AG/EF/3320

Deuxième Commission: des délégations réaffirment le rôle clef du commerce dans le développement et regrettent le blocage des négociations du Cycle de Doha

27/10/2011
Assemblée généraleAG/EF/3320
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

24e & 25e séances – matin & après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS RÉAFFIRMENT LE RÔLE CLEF DU COMMERCE DANS

LE DÉVELOPPEMENT ET REGRETTENT LE BLOCAGE DES NÉGOCIATIONS DU CYCLE DE DOHA


La Commission et l’ECOSOC débattent de la nécessité de promouvoir une croissance

génératrice d’emplois et de la création d’un socle universel de protection sociale


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a examiné ce matin, deux sous-thèmes du point de son ordre du jour relatif aux questions de politique macroéconomique (point 17): les liens entre le commerce international et le développement, et le marché des produits de base.  


Les intervenants ont souligné à quel point le commerce est un instrument extrêmement puissant en ce qui concerne la mobilisation de ressources pour le financement du développement.  Ils ont souligné qu’il faut que la communauté internationale, à travers les négociations commerciales du Cycle de Doha, obtienne des résultats qui permettraient la création d’un système de commerce multilatéral favorable à une meilleure participation de tous les États, notamment les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA), aux échanges commerciaux mondiaux.  Ces réflexions sur un commerce plus équitable, plus ouvert et plus transparent ont offert aux délégations l’opportunité de revenir sur l’état dans lequel se trouve le Cycle des négociations commerciales de Doha.  Au vu de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers, la plupart des délégations ont fait part de leur déception.


Plusieurs remarques ont relevé le fossé existant entre les réalités actuelles et les promesses et engagements pris lors des différents sommets et grandes conférences internationaux tenus au cours de la décennie écoulée en matière de développement, de financement et de commerce.  Plusieurs intervenants, dont la délégation de l’Australie, qui s’exprimait au nom du Groupe de Cairns, ont déploré que les négociations de Doha ne puissent être bouclées cette année.  Un échec de ce Cycle de négociations commerciales, qui devait prendre le relais des arrangements de l’Uruguay Round, poserait des obstacles majeurs aux efforts déployés par les pays les moins avancés et ceux à revenu intermédiaire, a quant à lui averti le représentant du Népal, qui s’exprimait au nom des PMA.  Il a exprimé l’espoir que la huitième conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue à Genève (Suisse) en décembre prochain, envoie un message clair sur la nécessité de voir les parties accomplir des progrès concrets en 2012 sur la question du commerce, notamment en ce qui concerne l’octroi d’un accès préférentiel aux marchés des pays industrialisés pour les produits des PMA. 


Plaidant en faveur des pays en développement, la délégation du Brésil, économie émergente, a souligné que le commerce jouait un rôle crucial pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les délégations de l’Inde et de la Chine, autres puissances économiques émergentes, ont déploré les nombreuses barrières posées au libre échange, dont des mesures protectionnistes, le versement de subventions et la prise de mesures douanières injustes par les pays développés.  « Transformer le dynamisme commercial en opportunité de création d’emplois demeure un défi majeur du développement », a d’autre part relevé la représentante de l’Inde. 


La flambée des prix des produits de base a fait l’objet de réflexion sur les moyens d’en stabiliser les cours et de mieux protéger les pays les plus vulnérables.  Des délégations ont demandé que des initiatives soient lancées par les institutions internationales, dont les Nations Unies, afin de combattre la spéculation qui a lieu sur certains marchés sur les produits de base, notamment agricole et qui crée des pénuries et des hausses de prix artificielles dont les impacts sociaux sont dévastateurs dans les pays en développement.  La Jamaïque, au nom des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a dénoncé ces pratiques qui rendent inaccessibles certains produits de première nécessité et créent des troubles sociaux.  Pour faire face à ce phénomène, la Fédération de Russie a lancé un appel à la création de mécanismes et de marchés capables de stabiliser les cours des matières premières.


Les délégations ont entendu M. Supachai Panitchpakdi, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui a présenté les rapports du Secrétaire général sur le commerce international et le développement (A/66/185) et sur les produits de base (A/66/207).  M. Anthony Mothae Maruping, représentant permanent du Lesotho aux Nations Unies à Genève, et à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a ensuite présenté le rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa cinquante et unième réunion directive, qui s’est tenue, à Genève, les 29 et 30 novembre et 2 décembre 2010 (A/66/15 Parties I à IV).  Mme Ana Luiza Cortez, Chef du Comité des politiques de développement au Département des affaires économiques et sociales (DAES), a présenté le rapport du Secrétaire général sur les mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement (A/66/138).


