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CPSD/424

La Commission poursuit l’audition de pétitionnaires sur Gibraltar, Guam et le Sahara occidental et entend le Ministre gibraltarien réitérer son refus de négocier avec l’Espagne

07/10/2009
Assemblée généraleCPSD/424
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

Soixante-quatrième session

4eséance – après-midi


L A COMMISSION POURSUIT L’AUDITION DE PÉTITIONNAIRES SUR GIBRALTAR, GUAM ET LE SAHARA OCCIDENTAL

ET ENTEND LE MINISTRE GIBRALTARIEN RÉITÉRER SON REFUS DE NÉGOCIER AVEC L’ESPAGNE


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi cet après-midi l’examen de la situation qui prévaut dans certains des 16 derniers territoires non autonomes avec l’audition du Chef du gouvernement de Gibraltar ainsi que celle du représentant de son opposition.  La Commission a aussi entendu des interventions relatives à Guam et au Sahara occidental. 


M. Peter Caruana, Ministre en chef de Gibraltar, a souligné que l’avenir du territoire ne pouvait être décidé que par lui-même.  Il a constaté que la position du Gouvernement espagnol revenait à vouloir inverser la carte du monde pour revenir à ce qu’elle était il y a 350 ans.  Il a déploré que la Quatrième Commission ait décidé de fabriquer des règles extraordinaires telles que celle selon laquelle le droit à l’autodétermination était suspendu dès lors qu’existait un conflit de souveraineté.  Or, la « décision de consensus » sur Gibraltar conclue par le Royaume-Uni et l’Espagne ne correspond à rien de concret, selon lui, le Royaume-Uni se refusant à négocier sans l’assentiment de Gibraltar.  Or, celui-ci ne donnera jamais un tel assentiment, a-t-il assuré.


Concernant Guam, les intervenants qui se sont tous exprimés devant un grand drapeau déployé, ont dénoncé la militarisation de l’archipel par l’armée américaine.  Ils ont appelé l’ONU à intervenir afin de permettre l’autodétermination du territoire, alors que celui-ci est gravement menacé par la contamination de produits toxiques de toute nature.


La Quatrième Commission a continué d’entendre des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental, discussion ouverte hier et qui se poursuivra encore demain.  Un représentant du Front POLISARIO a déploré le « manque de sincérité » du Maroc dans la recherche d’une solution.  « Si le Maroc devait continuer avec sa stratégie de blocage de toute paix crédible et continuer à faire obstacle à toute négociation sérieuse et honnête, notre droit d’être ici parmi vous en tant que nation souveraine, indépendante et responsable (...) ne devrait pas être repoussé plus avant », a-t-il affirmé.  De nombreux autres pétitionnaires ont défendu la proposition marocaine sur une large autonomie. 


La Quatrième Commission se réunira demain, jeudi 8 octobre à partir de 15 heures pour finir d’entendre les pétitionnaires sur le Sahara occidental avant l’ouverture du débat général sur les questions de décolonisation.


QUESTIONS RELATIVES À LA DÉCOLONISATION


Audition des pétitionnaires des territoires non autonomes


M. PETER CARUANA, Ministre en chef de Gibraltar, a souligné que l’Espagne prétendait dans les faits que l’avenir du territoire devait être négocié par d’autres.  L’Espagne, a-t-il dénoncé, prétend nous associer tous à cette position anachronique.  « Gibraltar n’est pas d’accord et ne le sera jamais », a-t-il affirmé; l’avenir du territoire ne pouvant être décidé que par lui-même.  Le Ministre en chef s’est dit convaincu que la position du Gouvernement espagnol revenait à redessiner la carte du monde à l’image de ce qu’elle était il y a 350 ans, comme si les choses n’avaient pas bougé depuis lors.  Il a déploré que la Quatrième Commission ait décidé de fabriquer des règles extraordinaires telles que celle selon laquelle le droit à l’autodétermination était suspendu dès lors qu’existait un conflit de souveraineté. 


M. Caruana y a vu là le résultat de pressions de pays s’efforçant de faire avancer leurs propres intérêts au mépris des principes universels.  Imaginer que l’avenir de Gibraltar puisse se faire dans notre dos, être décidé par d’autres que lui-même, n’est pas acceptable, a-t-il insisté.  Si la position de l’Espagne se fonde tellement sur le droit international, pourquoi ne pas demander l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ), s’est demandé le Ministre en chef, en précisant que l’Espagne s’y refuse.  Cela démontre, selon lui, qu’il s’agit d’une position politique et non pas juridique. 


