La Commission économique et financière achève son débat général en insistant sur la nécessité de mettre fin à la pauvreté et la faim
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Deuxième Commission
6e séance – matin
LA COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE ACHÈVE SON DÉBAT GÉNÉRAL EN INSISTANT
SUR LA NÉCESSITÉ DE METTRE FIN À LA PAUVRETÉ ET LA FAIM
Le contexte actuel de crise économique et financière mondiale qui ne permet pas aux pays en développement d’atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) a, aujourd’hui, canalisé les préoccupations des États Membres réunis au sein de la Commission économique et financière (Deuxième Commission). Une vingtaine de délégations se sont exprimées dans la cadre du débat général de la Commission, s’inquiétant de la persistance de la pauvreté et de la faim, qui touchent plus d’un milliard d’habitants sur la planète. Plusieurs délégations ont réclamé des programmes d’action et fait appel à la solidarité internationale pour faire face aux situations d’urgence.
Les pays les moins avancés (PMA) sont particulièrement vulnérables à la crise économique et aux changements climatiques, ont relevé les délégués du Malawi, du Yémen et de la Zambie. La Turquie, qui a accueilli la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA en mai 2011, a espéré que l’on ferait une bonne synthèse du Programme d’action d’Istanbul, adopté à cette occasion, et du Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable. Plusieurs pays attendent aussi des résultats fructueux de la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 18), qui aura lieu à Doha au mois de décembre. La délégation de la Tunisie a demandé à la Deuxième Commission d’adresser un message fort à cette rencontre en vue d’y obtenir un accord juridiquement contraignant.
L’éradication de la pauvreté est le premier des OMD, a rappelé la délégation de la République dominicaine, dont le Gouvernement appelle à « une guerre totale » de la communauté internationale contre ce fléau. Notre programme de lutte contre la pauvreté met l’accent sur l’éducation et la création d’emplois, a indiqué cette délégation. L’accès à l’éducation a été mentionné par plusieurs intervenants comme étant l’une des conditions essentielles au développement durable.
Le chômage est non seulement un frein au développement mais aussi une source de tensions, voire de violences sociales, a noté la délégation tunisienne. Plusieurs intervenants ont exprimé l’importance de réunir toutes les conditions pour créer de l’emploi et mettre un frein à l’émigration. Ainsi, la République de Moldova est en train de changer de modèle de croissance pour ne plus dépendre des envois de fonds de ses citoyens vivant à l’étranger. Elle compte plutôt favoriser les investissements et les industries orientées vers l’exportation, a dit son représentant. En fin de séance, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a livré des chiffres confirmant les inquiétudes actuelles: 600 millions de personnes à travers le monde sont en difficulté dans le domaine de l’emploi et 910 millions ont un salaire inférieur à 2 dollars par jour.
La flambée des prix des produits alimentaires en 2008 et 2011 a touché bon nombre de familles pauvres, a regretté le délégué du Ghana, qui a aussi noté l’incapacité de la communauté internationale à s’engager en faveur d’un monde sans dégradation des terres et de l’environnement et à trouver un accord sur l’élimination des subventions agricoles versées par les pays riches à leurs producteurs au cours des négociations commerciales du Cycle de Doha. Plusieurs délégations ont exprimé leur inquiétude face au blocage de ces négociations sur le commerce et ont demandé à la Deuxième Commission d’encourager leur reprise et leur conclusion. L’agriculture et la sécurité alimentaire sont des conditions préalables à la nutrition, a souligné le représentant de la République-Unie de Tanzanie. Son homologue d’Israël a donné l’exemple de la coopération que fournit son pays en matière de formation aux technologies agricoles, et a cité notamment la promotion d’un système innovant d’irrigation qui a permis d’améliorer la sécurité alimentaire dans plusieurs pays souffrant de sécheresse. Évoquant la sécurité alimentaire, le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué que des ressources substantielles avaient été débloquées pour faire face à la situation au Sahel et dans la corne de l’Afrique, mais qu’il convient de ne pas attendre que de telles crises éclatent avant d’agir.
Comme beaucoup d’autres, le délégué de la République populaire démocratique de Corée a appelé les pays développés à renoncer à leur politique économique spéculative. Pour sa part, le Viet Nam, de même que la Zambie, a recommandé aux Nations Unies d’aller plus loin dans les discussions avec les institutions financières et monétaires mondiales. Les délégations de la Tunisie et du Venezuela ont plaidé pour un système financier plus équitable et plus démocratique.
