La Commission économique et financière ouvre son débat général
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Deuxième Commission
2e séance – après-midi
LA COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE OUVRE SON DÉBAT GÉNÉRAL
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales prévient des risques que présentent les politiques d’austérité
Les travaux de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) se sont ouverts cet après-midi sous la présidence de Mme Ochir Enkhtsetseg, de la Mongolie. Ils ont été d’emblée placés sous le signe d’une crise économique et financière mondiale persistante, en particulier dans les pays en développement. Les États Membres présents à la réunion ont pris la parole par l’intermédiaire, notamment, de leurs groupes régionaux.
« Tarissement des flux de capitaux, envois de fonds en chute libre et taux de chômage en hausse »: ouvrant la discussion, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, a dressé le bilan inquiétant d’une économie mondiale en berne, qui peine à amorcer le redressement tant attendu. Il en a imputé la cause à l’interruption prématurée des mesures budgétaires de relance économique et, parallèlement, à l’imposition d’une austérité fiscale qui fait courir le risque d’un retour de la récession.
L’intervenant principal du débat, le professeur d’économie Robert J. Shiller, de l’Université Yale, a abondé en ce sens, soulignant que la consolidation fiscale –qui consiste à augmenter les impôts tout en réduisant les dépenses publiques- n’est pas de nature à produire les résultats escomptés. « Les préoccupations quant à l’endettement national doivent être pour le moment reléguées au second rang et laisser la priorité à la question fondamentale de la relance de la croissance», a-t-il insisté.
« L’économie a autant besoin d’esprit de corps qu’une armée ou une entreprise », a poursuivi M. Shiller, qui a préconisé la création de conditions susceptibles de restaurer la confiance des citoyens du monde entier en leurs gouvernements et leurs entreprises.
De ce point de vue, l’Administration Obama est à citer en exemple pour avoir lancé deux séries successives de « stimuli économiques » avec pour objectifs principaux la création d’emplois et le sauvetage d’institutions financières en perdition, qui, laissées à leur sort, auraient sombré, ce qui aurait eu un impact négatif sur la société civile dans son entier, a-t-il souligné.
C’est à des mesures de stimulation comparables au niveau international qu’ont appelé les pays en développement ayant participé aujourd’hui au débat. Le Groupe des 77 et la Chine, par la voix du Yémen, n’a pas manqué de rappeler l’importance pour les pays développés de porter, à hauteur de 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB), le montant de l’aide publique au développement (APD), d’ici à 2015.
« La moitié au moins de ces ressources seront canalisées vers l’Afrique et 0,15% à 0,20% de ce montant ira aux pays les moins avancés (PMA) », a assuré le représentant de la Belgique qui parlait au nom de l’Union européenne. Celle-ci a promis un milliard d’euros dans le cadre d’une initiative destinée à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il indiqué.
Plusieurs intervenants, à l’image de la représentante du Brésil, ont également plaidé pour une réforme des institutions économiques et financières internationales, et notamment pour une meilleure représentation des pays en développement, qui doivent être à même de prendre part à la prise des décisions qui les concernent en priorité. M. Sha Zukang a rappelé que les Nations Unies, dont dépendent ces institutions, dont la Banque mondiale, le FMI et d’autres, doivent opérer un rééquilibrage avec le G-20, au sein duquel sont adoptées des mesures de portée mondiale.
Les petits États insulaires en développement (PEID) et ceux de la Communauté des Caraïbes ont expliqué l’importance décisive de tenir compte de leurs vulnérabilités spécifiques: « Ce n’est pas parce qu’ils sont classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire que cela doit occulter leur exposition maximale aux catastrophes naturelles et aux effets des changements climatiques, ainsi qu’à la raréfaction progressive de leurs ressources halieutiques », a souligné la représentante de Nauru, qui s’exprimait au nom des PEID, et qui a souligné que ces États demandent une réforme des modes d’octroi de l’aide.