M. Caruana a rappelé que la Quatrième Commission votait tous les ans une résolution demandant au Royaume-Uni et à l’Espagne de résoudre le problème.  Or, la « décision de consensus » officiellement conclue par les deux pays sur Gibraltar ne correspond pas à la réalité sur le terrain.  Au-delà de ce texte dit de consensus, les choses sont bloquées, a-t-il rappelé, le Royaume-Uni refusant de négocier avec l’Espagne sans l’assentiment de Gibraltar.  Or, celui-ci ne donnera jamais un tel assentiment, a-t-il dit, appelant la Commission à ne plus perdre son temps, le prétendu « consensus » entre l’Espagne et le Royaume-Uni n’existant pas dans les faits. 


M. Caruana s’est dit disposé à participer à toute discussion telle que celle qui se tient sous les auspices du « forum trilatéral » pour améliorer les relations de Gibraltar avec l’Espagne.  Il a déploré en conclusion que ce pays continue d’agir de manière « provocatrice ».


M. J.J. BOSSANO, Chef de l’opposition à Gibraltar, s’est d’emblée opposé au consensus hispano-britannique sur, a-t-il dit, un processus de négociations dans l’esprit de l’Accord de Bruxelles de 1984.  La position de l’Espagne est que ce processus doit décider comment et quand Gibraltar deviendra espagnol, étant entendu qu’il n’y a aucune autre option de décolonisation, « que ceci nous plaise ou non », s’est indigné M. Bossano. 


Le Royaume-Uni appuie ce consensus mais prétend qu’il ne fera rien sans le consentement de Gibraltar.  Or Gibraltar n’y consentira jamais, a-t-il averti, et le Royaume-Uni le sait très bien.  Alors pourquoi n’abandonne-t-il pas ce consensus « futile », s’est demandé le Chef de l’opposition.  Et comme pour rajouter à cette position contradictoire, a-t-il poursuivi, le Royaume-Uni prétend désormais que Gibraltar aurait dû être retiré de la liste des territoires autonomes car les nouvelles relations constitutionnelles qu’il a établies avec Gibraltar sont celles d’un véritable partenariat.


Dans ce cas, a ironisé M. Bossano, les îles Turques et Caïques devraient également être retirées de la liste.  Il a rappelé que cette relation « nouvelle, moderne et non coloniale » avec ces îles a permis au Royaume-Uni de supprimer le Gouvernement et le Parlement, de suspendre le droit d’être jugé par un jury et d’imposer le pouvoir direct de Londres. 


Nous nous opposons au consensus que le Royaume-Uni a concocté avec l’Espagne, a insisté le Chef de l’opposition.  Nous nous opposons à sa position sur la non-applicabilité des critères de l’ONU à Gibraltar et nous rejetons sa politique qui consiste à ne pas traiter avec le Comité spécial. 


Le Chef de l’opposition s’est donc félicité de l’appui que le Séminaire régional a apporté à sa position.  Le projet de résolution soumis à la Commission est un « non sens », a-t-il estimé.  C’est une perte de temps car il n’a pas et n’aura aucun effet sur la décolonisation du territoire, une décolonisation qui permette à Gibraltar de sortir de la liste des territoires non autonomes.


Gibraltar et son peuple seront décolonisés un jour mais ils ne feront jamais partie de l’Espagne, a insisté le Chef de l’opposition, car ce ne serait pas une décolonisation mais bien le remplacement d’un colon par un autre encore pire.  Notre pays s’est séparé définitivement de l’Espagne en 1704.  Aucune décision par consensus ou autre, ici ou ailleurs, ne pourra changer cette donne, a conclu le Chef de l’opposition.   


