AG/EF/3313

Des intervenants au débat de la Deuxième Commission exhortent la communauté internationale à créer des conditions favorables à la fin de la pauvreté

17/10/2011
Assemblée généraleAG/EF/3313
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

13e & 14e séances – matin & après-midi


DES INTERVENANTS AU DÉBAT DE LA DEUXIÈME COMMISSION EXHORTENT LA COMMUNAUTÉ

INTERNATIONALE À CRÉER DES CONDITIONS FAVORABLES À LA FIN DE LA PAUVRETÉ


Ils insistent sur le besoin d’autonomisation économique des femmes

et de renforcement des capacités, en cette Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté


Alors que la communauté internationale commémorait la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a examiné le point de son ordre du jour relatif à l’élimination de la pauvreté et à d’autres questions liées au développement.  Dans ce cadre, la Commission a aussi débattu de la participation des femmes au développement et de la mis en valeur des ressources humaines.


L’éradication de la pauvreté demeure l’un des défis majeurs posés à la communauté internationale à 4 années de la date butoir de 2015, qui est celle agréée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Les États Membres s’étaient engagés, en l’an 2000, à réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population mondiale dont le revenu quotidien est inférieur à 1 dollar par jour.  En 1990, 1,8 milliard de personnes vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour, contre 1,4 milliard en 2005.  Selon des projections récemment actualisées de la Banque mondiale, le taux global de pauvreté à travers le monde devrait passer en dessous de 15% de la population mondiale d’ici à 2015, ce qui montre que cet OMD est réalisable si on y met les moyens et la volonté politique.


Des délégations de la Deuxième Commission ont néanmoins exprimé leur inquiétude face à la situation économique actuelle, qui mine les efforts déployés par les pays pour réaliser l’objectif de réduire de moitié le nombre des personnes vivant en dessous de l’indice de pauvreté dans le monde, qui est le premier des OMD.  S’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), le représentant du Népal a cité les chiffres « alarmants » de la pauvreté dans les PMA au cours de la période allant de 1990 à 2005, et il a relevé qu’au rythme actuel, il faudrait plus de 88 ans pour éradiquer la pauvreté.  Pour le délégué de l’Indonésie qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), la situation s’empire du fait de la volatilité des prix des denrées alimentaires et des impacts des changements climatiques.


Dans le cadre des solutions à adopter pour mettre fin à la pauvreté, des délégations ont évoqué la nécessité d’un plus grand rôle pour les femmes, notamment dans le secteur économique.  Pour le représentant de l’Australie, la mise en place de l’égalité des genres est un impératif pour la promotion du développement.  Il a rappelé que son pays est le cinquième plus grand contributeur au budget d’ONU-Femmes.  C’est dans cette optique de renforcement du rôle de la nouvelle entité onusienne que le représentant de la République-Unie de Tanzanie a regretté le fait que les efforts consentis, par la communauté internationale, pour la mise en place d’ONU-Femmes, ne soient pas récompensés aujourd’hui, au vu de la faiblesse des allocations budgétaires fournies à la nouvelle entité.  


D’autres solutions ont été évoquées pour mettre fin à la pauvreté dans le monde.  S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Argentine a, pour sa part, souligné l’importance des échanges commerciaux pour éradiquer la pauvreté.  Il a plaidé pour la promotion des produits des pays en développement et pour leur accès aux marchés des pays riches, et a également cité le transfert de technologie comme un moyen d’accélérer la croissance des pays en développement.  La représentante de l’Organisation internationale pour les migrations a noté que si les transferts de fonds effectués par les travailleurs migrants vers leurs pays d’origine, à travers des canaux officiels, s’élevaient à 325 milliards de dollars en 2010, ces fonds représentaient toutefois le couvert, les frais de scolarité, ou encore les frais de soins et de médicaments des millions de membres des familles que font vivre les migrants.  


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 18 octobre à 15 heures, en organisant un évènement spécial sur le thème de « l’autonomisation des peuples, un modèle de paix ».


ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT


a) Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) ( A/66/221 )


Ce rapport est soumis en application de la résolution 65/174 de l’Assemblée générale sur la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017), texte qui priait le Secrétaire général de présenter un rapport sur l’application de la résolution conformément au thème « Plein emploi et travail décent pour tous ». 


Dans ce rapport le Secrétaire général examine les problèmes que posent l’élimination de la pauvreté et certaines mesures de politique générale parmi les plus importantes à cet égard.  Il met également en relief le niveau croissant de cohérence des politiques menées dans le cadre de la deuxième Décennie et décrit les efforts déployés en faveur du renforcement de la coordination à l’appui du Pacte mondial pour l’emploi et de l’Initiative pour une protection sociale minimale. 


Pour atteindre celui des Objectifs du Millénaire pour le développement  (OMD) qui concerne la pauvreté, indique le rapport, il faut une action coordonnée qui aboutisse à une croissance économique soutenue, partagée et équitable et encourage le développement durable.  À cet égard, ajoute le Secrétaire général, des politiques macroéconomiques qui favorisent la création d’emplois productifs et soutiennent une protection sociale accrue revêtent une importance cruciale.  L’investissement dans l’agriculture et la promotion du développement rural sont des dimensions importantes de la croissance qui peuvent également aider à réduire la pauvreté et à améliorer la sécurité alimentaire, estime le rapport.


Le Secrétaire général invite l’Assemblée générale à encourager la communauté internationale à continuer à soutenir les efforts nationaux en faveur de l’élimination de la pauvreté en créant un environnement international favorable et en assurant une plus grande cohérence entre les politiques macroéconomiques, commerciales et sociales; et à engager les États Membres à continuer à soutenir le plan d’action, à l’échelle du système de l’ONU, de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté et les efforts connexes en faveur du plein emploi et du travail décent pour tous.  Enfin, M. Ban exhorte également l’Assemblée générale à trouver des arrangements et mécanismes pour atteindre les objectifs du Fonds de solidarité mondial dans le cadre des activités et initiatives complémentaires déjà entreprises par le système des Nations Unies.


b) Rapport du Secrétaire général sur la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans les stratégies nationales de développement ( A/66/219 )


En application de la résolution 64/217 de l’Assemblée générale relative à la participation des femmes au développement, ce rapport porte principalement sur la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans les stratégies nationales de développement, soutenues par le système des Nations Unies et les pays donateurs.  Il met en avant la nécessité d’une budgétisation qui favorise l’égalité des sexes et la présente comme une bonne pratique à cet égard.


