Commission de consolidation de la paix: la RCA exhortée à plus d’efforts dans les domaines de la réintégration des anciens combattants, de la bonne gouvernance et de la sécurité
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Commission de consolidation de la paix
Cinquième session
Formation République centrafricaine
1re séance – matin
COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX: LA RCA EXHORTÉE À PLUS D’EFFORTS DANS LES DOMAINES DE LA RÉINTÉGRATION DES ANCIENS COMBATTANTS, DE LA BONNE GOUVERNANCE ET DE LA SÉCURITÉ
La « Configuration République centrafricaine (RCA) » de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a adopté* aujourd’hui les conclusions et recommandations du deuxième examen semestriel du Cadre stratégique pour la consolidation de la paix dans le pays.
Ces conclusions et recommandations exhortent le Gouvernement centrafricain à achever le programme DDR (désarmement, démobilisation et réintégration), à établir un organe permanent chargé d’organiser les futures élections, à améliorer la bonne gouvernance et à se doter d’une stratégie nationale à long terme de réforme de la sécurité. Face à ces « devoirs », le représentant centrafricain n’a pas caché son agacement: « nous comprenons que le partenaire a suffisamment fait, a déjà rempli sa part et que le facteur bloquant ou le maillon faible serait le Gouvernement n’est-ce pas? »
Le document, un « nouveau bébé » selon les mots du Président de la « Configuration RCA », M. Jan Grauls, est le résultat de deux processus de revue conduits en parallèle à New York et à Bangui. Il indique qu’en République centrafricaine, le processus de consolidation de la paix évolue bien, malgré des retards et des difficultés. Les élections ont eu lieu, une commission nationale des droits de l’homme est en cours de mise en place et la vérification des listes d’ex-combattants a été effectuée dans le nord-ouest.
Le pays a atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), en juin 2009, et un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté de la deuxième génération (DSRP) a été présenté aux partenaires internationaux. Enfin, le plan décennal de réforme du secteur de la justice est bien entamé.
Par contre, la réforme du secteur de la sécurité est quasiment au point mort depuis octobre 2009, et la mise en œuvre des recommandations issues du dialogue politique sans exclusive n’avance guère.
Si la situation en matière de sécurité est stable, « à l’exception de quelques zones minoritaires », comme l’a indiqué depuis Bangui, en vidéoconférence, la Représentante spéciale du Secrétaire général en RCA, Mme Margaret Vogt, l’incapacité manifestée par le Gouvernement en matière de réintégration des anciens combattants risque de saper les progrès réalisés jusqu’à présent.
« Il est urgent d’accélérer ce processus », a-t-elle insisté, ajoutant que le retour des combattants vers leur pays d’origine était un élément essentiel du processus de pacification.
La Représentante spéciale a également indiqué que l’initiative prise par les États-Unis de déployer des conseillers militaires dans le sud du pays pour lutter conte l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) avait été très bien accueillie. Elle a cependant signalé que la situation des droits de l’homme demeurait préoccupante, faisant notamment état d’exécutions extrajudiciaires contre de la population civile.
Dans sa présentation, Mme Vogt a passé en revue les efforts déployés pour réintégrer les enfants soldats et libérer des prisonniers de droit commun.
Le représentant de la République centrafricaine, M. Charles Arme Doubane, a rappelé l’engagement de son pays à respecter, dans la limite « de ses capacités, de ses possibilités et de ses moyens », ce qui a été décidé en partenariat avec la communauté internationale.
Il a dénoncé « l’injonction » faite à son gouvernement de mettre en œuvre le contenu de la déclaration de politique générale, adoptée le 17 mai 2011 par l’Assemblée nationale. « Point n’est besoin de dire que cette déclaration est la ligne directrice à suivre pour le développement holistique de la République centrafricaine fixée par le Président de la République », a-t-il souligné.
Le représentant a stigmatisé un document où « c’est le gouvernement qui doit… alors que pour le partenaire, tout se conjugue au futur avec des termes collaborera, concernera, s’attachera, etc. » « Nous comprenons que le partenaire a suffisamment fait, a déjà rempli sa part et que le facteur bloquant ou le maillon faible serait le Gouvernement n’est-ce pas », s’est-il agacé.
Il s’est interrogé sur « l’abondance des fonds » qu’auraient dégagée les donateurs pour les activités de désarmement et de démobilisation. « Nous ne voulons pas paraître ingrats en République centrafricaine ni cracher dans la soupe, encore moins dans cette main généreuse qui a tant – que dis-je trop donné. Pour mieux mesurer avec vous l’impact de cet abondant financement, je voudrais en savoir le montant », a-t-il rétorqué, en jugeant excessif, sinon inapproprié, l’usage du mot « abondance des fonds dégagés ».
La Sous-Secrétaire générale à l’appui à la consolidation de la paix, Mme Judy Cheng-Hopkins, a reconnu que les ressources financières ne suffisaient pas à couvrir tous les besoins identifiés pour la République centrafricaine, demandant aux États Membres d’accorder l’attention nécessaire aux progrès effectués et à soutenir le Gouvernement.
Elle a partagé avec la Commission trois leçons tirées d’une réunion que la Commission de consolidation de la paix vient de tenir sur les succès de la consolidation de la paix au Rwanda: l’importance d’un leadership, à tous les niveaux de la société, et pas seulement au sommet de l’État; l’accent à porter sur la mise en œuvre des engagements; et une « obsession » pour la transparence financière.
Mme Cheng-Hopkins a souligné que la plupart des pays sortant de conflits n’étaient pas pauvres en soi, car ils ont des ressources naturelles importantes. Une réunion consacrée spécifiquement à ce sujet sera organisée prochainement.
Le document adopté aujourd’hui par la Configuration République centrafricaine formule plusieurs recommandations à l’intention de la Commission de consolidation de la paix, de la société civile de la République centrafricaine et du Comité mixte de gestion.
Se félicitant que le document insiste sur la nécessité de mettre en place une stratégie pour trouver de nouvelles sources de revenus pour les combattants démobilisés, la représentante de l’Indonésie a proposé l’aide du Centre de coopération du Mouvement des pays non alignés.
Plusieurs autres délégations ont pris la parole, notamment la représentante de la France, qui a réclamé une évaluation précise du coût des efforts de réintégration, une réintégration que son homologue des États-Unis a jugée urgente.
« Nous avons entendu des promesses, et le temps est venu de passer à l’action », a lancé le représentant de l’Union européenne, pour qui l’amélioration de la gouvernance est le meilleur gage pour mobiliser les bailleurs de fonds; la représentante du Royaume-Uni pointant, en outre, du doigt l’absence d’une stratégie cohérente qui identifie les domaines prioritaires pour la communauté internationale.
« Ceux qui savent d’où vient la RCA peuvent mesurer les progrès qui ont déjà été accomplis », a souligné son homologue de l’Union africaine. Celui du Nigéria s’est inquiété des infiltrations d’éléments étrangers dans le pays.
La Commission de consolidation de la paix a autant de « configurations » qu’elle a de pays inscrits à son ordre du jour, à savoir le Burundi, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, la République centrafricaine et la Sierra Leone.
Inscrite en 2008 à l’ordre du jour de la Commission, la RCA est également l’hôte du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans le pays (BINUCA) qui remplace, depuis 2000, la Mission que l’ONU y avait déployée (MINURCA).
* PBC/5/CAF/L.1
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