L’examen politique quadriennal complet, qui sera mené la semaine prochaine par la Deuxième Commission, sera l’occasion de renforcer les principes de transparence et de responsabilité et de reconnaître les priorités des pays en développement, ont souligné les délégations. Les Nations Unies doivent se voir accorder un rôle central dans la coordination et l’amélioration de l’efficacité des efforts de la communauté internationale pour surmonter les problèmes économiques et financiers du monde. Comme l’a résumé le délégué de Saint-Marin, « une gouvernance économique mondiale est nécessaire pour faire face au chômage, à la dette, à la spéculation financière et sur les prix des matières premières ».
En clôturant le débat général, le Président de la Deuxième Commission, M. George Talbot, a souligné les préoccupations communes à toutes les délégations. Il les a invitées à ne pas camper de manière rigide sur leurs positions pour examiner les étapes concrètes qui permettront de combler le fossé existant entre les structures institutionnelles actuelles et les défis géopolitiques d’aujourd’hui.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi 15 octobre, à partir de 10 heures, et examinera la question de son ordre du jour ayant trait aux activités opérationnelles pour le développement.
Suite et fin du débat général
M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a estimé que les futurs objectifs de développement durable ne devraient pas remplacer les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) mais venir les complémenter, en tenant compte des leçons apprises depuis l’an 2000. Il a apprécié la contribution de l’équipe des Nations Unies chargée de planifier l’après-2015, dont le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, et l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme Helen Clark, sont les coprésidents. Il s’est également félicité de la création du Groupe de personnalités éminentes, constitué par le Secrétaire général, chargé de préparer une vision audacieuse et pratique pour l’après-2015. En ce qui la concerne, la Turquie donne la priorité à l’accès à une éducation de qualité et à la santé, à l’eau et à l’énergie, à la sécurité alimentaire et aux ressources naturelles, a indiqué M. Apakan. Le représentant a aussi indiqué que son pays se préoccupe des besoins des groupes de personnes vulnérables comme les personnes âgées, les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.
En tant que pays donateur émergent et membre du G-20, la Turquie a contribué aux efforts de coopération au développement, en particulier en ce qui concerne les pays les moins avancés (PMA), et elle a d’ailleurs accueilli la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA en mai 2011, qui a donné lieu à l’adoption du Programme d’action d’Istanbul. La Turquie copréside en outre le Groupe d’amis des PMA, a ajouté M. Apakan. Il a espéré que l’on ferait une bonne synthèse de ce Programme d’action et du Document final de Rio+20. La Conférence HABITAT III, qui se tiendra en 2016, sera une bonne occasion d’intégrer l’agenda du développement urbain dans le programme de développement de l’après-2015, a-t-il aussi estimé, avant de rappeler que la Turquie a proposé d’accueillir cette Conférence.
Mme ESTHER MCHEKA CHILENJE NKHOMA (Malawi) a jugé que l’agenda de la Deuxième Commission était, cette année, crucial pour les pays en développement, en particulier en ce qui concerne la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et a indiqué que sa délégation espère de franches délibérations sur le financement du développement, la mondialisation, le développement durable, le développement de l’agriculture, la sécurité alimentaire, les groupes de pays en situation particulière et les technologies de l’information et de la communication, et ce dans l’intérêt aussi bien des pays développés que dans celui des pays en développement. La déléguée a souligné les points particulièrement importants pour le Malawi: les besoins de l’Afrique, la vulnérabilité des pays les moins développés à la crise économique, l’éducation primaire universelle, la promotion de l’égalité entre hommes et femmes, l’autonomisation des femmes et l’amélioration de la santé maternelle. Elle a espéré que le Programme d’action d’Istanbul sera appliqué. Le Malawi a un grand potentiel de développement en raison de ses ressources naturelles et est certain de parvenir à réaliser, grâce à des partenariats public-privé, des progrès dans cinq domaines prioritaires: l’énergie, le tourisme, l’agriculture, les mines et les infrastructures.
