.  Une conclusion équilibrée et focalisée des négociations du Cycle de Doha est urgente pour relancer le commerce international, a-t-il préconisé.  À la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio, des décisions ont été prises sur une stratégie destinée à relancer les ressources du financement du développement, a rappelé le représentant, pour qui des sources de financement innovantes doivent être explorées rapidement.  En conclusion, une réforme de la gouvernance économique mondiale est essentielle pour faire face à la faiblesse systémique actuelle de l’économie mondiale, et l’Inde souhaite que tout soit mis en œuvre pour assurer une meilleure représentation des pays en développement dans les institutions de Bretton Woods.


M. NAJEEB ABDULLAH, membre du Parlement du Bangladesh, a estimé que des pays comme le sien doivent adopter des mesures efficaces pour faire face aux bouleversements économiques actuels, tandis que les partenaires au développement doivent renforcer leur aide envers les pays défavorisés, notamment les PMA.  Il a regretté l’absence de résultats concrets découlant des recommandations du Secrétaire général en la matière.  Il a souligné le besoin d’instaurer une nouvelle architecture financière internationale et de nouveaux mécanismes pour gérer les flux de capitaux internationaux.  Les institutions de Bretton Woods sont nécessaires, mais il faut y revoir les critères de classification des différents pays, a-t-il estimé, en particulier en ce qui concerne les pays à revenu intermédiaire et les pays les moins avancés (PMA).  Le représentant a ensuite demandé que les dispositions prévues en faveur des PMA soient appliquées immédiatement.  Le système actuel n’a pas su fournir les liquidités nécessaires aux pays pauvres, a-t-il relevé, estimant que ces pays ont besoin d’un système viable de gestion de leur dette.  Le représentant a aussi regretté le manque de cibles et d’indicateurs pour permettre de mesurer le niveau de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment l’OMD nº8, qui vise à mettre en place un partenariat mondial pour le développement.  Les pays en développement doivent pouvoir exercer des activités commerciales en vue de générer des ressources de développement, a-t-il aussi demandé, plaidant en faveur d’un meilleur accès aux marchés internationaux.


Dans le contexte actuel marqué par la crise mondiale, M. LEONARDO DE ALMEIDA CARNEIRO ENGE (Brésil) a jugé que la mobilisation de ressources pour le financement du développement était plus essentielle que jamais.  À cet égard, l’aide publique au développement (APD) est nécessaire aux pays en développement, en particulier aux moins développés, d’autant qu’elle stimule l’investissement privé, y compris les investissements directs étrangers, a-t-il estimé.  En conséquence, le Brésil appelle les pays développés à respecter les engagements pris dans les cadres suivants: Déclaration du Millénaire des Nations Unies, Consensus de Monterrey, Document final du Sommet mondial de 2005, Sommet du G-8 de Gleneagles, et Déclaration de Doha sur le financement pour le développement.  Afin d’assurer un meilleur suivi des processus, le Brésil plaide pour la création d’une commission sur le financement du développement placée sous l’égide du Conseil économique et social (ECOSOC).


M. VADIM PISAREVICH (Bélarus) a relevé que le processus de financement du développement dépasse le simple cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le contexte actuel ne doit pas servir d’excuse au non respect des engagements pris par les pays développés en faveur de l’aide au développement, a-t-il dit, s’inquiétant que seulement quelques pays de l’OCDE les respectent.  Il a demandé d’adopter des mesures efficaces pour appliquer le processus de mise en œuvre du Consensus de Monterrey et invité la communauté internationale à résoudre le problème de la dette des pays en développement.  Il faut aussi renforcer la gouvernance économique mondiale, afin qu’elle devienne plus inclusive et plus juste, a dit le représentant.  Dans un paysage mondial changeant, il a proposé d’adopter de nouvelles approches pour le financement du développement.  Il a jugé positive l’idée de créer un organe chargé du suivi des engagements pris en matière de financement du développement, rappelant que le Groupe des 77 et de la Chine l’a proposé il y a déjà 10 ans.  Le représentant a dit que le Bélarus était intéressé par l’intégration des deux processus du financement du développement et du financement du développement durable.  Il s’est dit favorable à la tenue d’une conférence de l’ONU sur le financement du développement en 2013.