L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont essentielles à la réalisation des objectifs de développement arrêtés au niveau mondial, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), relève le rapport.


Le Secrétaire général indique qu’au-delà de la sensibilisation, du renforcement des capacités et des activités de formation, des efforts concertés sont nécessaires pour incorporer efficacement la problématique hommes-femmes dans les politiques et stratégies nationales de développement.  Il ajoute qu’une budgétisation tenant compte de la problématique hommes-femmes est un outil efficace mis au point pour garantir l’allocation de ressources suffisantes à la réalisation des objectifs d’égalité entre les sexes.  Parlant du rôle des Nations Unies et des donateurs dans l’autonomisation des femmes, M. Ban estime que l’accent devrait être mis sur la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans les activités de coopération pour le développement, en s’appuyant notamment sur l’appropriation par les pays des initiatives existant dans ce domaine.


Le Secrétaire général invite l’Assemblée générale à demander aux États Membres et à tous les acteurs concernés de tenir systématiquement compte de la problématique hommes-femmes dans la formulation, l’exécution, le suivi et l’évaluation de toutes les stratégies et politiques, ainsi que dans l’élaboration et l’exécution des plans sectoriels nationaux de développement, et de garantir l’harmonisation des plans d’action nationaux avec les stratégies nationales en faveur de l’égalité des sexes et du développement.  Le rapport soumet également à l’Assemblée générale l’option de suggérer aux États d’élaborer et adopter des mécanismes de mesure efficaces pour contrôler et suivre les fonds alloués par les gouvernements, les Nations Unies, et les donateurs à la réalisation des objectifs visant l’égalité des sexes.


c) Rapport du Secrétaire général sur la mise en valeur des ressources humaines ( A/66/206 )


Ce rapport fait suite à la résolution 64/218 de l’Assemblée générale, relative à la mise en valeur des ressources humaines.  Il donne un aperçu des effets de la crise financière et économique mondiale sur la mise en valeur des ressources humaines et parle des enseignements tirés des expériences nationales pour prévenir et surmonter les effets négatifs de la crise.  Il analyse également les problèmes et les possibilités qui se font jour au niveau national en matière de mise en valeur des ressources humaines.  Dans ce rapport, le Secrétaire général cite des exemples de stratégies nationales de soutien et de mise en valeur des ressources humaines.


Le rapport souligne le rôle de la communauté internationale, y compris celui du système des Nations Unies et des administrations nationales et autres, comme le secteur privé, dans la promotion de la mise en valeur des ressources humaines et prévoit des recommandations concernant des mesures à prendre à un stade ultérieur.


La mise en valeur des ressources humaines joue un rôle fondamental dans le développement économique, social et environnemental, souligne le Secrétaire général.  Une main d’œuvre compétente, bien formée, en bonne santé, capable, productive, adaptable et dotée de connaissances sur les nouveaux secteurs de l’économie et de l’emploi, constitue le fondement d’une croissance économique et sociale durable des pays, ajoute-t-il dans le rapport.  Le Secrétaire général relève aussi que plusieurs pays en développement éprouvent encore des difficultés à mettre en valeur suffisamment de ressources humaines pour répondre à leurs besoins économiques et sociaux.  


Le Secrétaire général invite l’Assemblée générale à suggérer aux gouvernements de placer les activités de mise en valeur des ressources humaines au centre du développement économique et social, et de prendre des mesures efficaces en la matière, de manière à réduire rapidement et considérablement la part de la population dont le travail est peu productif.  Il stipule dans ce rapport que les gouvernements devraient mieux aligner les systèmes d’éducation et de formation sur les besoins du marché du travail.  Les programmes scolaires et les programmes de formation professionnelle doivent être mis à jour régulièrement, et en étroite consultation avec les entreprises, note-t-il dans le rapport.


En outre, le Secrétaire général invite l’Assemblée générale à encourager les États Membres en ce qui concerne la nécessité du renforcement des efforts nécessaires pour réduire les obstacles à l’emploi, en particulier ceux auxquels se heurtent les femmes.  Il invite également les donateurs à envisager d’allouer une plus grande part de l’aide publique au développement à la mise en valeur des ressources humaines et de réfléchir à la manière dont l’aide sectorielle pourrait mieux aider à assurer cette mise en valeur.


Déclarations après la présentation des rapports


Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a regretté le fait que les efforts consentis, par la communauté internationale, pour la mise en place d’ONU-Femmes, ne soient pas récompensés aujourd’hui, au vu des allocations budgétaires fournies à la nouvelle entité. 


Mme LAKSMI PURI,Sous-Secrétaire générale chargée de l’appui intergouvernemental et des partenariats stratégiques à ONU-Femmes, a relevé que les prévisions budgétaires d’ONU-Femmes sont de 300 millions de dollars pour l’année 2011, 400 millions pour 2012, et 500 millions pour 2013.  Elle a précisé que pour l’année en cours, 213 millions ont été collectés sur les 300 millions qui étaient souhaités, à la fois au titre des ressources de base et des contributions volontaires.  Elle a notamment salué les pays qui ont versé des contributions à ONU-Femmes, y compris, a-t-elle précisé, des pays en voie de développement.  Elle a précisé que 106 États Membres au total, ont fait des contributions à ONU-Femmes cette année.  Mme Puri a estimé, à la suite de la réaction du représentant de la République de Tanzanie, que la volonté politique clamée par la communauté internationale envers ONU-Femmes devrait se manifester par le versement d’allocations de fonds à cette nouvelle entité par les États Membres.


Débat général


M. MARCELO SUAREZ SALVIA (Argentine), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que la pauvreté était un phénomène très complexe, lié non seulement à de faibles revenus mais à un manque de développement dans des secteurs comme l’emploi, l’éducation, le logement, la santé et la nutrition.  Il a noté que les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté ont été irréguliers et lents au cours de la première décennie de lutte contre la pauvreté, particulièrement en ce qui concerne les pays les moins avancés (PMA) et la région de l’Afrique subsaharienne.  La faiblesse de ces progrès se manifeste aussi sous la forme de poches de pauvreté dans les pays à revenus intermédiaires, dit M. Salvia.  La crise économique actuelle ajoute encore aux défis de l’éradication de la pauvreté, tels que formulés dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.  L’échéance de 2015 pour la réalisation de ces Objectifs est en péril, a-t-il souligné, pour conclure que d’avantage doit être fait dans la lutte contre la pauvreté, en termes de financement du développement, de politiques de l’emploi et de développement du secteur agricole.  Il a exhorté, à ce titre, les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).