Interpelé sur la contribution de la CNUCED à ces questions, M. Panitchpakti a détaillé aux délégations les axes de réflexion envisagés pour la prochaine Conférence de la CNUCED, qui se tiendra en avril 2012 à Doha.  Il a notamment évoqué un développement générateur d’emplois; le financement du développement par des mécanismes bancaires; comment réguler les profits des marchés financiers, ou encore la promotion du transfert de technologies entre pays.


La Deuxième Commission a tenu dans l’après-midi une réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC) sur le thème: « Investir dans les capacités productives pour une croissance riche en emplois ».  Cette réunion, coprésidée par M. Abulkalam Abdul Momen (Bangladesh), Président de la Deuxième Commission et par M. Lazarous Kapambwe (Zambie), Président du Conseil économique et social, a fait l’objet d’interventions de Mme Michelle Bachelet, Secrétaire-générale adjointe et Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), et de M. Juan Somavía, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  La réunion était animée par M. Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique du Département des affaires économiques et sociales (DAES).


Table ronde interactive


Le Président du Conseil économique et social, M. Lazarous Kapambwe a fait remarquer que la crise économique et financière internationale a conduit à une crise mondiale de l’emploi, marquée par des pertes significatives d’emplois, une rapide augmentation du chômage, une montée du sous-emploi et une hausse énorme des activités du secteur informel qui affectent toutes les régions de la planète.  Il a noté que du fait de cette crise, le monde comptait 210 millions de chômeurs déclarés à la fin de l’année 2010, contre 178 millions en 2007. 


Mme Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a présenté les grandes lignes du « Rapport sur le socle de protection sociale », élaboré conjointement entre l’ONU-Femmes, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Ce rapport a fait aujourd’hui l’objet d’une conférence de presse distincte organisée au Siège des Nations Unies à New York.  Mme Bachelet a répondu à certaines inquiétudes au plan financier, exprimées par des délégations et concernant le caractère contraignant de la création et du maintien d’un tel socle.  Elle a assuré que les recommandations ayant trait à la mise en place d’un socle de protection sociale par chaque pays ne sont pas présentées comme étant un cadre directif ou obligatoire.  Chaque pays peut établir ses priorités en fonction des moyens dont il dispose, a dit Mme Bachelet. 


Intervenant sur cette question, M. Juan Somavia, Directeur général de l’OIT, a renchéri en indiquant que ce socle devait être perçu et pensé comme étant une fondation à poser par chaque pays au bénéfice de sa population dans la perspective d’une croissance durable soucieuse du développement social. 


S’exprimant ensuite sur les liens existant entre croissance et emploi, M. Somavia a plaidé pour un changement de mentalités, soulignant que l’on ne pourra pas sortir de la crise actuelle en faisant usage des mêmes politiques que celles qui ont conduit au déclenchement de cette crise.  Il a notamment suggéré d’analyser plus précisément pourquoi les pays émergents en sont sortis plus rapidement que les autres, dont les pays développés.  Il a appelé les États Membres et tous les acteurs de l’économie et de la finance mondiale à trouver des voies créatives pour générer une croissance inclusive, créant des emplois décents, et orientée vers la promotion et l’expansion d’une économie verte.  M. Somavia a aussi interpellé les délégations pour leur rappeler un fait immuable: les Nations Unies incarnent le meilleur point de rassemblement pour faire évoluer les idées, forger des politiques et aider à les implanter. 


Interrogé par plusieurs délégations sur les moyens de créer de l’emploi, le Directeur général de l’OIT, a estimé qu’il faut réduire le déséquilibre qui existe actuellement entre les besoins de l’économie réelle et ce que le système financier est prêt à offrir.  Il s’est aussi tourné vers le monde de l’entreprise, d’où doivent venir les actions favorisant les créations d’emplois.  Cela passe par des investissements et des aides à l’investissement pour accompagner la formation et l’embauche, dans la perspective de générer des emplois à valeur ajoutée en grand nombre, a-t-il souligné. 


