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AG/EF/3324

La Deuxième Commission organise une table ronde sur la Sécurité alimentaire et énergétique et l’utilisation rationnelle de l’énergie

2/11/2011
Assemblée généraleAG/EF/3324
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LA DEUXIÈME COMMISSION ORGANISE UNE TABLE RONDE SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

ET ÉNERGÉTIQUE ET L’UTILISATION RATIONNELLE DE L’ÉNERGIE


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a tenu ce matin la cinquième des six tables rondes inscrites à son agenda, sur le thème: « Sécurité alimentaire et énergétique et utilisation rationnelle de l’énergie ». 


En guise d’introduction, le Président de la Deuxième Commission, M. Abulkalam Abdul Momen du Bangladesh, a rappelé que cette question fait partie de la liste des défis indispensables à relever pour améliorer les conditions de vie des populations les plus démunies.  La sécurité alimentaire et l’approvisionnement énergétique sont intimement liés et sont deux leviers essentiels du développement durable, l’énergie permettant d’accroître les rendements dans l’agriculture et de modifier les modes de production alimentaire, a souligné M. Momen. 


Le Modérateur du débat, M. Vince Henderson, Représentant permanent de la Dominique auprès de l’Organisation des Nations Unies, a souligné à quel point l’efficacité énergétique est fondamentale pour utiliser l’énergie de façon rationnelle dans des régions affectées par le changement climatique et pour respecter les principes du développement durable.  De grandes quantités d’énergie sont souvent perdues du fait du gaspillage provenant du manque d’efficience dans les modes d’utilisation, a-t-il insisté.  Il a recommandé la création d’un instrument spécifique destiné aux pays en développement afin de les aider à se tourner vers l’usage des sources d’énergie renouvelables.


Déclarations liminaires


Mme EVE CROWLEY, Directrice adjointe de la Division de la parité, de l’équité et de l’emploi rural de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a fait un exposé sur les grands défis qui se posent aujourd’hui dans le secteur de l’agriculture.  Elle a rappelé que les activités agricoles utilisent 30% des surfaces des terres de la planète et 70% de l’eau exploitée dans le monde.  Mme Crowley a notamment expliqué les liens existant entre les cours élevés des hydrocarbures, dont le pétrole, de l’énergie électrique tirée de sources traditionnelles et les prix élevés des denrées alimentaires.  En cette période de crises énergétique, financière et économique mondiale, cette pression financière ira en s’accroissant du fait de l’explosion démographique et des changements climatiques, auxquels il faut ajouter le phénomène qui consiste à produire des biocarburants en se servant de produits alimentaires comme le maïs ou la canne à sucre, a-t-elle prévenu. 


La concurrence entre deux types de productions agricoles, l’une servant à l’alimentation et l’autre à la production de biocarburants, va aller en s’intensifiant, a souligné Mme Crowley en estimant qu’il n’y a toutefois pas de solution universelle à ce dilemme, chaque pays devant décider de l’usage de ses terres et ces ressources naturelles.  Cela étant, la sécurité alimentaire d’un pays est aussi liée à celle de ses voisins, a-t-elle noté.  Elle a suggéré la mise en place d’un cadre international transparent de gestion des ressources, afin d’améliorer les perspectives en matière de sécurité alimentaire globale.  Mme Crowley a ensuite attiré l’attention des États Membres sur le problème posé par le gaspillage d’énormes quantités de produits alimentaires: 30% de la production alimentaire mondiale, des lieux de récoltes à la consommation, en passant par le transport et la conservation de la nourriture sont ainsi gaspillés.  Dans ce contexte, des progrès sont à faire à tous les stades de la chaîne alimentaire, a-t-elle préconisé.  Elle a aussi plaidé en faveur d’un meilleur emploi des femmes dans le secteur agricole, y voyant un moyen de leur donner plus d’autonomie tout en augmentant les niveaux de productivité.


