Quatrième Commission: les opérations de maintien de la paix doivent recevoir un appui plus équitable, estiment plusieurs délégations
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Quatrième Commission
Soixante-quatrième session
18eséance – matin
QUATRIÈME COMMISSION: LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DOIVENT RECEVOIR UN APPUI PLUS ÉQUITABLE, ESTIMENT PLUSIEURS DÉLÉGATIONS
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi ce matin son débat général sur les opérations de maintien de la paix, plusieurs délégations insistant sur la nécessité de parvenir à une participation plus équilibrée et plus équitable des États Membres, ce qui pourrait aussi éventuellement supposer une implication matérielle et financière accrue afin d’épauler les organisations régionales associées aux opérations mais dépourvues des moyens suffisants.
Le représentant de l’Ouganda a donné l’exemple de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Il a rappelé qu’une petite partie seulement des 230 millions de dollars promis au printemps avait été effectivement versée, alors même que, sur le terrain, les soldats africains de la paix risquent leur vie. Le développement des capacités en matière de maintien de la paix exige à la fois de la volonté politique et des moyens, a-t-il observé, en déplorant des insuffisances dans les deux cas.
La délégation de la Côte d’Ivoire a constaté pour sa part que certaines zones de crise avaient bénéficié d’une réaction très rapide et très concrète de la part de la communauté internationale, alors que pour d’autres, les choses avaient traîné en longueur. Elle s’est demandée si l’on n’était pas confronté à un maintien de la paix « à deux vitesses », celui du pauvre et celui du riche, « à l’image de ce qui se passe sur le plan économique ».
Le Nigéria, tout en se félicitant d’une éventuelle nouvelle stratégie des Nations Unies qui viserait à donner plus d’importance aux pays fournisseurs de contingents et à renforcer le partenariat avec les organisations régionales, a souhaité que ces dernières soient mieux associées aux opérations de maintien de la paix.
Pour plusieurs délégations, il est temps que le Conseil de sécurité s’engage sur les moyens pratiques permettant d’assurer un soutien efficace aux organisations régionales lorsqu’elles s’engagent dans des opérations de maintien de la paix autorisées par les Nations Unies. La Côte d’Ivoire a ainsi proposé la mise en place d’un « guichet de recherche de partenariats » afin que les pays moins nantis puissent participer aux opérations de maintien de la paix, ce qui contribuerait aussi à renforcer les capacités régionales ». Le Yémen a souligné l’importance de la participation du plus grand nombre de pays possible. Il a estimé que la participation aux opérations de maintien de la paix devait être générale, sur la base d’une répartition géographique équitable.
Les délégations suivantes ont participé aujourd’hui au débat général: Jordanie, Togo, Mongolie, Singapour, Fidji, Nigéria, États-Unis, Costa Rica, Ouganda, Malaisie, Koweït, République-Unie de Tanzanie, Côte d’Ivoire, Liban, Colombie, Éthiopie, Venezuela, Bangladesh, Érythrée, Rwanda, Malawi, Serbie et Yémen.
La Quatrième Commission se réunira jeudi matin, à 10 heures, pour achever son débat général sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, avant d’aborder le thème de l’assistance à la lutte contre les mines.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (A/64/359-S/2009/470 ET A/64/494)
Débat général
M. ADI G. KHAIR KHAIR (Jordanie) a rendu hommage aux Casques bleus jordaniens récemment décédés dans un accident d’avion en Haïti, affirmant qu’ils représentaient le meilleur de leur pays. Il a rappelé que la Jordanie participait aux opérations de maintien de la paix depuis 20 ans, et avait contribué à 11 missions. Les forces jordaniennes se sont signalées par leur professionnalisme, et elles défendent les principes d’amour et de paix, a-t-il assuré.
Le représentant de la Jordanie a estimé que les défis actuels auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix exigeaient un processus d’évaluation et d’examen, ajoutant que les réflexions actuelles du Conseil de sécurité s’inscrivent dans celui-ci. Néanmoins, a nuancé M. Al-Allaf, la réforme des méthodes de travail du Conseil de sécurité reste d’actualité, la Jordanie étant convaincue de la nécessité de renforcer la concertation entre le Conseil et les pays concernés par les opérations de maintien de la paix. Le représentant a exprimé l’espoir que le débat actuel marquerait le début d’un processus de consultations entre les parties concernées. Il a enfin évoqué le document de travail « Nouvel Horizon », en soulignant qu’un certain nombre de questions devraient être examinées en profondeur, en particulier le concept de « maintien de la paix robuste », celui-ci ne devant pas s’appuyer uniquement sur la force.