Le représentant a aussi souligné l’importance des échanges commerciaux pour éradiquer la pauvreté, plaidant pour la promotion des produits des pays en développement et pour leur accès aux marchés des pays riches, et a également cité le transfert de technologie comme un moyen d’accélérer la croissance des pays en développement.  M. Salvia a indiqué que le Groupe des 77 et de la Chine appelle également les Nations Unies à maximiser l’utilisation des instruments de la microfinance, comme le microcrédit, et qu’il appuie le Pacte mondial pour l’emploi.  M. Salvia a, par ailleurs, évoqué l’importance du développement, de l’autonomisation des femmes et d’une meilleure éducation en leur faveur comme étant des points essentiels pour parvenir à la réduction de la pauvreté et a jugé que le Fonds de solidarité mondial était à cet égard un outil primordial.  


M. SHANKER D. BAIRAGI (Népal), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a cité les chiffres « alarmants » de la pauvreté au cours de la période allant de 1990 à 2005, qui a vu passer de 1,8 à 1,4 milliard le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar US par jour, ce qui signifie qu’il faudrait plus de 88 ans pour éradiquer la pauvreté à un rythme aussi lent.  Il a exhorté la communauté internationale à faire des efforts substantiels pour libérer le monde de la pauvreté et de la faim, rappelant que les PMA ne sont pas en mesure de financer seuls leur développement.  Ces pays ont vu leur situation se dégrader sous l’effet de chocs endogènes et exogènes, entre crises multiples et impacts des changements climatiques, si bien qu’en dépit de leurs efforts, les PMA ne seront pas en mesure d’éradiquer la faim et la pauvreté dans un avenir proche, a dit M. Bairagi. 


Le plan d’action pour la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté a identifié l’emploi et la protection sociale comme des éléments clefs pour l’éradication de la pauvreté, a-t-il rappelé.  Il a cité les chiffres du Secrétaire général évaluant à 49 milliards de dollars US par an le coût de financement d’un seuil minimum de protection sociale pour les 49 PMA, un chiffre qui est plus élevé que le montant total de l’APD que reçoivent les PMA.  Le représentant a plaidé pour une aide au développement des stratégies de ressources humaines dans les PMA et a estimé que les objectifs d’éradication de la pauvreté, tels que formulés dans le Programme d’action d’Istanbul, étaient à la portée de la communauté internationale.  « Nous autres PMA sommes engagés à jouer notre rôle, mais il devrait aussi y avoir plus de solidarité et de soutien de la communauté internationale», a-t-il plaidé.  Il a aussi jugé que l’instauration d’un fonds de solidarité mondial sera une étape importante dans la manière d’allouer des ressources pour éradiquer la pauvreté.


M. YUSRA KHAN (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a déploré que malgré la croissance économique des dernières années et la baisse de l’extrême pauvreté, trois quarts des hommes, femmes et enfants, en particulier dans les pays les moins avancés vivent avec moins de deux dollars par jour.  La situation s’empire avec la volatilité des prix des denrées alimentaires et les crises climatiques dont les phénomènes impactent négativement la vie des personnes et menacent la sécurité, a-t-il ajouté, estimant aussi que le problème de la dette présente un autre obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Dans ce contexte, le représentant a appelé à une meilleure coordination et participation de tous les acteurs du développement aux efforts à déployer, tout en soulignant la nécessité de promouvoir la connectivité régionale, en particulier dans les domaines des infrastructures, du commerce, et des technologies de l’information et de la communication.


Le représentant a aussi indiqué que l’ANASE demeure préoccupée par la volatilité des prix des denrées alimentaires, qui pose un sérieux défi à l’éradication de la pauvreté.  Dans ce contexte, l’ANASE considère qu’il faut s’attaquer aux causes profondes de cette volatilité et appelle à l’adoption de politiques appropriées et cohérentes de gestion des risques causés par cette volatilité.  Sur le plan régional, l’ANASE parachève l’élaboration de son plan d’action 2011-2015 en faveur du développement durable, qui prend notamment en compte la question de la sécurité alimentaire et des changements climatiques, a ensuite indiqué M. Khan.


Par ailleurs, le représentant a estimé qu’il est primordial que les pays les moins avancés puissent accéder aux marchés internationaux.  En d’autres termes, a-t-il précisé, les quotas et exceptions de tarifs douaniers contribueront à accroître les revenus des exportations des PMA et faire en sorte que le commerce international les aide dans leur développement.  De la même façon, les pays développés doivent respecter leur engagement de consacrer 0.7% de leur produit intérieur brut (PIB) au développement.  Dans le domaine de la sécurité sociale, M. Kahn a déclaré attendre la mise en œuvre d’initiatives stratégiques qui assisteraient les pays en développement à améliorer la couverture de leurs systèmes de protection.  Dans ce cadre, il s’est déclaré favorable à l’échange d’information et de bonnes pratiques dans ce domaine.


Mme GRETA GUNNARSDÓTTIR (Islande), s’exprimant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a indiqué que des avancées dans la lutte contre la pauvreté à travers le monde sont visibles ces dernières années.  Elle a cependant noté que plus d’efforts doivent être concentrés sur la manière de transformer la croissance économique en facteur de réduction de la pauvreté.  Elle a ajouté que la croissance durable et la réduction de la pauvreté sont liées par des facteurs comme les conflits et les changements climatiques, de même que l’accès à des sources énergétiques à moindre coût.  La représentante a souligné que l’égalité des genres apparaît comme un facteur de réduction de la pauvreté et de développement.  Elle a, de ce fait, souhaité que les femmes soient impliquées dans tous les processus de prise de décisions ayant trait à des questions qui les concernent.