De son côté, le représentant du Paraguay, porte-parole des pays enclavés, a évoqué les difficultés rencontrées par les pays en développement sans littoral, notamment en termes d’accès aux marchés internationaux. Comme la majorité des neuf délégations ayant participé au débat, il a demandé le respect des obligations agréées au niveau international, sous peine de voir les pays ne pas parvenir à réaliser dans les temps les OMD.
En début de séance, le rapporteur de la Deuxième Commission a été élu par acclamation. Il s’agit de Paul Empole Efambe Losoko, de la République démocratique du Congo (RDC).
Le débat général de la Deuxième Commission se poursuivra demain, mardi 5 octobre, à partir de 10 heures.
Déclarations
Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie), Présidente de la Deuxième Commission, a rappelé qu’il ya deux semaines aujourd’hui, les dirigeants du monde ont réaffirmé leur engagement envers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et ont mis en place des initiatives importantes afin d’en accélérer la mise en œuvre des programmes. Evoquant les propos qu’a tenus le Président de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss, Mme Enkhtsetseg a souligné que les paroles devraient être suivies d’actes afin de ne pas décevoir les attentes des millions de pauvres que connait le monde. À ce propos, Elle a invité ses les délégations à avoir des discussions permettant d’assurer le suivi du Sommet sur les OMD afin d’atteindre ces Objectifs d’ici à 2015. Notant que l’un des évènements parallèles qui aura lieu au cours des travaux de la Deuxième Commission va porter sur la pauvreté, la Présidente a souhaité que ce soit l’occasion de réfléchir sur la réalisation de l’Objectif 1, qui est relatif à l’éradication de la pauvreté.
Rappelant que la dernière session de l'Assemblée générale a confirmé le rôle central que les États Membres veulent voir l’ONU jouer dans la gouvernance mondiale, Mme Enkhtsetseg a annoncé que le Président de la soixante-cinquième session de l'Assemblée générale devrait se rapprocher du Secrétaire général de l’ONU afin de mener des discussions avec le pays hôte du prochain sommet du G-20 avant et après les assises de cette entité. La Présidente de la Deuxième Commission a ensuite fait part de l’espoir que la Commission puisse envoyer un message fort aux dirigeants avant les négociations qui auront lieu à Cancun au mois de décembre, concernant l’importante question des changements climatiques, dont les effets continuent d’affecter tous les pays. Elle a ensuite évoqué des évènements et sommets de première importance à venir auxquels la Commission devrait tenir compte lors de ces travaux. À ce titre, elle a cité l’Année internationale de la biodiversité, l’implémentation de la Stratégie de Maurice sur les petits États insulaires en développement (PEID), la réunion de la Convention sur la biodiversité, et la Conférence Rio+20 sur le développement durable, qui aura lieu en 2012. Elle a enfin demandé qu’une attention particulière soit accordée au cas des PEID qui sont très vulnérables aux variations climatiques et méritent que leurs besoins soient pris en considération.
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que les travaux de la Deuxième Commission seront cette année, comme l’an dernier, marqués par les conséquences de la crise économique et financière mondiale: tarissement des flux de capitaux, envois de fonds en chute libre et taux de chômage en hausse. « Après les mesures courageuses prises par les gouvernements en 2009, l’économie mondiale est désormais en voie de redressement, mais un redressement fragile et inégal », a prévenu M. Sha Zukang, pour qui cette tendance s’est même ralentie au cours des derniers mois. Cela tient principalement au fait que les comptes des institutions financières et ceux des ménages sont toujours loin d’être équilibrés et que les mesures de relance prises par les gouvernements prennent progressivement fin, a-t-il estimé. Des mesures d’austérité fiscale sont d’ores et déjà en vigueur dans certains pays, avec le risque de faire replonger les économies dans la récession.