M. YAWO KPAMATCHOU (Togo) a rappelé qu’à l’approche du dixième anniversaire du rapport Brahimi, les opérations de maintien de la paix doivent être revitalisées, afin de faire face aux nouveaux défis. À cet égard, il a mis l’accent sur la « pertinence » du document « Nouvel Horizon » présenté par les Secrétaires généraux adjoints aux opérations de maintien de la paix et à l’appui aux missions. Ce document comporte des objectifs réalistes pour les missions de maintien de la paix et vise à trouver les moyens de mieux gérer les opérations de maintien de la paix, de leur mandat à leur retrait en passant par leur planification, a estimé le représentant. En effet, a-t-il poursuivi, l’ONU est confrontée à des difficultés de plus en plus grandes lors du déploiement des opérations de maintien de la paix.
M. Kpamatchou a par ailleurs indiqué que le Togo occupait le vingt-septième rang des pays contributeurs de troupes déployés par l’ONU. Nous sommes actuellement engagés en Côte d’Ivoire, en République centrafricaine, au Tchad et prochainement au Darfour, a-t-il fait observer. Il a confirmé le soutien de son pays aux opérations de maintien de la paix et a indiqué que le Togo continuera à s’associer aux efforts de la communauté internationale, malgré la modestie de ses moyens. Soulignant que la plupart des pays fournisseurs de contingents sont des pays en développement dont les moyens matériels et financiers sont limités, il a averti que, si la question des remboursements n’était pas réglée, les pays contributeurs seraient dans l’incapacité de poursuivre leur assistance. Il a conclu en souhaitant qu’une solution définitive soit trouvée à ce problème.
Mme ONON SODOV (Mongolie) a rappelé que son pays participait de manière de plus en plus importante aux opérations de maintien de la paix. Elle a précisé qu’il avait fourni un bataillon d’infanterie, ce qui le place parmi la vingtaine de pays contribuant le plus aux missions de l’ONU. Les Mongols sont en particulier présents sur les terrains les plus difficiles que sont le Congo, le Soudan et le Tchad, a-t-elle indiqué.
S’agissant de la réflexion entamée 10 ans après le rapport Brahimi, la représentante a appelé l’ONU à se montrer extrêmement prudente face au concept de mandat robuste pour les mandats des missions, en veillant à ne pas entamer les principes de base des opérations de maintien de la paix, et particulièrement le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force en dehors des situations d’autodéfense.
M. TIONG KIAN SIM (Singapour) a appuyé le document « Nouvel Horizon ». Il y a des questions qui doivent être traitées immédiatement, compte tenu des ressources limitées et de l’urgence de la revitalisation des opérations de maintien de la paix, a-t-il affirmé. Il est secondaire de savoir si oui ou non il faut continuer de débattre: la discussion est nécessaire, a-t-il affirmé.
Le représentant a souhaité un accord au niveau politique sur la question de la protection des civils et a jugé fondamental une entente sur la notion de « maintien de la paix robuste ». Il faut redoubler d’efforts face aux conflits qui sont dans l’impasse et, en ce sens, un nouvel horizon est nécessaire, a-t-il poursuivi.
M. Sim a par ailleurs déploré un manque de répartition géographique dans l’attribution des postes à responsabilités dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Il a enfin suggéré un calendrier réaliste pour les opérations de maintien de la paix, qui permette aux États Membres de savoir à quoi s’attendre et à quoi se préparer. Nous ne devons pas nous limiter à des réunions officielles, mais également tenir des réunions officieuses afin de faire avancer les discussions, a conclu le représentant.
M. MURRAY ISIMELI (Fidji), évoquant le document « Nouvel Horizon », a souligné la nécessité de préciser la question de la protection des civils et la notion d’approche « robuste » du maintien de la paix, et a mis l’accent sur le besoin d’une meilleure concertation dans la planification et la gestion des missions. À la lecture de ce document se pose aussi la question de l’accroissement des capacités, a-t-il souligné. Fidji est convaincu que des partenariats renforcés s’imposent entre toutes les parties concernées par les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à savoir le Conseil de sécurité, les États Membres et le Secrétariat, a ajouté le représentant. En tant que pays contributeur de militaires et de policiers, Fidji se joint aux autres délégations ayant demandé que ces États soient traités de manière juste et équitable dans le cadre de ce partenariat.