M. ALMOUTAZ AHMED IBRAHIM (Soudan) a indiqué que la crise économique mondiale et les changements climatiques, ainsi que la hausse des prix des produits alimentaires, sont autant de facteurs ayant un impact particulier sur la lutte contre la pauvreté.  Il a estimé que le renforcement des programmes agricoles est important pour l’élimination de la pauvreté.  Il a noté également que la fin de la pauvreté et de la faim passe par une révolution verte en Afrique.  À ce propos, a-t-il déclaré, le Soudan a engagé une campagne dans le secteur agricole, qui est le plus important de l’économie du pays.  Il a évoqué des obstacles, tels que la désertification et les changements climatiques, qui sont des freins au développement de l’agriculture au Soudan.  Il a indiqué que la dette extérieure du Soudan, soit 38 milliards de dollars, pèse sur l’économie du pays, et a regretté que, malgré les efforts du pays, le Soudan n’ait pas bénéficié des initiatives de réduction de la dette.  Il a enfin souhaité que la mise en place de la deuxième Décennie de lutte contre la pauvreté permette d’atteindre des résultats plus probants, notamment, a-t-il insisté, en investissant sur l’agriculture.  


M. JOÃO LUCAS QUENTAL NOVAES DE ALMEIDA (Brésil) a estimé qu’à l’approche de l’échéance de 2015 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, l’éradication de la faim et de la pauvreté doit rester au cœur des efforts internationaux et nationaux de promotion du développement.  Des progrès réguliers dans l’agenda du développement ne sont pas possibles sans régler de façon prioritaire les défis posés par la pauvreté et la faim, a estimé M. De Almeida.  Il a souligné qu’un soutien international est essentiel pour s’assurer que les pays en développement, et surtout les PMA, ont assez de marges de manœuvre budgétaires et stratégiques pour établir des mesures efficaces et en accord avec leurs priorités nationales.  Il s’est inquiété, à ce titre, que les pays développés n’honorent pas leurs engagements en matière d’APD.  Le Brésil juge toujours possible l’éradication de la pauvreté d’ici à 2015, a dit le représentant.  Mais a souligné que beaucoup dépendra de la portée et de l’impact de la crise économique dans les pays développés.  Il a appelé à la mise en œuvre de politiques inclusives pour l’emploi et la protection sociale, avec une attention particulière portée aux populations les plus vulnérables, comme les femmes, les enfants et les minorités.  Le Brésil réaffirme le rôle important du Pacte mondial pour l’emploi, élaboré par l’Organisation internationale du Travail, et souhaite que ce Pacte soit intégré d’avantage dans les programmes des agences et programmes des Nations Unies, a dit le représentant qui a jugé important de poursuivre des efforts, coordonnés via ONU-Femmes, pour lutter contre la discrimination entre les sexes.


M. FARIS AL OTAIBI (Arabie saoudite) a regretté qu’en dépit des efforts de la communauté internationale, la pauvreté ne cesse d’augmenter dans le monde.  Il a rappelé qu’en 1981, 24 pays étaient classés dans la catégorie des pays les moins avancés, alors qu’en janvier 2011, cette liste est passée à 48, quatre pays seulement étant sortis de ce classement depuis sa mise en place.  Il a ensuite relevé que la crise économique mondiale actuelle a conduit à la réduction de l’assistance des pays industrialisés à l’endroit des pays en développement.  Il a invité les donateurs à respecter leurs engagements et à fournir l’APD selon les quotas arrêtés qui sont de 0,7% du PIB des pays industrialisés.  Il a affirmé que le Royaume d’Arabie saoudite accorde une place importante à la lutte contre la pauvreté.  Il a ainsi évoqué les aides accordés par son pays au Programme alimentaire mondial, qui s’élèvent cette année à 500 millions de dollars, et les allègements de dette consentis par l’Arabie saoudite, à hauteur de 6 milliards de dollars.


M. TAUHEDUL ISLAM (Bangladesh) a déclaré que pendant que les travaux de la Commission se tiennent en ce jour de commémoration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, 1 milliard de personnes iront se coucher ce soir sans avoir mangé.  Il a relevé que les femmes et les enfants sont les segments les plus touchés par ce phénomène, et a estimé qu’on pourrait utiliser pour les désigner, légitimement, l’expression de « groupe humain en danger », en référence à l’expression « espèce en voie de disparition » utilisée pour le règne animal par les écologistes.  Le représentant a ensuite invité les pays industrialisés à respecter leurs engagements en matière d’aide au développement, et il a aussi souhaité la prise de mesures plus radicales d’allègement de la dette, afin a-t-il dit, de permettre aux pays en développement de dégager des fonds pour leurs programmes de développement.  M. Islam a, en outre, suggéré la vulgarisation du microcrédit qui, selon ses termes, est une option pour combler le déficit qui se pose face à l’importante demande de financements dont ont besoin les pays les plus défavorisés et les couches de population les plus pauvres.  Il a averti que cette option ne devrait pas servir à exploiter de nouveau les pauvres.  


M. WANG QUN (Chine) a estimé que la pauvreté était une préoccupation pour la communauté internationale dans son entier.  Il a noté que 1,4 milliard de personnes vivent toujours « dans une pauvreté abjecte », la plupart d’entre elles dans les pays en développement, alors que ceux-ci font face à des difficultés aggravées par la crise économique, la volatilité des prix des denrées alimentaires, les changements climatiques et les conflits régionaux.  Il a appelé à des efforts supplémentaires de la communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté, citant notamment: une meilleure coordination des politiques macroéconomiques qui permette de promouvoir une croissance durable inclusive, des actions concrètes de la part des pays riches, l’inscription de la réduction de la pauvreté dans l’agenda politique national des pays en développement et de meilleures conditions de vie pour les femmes et les enfants.


La Chine, a rappelé son représentant, a réduit de plus de 200 millions depuis 1978 le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté et est engagée à éradiquer la pauvreté persistant encore au niveau national, quelque 150 millions de personnes vivant toujours en Chine en dessous du seuil de pauvreté, via un plan décennal de développement.  Concernant les femmes, il a rappelé que ces dernières restent une population vulnérable qui représente la majorité des populations pauvres et les deux tiers des 800 millions d’illettrés dans le monde.  Il a dit que la Chine apprécie les efforts d’ONU-Femmes et des autres entités des Nations Unies pour apporter une perspective sur l’égalité des genres dans les stratégies nationales de développement de tous les pays, la Chine œuvrant elle-même pour intégrer cette question dans son système légal et ses politiques publiques.


