CPSD/439

Quatrième Commission: dix ans après l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa, plus de 41 millions de mines ont été détruites

29/10/2009
Assemblée généraleCPSD/439
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

Soixante-quatrième session

19eséance – matin


QUATRIÈME COMMISSION: DIX ANS APRÈS L’ENTRÉE EN VIGUEUR DE LA CONVENTION D’OTTAWA, PLUS DE 41 MILLIONS DE MINES ONT ÉTÉ DÉTRUITES


À un mois de la seconde Conférence d’examen de la Convention, à Carthagène, 39 États ne sont toutefois pas encore parties au Traité


Dix ans après l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, plus de 41 millions de mines ont été détruites; leur fabrication, leur vente et leur transfert ont été pour l’essentiel arrêtés et, dans plusieurs pays fortement minés, le nombre de victimes des mines est désormais tombé annuellement à zéro ou proche de zéro.  Le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), M. Dmitry Titov, s’en est félicité ce matin en présentant le rapport du Secrétaire général relatif à l’Assistance à la lutte antimines devant la Commission des politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) qui a commencé son débat général sur ce thème.


Lors du débat, les délégations ont reconnu que de nombreux progrès ont été réalisés par les États parties à la Convention d’Ottawa pour mettre fin aux souffrances causées pas ces armes.  À l’image de la Thaïlande, plusieurs d’entre elles ont mis en avant leurs propres efforts pour parvenir à « zéro nouvelle victime de mines antipersonnel ».  Par ailleurs, 13 pays particulièrement touchés -Afghanistan, Bosnie-Herzégovine, Éthiopie, Érythrée, Iraq, Mauritanie, Mozambique, Ouganda, Soudan, Tadjikistan, Tchad, Thaïlande et Zambie- ont pu faciliter le retour de leurs populations sur les terres agricoles grâce à l’intensification du déminage des routes et des terres. 


Malgré ces données encourageantes, de nombreux défis persistent toutefois.  Les mines terrestres antipersonnel et les engins explosifs non désamorcés restent un obstacle au retour des réfugiés sur leurs terres, ont rappelé les intervenants.  De même, le fait que 39 États ne soient toujours pas parties à la Convention demeure un obstacle à l’objectif « zéro victime ».  Par ailleurs, comme l’a rappelé M. Titov, 14 millions d’engins explosifs ont été accumulés et restent en attente de destruction.  Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Suède a pour sa part rappelé que les stocks de mines restent importants et que des acteurs non étatiques continuent d’en faire usage.  Quant à la représentante de la Colombie, elle a déploré la mise au point de nouvelles méthodes de production de mines antipersonnel et leur utilisation systématique par des groupes illégaux armés. 


La seconde Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, qui se tiendra à Carthagène du 29 novembre au 4 décembre prochains, est l’occasion pour les États parties de définir un plan d’action, ont rappelé de nombreux représentants.  La représentante de la Colombie, pays hôte de la Conférence, a déclaré que ce nouveau plan d’action devra tirer parti des résultats obtenus par celui adopté il y a cinq ans à Nairobi et prendre en compte les nouvelles réalités et les problèmes qui persistent.  Plusieurs délégations ont souhaité que la Conférence de Carthagène soit l’occasion de renforcer et de développer la Convention d’Ottawa de 1997.


Les délégations suivantes se sont exprimées sur la question: Suède -au nom de l’Union européenne-, Thaïlande, Pérou, Cuba, Jamahiriya arabe libyenne, Viet Nam, Japon, Érythrée, Chine, Colombie, Sénégal, ainsi que Dmitry Titov, et le représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.


La Quatrième Commission avait auparavant achevé l’examen du point relatif aux « opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects », sur lequel se sont exprimés l’Inde, le Cameroun et la Bolivie.


La Quatrième Commission poursuivra vendredi après-midi, à 15 heures, l’examen du point relatif à « l’Assistance à la lutte antimines » et adoptera le projet de résolution relatif à ce point.  Elle se prononcera également sur un projet de résolution relatif à la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.


ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (A/64/359-S/2009/470 ET A/64/494 ET A/C.4/64/8)


Débat général


M. T.K.S. ELANGOVAN (Inde) a mis en avant le caractère exceptionnel des opérations de maintien de la paix, activité essentielle de l’Organisation des Nations Unies.  En tant que l’un des principaux pays fournisseurs de troupes, l’Inde participe activement aux opérations de maintien de la paix, a souligné le représentant.  Nous sommes engagés dans le maintien de la paix depuis 1956, date à laquelle a été créée l’expression, et nous avons à ce jour fourni 100 000 Casques bleus, a-t-il ajouté. 


Le représentant de l’Inde s’est félicité qu’un certain nombre d’initiatives aient été prises pour revitaliser le maintien de la paix, notamment le document présenté conjointement par les Secrétaires généraux adjoints aux opérations de maintien de la paix et à l’appui aux missions.  Selon lui, la question des mandats des missions demeure la principale difficulté à laquelle se heurte le maintien de la paix.  Le rapport Brahimi, a-t-il rappelé, avait mis l’accent sur l’importance d’avoir des « mandats clairs et réalistes ».  Il a déploré que, trop souvent, la question de l’interprétation des mandats soit laissée à l’appréciation personnelle des soldats de la paix sur le terrain.  Quand les instructions et les objectifs sont ambigus, cette situation est intenable particulièrement pour les officiers qui opèrent sur le terrain, a affirmé M. Elangovan.  Nous devons définir les mandats comme de véritables feuilles de route, a-t-il souhaité, avant de conclure, en réaffirmant la volonté de son pays de poursuivre sa coopération avec les missions des Nations Unies.


M. MAMOUDOU MANA (Cameroun) a rappelé les principes fondamentaux relatifs aux opérations de maintien de la paix auxquels adhérait son pays, à savoir le consentement des parties, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, le respect de la Charte de l’ONU, particulièrement en ce qui concerne la souveraineté et le respect de l’intégrité territoriale des États, la neutralité et l’universalité.


La tentation du désintérêt ou du désengagement est grande dans le contexte de la crise et face à l’ampleur des problèmes posés par le maintien de la paix, a-t-il averti, alors que dans le même temps les changements climatiques risquent d’accroître les sources de conflit, en Afrique en particulier, a déclaré M. Mana.  Le Cameroun attend beaucoup de la mise en œuvre des recommandations relatives au renforcement des capacités et à la formation des personnels.  Sur ce dernier point, le représentant a signalé qu’un séminaire était prochainement prévu à Yaoundé.


Le Cameroun souhaite voir renforcer le rôle opérationnel de l’Union africaine dans les opérations de maintien de la paix.  Il reste disponible pour participer à ces opérations dans la mesure de ses capacités, a conclu M. Mana.


M. JHONNY ÓSCAR SANTA CRUZ ARANDIA (Bolivie) a d’abord rappelé que son pays était pacifique.  Il a, par ailleurs, mis l’accent sur le document « Nouvel Horizon ».  Nous souhaitons que les réformes contenues dans ce document soient élaborées avec les pays fournisseurs de contingents militaires et de police, a ajouté le représentant.  Il faut renforcer le mandat des opérations de maintien de la paix conformément aux principes contenus dans la Charte des Nations Unies, a-t-il poursuivi.  Il a salué le travail fourni par les Secrétaires généraux adjoints en vue de fournir un document dont l’objectif est d’améliorer la qualité des opérations sur le terrain.  Le succès d’une mission dépend de directives « claires » et « adéquates », a-t-il estimé.  Il a noté que certaines missions exigent une plus grande coordination entre les tâches et les ressources disponibles, afin que le mandat soit accompli de la meilleure manière possible.  Enfin, le représentant a mis l’accent sur les retards dans le versement des contributions financières.  Il a conclu son propos en souhaitant que le projet « Nouvel Horizon » donne des directives claires et pratiques à ce sujet. 


ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES


Documentation


Rapport du Secrétaire général relatif à l’Assistance à la lutte antimines (A/64/287)


Le rapport souligne que 10 ans après l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, dit « Traité d’interdiction des mines antipersonnel », la société civile, les États et l’ONU ont beaucoup fait pour mettre fin aux souffrances causées par ce type d’armes.  Plus de 41 millions d’entre elles ont été détruites, des terres ont été déminées et un nombre croissant de populations disposent des connaissances et des compétences pour réduire les risques encourus.  Au total, 156 pays ont adhéré au Traité.


Le rapport décrit les progrès effectués et contient un projet de programme d’action.  Il souligne toutefois que le chemin restant à parcourir est long.  Et en admettant que toutes les mines antipersonnel et autres restes explosifs de guerre, dont les munitions en grappe, soient un jour éliminés, un problème important demeurera: comment apporter aux survivants tout le soutien dont ils ont besoin pour devenir ou rester des membres actifs et productifs de leur communauté.  Le Secrétaire général réitère dans ce document l’engagement de l’ONU d’aider les États Membres à faire face à ces défis.


Il rappelle que l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté en 2006 la Convention relative aux droits des personnes handicapées et son Protocole facultatif, qui ont été ouverts à la signature le 30 mars 2007.  La Convention est entrée en vigueur le 3 mai 2008 et, en juillet 2009, comptait 60 États parties.  En janvier 2008, l’ancien Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avait souligné qu’il était important de prendre en compte les questions des handicaps comme élément fondamental des stratégies de développement durable.  Le Secrétaire général rappelle que dans le cadre du soutien actif que le PNUD apporte à la Convention, il a été conclu que les personnes handicapées constituaient un groupe essentiel devant être considéré comme prioritaire pour la lutte contre la pauvreté et la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Par ailleurs, depuis 1996, le Conseil de sécurité a reconnu que la lutte antimines était d’une importance vitale pour le rétablissement de la paix et de la sécurité et pour le déploiement des opérations de maintien de la paix et des missions politiques des Nations Unies dans les pays et les territoires touchés.


Le rapport indique qu’en 2007, un tiers de toutes les victimes étaient des enfants, cette proportion atteignant 80% dans certains pays.  Dans le cadre de la stratégie interinstitutions antimines des Nations Unies pour 2006-2010, l’un des objectifs de l’ONU est de réduire, au moins de moitié, le nombre de décès et de blessures.  Et de fait, le nombre de victimes est en baisse depuis 2007.  Un autre objectif stratégique est de réduire les risques de perte de moyens de subsistance pour la population locale et d’étendre la liberté de circulation d’au moins 80% des personnes des collectivités les plus gravement touchées.  Le troisième objectif est d’intégrer la lutte antimines dans les plans et budgets nationaux de développement et de reconstruction d’une quinzaine de pays dont l’Afghanistan, l’Iraq et la République démocratique du Congo (RDC).  Enfin, le quatrième objectif consiste à faciliter le développement d’institutions nationales responsables de la lutte contre les mines terrestres.


Débat général


M. DMITRY TITOV, Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), qui présentait le rapport du Secrétaire général relatif à l’Assistance à la lutte antimines (A/64/287), a rappelé que le mois prochain devait se tenir à Carthagène, en Colombie, la deuxième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction (ou « Traité d’interdiction des mines antipersonnel ») conclue il y a 10 ans, à Ottawa. 


Il a noté que le nombre de victimes des mines était désormais de zéro ou proche de zéro dans plusieurs pays, dont le Mozambique et le Soudan, et qu’il n’augmentait plus en Bosnie-Herzégovine, au Tadjikistan et en Ouganda.  Il a ajouté que de grands défis subsistaient néanmoins, la mise en œuvre de la Convention demeurant une tâche ardue, des prolongations de mission de déminage ayant été demandées dans une quinzaine de cas.  En outre, a-t-il fait remarquer, avec 14 millions d’engins accumulés dans le monde, le stock de mines en instance de destruction reste considérable.