Les pays les moins avancés subissent les effets négatifs des changements climatiques, alors qu’ils n’y contribuent pas, a-t-elle souligné, saluant les résultats de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio. Elle a appelé la communauté internationale à respecter les engagements pris à Cancún et à Durban, et a indiqué que son pays attend des résultats fructueux de la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 18), qui aura lieu à Doha. Le Malawi est également préoccupé par le blocage des négociations du Cycle de Doha et prie les pays industrialisés de faire preuve de flexibilité et de volonté politique pour conclure les négociations de façon satisfaisante pour les pays en développement, a conclu la déléguée.
Quelques mois après la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio, M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) a fait part de son espoir de voir le multilatéralisme adopter des solutions justes, solidaires et proactives pour faire face aux situations critiques que sont la pauvreté, la fragilité et l’incertitude de l’économie mondiale, pour offrir l’opportunité d’un emploi décent à tous et pour stopper la détérioration de l’environnement. De par sa situation géographique dans l’isthme centre-américain, le Costa Rica est l’un des pays les plus vulnérables du continent aux changements climatiques et manque de moyens pour prévenir ou remédier aux catastrophes naturelles, a-t-il rappelé. Le pays a mis l’accent sur l’investissement social, la protection et l’utilisation durable des ressources naturelles, et considère qu’il s’agit de la meilleure politique pour le développement durable. Afin d’augmenter la portée de ces efforts, il demande le soutien du système multilatéral, de manière efficace et cohérente. Il conseille aux États Membres d’encourager l’entreprenariat, l’innovation, le coopérativisme, en donnant une responsabilité directe aux citoyens ainsi qu’aux partenariats entre société civile et entreprises. L’environnement économique actuel demande aux Nations Unies d’aborder la politique macro-économique de manière sereine et pragmatique, avec comme point de départ de reconnaître que les États Membres ont des « responsabilités communes mais différenciées », a-t-il conclu.
M. HENRY TACHIE-MANSON (Ghana) a salué les résultats de la Conférence Rio+20, tout en notant l’échec résultant de l’incapacité de la communauté internationale à s’engager en faveur d’un monde sans dégradation des terres et en regrettant le manque d’accord sur l’élimination des subventions agricoles au cours des négociations du Cycle de Doha. Le succès de Rio+20 sera complet si on peut mettre en œuvre le Document final, a-t-il prévenu, ajoutant que sa mise en œuvre doit passer par l’engagement de tous les acteurs du développement, y compris les pays en développement, le système des Nations Unies, la société civile et le secteur privé. En ce qui concerne le Ghana, le représentant a indiqué qu’il est en bonne voie pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’extrême pauvreté, d’éducation primaire universelle et d’eau potable. Mais les objectifs en matière de santé maternelle et infantile ne seront pas atteints d’ici à 2015, ni ceux concernant la promotion d’un environnement durable.
Pour que les OMD et tout programme de développement soient favorables aux démunis, M. Tachie-Manson a invité la communauté internationale à investir dans les ressources des pauvres, notamment en restaurant les terres dégradées et en luttant contre l’insécurité alimentaire. La flambée des prix alimentaires en 2008 et 2011 a touché bon nombre de familles pauvres, a-t-il regretté, relevant tous les défis pour pallier à ce problème. Au Ghana, a-t-il signalé, des programmes ont été adoptés dans ce domaine pour venir en soutien aux jeunes et pour favoriser la fourniture de services. L’accessibilité à l’énergie est un autre élément indispensable au développement, a-t-il dit, appuyant l’initiative « Énergie pour tous » lancée par le Secrétaire général. Le Ghana encourage l’adoption d’une « déclaration pour une décennie de l’énergie durable pour tous », a dit le représentant. Enfin, il a espéré que l’examen politique quadriennal complet, qui sera mené par la Deuxième Commission, serait l’occasion de renforcer les principes de transparence et de responsabilité et de reconnaître les priorités des pays en développement.
M. KIM UN CHOL (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a déclaré que la Commission devrait en premier lieu porter son attention sur l’établissement, au plus tôt, d’un système économique international qui soit équitable et non discriminatoire. Car la crise actuelle n’est rien de plus que le produit inévitable de relations économiques internationales injustes et axées sur la spéculation qui sont en outre monopolisées par des pays dont la politique repose sur l’appât du gain. C’est la raison pour laquelle il n’est pas possible de surmonter cette crise dans le cadre du système actuel, qui barre le chemin du développement durable à l’humanité, a estimé le représentant de la RPDC. Les pays développés doivent renoncer à leur politique économique vorace et spéculative et se conformer à la Déclaration et au Programme d’action sur l’établissement d’un nouvel ordre économique international, adoptés à la sixième session spéciale de l’ONU sur les ressources naturelles, a ajouté le représentant.
