Quatrième Commission: les délégations ont reconnu que les opérations de maintien de la paix étaient aujourd’hui à la croisée des chemins
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Quatrième Commission
16e séance – matin
Q UATRIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS ONT RECONNU QUE LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ÉTAIENT AUJOURD’HUI À LA CROISÉE DES CHEMINS
Plusieurs délégations ont mis l’accent sur les difficultés rencontrées par les opérations de maintien de la paix, au cours du débat général sur cette question qui s’est tenu aujourd’hui devant la Quatrième Commission. Une meilleure planification, des mandats réalisables, la participation des pays fournisseurs de contingents aux discussions ou un appui financier et humain renouvelé sont des étapes indispensables aux succès futurs des opérations de maintien de la paix, ont estimé la plupart des intervenants.
Le représentant de l’Inde a rappelé que depuis la première mission de maintien de la paix en 1956, les opérations ont augmenté en nombre et en complexité. Selon lui, elles se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins. Plusieurs délégations ont mis en avant la nécessité de mieux planifier, définir ou évaluer les risques comme étant une étape indispensable avant le déploiement de toute mission. La phase de consolidation de la paix et la stratégie de sortie doivent également être rapidement définies, ont souligné plusieurs orateurs. Le Pakistan, qui fournit actuellement 12% des effectifs sous le drapeau onusien, a souhaité qu’il y ait une interface entre maintien de la paix et consolidation de la paix de manière à jeter les bases d’une paix durable et du développement. Les opérations de maintien de la paix n’ont pas vocation à durer, mais doivent être perçues comme faisant partie d’une réponse plus globale à la crise, ont estimé certains représentants.
Les délégations ont unanimement souhaité que les missions soient dotées de « mandats clairs et réalisables ». La participation des pays fournisseurs de troupes et de police et le consentement des États hôtes sont également des conditions requises aux déploiements des missions, ont estimé certains. Leurs expériences, a indiqué le représentant de la Jordanie, contribueront au succès de la mission.
Les délégations ont, pour la plupart, reconnu les difficultés à assurer le succès des missions. Ils ont, à cet égard, souhaité que le Conseil de sécurité évalue davantage les risques sur le terrain avant le déploiement. Le Conseil de sécurité doit également tenir compte des vues des pays fournisseurs de contingents, comme une étape préalable, avant le changement du mandat d’une mission, ont ajouté certaines délégations. Le représentant de l’Inde a, pour sa part, estimé qu’il fallait mettre fin à des calendriers trop ambitieux qui mettent en péril la réalisation des opérations.
Des pays, dont la Jamahiriya arabe libyenne, ont estimé que les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être une alternative aux règlements des causes profondes des conflits. La représentante de l’Érythrée a estimé qu’il fallait prévenir les conflits plutôt que de les gérer. Il faut pouvoir s’adapter rapidement aux changements sur le terrain, ont reconnu plusieurs orateurs, qui ont appelé à la mise en place d’un mécanisme d’alerte rapide et efficace en la matière. Toutefois, la question des moyens humain, financier et logistique demeurent l’un des principaux défis rencontrés par les opérations de maintien de la paix sur le terrain, ont déploré la plupart des délégations, qui ont souhaité une diversité des sources et des États contributeurs.
La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur cette question, demain, mercredi 27 octobre, à 10 heures, en salle de conférence 4.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
M. NATTAWUT SABYEROOP (Thaïlande), qui s’est exprimé au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a souligné l’importance pour les opérations de maintien de la paix d’être conformes aux principes de la Charte des Nations Unies, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et la non-utilisation de la force. Elles doivent également respecter les principes de souveraineté, d’égalité, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les questions relevant de la juridiction nationale des États. En tant que pays contributeur de troupes et de police, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de réaliser des mandats clairs et réalisables. Les pays fournisseurs doivent également être consultés et impliqués dans la définition des mandats, a-t-il dit. Les opérations de maintien de la paix, a-t-il ajouté, doivent bénéficier des ressources suffisantes, prévisibles et fiables et en temps opportun. Les États membres de l’ANASE fournissent actuellement près de 4 000 soldats de la paix déployés à travers 14 Missions.
