AG/EF/3264

Concluant l’examen du thème du développement durable, la Deuxième Commission débat de la question connexe des établissements humains

04/11/2009
Assemblée généraleAG/EF/3264
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

31e séance – après-midi


CONCLUANT L’EXAMEN DU THÈME DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, LA DEUXIÈME COMMISSION DÉBAT DE LA QUESTION CONNEXE DES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS


La Commission économique et financière de l’Assemblée générale (Deuxième Commission) a conclu cet après-midi le débat sur le développement durable qu’elle avait entamé lundi, en entendant les déclarations d’une dizaine de délégations, dont celles du Maroc et de la Tunisie, qui ont attiré l’attention sur les difficultés que rencontraient les pays d’Afrique du Nord dans la lutte contre les changements climatiques et la désertification.


En effet, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a conclu dans son quatrième rapport que la région méditerranéenne figurait parmi celles qui connaîtront des diminutions drastiques au niveau des chutes de pluie, a fait observer le représentant marocain, qui a exprimé la préoccupation de son pays face au fait que ce phénomène, conjugué à la récurrence des périodes de sècheresse, pourrait compromettre les perspectives de croissance économique du Maroc.


Mettant l’accent sur le problème des catastrophes naturelles, la représentante de la Thaïlande a pour sa part estimé que les tremblements de terre qui ont récemment affecté les Samoa américaines et l’Indonésie notamment, rappellent combien il est important et urgent de mettre en place des systèmes d’alerte rapide et des politiques afin de réduire la fréquence de ces phénomènes et leurs conséquences sur les populations et les économies des pays touchés.  Dans ce domaine, les pays développés ont un devoir d’assistance particulier vis-à-vis des pays pauvres, a relevé la représentante.


C’est à une question connexe que la Deuxième Commission a consacré un second et bref débat aujourd’hui, celle des établissements humains, menacés par la fréquence des catastrophes naturelles.  Saisies de deux rapports* du Secrétaire général qui leur ont été présentés hier, les délégations ont présenté à cette occasion les mesures que leurs gouvernements ont prises pour développer une politique de logements durables et décents pour tous.


Le représentant de l’Éthiopie a, à cet égard, décrit le Programme national de développement urbain mis en place dans son pays pour, notamment, y réduire de moitié la proportion de citoyens qui vivent avec moins de 1,23 dollar par jour et n’ont pas d’accès à l’eau potable.  Celui du Brésil, pays dont 82% des habitants vivent aujourd’hui dans des zones urbaines, a présenté à la Commission le Programme de croissance accélérée, mis en place par le Gouvernement brésilien, et qui vise à renforcer simultanément la croissance économique et l’inclusion sociale.


Les intervenants se sont félicités des activités du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).  Mais ils ont été plusieurs, à l’instar du représentant de l’Inde, à exprimer leurs préoccupations devant les contraintes budgétaires qui limitent leur action.  Notant que 7% seulement des ressources d’ONU-Habitat proviennent du budget ordinaire de l’Organisation, le représentant de l’Inde a relayé l’appel lancé par le Secrétaire général pour que des ressources financières suffisantes et prévisibles soient mises à disposition du Programme pour l’habitat afin de lui permettre de s’acquitter de son mandat et d’appliquer son Plan stratégique et institutionnel à moyen terme pour la période 2008-2013.


La Deuxième Commission examinera demain, à partir de 10 heures, les questions intitulées « Vers des partenariats mondiaux », et « Planification des programmes”.