Le représentant a rappelé que, malgré sa taille minuscule dans l’immensité de l’océan et malgré sa contribution relativement modeste, Fidji participait de manière significative, depuis 1978, aux opérations de maintien de la paix aux côtés des grands contributeurs de troupes.
M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) a mis en avant la volonté de son pays de travailler avec les autres délégations pour promouvoir et renforcer la paix et la sécurité. Le Nigéria se félicite de la nouvelle stratégie des Nations Unies qui vise à donner plus d’importance aux pays fournisseurs de contingents et à renforcer le partenariat avec les organisations régionales, a–t-il affirmé, en souhaitant que ces dernières soient mieux associées aux opérations de maintien de la paix, afin de réduire le temps nécessaire à l’intervention. Les Nations Unies doivent continuer à fournir un appui logistique et efficace aux organisations régionales, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le représentant a demandé des informations supplémentaires sur le document « Nouvel Horizon », notamment sur le concept d’« opérations robustes » et sur les résultats escomptés. Nous attendons les discussions sur ce document, a-t-il poursuivi. Enfin, il a déploré les attaques perpétrées contre les Casques bleus.
Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a indiqué que son pays appuyait sans réserve l’appel à renforcer le partenariat entre Conseil de sécurité, Secrétariat et pays fournisseurs de contingents. Une telle concertation s’impose en effet, a-t-elle souligné. Par ailleurs, les États-Unis espèrent qu’il y aura une discussion sérieuse sur le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) à l’occasion de l’échéance de fin d’année.
D’une manière générale, la représentante des États-Unis a relevé les insuffisances rencontrées dans les missions, notamment en matière de compétence. La planification doit aussi être améliorée afin de remédier aux retards dans les déploiements. Les États-Unis estiment en outre que la protection des civils devrait se voir accorder la priorité. Par ailleurs, les stratégies devraient permettre aux missions de « s’adapter à la réalité du terrain », a-t-elle relevé. La prochaine session du Comité des 34 sur les opérations de maintien de la paix constitue une bonne occasion de progresser sur ces questions, estime la délégation américaine. Enfin, compte tenu des risques encourus, les Casques bleus ont besoin de tout l’appui nécessaire, a conclu Mme DiCarlo.
M. JAIRO HERNÁNDEZ MILIAN (Costa Rica) a appuyé le document « Nouvel Horizon » et a mis en avant la volonté des Secrétaires généraux adjoints aux opérations de maintien de la paix et à l’appui aux missions de rendre les « mandats plus clairs » pour permettre aux acteurs qui participent aux opérations de maintien de la paix de s’acquitter de leur mission de protection. La mise en œuvre de mandats qui prennent en compte la protection des civils est importante, a indiqué le représentant, qui a souhaité qu’une discussion à ce sujet débouche sur un consensus. Il faut par ailleurs renforcer les mandats des missions pour réduire les risques de reprise des conflits, a dit M. Milian, qui a souhaité que les mandats prévoient des projets à impact rapide. Il a estimé que ces efforts ne peuvent être isolés et doivent s’inscrire dans une dynamique plus large.
M. ARTHUR SEWANKAMBO KAFEERO (Ouganda) a souligné que, face aux défis actuels, il est impératif de mettre concrètement en œuvre les mandats des missions modernes de maintien de la paix prévoyant la protection des civils. Cela exige une compréhension claire de la situation sur le terrain préalable à la définition des mandats, a-t-il fait remarquer. Il a constaté que, ces dernières années, la volonté de rendre plus robustes des missions telles que la MONUC avait été bien accueillie. Pour l’Ouganda, la complexité d’un maintien de la paix moderne exige une approche collective supposant la recherche d’une coordination entre les niveaux stratégiques et opérationnels, aucune organisation, même l’ONU, n’étant en mesure de tout régler toute seule.
Le représentant a évoqué le rôle de l’Union africaine et son manque de ressources financières. Dans le cas particulier de l’AMISOM, la Mission de l’Union africaine en Somalie, il a souligné que seule une petite partie des 230 millions promis en avril dernier avait été effectivement versée, alors même que les soldats de la paix prennent des risques au prix parfois de leur vie sur le terrain. Le développement des capacités en matière de maintien de la paix exige à la fois de la volonté politique et des moyens, a ajouté le représentant, qui a déploré les insuffisances dans les deux cas. Il est temps que le Conseil de
sécurité s’engage sur les moyens pratiques permettant de fournir un soutien efficace aux organisations internationales lorsqu’elles s’engagent dans des opérations de maintien de la paix autorisées par les Nations Unies, a-t-il conclu.