Avec une économie mondiale dans un état aussi préoccupant, il est impératif que les besoins de développement figurent au centre de toutes les politiques fiscales, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Dans le cadre du rééquilibrage des budgets, des efforts particuliers doivent donc être déployés pour prendre en compte les besoins sociaux des groupes les plus vulnérables, a-t-il préconisé. En outre, l’incertitude économique ne devrait pas –et ne peut pas– être invoquée comme excuse pour ralentir les efforts de développement ou ne pas respecter les engagements agréés au niveau international. Au contraire, a souligné M. Sha Zukang, l’incertitude actuelle est une raison supplémentaire d’accélérer la concrétisation des contributions promises à Gleneagles, et, pour les pays développés de porter comme convenu l’aide publique au développement (APD) à hauteur de 0,7% de leur produit national brut.
Les travaux de la Deuxième Commission, a fait observer le Secrétaire général adjoint, se tiennent à l’issue d’un Sommet réussi sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et après que deux examens de haut niveau portant sur la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice sur les petits États insulaires en développement et la biodiversité, aient respectivement eu lieu. À l’occasion de ces trois manifestations, des engagements significatifs ont été pris par les gouvernements, les organisations internationales et la société civile pour réaliser chacun des huit OMD, notamment en promettant 40 milliards de dollars pour la mise en œuvre effective de la Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants lancée par le Secrétaire général. En outre, le Programme d'action adopté par les dirigeants du monde entier fournit une feuille de route adéquate pour les priorités à suivre entre aujourd’hui et 2015, s’est félicité M. Sha Zukang. Mais comme nous le savons, la tâche à venir sera ardue, a-t-il prévenu.
Selon le Secrétaire général adjoint, le défi auquel les Nations Unies font face présente trois aspects qui exigent tous une égale attention. Tout d’abord, le développement doit être viable: chaque programme et action adoptés doit privilégier le long terme et être aligné sur les principes de développement durable. « La triste vérité est qu’en dépit de siècles de croissance spectaculaire sur la planète, deux milliards de personnes y vivent dans la pauvreté et sont privés d’accès aux services sociaux de base, tandis que cinq millions d’enfants meurent chaque année de maladies évitables. Si nous continuons sur cette voie, c’est la pauvreté, et non la prospérité, que nous léguerons à nos enfants et à nos petits-enfants », a-t-il déclaré.
Pour que ce développement soit durable, il doit tenir compte de l’interaction entre les défis sociaux, économiques et environnementaux, a jugé le Secrétaire général adjoint, qui a rappelé l’approche de l’échéance de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui se tiendra en 2012 à Rio de Janeiro au Brésil. Dès lors, il serait souhaitable que les thèmes conjoints d’une « économie verte » dans le contexte de l’éradication de la pauvreté et du cadre institutionnel pour un développement durable soient articulés dans le cadre des travaux de la Deuxième Commission.
Enfin, M. Sha Zukang a souligné l’importance de mettre en place une gouvernance économique mondiale effective, troisième aspect du défi posé au développement. Il a fait observer que 85% des pays du monde n’ont pas voix au chapitre s’agissant des décisions prises au sein du G-20. Selon le Secrétaire général adjoint cependant, le G-20 et les Nations Unies peuvent jouer un rôle complémentaire dans le redressement des questions économiques au niveau mondial, tout en conférant la légitimité nécessaire aux décisions prises. En conclusion, il a donc appelé à l’intégration des trois piliers de la protection environnementale, du développement social et du développement économique: « Cela est d’autant plus urgent à l’approche de l’échéance fixée pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », a-t-il ajouté.
