Quatrième Commission: les délégations insistent sur les besoins de formation du personnel de maintien de la paix
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Quatrième Commission
17e séance – matin
QUATRIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS INSISTENT SUR LES BESOINS DE FORMATION DU PERSONNEL DE MAINTIEN DE LA PAIX
Elles soulignent le rôle des organisations régionales, demandent un appui à l’Union africaine
Face à la complexité croissante des missions de maintien de la paix, les Départements des opérations de maintien de la paix et d’appui aux missions doivent se doter d’un personnel qualifié et bien formé. Tel est le constat de nombreuses délégations qui sont intervenues ce matin, dernier jour du débat général sur les questions de maintien de la paix, devant la Quatrième Commission.
Pour la représentante du Kenya, il est important que ces deux Départements développent des modules de formation standardisés qui seront offerts, par le biais des centres d’appui à la paix des pays contributeurs de contingents, aux Casques bleus avant leur déploiement sur le terrain. Répondant également à ce besoin de formation de qualité pour les personnels à déployer, le Cameroun a créé en 2008 une École internationale des forces de sécurité (EIFORCES) avec l’appui de la communauté internationale. De leurs côtés, les représentants des États-Unis et de la Malaisie ont mis en exergue le besoin accru d’outils pédagogiques pour former le personnel de maintien de la paix aux exigences de la protection des civils. Cette question a suscité de nombreuses réactions. En effet, s’il y a un accord général sur la nécessité de développer des directives claires pour la protection des civils et d’assurer des formations appropriées au personnel déployé sur le terrain, certains, comme le représentant de l’Iran, ont estimé que cette tâche revenait en premier lieu aux pays hôtes des missions.
D’autre part, le rôle des organisations régionales et l’utilité d’une coopération renforcée entre les Nations Unies et ces organisations a également été mis en avant. Se basant sur les interventions « réussies » de l’Union africaine au Burundi, au Darfour et plus récemment en Somalie, le représentant du Rwanda a fait valoir le fait que les organisations régionales avaient la capacité de pouvoir intervenir rapidement et de manière décisive, alors que celui de la Fédération de Russie a noté qu’elles avaient une meilleure connaissance des spécificités régionales. Mettant en avant le potentiel de ces organisations en termes de diplomatie préventive, il a affirmé que tout investissement matériel et intellectuel dans la prévention des conflits s’avèrera rentable pour la communauté internationale. Rejoignant les propos sur les besoins de formation, le représentant du Nigéria a plaidé pour un renforcement des capacités régionales des opérations de maintien de la paix. Il a suggéré à cet égard une mise à niveau du Centre de formation militaire de Jaji, dans son pays, pour préparer la Force africaine en attente.
La Commission a marqué une minute de silence pour commémorer Nestor Kirchner, ancien Président argentin, qui est décédé ce matin.
La Quatrième Commission se réunira à nouveau demain matin, à 10 heures, pour examiner la question des rayonnements ionisants.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
Mme BROOKE D. ANDERSON (États-Unis) a constaté la complexité croissante des missions qui sont déployées dans des contextes difficiles avec des infrastructures limitées, en particulier au Soudan et en République démocratique du Congo. S’agissant de la Mission de l’Union africaine en Somalie, l’AMISOM, elle a estimé que celle-ci aura besoin de plus de soutien cette année. L’initiative « Nouvel horizon » souligne l’importance de renforcer le partenariat triangulaire -Conseil de sécurité, Secrétariat et pays fournisseurs de troupes et de police-, a rappelé la déléguée, avant de préciser que pour sa délégation ces partenariats sont essentiels, et elle est déterminée à s’engager activement dans ce processus.
Pour ce qui est des aspects liés à la protection des civils, Mme Anderson a noté le manque d’équipements adéquats du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) lui permettant de correctement s’acquitter de cette tâche difficile, notamment d’hélicoptères. Elle a appuyé la mise au point d’un scenario de planification du DOMP incluant le volet « protection des civils » qui prévoit des directives et des outils pédagogiques de formation. Rappelant que hier, le Conseil de sécurité a marqué le dixième anniversaire de la résolution 1325 sur les femmes dans les conflits, elle a mis l’accent sur la nécessité d’une plus grande participation des femmes aux missions de paix et aux processus de paix et de mesures permettant leur autonomisation.