S’agissant de Guam, M. MICHAEL TUNCAP, Programme d’études des îles du Pacifique à l’Université de Californie à Berkeley, a demandé aux Nations Unies de reconnaitre le droit à l’autodétermination de Guam.  Il a dénoncé une occupation militaire qui s’appuie sur une démarche de domination raciale depuis le contact initial avec les États-Unis en 1898.  Il a rappelé que les îles Marianne avaient été colonisées au départ par l’Espagne puis conquises par les États-Unis; les langue et culture autochtones ayant été interdites par ces deux puissances.  M. Tuncap a demandé réparation pour les ancêtres de son peuple.  Nous ne survivrons peut-être pas à ce siècle, a-t-il fait remarquer en demandant la protection de l’ONU.  Il a rappelé que les populations des îles Marianne n’avaient pas le droit de voter aux élections américaines, avant de se demander comment une telle inégalité pouvait être tolérée.  Il a ensuite évoqué les pollutions de toute nature causées en particulier par l’armée américaine.  Nous ne pouvons pas régler tout seuls cette pollution toxique, a-t-il dit.  La Quatrième Commission doit donner la première priorité à la réalisation de notre droit à l’autodétermination, a-t-il estimé, et des financements doivent être accordés en faveur du droit à l’éducation des insulaires.


Mme HOPE A. CRISTOBAL, Trésorière de la « Guaham Coalition for Peace and Justice », a indiqué que Guam était aujourd’hui à un stade critique de son occupation coloniale comme en témoigne une militarisation sans précédent dans un territoire non autonome.  Pourtant, a-t-elle rappelé, les résolutions de l’ONU demandent à la puissance administrante de faire en sorte que la militarisation ne devienne pas un obstacle à la décolonisation.  Ces activités militaires ne peuvent donc pas être maintenues en l’état, a-t-elle souligné, avant d’inviter le Comité spécial, le Secrétaire général ou ses représentants à se rendre à Guam.  La pétitionnaire a consacré une partie de sa déclaration à la présentation d’une étude sur l’impact écologique de militarisation de Guam par la puissance administrante. 


À son tour, M. JULIAN AGUON, I Nasion Chamoru, a déploré qu’un temps de parole si limité soit accordé aux pétitionnaires, contrairement à ce qui était prévu au départ, alors que les orateurs ont fait des milliers de kilomètres pour venir à New York où ils n’ont la possibilité de s’exprimer qu’une seule fois par an.  M. Aguon s’est contenté d’évoquer la militarisation de Guam, rappelant qu’un tiers de sa superficie était occupé par l’armée américaine.  Il a plutôt voulu débattre de la décolonisation, « au lieu d’énumérer toutes les calamités qui nous sont tombées dessus du fait de notre histoire et de notre situation géographique malheureuse ». 


Il a rappelé qu’en vertu du droit international, tous les peuples avaient le droit à l’autodétermination et qu’en vertu de ce droit, ils déterminent leur statut politique et choisissent librement les moyens de leur développement économique, social et culturel.  Ce droit est reconnu dans de nombreux instruments juridiques internationaux et les États-Unis se sont engagés en faveur du droit à l’autodétermination de tous les peuples, a-t-il rappelé.  Ce n’est donc pas de mots dont Guam a besoin mais de l’intervention de l’ONU face à la situation de plus en plus désespérée des droits de l’homme à Guam, a-t-il conclu.


M. DAVID ROBERTS, Doctorant à l’Université de Toronto, a estimé que les Nations Unies doivent trouver une solution juste à la question de Guam.  Le statut de Guam comme territoire non autonome devrait être perçu comme une « honte », a jugé M. Roberts.  Il a invoqué l’expérience acquise par la population autochtone de Guam dans la gestion de la chose publique et ce, malgré les règles coloniales.  Dénonçant le fait que jusqu’ici les États-Unis se soient montrés peu disposés à répondre au droit fondamental du peuple Chamorro à l’autodétermination, il a demandé à la Quatrième Commission de jouer son rôle.   


Mme MEGAN ROBERTO a indiqué vouloir témoigner en tant que personne pouvant se prévaloir d’une réussite personnelle « obtenue au prix de l’acculturation ».  Elle a indiqué que ses ancêtres avaient choisi de quitter l’archipel, sa famille s’efforçant d’échapper à la colonisation.  Est-ce cela le succès? a-t-elle demandé.  Elle a averti que le peuple chamorro était menacé, y compris dans son intégrité physique à cause de la pollution et de la contamination due au déversement de produits toxiques.  « La migration forcée, ce n’est pas l’autodétermination », a-t-elle souligné, s’interrogeant une fois encore sur le sens de sa réussite personnelle en tant que personne éduquée, diplômée de l’université et loyale envers les États-Unis.  Il faut décoloniser en éduquant, a-t-elle ajouté.  Ce n’est que par la réalisation de notre droit à l’autodétermination que Guam réussira, a-t-elle conclu.