En second lieu, sur la base du respect du système économique et social de chaque pays, des relations économiques multilatérales, ainsi que la coopération en matière de développement entre États Membres, doivent être élargies et renforcées. Comme le souligne le Document final adopté à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, tenue à Rio de Janeiro en juin dernier, tout pays a le droit légitime de décider de sa propre politique économique et de sa stratégie de développement. Sur la base du respect de la souveraineté et de l’égalité, un authentique « partenariat de développement » doit ainsi être établi entre pays développés et pays en développement, a souligné le représentant de la RPDC. Les Nations Unies doivent se voir accorder un rôle central dans la coordination et l’amélioration de l’efficacité des efforts de la communauté internationale pour surmonter les problèmes économiques et financiers du monde. La RPDC estime que l’assistance au développement devrait ainsi être au centre de l’action de l’ONU et de ses agences, a-t-il conclu.
M. TUVAKO NATHANIEL MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que son pays a été confronté à plusieurs chocs en 2011, notamment une sécheresse qui a entraîné la flambée des prix des denrées alimentaires. Nous nous heurtons aussi à la volatilité des cours des produits de base et au coût excessif des transactions internationales, à une dette qui s’accroit, à des exportations réduites, ainsi qu’à une aide publique au développement (APD) imprévisible. Toutefois, les domaines de la construction et des services nous ont permis d’arriver à une croissance de 6,4% en 2011, a-t-il indiqué. M. Manongi a ensuite plaidé pour que l’on n’oublie pas les Objectifs du Millénaire pour le développement après 2015, rappelant que beaucoup de pays d’Afrique, dont la République-Unie de Tanzanie, ne sont pas certains d’atteindre ces objectifs d’ici à 2015. Bon nombre de nos pays ont des populations vivant dans des zones rurales qui doivent être protégées, a-t-il dit. Il a aussi demandé que les objectifs de développement durable placent les êtres humains au cœur des préoccupations.
L’agriculture et la sécurité alimentaire sont des conditions préalables à la nutrition, a ajouté le représentant. À cet égard, il a indiqué que la République-Unie de Tanzanie s’est engagée à appuyer les petits agriculteurs, à améliorer les techniques agricoles et à investir dans l’agriculture. Nous allons aussi redoubler d’efforts en adoptant plusieurs options énergétiques, a-t-il ajouté. Par ailleurs, M. Manongi a regretté l’absence de progrès dans le Cycle de négociations commerciales de Doha, appelant à surmonter le manque de confiance entre le Nord et le Sud. Il faut protéger les intérêts des pays en développement, et nous devons proposer un cadre qui soutienne l’intégration de ces pays dans l’économie mondiale, a-t-il demandé. Il a aussi appelé les États Membres à s’attaquer aux problèmes de la spéculation excessive, de la dette des pays en développement et de la migration croissante.
Mme ELENE AGLADZE(Géorgie) s’est félicitée que le Document final adopté à l’issue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, en juin dernier à Rio, réaffirme les engagements en faveur du droit à l’éducation dans le contexte du développement durable. Le Gouvernement de la Géorgie, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a organisé une Conférence intergouvernementale intitulée « L’éducation environnementale au service du développement durable: Tbilissi+35 », qui s’est tenue en septembre dernier dans cette ville. Tbilissi+35 a réuni plus de 60 ministres et vice-ministres ainsi que d’autres représentants de haut niveau de 98 pays, afin de commémorer la Déclaration de Tbilissi, adoptée en 1977 et 35 années d’efforts dans le domaine de l’éducation mondiale orientés vers un monde durable. La représentante a présenté les principaux objectifs de cette Déclaration, le premier étant d’offrir un cadre pour l’éducation environnementale afin de renforcer la coopération internationale. La Déclaration engage aussi à préparer des recommandations à la lumière des évènements récents, notamment des résultats de Rio+20, a-t-elle indiqué.