S’agissant des unités de police du DOMP, elle a fait état de la participation des États-Unis à ces unités. Pour Mme Anderson, il est critique que les Nations Unies puissent attirer et maintenir dans ses rangs des experts de la consolidation de la paix. Elle est également d’avis que la stratégie d’appui mondial du Département de l’appui aux missions (DAM) offre un potentiel intéressant pour assister les missions sur le terrain. Les États-Unis favorisent en outre tout mécanisme facilitant l’évaluation des résultats des missions sur le terrain.
M. MORTEN WETLAND (Norvège) a estimé que les mandats du maintien de la paix doivent disposer des ressources adéquates pour leur réalisation. La Norvège, a-t-il ajouté, se félicite des efforts entrepris pour renforcer le dialogue triangulaire entre les pays fournisseurs de troupes et de police, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Toutefois davantage d’efforts doivent être déployés pour renforcer la corrélation entre les tâches qui sont intégrées dans les mandats et les ressources mises à disposition pour la mise en œuvre de ces tâches, a-t-il indiqué. Il a souhaité une meilleure utilisation des ressources disponibles et a souligné l’importance pour le Conseil et le Secrétariat de fournir les ressources adéquates aux missions, avant l’expiration de leur mandat. Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de déterminer des mandats qui prennent en compte la protection des civils. Le rôle des Nations Unies est avant tout d’aider les États hôtes dans le renforcement de leur capacité de protection, a-t-il dit. Une bonne gouvernance, la réforme du secteur de la sécurité et de la justice sont des questions clefs à cet égard, a-t-il indiqué. Il est indispensable, a-t-il jugé, de poursuivre la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Enfin, il a souligné la nécessité de définir des mandats « robustes » et de fournir les ressources nécessaires pour assurer le maintien et la construction de la paix.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a remarqué que la problématique du DOMP consiste à réduire l’impact de l’écart entre l’ampleur des mandats des missions de paix et le manque de ressources des Départements de maintien de la paix et d’appui aux missions. Il a souligné spécifiquement le manque de ressources aériennes, en particulier d’hélicoptères. Il lui semble « inapproprié » de charger les Casques bleus des tâches relevant de la consolidation de la paix, tâches qui reviennent selon lui à la Commission de consolidation de la paix (CCP). La base de la stratégie des opérations de maintien de la paix (OMP) doit être une analyse de la situation politique, économique, sociale et de l’état de droit sur le terrain, l’objectif de ces missions est précisément la paix, et, selon l’intervenant, la transition d’une OMP vers une mission intégrée n’est qu’une option possible.
Rappelant que les États Membres avaient adopté cet été deux textes sur le renforcement des unités de police et de la primauté du droit, il a déclaré qu’il s’agissait là de deux domaines qui nécessitent une attention accrue. La Fédération de Russie est en faveur du renforcement du Comité d’état-major, qui, pour le délégué, est le mécanisme le plus approprié pour faire l’évaluation de la situation sécuritaire sur le terrain. Il a également mis en avant l’importance et l’utilité d’une coopération plus soutenue entre l’ONU et les organisations régionales qui, selon lui, connaissent mieux la spécificité régionale et ont un grand potentiel en matière de diplomatie préventive. Citant le cas du Darfour, où une telle coopération avec l’Union africaine s’est avérée très efficace, le délégué a incité les Nations Unies à recourir le plus souvent possible à la diplomatie préventive. Il s’est dit convaincu de ce que les investissements matériels et intellectuels dans la prévention des conflits s’avéreront rentables pour la communauté internationale. En tant que pays contributeur de troupes et de matériel aux opérations de maintien de la paix, le délégué a fait part de l’intention de sa délégation de diversifier et renforcer cette participation à l’avenir. S’agissant de la consolidation de la paix, le délégué a rappelé que la mission de la CCP est de veiller au processus d’appropriation nationale du processus de paix.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a souligné que le maintien de la paix des Nations Unies a toujours été un concept en évolution. Le rapport Brahimi et l’initiative « Nouvel horizon » ont été des contributions importantes pour les concepts et les stratégies mises en place pour la conduite des opérations de maintien de la paix. Le Népal, a-t-il ajouté, contribue de manière significative à ces opérations. Depuis 1958, le Népal participe aux missions de maintien de la paix et a déployé quelque 80 000 personnes à travers le monde. Il a déploré que 62 Casques bleus aient ainsi perdu la vie dans l’exercice de leur fonction. Aujourd’hui, quelque 5 000 népalais sont déployés dans 13 missions, a-t-il annoncé. Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de définir des mandats clairs et réalisables. Il a également insisté sur la nécessité d’une coopération constructive entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents. Pour un maintien de la paix réussi, il faut un véritable partenariat, a-t-il dit. Il a, par ailleurs, rappelé l’importance de la question de la protection des civils qui doit être définie clairement dans les mandats.