Mme JOSETTE MARIE QUINATA, Southern California Chapter of Famoksaiyan, a appelé l’ONU à obliger la puissance administrante à reconnaître le droit inaliénable du peuple de Guam de déterminer son destin politique.  Elle a fait part de son inquiétude concernant la construction d’autres infrastructures militaires qui doit commencer en 2010.  Nos voix ne sont pas entendues, a-t-elle souligné, en appelant la communauté internationale « à l’aide », au nom du droit à la terre et des ancêtres.


Mme DESTINY TEDTAOTAO, Riverside Chapter of Chamorro Nation, a dit être étudiante à l’Université de Californie du Sud et représentante de la nation chamorro.  Elle a rappelé que cela faisait plusieurs années que des délégués chamorros s’exprimaient à New York.  Face à la « dévastation » de Guam, elle a demandé à la Commission de respecter les promesses des résolutions 1514 et 1541 relatives au droit à l’autodétermination.  Nous sommes un peuple fort et une culture résistante, a-t-elle souligné.  Comme la puissance administrante a négligé nos droits, a-t-elle affirmé, « le moment est venu de choisir notre propre destinée ».  L’autodétermination ne signifie pas seulement autonomisation mais aussi lutte, a-t-elle dit.  En concluant, elle a offert à la Commission une vidéo d’un documentaire de la chaîne de télévision américaine PBS sur la militarisation des îles du Pacifique. 


Abordant la question du Sahara occidental, M. SADEK BOUGATTAYA, Juriste, a lancé un appel aux Nations Unies et aux organisations des droits de l’homme pour faire libérer les Sahraouis arrêtés, hier, alors qu’ils souhaitaient se rendre en Mauritanie.  Je tiens le Maroc pour responsable de tous les torts faits aux personnes arrêtées, a dit M. Bougattaya.  Il a rappelé l’histoire du Sahara occidental depuis 1965 et a, à ce titre, souligné l’avis de 1975 de la Cour internationale de Justice qui stipulait qu’aucun lien souverain n’existait entre le Sahara occidental et le Royaume du Maroc.  Il a rappelé aux Nations Unies qu’elles ont une responsabilité claire qu’elles doivent assumer avec l’Union africaine pour aider le processus de décolonisation du Sahara occidental. 


Il a souligné que le Plan de règlement des Nations Unies de 1991, le Front Polisario et le Royaume du Maroc restent les seuls acteurs d’une solution juste et durable.  Cette Commission, a-t-il estimé, a le droit de demander clairement pourquoi le Maroc refuse le référendum qu’il a pourtant appuyé en adhérant à ce Plan.  Comparant la situation du Sahara occidental à celle du Timor oriental, devenu Timor-leste, le pétitionnaire a souhaité qu’on suive l’exemple de l’Indonésie et qu’on laisse au peuple sahraoui le droit de déterminer son statut.  C’est inévitable et c’est le seul moyen de construire un Maghreb fondé sur la coopération et l’égalité, a-t-il conclu.  


M. AHMED BOUKHARI, Front POLISARIO, s’est demandé comment il se faisait que l’ONU n’ait pu clore au XXIe siècle le dossier du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique, quatre décennies après son ouverture.  Malgré les ouvertures et la création de la MINURSO, il s’est avéré que le Maroc a fait preuve d’un « manque de sincérité », a accusé le pétitionnaire.  Il a évoqué les étapes du processus de paix, en particulier les Pourparlers de Manhasset en 2007, puis ceux, récents, de Vienne qui n’ont « pas permis de progrès substantiels ».  Le Maroc poursuit une exploitation illégale des richesses naturelles du territoire avec la participation de partenaires tels que l’Union européenne, a-t-il observé. 


Il a évoqué aussi la répression menée contre la population locale, constatant que le Maroc avait réussi à faire échouer les efforts de la communauté internationale en empêchant l’organisation d’un référendum.  Il a indiqué que son organisation continuait toutefois de croire à la voie pacifique.  Le moment est venu de tirer un bilan, a-t-il ajouté.  « Si le Maroc entend poursuivre sa stratégie de blocage de toute paix crédible et faire obstacle à toute négociation sérieuse et honnête, notre droit d’être ici parmi vous en tant que nation souveraine, indépendante et responsable, capable de remplir toutes ses obligations internationales et régionales, ne devrait pas être repoussé plus avant », a-t-il conclu.