M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam) a souligné que les négociations menées dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) devaient sortir de l’impasse, la majorité des pays ayant besoin de trouver un modèle de croissance durable, dans un contexte économique mondial particulièrement critique. Celui-ci a aggravé les problèmes de sécurité énergétique, de sécurité alimentaire, de contrôle des épidémies et de changement climatique, ce qui a eu un sérieux impact sur la population, en particulier dans les pays en développement, et constitue la principale cause de la crise sociale mondiale. Les mécanismes de gouvernance internationale jouent un rôle très important dans l’identification des défis à relever, la facilitation des débats, la coordination des politiques et la coopération, la supervision et le contrôle de l’application de ces politiques. En ce sens, le Viet Nam recommande aux Nations Unies d’aller plus loin dans les discussions avec les institutions financières et monétaires mondiales. Le Viet Nam attache une grande importance à la réflexion sur l’après-2015, qui permettra de compléter la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement et de fixer de nouveaux objectifs, a conclu le délégué.
M. AHMED AL-OJARI (Yémen) a souligné que le manque de ressources et un environnement international non porteur ne permettent pas aux pays en développement d’atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a plaidé pour que la communauté internationale appuie davantage les pays les moins avancés (PMA) et en particulier ceux qui sont touchés par des crises nationales. Il a dit attendre avec intérêt la mise en œuvre du Document final de la Conférence Rio+20 et celle des recommandations de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), qui s’est tenue à Istanbul en mai 2011. Au Yémen, qui a connu son « printemps arabe », la crise économique a contraint le Gouvernement à abandonner certains projets, ce qui a pour conséquence une hausse du chômage et l’augmentation de la pauvreté. Les changements climatiques sont aussi un grand défi posé à l’agriculture et au développement, a noté le représentant, se plaignant que ce soit surtout les PMA qui en supportent les conséquences. La communauté internationale a une responsabilité historique dans la situation actuelle et doit s’attaquer à ce problème, a-t-il lancé.
Dans le contexte de crise économique mondial actuel, M. HAN THU (Myanmar) a expliqué l’urgence pour tous les pays de se mettre d’accord sur une nouvelle voie de développement durable, dont la Conférence Rio+20 a constitué une opportunité historique. Le Myanmar espère que les discussions sur les objectifs du développement durable (ODD) après 2015 permettront de compléter les Objectifs du Millénaire pour le développement. Sur ce sujet, certains pays ont fait de remarquables progrès dans la lutte contre la pauvreté, mais les pays les moins avancés ne parviennent pas à améliorer les niveaux de vie de leurs populations, raison pour laquelle l’application du Programme d’action d’Istanbul est capitale, a souligné le délégué.
Le Myanmar croit en l’économie verte comme nouvelle politique de développement, pour éradiquer la pauvreté, améliorer le bien-être, créer des opportunités de travail et maintenir les écosystèmes. En conclusion, le délégué a rappelé que le Myanmar était sur la voie d’un changement politique et économique majeur, permettant une levée progressive des restrictions commerciales et des sanctions qui lui ont auparavant été imposées. Le pays espère une levée totale de toutes les restrictions au commerce et à l’investissement et une augmentation de l’aide provenant des Nations Unies et de la communauté internationale dans les années à venir.
M. HÉCTOR VIRGILIO ALCÁNTARA (République dominicaine) n’a pas hésité à inviter tous les pays à s’unir dans une « guerre totale » contre la pauvreté, « négation du droit fondamental des êtres humains à une vie digne », avec notamment la promotion du droit à la santé, à l’éducation et à la justice. Ce n’est pas pour rien que l’éradication de la pauvreté est le premier des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il souligné, ajoutant que, malheureusement, les résultats sont loin d’être satisfaisants, avec plus d’un milliard de personnes vivant dans la pauvreté, malgré les programmes menés, les engagements pris et les efforts déployés. Dans son nouveau programme de lutte contre la pauvreté, la République dominicaine a choisi de doubler ses investissements en matière d’éducation, et de mettre l’accent sur l’amélioration des infrastructures pour favoriser le commerce national et international, la compétitivité et la création d’emplois.
M. DAVID GOVRIN (Israël) a souligné que l’engagement de son pays envers le développement durable se manifeste par des mesures concrètes, dans le cadre de son Agence internationale pour la coopération au développement (MASHAV) qui a formé près de 270 000 personnes dans le monde. Il a donné l’exemple de la formation aux technologies agricoles que son pays a fournie à de nombreux pays, et a notamment cité un système innovant d’irrigation appelé TIPA qui a offert de nouvelles sources de revenu aux agriculteurs et amélioré la sécurité alimentaire. Grâce à cette technique, les agriculteurs peuvent moissonner trois fois par an au lieu d’une, a-t-il précisé. Le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Ghana et le Niger ont reçu cette aide, tandis que le Kenya bénéficie d’une aide technique d’Israël et de l’Allemagne dans le domaine du traitement des eaux usées et de la pêche.