M. CHIN HUAT NG (Malaisie) a estimé que les opérations de maintien de la paix constituaient un instrument indispensable à la paix et à la stabilité. L’ONU devrait être fière de ces opérations, a-t-il ajouté, car c’est la première fois qu’une organisation a su mettre des hommes et des forces en commun. Il a souhaité que l’ONU continue à fournir un appui dans le domaine des ressources humaines et financières.
Par ailleurs, le représentant a déploré que les opérations de maintien de la paix deviennent de plus en plus complexes et dangereuses. Il a estimé que les missions reposent sur un partenariat entre le Secrétariat, le Comité des 34 et les États Membres. Alors que le budget annuel des opérations de maintien de la paix dépasse les 8 milliards de dollars, les missions souffrent d’un appui logistique insuffisant, a déploré M. NG. En tant que représentant d’un pays fournisseur de troupes, il a plaidé pour une politique de tolérance zéro à l’égard des abus commis par le personnel des Nations Unies, notamment dans les cas d’abus sexuels. M. NG a également mis en avant les activités du centre de formation de la Malaisie qui, a-t-il expliqué, a formé plus de 300 participants étrangers et accueillera, en janvier 2010, un cours pour les responsables de mission.
M. KHALAF BU DHHAIR (Koweït) a souligné la nécessité de déterminer de manière approfondie les tâches et les objectifs nécessaires des forces de maintien de la paix. Il a ajouté qu’une coordination et des consultations permanentes entre Conseil de sécurité et pays fournisseurs de contingents s’imposaient. Il convient aussi de définir les modalités de cette concertation, a-t-il observé. Il a également souligné l’importance que le soutien financier et technique nécessaire aux missions soit garanti. Le représentant a par ailleurs jugé important que soient conduites des études de terrain globales et permanentes afin de déterminer les besoins techniques et en matière de formation des Casques bleus. Ces formations doivent comprendre les questions de sécurité, a-t-il ajouté.
Le représentant a demandé « l’activation du rôle de l’ONU dans le domaine de la diplomatie préventive », sans oublier son rôle de veille sur les conflits susceptibles d’éclater. Il a enfin souligné le rôle capital joué par l’ONU dans la délimitation de la frontière entre son pays et l’Iraq en application de la résolution 833 (1993) du Conseil de sécurité.
M. AUGUSTINE P. MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a salué les efforts des Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions pour appuyer les 17 opérations de maintien de la paix déployées dans le monde. Face aux nouveaux défis, a-t-il poursuivi, nous devons améliorer les aspects opérationnels. Il a salué une nouvelle fois l’engagement des chefs des deux Départements, qui réagissent aux nouveaux enjeux et aux nouvelles exigences. Il n’y a pas de solution unique, a-t-il souligné. M. Mahiga a par ailleurs souhaité que la protection des civils soit au cœur des mandats des opérations de maintien de la paix.
Rappelant que le dixième anniversaire du rapport Brahimi approche, M. Mahiga a mis en avant le document « Nouvel Horizon ». Enfin, le représentant s’est félicité de la volonté des deux Départements de développer les partenariats opérationnels avec les organisations régionales, visant à améliorer les opérations de maintien de la paix. Dans le cas de tels partenariats, comme celui conclu avec l’Union africaine en Somalie, les possibilités et les opportunités sont nombreuses, a conclu le représentant.
M. DAVID LAUWAH APHANOU (Côte d’Ivoire) a qualifié les missions de maintien de la paix d’« outils incontournables dans la pacification des zones où la paix et la sécurité sont menacées ». Il a remercié la communauté internationale et l’ONU pour « leur constant soutien à la sortie de crise vers laquelle son pays s’achemine allègrement ». Les opérations de maintien de la paix devront constamment s’adapter, a-t-il observé, estimant qu’il leur fallait non seulement « beaucoup de moyens mais aussi beaucoup d’idées ».