M. MICHEL DE GUILLENCHMIDT, Universitaire et Juriste, a souligné qu’il a eu l’occasion d’étudier la situation au Sahara occidental, en se rendant régulièrement sur place et en Algérie.  Il a souhaité que cessent les calomnies contre le Royaume du Maroc car, a-t-il dit, dénoncer des violations des droits de l’homme et des libertés qui auraient été commises par le Royaume du Maroc au Sahara occidental procède d’une distorsion de la réalité.  Il a mis l’accent sur l’ampleur des efforts déployés par le Maroc en matière de liberté au Sahara occidental comme dans tout le pays d’ailleurs.  Il faut pouvoir juger de la vraie démocratie dans le sud marocain où par exemple 1 300 représentants de médias internationaux se sont rendus ainsi que de nombreuses ONG, a-t-il dit. 

L’universitaire a précisé que l’on cesse les calomnies qui ne font que raviver des tensions et compromettre la recherche de solutions.  Il a défendu le statut d’autonomie proposé par le Maroc, « un projet très moderne qui ne met pas en cause l’intégrité territoriale du Maroc ».  Le projet marocain consiste à mettre en place un Parlement doté de larges compétences, a-t-il expliqué en ajoutant qu’il s’agit aussi de faire en sorte que le nouvel ensemble dispose de ressources financières propres en plus de l’impôt de solidarité nationale.  Les enjeux sont évidents et il faut faire avancer l’« indispensable » coopération pacifique entre les États du Maghreb, a-t-il conclu. 


Pour sa part, M. PEDRO PINTO LEITE, International Platform of Jurists for East Timor, a dénoncé les pétitionnaires qui soutiennent le Maroc, en oubliant de mentionner l’occupation du Sahara occidental et en essayant de discréditer systématiquement le Front Polisario par des accusations d’esclavage, de terrorisme, de fondamentalisme.  Dénonçant ceux qui qualifient le régime marocain de démocratique, il a argué que ces mêmes pétitionnaires mettent l’accent sur l’impossible indépendance du Sahara occidental et la prétendue volonté des réfugiés des camps de Tindouf de devenir Marocain.  Ils accusent en plus les groupes de solidarité avec le Sahara occidental d’être payés par l’Algérie, a poursuivi M. Leite.  Le Sahara occidental, s’est-il dit, convaincu, est illégalement occupé par le Maroc.  À ce jour, a-t-il aussi souligné, plus de 80 États reconnaissent la République sahraouie alors que plus de 100 résolutions de l’ONU reconnaissent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.  Le Maroc, a-t-il accusé, continue de s’opposer à un référendum qui pourrait pourtant régler le problème une fois pour toute.  


M. AHMEDOU OULD SOUILEM, se présentant comme un Membre fondateur du Front POLISARIO, a indiqué qu’après une profonde réflexion politique et morale, il avait regagné la mère patrie en dénonçant l’instrumentalisation de la cause sahraouie par l’Algérie.  De plus en plus de Sahraouis commencent à se réveiller du rêve d’un État indépendant, a-t-il affirmé.  Il a ajouté que la population locale disposait déjà d’une grande autonomie et a déploré le contrôle de l’Algérie sur les camps de réfugiés et sur les décisions du Polisario, ce qui empêche notamment le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) d’effectuer un recensement dans les camps de Tindouf.  Il a voulu que soit mis un terme à ce qu’y subissent ses compatriotes, en mentionnant les tortures et les abus physiques subis par ses compatriotes.  Saisi par l’émotion, le pétitionnaire s’est excusé de ne pouvoir s’exprimer plus avant.


M. SIXTO PREIRA GALEANO, Vice-Président de la Chambre des représentants du Paraguay, a rappelé aux parties du Sahara occidental de garantir le respect des droits de l’homme de toute la population, a-t-il indiqué.  Il a estimé que le rôle de la MINURSO est indispensable pour maintenir le cessez-le-feu, en appelant les parties à continuer de coopérer avec la Mission et à autoriser les visites familiales dans les camps sans restrictions.  M. Galeano a appelé la Commission à parvenir à une solution politique acceptable qui mène à l’autodétermination du Sahara occidental.  Il a regretté que le cycle de discussions de Manhasset n’ait donné aucun résultat positif.  Il faut progresser dans la recherche d’une solution juste, acceptable par tous, pacifique et politique, a-t-il conclu.