Mme SHARKE CHAMAN KHAN (Bangladesh) a rappelé que, depuis 1988, son pays est l’un des principaux pays fournisseurs de contingents. Le Bangladesh, a-t-elle ajouté, est dévoué à la noble cause des opérations de maintien de la paix et contribue de manière significative aux effectifs de police et de personnel militaire. Le Bangladesh a été impliqué dans 36 opérations de maintien de la paix avec environ 97 000 personnels déployés. Au cours de ces 12 dernières années, le Bangladesh fournit environ 10% du nombre total des soldats déployés. Mon pays est le premier pays fournisseur de contingents avec 11 137 effectifs actuellement sur le terrain, a-t-elle ajouté. Elle a rappelé le sacrifice de son pays qui a perdu 100 Casques bleus. Mme Khan a estimé que le succès des opérations de maintien de la paix dépend des ressources disponibles et elle a mis l’accent sur la nécessité d’une coopération plus étroite entre le Secrétariat, le Conseil et les pays fournisseurs de troupes et de police. Elle a également rappelé l’importance d’un engagement actif et étroit entre les pays fournisseurs de contingents lorsqu’il s’agit de prendre des décisions sur une nouvelle mission ou sur l’extension du mandat d’une opération en cours. Mme Khan a, par ailleurs, estimé que le mandat initial d’une mission doit prendre en compte le potentiel des pays fournisseurs de contingents et établir un calendrier clairement défini.
Mme BATTUNGALAG GANKHUURAI (Mongolie) a affirmé que le maintien de la paix par les Nations Unies continuait d’être un élément dynamique et essentiel de la réponse internationale face aux menaces contre la paix et la sécurité, tout en mettant en place les fondements de la stabilité. Des progrès encourageants ont été effectués dans la coopération en vue du maintien de la paix, notamment par le développement de mécanismes efficaces de consultations triangulaires. La Mongolie, pays fournisseur de contingents, apprécie les efforts du Groupe de travail du Conseil de sécurité pour promouvoir une meilleure compréhension des stratégies et pour remédier aux différences entre les mandats et leur mise en application sur le terrain. Elle espère que davantage sera fait pour assurer la participation des pays fournisseurs de contingents à toutes les étapes des missions.
Le délégué a également exprimé le soutien de son pays au concept général de la Stratégie globale d’appui aux missions et aux efforts fournis par le Secrétaire général, tout en reconnaissant les obstacles rencontrés dans le domaine de l’appui logistique, administratif et technologique aux opérations de maintien de la paix. Par ailleurs, la Mongolie est en train de suivre une politique visant à l’accroissement du nombre de femmes mongoles parmi ses contingents de maintien de la paix.
M. NG CHIN HUAT (Malaisie) a réaffirmé le rôle central des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Les OMP sont, d’après lui, un instrument indispensable pour le règlement de conflits qui a fait ses preuves. Soulignant la difficulté de la situation du Département des opérations de maintien de la paix, dont les ressources ont atteint leurs limites, le délégué s’est dit encouragé par le dialogue qui s’est amorcé entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents, qui a permis de définir un agenda commun pour le maintien de la paix. Après avoir pris note des progrès réalisés depuis la présentation de l’initiative « Nouvel horizon », en particulier pour ce qui est de la stratégie mondiale d’appui aux missions, le représentant a mis en avant l’importance de la protection des civils dans les conflits armés s’agissant, selon lui, d’une « responsabilité morale » de la communauté internationale. Il a également soutenu que pour pouvoir mieux faire face aux besoins multiples, la formation du personnel de maintien de la paix devrait être renforcée. Cela est particulièrement vrai dans le domaine de la protection des civils a-t-il précisé. Il a également invité les États Membres à apporter un soutien inébranlable aux opérations de maintien de la paix tant sur le plan humain que logistique et matériel.
