Haïti: le Conseil de sécurité se penche sur le rôle de la MINUSTAH dans la gestion de l’après-séisme et en vue des élections générales de 2011
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6303e séance – matin
HAÏTI: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SE PENCHE SUR LE RÔLE DE LA MINUSTAH DANS LA GESTION
DE L’APRÈS-SÉISME ET EN VUE DES ÉLECTIONS GÉNÉRALES DE 2011
Les délégations appuient la proposition de M. Ban Ki-moon d’augmenter les effectifs de police de la Mission
Plus de trois mois après le séisme qui a dévasté Haïti, le Conseil de sécurité a réfléchi, ce matin, aux efforts immédiats devant être déployés pour accélérer la reconstruction du pays et aux stratégies à long terme devant être privilégiées pour assurer sa stabilité politique.
Une trentaine de délégations ont participé à un débat lancé par les déclarations du Représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti, M. Edmond Mulet, et du Premier Ministre haïtien, M. Jean-Max Bellerive.
Les participants étaient également saisis du rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), que dirige M. Mulet.
« Une personne sur 10 vivant dans la capitale a été tuée », a rappelé Edmond Mulet à propos du tremblement de terre du 12 janvier 2010. « Les jours qui ont suivi ont été parmi les plus sombres qu’Haïti ait connus au cours de son histoire tumultueuse », a-t-il dit, avant de confier que sur un plan personnel également, « ces journées ont été parmi les plus sombres de mon existence ».
Le Chef de la MINUSTAH a cependant souhaité placer son intervention sous le signe de l’espoir et de l’optimisme. Il a ainsi souligné le rôle crucial de la Mission qui, « malgré les pertes subies, a continué de fonctionner dans les heures ayant suivi le séisme pour sauver des vies et faciliter l’assistance humanitaire ».
Pour M. Mulet, la fourniture de logements provisoires et l’assainissement sont les priorités actuelles de la Mission alors que les pluies deviennent plus abondantes et que la saison cyclonique approche. « Au cours des dernières semaines, avec le Gouvernement haïtien et les partenaires humanitaires, nous sommes venus en aide aux milliers de personnes déplacées se trouvant sur des sites à très haut risque d’inondations et de glissements de terrain », a-t-il fait savoir.
Se référant au rapport de M. Ban Ki-moon, le Représentant spécial pour Haïti a évoqué la stratégie intégrée préconisée par ce dernier pour gérer au mieux la crise humanitaire dans les prochains mois. Dans ce cadre, la MINUSTAH devra participer activement à la promotion de la stabilité politique, appuyer la coordination des opérations de secours et garantir le maintien de l’ordre dans le pays, a-t-il souligné.
Les délégations ont soutenu les recommandations du Secrétaire général, notamment l’augmentation, d’ici à la fin septembre, des effectifs de police de la MINUSTAH, afin que ceux-ci soient portés à 680.
Pour le Secrétaire général, l’élargissement de la composante de police de la Mission doit permettre d’aider la Police nationale d’Haïti à installer une présence policière pour protéger la population dans les camps de personnes déplacées -où vivent plus d’1,5 million de personnes- et préserver les conditions propices à des élections libres et régulières, prévues pour 2011.
« L’appui technique, logistique et sécuritaire de la MINUSTAH sera nécessaire pour assurer la tenue d’élections libres et transparentes, en fonction du calendrier qui sera établi par les autorités compétentes », a réagi le Premier Ministre haïtien.
M. Bellerivea en outre signalé que son pays était déjà confronté, sur la voie de la stabilisation, à des défis énormes avant le 12 janvier 2010. « Ils le sont encore davantage aujourd’hui », a-t-il constaté, la solidarité de la communauté internationale et des Nations Unies donnant cependant au peuple haïtien « l’espoir, la certitude que des lendemains meilleurs sont possibles ».
À l’instar du Premier Ministre haïtien, les délégations ont reconnu la nécessité de voir plus loin que la gestion de la crise humanitaire pour envisager l’avenir d’Haïti.
Elles ont ainsi souligné l’importance de coordonner l’aide internationale mise en place lors de la Conférence des donateurs du 31 mars 2010. À cette occasion, le montant total des contributions annoncées par 59 pays et organisations internationales pour les trois années à venir et au-delà s’est élevé à près de 10 milliards de dollars.
Le Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies a, par exemple, attiré l’attention sur le fait que le Plan d’action pour la reconstruction et le développement d’Haïti, présenté par le Gouvernement haïtien à la Conférence des donateurs, s’étend sur 10 ans. « L’enjeu est de rechercher le meilleur ajustement entre les priorités immédiates et celles à moyen et long termes afin de bâtir ensemble un véritable avenir pour le peuple haïtien », a-t-il résumé. Comme les autres délégations, il a considéré que c’était à mesure que les capacités du Gouvernement haïtien se développeront, que la communauté internationale devra réexaminer les tâches de la MINUSTAH afin de garantir un transfert progressif et réaliste des responsabilités.
Par ailleurs, les pays voisins d’Haïti ont fait entendre leurs voix. Ils ont surtout insisté sur la nécessité que les processus de relèvement en cours respectent la souveraineté d’Haïti, l’Argentine affirmant « qu’il revient au peuple et au Gouvernement d’Haïti de décider de leur destin ». Le représentant de ce même pays a également plaidé pour une intensification de la coopération Sud-Sud, dans le domaine agroalimentaire en particulier, « pour que tous les pays de la région puissent apporter leur contribution à l’indépendance d’Haïti ».
LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI
Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) (S/2010/200)
Dans ce document, le Secrétaire général détermine le rôle que devrait jouer la MINUSTAH dans les mois à venir, tant dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, que les autres localités dévastées par le séisme du 12 janvier 2010. Selon le Gouvernement haïtien, 222 570 personnes ont été tuées, des milliers d’autres ont été blessées ou estropiées à vie et 1,5 million se sont retrouvées sans abri à la suite de ce tremblement de terre.
