Comité des Palestiniens: Ban Ki-moon rappelle que l’annexion de Jérusalem-Est n’est pas reconnue et dénonce un blocus « inacceptable et contreproductif » de Gaza
Devant le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, le Secrétaire général de l’ONU a jugé bon de rappeler que l’annexion de Jérusalem-Est par Israël n’est pas reconnue par la communauté internationale. Le Comité qui tenait ce matin la première réunion de sa session 2010, a aussi entendu M. Ban Ki-moon exhorter Israël à lever le blocus « inacceptable et contreproductif » de Gaza.
La réunion du Comité a aussi été marquée par l’intervention de l’Observatrice de la Palestine, Mme Feda Abdelhady-Nasser, et la réélection du Président du Comité et Représentant permanent du Sénégal, M. Paul Badji, et des autres membres du Bureau du Comité.
Le Comité a par ailleurs approuvé son programme de travail pour 2010*, lequel prévoit plusieurs manifestations internationales, dont la Réunion internationale à l’appui de la paix israélo-palestinienne qui aura lieu, les 12 et 13 février prochains, à Qawra, à Malte, sur le thème « La nécessité de régler d’urgence les questions relatives au statut permanent: les frontières, Jérusalem, les colonies, les réfugiés et l’eau ». De son côté, le Conseil de sécurité a prévu un débat public sur le Moyen-Orient, le 27 janvier prochain.
Dans sa déclaration, le Secrétaire général de l’ONU a d’abord souligné que des efforts intenses sont déployés actuellement pour obtenir la reprise des négociations de paix entre Israël et la Palestine. Il a appuyé les initiatives lancées en ce sens par les États-Unis.
M. Ban Ki-moon a affirmé que les activités israéliennes de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en sapant la confiance entre parties israélienne et palestinienne, semblaient préjuger des résultats des négociations sur le statut final et entravaient la réalisation de la solution à deux États. Il a également jugé que les récentes tensions dans Jérusalem-Est, causées par les « discriminations » dont sont victimes les résidents palestiniens de la Ville sainte, risquaient de déstabiliser la région toute entière.
« Nous répétons que la communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion de Jérusalem-Est qui est partie intégrante du territoire palestinien », a-t-il lancé. Le Secrétaire général a souligné qu’une solution négociée doit être trouvée pour qu’à terme la Ville sainte devienne la capitale de deux États, palestinien et israélien. « Il s’agit là de la voie à suivre pour concrétiser la vision prévue de l’Initiative de paix arabe et les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il rappelé.
Concernant Gaza, M. Ban Ki-moon a estimé que ni les questions qui ont conduit au conflit ni les problèmes liés aux conséquences du conflit n’ont été résolus. Il a appelé Israël et les autorités palestiniennes « concernées » à lancer sans délai des enquêtes crédibles sur les nombreuses allégations de violations des droits de l’homme.
Le Secrétaire général a aussi exprimé sa profonde préoccupation quant à la situation humanitaire, car « les quantités de biens distribuées dans Gaza ne suffisent pas à répondre aux besoins de la population et à intensifier les activités urgentes de reconstruction ». Regrettant qu’Israël n’ait pas approuvé la proposition des Nations Unies de relancer les activités civiles de reconstruction, Ban Ki-moon a exhorté les autorités israéliennes à lever sans délai le blocus « inacceptable et contreproductif » de Gaza et à respecter le droit international.
M. Ban Ki-moon s’est dit également préoccupé par le sort de ceux qui vivent dans la peur des tirs de roquettes et de mortiers palestiniens dans le sud d’Israël. Il a appelé à la fin de ces attaques.
Il a par ailleurs considéré que le Comité avait un rôle important à jouer pour faire avancer la cause de la création d’un État palestinien et l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient telles qu’envisagées par la Feuille de route.
De son côté, Mme Feda Abdelhady-Nasser a dressé le même constat alarmant de la situation à Gaza, en invoquant les témoignages du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, M. John Holmes, et des organisations non gouvernementales (ONG) compétentes.
« La communauté internationale doit faire pression sur Israël pour que l’on passe des mots aux actes, au moment où, de surcroît, se poursuit la campagne de colonisation dans Jérusalem-Est occupée et ses environs » a renchéri l’observatrice palestinienne.
Elle a salué le fait que les États-Unis et l’Union européenne aient condamné des spoliations destinées à changer la « composition démographique de Jérusalem-Est par le biais de la prétendue croissance naturelle ».
« Israël essaie de constituer une majorité juive dans la région en colonisant toujours plus le territoire palestinien, une stratégie qui s’accompagne systématiquement des expulsions de familles palestiniennes et du refus de renouveler le permis de résidence de Palestiniens bien souvent nés dans la Ville sainte », a accusé la représentante. Elle a fait savoir que l’Autorité palestinienne continuerait à appeler la communauté internationale à contraindre Israël à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, « même si Israël juge ces textes illégitimes ».
Mme Abdelhady-Nasser a souhaité que le débat public que le Conseil de sécurité prévoit de tenir le 27 janvier soit l’occasion pour les États membres de réaffirmer leur position de principe et d’appeler à une réaction collective en faveur d’un règlement pacifique du long conflit entre Israël et la Palestine. « 2010 doit être l’année de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité au service de la paix dans la région », a-t-elle déclaré.
Les délégations de Cuba, du Mali, de l’Équateur, de la Jordanie, de l’Égypte et du Venezuela, ont appuyé le rôle du Comité en faveur de la cause palestinienne et appelé à leur tour à la participation la plus large possible au débat du 27 janvier.
Avant ces interventions, le Comité avait procédé à la réélection de son Président, M. Paul Badji, du Sénégal, et des autres membres de son Bureau, à savoir, les Vice-Présidents MM. Zahir Tanin, de l’Afghanistan, et Pedro J. Nuñez Mosquera, de Cuba, et le Rapporteur, M. Saviour Borg, de Malte.
Dans son allocution, M. Badji a déclaré qu’aussi longtemps qu’un règlement global, juste et durable ne sera pas trouvé à la question de Palestine, le Comité devra sans cesse rappeler à l’opinion internationale qu’en plus du retrait de tous les territoires occupés depuis 1967, les revendications du peuple palestinien portent aussi sur le statut de Jérusalem, le droit de retour des réfugiés, la question des colonies de peuplement, la délimitation des frontières, le partage de l’eau et les arrangements sécuritaires.
Présentant le programme de travail de 2010 du Comité, il s’est attardé sur la tenue, les 12 et 13 février prochains à Qawra, à Malte, de la Réunion internationale à l’appui de la paix israélo-palestinienne, qui sera organisée en coopération avec l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée.
Les membres du Comité ont, en fin de séance, adopté le programme de travail, qui prévoit d’autres manifestations internationales telles que le Séminaire des Nations Unies sur l’assistance au peuple palestinien, qui aura lieu en mars à Vienne; et la Réunion internationale des Nations Unies sur la question de Palestine et la Réunion sur la même question organisée par l’ONU pour la région de l’Afrique.
Le programme de travail de 2010 met également en lumière l’importance de la coopération entre le Comité et les organisations intergouvernementales et la société civile. Il demande à la Division des droits des Palestiniens de poursuivre ses activités concernant le système d’information des Nations Unies sur la question de la Palestine (UNISPAL), la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien et le programme annuel de formation destiné au personnel de l’Autorité palestinienne.
La prochaine réunion du Comité sera annoncée dans le Journal de l’ONU.
* A/AC.183/2010/CRP.1