M. Govrin s’est ensuite dit convaincu du potentiel énorme que représente l’énergie renouvelable pour favoriser un développement véritablement durable. Israël est devenu un chef de file dans ce domaine, a-t-il indiqué. Il a aussi relevé que son pays a pris des mesures pour combattre la dégradation des sols et la sécheresse sur son territoire, ce qui lui permet de partager son expérience dans ce domaine, sachant que la désertification menace actuellement plus d’un milliard de personnes dans le monde. Le représentant a également parlé de l’engagement philanthropique de son pays, dans la droite ligne de la tradition juive, qui se manifeste notamment par le développement de l’entreprenariat en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu’en Europe du Sud-Est. Il a enfin dénombré les différents organes des Nations Unies avec lesquels Israël collabore, comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie) a déclaré que malgré les efforts et les progrès accomplis, la plupart des pays, y compris le sien, n’attendraient pas les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015. Ce constat a d’ores et déjà suscité quantité de débats sur les modèles économiques qui sont actuellement suivis et sur ce qu’il conviendrait de faire après cette date butoir, a-t-il relevé. La Zambie souligne l’importance de réformer les institutions multilatérales -la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, mais aussi les Nations Unies- afin qu’elles servent mieux l’humanité. Les problèmes systémiques auxquels nous faisons face seront uniquement résolus en réformant le système financier mondial et son architecture, a déclaré la représentante zambienne.
Elle a appelé les États Membres à honorer tous leurs engagements. Le système d’échanges multilatéraux doit être plus équitable afin que les pays en développement puissent bénéficier de manière égale du commerce mondial. La Zambie estime en particulier que le Cycle de Doha doit être relancé après l’échec des négociations le concernant. En outre, l’appel lancé lors du Sommet de 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement pour que les pays développés exemptent les pays les moins avancés (PMA) des droits de douane et quotas auxquels ils sont assujettis doit être honoré, a rappelé la représentante de la Zambie.
M. VLADIMIR LUPAN (République de Moldova) a expliqué que le développement durable dans son pays est directement lié à l’efficience énergétique. La République de Moldova dépend en effet de l’importation du gaz naturel, et a, à cet égard, un seul pays fournisseur, ce qui entraîne une vulnérabilité économique et des disparités sociales, a-t-il dit. Le Gouvernement moldove a donc adopté une stratégie nationale de développement appelée « Moldova 2020 » qui prévoit la création d’un complexe d’énergie efficiente et compétitive. Le représentant a aussi indiqué que son pays entend continuer à coopérer de manière concrète avec ses partenaires de développement pour garantir une énergie durable qui bénéficiera à la République de Moldova comme à la région toute entière.
La migration est un autre domaine intéressant en particulier pour son pays, a ajouté M. Lupan, qui a dit attendre avec intérêt le Deuxième Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement qui se tiendra en 2013. La République de Moldova est en train de changer de modèle de croissance, pour ne plus dépendre des envois de fonds de ses travailleurs à l’étranger mais plutôt se baser sur les investissements et les industries orientées vers l’exportation. Les efforts portent aussi sur l’amélioration du climat des affaires, les investissements dans les infrastructures, la lutte contre la corruption et l’adaptation de l’enseignement aux exigences du marché du travail. Le représentant a souligné l’importance de la prochaine session de la Commission de la population et du développement, qu’il présidera, et dont le thème principal a trait aux aspects démographiques de la migration.
M. NIKOLAY SAHAKOV (Arménie) a évoqué la Conférence Rio+20 sur le développement durable, soulignant la forte implication de son pays dans les décisions qui y ont été débattues et adoptées. Leur mise en œuvre effective jouera un rôle fondamental dans les débats à venir en matière de développement durable, a-t-il ajouté. Alors que l’économie mondiale ne s’est pas encore entièrement remise de la crise de 2008, l’Arménie estime capital que soit reconnue la vulnérabilité de pays en développement comme elle, ceux-ci ayant été sévèrement exposés aux crises multiples que le monde a subies. En dépit des difficultés, le Gouvernement arménien a mis les Objectifs du Millénaire pour le développement au cœur de son programme afin qu’ils soient bien atteints à la date prévue. S’il est conscient qu’un tel objectif exigera des efforts énormes et un travail intensif, il est néanmoins convaincu que la détermination, le lancement de partenariats ainsi que la tâche accomplie jusqu’à présent concourront à ce que le but soit atteint.