M. Ban Ki-moon se dit « extrêmement inquiet » des risques que court Haïti dans les mois à venir, en particulier à l’approche de la saison des pluies et des ouragans. « Il faut continuer de multiplier les activités de secours et de protection alors même que la fragilité des institutions de l’État expose le pays à la reprise des activités des bandes, de la criminalité organisée et du trafic de drogues, qui pourraient entraver les acquis de la stabilisation de ces dernières années ». Il note aussi que les conditions de vie dans les camps de personnes déplacées entraînent de nouveaux risques auxquels il faut faire face.
Pour M. Ban Ki-moon, l’ONU doit dans ce contexte adopter une stratégie intégrée en cinq volets principaux, qui ont par ailleurs été approuvés par tous les services et organismes compétents. Il s’agit de promouvoir la stabilité politique, en procédant à la réforme constitutionnelle, en organisant des élections et en favorisant la gouvernance démocratique; coordonner les opérations de secours après le séisme tout en s’attachant à réduire les risques de catastrophe; préserver la sécurité et la stabilité dans le pays tout en s’employant à renforcer l’état de droit; aider le Gouvernement à faire de ses objectifs de renforcement de la capacité de l’État et de décentralisation une réalité; et, enfin, aider Haïti à commencer à constituer son capital humain en favorisant la mise en place d’un programme social équilibré
Le Secrétaire général estime que, dans ce cadre, la MINUSTAH a un rôle capital à jouer. Il rappelle à ce propos qu’avant le séisme, la Mission entrait dans une phase de consolidation « mais aujourd’hui, il faut entreprendre des efforts supplémentaires, pendant les 18 mois à deux ans à venir, dans le cadre desquels la Mission aidera le Gouvernement haïtien à conserver les acquis de la stabilisation et à amorcer une transition sans heurt vers la reconstruction à long terme »
Selon le Secrétaire général de l’ONU, ces efforts peuvent être entrepris en développant les activités menées dans le cadre du mandat en cours mais, dans quelques domaines, la Mission devrait prêter une assistance technique, opérationnelle et logistique supplémentaire au Gouvernement et aux institutions de l’État. Il précise qu’un cadre stratégique intégré portera sur les cinq volets afin de veiller à la complémentarité entre les activités de la Mission et celles de l’équipe de pays des Nations Unies.
Dans ses observations, M. Ban Ki-moon remercie les États Membres qui ont déjà contribué au renforcement de la Mission depuis le 12 janvier et les invite à continuer d’aider la MINUSTAH à s’acquitter de son mandat.
« Je remercie également la communauté internationale pour ses contributions généreuses aux opérations humanitaires et demande à nouveau que les fonds nécessaires soient fournis d’urgence, compte tenu du fait que l’appel humanitaire révisé n’est actuellement financé qu’à 50% », indique-t-il.
Déclarations
M. EDMOND MULET, Représentant spécial et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a déclaré d’emblée qu’il venait délivrer un message d’espoir, 100 jours après le séisme du 12 janvier. Ces jours ont été parmi les plus sombres qu’Haïti ait connus au cours de son histoire tumultueuse, a-t-il ajouté, avant de confier que sur un plan personnel également, « ces journées ont été parmi les plus sombres de mon existence ». Une personne sur 10 vivant dans la capitale a été tuée, a encore rappelé M. Mulet, mais aujourd’hui, je me sens plus optimiste et je crois que ce sentiment est partagé par le Premier Ministre haïtien.
M. Mulet a ensuite évoqué le rôle joué par la MINUSTAH, qu’il dirige et qui, « malgré les pertes subies, a continué de fonctionner dans les heures ayant suivi le séisme pour sauver des vies et faciliter l’assistance humanitaire ». Pour M. Mulet, la fourniture de logements provisoires et l’assainissement sont les priorités majeures alors que les pluies deviennent plus abondantes et que la saison cyclonique approche. « Au cours des dernières semaines, avec le Gouvernement haïtien et les partenaires humanitaires, nous sommes venus en aide aux milliers de personnes déplacées à Port-au-Prince se trouvant sur des sites à très haut risque d’inondations et de glissements de terrain », a expliqué le Chef de la Mission. Il a précisé qu’un choix était laissé aux personnes: soit retourner dans leur domicile sécurisé, soit s’installer temporairement dans de nouveaux sites considérés comme sûrs.
La construction de camps, la réhabilitation des routes et le maintien de la sécurité sont les autres activités de la MINUSTAH qu’a évoquées M. Mulet. Il a indiqué que si la police de la Mission ne dispose pas des effectifs permettant un déploiement sur tout le territoire, les populations des régions où les policiers de l’ONU travaillent avec la Police nationale haïtienne apprécient cette présence. Sur le plan économique, M. Mulet a salué le fait qu’à ce jour, plus de 250 000 personnes ont bénéficié de projets « Argent contre travail » de l’ONU, la MINUSTAH employant en outre des milliers de jeunes dans le cadre de son programme de réduction de la violence communautaire.
Par ailleurs, se référant au rapport du Secrétaire général, M. Mulet a estimé que la gestion des 18 prochains mois représentait un défi majeur. La voie vers la stabilisation du pays dépend d’abord du respect du calendrier électoral d’ici à février 2011, date à laquelle devraient avoir lieu des élections générales, a-t-il dit. M. Mulet a estimé que dans cette perspective, des efforts importants devront être consentis pour restaurer la confiance des Haïtiens dans les hommes politiques du pays et pour préparer logistiquement et techniquement le scrutin.
M. Mulet est revenu sur la gestion de la crise humanitaire actuelle, en détaillant la stratégie intégrée en cinq points présentée par le Secrétaire général dans son rapport et dans laquelle la Mission aura un rôle clef à jouer. Il a ainsi souligné la nécessité impérieuse de promouvoir la stabilité politique, en procédant à la réforme constitutionnelle, en organisant des élections et en favorisant la gouvernance démocratique; de coordonner les opérations de secours après le séisme tout en s’attachant à réduire les risques de catastrophe; de préserver la sécurité et la stabilité dans le pays tout en s’employant à renforcer l’état de droit; d’aider le Gouvernement à faire de ses objectifs de renforcement de la capacité de l’État et de décentralisation une réalité; et, enfin, aider Haïti à commencer à constituer son capital humain en favorisant la mise en place d’un programme social équilibré.