M. Jomo Kwame Sundaram, Sous-secrétaire général chargé du développement économique et social au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a pris la parole au titre de ses fonctions au DAES.  M. Sundaram a répondu à plusieurs délégations qui voulaient avoir des explications et éclaircissements sur le concept de « New Deal vert ».  C’est une relance de l’économie à travers des investissements dans l’économie verte, qui est aussi une économie durable, afin de créer des emplois, a dit M. Sundaram.  Il a exprimé son soutien à ce concept, qui passe par l’octroi de subventions aux pays en développement pour leur permettre d’acquérir des technologies dans le domaine des énergies renouvelables.  Ces technologies coûtent encore très chères, a-t-il regretté en émettant le vœu que ces questions soient introduites dans les agendas des institutions internationales, dont celles de Bretton Woods.


La Deuxième Commission poursuivra le débat général qu’elle a entamé sur les deux sous-thèmes du point 17 de son ordre du jour demain, vendredi 28 octobre, à 10 heures.


QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE


Rapport du Secrétaire général sur le commerce international et le développement (A/66/185)


Ce rapport indique que le système commercial multilatéral est aux prises avec des incertitudes majeures concernant les perspectives d’achèvement du Cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha, à quoi s’ajoute une série de mutations dans la structure et l’orientation du commerce international.  La croissance des échanges de produits intermédiaires liée à la dispersion internationale de la production s’est accélérée ces dernières années et comprend souvent une forte composante régionale.  Avec la prolifération des accords commerciaux régionaux, le glissement vers la régionalisation sera une des questions majeures des politiques commerciales au cours des années qui viennent.  Le rapport note également qu’une situation économique favorable a également contribué à la progression du commerce Sud-Sud, accompagnée par une augmentation de la coopération Sud-Sud.  Cette évolution, si elle est correctement mise à profit, peut contribuer à un développement durable et intégrateur. 


Le système commercial multilatéral doit acquérir une vigueur nouvelle et le Cycle de Doha doit être achevé et comporter une forte dimension « développement », souligne le Secrétaire général dans ce rapport.  L’adoption rapide d’un ensemble de mesures favorables aux pays les moins avancés (PMA) serait une première étape dans cette voie, dit-il.  Cependant, il faut introduire une plus grande cohérence dans les différentes couches et les différentes composantes du système commercial multilatéral si l’on veut que le commerce international contribue à un développement plus intégrateur.  La treizième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, prévue à Doha en avril 2012, devrait mobiliser les efforts internationaux vers une mondialisation centrée sur le développement, susceptible de contribuer à une croissance et un développement durables, et profitant à tous.


Le Secrétaire général conclut que la double dynamique du commerce et des investissements, au fil des quelque 20 dernières années, a été un important moteur de croissance et un facteur de transformation structurelle dans certains pays en développement.  Ce dynamisme a commencé à modifier la situation économique et à recadrer les politiques complémentaires nécessaires pour renforcer le potentiel productif, créer des emplois dans l’optique d’un développement intégré et durable, et mieux répondre aux chocs d’origine extérieure.  Mais il faut prêter attention à l’agriculture et au secteur des services, préconise Ban Ki-moon.  Des politiques commerciales, industrielles, sociales et du marché du travail intégrées et cohérentes peuvent beaucoup contribuer à une répartition plus équitable de la richesse et des chances à la fois dans les pays, et entre pays.  Le système commercial international est à même de rendre concrets les avantages du commerce, et les négociations prolongées du Cycle de Doha doivent d’urgence rechercher des gains appréciables sur le plan du développement.  L’ensemble des mesures en faveur des PMA devrait apporter une importante contribution à l’application du Programme d’action d’Istanbul, note M. Ban.  Il faut prêter l’attention voulue à la réalisation de l’OMD 8, qui porte sur un système commercial et financier multilatéral ouvert, équitable, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire, recommande-t-il.  La relance du système commercial multilatéral est donc importante si l’on veut qu’il puisse affronter les difficultés du XXIe siècle, conclut le Secrétaire général.


Rapport du Secrétaire général sur les mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement (A/66/138)


Dans sa résolution 64/189, intitulée « Mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement », l’Assemblée générale a prié le Secrétaire général de continuer à surveiller l’imposition de mesures de ce type et à étudier leur impact sur les pays touchés, et de lui présenter, à sa soixante-sixième session, un rapport sur l’application de la résolution.


Ce rapport consacre un chapitre au résumé des réponses d’États Membres, d’organismes des Nations Unies, et d’organisations internationales.  Un autre chapitre présente le suivi des mesures unilatérales, avec une étude de leurs incidences sur les pays touchés.  On trouve en annexe les réponses des États Membres et de certaines organisations internationales.  Des données supplémentaires recueillies par le Secrétariat figurent également dans le rapport.