Après avoir pris note du non-papier « Nouvel horizon », Mme JOSEPHINE OJIAMBO (Kenya) a souligné que les organisations régionales assument désormais un rôle de plus en plus important dans le règlement des conflits régionaux, citant à titre d’exemple le cas des interventions de l’Union africaine pour stabiliser les situations de conflit au Burundi, au Darfour et actuellement en Somalie. Cependant, pour pouvoir aller de l’avant, Mme Ojiambo estime qu’il sera nécessaire de renforcer les capacités de maintien de la paix de l’Union africaine par le biais d’un financement continu, prévisible et flexible des missions de paix, en particulier celles mandatées par le Conseil de sécurité. À cet effet elle a milité en faveur d’un partenariat plus soutenu ONU-Union africaine. S’agissant de sa délégation, elle a affirmé que l’objectif stratégique du Kenya est de continuer d’appuyer les efforts de l’ONU et de l’Union africaine, en particulier dans la région des Grands Lacs. En tant que Président du Comité de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sur le Soudan, le Kenya convoquera un Sommet spécial sur le Soudan, a-t-elle encore précisé.
À toutes les étapes d’une opération de maintien de la paix, il est indispensable, selon elle, d’avoir un dialogue triangulaire transparent entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes. La déléguée a soulevé le problème des remboursements de ces pays qui, selon elle et compte tenu de la réalité économique, doivent se faire plus rapidement. D’autre part, soulignant qu’il vaut mieux avoir des effectifs qualifiés que nombreux, elle a mis en avant l’importance de la formation du personnel de maintien de la paix avant son déploiement. Cela suppose des modules de formation standardisés qui puissent être administrés de manière coordonnée dans les différents centres d’appui à la paix basés dans les pays contributeurs de troupes. Le Centre international (IPSTC), basé au Kenya, est une capacité existante en Afrique dont on pourrait faire usage en matière de formation, a-t-elle proposé. Constatant également que les mandats de missions de la paix prévoient de plus en plus souvent un rôle de protection des civils, elle a regretté que souvent les Casques bleus ne « comprennent pas ce qui est attendu de leur part » et a demandé que des directives claires sur la protection des civils soit définies.
M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a mis l’accent sur le rapport Brahimi publié en 2000 et a souligné la nécessité de réformer les opérations de maintien de la paix. L’ampleur des mandats et la complexité des missions exigent que les réformes soient suivies de prêt, a-t-il estimé. Il a déploré que le niveau des ressources ne corresponde pas à l’envergure des mandats. Pour lui, les mandats doivent être clairs et opérationnels, les objectifs des missions doivent être identifiés et les décisions doivent s’appuyer sur les ressources logistiques disponibles. Les causes du conflit doivent être traitées et faire partie d’une réflexion plus globale, a-t-il poursuivi. Il a également mis l’accent sur la nécessité de définir des stratégies de sortie. Il a regretté que seuls les pays en développement soient les plus grands contributeurs de contingents. Il a invité les pays développés à jouer un rôle important. Le nombre des pays fournisseurs de contingents et de police doit être augmenté, a-t-il dit, et pour cela il faut susciter la participation de nouveaux pays. Le représentant a également rappelé l’attachement de sa délégation à la notion d’égalité des sexes au sein des opérations de maintien de la paix.
M. KAZUO KODAMA (Japon) a noté que les États Membres doivent relever des défis qui exigent une attention urgente, à savoir les problèmes liés aux écarts entre les attentes des mandats du Conseil de sécurité et leur mise en œuvre sur le terrain. Dans ce contexte, le Japon se félicite du fait que des progrès soient faits sur l’initiative « Nouvel horizon » et encourage le Secrétariat à garder le cap. Il attend l’examen des capacités civiles qui doit être fait par le Département de l’appui aux missions. En tant que Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix, le Japon a axé ses efforts sur la relance de la coopération avec les pays contributeurs de contingents militaires et de police, le Comité des opérations de maintien de la paix (C-34) et d’autres partenaires clefs. Le Groupe de travail a tenu 14 séances qui étaient consacrées aux lacunes à combler pour pouvoir appliquer les mandats du Conseil de sécurité. Pour le Japon, le maintien de la paix et la consolidation de la paix doivent être menées de façon parallèle. Le représentant a encouragé les Nations Unies à partager ce point de vue dans son approche stratégique du maintien de la paix.