En conclusion, M. Mulet s’est dit convaincu que, face à la tragédie, Haïti a une opportunité historique à saisir. « Si nous parvenons ensemble à surmonter les risques et les obstacles au cours des mois à venir, il se peut que, finalement, 2010 aura marqué un nouveau départ pour le pays, en ouvrant une nouvelle ère de stabilité », a-t-il déclaré.
M. JEAN-MAX BELLERIVE, Premier Ministre d’Haïti, a expliqué que le séisme avait profondément modifié le contexte dans lequel la MINUSTAH appuie l’État haïtien. Les 18 prochains mois présenteront de nouveaux risques et des défis accrus, résultant de la gestion de la réponse de la communauté internationale au lendemain de la catastrophe et le lancement des chantiers de relèvement, de reconstruction et de refondation du pays, a-t-il prévenu. La présence de la MINUSTAH, a estimé le Premier Ministre, demeure nécessaire afin de consolider les acquis du processus de stabilisation et créer les conditions propices pour amorcer un développement économique et social durable. « Nous estimons que le mandat actuel de la Mission était adéquat. Cependant, il est apparu qu’un ajustement temporaire du mandat serait souhaitable afin que l’appui au Gouvernement haïtien puisse, à court terme, répondre de façon plus efficiente à la situation actuelle. »
Compte tenu des défis majeurs que posent la gestion et l’installation des camps de déplacés à Port-au-Prince et la réhabilitation des infrastructures détruites par le séisme, le Premier Ministre a encouragé les États Membres à déployer encore davantage d’ingénieurs. Son gouvernement accueillera favorablement le renforcement envisagé de la composante policière de la MINUSTAH, a-t-il assuré. Le Premier Ministre a déclaré qu’il partageait l’approche proposée par le Secrétaire général et les ajustements mineurs aux mandats tels que formulés dans son dernier rapport en matière de sécurité, d’appui aux institutions de l’État de droit et aux initiatives du Gouvernement haïtien en faveur de la décentralisation. Par ailleurs, a poursuivi M. Bellerive, un renforcement de la présence policière de la MINUSTAH permettrait d’accélérer le développement des capacités de la Police nationale haïtienne à assurer la sécurité des personnes et particulièrement des populations et à prévenir une résurgence des groupes armés.
L’une des priorités du Gouvernement haïtien, a indiqué la Premier Ministre, vise à rétablir les capacités opérationnelles des acteurs de la justice et à garantir l’accès à la justice au sein des communautés affectées. « Nous saluons à cet égard la proposition de la MINUSTAH de mettre à disposition ses installations et ses équipements pour aider les institutions de l’État de droit à mieux remplir leurs fonctions », a-t-il dit. En outre, compte tenu des conditions actuelles, l’appui technique, logistique et sécuritaire de la MINUSTAH sera nécessaire pour assurer la tenue d’élections libres et transparentes, selon le calendrier qui sera établi par les autorités compétentes. De même, a estimé le Premier Ministre, la MINUSTAH doit être en mesure de coordonner l’assistance électorale internationale pour garantir son efficacité.
« Haïti était déjà confronté, sur la voie de la stabilisation, à des défis énormes avant le 12 janvier 2010. Ils le sont encore davantage aujourd’hui. La solidarité de la communauté internationale et des Nations Unies donne cependant au peuple haïtien l’espoir, la certitude que des lendemains meilleurs sont possibles », a-t-il déclaré avant de conclure.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a salué la présence du Premier Ministre haïtien, M. Jean-Max Bellerive, dont les qualités de dirigeant sont et continueront d’être indispensables pour la reconstruction du pays et du Représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti, M. Edmond Mulet. Réitérant le soutien de son pays à Haïti, la représentante a déploré les pertes humaines, et l’effondrement économique du pays après le séisme, qui est survenu le 12 janvier dernier. Citant le rapport du Secrétaire général, Mme Ribeiro Viotti a rappelé que les chiffres ne révélaient pas l’ampleur humaine de la catastrophe et les efforts nécessaires pour faire face à cette tragédie. La représentante a, toutefois, souligné l’importance de la Conférence des donateurs en faveur de la reconstruction d’Haïti, qui s’est tenue le 31 mars dernier, au Siège de l’ONU, à New York. « Notre plus grand défi maintenant est de traduire cette solidarité internationale en actions concrètes », a-t-elle dit. Elle a exhorté les donateurs et les partenaires à s’acquitter de leurs promesses de contributions financières dans les délais impartis.
La stabilité politique est une étape essentielle pour la reconstruction du pays, a estimé Mme Ribeiro Viotti, appelant les acteurs présents en Haïti à travailler en étroite coopération. Le Brésil, a-t-elle assuré, appuie la décision du Gouvernement haïtien de tenir aussitôt que possible, en 2010, des élections générales afin de rétablir les deux chambres du Parlement puis de transférer le pouvoir à un nouveau président élu en février 2011. La représentante a, par ailleurs, indiqué que la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) était un acteur central dans la stratégie et les efforts internationaux pour reconstruire Haïti. À cet égard, le Brésil appuie l’approche mise en avant par le Secrétaire général dans son rapport S/2010/200, notamment les recommandations contenues dans les paragraphes 49 à 75 concernant le rôle futur de la Mission dans le soutien apporté au Gouvernement haïtien, a indiqué Mme Ribeiro Viotti. Le séisme a créé de nouveaux obstacles pour la MINUSTAH mais n’a pas totalement détruit les résultats obtenus auparavant pour stabiliser le pays, a estimé la représentante. Le Brésil considère que le rôle de la MINUSTAH dans les prochains mois sera particulièrement important pour aider la Police nationale haïtienne à maintenir l’ordre public; soutenir l’assistance humanitaire et les efforts de reconstruction; assurer la stabilité politique et la préparation des élections; et renforcer la capacité opérationnelle des institutions haïtiennes. La représentante a conclu son propos en indiquant que la consolidation de l’État était l’une des principales priorités à atteindre.