M. Titov a évoqué le problème posé par les munitions en grappes, et la Convention les régissant, qui a été signée par une centaine de pays, dont 23 l’ont ratifiée.  Il a aussi évoqué le développement de la capacité de déploiement rapide pour les opérations de déminage d’urgence qui est intervenue à Gaza.  Il a rappelé que le Secrétaire général demandait aux États Membres de reconnaître l’expertise du Service d’action antimine des Nations Unies en ce qui concerne, en particulier, les « engins explosifs improvisés », à la lumière des événements en Somalie, en Iraq et en Afghanistan.  Le rapport du Secrétaire général souligne aussi que les activités de déminage devraient bénéficier de la grande variété des équipements disponibles.


Revenant sur quelques situations spécifiques, M. Titov a noté que, même en Afghanistan, le nombre d’accidents avait diminué dans un pays comme l’Afghanistan, passant d’une centaine par mois, en 2005, à moins d’une soixantaine aujourd’hui, 84 000 mines ayant été détruites rien qu’en 2008.  Près de 24 000 kilomètres de route ont été nettoyées dans le Sud-Soudan, a-t-il précisé, relevant que ce déminage avait permis la reprise des échanges.  Il a souligné l’importance que des institutions nationales spécifiques soient créées pour veiller au déminage des territoires.


S’agissant du projet de résolution à l’examen de l’Assemblée générale, celui-ci confirme l’assistance de la communauté internationale dans ce domaine tout en réaffirmant la responsabilité première des États concernés.  Les équipes des Nations Unies sont déterminées à intensifier leurs efforts, a-t-il assuré.  M. Titov a enfin rendu hommage aux pays ayant contribué au Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance à la lutte antimines.  L’appui des États Membres est plus que jamais indispensables et nous allons solliciter un certain nombre d’entre vous pour abonder cet instrument vital, a-t-il ajouté.  En conclusion, il a rendu hommage au sacrifice des hommes et des femmes œuvrant dans ce domaine.


M. PER ÖRNEUS (Suède), au nom de l’Union européenne, s’est félicité que même des États non parties à la Convention d’Ottawa en respectent les règles, alors que 156 l’ont ratifiée.  Pourtant, a-t-il ajouté, un certain nombre de défis demeurent.  Un grand nombre des 39 pays qui ne sont pas parties à la Convention sont confrontés à une situation instable.  Par ailleurs, les stocks de mines restent importants et des acteurs non étatiques continuent d’en faire usage.  Tous les ans, ces engins font plusieurs milliers de victimes dont de nombreux enfants.  Certains États parties font face à des défis importants pour détruire leurs stocks et ont besoin d’être aidés dans cette tâche.  La plus grande responsabilité reste toutefois l’assistance à long terme à porter aux victimes, a déclaré le représentant. 


M. Örnéus a indiqué que l’assistance à la lutte antimines demeurait une priorité de l’Union européenne.  Se félicitant de la tenue de la prochaine Conférence d’examen de la Convention à Carthagène, en Colombie, il a précisé les priorités pour les Vingt-Sept dans ce domaine.  L’Union européenne estime nécessaire de renforcer la coopération sur cette question entre les organismes humanitaires et les agences de développement.  En second lieu, il convient d’établir des partenariats plus forts entre les acteurs concernés par le déminage.  Enfin, les engagements doivent être confirmés et axés sur les résultats à atteindre.


M. SORAWUT NORAPOOMPIPAT (Thaïlande) a rappelé les statistiques qui montrent que chaque année des milliers de femmes, d’enfants et de civils sont toujours victimes des mines antipersonnel.  Certes, alors que cette année marque le dixième anniversaire de la Convention d’Ottawa, de nombreux progrès ont été réalisés, s’est félicité le représentant.  Toutefois, beaucoup restent à faire dans ce domaine, même si nous allons dans la bonne direction, a-t-il ajouté.  Il s’est dit encouragé par le fait que le nombre de victimes des mines est presque tombé à zéro dans certaines zones de conflit, grâce au déminage et à l’assistance aux victimes.