M. VINCENT NYAKARUNDI (Rwanda) a rappelé que son pays en tant qu’État hôte a été « victime de l’échec du mandat de maintien de la paix des Nations Unies ». Toutefois, au cours de ces dernières années, le Rwanda a démontré un fort engagement à participer à l’amélioration des opérations de maintien de la paix en vue d’apporter la paix et la stabilité dans le monde. Aujourd’hui, 3 783 Casques bleus rwandais servent dans sept missions à travers le monde. Par ailleurs, le Rwanda, a-t-il dit, appuie le renforcement de la coopération régionale afin de soutenir les efforts à ce niveau en matière de maintien de la paix. Les organisations régionales ont la capacité de pouvoir intervenir rapidement et de manière décisive, a-t-il dit.
L’une des conditions du succès d’une mission passe par un mandat réalisable et clair, a-t-il indiqué. Il a invité le Conseil de sécurité à consulter les pays fournisseurs de contingents, qui bénéficient d’une vue globale des conflits, a déclaré M. Nyakarundi. Il est fondamental, a-t-il poursuivi, que les missions de maintien de la paix bénéficient des ressources adéquates. Pour assurer la sécurité des autres, les Casques bleus doivent pouvoir agir en toute sécurité, a-t-il estimé. À cet égard, il a souligné l’importance d’améliorer les conditions des troupes, notamment au Darfour où les soldats de la paix dorment, depuis plus de deux ans, dans des tentes. Les Casques bleus doivent disposer de ressources adéquates, mais aussi d’un mandat et d’une formation afin d’appuyer le pays hôte. Le représentant a également mis l’accent sur la participation des femmes aux opérations et également dans le processus de décision et a, à cet égard, indiqué que son pays avait déployé 90 femmes dans les forces de police.
M. TIMOTHY ANAELE MGOKWERE (Nigéria) s’est associé aux déclarations du représentant du Mouvement des pays non alignés. Il a souligné les lourdes difficultés et complexité grandissante des opérations de maintien de la paix (OMP) au cours de la dernière décennie, tout en soulignant que davantage doit être fait pour les améliorer. Affirmant que le maintien de la paix et la sécurité internationale relèvent de la responsabilité collective, il a plaidé pour un renforcement des capacités régionales des OMP. Il a suggéré à cet égard une mise à niveau du Centre de formation de maintien de la paix de Jaji, pour préparer la Force africaine en attente.
Le représentant a aussi évoqué le manque de matériel dans plusieurs missions, créant un fossé entre attentes et performances. Il a appelé à des missions structurées autour des capacités et à maximiser les synergies au sein du système des Nations Unies, y compris les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat. Par ailleurs, au vu des liens étroits entre OMP, sécurité et développement, il est important que le maintien de la paix serve à créer les fondations du développement, a-t-il souligné, insistant aussi sur le besoin d’un financement prévisible, durable et flexible. Le Nigéria a aussi évoqué l’importance d’une collaboration entre le Conseil de sécurité et les instances régionales pour comprendre des conflits locaux, le rôle des OMP pour protéger les femmes, les enfants et les civils en général, et le besoin d’une réflexion sur la diplomatie préventive.
M. PETER THOMSON (Fidji) a estimé que les progrès récents dans l’efficacité des OMP s’expliquent par un dialogue renforcé entre Conseil de sécurité, Secrétariat, pays contributeurs de troupes et de police et pays hôte des missions de paix. La complexité actuelle ne peut trouver de réponses que dans une meilleure coopération et des partenariats plus larges, selon le délégué, qui, à cet égard, s’est félicité du processus amorcé par l’initiative « Nouvel horizon ». Il a insisté sur la nécessité de doter les OMP de soutiens logistiques et d’appuis administratifs adéquats, expliquant que ces missions doivent avoir une approche basée sur la performance. Dans ce contexte, sa délégation appuie la mise en œuvre de la stratégie mondiale d’appui aux missions.