M. GUILLERMO PUENTE-ORDERICA (Mexique) a reconnu, á l’instar de M. Mulet, que « tout défi ouvre de nouvelles perspectives ». L’ONU, a-t-il dit, doit réviser sa vision stratégique en Haïti pour que les problèmes structurels qui entravent son développement depuis des décennies soient enfin surmontés. Le représentant a également estimé que le nouvel élan international en faveur d’Haïti doit permettre un renforcement urgent des institutions, « car le séisme a créé de nouveaux besoins en entamant la capacité de l’État ». Il a souligné que la MINUSTAH avait un rôle crucial à jouer en matière de reconstruction et de maintien de la paix. C’est ainsi qu’il a considéré que l’ONU doit passer en revue le mandat de la Mission et l’adapter à ces nouveaux besoins, en matière notamment de sécurité et d’appui au processus électoral. Dans l’immédiat, il faut venir en aide à 1,5 millions de personnes déplacées, a-t-il souligné, en insistant sur le fait que la Police nationale haïtienne doit être en mesure de protéger cette population particulièrement vulnérable, « puisqu’elle s’expose à la violence des gangs et va bientôt devoir affronter la saison des pluies ». Le représentant a conclu en appuyant la recommandation du Secrétaire général de renforcer l’appui de l’ONU à la police haïtienne, en augmentant le nombre d’agents de police des Nations Unies déployés en Haïti.
Mme SUSAN RICE (États-Unis) a rappelé que la Première Dame des États-Unis, Mme Michèle Obama, s’était rendue il y a quelques semaines en Haïti, où elle a assuré en personne le peuple et le Gouvernement haïtiens du soutien indéfectible des États-Unis dans leurs efforts de redressement et de reconstruction. À la Conférence des donateurs du 31 mars, s’est–elle félicitée, la communauté des donateurs avait réuni près de 6 milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars avaient été promis par les États-Unis, a rappelé Mme Rice. La prochaine période de 12 à 18 mois sera une période pleine de risques au cours de laquelle il sera nécessaire d’assurer à la fois la stabilité politique, la sécurité et la reconstruction d’Haïti, a souligné la représentante. Mme Rice a appuyé la recommandation du Secrétaire général selon laquelle la MINUSTAH devrait apporter un appui technique et logistique dans l’organisation des élections présidentielles haïtiennes. « Nous sommes également d’accord avec sa proposition de permettre aux composantes policière et militaire de la MINUSTAH d’appuyer les efforts de reconstruction, et de renforcer l’appui à la Police nationale haïtienne, en particulier pour que sa présence soit plus visible et efficace dans les communautés en détresse. La déléguée américaine a en outre estimé qu’il faudrait fournir un appui logistique direct aux autorités haïtiennes, tout en examinant la manière dont le Secrétariat envisage de déployer cette assistance. Enfin, Mme Rice s’est ralliée à l’appel du Secrétaire général en faveur du renforcement des capacités de l’État haïtien.
M. GÉRARD ARAUD (France) a estimé qu’Haïti doit désormais se doter d’un nouveau modèle économique et social reposant sur une répartition des ressources plus justes grâce à un effort de décentralisation. Il a ajouté que, dans ce contexte, la MINUSTAH a un rôle crucial à jouer, en s’employant notamment à créer un environnement politique favorable à ce changement. M. Araud a ainsi appuyé à son tour l’approche proposée par le Secrétaire général dans son rapport, jugeant que la promotion de la stabilité politique, la coordination des opérations de secours et le renforcement de l’état de droit sont les axes qui doivent demeurer au cœur du mandat de la Mission. Le représentant a également souligné la nécessité d’appuyer les institutions haïtiennes, en particulier le secteur de la justice. « Si le chantier de la reconstruction est lancé, nous ne pouvons pas oublier l’urgence, qui est de secourir les personnes déplacées et menacées par la saison des pluies et des cyclones », a rappelé le représentant français. Il a ainsi fait savoir que la France comptait coordonner, en accord avec les pays concernés, l’envoi de policiers africains francophones ainsi que 110 véhicules et du personnel militaire spécialisé dans les activités de déblaiement. Revenant sur le rôle de la Mission dans la perspective de la tenue des élections générales de 2011, M. Araud a indiqué que le Représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti, M. Edmond Mulet, devra coordonner l’appui logistique et technique « indispensable à l’organisation du scrutin. Il devra aussi, dans le cadre de la réforme du Conseil électoral et de la Constitution haïtienne, contribuer activement à parvenir à un consensus sur ces questions, a ajouté l’Ambassadeur Araud.
M. LI BAODONG (Chine) a déclaré que depuis le séisme du 12 janvier, son gouvernement avait déployé tous les efforts nécessaires pour venir en aide à Haïti. La situation sur place est aujourd’hui au centre de l’attention de la communauté internationale, dont nous appuyons les efforts pour la reconstruction du pays, a-t-il dit. Tout en reconnaissant la qualité du rapport du Secrétaire général, le représentant a estimé qu’un partage des tâches et une meilleure coordination des responsabilités étaient indispensables pour éviter le gaspillage des ressources. Le représentant de la Chine a fait sienne la proposition du Secrétaire général de renforcer le mandat de la MINUSTAH pour lui permettre de s’acquitter efficacement des tâches essentielles qui lui sont conférées. Il a estimé que le Département des opérations de maintien de la paix devrait, dans un premier temps, évaluer l’ensemble de la situation sur le terrain.