Mme DAW MAW MAW (Myanmar) a souligné que la pauvreté est un problème complexe qui va au-delà du critère du revenu monétaire, et a elle vu dans le nouveau Programme décennal des Nations Unies d’éradication de la pauvreté (2008-2017) un signe clair de reconnaissance que ce problème reste l’un des principaux défis qui se pose à la communauté internationale.  Elle s’est dite satisfaite qu’en dépit des difficultés associées aux multiples crises, l’extrême pauvreté ait décliné au niveau mondial, mais s’est inquiétée de la hausse des niveaux de pauvreté dans les PMA.  « Il faut promouvoir la croissance économique au moyen de changements structurels », a-t-elle indiqué, citant notamment l’amélioration de la productivité de l’agriculture, l’apport d’investissements dans le secteur rural, et une meilleure participation au commerce international.  Elle a cité le cas du Myanmar, où 70% de la population vivent en milieu rural, et dont l’amélioration du secteur agricole est un chantier clef, sachant que le taux de pauvreté y a certes reculé ces dernières années, passant de 32% à 26%, mais y reste encore élevé.  Dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Myanmar veut faire baisser ce taux à 16% d’ici à 2015, a dit Daw Maw Maw.  La représentante a, en outre, fait remarquer que l’affaiblissement du dollar américain avait eu un impact négatif sur la monnaie du Myanmar, et a souligné que des mesures fiscales nationales et la microfinance avaient permis d’atténuer l’impact de ce problème.


Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) reprenant à son compte les conclusions du dernier rapport du Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) intitulé, « Une nouvelle ère de justice sociale », dans lequel il est indiqué que le manque de progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et plus particulièrement dans l’OMD relatif à la réduction de pauvreté, a prévenu qu’au regard de ces insuffisances, il faudra encore attendre « 88 années pour éliminer l’extrême pauvreté » dans le monde . 


« La priorité en matière d’efforts de lutte contre la pauvreté doit être accordée aux plus vulnérables et aux personnes marginalisées, tant sur le plan national qu’international », a-t-elle souligné, ajoutant que les crises multiformes qui secouent le monde, notamment la récession économique, ainsi que les changements climatiques, exacerbaient la condition critique des personnes les plus vulnérables.  Au nombre des mesures prises par le Gouvernement de Mongolie en vue de réduire la pauvreté figurent la promotion des politiques de l’emploi, une démarche qui a abouti à la création de milliers de nouveaux emplois, a précisé Mme Ochir.  Dans le secteur agricole, a poursuivi la représentante de la Mongolie, les réformes menées en Mongolie ont conduit à « une productivité agricole accrue et à une production agricole soutenue ».


Mme HANNA PROROK (Ukraine) a annoncé que son pays va allouer des fonds, à travers le système des Nation Unies, pour lutter contre la famine dans la corne de l’Afrique.  Elle a rappelé que l’Ukraine est pleinement engagée dans la réalisation de l’objectif n°1 des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui est relatif à l’élimination de la pauvreté.  À ce propos, elle a évoqué la mise en place du Programme pour les réformes économiques de l’Ukraine pour la période 2010-2014, qui a permis d’augmenter la qualité de vie des couches les plus défavorisées de la population ukrainienne.  L’index de pauvreté du pays a baissé de 2,3% en 2010, a révélé la représentante.  S’exprimant sur l’autonomisation des femmes, elle a souhaité la mise en place des politiques d’égalité des genres à l’échelle planétaire, et elle a insisté sur la protection des femmes et des jeunes filles contre le VIH-sida.


M. DAVID GOVRIN (Israël) a souligné que l’éradication de la pauvreté est un impératif du développement international et a rappelé que son pays s’était engagé, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, à aider à réduire de moitié la faim et la pauvreté dans le monde d’ici à 2015.  Il a appelé la communauté internationale à adopter une approche globale sur cette question, citant des secteurs comme ceux de la santé, de l’éducation, de l’agriculture durable, ou encore le développement des femmes et des enfants.  Il a cité sur ce point le centre de formation israélien Golda Meir International Training Center qui aide les femmes à participer de manière plus active, d’un point de vue politique et socioéconomique, aux affaires au sein de leur communauté et de leur pays.


M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) s’est dit préoccupé du fait que les efforts déployés à ce jour ne soient pas parvenus à réduire la pauvreté et le chômage, en particulier dans les PMA et en Afrique subsaharienne.  Il a réaffirmé l’importance cruciale des pactes mondiaux pour aider à la reprise économique et a salué le fait que soient intégrés l’emploi et des conditions de travail décentes dans le nouveau Programme décennal des Nations Unies d’éradication de la pauvreté.  Le Nigéria reconnaît l’importance de la protection sociale dans le développement, a dit le représentant en appelant les partenaires du monde développé à accroître leurs efforts pour apporter un soutien financier et technique dans ce domaine.  Concernant le développement de la condition des femmes, M. Onemola a apporté le soutien du Nig♪0ria à ONU-Femmes, jugeant que des efforts considérables doivent être faits en faveur de la promotion de la femme et faisant par ailleurs état d’une conscience accrue en Afrique pour l’amélioration des conditions de vie des femmes.  Il a plaidé pour que cette question soit intégrée d’avantage dans les politiques macroéconomiques nationales, tout comme le développement du secteur agricole. 


Mme VIPLOVE THAKUR (Inde) s’est félicitée du fait que le nombre de personnes, vivant avec moins de 1,25 dollar par jour à travers le monde, soit passé de 1,8 milliard en 1990 à 1,4 milliard en 2005, et devrait passer sous la barre des 900 millions de personnes d’ici à 2015.  Elle a tout de même regretté qu’en 2009 et 2010, plus de 160 millions de personnes sont retombées dans l’état de pauvreté, du fait de la crise économique internationale.  S’agissant de l’Inde, la représentante a annoncé que les prévisions laissent croire que son pays aura une croissance économique de 7,5% cette année.  Cette embellie devrait permettre, a-t-elle affirmé, de sortir 188 millions de personnes du cadre de la pauvreté d’ici l’année 2015, qui est la date butoir pour la réalisation des OMD. 