Évoquant le document de travail « Nouvel horizon », le représentant a indiqué que son pays « adhérait en entier » aux recommandations ayant sanctionné la concertation en cours, notamment celles qui rappellent le rôle « prépondérant » du Conseil de sécurité, ainsi que celles qui « insistent sur le respect des principes de l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance des États ». Le représentant a aussi relevé que les auteurs du document soulignaient « l’importance de l’unité de commandement, concept qui résout à notre sens l’équation « un chef, une mission, des moyens », et règle aussi la question de la hiérarchie ».
La délégation ivoirienne a toutefois fait part d’une « inquiétude ». À la fin des années 90, a observé M. Aphanou, la communauté internationale a vu apparaître des crises dont la résolution a entraîné l’implication d’organisations régionales et sous-régionales. « Dans certains cas, et dans des délais très courts, la réponse a été rapide avec des déploiements de contingents et de matériels importants; en d’autres occasions, de nombreuses difficultés pour trouver les financements, les troupes et parfois le matériel adéquat sont apparues, laissant à penser à un maintien de la paix à deux vitesses, le maintien de la paix du pauvre et celui du riche, à l’image de ce qui se passe sur le plan économique », a-t-il observé.
La Côte d’Ivoire voudrait inviter la communauté internationale « à réfléchir à un mécanisme de concertation qui déboucherait sur la mise en place d’un guichet de recherche de partenariats afin d’amener les pays moins nantis à participer aux opérations de maintien de la paix. Ceci contribuerait à renforcer les capacités régionales », a conclu M. Aphanou.
M. MADJI RAMADAN (Liban) a rappelé que l’ampleur et la complexité des missions actuelles nécessitent un partenariat renouvelé, pour faire face aux nouveaux défis et fournir des résultats efficaces sur le terrain. Des ressources suffisantes, accompagnées d’un soutien logistique doivent être à la hauteur de la mission et lui permettre de s’acquitter de sa tâche, a indiqué le représentant. La revitalisation des opérations de maintien de la paix doit être conforme aux principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté, avant de souligner la corrélation entre maintien de la paix et consolidation de la paix.
Le représentant a par ailleurs souhaité la fin de l’occupation israélienne en Palestine, en Syrie et au Liban, dans laquelle il a vu une condition préalable à tout règlement du conflit au Moyen-Orient. Des crimes comme l’attaque israélienne commise en 1996 contre le bâtiment de l’ONU, à Cana, au Sud-Liban ou encore l’attaque israélienne de 2006 contre l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) ne doivent pas être répétés, a averti le représentant. Soucieux de la protection des civils -c’est la responsabilité première des pays hôtes- nous prenons note des intentions de développer les orientations en ce sens du projet « Nouvel Horizon » avec l’entière participation du Comité des 34, a déclaré M. Ramadan. Il a rappelé en ce sens l’importance pour
son pays que de telles orientations soient prises afin de sauvegarder et protéger les civils libanais innocents. Par ailleurs, le représentant a demandé que le coût des opérations de maintien de la paix soit assumé collectivement. Il a conclu en rappelant le plein soutien du Gouvernement libanais à la FINUL et à l’ONUST.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a souligné que son pays, en tant que membre du Comité des 34, suivait de près les discussions relatives à la restructuration de la capacité de maintien de la paix. Elle s’est dite d’accord pour reconnaître que la définition des mandats des opérations de maintien de la paix doit être cohérente avec le contexte politique, et orientée vers des objectifs clairs et réalistes en relation avec les ressources disponibles. La représentante a évoqué par ailleurs le rôle de son pays dans la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), soulignant la bonne collaboration des pays latino-américains et des Caraïbes avec le Gouvernement de Port-au-Prince.
M. FESSEHA A. TESSEMA (Éthiopie) a salué le travail de l’ONU qui œuvre à soutenir la paix et la sécurité dans le monde, à travers ses 17 opérations de maintien de la paix. Mais les défis sont énormes, et la sécurité et la stabilité de millions de personnes dépendent de ces missions, a-t-il ajouté. Les mandats des Nations Unies ont beaucoup changé et cela a nécessité de nouvelles approches, a-t-il poursuivi. Il a estimé que les opérations de maintien de la paix doivent être entreprises en conformité avec les principes de la Charte des Nations Unies, à savoir le respect de la souveraineté, de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale des États, ainsi que de la non-ingérence dans les affaires de ces derniers.