S’agissant des opérations de maintien de la paix multidimensionnelles, le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’avoir des consultations transparentes et inclusives entre les parties prenantes, y compris les États hôtes, les pays contributeurs de troupes et de personnels civils, ainsi que le société civile et les organisations non gouvernementales, afin de mettre en œuvre des mandats efficaces et coordonnés. Le représentant a indiqué avoir pris note des récents développements relatifs au document « Nouvel horizon » et à la Stratégie globale d’appui aux Missions. Il s’est félicité des avancées sur le document « Nouvel horizon » et a souhaité que les discussions se poursuivent. Enfin, il a rappelé qu’au cours des deux dernières décennies, son pays a fourni près de 20 000 troupes, des policiers et des personnels civils aux opérations de maintien de la paix. Récemment, la Thaïlande a envoyé un groupement de navires de guerre pour participer aux efforts internationaux de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden.
M. AMIR WEISSBROD (Israël) a déclaré qu’il lui semble essentiel de fixer des objectifs prioritaires pour chaque mission de paix. Israël salue le travail accompli par les différents organes des Nations Unies pour mettre en œuvre les priorités de la plate-forme « Nouvel horizon », notamment les discussions sur la notion de « missions robustes » et les consultations du Conseil de sécurité avec les pays contributeurs de contingents. S’agissant du processus d’évaluation des missions, Israël appuie l’approche basée sur des points de référence tout en tenant compte de la complexité de chaque mission. Le délégué a également fait part des récents efforts israéliens pour participer aux missions de maintien de la paix de l’ONU, notamment en Géorgie, avec des contributions individuelles, et en Haïti.
Abordant la question de la FINUL, le représentant a affirmé que cette Force a joué un rôle de stabilisateur le long de la frontière israélo-libanaise et continue de jouer un grand rôle dans la mise en application de la résolution 1701 et pour prévenir tout conflit. Le représentant a assuré que son pays restait pleinement déterminé à respecter la résolution 1701 et à appuyer les efforts de la FINUL au Sud-Liban, même s’il reste encore des défis à relever sur le terrain: primo, la présence du Hezbollah qui se militarise au sud-Liban et, secundo, les actes de prétendus civils qui empêchent la FINUL de s’acquitter de son mandat. M. Weissbrod a affirmé que ces actes sont orchestrés par le Hezbollah. Pour sa délégation la FINUL est un test de la manière dont la communauté internationale arrive à conduire des « opérations de maintien de la paix robustes » au Moyen-Orient. Il a saisi cette opportunité pour saluer le rôle joué par la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (UNDOF).
M. ABUZIED SHAMSELDIM AHMED MOHAMED (Soudan) a souligné le fait que le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU (DOMP) doit faire preuve de souplesse pour pouvoir s’adapter aux réalités changeantes sur le terrain. En tant que pays-hôte de deux missions successives, la MINUAD et la MINUS, le Soudan a collaboré avec ces deux missions grâce à un mécanisme tripartite (ONU, Union africaine, Gouvernement soudanais), a expliqué le représentant. Rappelant que l’Accord global de paix a mis fin à la guerre au Sud-Soudan, il a déclaré que depuis, le Gouvernement soudanais poursuivait ses efforts pour le développement de cette région en fournissant les ressources à partir du budget national, ajoutant que les recettes pétrolières permettaient au gouvernement local de financer une large partie de son côté. À l’approche du référendum sur le statut du Sud-Soudan, le délégué a rappelé que son gouvernement est soucieux de tenir ce référendum le 9 janvier 2011. Par ailleurs, ce référendum doit être libre et impartial pour que la volonté des habitants du sud s’exprime librement.
Pour sa délégation, il est essentiel que les opérations de maintien de la paix respectent les buts et objectifs des Nations Unies et le consentement des parties, l’impartialité et la non-utilisation de la force sauf en cas de légitime défense. Leurs mandats doivent être clairs et s’accompagner des ressources nécessaires à leur réalisation. Le délégué a également rappelé que l’objectif ultime des missions de paix est de réaliser une paix durable, ce qui signifie que les opération doivent passer d’un cadre étroit à un cadre multidimensionnel pour relancer le développement du pays et consolider la paix, phase du processus de paix à laquelle le gouvernement hôte doit être étroitement associé. S’agissant du Darfour, il faut assurer la réconciliation nationale et le développement de la région pour encourager le retour des réfugiés. L’Union africaine a un rôle important à jouer, selon lui, dans la Mission hybride au Darfour. Le rôle de l’Assemblée générale est également primordial par le biais du Comité des 34, a encore affirmé le délégué qui a pris connaissance des priorités présentées dans le document « Nouvel horizon », dont la protection des civils. Pour sa délégation cette question relève prioritairement de la responsabilité de l’État et toute tentative d’ingérence extérieure sous quelque prétexte que ce soit saperait, selon lui, le processus de paix.