La représentante a ensuite évoqué le « Programme national Mahatma Gandhi de garantie de l’emploi rural », qui selon elle, est le plus large programme d’aide financière dans le monde.  Ce Programme garantit 100 jours de travail annuel à ceux qui en font la demande.  Mme Thakur a déclaré que l’Inde a placé la femme au centre de ses politiques de développement.  Ainsi, a-t-elle ajouté, la moitié des sièges des collectivités locales est attribuée aux femmes.  La représentante a ensuite invité les pays industrialisés à respecter leur engagement de verser 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement.  Elle a également invité la communauté internationale à accorder une plus grande attention aux pays en développement, notamment les PMA, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement.  Ella a enfin réaffirmé la volonté de l’Inde de partager son expérience de développement avec d’autres pays, notamment d’autres pays du Sud.


M. HENRY MAC-DONALD (Suriname), s’exprimant au nom des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est dit préoccupé par l’impact négatif de la crise économique sur la réalisation, dans les temps impartis, des Objectifs du Millénaire pour le développement, et a jugé « décevant » le niveau de la volonté politique internationale en matière d’éradication de la pauvreté et de la faim.  Il a souligné que la réalité du marché de l’emploi était contraire aux objectifs définis pour réduire la pauvreté, et que la hausse des prix des denrées alimentaires, ainsi que l’insécurité alimentaire, étaient une menace aux objectifs de réduction de la faim et de la pauvreté.  M. Mac-Donald a dit que la CARICOM renouvelle son engagement en faveur du développement de l’agriculture dans les pays de la région.  Il s’est aussi dit inquiet par le tarissement des investissements dans la santé, l’éducation et la formation, à cause de la crise.  Le représentant a suggéré une révision des critères de classement des pays à revenu intermédiaire, dont font partie les pays de la CARICOM, à l’exception d’Haïti, soulignant que la notion de vulnérabilité devrait leur être appliquée.  Il a aussi plaidé pour une meilleure intégration sociale des populations vulnérables, dont notamment les femmes, et a exhorté les pays riches à honorer leurs engagements en matière d’APD.


Mme URAWADEE SRIPHIROMYA (Thaïlande) a indiqué que son pays partage l’avis du Secrétaire général, selon lequel une croissance économique rapide est importante pour la réduction de la pauvreté.  Elle a ajouté que le Gouvernement de la Thaïlande est à pied d’œuvre pour assurer, entre autres, l’égalité des opportunités pour tous, l’éducation primaire et secondaire gratuite, et la couverture sanitaire universelle.  Afin de promouvoir la croissance économique, a noté la représentante, la Thaïlande a mis l’accent sur deux secteurs particuliers; l’agriculture et les petites et moyennes entreprises.  Elle a soutenu que les performances de ces deux secteurs sont étroitement liées aux revenus et à la survie de la majorité de la population au niveau communautaire.  Mme Sriphiromya a souligné que le Gouvernement thaïlandais a introduit la notion d’« économie créative » dans le 11e Plan national de développement économique et social, dans le but de voir des industries créatives créer plus d’emplois, et lutter ainsi contre la pauvreté.  Elle a ensuite évoqué la nécessité de l’intégration régionale dans l’éradication de la pauvreté, et elle a terminé son intervention en remerciant la communauté internationale pour le soutien apporté à son pays lors des récentes inondations qui l’ont touché.


M. FIRDAUS ABDULLAH (Malaisie) a souligné que son pays avait engagé une politique de transformation socioéconomique depuis 2009 au travers de divers programmes qui doivent hisser la Malaisie dans la catégorie des nations développées d’ici à 2020.  Il a plaidé en faveur d’une planification et d’une stratégie économiques adaptées à la situation de chaque pays pour pouvoir y bâtir une croissance durable.  Il a, à ce titre indiqué, que la Malaisie intensifiait les flux d’investissements dans le pays et était en bonne voie pour éradiquer la pauvreté rurale et urbaine, avec un taux de pauvreté actuellement à un niveau historiquement le plus bas, situé à 0,3% de la population.  La Malaisie, a ajouté son représentant, a aussi engagé un programme de coopération technique et d’échange d’expertises au niveau régional dans des domaines comme l’administration publique, la bonne gouvernance, les services de santé, l’éducation ou le développement durable.  Le pays a ainsi investi plus de 66 millions de dollars US dans ce programme au cours des cinq dernières années, programme qui a bénéficié à plus de 130 autres pays depuis son lancement en 1980. 


Mme DIANA AL-HADID (Jordanie), s’alignant sur le discours prononcé par le délégué de l’Argentine au nom du Groupe de 77 et de la Chine, a déclaré qu’éradiquer la pauvreté tout en soutenant le développement durable était un des défis majeurs auquel le monde contemporain doit faire face.  Plus d’1 milliard de personnes, dont beaucoup de femmes, vivent dans des conditions inacceptables de pauvreté, principalement dans les pays en voie de développement, a déploré Mme Al-Hadid.


La représentante a expliqué que son pays avait initié diverses politiques qui ont un impact positif sur l’emploi et les revenus de la population jordanienne.  Cette stratégie d’éradication de la pauvreté n’a pas oublié les femmes, en créant un environnement législatif stimulant en leur faveur, de plus grandes opportunités économiques pour elles, et en augmentant la proportion de femmes dans les instances économiques décisionnaires, ainsi que dans l’éduction et la formation.  Par ailleurs, la Stratégie nationale jordanienne pour le microcrédit a été reconnue pour sa capacité à réduire la pauvreté, que ce soit dans les domaines de la santé, de l’environnement, de l’éducation, de l’amélioration de la sécurité économique des travailleurs à bas revenus et de l’augmentation des opportunités d’emploi en zone rurale, a-t-elle conclu.


M. TEO ZI-MING (Singapour) a salué le fait que l’élimination de la pauvreté dans le monde soit désormais reconnue comme une question d’ordre moral, social et politique, ainsi qu’une priorité économique de la part de la communauté internationale.  Singapour s’engage à soutenir tout effort des Nations Unies en ce sens, a dit le représentant.  L’histoire de Singapour témoigne du fait que cette bataille contre la pauvreté peut être gagnée, a ensuite expliqué le représentant, qui a souligné le rôle que les différentes agences des Nations Unies ont joué dans le développement de son pays depuis 1959. 