M. Sahakov a rappelé que les États sans littoral et enclavés comme le sien étaient particulièrement vulnérables. Il a souligné l’importance de se pencher sur leurs besoins spécifiques et sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty. L’Arménie est convaincue que la coopération internationale et régionale doit être développée dans tous ses aspects avec le soutien des partenaires en matière de développement. Elle plaide pour que des sources novatrices de financement soient explorées pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015.
M. ELYES LAKHAL (Tunisie) a rappelé que la conjoncture économique et financière mondiale se traduit par un ralentissement, voire une récession dans les pays émergents et a souhaité que la Deuxième Commission étudie les mesures nécessaires pour y remédier et mettre en ordre le système financier mondial, qui doit être plus équitable. Il a souhaité que la Commission fasse des recommandations sur des stratégies de développement efficaces. Un consensus est nécessaire après la tenue de la Conférence Rio+20, ainsi qu’en ce qui concerne l’Examen politique quadriennal complet. De nouveaux mécanismes sur les situations d’urgence doivent être mis en place pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement dans les délais fixés, a-t-il précisé.
Le délégué a aussi qualifié de « graves » les niveaux de chômage actuels, notamment en ce qui concerne les jeunes diplômés, et souhaité que les raisons sociales et économiques qui l’expliquent soient recherchées. En ce sens, les initiatives de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sont dignes d’intérêt et s’ajoutent à d’autres processus préconisant l’adoption de stratégies internationales intégrées, qui se doivent d’inclure le chômage dans leurs priorités. Quant au changement climatique, il requiert la promotion d’une coopération internationale et la Deuxième Commission doit adresser un message fort à la prochaine Conférence des parties à la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques, prévue à Doha, en vue d’un accord juridiquement contraignant pour toutes les parties, a dit le représentant. En conclusion, il a déclaré que la Tunisie est un pays en transition après des décennies de dictature et espère que l’assistance internationale dont elle a besoin inclura un soutien politique et juridique pour lui permettre de récupérer les fonds détournés par l’ancien régime, afin de les exploiter pour une dynamique de développement, « dont nous avons cruellement besoin ».
M. VICTOR LAUTERO OVALLES-SANTOS (Venezuela) a appelé la communauté internationale à réformer l’architecture financière et économique internationale et à mobiliser davantage de ressources pour répondre aux besoins d’aide des pays en développement. Il a invité les États Membres à se baser sur les initiatives régionales et sur les analyses des commissions régionales des Nations Unies. Le rôle des Nations Unies ne doit pas être seulement de limiter les effets de la crise sur les pays en développement, mais aussi de prendre des décisions relatives à l’économie mondiale, a-t-il dit. Il faut remplacer le système actuel, fondé notamment sur la spéculation financière et la libre concurrence, a dit le représentant. Il a aussi plaidé en faveur d’un modèle plus démocratique et proposé de créer des instances de contrôle des flux de capitaux.