M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a appelé à un renforcement du partenariat avec le Secrétariat dans le domaine du maintien de la paix. Notant que les opérations de maintien de la paix sont aujourd’hui à la croisée des chemins, le représentant a souhaité que les États Membres avancent ensemble et que le partenariat entre les États Membres et le Secrétariat soit renforcé. Le Secrétariat, a-t-il jugé, doit disposer de l’appui humain, logistique et financier dont il a besoin. Le représentant a mis l’accent sur le document « Nouvel horizon », publié par les Départements d’appui aux missions et d’opérations de maintien de la paix. M. Abdelaziz a souligné l’importance de l’efficacité des missions de maintien de la paix. Pour cela, a-t-il estimé, un consensus entre les États Membres, conformément aux dispositions de la Charte, et un appui financier aux missions sont indispensables.
M. Abdelaziz a, par ailleurs, indiqué qu’il était nécessaire d’éviter de changer les tâches des missions sans consultations avec les pays fournisseurs de contingents. Les mandats doivent être clairs, réalisables et définis sans précipitation, et prendre en compte la planification intégrée et l’approche robuste, a-t-il dit. Une stratégie de sortie est également nécessaire, a-t-il indiqué. Il a regretté que certaines opérations soient devenues des missions qui gèrent des conflits plutôt que de les résoudre. Par ailleurs, les mandats doivent tenir compte de la dimension humaine et assurer la protection des civils. Le représentant a mis l’accent sur l’importance de la coopération entre les organisations régionales qui jouent un rôle croissant dans le maintien de la paix et de la sécurité, notamment l’Union africaine. À cet égard, il a lancé un appel aux Nations Unies pour qu’elles appuient financièrement et logistiquement l’UA, afin de lui permettre de développer ses structures et ses capacités. Enfin, le représentant a rappelé que l’Égypte était le cinquième pays contributeur de troupes et de police avec 5 458 personnes.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a indiqué que les opérations de maintien de la paix étaient à la croisée des chemins. À cet égard, il a souligné l’importance de définir des mandats clairs, crédibles et réalisables accompagnés de ressources humaines, logistiques et financières adéquates. Soulignant l’importance de la Stratégie globale d’appui aux missions, le représentant a souhaité que les consultations et la collaboration se poursuivent entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes afin d’assurer le plein succès des opérations. M. Sangou a également souhaité que les opérations de maintien de la paix soient dotées de mandats clairs concernant la question de la protection des civils. Le maintien de la paix crée un environnement propice à une paix durable, à l’État de droit et à la bonne gouvernance, a-t-il dit. Créer, maintenir et soutenir le processus de paix exige une approche intégrée, a-t-il ajouté. C’est pourquoi, selon lui, dès le déploiement d’une mission de maintien de la paix il faut préparer la période de consolidation de la paix. À cet égard, M. Sangou a mis l’accent sur le rôle joué par les organisations régionales. L’Afrique du Sud soutient les efforts de l’ONU visant à renforcer sa coopération avec les organisations régionales, et notamment le partenariat avec l’Union africaine (UA).
M. ZWELETHU MNISI (Swaziland) a rendu hommage aux Casques bleus qui servent la cause de la paix dans le monde. Il s’est en outre félicité des efforts déployés par les Départements des opérations de maintien de la paix et d’appui aux missions, en particulier en Afrique. La plate-forme « Nouvel horizon » permettra, selon lui, une planification cohérente des besoins futurs dans le cadre de partenariats plus larges. Il a cependant reconnu les défis à relever notamment en termes de financement des capacités du Département des opérations de maintien de la paix. Il faut mettre le prix de la paix, a-t-il déclaré, en lançant un appel aux donateurs potentiels leur demandant de s’acquitter de leurs engagements au service de la paix. Le Swaziland rend hommage aux pays fournisseurs de contingents et de policiers, car « ils jouent un rôle essentiel sans lequel le mandat du maintien de la paix ne saurait être rempli ». Le maintien de la paix et la consolidation de la paix devraient, selon le délégué, inclure une dimension humanitaire solide, en voulant pour preuve le fait que les femmes et les enfants sont les cibles privilégiées en situation de conflit. Dans ce contexte, il a estimé que la création d’ONU-Femmes est un pas positif pour la défense des intérêts des femmes en situation de conflit.