Dans leurs réponses, les États Membres se sont déclarés opposés à l’utilisation de mesures économiques unilatérales comme moyens de pression politique et économique sur des pays en développement. Ce type de mesures est utilisé par certains pays au mépris des principes de la Charte des Nations Unies, des normes du droit international, du système commercial multilatéral réglementé et, qui plus est, de l’égalité souveraine des États, estiment les États Membres dans leurs réponses.


Les États Membres touchés par ce genre de sanctions ont insisté sur la dimension extraterritoriale de ces mesures unilatérales qui ont pour effet d’appliquer le droit interne d’un pays à d’autres pays.  Certains États Membres se sont dits préoccupés par les effets préjudiciables des mesures économiques unilatérales sur le développement socioéconomique des pays touchés.  La Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont indiqué que les sanctions unilatérales étaient généralement néfastes aux habitants des pays touchés et entravaient le commerce international.


Rapport du secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement sur les tendances et perspectives mondiales des produits de base (A/66/207)


Ce rapport du secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement présente les évolutions récentes survenues sur les marchés des produits de base, et parle des fluctuations et du cycle de surchauffe qu’ont connus ces marchés.  Le rapport est également consacré à l’évolution des marchés des principaux groupes de produits de base.  Il examine aussi la volatilité des cours des produits de base, et présente les politiques possibles aux niveaux national et international.


Au cours des 12 derniers mois, les cours des produits de base, qui étaient très déprimés pendant la crise économique et financière mondiale de 2008-2009, ont nettement repris et ont atteint en 2011 des niveaux records sur des marchés extrêmement instables.  Les cours du pétrole brut, des produits minéraux et des métaux précieux ont plus que doublé par rapport à ce qu’ils étaient à la fin de 2008.  Les cours des principaux produits de base agricoles, et notamment ceux du café, du maïs, du coton, de l’avoine et du sucre, ont également dépassé le niveau qu’ils avaient atteint au moment où, en 2009, a été publié le dernier rapport sur les tendances et perspectives mondiales des produits de base (voir document portant la cote A/64/184).  Cette flambée des prix des produits de base explique les récents soulèvements populaires et émeutes de la faim survenus dans certains pays. 


Ces dernières années, les prix élevés d’un ensemble de produits de base et la diversification profitable des investissements, ont attiré l’attention des spéculateurs, par exemple les fonds spéculatifs, les fonds en matières premières et les fonds indiciels cotés, sur les marchés des produits de base.  En outre, l’augmentation de la demande dans les pays émergents, les problèmes de la dette souveraine, la baisse de la valeur du dollar des États-Unis, et la crainte de l’inflation, ont rendu ces marchés attrayants aux yeux des spéculateurs.  Les répercussions négatives de la volatilité grandissante des cours et les sautes brutales inattendues des prix des produits de base sur la sécurité alimentaire mondiale et le bien-être économique des pays en développement producteurs, des pays industriels et des pays fortement dépendants des produits de base, ont déclenché une action mondiale collective.


Dans ses conclusions, la CNUCED indique notamment dans ce rapport qu’il est impératif que ces initiatives mondiales et les politiques nationales soient compatibles, soient dotées des ressources voulues, et soient appliquées de façon à résoudre les problèmes critiques qui affectent le commerce international des produits de base et assombrissent les perspectives de développement de ces pays.  Les mesures prises devront chercher à améliorer le fonctionnement des marchés et à rendre les pays concernés plus résistants aux chocs d’origine extérieure.


Le rapport souligne la nécessité d’augmenter durablement les investissements dans les produits de base comme moyen de remédier à l’instabilité des cours, qui est due à des déséquilibres entre l’offre et la demande.  Il juge utile que la communauté internationale réexamine les dispositifs de gestion de l’offre dans la situation nouvelle des marchés des produits de base, tout en explorant la capacité de ces dispositifs d’améliorer la coopération entre producteurs et consommateurs et de stabiliser les marchés.  L’extrême vulnérabilité des pays en développement richement dotés en ressources minérales à ce que l’on appelle le « mal néerlandais » appelle l’adoption d’une politique budgétaire prudente et d’une bonne gestion des taux de change réels afin de réduire la dépendance à l’endettement extérieur, prévient la CNUCED.