M. IBRAHIM ASSAF (Liban) a estimé que le peuple et le Gouvernement d’Haïti doivent définir l’avenir de leur pays, la communauté internationale étant là pour appuyer temporairement la reconstruction des capacités nationales et l’état de droit. Il a fait sienne la recommandation du Secrétaire général visant à investir dans le capital humain d’Haïti et a appelé les autres membres du Conseil de sécurité à examiner dans les meilleurs délais le mandat de la MINUSTAH, en vue de l’adapter aux nouvelles réalités sur le terrain. Le représentant a répété que le processus de révision du cadre stratégique de l’ONU en Haïti devrait respecter les compétences et l’autorité du Gouvernement haïtien ainsi que les aspirations du peuple, qui s’exprimeront à l’occasion des futures échéances électorales.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est félicité de la détermination du Président Préval de planifier des élections présidentielles et législatives d’ici à la fin de cette année. Revenant sur la décision du Conseil de sécurité d’augmenter les effectifs militaires et de police de la MINUSTAH, le représentant a lui aussi reconnu qu’il serait indispensable de maintenir la sécurité dans les conditions actuelles. Le représentant a ensuite évoqué les propositions du Secrétaire général concernant l’avenir de la Mission, estimant que la tâche initiale de la MINUSTAH pouvait être assumée dans le cadre du mandat actuel. La proposition d’augmenter de nouveau les effectifs militaires et de police devrait être examinée de manière approfondie, a estimé M. Churkin. La MINUSTAH doit essentiellement s’efforcer de maintenir la stabilité de l’État haïtien, a-t-il rappelé avant de conclure.
M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a souligné le rôle que joue le Représentant spécial du Secrétaire général en Haïti, M. Edmond Mulet, qui a assumé cette fonction dès le début de la crise. Il a rappelé que depuis le séisme du 12 janvier dernier, le Gouvernement haïtien a entrepris des efforts remarquables pour répondre au défi auquel la population est confrontée. L’appui de la communauté internationale et une attention continue sont indispensables pour assurer la reconstruction du pays, a estimé le représentant. Il s’est dit, à cet égard, encouragé par les résultats de la Conférence internationale des donateurs en faveur d’Haïti. « Convaincu qu’il est nécessaire pour la communauté internationale d’assister Haïti dans la préparation des élections, mon pays appuie à cet égard les recommandations du Secrétaire général sur le rôle de la MINUSTAH », a-t-il poursuivi.
La reconstruction et le renforcement du secteur de la sécurité et du système de justice pénale sont indispensables pour le rétablissement et le développement du pays, a estimé M. Barbalić. À cet égard, il a indiqué que la coopération étroite entre la MINUSTAH et la Police nationale d’Haïti est essentielle pour assurer la sécurité des camps de sinistrés et prévenir les violences à l’encontre des femmes et des enfants. Mon pays salue le Plan d’action du Gouvernement haïtien et l’établissement d’une Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti qui coordonnera l’aide financière jusqu’à ce qu’une autorité de développement et un fonds pour la reconstruction d’Haïti soient mis en place, a-t-il dit. Le représentant a rappelé le rôle vital que jouent les Nations Unies en Haïti. Depuis le séisme, la MINUSTAH, sévèrement touchée, a continué à s’acquitter de son mandat dans un environnement qui a complètement changé et à fournir un appui essentiel aux opérations de secours, a fait remarquer le représentant. La Mission doit continuer à fournir une assistance technique, opérationnelle et logistique au Gouvernement haïtien, a estimé M. Barbalić avant de conclure.
M. ALFRED MOUNGARA MOUSSOTSI (Gabon) a appelé la communauté internationale à poursuivre les efforts entamés par les responsables et autres membres du personnel de la MINUSTAH disparus dans le tremblement de terre, et à travailler à la transformation et au développement d’un nouvel Haïti tourné vers le futur. Il a ensuite salué les efforts déployés par les agences d’aide humanitaire, les ONG et la société civile pour répondre aux besoins des sinistrés, particulièrement les plus vulnérables d’entre eux à la suite du séisme du 12 janvier dernier. Le Gabon, qui a aussi apporté sa contribution financière, se félicite du Plan d’action pour la reconstruction et le développement d’Haïti, estimé à 11,5 milliards de dollars, présenté par le Gouvernement haïtien, ici même à New York, aux donateurs internationaux, le 31 mars, a par ailleurs déclaré le représentant.
Abordant la situation politique en Haïti, M. Moungara s’est félicité de l’adoption par le Sénat haïtien de la loi instaurant l’état d’urgence pour une période de 18 mois et la création d’une commission intérimaire pour la reconstruction. Les efforts des Nations Unies et des autres acteurs internationaux majeurs en faveur d’Haïti doivent s’orienter vers le renforcement de la stabilité politique, la poursuite de la coordination des efforts humanitaires et l’appui à l’état de droit, à la protection des droits de l’homme et à la justice. La MINUSTAH a un rôle central à jouer dans l’effectivité de cette vision, a souligné M. Moungara, précisant qu’elle doit, comme le recommande le rapport du Secrétaire général, apporter plus d’assistance technique, opérationnelle et logistique au Gouvernement et aux institutions d’Haïti. Elle doit surtout s’appesantir sur la préparation des élections présidentielles, législatives et municipales en Haïti, a-t-il ajouté. Concernant la situation sécuritaire, il a estimé que celle–ci demeurait globalement stable, en dépit de quelques incidents qui affectent l’effort humanitaire sur le terrain. Si la MINUSTAH joue un rôle déterminant dans la réduction des menaces sécuritaires en Haïti, il est important que soit redéfini ce rôle à la lumière des nouveaux défis qui se dressent sur le chemin de ce pays, a-t-il conclu.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a salué les contributions des donateurs internationaux pour améliorer l’économie haïtienne, soulignant notamment le rôle pivot que joue l’ancien Président des États-Unis, M. Bill Clinton, pour coordonner cette aide. Le représentant a également estimé que, pour l’heure, le mandat de la MINUSTAH est suffisamment précis pour que l’ONU parvienne sur place à couvrir les besoins à court terme de la population haïtienne. Pour ce qui est de l’effort de stabilisation et de développement à long terme, le rôle de la Mission doit être d’assurer le maintien de l’ordre et la continuité de l’État aux côtés du Gouvernement haïtien, a-t-il ajouté. Il faut protéger les catégories de personnes déplacées les plus vulnérables et combattre le trafic de la drogue, a également souligné le représentant. Il a ainsi conclu en estimant judicieux d’examiner les propositions du Secrétaire général visant le renforcement des effectifs de police de la Mission.