Concernant la Thaïlande, le représentant a mis l’accent sur le vaste plan national adopté en avril 2009, date à laquelle le Gouvernement a achevé son étude sur les victimes des mines.  Au cours des 10 dernières années, a-t-il poursuivi, la Thaïlande a accentué ses efforts de déminage et d’assistance aux victimes.  Il a indiqué qu’en avril 2009, 1 900 kilomètres carrés avaient été déminés, soit 77% des zones atteintes.  Ainsi, ces terrains ont été rendus aux populations locales, a-t-il expliqué.  Il a estimé que son pays était en bonne voie pour atteindre l’objectif fixé de « zéro nouvelle victime de mines antipersonnel ».  En tant que coprésident du Comité permanent d’aide aux victimes, nous sommes prêts à participer et à nous engager avec tous les pays concernés dans la lutte des mines antipersonnel, a conclu le représentant.


M. ALEXIS AQUINO (Pérou) a évoqué le plan national d’action contre les mines antipersonnel mis en œuvre dans son pays.  L’objet de celui-ci est non seulement de procéder à des actions de déminage mais aussi à porter assistance aux 315 victimes que compte le pays.  Il a rappelé que son pays avait entrepris de ratifier le Protocole V sur les restes explosifs de guerre de la Convention relative aux interdictions et restrictions d’emploi de certaines armes conventionnelles.


Il a indiqué que le Pérou et l’Équateur œuvraient de concert pour déminer leur frontière commune.  Le Pérou lui-même s’est engagé à détruire toutes les mines antipersonnel sur son territoire.  Cependant, les Forces de sécurité péruviennes sont confrontées aux problèmes des « pièges explosifs » utilisés par les trafiquants de drogue qui utilisent ces engins pour protéger les champs illégaux de coca.  Ces « pièges » ont fait près d’une quarantaine de victimes, a-t-il précisé.  En conclusion, il a lancé un appel pour que soit condamné publiquement l’utilisation de ces mines artisanales.


Mme REBECA HERNÁNDEZ TOLEDANO (Cuba) s’est dite préoccupée par le déminage dans les zones d’après conflit.  Les autorités cubaines appliquent des règles très strictes sur la question des mines, a-t-elle ajouté, ajoutant que son pays était soumis depuis 40 ans à une « politique d’hostilité et de harcèlement constant de la part de la superpuissance militaire ». 


La représentante a indiqué que des centaines de médecins cubains fournissaient une aide aux personnes touchées par les mines, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique centrale.  Elle a souligné l’importance accordée par sa délégation aux activités de déminage.  Elle a souhaité que les personnes qui ont placé les mines sur des territoires extérieurs soient tenues juridiquement responsables et qu’elles apportent une assistance aux victimes. 


M. MAHMOUD MAALOUL (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que les mines déposées sur le territoire de son pays pendant la Seconde Guerre mondiale continuaient de faire des victimes, alors que son pays n’était même pas partie prenante au conflit.  En l’absence de cartes localisant ces mines, le déminage a été rendu très difficile, a-t-il observé.  Il a appelé tous les pays en mesure de le faire à apporter leur assistance technique.  Les pays qui ont posé ces mines sont responsables de leur élimination, a-t-il ajouté, estimant que ce devait inclure une indemnisation pour les familles affectées, afin qu’elles puissent obtenir les soins et les prothèses nécessaires.  Il a remercié l’Italie pour la reconnaissance de sa responsabilité et a demandé aux autres États concernés de l’imiter. 


S’agissant de la Convention d’Ottawa, Le représentant a relevé que celle-ci ne traitait pas de la responsabilité des pays ayant déposé des explosifs de guerre sur le territoire d’autrui, lacune à laquelle, a-t-il estimé, il conviendrait de remédier.


Mme LE THOA THI MINH (Viet Nam) a souligné l’intérêt de sa délégation pour les mines et le déminage.  Les Nations Unies, a-t-elle dit, ont un rôle important à jouer en conduisant des activités relatives aux efforts de déminage et à l’assistance des victimes.  En tant que pays ayant souffert pendant des décennies de la guerre, avec des dommages considérables causés par les restes d’explosifs, le Viet Nam partage les préoccupations humanitaires de la communauté internationale, a souligné la représentante.  Elle a déploré les effets dévastateurs causés par les mines qui continuent de toucher des victimes innocentes.  Les activités de déminage, a-t-elle poursuivi, peuvent prendre beaucoup de temps, en raison des contraintes budgétaire et des ressources humaines disponibles.  Afin d’éliminer les effets néfastes sur le développement économique et social, notre gouvernement a adopté une série de mesures, a expliqué la représentante.  Elle a ajouté que des efforts considérables ont été menés pour conduire des opérations de déminage à grande échelle et ainsi rendre à l’usage des terres et faciliter le retour des personnes déplacées.  Fier de son expérience de déminage au cours des 34 dernières années, le Viet Nam met l’accent sur la nécessité d’une coopération internationale et de l’assistance, non seulement aux victimes mais également aux pays affectés, a conclu la représentante.