Débat général


M. SHANKER BAIRAGI (Népal), s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a rappelé que le commerce international est important pour le développement durable des PMA.  Il a regretté que les PMA ne participent qu’à hauteur de 1% aux échanges commerciaux internationaux, et a relevé que l’un des objectifs du Plan d’action d’Istanbul est de doubler ce quota d’ici à 2020.  Il a noté que les PMA pourraient avoir une croissance économique plus importante si leurs produits bénéficiaient d’un accès exempt de toute taxe et de tout contingentement aux marchés des pays développés.  M. Bairagi a ajouté que le protectionnisme et le versement de subventions devraient être bannis, afin que le système commercial international soit plus équitable et juste pour tous les pays, y compris les PMA. 


M. Bairagi a également regretté que le Cycle de négociations commerciales de Doha, entamé il y a 10 ans, ne soit pas encore arrivé à terme.  « L’échec de la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha, aura des implications négatives sur les efforts déployés par les PMA pour éradiquer la pauvreté et la faim, et pour s’engager dans le développement durable », a affirmé le représentant.  Il a ensuite salué les efforts que font certains pays riches afin de faciliter l’accès de leurs marchés aux produits des PMA sur leurs marchés.  Il a cependant noté que des mesures supplémentaires, telles que des accès préférentiels aux marchés pour les produits des PMA, et l’assouplissement des mesures d’adhésion des PMA à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) seraient un apport judicieux pour ce Groupe des pays.  Le représentant a enfin rappelé que l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) 8, relatif à la mise en place d’un partenariat international pour le développement, doit être pris en considération, dans le but d’établir un système financier et commercial international équitable et non discriminatoire. 


M. CHRISTOPHER JOHN STOKES (Australie), s’exprimant au nom du Groupe de Cairns, qui est composé de 19 pays exportateurs de produits agricoles, a indiqué que la trente-sixième Réunion ministérielle du Groupe de Cairns, qui s’est tenue du 7 au 9 septembre dernier à Saskatoon, au Canada, a permis de réaffirmer le besoin de poursuivre les réformes concernant les politiques commerciales ayant un rapport avec le secteur de l’agriculture.  Le Groupe de Cairns a constaté que peu d’efforts ont été faits pour conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha avant la fin de cette année, et a marqué sa grande déception, a dit le représentant.  Il a rappelé que le Groupe de Cairns est constitué à la fois de pays développés et de pays en développement, et que le Groupe insiste sur la réforme du commerce des produits agricoles.  Ces réformes, a-t-il noté, sont fondamentales pour la sécurité alimentaire et le développement.  « Des marchés nationaux et internationaux ouverts et équitables, et qui fonctionnent bien, incitent à l’investissement et créent de nouvelles opportunités pour la croissance et l’amélioration de vie des paysans », a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite souhaité qu’il soit mis fin au versement de subventions agricoles dans le domaine agricole et que les produits de ce secteur bénéficient d’un plus grand accès aux marchés.


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est focalisé sur le rapport du Secrétaire général de l’ONU intitulé: « Commerce international et développement », dans lequel, a-t-il déclaré, le Secrétaire général souligne la façon dont la nature du commerce international avait subi des transformations lors de la décennie écoulée, alors que les pays en développement représentaient de plus en plus une part croissante du commerce international et des importations de biens et services.  Néanmoins, a dit M. Wolfe, les défis restent immenses pour les pays du Sud s’étant spécialisés dans les activités de production à forte intensité de main-d’œuvre, qui produisent des biens peu chers.  Cette stratégie les empêche de gravir les échelons de la chaine d’approvisionnement et de production mondiale.


La CARICOM reste convaincue qu’un système ouvert, inclusif et transparent, fondé sur des règles commerciales multilatérales, incluant une forte « composante développement », a notamment le potentiel d’atténuer la pauvreté, de créer des emplois et de contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a indiqué M. Wolfe.  Notant que les pays de la CARICOM continuent de souffrir des effets conjugués des crises économique et énergétique, il a insisté sur la dimension « développement » du Cycle de négociations commerciales de Doha, qui doit nécessairement prendre en compte la nécessité d’accorder un accès accru aux marchés aux produits en provenance des régions et des pays en développement tournés vers l’exportation.  Le Cycle de Doha doit également reconnaitre les déséquilibres persistants entre pays développés et en développement, a dit M. Wolfe.