Soulignant que le succès des missions repose également sur les structures de commandement, il a demandé des voies de communication claires entre les officiers déployés sur le terrain et le Siège. Revenant à la résolution 1325, le délégué a réaffirmé l’engagement de sa délégation à la mise en œuvre de ce texte qui porte sur le rôle des femmes en situation de conflit. Ainsi Fidji renforce la participation des femmes à ses effectifs militaires et de police, et les associe de manière plus soutenue au processus de prise de décisions. Soulignant l’importance du respect des normes disciplinaires et du professionnalisme des Casques bleus, le délégué a insisté sur le fait qu’il faut leur assurer une formation suffisante avant de les déployer sur le terrain. Compte tenu du fait que les exigences en personnel qualifié et spécialisé sont de plus en plus nombreuses, le représentant a demandé que ces exigences soient reflétées dans les modules de formation offerts par les Nations Unies.
M. OMBENI SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a mis en avant les efforts des Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions pour soutenir les 16 missions de maintien de la paix déployées dans le monde. Il faut améliorer les aspects opérationnels pour répondre aux défis du XXIe siècle, a-t-il dit. M. Sefue a mis l’accent sur la nécessité de développer des partenariats opérationnels avec les organisations régionales afin d’améliorer le déploiement des opérations de maintien de la paix, à travers le monde. Il a, à cet égard, salué le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine. M. Mahiga a, par ailleurs, fait part de son inquiétude concernant les ressources allouées aux opérations de maintien de la paix. Il a également fait part de sa préoccupation concernant la protection des civils et a souhaité que cette question soit inscrite au cœur des mandats des opérations de maintien de la paix. La protection des civils et les ressources adéquates sont des questions essentielles pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté. La famille des Nations Unies intervient pour agir face à des actes de violence et n’est pas là pour maintenir le statu quo, a-t-il dit. Ainsi, il faut se pencher sur les questions relatives à la prévention, la gestion et le règlement des conflits.
M. MAMOUDOU MANA (Cameroun) a réaffirmé l’attachement du Cameroun aux principes du consentement des parties, du non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, du respect de la Charte des Nations Unies concernant la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance des États, de la neutralité et de l’universalité. Il a plaidé pour une synergie entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et l’Assemblée pour accroître l’efficacité des opérations de maintien de la paix (OMP). Il a noté la complexification significative des OMP en 60 ans d’existence, qui s’est doublée d’une croissance des effectifs déployés et a mené à de lourdes conséquences financières pour l’ONU, le budget des OMP étant passé de 840 millions de dollars sur l’exercice 1998-1999 à 7,2 milliards en 2010-2011. Ce contexte rend la gestion des OMP plus ardue, a-t-il souligné, citant plusieurs sujets de préoccupation dont des environnements pas toujours favorables, ou encore l’administration, la formation et la sécurité de personnels aux origines variées.
Il a appelé les pays contributeurs à ne pas succomber à la tentation du désengagement, et a à ce titre relayé l’appel à un soutien accru de la communauté internationale au renforcement des capacités endogènes en République centrafricaine et au Tchad, dans la perspective du retrait de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) au 31 décembre 2010. Il a aussi plaidé pour une participation collective à la réforme « Nouvel horizon », citant en exemple la question d’une formation de qualité pour les personnels à déployer et la création en 2008 d’une École internationale des Forces de sécurité (EIFORCES) par le Cameroun avec l’appui de la communauté internationale. Le Cameroun, appelant les États Membres à encourager l’opérationnalisation des mécanismes africains de gestion de crise, a aussi noté avoir sensiblement augmenté sa contribution aux OMP cette année et avoir apporté son soutien logistique aux missions dans les pays voisins comme pour la MINURCAT et l’EUFOR.
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a souligné que les missions de maintien de la paix des Nations Unies doivent être pleinement compatibles avec les dispositions de la Charte de l’Organisation et respecter les principes de base du maintien de la paix qui sont le consentement des parties, l’impartialité et le non-usage de la force sauf en cas de légitime défense. Il a également évoqué les principes de la souveraineté nationale, de l’indépendance politique, de la non-ingérence dans les affaires internes et de l’intégrité territoriale. Si les missions de paix doivent respecter ces principes, il faut, selon lui, qu’il y ait cohérence dans la terminologie utilisée en matière de maintien de la paix par les organismes internationaux. Pour la délégation iranienne, l’Assemblée générale et le Comité des 34 sont les deux fora les plus appropriés pour discuter de ces questions et les politiques de maintien de la paix de l’ONU.