M. MOHAMMAD ABDO ABD ELKARIM TARAWNEH (Jordanie) a estimé que les opérations de maintien de la paix étaient aujourd’hui dans une phase critique et que l’aspect multidimensionnel et les mandats compliqués rendaient encore plus difficile leurs réalisations. Rappelant que son pays participait aux opérations de maintien de la paix, il a souhaité que l’expérience des pays fournisseurs de contingents soit mieux prise en compte. Cette expérience, a-t-il dit, est indispensable pour le succès des missions, notamment lorsque la situation se détériore dans les pays hôtes. Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le « dialogue triangulaire », entre les pays fournisseurs de troupes et de police, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Il a estimé que le maintien de la paix et la consolidation de la paix se renforcent et doivent se compléter. Il a, par ailleurs, indiqué l’importance de définir des mandats clairs, qui prennent en compte la question de la protection des civils lors des conflits armés. À cet égard, il s’est félicité des propositions faites par le document « Nouvel horizon ».
M. MOHAMED REDA DUKALI (Jamahiriya arabe libyenne) a souligné que les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être une alternative au règlement des causes profondes des conflits. La Libye est préoccupée par la demande accrue imposée au Département des opérations de maintien de la paix, compte tenu des contraintes en termes de ressources du Département. S’attaquer aux causes profondes passe par la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a affirmé le représentant, expliquant que cela s’inscrit indirectement dans la question du maintien de la paix. Il a également insisté sur le respect des principes de base du maintien de la paix, car il en va de l’intégrité et de la crédibilité de l’ONU selon lui.
Revenant sur l’importance et l’utilité du dialogue triangulaire entre Secrétariat, Conseil de sécurité et pays fournisseurs de contingents et du renforcement de la coopération entre les Départements de maintien de la paix et le Département des affaires politiques, le délégué a également demandé à renforcer la coopération avec les organisations régionales. Pour la Libye, l’Assemblée générale est l’organe compétent pour rédiger les politiques en matière de maintien de la paix de l’ONU par le biais du Comité des 34, dont le rôle devrait être renforcé.
M. SHASHI THAROOR (Inde) a rappelé qu’au cours de ces 60 dernières années, son pays a été le premier fournisseur de contingents avec plus de 100 000 Casques bleus. Les missions aujourd’hui font face à un aspect multidimensionnel et complexe des conflits et doivent régler des questions interétatiques plutôt que remplir leur rôle classique de maintien de la paix, a-t-il estimé. C’est pourquoi, selon lui, une refonte de toutes les initiatives du maintien de la paix est indispensable. Il a également souhaité un dialogue plus accru entre les pays contributeurs de troupes et le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, dit « Comité des 34 ».
Les mandats et les missions doivent être mieux définis. Il a exhorté le Secrétariat à mieux écouter les gouvernements. Les opérations de maintien de la paix ont besoin d’un budget important, a-t-il dit, elles ne représentent toutefois que moins de 0,5% des dépenses militaires mondiales. Le représentant a, par ailleurs, regretté qu’actuellement la composition actuelle du Département des opérations de maintien de la paix ne permette pas de traiter le renforcement des institutions nationales qui selon lui est central pour le maintien de la paix. Le maintien de la paix restera la principale activité de l’ONU pour les prochaines années, a-t-il estimé. Pour le succès futur des opérations, il faudra davantage de partenaires et de capacités, a-t-il dit. Et la tendance actuelle d’éviter des discussions intergouvernementales sur ce sujet est, selon lui, contreproductive. Il y a une pénurie des capacités à travers le monde aujourd’hui. Le représentant a exhorté les États Membres à poursuivre leurs efforts et leurs engagements pour le bénéfice commun de tous.