Pour Singapour, certains principes sont la clef du succès du développement, notamment l’importance de l’éducation en tant que moteur de la mobilité sociale; garantir qu’il n’y a pas de laissés pour compte dans la société, c’est à dire que même les franges les plus vulnérables de la population doivent être prises en compte et leurs besoins fondamentaux satisfaits; et ensuite, qu’il est important de créer des partenariats régionaux et internationaux fonctionnels et efficaces.  À ce titre, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) a joué un rôle déterminant au niveau régional pour lutter contre les disparités socioéconomiques à travers le dialogue, le partage des meilleures pratiques et la mise en place de capacités, a dit M. Teo.  D’ici à 2015, ces efforts devraient permettre de créer la communauté économique de l’ANASE, ce qui donnera un nouvel élan au commerce, aux investissements et au développement dans la région, a-t-il encore précisé.  Singapour continue d’apporter de l’aide aux pays en développement par le biais de son Programme de coopération (SCP), a conclu le représentant.


M. YOUSSOUFOU JOSEPH BAMBA (Côte d’Ivoire) a déclaré que la crise économique et financière continue de contrarier les efforts destinés, en particulier dans les pays en développement, à promouvoir la croissance, en créant notamment une instabilité de l’économie, une chute des prix des matières premières d’exportation, la réduction des transferts financiers des travailleurs immigrés ou encore la raréfaction des ressources de l’aide publique au développement.  Dans un tel contexte, la mise en œuvre sans tarder des objectifs de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) revêt une pertinence accrue et commande de renforcer les synergies des activités d’appui des Nations Unies aux efforts nationaux et la cohérence des politiques de coopération des États Membres, de la société civile et des autres partenaires concernés, a ajouté le représentant.


Poursuivant son intervention, M. Bamba a rappelé que la Côte d’Ivoire émerge d’une crise profonde et doit faire face à plusieurs défis, dont celui de la reconstruction et de la relance économique.  Face à cette situation le Gouvernement ivoirien a élaboré un « plan national de développement » couvrant la période 2012-2015, soutenu par un plan présidentiel d’urgence doté de 90 millions de dollars.  Mais ces efforts du Gouvernement seraient vains sans le soutien des partenaires au développement, notamment la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou la Banque africaine de développement, a poursuivi le représentant ivoirien, avant de souligner que toutes ces actions ont permis à son pays de créer rapidement les conditions requises pour la relance économique.  M. Bamba a présenté les priorités des autorités de son pays, citant l’assainissement du cadre macroéconomique, le développement du secteur privé par l’investissement étranger, le lancement de grands chantiers d’infrastructures ou encore l’accélération de l’intégration régionale et l’émergence d’un système judiciaire fiable.


Mme AMINATOU AGADA (Niger) a relevé qu’en 2010, la population du Niger était estimée à un peu plus de 15 millions d’habitants, avec près de 4 habitants sur 5 vivant en zone rurale.  Ce contexte particulier du Niger, a souligné la représentante, met le pays dans une situation de défi permanent pour faire face à la pauvreté qui sévit dans les zones rurales.  Elle a indiqué que le Niger a adopté, en 2002, le Document stratégique de réduction de la pauvreté, qui a été révisé, et qui préconise des actions susceptibles de créer des emplois et des richesses, notamment en milieu rural.  La représentante a noté que le taux de croissance de 3,9% que le pays a connu entre 2002 et 2006, ne permet, malheureusement pas, de pouvoir lutter efficacement contre la pauvreté et de mettre fermement le Niger dans la trajectoire de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. FERNANDO FERNÀNDEZ-ARIAS (Espagne) a souligné l’importance de l’équilibre des conditions de vie entre hommes et femmes.  Il a aussi cité les priorités stratégiques de l’Espagne depuis ces dernières années en matière d’éradication de la pauvreté et d’une plus grande autonomisation des femmes.  L’Espagne a pour objectif d’assurer aux femmes une meilleure participation dans la vie économique et civique, a dit le représentant.  Il a aussi cité le lancement par le Gouvernement espagnol de politiques de santé publique à destination de ces dernières et une participation de son pays à des programmes internationaux de promotion de l’autonomisation des femmes, tout comme au financement d’organisations féministes. 


M. CHRISTOPHER JOHN STOKES (Australie) a souhaité la mise en place de mesures consacrant l’égalité des genres, qui est un facteur impératif pour la promotion du développement.  Il a indiqué que cet objectif est l’une des priorités des programmes de coopération de l’Australie.  Il a noté que l’Australie est le premier pays au monde à avoir désigné un ambassadeur chargé de la promotion de l’égalité des genres à travers le monde, et il a affirmé que son pays est le cinquième  plus grand donateur au budget d’ONU-Femmes.  Il s’est félicité que les donateurs et les organismes de développement prennent de plus en plus en compte l’aspect « genre » dans les programmes de développement, et il a invité les donateurs à augmenter leur contribution à ONU-Femmes.


M. ARSLANBEK UMETALIEV (Kirghizistan) a souligné les progrès accomplis par son pays concernant la réalisation de certains Objectifs du Millénaire pour le développement, citant en particulier la chute du taux de pauvreté, qui est passé de 33% à 3% de la population depuis la signature de la Déclaration du Millénaire.  Il a dit que son le Gouvernement kirghize apporterait tout son soutien à la mise en œuvre du cinquième programme de développement du pays, mené sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et qui porte sur la période 2012-2016.  Le représentant a aussi fait état de mesures budgétaires prises par le Gouvernement du Kirghizistan pour répondre aux besoins sociaux, redistribuer des revenus minima aux plus pauvres, et limiter l’impact de la hausse des prix alimentaires.  Mais ces efforts sont freinés par la crise économique, a-t-il regretté.  Il a aussi indiqué que le Kirghizistan était très engagé dans la poursuite de la lutte contre l’analphabétisme, dans le développement des ressources humaines, et dans l’autonomisation des femmes.  Il a ensuite indiqué que sa délégation souscrivait à la déclaration du Soudan, qui juge nécessaire de renforcer la FAO.