M. ROBERT J. SHILLER, professeur d’économie titulaire de la chaire Arthur M. Okun à l’Université Yale, et professeur de finances et chargé de recherche au Centre international de finances à la Yale School of Management,a commencé par rappeler qu’une économie avait besoin d’« esprit de corps » autant qu’une armée ou une entreprise. Ce qui signifie qu’il faut créer les conditions qui donnent aux peuples du monde une raison d’avoir confiance en leurs gouvernements et leurs entreprises, et de relancer l’économie à chaque fois qu’elle en a besoin, mais sans le faire de manière systématique non plus. Après avoir dénoncé les courtiers de prêts hypothécaires, qui sont à l’origine de la crise économique et financière actuelle, le professeur Shiller a estimé que les Nations Unies pouvaient jouer un rôle fondamental pour permettre à l’économie mondiale de regagner son esprit de corps. Ainsi, même si l’économie globale s’est sensiblement améliorée depuis un an, dans de nombreux pays une relance est toujours nécessaire pour créer des emplois, restaurer le moral des populations et du monde des affaires et prévenir l’apparition de bulles d’activité susceptibles de s’effondrer en cas de surveillance insuffisante. En outre, a poursuivi M. Shiller, des efforts de régulation financière doivent être déployés en tenant compte du potentiel que les marchés financiers modernes peuvent offrir. Il ne s’agit pas de légiférer sur les activités financières, mais de veiller à ce qu’elles se déroulent de manière responsable. Une des dimensions qu’il faudrait privilégier pour élargir la portée de ces activités serait de rendre la technologie financière plus disponible et plus « démocratique », a ajouté l’intervenant.
Alors que les effets de la crise économique mondiale continuent à se faire ressentir, comme en témoignent les 20 millions de chômeurs supplémentaires qu’elle a générés depuis 2007 à travers le monde, des mesures fiscales s’imposent, a préconisé le professeur Shiller. Les préoccupations qui existent concernant la hausse de la dette nationale des pays sont certes recevables, mais elles doivent être ramenées à leur juste mesure. La tentation est grande pour de nombreux pays de céder à la consolidation fiscale –qui consiste à simultanément augmenter les impôts et à réduire les dépenses publiques– mais, d’après une étude récente du Fonds monétaire international (FMI), elle n’est pas de nature à produire les résultats escomptés, a prévenu M. Shiller. « Les préoccupations sur l’endettement doivent être reléguées au second rang par rapport à la question de la relance », a-t-il insisté. Il s’est dit convaincu que les pays devraient dès maintenant planifier une nouvelle série de stimuli économiques et financiers avec pour priorité principale la création d’emplois, a-t-il poursuivi. Les mesures de stimulation peuvent également revêtir la forme de « sauvetages » (bailouts) des institutions financières les plus importantes ou des individus dont la situation pourrait avoir un impact négatif sur la société en général, comme l’a fait par exemple l’Administration Obama, a-t-il précisé.
Échange interactif
Répondant au représentant de la République-Unie de Tanzanie, qui l’a interrogé sur le pessimisme dont font preuve les économistes face à la situation actuelle, M. Shiller a estimé qu’il n’avait pas d’autre choix que d’être honnête sur l’état actuel de l’économie mondiale, d’autant que les déclarations des responsables gouvernementaux ont tendance à être exagérément optimistes. Au représentant du Venezuela, préoccupé par la viabilité de la dette, il a dit qu’il ne fallait pas trop s’en inquiéter, car une prudence excessive en la matière peut se traduire par des politiques d’austérité défavorables à la relance. En réponse à une question de la délégation du Bangladesh, M. Shiller a expliqué que le marché financier devait être régulé étroitement pour veiller à ce qu’une crise comme celle qui a éclaté en 2008 ne se reproduise plus. Réagissant aux propos de la délégation de l’Inde, le professeur Shiller a estimé que les pays émergents avaient largement refait leur retard, quitte à commettre aussi certaines des erreurs commises par des pays développés, en créant par exemple eux aussi des bulles économiques qui se sont effondrées, comme ce fut le cas en Chine ou en Inde. Le représentant de la République islamique d’Iran a jugé pour sa part que l’intervention de M. Shiller était trop centrée sur le secteur financier et pas suffisamment sur l’économie « réelle ». Le professeur Shiller a reconnu l’importance de cette économie « réelle », mais a tenu à noté qu’elle aussi, dépendait du secteur financier, comme cela se voit par exemple dans le cas du microcrédit, qui conditionne beaucoup de projets agricoles dans les pays en développement.