M. MOHAMMED NAJEEB ABDULLAH (Malaisie) a fait part de la préoccupation de sa délégation en ce qui concerne la fragilité de la situation économique et financière mondiale, et plus précisément les turbulences financières qui ont frappé les économies avancées.  Cela, a-t-il regretté, a eu un impact négatif sur l’agenda mondial du développement, notamment pour les plus tranches de populations vulnérables comme les femmes et les enfants.  Le représentant a dit craindre les retombées économiques et financières de la crise économique, notamment sur les PMA.  Il s’est également inquiété de la réalisation ou des avancées concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement, d’ici à la date butoir de 2015.  Il a rappelé qu’au cours des dernières décennies, de nombreux pays en développement ont lutté pour améliorer leur qualité de vie, espérant ainsi échapper au cercle vicieux de la pauvreté.


Mettant l’accent sur la situation qui prévaut dans son pays, le représentant a indiqué que la Malaisie était en train de devenir la vingt et unième nation commerciale la plus importante du monde, et que de manière générale, son développement et sa croissance dépendaient principalement du commerce international.  C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, la Malaisie réaffirme son engagement à défendre un système commercial universel, ouvert à tous, sans discrimination et équitable.  Enfin, le représentant a indiqué que son pays appuyait les efforts menés de manière continue pour identifier des sources innovantes de financement du développement.  Les Nations Unies jouent un rôle central pour promouvoir les questions liées au développement et pour le suivi des engagements pris par les États dans le Consensus de Monterrey et dans la Déclaration de Doha sur le financement du développement, a conclu le représentant.


Mme THAMARAI MANIAM (Singapour) a déclaré que le Consensus de Monterrey de 2002, renforcé par la Déclaration de Doha de 2008, étaient des instruments essentiels à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à condition que les États Membres prennent les mesures concrètes pour les mettre en œuvre et qu’ils respectent leurs engagements d’aide publique au développement (APD).  Le Consensus de Monterrey stipule que le développement économique et social d’un pays tient d’abord à l’adoption de stratégies et de politiques de développement nationales, et beaucoup de pays en développement ont fait des progrès en la matière, a souligné la représentante.  Quant à la Déclaration de Doha, elle affirme que la souveraineté dans l’adoption de ces politiques et une bonne gouvernance sont importantes pour mobiliser des ressources nationales.  Face à la crise qui affecte ces stratégies de développement et au manque de financement, Singapour plaide pour un renforcement de la coopération Nord-Sud et pour plus d’échanges d’expérience dans le cadre de la coopération régionale, dont le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) constitue un bon exemple, a dit la représentante.


M. J. RODRIGUEZ (Cuba) a regretté que les pays en développement doivent une nouvelle fois rappeler l’évidence: le manque de ressources financières reste « l’obstacle majeur au bien-être et au progrès » alors que la majorité des pays développés ne respectent pas leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD), entre autres.  En conséquence, Cuba soutient la création d’une conférence sur le suivi du financement du développement, sous l’égide de l’ONU.  Quatre points devraient être particulièrement contrôlés, a précisé le représentant: le respect des engagements pris par les pays développés en matière d’APD à hauteur de 0,7% de leur PIB; le rééchelonnement de la dette des pays du Sud ainsi que la mise en place d’un mécanisme d’arbitrage de la dette souveraine dans le cadre des Nations Unies; la reprise des négociations commerciales de l’OMC dans le cadre du Cycle de Doha et la construction d’une nouvelle architecture financière internationale, dans laquelle toutes les nations pourraient participer sur un pied d’égalité.  En conclusion, le représentant a rappelé la nécessité d’un nouvel ordre économique mondial.  


Mme DONG ZHIHUA (Chine) a déploré que la coopération internationale pour le développement soit confrontée à des défis de taille et à des difficultés toujours plus grandes en matière de financement du développement.  Elle a fait part des inquiétudes de la Chine concernant la reprise économique mondiale, qui se fait au ralenti.  Les effets négatifs de la crise de la dette souveraine dans les pays développés et les obstacles multiples qui se posent aux pays en développement, notamment du fait de l’affaiblissement de la demande extérieure et l’augmentation du protectionnisme, sont d’autres sujets de préoccupation pour notre délégation, a dit Mme Dong.  En 2011, le volume total de l’aide publique au développement a diminué en termes réels pour la première fois depuis 1997 et pourrait continuer à diminuer dans les trois prochaines années, a-t-elle ajouté.