Mme CLAUDIA BLUM DE BARBERI (Colombie), rappelant le rôle irremplaçable joué par l’Assemblée générale, via le Comité des 34, par le Conseil de sécurité et par le Secrétariat dans le maintien de la paix, a plaidé pour une coordination et une cohérence permanente entre ces différents niveaux et organes dans le cadre de leur mandat respectif. La réalisation des objectifs d’efficacité et de compétence des opérations de maintien de la paix nécessite également une corrélation adéquate et réaliste entre le mandat de chacun d’eux et les ressources nécessaires, a-t-elle ajouté. Elle a indiqué que l’expérience douloureuse du tremblement de terre en Haïti avait aussi démontré le rôle que peuvent jouer les opérations de maintien de la paix dans le perfectionnement des capacités en vue de fournir une réponse appropriée et opportune lors de situations d’urgence, tant en termes d’apport dans le domaine de la sécurité que de soutien logistique, a-t-elle précisé. Dans ce contexte, la Colombie –qui fournit des officiers de police à la MINUSTAH– suit avec un grand intérêt les travaux de l’ECOSOC en vue du développement intégré d’Haïti, a encore souligné la représentante, réaffirmant l’appui de sa délégation à la reconstruction socioéconomique et à la stabilité institutionnelle et politique de ce pays. Mme de Barberi a ensuite réitéré l’offre faite par le Président Juan Manuel Santos de partager l’expérience acquise par son gouvernement dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue ou les armes légères, ainsi qu’en faveur de l’éradication des mines antipersonnel –entre autres– des domaines d’activités dans lesquels son pays a acquis de fortes capacités techniques et opérationnelles, a-t-elle conclu.
M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a rappelé que le Pakistan a été le pays hôte de l’une des plus anciennes missions des Nations Unies (Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan). Il a aussi rappelé qu’il a été de manière constante l’un des plus gros contributeurs de contingents aux missions de l’ONU. Actuellement plus de 10 690 Pakistanais sont déployés sous le drapeau onusien, soit 12% des effectifs. Le Pakistan a maintenu ce niveau de participation aux opérations de paix en dépit des pressions domestiques liées à la lutte contre le terrorisme et aux inondations récentes. Dénonçant le manque chronique de ressources du DOMP, il a également demandé qu’une approche plus large des conflits, qui tienne compte des causes profondes, soit adoptée par le Département. Les mandats des missions doivent être clairs, réalistes et réalisables et assortis de moyens adéquats. De plus, il faut disposer d’un mécanisme permettant d’évaluer les missions et leurs besoins de manière à pouvoir s’adapter rapidement aux changements sur le terrain.
Le Pakistan encourage également un partenariat renforcé entre Conseil de sécurité, Secrétariat et pays fournisseurs de contingents. D’autre part, il souhaite qu’il y ait une interface entre maintien de la paix et consolidation de la paix de manière à faciliter le succès des missions intégrées et jeter les bases d’une paix durable et du développement. Le soutien politique et l’engagement des États Membres de l’Organisation reste la pierre angulaire des efforts de paix de l’ONU, a constaté le délégué. Il a proposé certaines mesures pour relever ces défis, notamment de faire participer davantage les pays fournisseurs de contingents (TCC) à la définition des mandats, car c’est à eux de les mettre en œuvre sur le terrain. Ces mandats doivent correspondre à une analyse objective et globale de la réalité sur le terrain, ce qui passe par le partenariat triangulaire (Conseil de sécurité, Secrétariat, TCC).
M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a plaidé en faveur d’une approche pragmatique du maintien de la paix, en incluant des tâches de consolidation de la paix dès le départ dans les mandats des missions, qui doivent être assortis de ressources adéquates. Le délégué a invoqué la validité des principes fondamentaux du maintien de la paix des Nations Unies. Il s’est dit convaincu du fait que les pays fournisseurs de contingents doivent être associés au processus de prise de décisions et à toutes les étapes des missions. Il a salué les progrès réalisés par l’Union africaine et l’ONU pour régler certains conflits africains par la médiation, de même que l’aide logistique apportée par l’ONU à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Face au problème récurrent des retards de remboursement des pays fournisseurs de contingents, il a expliqué que ceux-ci sont contreproductifs et doivent être réglés au plus vite. Il a également insisté sur l’importance du renforcement de la protection du personnel de maintien de la paix. En tant que pays fournisseur de contingents, le délégué s’est dit convaincu du fait qu’il s’agit là d’une obligation pour tous les États Membres de l’ONU.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a indiqué que son pays avait pris note du document « Nouvel horizon ». Il a remercié les Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions d’avoir honoré leurs engagements en informant les États Membres sur les progrès réalisés sur ce document. L’Algérie, a-t-il ajouté, est très attaché à l’amélioration des opérations de maintien de la paix et au renforcement de ses capacités. Mettant l’accent sur le dixième anniversaire de la publication du « Rapport Brahimi », M. Benhemidi a rappelé que ce rapport avait été rédigé après les problèmes rencontrés dans la conduite des opérations de maintien de la paix et contenait de multiples recommandations.