Débat général
M. KHALED HUSSEIN ALYEMANY, (Yémen), qui a pris la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les crises interconnectées qui affectent l’économie mondiale, comme celles de la sécurité alimentaire et des changements climatiques, ont sérieusement mis un frein à la capacité des pays du Groupe des 77 et la Chine à lutter contre ces phénomènes. La crise économique et financière mondiale qui s’est déclenchée il y a deux ans a inversé les avancées que de nombreux pays en développement avaient accomplies dans le sens de la réalisation des objectifs de développement agréés au niveau international, y compris les OMD, a-t-il ajouté. « Dans ce contexte, nous demandons aux partenaires développés de tenir leurs engagements, que ce soit concernant la dette extérieure, l’assistance au développement, les finances, le commerce et le transfert de technologies, ainsi que le renforcement de capacités et la mobilisation de ressources supplémentaires pour le financement du développement », a-t-il indiqué. Relevant que le dernier Sommet de l’ONU relatif aux OMD, tenu du 20 au 22 septembre dernier, a reconnu l’importance d’augmenter le niveau du partenariat mondial pour le développement, afin de combler les lacunes des pays en développement, M. Alyemany a souligné que le Document final du Sommet sur les OMD, qui va être publié, est considéré par le Groupe des 77 et la Chine comme un plan d’action global qui mérite d’être mis en pratique immédiatement. Il a souligné le besoin d’effectuer un suivi annuel dudit plan d’action, suivi qui devrait être fait par l’ONU, afin de permettre la réalisation des OMD d’ici à 2015.
Reconnaissant l’importance de l’aide publique au développement (APD) pour les nations en développement, le porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine a invité les pays développés à atteindre le niveau d’APD qu’ils avaient promis, c’est à dire de 0,7% de leur PIB, qu’ils verseraient d’ici à 2015, et à cet égard, il leur a demandé de chercher à atteindre comme ils s’y sont engagés dans certains fora, 0,5% de leur PIB en terme d’APD en 2010. Le représentant du Yémen a relevé que les États Membres des Nations Unies, dans leur ensemble, ont besoin d’un forum légitime au sein duquel ils pourraient tous discuter de la crise économique mondiale et de ses impacts sur le développement. M. Alyemany a souligné l’importance pour les pays développés de trouver des solutions à la crise du climat et au réchauffement de la planète en adhérant à la Convention sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto. Il a aussi émis le vœu que la Conférence des parties à la Convention sur la biodiversité de Nagoya au Japon, prévue à la fin de ce mois, et le Sommet mondial sur le développement durable, prévu à Rio en 2012, seront couronnés de succès. M. Alyemany a déclaré que le Groupe des 77 et la Chine va continuer de prendre des mesures afin permette aux pays et aux peuples vivant sous occupation étrangère de réaliser leur développement durable en dépit des circonstances qui affectent leur économie et leur développement social et qui sont incompatibles avec la dignité et la valeur humaines. Les peuples sous occupation étrangère doivent être protégés en accord avec les prescriptions des lois internationales humanitaires, a-t-il relevé.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. CHRISTOPHE DE BASSOMPIERRE (Belgique) a affirmé que le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM) avait permis de réitérer la détermination de la communauté internationale à les réaliser avant l’échéance de 2015. Tout en soulignant l’importance de la tâche qui attend les États Membres, il a convenu qu’un développement durable était possible, et ce, en dépit des nombreux défis qui se posent actuellement: hausse du prix des denrées alimentaires, augmentation des flux migratoires, des conséquences de la crise économique et financière, ou encore besoin d’accélération de la réforme des institutions de la gouvernance économique mondiale. Si les principes de l’efficacité de l’aide tels que définis dans les Déclarations de Paris et d’Accra demeurent un mécanisme clef pour soutenir l’appropriation nationale, ils doivent également s’appliquer au sein des pays en développement eux-mêmes et du système des Nations Unies, a estimé le représentant.