M. VIJAY MODI, professeur de génie mécanique, enseignant à l’Institut de la Terre à l’Université Columbia, et membre du Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur l’énergie durable pour tous, est, quant à lui, intervenu au début de la table ronde pour souligner les liens entre l’eau, l’énergie et la production agricole.  Il a préconisé le recours à des techniques d’irrigation comme moyen d’optimiser l’usage de l’eau, une ressource de plus en plus précieuse à travers le monde.   M. Modi a évoqué le cas de l’Inde, où la révolution verte a permis de quadrupler la production alimentaire entre 1950 et 2000.  Il a expliqué que la productivité des terres a été dopée en Inde par l’usage d’engrais et de semences de meilleure qualité, mais surtout grâce au recours à des techniques d’irrigation efficientes et au versement de subventions aux agriculteurs.  La production par irrigation représente aujourd’hui 60% de la production alimentaire totale de l’Inde, a-t-il souligné en indiquant que pour créer un kilogramme de nourriture en employant des techniques d’irrigation, on a besoin de seulement 1 kWh d’énergie électrique.


M. VINEET RASWANT, Conseiller technique principal de la Division des politiques et du conseil technique du Fonds international de développement agricole (FIDA) a ensuite fait un exposé préliminaire sur la manière dont une bonne production agricole peut contribuer à la réduction de la pauvreté.  Il a expliqué que le FIDA est convaincu que la promotion de la bioénergie –production de biocarburants- peut aussi contribuer à la réduction de la pauvreté et soutenir la réalisation de la sécurité alimentaire d’un pays.  En effet, a-t-il dit, les activités de production agricole sont créatrices d’emplois et de revenus.  Là où il n’est pas possible de cultiver des denrées alimentaires du fait notamment de conditions climatiques difficiles ou de la pauvreté de certains sols, on peut développer la production de plantes à partir desquelles produire des biocarburants.  Il s’agit ainsi de promouvoir au maximum un usage rentable et rationnel des terres, a dit M. Raswant.  Il a rappelé qu’aujourd’hui, une personne sur cinq, soit 1,3 milliard de personnes dans le monde, travaille dans l’agriculture.  Répondant aux critiques selon lesquelles les biocarburants sont responsables de la hausse des prix des produits alimentaires, il a estimé que c’est surtout la soudaineté de la transition technologique qui a causé cette hausse.  Certains industriels ont aussi adopté la solution de facilité consistant à produire des biocarburants à partir de produits alimentaires, alors que d’autres solutions sont possibles.  M. Raswant a pris, à cet égard, pour exemple une plante non comestible, qui arrive à pousser même dans des zones désertiques, ou dans des aires irrigués d’eau salée, mais qui peut servir à produire des biocarburants.  Il a aussi évoqué le cas du Brésil, où on fait usage de terres de différentes qualités, selon que l’on produit des biocarburants ou de la nourriture. 


Débat interactif


Le représentant du Népal a estimé que dans la pratique, le versement de subventions aux agriculteurs n’est pas possible, puisque son gouvernement, comme ceux de nombreux PMA, ne dispose pas de moyens suffisants pour le faire.  Il a affirmé que 70% des habitants du Népal dépendent de l’agriculture pour leur survie, ce qui rend l’économie du pays fortement dépendante du secteur agricole.  Le représentant de l’Inde a indiqué que son pays s’est engagé dans la promotion de l’autonomisation des femmes dans le secteur agricole, mais que les résultats atteints en matière d’amélioration de la productivité agricole ne sont pas très probants.  Il a ainsi demandé à Mme Crowley si elle n’est pas trop optimiste en affirmant que l’autonomisation des femmes travaillant dans le secteur agricole fait automatiquement augmenter de manière considérable la productivité agricole d’un pays.


Mme EVE CROWLEY a répondu qu’une grande partie du travail mené par la FAO est concentrée sur les fermiers qui n’ont pas beaucoup de ressources, notamment ceux des pays en développement.  Il faut innover en termes de systèmes de production, a-t-elle dit, ajoutant qu’il faut se servir de l’échange de connaissances et de compétences avec les agriculteurs pour diversifier notamment les cultures et faire adopter de nouveaux types de produits, notamment de nouvelles variétés de céréales, par exemple.  Quant à la question de l’autonomisation des femmes, elle a défendu l’idée de renforcer leur rôle dans l’agriculture, ajoutant que les bonnes pratiques prennent aussi du temps pour s’ancrer.  Concernant la perspective de devoir augmenter de 70% la production alimentaire mondiale d’ici à 2050 pour nourrir toute la population mondiale, elle a suggéré de mettre en œuvre des politiques de contrôle des naissances parallèlement à l’augmentation de la production alimentaire. 