Assurer des ressources suffisantes pour le développement et la stabilité est essentiel.  Il est urgent, a estimé Mme Dong, de promouvoir une croissance forte et soutenue et que les pays améliorent la coordination de leur politique macroéconomique et prennent des mesures efficaces pour renforcer la confiance de leur marché en terme de demande.  Les pays en développement, plus particulièrement, doivent activement mener des réformes structurelles pour parvenir à un équilibre entre l’assainissement budgétaire et la croissance économique.


La représentante a par ailleurs plaidé pour que les pays industrialisés et développés honorent leurs engagements en faveur de l’aide publique au développement (APD).  Les institutions financières internationales doivent faire de leur mieux pour coordonner et mobiliser les ressources nécessaires afin de renforcer leur contribution au développement, a-t-elle dit.  La représentante a également souligné l’importance de renforcer la gouvernance économique mondiale et les mécanismes de suivi des mécanismes de mise en œuvre du financement du développement.  Elle a d’ailleurs déploré que le suivi du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha sur le financement du développement aient été inefficaces.  Citant la Chine comme l’un des plus grands pays en développement, Mme Dong a rappelé que 128 millions de personnes y vivaient encore en dessous du seuil de pauvreté fixé par l’ONU et qu’il était urgent que la Chine et les autres pays prennent une part active dans le financement du développement.


M. MARTIN BRIENS (France) a rappelé que le développement est au cœur du maintien de la croissance économique mondiale et qu’il sert nos objectifs communs: prospérité économique, bien-être des populations, préservation des biens publics mondiaux.  Favorable à un financement pérenne, la France promeut un développement inclusif, dont le levier essentiel est la mobilisation des ressources domestiques au service d’un développement endogène et dans le respect de l’appropriation nationale.  Concernant les ressources internationales et dans le contexte de crise économique mondiale, la France, tout en maintenant son effort, appelle à l’élargissement du cercle des donateurs d’aide publique au développement (APD), catalyseur indispensable du développement, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA). 


Afin de compléter cette aide, des financements innovants sont également nécessaires, a relevé le représentant, précisant que la France a mis en place en août 2012 une taxe sur les transactions financières internationales. 

Favorable au financement d’un développement efficace, la France plaide pour une aide moins fragmentée, plus transparente, et elle s’est engagée dans le Partenariat mondial pour une coopération au développement efficace lancé en juin 2012.  Enfin, a déclaré M. Briens, le développement doit s’inscrire dans la durée, et en ce sens le processus de discussion sur la définition des objectifs de développement pour l’après-2015 est essentiel.  Les clivages Nord/Sud sont obsolètes et nous sommes à présent dans le temps des responsabilités partagées pour le développement, a conclu le représentant.


M. ABIODUN RICHARDS ADEJOLA (Nigéria) a estimé que les changements climatiques étaient le plus grand défi à relever dans la réalisation des objectifs de développement internationalement agréés.  Les difficultés que rencontrent les pays en développement dans leurs efforts en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont accentuées par le problème de la mobilisation des ressources, a-t-il aussi remarqué.  Il a indiqué que le Nigéria poursuivait ses efforts dans la mise en œuvre de son agenda de transformation qui tend à combler les écarts en matière de développement des infrastructures, de promotion de la sécurité alimentaire et du renforcement des capacités.  Il a appelé la communauté internationale et les institutions financières, économiques et commerciales internationales à adopter une approche audacieuse, coordonnée et cohérente pour s’attaquer aux problèmes liés à la crise économique et financière.


M. Adejola a jugé important de mobiliser toutes les formes d’aide au développement, comme l’aide publique au développement (APD), les investissements étrangers directs (IED), la gestion de la dette souveraine, les flux d’envois de fonds de l’étranger et les ressources nationales.  Il a demandé que l’aide soit orientée vers les projets de développement et ne soit pas soumise à des conditionnalités rigides.  Il a aussi appelé à conclure rapidement le Cycle de négociations commerciales de Doha.  Le Nigéria estime que le système financier mondial devrait donner la priorité aux politiques de viabilité de la dette, notamment en faveur de l’annulation de la dette des pays les plus endettés, en particulier des PMA d’Afrique.  Le Nigéria appelle à réformer le système financier international afin de le rendre plus efficace et transparent, a-t-il ajouté. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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