En matière de financement, l’Union européenne reconnaît l’importance de l’aide comme un catalyseur déterminant du développement, comme l’atteste son réengagement de porter à hauteur de 0,7% du PIB de ses États membres le niveau de son aide publique au développement (APD) d’ici à 2015, a dit le représentant. La moitié au moins de cette ressource sera canalisée vers l’Afrique et 0,15% à 0,20% ira vers les pays les moins avancés, a-t-il précisé. En outre, l’Union européenne, a ajouté le représentant, a promis de verser un milliard d’euros dans le cadre d’une initiative destinée à réaliser les OMD. M. de Bassompierre a ensuite souligné l’importance de relever le défi de la préservation de la biodiversité. Avec en ligne de mire la prochaine Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra en décembre à Cancún, le représentant a assuré que l’Union européenne respecterait ses engagements, qu’il s’agisse de ses promesses de contribution ou de ses efforts d’atténuation des effets des changements climatiques. Toute décision prise à cette occasion devra tenir compte des besoins spécifiques des petits États insulaires en développement et des pays africains, a-t-il relevé. Aussi, il est de la responsabilité de la Deuxième Commission de créer l’atmosphère appropriée au cours de cette session en vue de contribuer efficacement à la tenue de la Conférence de Cancún, a précisé M. de Bassompierre.
S’exprimant au nom des pays en développement sans littoral, M. JULIO ARRIOLA RAMIREZ (Paraguay) a rappelé les problèmes de développement qui se posent aux pays comme le Paraguay en raison des distances géographiques qui les séparent des marchés internationaux. Les obstacles qui existent sur le plan logistique et la dépendance des pays en clavés envers la stabilité politique des pays qui sont leurs voisins sont autant de facteurs qui compliquent la question fondamentale de l’approvisionnement de nations comme le Paraguay en produits de base et en ressources naturelles vitales, a souligné M. Arriola Ramirez. Dès lors, c’est la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM) d’ici à 2015 qui est en question, a prévenu le représentant, qui a également cité comme problèmes majeurs le retard pris par les pays enclavés en ce qui concerne l’investissement direct étranger. A cela il faut ajouter les effets pernicieux des changements climatiques et des sécheresses extrêmes dans certains pays enclavés d’Afrique, a-t-il ajouté. En outre, a poursuivi M. Arriola Ramirez, les changements climatiques affectent la pêche en eau douce dans les pays sans littoral, dont les cours d’eau et les rivières voient leur température baisser dangereusement. Aussi le soutien de la communauté internationale est-il indispensable pour adopter les mesures d’atténuation aux effets du réchauffement de la planète exigées par l’urgence de la situation, en débloquant les ressources financières nécessaires et en facilitant les transferts de technologies. Le représentant a ajouté en conclusion que les pays enclavés, comme le Paraguay, devaient bénéficier d’une meilleure visibilité au sein des institutions financières internationales à l’avenir.
S’exprimant au nom des petits États insulaires en développement (PEID), Mme MARLENE MOSES (Nauru) a rappelé que les délibérations de haut niveau consacrées cette année, dans le cadre du débat général de l’Assemblée, à la biodiversité et à la situation des PEID, avaient été couronnées de succès. Certes, des progrès ont été accomplis par nos pays, mais il reste encore beaucoup à faire, a souligné la représentante, qui a demandé à la communauté internationale de s’engager à concrétiser ses promesses de contribution au développement des PEID et à leur fournir un meilleur accès aux institutions financières internationales. Mme Moses a souhaité à cet égard que la coopération actuelle du groupe de pays, au nom duquel elle prenait la parole avec l’Italie et l’Autriche, fasse tâche d’huile et serve d’exemple. « Il est en outre essentiel que la communauté internationale œuvre avec nos pays à la pleine mise en œuvre de la Stratégie de Maurice en se fixant des objectifs concrets et mesurables », a préconisé la représentante.