M. AMAN HASSEN (Éthiopie) a indiqué que les gouvernements du XXIe siècle seront jugés sur leurs résultats dans la réduction de la pauvreté.  Il a rappelé que l’Éthiopie connaît un taux de croissance à deux chiffres depuis 2004, avec sur le plan de la lutte contre la pauvreté, un taux de pauvreté qui est passé de 49,5% en 1995 à 29,2% en 2010.  Le représentant a néanmoins regretté que des obstacles tels que le manque de technologie de pointe et le manque de main d’œuvre qualifiée « minent » le développement des pays pauvres, qui ont de ce fait besoin de l’assistance des pays développés.  Il a ajouté qu’il n’y a rien de plus déshumanisant que de vivre dans la pauvreté, et il a indiqué que l’éradication de la pauvreté est non seulement un devoir moral, mais également un objectif digne d’intérêt pour l’humanité toute entière.


M. MOJTABA ALIBABAEE (République islamique d’Iran) a souhaité la prise de mesures concertées et concrètes pour éradiquer la pauvreté dans les pays en développement.  Il a relevé qu’un certain nombre de ces pays faisaient toujours face à l’heure actuelle à plusieurs problèmes et défis tels que l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire, un taux élevé de chômage, une dette colossale ou encore l’impact des changements climatiques.  La République islamique d’Iran estime que, dans des pays à fortes inégalités, la croissance n’aide pas du tout à réduire la pauvreté.  Au contraire, elle peut empirer la situation de pauvreté et les inégalités existantes.  Le développement doit donc être envisagé de manière inclusive et prendre en compte le développement social, économique et durable, a dit M. Alibabaee.  Il faut aussi développer d’avantage de politiques à l’attention des pauvres, et notamment créer des emplois.  


Mme TAPIWA MONGWA (Botswana) a estimé qu’en dépit des graves crises auquel le monde fait face aujourd’hui, les ressources et les capacités existantes sont suffisantes pour répondre à ces défis.  Elle a rappelé que l’extrême pauvreté a reculé à travers le monde, et elle a dénoncé les obstacles au développement de l’Afrique que sont: un commerce international non équitable, la perte de la compétitivité des produits d’Afrique sur les marchés internationaux, et le manque de ressources financières pour les projets de développement.  Elle a indiqué que les mesures de lutte contre la pauvreté prises au Botswana se déclinent à travers des programmes tels que la gratuité de l’éducation, des programmes de santé subventionnés, l’accès aux antirétroviraux, ou encore des programmes de prise en charge des enfants orphelins.


M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Ordre militaire souverain de Malte, a rappelé que la Charte constitutionnelle de l’Ordre Souverain de Malte souligne le besoin d’« exceller la solidarité envers tous ceux qui sont menacés de précarité ou d’exclusion ».  M. De Looz Karageorgiades a, de ce fait précisé que l’Ordre militaire souverain de Malte est engagé dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion depuis déjà 900 ans.  Le représentant a indiqué que l’Ordre militaire souverain de Malte intervient dans 120 pays, avec l’assistance de 80 000 bénévoles qui œuvrent sur le terrain dans le cadre de l’aide et du soutien humanitaire et de la lutte contre la pauvreté.


Mme AMBER BARTH, Organisation internationale du Travail (OIT), a exprimé l’appui de l’OIT aux recommandations du rapport A/66/221 et a réitéré le besoin d’une meilleure cohérence des politiques et d’une collaboration continue entre fonds et programmes au sein du système des Nations Unies, ainsi qu’avec la société civile et des partenaires tiers.  La création d’emplois décents est un axe central de l’éradication de la pauvreté, a-t-elle insisté. 


La représentante de l’OIT a souligné les tendances, très sombres pour l’emploi, qui prévalent en ce moment, tendances qui ont été exacerbées avec les crises économiques.  Or, l’absence de reprise du marché du travail affecte l’économie réelle et ses moteurs de croissance, comme la consommation nationale, a fait remarquer Mme Barth.  Une attention particulière doit être apportée à la qualité et pas seulement à la quantité des emplois à créer, a souligné sa représentante, qui a appelé à la transformation des modèles économiques qui engendrent de la pauvreté, afin d’aller vers d’avantage de justice sociale.  Le développement d’emplois décents nécessite en ce sens des politiques macroéconomiques stratégiques, tout comme une transition vers des économies vertes et durables requiert des politiques promouvant l’investissement et la création d’emplois verts, principes qui sont formulés dans le Pacte mondial pour l’emploi.


Mme MICHELE KLEIN SOLOMON, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a relevé que les transferts de fonds effectués par les travailleurs migrants vers leurs pays d’origine, à travers des canaux officiels, s’élevaient à 325 milliards de dollars en 2010.  Elle a souligné que ces fonds représentent parfois le couvert, les frais de scolarité, ou encore les frais de soins et de médicaments des membres des familles des migrants.  La représentante a souligné que le monde compte près de 214 millions d’émigrés, qui sont engagés dans des activités rémunératrices, et dont le mode de vie et les aspirations devraient faire partie des débats internationaux en rapport à l’éradication de la pauvreté.


Mme LILA HANITRA RATSIFANDRIHAMANANA, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture à New York (FAO), s’exprimant au nom du Programme alimentaire mondial (PAM), a souligné le « rôle indiscutable » que jouent les femmes dans le développement économique et social.  Elle a cité en exemple les femmes en milieu rural, qui jouent un rôle central dans l’éradication de la pauvreté dans leurs familles et leurs communautés.  Ces femmes, qui occupent souvent dans ces pays des fonctions d’agriculteur et d’entrepreneur tout en assurant la gestion du foyer, sont mal rémunérées pour le travail qu’elles font, a estimé la représentante.  Ces femmes en milieu rural souffrent également de disposer de terrains plus petits que ceux alloués aux hommes, avec des terres de moins bonne qualité, dont l’accès est plus difficile, du fait de l’absence de technologie et aux engrais.  Les rendements moindres obtenus par les femmes ne tiennent pas à leurs manque de compétences, mais au fait qu’elles n’ont pas le même accès aux ressources, a estimé Mme Ratsifandrihamanana.


La représentante a souligné l’importance de l’autonomisation économique des femmes afin de garantir des modes de vie plus sûrs aux familles en milieu rural, et a plaidé à ce titre pour la promotion de l’égalité des genres en milieu rural dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.  Assurer des conditions de travail décentes aux femmes en milieu rural est en outre un moyen d’améliorer la santé, la nutrition et l’éducation au niveau local, des bienfaits sociaux qui contribuent à une croissance sur le long terme, a indiqué la représentante, qui a demandé à ce que l’égalité des genres soit effective dans la pratique. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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