Prenant la parole, M. VINEET RASWANT a fait remarquer que la question des infrastructures peut devenir une contrainte majeure à la promotion d’une agricole efficace.  Il faut pouvoir diminuer les coûts de transaction et trouver des marchés pour les denrées produites, a-t-il estimé.  La question de la chaîne de valeur agricole se pose également, et une meilleure organisation collective des fermiers pourrait les faire progresser dans ce domaine, a-t-il dit.  Parlant des échanges de connaissances et de bonnes pratiques, M. VIJAY MODI a quant à lui suggéré, en complément des programmes de diversification des cultures, que le téléphone portable, aujourd’hui très répandu, peut être un outil pertinent pour procéder à des échanges d’informations entre fermiers, ce qui peut ainsi accélérer le processus de transfert de connaissances.

Le représentant du Maroc a fait remarquer que si l’on met l’accent sur le troisième pilier du développement durable qu’est l’environnement, il faut que le premier pilier, l’économie, reste au devant de la scène, notamment en ce qui concerne les questions qui se posent en matière de production agricole.  Il s’est également interrogé sur le besoin de reformer les organismes internationaux traitant des questions agricoles et d’alimentation, afin de créer une grande institution internationale ayant des pouvoirs et des moyens accrus dans ce domaine. 

La représentante de l’Allemagne s’est demandée quelle pourrait être la meilleure résolution à adopter sur l’agriculture à l’issue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui se tient à Rio, au Brésil, en juin prochain (Conférence Rio+20).  Le représentant du Bélarus est allé dans le même sens en se demandant comment les discussions de Rio+20 pourraient permettre de promouvoir les transferts de technologie dans le secteur agricole.  La délégation du Bangladesh a voulu savoir comment les programmes agricoles scientifiques modernes peuvent être vulgarisés dans des communautés rurales qui continuent à faire usage de techniques agricoles rudimentaires.  La représentante de la France, pour sa part, a évoqué un certain nombre d’initiatives régionales et internationales en rapport avec la sécurité alimentaire et s’est interrogée sur le rôle de la FAO dans ces initiatives.


M. VIJAY MODI a répondu à la remarque du Bangladesh portant sur le transfert de connaissances et de techniques entre agriculteurs.  Il a parlé d’une expérience menée par l’Université Columbia, relative à l’implantation d’un nouveau type de semence sur un petit lopin de terre par un fermier.  Après avoir adopté la nouvelle semence, ce dernier s’est rendu compte qu’il n’avait pas perdu en productivité, et il a en parlé avec d’autres fermiers.  Ceux-ci ayant eux aussi adopté les nouvelles semences, la productivité agricole de toute la région en a été améliorée.  M. Modi a aussi estimé que le défi du rendement agricole doit être prioritaire dans l’Agenda de Rio+20.  Cette Conférence devra aussi répondre au défi posé par l’accès à l’énergie dans les régions défavorisées.


Mme EVE CROWLEY a réagi concernant la remarque ayant trait aux initiatives prises par la FAO pour appuyer des programmes d’aide au développement allant dans le sens de la promotion d’une agriculture plus verte et plus rentable.  La FAO intervient à la fois sur le terrain et pour conseiller les gouvernements.  Elle est active dans le cadre mondial actuel, où des gouvernements ont tendance à vouloir exproprier des terres ou confisquer des surfaces cultivables aux fermiers pour les vendre à des investisseurs étrangers ou venus du secteur privé, a-t-elle indiqué.  Elle a répété que les trois piliers du développement durable sont tous indispensables et qu’il est fondamental d’en renforcer la gouvernance. 


M. VINEET RASWANT a indiqué qu’il est indispensable de mettre en œuvre des politiques qui pourraient rendre l’agriculture à petite échelle rentable.  Il a expliqué que s’il n’y a pas d’accès abordable à une énergie fiable au niveau local, le secteur agricole ne peut devenir rentable.  Le secteur privé joue un rôle essentiel dans les transferts de technologie, a-t-il indiqué, et il doit, à ce titre, coopérer davantage avec le secteur public pour promouvoir une agriculture durable.


La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu demain, jeudi 3 novembre, à 10 heures.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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