Passant aux questions sociales, M. Ovalles-Santos a demandé d’imaginer de nouvelles alternatives pour régler le problème de la dette des pays en développement, tout en respectant leurs systèmes politiques. Le Venezuela participera aux négociations sur le projet de résolution relatif au financement du développement, a-t-il indiqué. Dans ce domaine, il a demandé que soient respectés les engagements pris à Doha lors de la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et a proposé de convoquer une conférence de suivi sur le financement du développement. Par ailleurs, il a jugé très importantes les activités opérationnelles des Nations Unies pour le développement. En matière d’énergie, il a indiqué que 70% de la consommation énergétique du Venezuela proviennent de sources hydroélectriques, alors que c’est un pays pétrolier. Nous pratiquons la justice sociale et coopérons avec les pays frères d’Amérique latine et des Caraïbes dans ce domaine, a-t-il assuré, regrettant d’un autre côté la spéculation qui se pratique dans d’autres secteurs de la vie internationale.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a récapitulé la liste « impressionnante » des questions et objectifs examinés par cette Deuxième Commission, soulignant qu’il serait impossible d’atteindre ces derniers, à moins de s’attaquer à la crise économique et financière. Une gouvernance économique mondiale est nécessaire pour faire face au chômage, à la dette, à la spéculation financière et à celle qui a lieu sur les prix des matières premières, aux défauts du libre-échange, aux investissements spéculatifs à court terme, à la menace qui pèse sur les systèmes de retraite, etc. La hausse des prix des produits alimentaires et les inégalités provoquent des tensions sociales qui peuvent dégénérer en violences, s’est inquiété le délégué. De nouvelles stratégies et la solidarité s’imposent plus que jamais entre les pays et entre les citoyens de ces pays, a-t-il relevé. L’organisation d’un débat thématique de haut niveau sur l’état de l’économie et de la finance mondiale en 2012 dans le cadre de l’Assemblée générale serait la bienvenue, a-t-il conclu
Mme TELMA VIALE, Organisation internationale du Travail - OIT, a indiqué que, depuis 2008, à traves le monde, 30 millions de personnes de plus se sont retrouvées au chômage et près de 40 millions ont cessé de chercher un emploi. Aujourd’hui, on compte environ 200 millions de chômeurs, dont 75 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans. Environ 40 millions de personnes arrivent chaque année sur le marché du travail, dans des économies qui ne peuvent rien leur offrir. Si l’on combine ces chiffres, on arrive à celui de 600 millions de personnes qui sont en difficulté dans le domaine de l’emploi. N’oublions pas non plus les 910 millions de travailleurs, dont le salaire est inférieur à 2 dollars par jour, a-t-elle rappelé.
Mme Viale a invité les membres de la Deuxième Commission à placer les difficultés économiques mondiales au centre des politiques. Elle les a invités à s’appuyer sur les deux décisions adoptées lors de la Conférence internationale du travail, tenue en juin 2012. La première résolution concernant le chômage des jeunes, intitulée « Appel à l’action », met l’accent sur la nécessité d’adopter une approche équilibrée entre les mesures régissant l’offre et la demande, en visant le plein emploi. La deuxième recommande d’appliquer les normes de protection sociale et notamment de prévoir une protection plancher, a-t-elle rappelé.
M. AJAY MADIWALE, Comité international de la Croix-Rouge - CICR a déclaré qu’il était indispensable de créer les conditions de la résilience dans le cadre du développement durable, ce concept devant être intégré dans tous les programmes en la matière. Il s’agit d’un outil permettant de relier assistance et développement, a estime le représentant du CICR. Mais cela implique d’accorder les financements nécessaires à sa promotion. Alors que les États reconnaissent l’importance de la réduction des risques de catastrophes, ainsi que la préparation aux catastrophes, ils n’en ont pas tiré les conséquences en termes d’investissements. Les bailleurs de fonds en particulier doivent intégrer la réduction des risques de catastrophes ainsi que la préparation aux catastrophes dans leurs programmes de développement en leur consacrant les moyens nécessaires.
En outre, le représentant du CICR a évoqué la sécurité alimentaire, reconnaissant que des ressources substantielles avaient été débloquées pour faire face à la situation au Sahel et dans la corne de l’Afrique. Il convient pour autant de ne pas attendre que de telles crises éclatent avant de réagir. On sait depuis longtemps en effet qu’une réaction précoce face aux crises alimentaires chroniques est moins coûteuse et permet de sauver plus de vies, a-t-il observé. Tirons les leçons de ces crises et soyons déterminés à agir avant que les personnes affectées ne soient sur le point de mourir de faim, a lancé le délégué de la Croix-Rouge. Il a afin souligné que les États devaient s’attaquer aux inégalités en matière d’accès à la santé, rappelant que plusieurs Objectifs du Millénaire pour le développement en dépendaient.
Dans sa déclaration de clôture du débat général, le Président de la Deuxième Commission, M. GEORGE TALBOT, du Guyana, a résumé le débat en soulignant les préoccupations communes à toutes les délégations. Il a invité les délégations à ne pas camper de manière rigide sur leurs positions. « Essayons de traiter des décisions à prendre de façon dynamique et globale. Soyons innovants et créatifs », a-t-il préconisé. Il a proposé d’examiner les étapes concrètes qui permettront de combler le fossé existant entre les structures institutionnelles actuelles et les défis géopolitiques d’aujourd’hui.
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