M. RAFF BUKUN-OLU WOLE ONEMOLA (Nigéria) a déclaré que le dernier rapport du Secrétaire général fait état d’une légère amélioration de la situation sur place. Mais ces progrès ne constituent que la phase préliminaire de l’aide dont Haïti a besoin, a-t-il rappelé. Se félicitant ensuite des résultats de la Conférence des donateurs, le Nigéria a rappelé qu’il s’était engagé à donner initialement 1,5 million de dollars mais qu’il avait, depuis cette date, révisé ce montant pour le porter à 5 millions. La délégation s’est déclarée d’accord avec le Secrétaire général pour passer en revue le mandat de la MINUSTAH, soulignant l’aide dont le Gouvernement d’Haïti a besoin pour renforcer ses institutions démocratiques et répondre aux attentes de sa population. Le représentant a invité la communauté internationale à faire des efforts concertés pour préparer les élections, dans le cadre desquelles l’ONU aura un rôle crucial à jouer. Avant de conclure, il a appuyé la proposition d’augmenter les effectifs de police de la Mission pour établir une présence policière dans les camps de personnes déplacées en Haïti.
M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a estimé qu’au lendemain du séisme survenu en Haïti le 12 janvier dernier, le rôle de la MINUSTAH a été exemplaire, alors qu’elle a elle-même été frappée de plein fouet. Il a salué notamment les efforts de la Mission dans le domaine de la promotion des droits de l’homme et de la protection des civils. Le représentant a ensuite appuyé les conclusions et recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport. La gestion des 18 mois à venir sera en effet cruciale pour la poursuite des efforts de reconstruction du pays, a-t-il fait remarquer. La Mission devra, au cours de cette période charnière, assurer la sécurité et la protection des groupes de la population haïtienne les plus vulnérables tout en assistant les autorités nationales dans la préparation des élections générales de l’année prochaine, a-t-il souligné. La coordination de l’assistance internationale sera primordiale, a-t-il dit, insistant sur la nécessité pour l’ONU, œuvrant aux côtés du Gouvernement haïtien, d’axer son action sur le renforcement de l’état de droit, de la bonne gouvernance et de la protection des personnes déplacées. Le représentant a soutenu la proposition du Secrétaire général de déployer 680 agents et officiers de police supplémentaires pour renforcer la composante policière de la MINUSTAH, « protéger les civils et maintenir un environnement stable en vue des futures échéances électorales. »
M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a rappelé l’ampleur de la tragédie survenue en Haïti, qui n’a d’égale que la résilience de son peuple face à cette terrible épreuve, a-t-il souligné. La communauté internationale doit maintenant tenir les engagements qu’elle a pris lors de la Conférence des donateurs du 31 mars, a poursuivi le représentant. Appuyant les conclusions du rapport du Secrétaire général visant à renforcer le mandat de la MINUSTAH, il a estimé que sa proposition en cinq points était de nature à lui permettre d’atteindre ses objectifs. À cet égard, le Plan d’action pour la reconstruction et le développement élaboré par le Gouvernement haïtien et présenté à la Conférence des donateurs constitue un outil précieux pour aligner l’aide des Nations Unies et de leurs partenaires sur les priorités de reconstruction du Président Préval et de son Premier Ministre, a ajouté le représentant.
M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a estimé que dans le cadre de la phase critique de reconstruction actuelle, la coordination effective de tous les acteurs internationaux en faveur d’Haïti, regroupés autour du Gouvernement haïtien, est primordiale. Il s’est ensuite félicité des programmes « argent contre travail » lancés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), « qui continuent d’offrir des possibilités d’emplois à court terme pour les jeunes chômeurs », ainsi que tous les travaux de réhabilitation employant à bon escient les Haïtiens. De l’avis de la délégation ougandaise, la résurgence de menaces à la sécurité, notamment l’activité des anciens chefs de bande qui ont pu s’échapper de leur prison pendant le séisme, exige un renforcement rapide des capacités de réponse de la MINUSTAH. « Nous appuyons la proposition du Secrétaire général d’augmenter les effectifs de police de la Mission, à la fois pour maintenir l’ordre dans le pays et pour protéger les enfants contre le trafic d’êtres humains », a-t-il dit.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a déclaré qu’Haïti était en train de passer de la phase d’urgence à celle de reconstruction, une transition au cours de laquelle l’aide des Nations Unies sera plus que jamais nécessaire. « Il sera difficile de reconstruire Haïti si nous n’assurons pas la sécurité », a-t-il souligné, évoquant les violences perpétrées contre les femmes dans les camps de personnes déplacées et l’évasion de nombreux détenus des prisons haïtiennes. Il a donc salué à cet égard la proposition du Secrétaire général de déployer 680 policiers supplémentaires pour renforcer la sécurité, en particulier dans et à proximité des camps de personnes déplacées.
M. GUSTAVO ALVAREZ (Uruguay), s’exprimant au nom du Groupe des amis d’Haïti, a estimé que le rapport du Secrétaire général offre l’occasion de comprendre l’impact du séisme dévastateur qui a frappé Haïti le 12 janvier dernier, et de mesurer les extraordinaires efforts déployés par la MINUSTAH et les autres entités qui représentent les Nations Unies en Haïti. Il a en outre reconnu l’action de la MINUSTAH pour créer les conditions nécessaires à la fourniture de l’assistance humanitaire et l’infrastructure pour la reconstruction du pays.
Le tremblement de terre a détruit l’infrastructure existante, mais a aussi généré de nouveaux obstacles qu’il faut surmonter, a-t-il dit, en soutenant que la destruction a aussi permis à la communauté internationale d’exprimer une très forte solidarité en faveur d’Haïti et au Gouvernement haïtien d’avoir une vision axée sur la décentralisation, le renforcement des institutions et le développement économique et social. Le Groupe des amis d’Haïti, a-t-il conclu, réitère son soutien au Gouvernement et au peuple haïtiens et son engagement pour la reconstruction, la consolidation de la paix et de la sécurité, le redressement et le développement durable du pays.