Selon lui, la communauté internationale doit poursuivre son travail en répondant aux multiples obstacles des opérations de maintien de la paix. Ces opérations, a-t-il rappelé, ont connu une expansion sans précédent au cours de la dernière décennie, conjuguée à un système à la limite de ses capacités en termes de soutien logistique, de financement et de suivi. Il a souhaité que les États Membres définissent des orientations politiques et renforcent leurs capacités, améliorent le dialogue et le partage d’information. Toutefois, les responsabilités sont partagées, a-t-il reconnu. Le Conseil de sécurité doit maintenir son engagement constant en faveur de la mission, du déploiement à sa réalisation et cet engagement ne doit pas être affecté par la complexité du conflit ou les difficultés du parcours. Par ailleurs, les pays contributeurs de troupes doivent également jouer un rôle dans la mise en œuvre sur le terrain des mandats clairs et réalisables, prenant en compte la protection des civils, et définis par le Conseil de sécurité. Il a estimé que des consultations étroites et significatives permettront d’améliorer les chances de succès des opérations.
Pour Mme IVONA BAGARIĆ (Serbie), la participation aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies représente une obligation internationale qui découle des droits et devoirs qui accompagnent le statut d’État Membre des Nations Unies. Elle a rappelé que la MINUK (Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo) avait été déployée, au titre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité, dans la province autonome du Kosovo, qui fait partie du territoire de la Serbie. Elle a affirmé qu’en participant au maintien de la paix dans d’autres régions du monde, la Serbie, indirectement, soutient la réalisation des objectifs des missions des Nations Unies, y compris sur son propre territoire.
Témoignant de son appréciation des efforts de paix de l’ONU, la Serbie a participé au cours des dix dernières années à un certain nombre de ces missions, notamment au Timor-Leste, Burundi, Libéria, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Haïti, Tchad et République centrafricaine. De plus, en 2011, de membres des forces militaires et de police serbes rejoindront les rangs de la FINUL et de la MINURSO. Après avoir constaté la plus grande efficacité des opérations de maintien de la paix et le meilleur usage des ressources disponibles, la déléguée a souligné que le succès de ces missions était étroitement lié à une coopération étroite avec les pays fournisseurs de contingents.
M. SIMON NYOWANI (Zimbabwe) a rappelé que les opérations de maintien de la paix devaient respecter les principes de la Charte des Nations Unies tels que la souveraineté des États et la non-ingérence dans les affaires internes des États hôtes. Il a souligné l’importance notamment, pour la bonne conduite des opérations d’un financement stable, de règles d’engagement claires et de l’implication accrue des organisations régionales et sous-régionales. À ce titre, le représentant a souhaité une mise en œuvre plus rapide du programme sur dix ans entre l’Union africaine et l’Union européenne sur le renforcement des capacités. Il a également appelé le Département des opérations de maintien de la paix à renforcer les arrangements de sécurité sur le terrain, et ce, pour accroître la sécurité des contingents déployés, se réjouissant à ce titre des stratégies futures exposées par M. Le Roy et Mme Malcorra. En conclusion, M. Nyowani a réaffirmé que la protection des civils était de la responsabilité principale du pays hôte. À ce sujet, il a prié le DOMP de donner aux Casques bleus des mandats clairs et réalisables. Il a aussi prié le Département de compléter le projet des directives concernant la protection des civils qui sera examiné par le Comité des 34.