Partageant l’opinion selon laquelle le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont interconnectées, il a soutenu qu’elles ne devraient pas être abordées séparément, ce qui l’a amené à demander que la consolidation soit intégrée au plus tôt dans la planification des missions. Pour pouvoir assurer une transition aisée, il faut, selon lui, créer les conditions nécessaires au développement socio-économique durable des pays hôtes de missions. Abordant également la question de la protection des civils en situation de conflit, le délégué a réaffirmé que cela relève de manière prioritaire de la responsabilité des pays hôtes. Dans les cas où le mandat des missions prévoit le volet de la protection des civils, il faut que ce mandat soit clair et qu’il se base sur une approche holistique qui inclut la fourniture des ressources adéquates, un soutien logistique et une formation appropriée du personnel de maintien de la paix, a encore précisé le représentant. Il a également partagé le point de vue selon lequel le succès des OMP est lié au règlement des causes profondes des conflits. À cet égard, il est revenu sur la situation des missions déployées au Moyen-Orient (FINUL, UNDOF et UNTSO). Le délégué a estimé que seul un retrait inconditionnel de la puissance occupante des territoires palestiniens occupés pourrait permettre le succès de ces missions. Il s’agit, selon lui, de la condition préalable à toute paix durable dans la région.
M. JOHNY SANTA CRUZ ARANDIA (Bolivie) a indiqué que son pays est activement impliqué dans les opérations de maintien de la paix, et cela en conformité avec la Constitution de la Bolivie, État pacifique, qui promeut la culture de la paix et de la coopération entre les peuples du monde. La Bolivie, a-t-il dit, réitère son engagement de continuer à fournir ses plus précieuses ressources humaines aux opérations de maintien de la paix. Actuellement, du personnel bolivien est déployé en Haïti et plus de 50 observateurs militaires boliviens ont été envoyés dans différentes missions de maintien de la paix à travers le monde, a-t-il précisé. À cet égard, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de respecter le consentement de l’État hôte, l’impartialité et le non-usage de la force, comme étape préalable au déploiement de toutes missions de maintien de la paix. La Bolivie, a-t-il poursuivi, prend note des efforts du Secrétariat pour que les personnels déployés s’acquittent de leur mandat. Il est nécessaire de parvenir à l’efficacité et au succès des missions de maintien de la paix, a-t-il estimé. Pour cela, il faut améliorer les processus de formation du personnel déployé, a-t-il ajouté. Mettant l’accent sur la nécessité d’une interaction entre tous les intervenants, le représentant a réitéré l’engagement de son pays de continuer à contribuer aux opérations de maintien de la paix.
M. LESLIE K.CHRISTIAN (Ghana) a appuyé le processus de réforme du maintien de la paix des Nations Unies et a invité le Secrétariat à renforcer son dialogue avec les pays contributeurs de troupes et de contingents de police (PCC) en vue d’assurer le succès des missions de paix sur le terrain. Soulevant la problématique des écarts entre les capacités opérationnelles du DOMP et du DAM et les demandes auxquelles ces Départements doivent répondre, le délégué a affirmé que seuls des mandats réalistes pouvaient répondre à ce problème. Il a estimé qu’il était impératif pour le Conseil de sécurité de solliciter les avis des PCC et des autres acteurs sur le terrain afin de pouvoir peaufiner les mandats des missions. Ainsi la participation des pays fournisseurs de contingents doit se faire, selon lui, à tous les niveaux de la planification de ces missions. À ce propos, il a regretté qu’il y ait toujours des retards dans les remboursements des PCC car, selon lui, cette situation pourrait nuire à la participation de ces pays aux missions actuelles des Nations Unies.
M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a appelé à une meilleure coopération et coordination, entre le Secrétariat général, le Conseil de sécurité, les troupes, la police et les pays contributeurs, afin d’améliorer les opérations de maintien de la paix. La République de Corée soutient l’initiative « Nouvel horizon », lancée l’année dernière par le Secrétariat, pour améliorer le partenariat avec les pays contributeurs de troupes et de police. Il a aussi estimé qu’un système de déploiement rapide est essentiel pour l’efficacité des forces de maintien de la paix, se félicitant vivement de la création du Département de l’appui aux missions.
M. Bong-Hyun a estimé que face à l’évolution multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix, il faut désormais dépasser la dimension militaire, pour intégrer d’autres stratégies, basées sur le développement, les droits de l’homme, le désarmement, à travers l’établissement de l’état de droit, la réforme du secteur de la sécurité et un programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). L’accent doit aussi être mis sur la protection des civils, a-t-il ajouté.