M. ALBERT RAMDIN, Sous-Secrétaire général de l’Organisation des États américains - (OEA), a déclaré que son organisation fournirait une aide aux élections et participerait à l’établissement d’un registre d’état-civil et à l’actualisation du cadastre. Il s’est félicité de l’annonce faite par le Gouvernement haïtien d’organiser des élections parlementaires le plus rapidement possible, en faisant remarquer qu’en l’absence d’appareil législatif, il serait difficile d’assurer la reconstruction du pays. Pour sa part, l’OEA prêtera une assistance dans la mise au point d’une liste reflétant fidèlement le corps électoral haïtien, notamment en éliminant toutes les personnes décédées lors du séisme et en tenant compte des problèmes de résidence.
M. PEDRO SERRANO, Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a souligné que l’Union européenne accueillait favorablement l’approche intégrée préconisée par le Secrétaire général dans son rapport dans les cinq domaines proposés, à savoir la stabilité politique, l’appui aux efforts humanitaires et de reconstruction, la sécurité, les droits de l’homme et l’état de droit, les capacités de l’État et la décentralisation, et le développement humain. La MINUSTAH a un rôle essentiel à jouer dans cette approche aux côtés des agences de l’ONU, a ajouté M. Serrano, qui a signalé que l’Union européenne souhaitait que les moyens nécessaires soient fournis à la Mission. La MINUSTAH doit être en mesure de mettre en œuvre efficacement son mandat pour répondre aux besoins immédiats du pays, notamment en matière électorale et de sécurité, a-t-il affirmé. M. Serrano a ensuite attiré l’attention sur le fait que le Plan d’action pour la reconstruction et le développement d’Haïti, présenté par le Gouvernement haïtien lors de la Conférence du 31 mars dernier, s’étend sur 10 ans ». Il a souligné que l’enjeu est de rechercher le meilleur ajustement entre les priorités immédiates et celles à moyen et long termes afin de bâtir « ensemble un véritable avenir pour le peuple haïtien ». Il a ainsi estimé qu’au fur et à mesure que les capacités du Gouvernement haïtien se développeront, la communauté internationale devra réexaminer les tâches de la Mission afin de garantir un transfert progressif et réaliste des responsabilités.
M. ALBERTI CUELLO CAMILO (République dominicaine) a souscrit aux recommandations du rapport du Secrétaire général visant à renforcer le mandat de la MINUSTAH. Notant la mention faite dans ce rapport à l’appui logistique prêté par son pays à Haïti, il a réaffirmé que c’était un devoir de son pays de venir en aide à un pays voisin après une telle tragédie. Il a souhaité qu’un centre d’assistance soit établi pour prévenir de nouvelles catastrophes naturelles dans la sous-région des Caraïbes, compte tenu des séismes, ouragans et cyclones qui se succèdent à intervalles réguliers. Le représentant a par ailleurs engagé le Département des opérations de maintien de la paix à mettre au point un mémorandum d’accord pour officialiser la présence des 200 membres du personnel de la MINUSTAH actuellement déployés en République dominicaine. Il a enfin salué l’accent mis par M. Ban Ki-moon dans son rapport sur la transition de la phase d’urgence à celle de reconstruction.
M. JOHN MCNEE (Canada) a estimé que l’approche intégrée du Secrétaire général fournit un cadre utile à la conduite de la MINUSTAH au cours des 18 à 24 prochains mois. Cependant, il a tenu à attirer l’attention sur deux éléments importants. Tout d’abord, compte tenu de l’ampleur des difficultés inhérentes à la disparition du tiers de la fonction publique et d’une partie importante de l’infrastructure étatique, le Canada estime essentiel que le renforcement des capacités de la MINUSTAH s’inscrive dans une stratégie ciblée et mûrement réfléchie. Tout en étant conscient de la nécessité d’aider le Gouvernement haïtien à rétablir, maintenir et décentraliser la prestation de services, le Canada estime également qu’il faut reconnaître l’importance constante de faire converger l’aide avec les priorités du Gouvernement haïtien, telles qu’énoncées dans le Plan national pour la reconstruction et le développement. La MINUSTAH et les autres partenaires doivent donc respecter la responsabilité première qui revient aux autorités haïtiennes d’exprimer les besoins du pays. Le représentant a souligné que des ressources additionnelles sont nécessaires, de même que le déploiement de policiers pour renforcer les activités de la Mission en Haïti, sur la base des rapports de suivi du Secrétaire général sur les progrès réalisés pendant la période de déploiement des effectifs temporaires.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a rappelé que son pays avait, dès l’annonce du séisme, participé à l’aide d’urgence et au travail de reconstruction en Haïti. La représentante a appuyé les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport (S/2010/200). Elle a estimé que la résolution 1908, adoptée à l’issue de la catastrophe par le Conseil de sécurité, a réaffirmé le rôle joué par la MINUSTAH dans la stabilité du pays. Mme Blum a mis l’accent sur le travail que la Mission va devoir effectuer dans les prochains mois, notamment avec la préparation et la coordination des élections municipales, législatives et présidentielles, qui doivent se tenir avant février 2011. Elle a, par ailleurs, mis l’accent sur l’initiative de reconfiguration de la composante militaire de la MINUSTAH, et sur l’initiative du Secrétaire général d’augmenter le personnel de police de la mission.