M. KO KO SHEIN (Myanmar) a salué la plate-forme « Nouvel horizon » et le rapport sur les progrès réalisés au cours de l’année dernière dans les différentes priorités qui y sont définies. Le Myanmar est d’avis que les cadres politiques du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Quatrième Commission devraient être alignés sur le statut opérationnel des pays contributeurs de contingents et d’autres intervenants dans les missions de paix. Dans ce contexte, le délégué a pris note des efforts du Comité des opérations de maintien de la paix (C-34) pour insuffler une vision commune à la réforme du maintien de la paix des Nations Unies. Le délégué a plaidé en faveur d’une participation dés le départ des pays contributeurs de troupes et de police au processus préparatoire du Conseil de sécurité et des autres organes compétents de l’ONU. Pour lui le mandat des missions doit être basé sur des objectifs réalisables et concrets, il doit être clair et assorti des ressources adéquates. De plus, il faut, selon lui, qu’il y ait une planification efficace des opérations de maintien de la paix et une évaluation impartiale des situations de conflit. Pour le Myanmar, il faut éviter que les opérations de maintien de la paix ne deviennent une alternative au règlement des causes profondes des conflits. Soulignant qu’il n’existe pas de solution type adaptée à toutes les situations de conflit, le délégué a insisté sur la nécessité d’une plus grande communication entre États Membres et en particulier avec les pays contributeurs de troupes. Pour le Myanmar, il y a toujours besoin de clarifier les rôles, fonctions et compositions des équipes opérationnelles des missions intégrées. D’autre part, le Myanmar appuie la politique de tolérance zéro du Secrétaire général pour les actes de mauvaise conduite des Casques bleus. Il est cependant également primordial d’assurer la sécurité du personnel de maintien de la paix déployé sur le terrain, a souligné le représentant.
Mme ELSA HAILE (Érythrée) a constaté que les Casques bleus sont déployés dans des situations extrêmement complexes, des situations où parfois « il n’y a pas de paix à maintenir ». Elle explique ces situations par la présence d’un nombre croissant d’acteurs armés ou encore par la fragilité d’accords de paix auxquels des parties clefs n’ont pas été associées. Face à cette complexité croissante, elle a invoqué la validité des principes de base du maintien de la paix des Nations Unies, à savoir l’impartialité, le consentement des parties et le non-usage de la force sauf en cas de légitime défense pour garantir la crédibilité de l’ONU sur le terrain. Elle a également saisi cette occasion pour réaffirmer la responsabilité première des Nations Unies en matière de maintien de la paix, ajoutant que tous les arrangements régionaux doivent être conformes au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et ne peuvent ni remplacer le rôle des Nations Unies ni être exemptés du respect des principes de base suscités.
Sa délégation demande en outre que les préoccupations des pays hôtes des missions de paix soient dûment prises en compte pour garantir le succès du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales. Pour la déléguée, il s’agit d’intensifier les efforts tant sur le plan des capacités du Département des opérations de maintien de la paix que sur celui des efforts de prévention des conflits, ajoutant dans ce contexte que le maintien de la paix n’est pas le seul outil de la communauté internationale et qu’il existe une panoplie d’autres moyens pour préserver la paix et la sécurité internationales. Prévenir les conflits plutôt que de les gérer, devrait être le mot d’ordre, ce qui signifie, pour la déléguée, qu’un mécanisme d’alerte rapide efficace soit mis en place.
Droit de réponse
Revenant sur l’intervention israélienne, le représentant du Liban a invité Israël à faire correspondre ses actions à ses mots en retirant ses troupes du Sud-Liban, conformément à ce qui est stipulé dans les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il est d’avis que les propos israéliens ne correspondent pas à la politique israélienne sur le terrain. Israël ne respecte pas les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé. Invoquant dans ce contexte l’attaque israélienne sur les quartiers de la FINUL à Qana qui s’est soldée par plus de 100 victimes civiles libanaises, puis celle de 2006 sur un poste de l’UNTSO, le délégué a également fait part d’actes d’intimidation à l’égard de la FINUL par les forces israéliennes après l’adoption de la résolution 1701. Le représentant libanais a réitéré l’appui de son gouvernement à la FINUL et a reconnu le rôle essentiel que joue cette mission depuis plus de 30 ans. Il a affirmé que toutes les explosions qui ont eu lieu dans le Sud-Liban font l’objet d’une enquête de la FINUL et du Gouvernement libanais. Quant aux allusions faites par le délégué israélien au Hezbollah, il a rappelé que ce Groupe n’existait ni en 1978 lorsqu’Israël a attaqué le Liban, ni en 1982 lorsque l’occupation israélienne a atteint la capitale Beyrouth.
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