Mme IRINA MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a insisté sur l’importance du commerce pour les pays en développement et pour le dynamisme de l’économie mondiale.  Elle a noté avec regret qu’il ne sera pas possible de parvenir à un accord dans le cadre des négociations commerciales de Doha d’ici à la fin de l’année.  La représentante a indiqué que la Fédération de Russie espère que la réunion de l’OMC qui aura lieu en décembre à Genève (Suisse) va permettre aux différents pays de faire preuve de motivation en ce qui concerne le bouclage des négociations de Doha.  Elle a notamment estimé qu’il fallait supprimer les mesures de préférence nationale sur certains produits.  Concernant les prix des matières premières, elle s’est dite favorable à la création de marchés pouvant assurer la stabilité et la prévisibilité des cours des matières premières.  Ces marchés devraient prendre en compte les intérêts des producteurs et des consommateurs, et notamment ceux des pays en développement.


M. JOÃO LUCAS QUENTAL DE ALMEIDA (Brésil) a rappelé le rôle essentiel des revenus tirés du commerce pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et s’est dit préoccupé par les perspectives de l’économie mondiale, non seulement cette année, mais aussi pour 2012.  L’état de l’économie mondiale dépend de la façon dont vont évoluer les économies des pays développés, a-t-il souligné.  Il a appelé l’ensemble des institutions internationales à promouvoir une meilleure coordination des politiques afin de mieux répondre à la crise.  Il a dit que le Brésil est impatient de voir dans quel sens s’orientera la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement dont les travaux sont prévus à Doha en avril prochain, et il a réaffirmé l’engagement du Brésil en faveur d’un commerce multilatéral, ouvert et équitable. 


M. De Almeida a exprimé l’inquiétude de sa délégation concernant l’impact des variations de taux de change sur le commerce mondial, un impact qui est dû à l’adoption de politiques monétaires nationales expansionnistes par certains États.  Cela se traduit par des ajustements douloureux en termes de production et de consommation dans les économies les plus vulnérables, a souligné le représentant.  Afin de clarifier les relations complexes entre taux de change et commerce, le Brésil soutient les initiatives et discussions qui doivent avoir lieu sur la question, a dit le représentant.  Il a réitéré l’engagement de son pays en faveur d’une conclusion du Cycle de Doha qui se fasse de manière équilibrée et ambitieuse, notamment en procédant à l’élimination des subventions à l’exportation de leurs produits agricoles et à celle des mesures douanières injustes que pratiques des pays développés au détriment des États du Sud.  Il a dit que le Brésil plaçait beaucoup d’espoirs dans la prochaine réunion de l’OMC, prévue du 15 au 17 décembre à Genève.  Il espère que des discussions concrètes sur le Cycle de Doha auront lieu, car il est important d’envoyer un message clair sur cette question.   


Mme ILEIDIS VALIENTE (Cuba) a exprimé la préoccupation de Cuba concernant l’état actuel et futur du système commercial mondial, qui se trouve à une croisée des chemins.  Elle a jugé « décourageante » l’impasse dans laquelle sont les négociations du Cycle de Doha, en dépit des réunions et discussions innombrables qui se sont tenues.  Le discours des pays développés ne se traduit pas par des avancées concrètes, a-t-elle relevé.  La représentante a insisté sur l’importance pour les pays en développement d’accéder au commerce mondial afin de s’intégrer dans les échanges de la mondialisation et de réaliser leur développement.  Elle a déploré que certains pays imposent leur vision discriminatoire sur les échanges commerciaux et continuent de poser des  barrières protectionnistes aux échanges commerciaux, alors que l’économie mondiale a atteint un point d’incertitude et que le partage des fruits de la croissance ne se traduit pas dans les faits.  Elle a notamment demandé la levée des barrières tarifaires et des mesures commerciales unilatérales pratiquées par les États-Unis contre Cuba. 


M. SERGEI SERGEEV (Bélarus) a noté que la mise en place d’un système commercial international juste devrait se faire sous la coordination des Nations Unies.  Il a affirmé que, pour que le Cycle de négociations commerciales de Doha puisse se conclure de manière positive, il faudrait que les gouvernements fassent preuve d’une volonté politique affirmée.  Il a souligné que le Bélarus est intéressé par la multiplication d’initiatives visant à reformer l’architecture économique mondiale afin de la rendre durable.  Le représentant a ensuite insisté sur l’importance de la suppression des barrières tarifaires en faveur des produits provenant des PMA, ajoutant que cela renforcerait les efforts des gouvernements desdits pays, dans leur volonté de lutter contre la pauvreté. 