Le renforcement de l’architecture institutionnelle d’Haïti est aussi important que la contribution à la reconstruction physique du pays, a indiqué Mme Blum. Ainsi, elle a estimé que la Police nationale haïtienne avait un rôle crucial à jouer afin de créer un environnement sécuritaire et stabilisé, contribuant à consolider l’autorité de l’État et à renforcer les institutions. Le renforcement de la Police nationale haïtienne, a-t-elle poursuivi, est une étape dans la bonne direction et une réponse aux défis actuels, tels que la criminalité organisée. À cet égard, la représentante a rappelé que son pays, qui est fournisseur de troupes, avait déployé en Haïti 34 policiers spécialisés dans la lutte contre la criminalité organisée. Le Gouvernement colombien est conscient de la magnitude de la tragédie et c’est pourquoi, il a décidé de débloquer une aide de 4 millions de dollars pour appuyer les efforts de reconstruction, a précisé Mme Blum.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé que les priorités retenues par le Secrétaire général dans son rapport constituaient une véritable feuille de route pour accompagner Haïti sur la voie de la reconstruction et du développement. Il a estimé que pour que l’approche préconisée par le Secrétaire général soit traduite en actes, « les ressources doivent suivre ». Il est essentiel que les promesses de contributions financières faites lors de la Conférence du 31 mars dernier soient honorées, a-t-il ainsi déclaré, annonçant que le prochain Sommet des chefs d’État à Saint-Domingue permettra de faire un premier point, notamment, sur les résultats de l’appel de l’ONU. Concernant le rôle de la MINUSTAH, le représentant a estimé qu’il était nécessaire qu’il se concentre sur le maintien de l’ordre et de la stabilité politique. Il a également appelé les autorités haïtiennes à reprendre le dialogue national en vue de restaurer la confiance au sein de la classe politique dans la perspective des prochaines échéances électorales.
M. ROBERTO RODRIGUEZ (Pérou) a annoncé que son gouvernement déploierait un bataillon d’infanterie de 150 soldats à l’appui des efforts pour assurer la sécurité et des opérations humanitaires en Haïti. Il a souligné que toute action visant à contribuer au processus de « consolidation de l’État » haïtien doit combler l’écart stratégique existant entre les faibles capacités institutionnelles et le manque de ressources humaines et matérielles et, ce, afin de répondre aux besoins de la population haïtienne. Pour y parvenir, il faut accorder la priorité aux questions de gouvernance, de sécurité et de développement, a estimé le représentant. De même, il faut déployer tout effort pour faciliter l’interaction entre les secteurs privé et public haïtiens, a en également préconisé le représentant avant de conclure.
M. DIEGO LIMERES (Argentine) a estimé que la présence de la MINUSTAH avait permis d’éviter que la tragédie du 12 janvier dernier ne soit aggravée par des incidents supplémentaires. La Mission est indéniablement un facteur de sécurité et de stabilité qui est nécessaire pour consolider les institutions du pays et envisager ainsi l’avenir politique et économique du pays avec espoir, a ajouté le représentant. Il a indiqué ensuite qu’il revenait au peuple et au Gouvernement d’Haïti de décider de leur destin. Dans ce cadre, la planification et la coordination de l’aide au développement sont une responsabilité de l’ONU à court terme, a-t-il fait remarquer, soulignant qu’à plus long terme, les Nations Unies doivent accompagner la démocratisation de la nation haïtienne. À cette fin, et selon le vœu du Secrétaire général, la Mission doit être reconfigurée logistiquement et militairement en vue des prochaines élections générales qui devraient avoir lieu en février 2011, a-t-il considéré. Le représentant a conclu en plaidant pour un renforcement de la coopération Sud-Sud, dans le domaine agroalimentaire en particulier, pour que tous les pays de la région puissent apporter leur contribution à la reconstruction d’Haïti.
M. JUAN ANTONIO YÁÑEZ-BARNUEVO (Espagne) a souligné que la Conférence du 31 mars dernier avait constitué une étape déterminante dans le relèvement d’Haïti, de même que le débat d’aujourd’hui. Le représentant a souscrit entièrement à l’idée d’une démarche intégrée qui placerait la MINUSTAH au cœur des efforts déployés pour aider Haïti à passer de la phase d’urgence à la phase de reconstruction. Le représentant a rappelé que l’Espagne avait contribué aux efforts visant à renforcer le rôle de la MINUSTAH en déployant 23 gardes civils de plus dans le cadre de la composante de police, portant à 58 le nombre total des effectifs du contingent espagnol. Le représentant a donc souhaité que le Conseil de sécurité accepte la vision exprimée par le Secrétaire général, qui est indispensable, a-t-il dit, au renforcement de la paix et de la sécurité dans le pays. La stabilité, a souligné le représentant, est essentielle à court terme afin de respecter le calendrier politique électoral et de permettre la tenue d’élections présidentielles d’ici à la fin de l’année.
Mme MONA JUUL (Norvège) a salué la décision du Gouvernement haïtien de prendre la direction du Plan d’action pour la reconstruction et le développement du pays. Elle a estimé qu’il est plus que jamais important que les efforts de reconstruction de la communauté internationale, placés sous la direction du Gouvernement de Haïti et des Nations Unies soient bien coordonnés. En dépit de ses terribles pertes, l’ONU a accompli un travail remarquable, dans les difficiles circonstances qui ont suivi le séisme, a-t-elle souligné. Immédiatement après le tremblement de terre du 12 janvier dernier, la Norvège a octroyé la somme de 35 millions pour les secours d’urgence et à la Conférence internationale des donateurs, elle a annoncé l’octroi additionnel de 100 millions, pour l’assistance à long terme, durant les quatre prochaines années. Cette assistance, a-t-elle expliqué, sera consentie pour la prévention de catastrophes, le développement rural durable; le dialogue politique et la restauration de la confiance; ainsi que la protection des femmes contre les violences, les abus sexuels et le trafic des êtres humains.
À l’approche de la saison des pluies et des ouragans, 2 millions de personnes déplacées vivent dans 1 300 sites et 80% de ces personnes vivent dans des camps peu organisés. Par ailleurs, de nombreux criminels sont toujours en évasion depuis le tremblement de terre, a poursuivi Mme Juul, qui a estimé que la « situation est véritablement dramatique ». Dans ce contexte, a-t-elle souligné, la Police nationale d’Haïti continuera à avoir besoin du soutien de la communauté internationale pour la protection des populations, y compris des personnes déplacées. Comme mesures concrètes de soutien, la Norvège fournira un soutien financier substantiel au programme MINUSTAH–PNH (Police nationale haïtienne) destiné à renforcer les unités de la Police nationale haïtienne luttant contre les crimes dont sont victimes les femmes, a indiqué Mme Juul. La Norvège, a-t-elle ajouté, s’engage à nommer un officier hautement qualifié, expert en matière de violences sexuelles et de trafic des êtres humains.
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