Mme ANNA MARIA STAME CERVONE, Centrist Democratic Women International, a souligné l’absurdité d’un conflit entretenu, selon elle, par le désir d’hégémonie de l’Algérie.  « Ce n’est un secret pour personne que les camps de Tindouf sont des prisons à ciel ouvert », a-t-elle ajouté.  Depuis quelques années, le monde a commencé à prendre conscience de la réalité, des témoignages insupportables venant au jour, a-t-elle expliqué.  À cause des mariages précoces, ce sont les femmes qui se sacrifient étant donné que le Polisario les obligent à avoir le plus grand nombre d’enfants possible et ensuite les enfants sont séparés de leur famille et envoyés à l’étranger pour être embrigadés, a dénoncé l’oratrice.  Elle a aussi dénoncé la persistance de pratiques d’esclavage, en jugeant qu’il est plus qu’urgent que les Nations Unies assument leurs responsabilités pour assurer la protection des habitants de Tindouf.


M. ERIK JENSEN a déclaré que 40 ans se sont écoulés depuis le début du conflit au Sahara occidental.  Nous connaissons les dangers qui existent lorsque les gens ne vivent pas dans des conditions dignes, a-t-il poursuivi.  M. Jensen a mis en avant la solution proposée par l’Envoyé spécial au Sahara occidental, M. Baker qui, en son temps, avait indiqué qu’une solution pouvait être trouvée si toutes les parties au conflit obtenaient quelque chose mais pas toutes les choses.  Ce conflit entrave le développement et prive la population de ses ressources, a-t-il dit.  Le chômage est élevé, la pauvreté est importante et un tiers de la population à aujourd’hui moins de 15 ans, a-t-il ajouté.  Il a attiré l’attention sur la jeunesse frustrée qui est un terreau fertile pour les extrémismes.  Il faut, selon M. Jensen, prendre la menace terroriste au sérieux.  Dans l’intérêt de tous, les États du Maghreb ont besoin de partager une politique et une vision communes, a-t-il conclu.  


M. FERNANDO FERNANDEZ MARTIN, Parti populaire européen et des démocrates européens, a estimé que le peuple sahraoui était la première victime de ce conflit.  Parler de violation des droits de l’homme dans un pays où il y a un conflit et protester par la suite, est cynique, a-t-il estimé.  « Chaque fois qu’il y a conflit, les premières victimes sont toujours les droits de l’homme », a-t-il fait observer.  M. Fernandez Martin a dit avoir parlé avec tous les partis politiques du Maroc et avoir constaté une unanimité sur la question de l’appartenance du Sahara occidental au Royaume, une question qui n’est pas négociable pour eux.  Dans le même temps, il n’y a pas de solution militaire, a-t-il souligné.  S’il y a 40 ans, la position du Polisario face à l’Espagne avait été différente, peut-être l’histoire aurait-elle été différente, a-t-il spéculé, constatant les multiples erreurs commises par cette organisation.  La voie de l’autonomie doit être explorée, a-t-il dit, en prévenant que la population fera face à une solution qui ne peut qu’être difficile et qui doit être prise par des dirigeants « courageux ».


Mme TANYA WARBURG, Freedomfor All, a exprimé son inquiétude concernant la situation des réfugiés sahraouis dans les camps où les droits de l’homme sont ignorés et la liberté de pensée et d’expression inexistante.  Les familles sont séparées et placées dans des camps différents, distants les uns des autres, ce qui constitue une violation du droit à la vie de famille, a estimé Mme Warburg.  Les réfugiés de Tindouf ne peuvent ni se déplacer librement entre les camps, ni quitter les camps, ni voyager, a-t-elle poursuivi.  Le Front Polisario, a-t-elle dénoncé, envoie de jeunes enfants à l’étranger, à des milliers de kilomètres du Sahara et de leurs familles, pour travailler comme domestiques.  Les 90 000 réfugiés de Tindouf dépendent essentiellement de l’aide humanitaire fournie grâce à la générosité de la communauté internationale, a-t-elle ajouté.  Mme Warburg a précisé que certains anciens dirigeants du Front Polisario ont reconnu que la condition qui prévalait dans les camps était proche de la famine.  La dernière évaluation faite en 2009 par l’Union européenne fait état d’une détérioration significative de la santé des réfugiés de Tindouf, a-t-elle ajouté.  L’initiative marocaine en faveur de l’autonomie du Sahara occidental est une solution pragmatique et définitive au conflit.  Elle reçoit d’ailleurs, a-t-il affirmé, l’appui des Sahraouis qui vivent au Maroc et à Tindouf.   