Le représentant a estimé que le protectionnisme est une pratique d’autant plus pernicieuse qu’elle vise des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.  Il a, en outre, indiqué que les sanctions et mesures de contraintes, prises à l’encontre de certains États, ne sont pas indiquées dans un contexte mondiale de crise.  « Ce genre de mesures viole les principes de la Charte des Nations Unies et les règles du commerce international », a expliqué le représentant.  Il a ajouté que son pays a été sanctionné par les Nations Unies, à partir d’une décision politiquement motivée et poussée par les États-Unis, pour essayer de faire pression sur le Bélarus.  Il a estimé que des mesures de ce type ne peuvent contribuer au renforcement du système commercial international.


Mme VIPLOVE THAKUR (Inde) a rappelé que le déclin que le commerce international a connu en 2008 et 2009, a été suivi par une légère reprise en 2010.  Elle a relevé que la crise de la dette souveraine en Europe, ajoutée à des indicateurs négatifs venant des grandes économies mondiales, notamment des États-Unis, d’Europe et du Japon, sont autant de sujets d’inquiétude.  « Éviter le protectionnisme et augmenter l’accès aux marchés pour les produits des pays en développement, seraient des mesures opportunes à prendre dans ce contexte », a indiqué Mme Thakur.  


Elle a ensuite souligné que « transformer le dynamisme commercial en opportunité de création d’emplois demeure un défi majeur du développement ».  Cela est notamment vrai dans le contexte actuel où 205 millions de personnes ont perdu leur emploi, rien qu’au cours de l’année 2010.  La représentante a, en outre, remarqué que du fait des contraintes structurelles auxquelles ils sont soumis, les pays les moins avancés sont dépendants du commerce et des revenus qu’ils peuvent en tirer pour se développer.  Malgré cette réalité, a-t-elle regretté, ces pays ne participent qu’à hauteur de 1% au commerce international.  Elle a, de ce fait, invité les pays développés à mettre en place des mesures favorisant la participation des PMA au commerce international.  Notamment en ouvrant leurs frontières aux produits des PMA, et aussi, par la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha, qui apparaît comme un outil pouvant transformer le commerce international en puissant levier de développement.


M. CHEN JIANPING (Chine) a noté que la reprise économique mondiale est lente, que le processus de Doha fait du sur place, et que le protectionnisme commercial est en augmentation.  Le risque de voir cette situation perdurer est une grande source de préoccupation, a souligné le représentant.  Il a appelé la communauté internationale à œuvrer en faveur d’une conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha afin d’établir un commerce international plus équitable et de réduire les différends commerciaux entre pays.  La Chine réaffirme qu’elle est contre toutes les formes de protectionnisme commercial, car cette pratique fausse le jeu du commerce mondial.  La Chine est également contre toute tentative de politisation du commerce qui crée des différends entre pays, a précisé le représentant.  Il a demandé à la communauté internationale de faire des efforts afin de faire évoluer le commerce mondial en y intégrant mieux les pays en développement, ce qui leur permettrait de mobiliser les revenus dont ils ont besoin pour financer leur développement économique.  Le représentant a exprimé le soutien de son pays aux PMA.


M. GODKNOWS BOLADEI IGALI (Nigéria) a indiqué que les pays en développement sont frustrés face au blocage du Cycle de négociations commerciales de Doha, alors que dans le même temps, ces pays essayent de mettre en place des réformes dans leur politique commerciale.  Il a émis le vœu que le Cycle de négociations commerciales de Doha soit conclu, afin, a-t-il noté, que les pays en développement puissent intégrer la mouvance de croissance du commerce international, et pour que les inégalités du système commercial actuel prennent fin.  Il a relevé que le Nigéria ambitionne de voir son économie s’intégrer dans le système commercial mondial.  À ce propos, a souligné M. Igali, son pays a progressivement libéralisé son économie afin de promouvoir la concurrence et renforcer la compétitivité des industries nationales, tout en participant aux diverses négociations ayant un rapport avec le commerce international.  Le Nigéria a également engagé des programmes afin de renforcer son agriculture, qui contribue désormais au produit intérieur brut du pays à hauteur de 7%, a indiqué le représentant.  Il a invité la communauté internationale à renforcer l’aide consacrée aux programmes commerciaux, dans un cadre à la fois bilatéral et multilatéral.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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