Rappelant ensuite la dépendance des pays comme le sien aux ressources marines, la représentante de Nauru a expliqué la nécessité de préserver la biodiversité pour s’assurer que les petits États insulaires en développement puissent disposer de stocks halieutiques suffisants. De ce point de vue, a souligné Mme Moses, les dispositions prévues au chapitre 7 de l’Accord sur les stocks halieutiques doivent être mises en œuvre. Elle a, en outre, demandé un partage plus équitable des profits réalisés par les industries de la pêche avec les PEID, surtout quand les prises de poissons et autres produits de mer se font dans les zones économiques maritimes des petites îles. S’agissant enfin des changements climatiques, il est urgent que les États parties à la l’UNFCCC concluent un accord à Cancún, a relevé la représentante, qui a rappelé que la multiplication des catastrophes naturelles et la naissance de conditions climatiques extrêmes, partout dans le monde, attestent du besoin de traiter d’urgence cette situation.
M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal), parlant au nom des pays les moins avancés (PMA), a relevé que la Deuxième Commission doit jouer le rôle qui lui revient dans les troubles liés aux crises économique, financière, et du commerce international. Les obstacles au développement des PMA ont été évoqués par M. Bhattarai. Entre autres, il a mentionné la pauvreté et la famine, l’analphabétisme, la stagnation de la croissance, l’industrialisation encore élémentaire, et l’agriculture de subsistance qui sont caractéristiques des PMA. Notant que les pays les moins avancés ont une responsabilité négligeable concernant les changements climatiques, il a appelé la communauté internationale à mobiliser des fonds pour les programmes d’adaptation et d’atténuation, ainsi qu’à favoriser le transfert des technologies vers les pays les moins avancés, et à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre la crise climatique.
M. Bhattarai a souligné que les PMA restent marginalisés dans la mondialisation. La mondialisation a besoin d’être transformée en une force positive dont les bénéfices seront plus équitablement et plus largement redistribués. Mentionnant la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui va avoir lieu l’année prochaine à Istanbul en Turquie, M. Bhattarai a déclaré que le succès de cette rencontre va dépendre de la capacité qu’elle aura à faire la différence dans la vie des millions de personnes pauvres vivant dans les PMA.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), qui parlait au nom du Groupe de Rio, a noté d’emblée que le Groupe de Rio n’est pas un groupe de négociation, mais plutôt un mécanisme de dialogue, de consultation et de politique d’action concertée. Dans cette veine, M. Errázuriz a annoncé la fusion à venir du Groupe de Rio avec le Sommet des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, afin de créer la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Le Groupe de Rio a relevé certains points qu’il considère comme essentiel dans les débats à venir au sein de la Deuxième Commission, a-t-il dit. Pour M. Errázuriz, les résolutions prises au cours du dernier Sommet sur les OMD devront servir comme matériau de travail. Mais elles restent incomplètes pour servir de base de discussion au sein de la Deuxième Commission. Le Groupe de Rio considère que les pays en développement ont besoin de plus de soutien afin de faire face aux effets de la crise économique mondiale qui continue de les affecter et qui hypothèque leur développement. Il en appelle aussi à la reforme du système financier et économique international et il souhaite le Groupe de travail ad hoc de l'Assemblée générale relatif aux résolutions de la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière mondiale et ses impacts sur le développement puisse continuer ses travaux.
Sur le financement du développement, le Groupe de Rio rappelle aux pays développés le besoin de consacrer d’ici à 2015, 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement. Concernant les migrations, M. Errázuriz a dit que le Groupe de Rio espérait que les préoccupations des pays d’origine, des pays de transit et de pays d’accueil des migrations internationales seront prises en compte dans les travaux de la Commission. Au sujet des pays à revenu intermédiaire, le Groupe de Rio estime que ces pays ont des besoins particuliers et doivent être soutenus dans leur effort par la communauté internationale afin de consolider les acquis du développement et éviter que les avancées qu’ils ont faites ne soient sapées. Le Groupe de Rio estime aussi que la coopération Sud-Sud permet la mise en place sans conditionnalité de programmes de développent durable dans les pays en développement, a dit le représentant. Mais, la coopération Sud-Sud ne pourrait être substituée à la coopération Nord-Sud, a-t-il souligné. Au sujet de la « Société de l’information », le Groupe de Rio s’est dit prêt à œuvrer pour la promotion de la science au niveau régional, ainsi que pour l’encouragement du processus de transfert technologique.