Le représentant a par ailleurs souhaité une meilleure coopération entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de troupes, le Secrétariat des Nations Unies et les pays hôtes. Il est indispensable pour le bon fonctionnement de la mission que ces acteurs partagent une vision commune, a-t-il ajouté. Il a, à cet égard, souhaité que les pays fournisseurs de contingents soient consultés dans l’élaboration des mandats. Le représentant a également attiré l’attention sur la participation financière des États Membres.
Enfin, M. Tessema a mis l’accent sur la nécessité d’un partenariat entre l’ONU et les organisations régionales pour assurer le maintien de la paix. Il a notamment mis en avant le rôle joué par l’Union africaine dans la prévention des conflits, la médiation et le maintien de la paix sur le continent africain. Le représentant a expliqué que l’implication croissante de l’Union africaine dans la résolution des conflits et le développement de l’architecture africaine de paix et de sécurité doivent être des raisons convaincantes pour la mise en œuvre des modalités pour l’appui de la force de paix africaine. En tant que pays contributeur de troupes, l’Éthiopie croit fermement que la paix concerne tous les pays, a conclu son représentant.
Mme MARÍA WALESKA VIVAS MENDOZA (Venezuela) a souligné que les opérations de maintien de la paix devaient se faire en respectant les principes de neutralité, de consentement des parties et de recours à la force uniquement en cas de légitime défense. Par ailleurs, le respect de la souveraineté, de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale de tous les États doit être garanti. Après avoir souligné la nécessité d’aller à la racine des conflits pour pouvoir les régler, la représentante a fait part de son désaccord avec ceux qui cherchent à réinterpréter le mandat des opérations de maintien de la paix. Elle a rappelé que la Convention de Genève sur la protection des civils fixe les responsabilités des parties en conflit dans ce domaine.
Mme SHARKE CHAMAN KHAN (Bangladesh) a déclaré que les opérations de maintien de la paix sont un outil puissant pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Toutefois, le maintien de la paix est devenu, au cours de ces dernières années, une tâche complexe à multiples facettes, a-t-elle ajouté. Aujourd’hui, les soldats de la paix aident à organiser les élections, rétablir l’ordre public, faciliter le retour des réfugiés ou la coopération transfrontalière, autant d’éléments essentiels au processus de paix durable, a noté la représentante. Le maintien de la paix traditionnel et le processus de consolidation de la paix sont deux processus complémentaires pour une paix durable, a-t-elle en outre souligné.
Les opérations de maintien de la paix ont permis à des hommes de pays et de cultures différentes de travailler ensemble à des causes communes, s’est félicitée Mme Khan. Elle a ajouté que le Bangladesh était entièrement dévoué à la noble cause des opérations de maintien de la paix. Toutefois, a-t-elle fait remarquer, nous avons fait de nombreux sacrifices. Principal pays fournisseur de contingents, avec au moins 10% des soldats de la paix déployés ces 10 dernières années, le Bangladesh a perdu 100 Casques bleus, tandis que nous servions dans plus de 32 missions de maintien de la paix à travers le monde, a-t-elle expliqué. À cet égard, Mme Khan a rappelé l’importance d’un engagement actif et étroit entre les pays fournisseurs de contingents lorsqu’il s’agit de prendre des décisions sur une nouvelle mission ou sur l’extension du mandat d’une opération en cours. Elle a insisté sur la nécessité de disposer de mandats clairement définis.
M. ARAYA DESTA (Érythrée) a souligné que, malgré les nouvelles demandes, les nouveaux défis et les nouveaux enjeux, il était essentiel que la neutralité des opérations de maintien de la paix ne soit pas compromise. « En aucun cas, les Casques bleus ne doivent prendre partie ou être perçus comme prenant part au conflit », a-t-il souligné. « Il est important que l’impartialité, le consentement des parties et le non-usage de la force, sauf en cas de légitime défense, soient maintenus ».
Par ailleurs, l’Érythrée estime que de plus grands efforts doivent être consentis pour désamorcer les conflits, afin qu’il ne soit pas ensuite nécessaire de les gérer. Une stratégie visant à la mise en place d’alertes et de réponses précoces est essentielle au maintien de la paix et de la sécurité, a estimé l’orateur. Il a ensuite fait part de l’expérience de son pays, pour qui le déploiement de missions de maintien de la paix devrait comporter des stratégies de sortie claires. La taille et le mandat des missions d’observateurs militaires, en particulier, doivent être clairs pour être efficaces », a-t-il affirmé.