M. TAKASHI ASHIKI (Japon) a indiqué que son pays avait contribué à la recherche et au développement des moyens de déminage.  Grâce aux progrès réalisés, la technologie nippone est employée aux quatre coins du monde, en Amérique centrale, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie en particulier, a-t-il ajouté. 


Le rythme des activités de déminage doit s’accélérer, a estimé le représentant, qui a noté que 18 pays sur les 25 censés avoir éliminé ces engins d’ici à 2009 et 2010 avaient demandé un délai.  Le Japon entend donner une réponse positive à toute demande d’assistance matérielle dans le déminage, assuré M. Ashiki.  Celui-ci a enfin noté que son pays apportait aussi une aide substantielle face à l’autre défi fondamental à relever dans ce domaine, à savoir l’assistance aux victimes.


M. ARAYA DESTA (Érythrée) a souligné que plus de 41 millions de mines antipersonnel ont été détruites dans le monde et que de nombreux terrains ont été déminés, facilitant ainsi le retour des communautés sur leurs terres.  L’Érythrée, pays parmi les plus touchés par les mines, se félicite de ces efforts entrepris, a indiqué le représentant.  Il a toutefois fait observer que, chaque année, les dégâts causés par les mines antipersonnel restent importants et continuent de représenter une menace pour la vie de millions de personnes dans de nombreuses zones de conflits.  Des mesures doivent être prises afin d’assurer le retour à la normalité de nos peuples et des peuples de la région, a-t-il ajouté. 


Le déminage et un élément essentiel du développement à long terme, a-t-il dit.  Cette action est une priorité pour l’Érythrée, a-t-il souligné.  Il a rappelé qu’après la libération de son pays, en 1991, l’Érythrée avait aussitôt entamé une opération de déminage afin de faciliter le retour des personnes déplacées et d’assurer la sécurité des civils.  En dépit de ses faibles ressources, l’Érythrée apporte aussi une assistance extérieure aux pays touchés, a-t-il conclu. 


M. JIANG YINGFENG (Chine) a indiqué que son pays se félicitait de l’esprit humanitaire de la Convention d’Ottawa, à laquelle la Chine adhère sans réserve.  Il a indiqué que son pays coopérait avec les organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant dans le domaine du déminage.  La Chine estime que la coopération dans ce domaine devrait tenir compte d’un certain nombre de critères, à commencer par les besoins spécifiques des bénéficiaires, a déclaré M. Jiang.  Il a aussi souligné la nécessité de s’assurer de l’efficacité des actions entreprises et a rappelé que son pays avait participé à des opérations de déminage dans une vingtaine de pays, en particulier en Afrique.  Il a cité l’Égypte et le Soudan parmi les pays ayant bénéficié de l’assistance chinoise dans ce domaine.  La Chine a aussi l’intention de fournir prochainement une aide au Sri Lanka, a-t-il précisé.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a rappelé que son pays avait ratifié la Convention d’Ottawa en 2001.  La Colombie a, à cet effet, suspendu la production de mines antipersonnel, détruit l’ensemble de ses réserves et procédé aux déminages de 12 des 34 zones minées, a-t-elle expliqué.  La représentante a indiqué que son pays prévoit de déminer toutes les zones restantes d’ici à 2011.  Elle a expliqué que le Gouvernement colombien œuvre avec acharnement à la prévention et aux soins apportés aux victimes.  Il offre également un appui à travers la réhabilitation des terres, le retour des habitants, la réhabilitation physique et l’appui psychologique, visant à faciliter la réintégration économique et sociale des victimes, a-t-elle ajouté.