Le représentant s’est aussi félicité de l’augmentation du nombre de femmes sur le terrain, en particulier dans de hautes fonctions. Les femmes représentent plus de 30% des civils déployés dans les opérations de maintien de la paix. À cet égard, la République de Corée soutient la résolution 1325 du Conseil de sécurité. S’agissant du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), il a marqué sa préoccupation face au manque de ressources et de soutien aux missions clefs, en particulier en Afrique. C’est le cas de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a-t-il souligné.
M. CARLOS D. SORRETA (Philippines) s’est associé aux déclarations faites par les représentants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), du Groupe asiatique et du Mouvement des non-alignés. Il a rendu hommage aux trois Philippins soldats de la paix impliqués dans les opérations de la MINUSTAH et décédés lors du tremblement de terre en Haïti. Il a exprimé l’engagement de son pays dans les opérations de maintien de la paix et a plaidé pour la nécessité d’assurer la sécurité des Casques bleus. Il a salué l’engagement de M. Leroy à rouvrir une enquête sur les circonstances de la mort du colonel philippin Renerio Batalla, décédé de malaria lors d’une mission au Soudan en 2007.
Il a pris note du point actualisé sur la réforme « Nouvel horizon », a appelé à des réformes pour les missions existantes et a salué le dialogue entre le Secrétariat, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs d’effectifs militaires et de police, et les autres acteurs du maintien de la paix. Il a souligné que les Philippines, en tant que pays contributeur à sept missions d’OMP, peut apporter son expérience de terrain pour quatre volets de la réforme, à savoir l’élaboration des politiques, le renforcement des capacités, la stratégie globale d’appui aux missions, ainsi que la planification et l’évaluation. Citant la dynamique nouvelle d’évolution de l’activité des OMP vers la consolidation de la paix, il a suggéré d’étudier les relations entre maintien et consolidation de la paix, et a apporté son appui à l’examen en cours de l’architecture de la consolidation de la paix. Il a appelé à ce que d’avantage de pays développés jouent un rôle dans les OMP.
M. ZHAO BAOGANG (Chine) a estimé qu’au cours de ces 50 dernières années, le maintien de la paix a été remarquable. Toutefois, les missions de la paix se heurtent aujourd’hui à des difficultés croissantes. Ainsi, le représentant a souhaité que l’Organisation des Nations Unies parvienne à réformer les activités de maintien de la paix. Le représentant a souhaité une plus grande coordination des mandats et des capacités déployés pour permettre la mise en œuvre et le succès des opérations de maintien de la paix. Les tâches de certaines missions sont tellement importantes, que les forces déployées sur le terrain n’ont pas la capacité de réaliser leur mandat, a-t-il noté. Il a ajouté que certaines opérations avaient la responsabilité de protéger les civils, alors qu’elles ne disposent pas des ressources nécessaires. Il a fustigé ceux qui mettent en avant l’échec des opérations de maintien de la paix à protéger les civils. Ces mêmes missions ont parfois la responsabilité d’aider les gouvernements à lutter contre les mouvements rebelles, a—t-il fait remarquer.
M. Baogang a exhorté le Secrétariat et le Conseil de sécurité à consulter les pays fournisseurs de troupes avant de définir le mandat d’une mission ou le renforcement des capacités. Il a, par ailleurs, souhaité une meilleure coordination entre le maintien et la consolidation de la paix. Il faut créer, selon lui, les conditions propices à la consolidation de la paix et préparer les stratégies de sortie. La stratégie de l’appui aux missions doit être plus étoffée, puisqu’elle est la garante du déroulement sans heurt des opérations. Mettant l’accent sur le document « Nouvel horizon », le représentant a salué les efforts des deux Départements pour améliorer leurs activités. M. Baogang a mis l’accent sur le renforcement de la coopération régionale, notamment entre l’ONU et l’Union africaine, pour assurer la paix et la sécurité en Afrique. La plupart des opérations de maintien de la paix sont déployées sur le continent africain et l’Union africaine a fait beaucoup pour le règlement des conflits, a-t-il dit. Il est toutefois regrettable qu’elle continue à se heurter à une pénurie des ressources logistiques et financières. Il a exhorté l’ONU à renforcer son assistance aux organisations régionales.
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