M. VINCENT NYAKARUNDI (Rwanda) a souligné que sa délégation recommandait fortement le renforcement de la coopération régionale, comme le propose le rapport Prodi, afin de renforcer et de soutenir les efforts régionaux en matière de maintien de la paix. Les organisations régionales ont en effet un atout, celui de pouvoir intervenir rapidement et de manière décisive, a estimé le représentant, pour qui il est impératif, par ailleurs, que le Conseil de sécurité édicte des mandats clairs et réalistes.
Ceci implique que le Conseil de sécurité consulte les pays fournisseurs de contingents afin d’avoir une vue globale des conflits, a déclaré M. Nyakarundi. Cela implique aussi une coordination plus grande entre le Conseil et les pays fournisseurs de troupes, a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que le maintien de la paix bénéficierait grandement d’une plus grande présence et représentation de ces pays au Siège et dans les missions de terrain.
Par ailleurs, le Rwanda appelle à une « approche holistique » du maintien de la paix. Son représentant a cité le cas de la MONUC, qui a lancé des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en RDC. Ces opérations ne seront véritablement efficaces que si l’on vise aussi, en aggravant par exemple le régime de sanctions, les soutiens financiers et politiques des FDLR qui se situent, eux, en Europe et en Amérique du Nord, a affirmé le représentant.
M. STEVE D. MATENJE (Malawi) a rappelé que, si de nombreux pays disposaient des ressources humaines adéquates pour contribuer aux opérations de maintien de la paix, ils manquaient souvent de la capacité nécessaire. Ces opérations exigent en effet des ressources matérielles et financières importantes, a-t-il observé. Le représentant a appelé à l’allocation de ressources adéquates pour désamorcer les menaces potentielles à la paix et la sécurité. Cela permettrait de dépenser beaucoup moins dans les opérations de maintien de la paix: « Il vaut mieux prévenir que guérir », a-t-il rappelé.
M. Matenje a par ailleurs estimé nécessaire une réforme de la composition et des méthodes de travail du Conseil de sécurité si l’on entend parvenir au but ultime d’une paix véritable permettant d’atteindre la prospérité économique pour tous dans un environnement sûr. Le Malawi appuie les efforts en cours pour réformer le Conseil, a-t-il conclu.
Mme IVONA BAGARIĆ (Serbie) a affirmé que la question des opérations de maintien de la paix est l’une des plus importantes aux Nations Unies pour la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales. Les mandats des opérations sont beaucoup plus diversifiés que dans le passé, a-t-elle noté. À cet effet, nous avons besoin d’une démarche intégrée qui prenne en compte l’établissement d’une base solide et de critères légaux pour que les opérations de maintien de la paix soient plus efficaces, a-t-elle dit. Elle a également souhaité l’adoption d’un principe d’analyse et de réexamen de chacune des opérations, en partenariat avec le Conseil de sécurité et les États Membres.
Alors que nous assistons à l’apparition d’un plus grand nombre de crises et de conflits armés dans le monde, la participation des États Membres dans les opérations de maintien de la paix est d’une importance particulière, a déclaré la représentante. Elle a jugé que le respect du droit est crucial pour maintenir la paix et la sécurité et prévenir la résurgence des conflits. Afin qu’une opération soit couronnée de succès, nous devons définir son mandat dans des termes clairs, en tenant toujours compte de la situation spécifique de chaque opération et de l’implication de facteurs extérieurs, a poursuivi la représentante. Le succès des opérations de maintien de la paix est largement lié à la coopération des Nations Unies avec les pays fournisseurs de contingents et les pays destinataires de ces contingents, a-t-elle ajouté. Les missions de maintien de la paix ne doivent pas interférer dans les causes des conflits et doivent être menées avec le respect strict du principe d’intégrité territoriale et d’indépendance politique, a-t-elle conclu.
M. MOHAMMED AL-OTMI (Yémen) a souligné l’importance de la participation du plus grand nombre de pays possible aux opérations de maintien de la paix. Rappelant que son pays était engagé dans une dizaine de missions, il a estimé que la participation à celles–ci devait être générale, sur la base d’une répartition géographique équitable. Le représentant du Yémen a en outre estimé nécessaire d’accorder « la priorité aux outils politiques », sous forme de diplomatie préventive et de systèmes d’alerte précoce. Il convient aussi d’aller à la racine des conflits en luttant concrètement contre la pauvreté qui constitue une de leurs causes profondes, a-t-il conclu.
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