M. JEAN-YVES DE CARA, Universitaire et juriste ad hoc à la Cour internationale de Justice (CIJ), a dénoncé les allégations sur les violations des droits de l’homme et du droit à l’autodétermination commises par le Maroc contre le peuple sahraoui.  Il a indiqué que l’autonomie des provinces du Sud montre que le Maroc satisfait à la double acception du droit des peuples et à l’ambition de son Roi en matière de démocratie participative.  Il a déploré le travail de journalistes mal informés et l’utilisation partielle et partiale des données qui sert à nourrir les allégations contre le Maroc.  Ce pays, a-t-il estimé, garantit les droits individuels au Sahara occidental en autorisant la population à se rassembler, à s’associer et à appartenir à un syndicat.  Il a affirmé que le Maroc favorise l’accès des journalistes et des observateurs internationaux sur son territoire, avant de juger que la mise en cause du Maroc constitue une menace à son intégrité territoriale. 


Mme SENIA BACHIR ABDERAHMAN, Union de la jeunesse sahraouie - UJSARIO, a apporté son témoignage de jeune Sahraouie ne connaissant pas son pays d’origine.  C’est la troisième fois qu’elle s’exprime devant la Commission pour déplorer que pratiquement rien n’ait été fait en faveur de la dernière colonie d’Afrique.  Elle a évoqué le mouvement non violent de résistance à la fois de la jeunesse sahraouie et des étudiants dans des universités marocaines et qui a été durement réprimé par les autorités.  Après avoir illustré ses propos par plusieurs exemples, elle a, au nom de la jeunesse sahraouie, appelé l’ONU et le reste du monde à agir immédiatement afin de mettre un terme aux violations des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental.


M. JULIEN DEDENIS a indiqué qu’il s’était rendu en juillet dernier au Maroc et dans la zone du Sahara occidental occupé.  Il a précisé qu’au cours de ce voyage, tous les sahraouis ont exprimé leur attachement au référendum sur l’autodétermination et leur rejet total du plan d’autonomie marocain.  Les Marocains rencontrés à Rabat, Casablanca ou encore Marrakech, semblaient tous unanimes sur la marocanité du Sahara occidental, a-t-il ajouté.  Quant aux Marocains du Sahara occidental, tous expriment leur respect le plus profond pour le peuple sahraoui, a-t-il poursuivi.  Il a déploré que les dirigeants marocains justifient l’occupation du Sahara occidental en se prévalant de l’appui de leur population.  Pourtant, selon l’orateur, les Sahraouis rejettent en masse la présence marocaine et continuent de revendiquer leur droit au référendum d’autodétermination.   


M. Dedenis a indiqué que l’unanimité du peuple marocain concernant la marocanité du Sahara occidentale n’était qu’une illusion.  Selon lui, l’explication vient du fait que le peuple marocain est privé de son droit à l’information et de l’exercice de sa libre opinion.  Le référendum n’est pas une question de droit, c’est une nécessité dictée par le pragmatisme, a-t-il souligné.  Qu’il s’agisse du droit à l’autodétermination pour le peuple sahraoui ou des droits à l’information et à la libre opinion pour le peuple marocain, Julien Dedenis a demandé que soit respecté les fondements mêmes des Nations Unies.  Il faut rassembler les conditions nécessaires à l’établissement d’une paix durable au Sahara occidental, une paix entre le Front Polisario et le Maroc, entre les peuples sahraouis et marocains, a-t-il conclu.


M. SYDNEY ASSOR, Surrey Three Faiths Forum, a dit regretter d’être encore présent ici, rappelant que l’Aïd el-Fitr, la journée du repentir, avait été observée il y a quelques jours, et précédemment la Journée internationale de la paix.  N’est-il pas temps d’avoir une journée internationale en faveur de la tolérance et de la pitié, a-t-il demandé.  Il a souligné la nécessité de réaliser un recensement de la population des camps afin d’adapter l’aide aux besoins, comme l’exige le HCR, une exigence qui n’a rien à voir avec le processus politique lui-même, a-t-il souligné.  Il a déploré l’impossibilité pour des organisations comme la sienne de se rendre dans les camps et a dit compter sur la Commission pour aider son organisation à se rendre dans les camps afin d’y apporter l’assistance nécessaire.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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