S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. HENRY L. MAC DONALD (Suriname) a commencé par rappeler la vulnérabilité spécifique de pays insulaires comme le sien, qui sont non seulement touchés par les changements climatiques mais aussi par la crise économique et financière, notamment sous la forme d’un déclin du tourisme. La CARICOM a fortement encouragé la réforme du système financier et économique international afin de promouvoir le développement durable et la stabilité à long terme, a dit M. Mac Donald. Tout en reconnaissant les efforts déployés par le G-20 pour répondre à la crise, le représentant a cependant jugé que son approche était trop limitée, car elle ne tenait pas compte des problématiques qui se posent à des pays comme le Suriname, au prétexte qu’ils sont dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire. Une telle approche ne tient pas compte de l’extrême vulnérabilité des pays insulaires aux risques de catastrophes naturelles et de leur dépendance envers leurs importations de produits de base, a jugé M. Mac Donald.
Pour la CARICOM, a expliqué le représentant, les priorités à identifier dans le suivi de la crise économique et financière sont l’accès au financement à des conditions favorables; la réévaluation des critères de viabilité économique des pays à revenu intermédiaire; le versement de ressources additionnelles; le respect des juridictions offshore; et la réforme du système économique et financier mondial. Rappelant enfin l’importance que revêt pour la CARICOM la préservation de la mer des Caraïbes, M. Mac Donald a annoncé que cette année encore, la Deuxième Commission examinerait un projet de résolution sur la question, qui bénéficie du soutien du Groupe des 77 et la Chine.
M. HASAN KLEIB (Indonésie), parlant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a noté que le pire est peut-être derrière nous en ce qui concerne la crise financière mondiale. Mais ses effets persistent, a constaté M. Kleib. Soulignant que le message principal qui ressort du récent Sommet sur les OMD est que les OMD sont trop importants pour être abandonnés, M. Kleib a relevé que des thèmes majeurs auxquels l’ANASE est attachée ont été évoqués lors des débats. Notamment le besoin du succès des négociations liées au Cycle de Doha, la sécurité alimentaire et énergétique, et le renforcement du partenariat mondial pour le développement, ainsi que le transfert des technologies. M. Kleib a reconnu que la promotion du partenariat est le point central des débats et de la réalisation des OMD. Les acteurs divers tels que les gouvernements, la société civile, le secteur privé, et le monde universitaire sont importants à cet effet, a-t-il indiqué. Nous devons rester engagés ou alors perdre de vue ce qui fait la valeur de la notion d’humanité, et cela n’est pas envisageable, a-t-il relevé. Au sujet du développement durable, M. Kleib a affirmé qu’il est important de s’engager véritablement sur la Déclaration de Rio, sur la réalisation des OMD, et sur la mise en œuvre du Programme d’action de Johannesburg, qui sont des cadres multilatéraux de base pour la promotion du développement durable.
Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé, elle aussi, que la communauté internationale devait mobiliser davantage de ressources financières pour le développement. Aussi a-t-elle appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement, et notamment de respecter l’engagement de verser 0,7% de leur PIB à l’APD. Les coopérations Sud-Sud et triangulaires peuvent également contribuer à ce partenariat mondial mais ne sauraient être considérées comme un substitut à l’aide publique au développement, a dit Mme Cordeiro Dunlop. La coopération internationale doit, en outre, être accompagnée de réformes de l’architecture économique et financière internationale, a-t-elle poursuivi, en ajoutant que les pays en développement doivent être représentés au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale au moins à part égale avec les pays développés. Dénonçant le fait que 925 millions de personnes vivent dans la pauvreté dans le monde, le Brésil considère qu’il faut, de toute urgence, corriger les distorsions qui ont conduit les États à ne pas suffisamment investir dans l’agriculture. Aussi la représentante s’est-elle déclarée satisfaite de la perspective de pouvoir discuter, au sein de la Deuxième Commission, des questions conjointes de l’agriculture et de l’alimentation au cours de cette session.
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