La représentante a mis en avant la seconde Conférence d’examen de la Convention d’Ottawa qui se tiendra à Carthagène, dans son pays, du 29 novembre au 4 décembre prochains.  Elle a souhaité qu’à l’occasion de cet événement, la communauté internationale puisse répondre à l’appel des victimes, hommes, femmes et enfants de différentes régions du monde qui voient leurs droits fondamentaux bafoués.  Elle a mis l’accent sur la gravité du problème, puisque chaque année des centaines de personnes sont victimes de cette arme.  Le sommet de Carthagène, a-t-elle dit, est l’occasion de renforcer et de développer la Convention d’Ottawa, et d’en faire un objectif commun.  Le plan d’action qui sera adopté lors de cette Conférence d’examen doit tirer parti des résultats réalisés par l’application du Plan d’action de Nairobi, adopté il y a cinq ans, et en même temps de refléter les nouvelles réalités et l’apparition de nouveaux problèmes, a souhaité la représentante.  Elle a expliqué que les groupes armés illégaux ont mis au point de nouvelles méthodes de production de mines antipersonnel et continuent de les utiliser de manière systématique.  Elle a souhaité que la Conférence permette aux États parties de condamner l’utilisation de mines antipersonnel par n’importe quel acteur, étatique et non étatique, et d’évaluer les mesures prises.  Les efforts de la coopération internationale sont une composante essentielle dans l’action antimine, a estimé la représentante. 


M. PAUL BADJI (Sénégal) a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte une assistance financière et technique aux pays affectés « afin qu’ils puissent se forger une capacité nationale en vue de procéder au nettoyage des zones minées et de prendre en charge efficacement les besoins des victimes ». 


Le Sénégal avait jusqu’au 1er mars 2009 pour enlever et détruire toutes les mines présentes sur son sol.  M. Badji a indiqué que « le déminage humanitaire visant la dépollution des zones contaminées n’était pas encore achevé ».  Un délai supplémentaire de sept ans lui a été accordé, courant désormais jusqu’en mars 2016.  Pour ce faire, une commission nationale a validé en mai dernier une « Stratégie nationale d’action antimines 2007-2015 », ainsi que des « normes sénégalaises d’action antimines ».  « Ces deux instruments devront guider l’action dans ce domaine et permettre à notre pays de tenir ses engagements à l’horizon 2016 », a assuré le représentant du Sénégal.


M. MICHAEL SCHULZ, (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge - FICR) a mis en avant la priorité accordée par la FICR aux victimes de mines antipersonnel depuis 1997, date de la signature de la Convention d’Ottawa.  Notre réseau mondial et nos bénévoles nous permettent d’intervenir dans tous les pays menacés par les mines antipersonnel, a-t-il ajouté, avant de rappeler que l’aide aux victimes s’inscrit dans le long terme et exige un financement durable. 


Malgré toute l’action humanitaire, seule la prévention réglera le problème, a estimé l’orateur.  Alors que le Traité d’Ottawa est entré en vigueur en 1999, 39 États ne sont toujours pas partie à la Convention, a-t-il déploré.  À cet égard, il a souhaité que la Fédération et ses 186 membres aient la ferme volonté de parvenir à la ratification par tous du Traité.  La FICR s’engage à participer activement à la prochaine Conférence d’examen de Carthagène, a ajouté le représentant.  Par ailleurs, M. Schulz a rappelé que seuls 100 États sont signataires du Traité sur les armes à sous-munitions. 


Reprenant la parole en fin de séance, le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité au DOMP a remercié la Commission pour son attitude très constructive et très positive.  Il a rappelé l’aspect prioritaire de la destruction des stocks.  Il a aussi souligné l’étroite collaboration existant avec le PNUD et avec le Département des opérations de maintien de la paix.  Assurant que toutes les contributions des États Membres étaient « très précieuses », M. Titov a conclu en ajoutant qu’ONG, bénévoles et bailleurs de fonds étaient tous les bienvenus dans la lutte antimines.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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