*     A/64/260 et E/2009/80


Développement durable


a)    Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable (A/64/275, A/64/274, A/64/258, A/64/169 et A/64/301)


b)    Suivi et application de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement (A/64/278)


c)    Stratégie internationale de prévention des catastrophes (A/64/280)


d)    Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures

(A/64/202)


e)    Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique (A/64/202 et A/64/379)


f)    Convention sur la diversité biologique (A/64/202)


g)    Rapport du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement sur les travaux de sa vingt-cinquième session (A/64/25, Supplément No 25)


h)    Développement durable dans les régions montagneuses (A/64/222)


i)                Promotion des sources d’énergie nouvelles et renouvelables (A/64/277)


Suite du débat général


M. JOEL MUSA NHLEKO (Swaziland) a déploré le fait qu’en dépit d’une contribution minimale -de l’ordre de 3,2% en 1992-, a-t-il précisé, à l’émission de gaz polluants, le continent africain soit le plus vulnérable aux impacts des changements climatiques.  Le Royaume du Swaziland, a-t-il poursuivi, s’est engagé à respecter divers engagements internationaux en matière de protection du climat, tant dans le secteur agricole qu’énergétique ou de la protection des forêts.  M. Nhleko a clos son propos en appelant à l’engagement de tous afin de faire de la prochaine Conférence de Copenhague un succès qui facilitera un changement fondamental d’attitudes dans la gestion de la planète.


M. TARIK IZIRAREN (Maroc) a indiqué que pour le Maroc, dont l’agriculture représente une part importante du produit intérieur brut (PIB), la diminution des précipitations, et des récurrences plus longues des périodes de sècheresse résultant des changements climatiques, pourraient affecter les perspectives de croissance économique.  En effet, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait conclu dans son quatrième rapport que la région méditerranéenne figure parmi celles qui connaîtront des diminutions drastiques au niveau des précipitations, a-t-il indiqué.  Conformément aux orientations du Roi Mohammed VI, le Gouvernement marocain a placé les questions environnementales au cœur des programmes de développement du Maroc, a expliqué M. Iziraren, en veillant à la maîtrise de ses ressources naturelles, à l’économie de leur utilisation et à la préservation de leur qualité.  Dans le cadre de la promotion des sources d’énergie renouvelables, il convient de signaler qu’hier même, le Roi Mohammed VI a présidé la cérémonie de présentation du projet marocain de l’énergie solaire, qui a pour objectif de produire, de cette manière, 14% de la puissance électrique du pays à l’horizon 2020, a précisé le représentant.  Le Maroc est également en train de mettre en place une Charte nationale globale de l’environnement qui verra le jour avant la fin de cette année et a pour objectif de sauvegarder les ressources naturelles, les espaces, et les réserves du pays, et veillera au suivi de la situation écologique nationale afin de corriger les dysfonctionnements pouvant être constatés dans ce domaine.  Le représentant a, en conclusion, réitéré l’urgence pour la communauté internationale d’agir avec détermination lors de la Conférence de Copenhague en vue de parvenir à un accord global, juste et efficace sur la question du contrôle des émissions de gaz à effet de serre dans la période de l’après-Protocole de Kyoto.


Mme ZEYNEP KIZILTAN (Turquie) a abondé dans le sens du Secrétaire général qui, dans son rapport sur la question, estime que la pauvreté rurale, le développement urbain incontrôlé et le déclin des écosystèmes sont les principaux facteurs à l’origine des catastrophes naturelles.  « C’est en ce sens que nous demandons l’intégration de la question de la réduction des risques de catastrophes naturelles dans les politiques de développement durable », a-t-elle dit.  La représentante a considéré que les campagnes de sensibilisation et l’éducation étaient déterminantes pour prévenir et empêcher que ne se reproduisent des catastrophes naturelles.  La Turquie, qui a subi des désastres de ce type, reste engagée dans les activités menées dans le cadre de la Stratégie internationale onusienne de prévention des catastrophes naturelles, a-t-elle dit.  Elle a ensuite déclaré que la Turquie croyait fermement que l’énergie devait être traitée comme une question transversale, car « la fourniture sécurisée, fiable, continue et abordable d’énergie pour tous est un outil crucial pour le développement durable ».  Elle a ainsi plaidé pour la diffusion rapide d’énergies renouvelables en lieu et place des énergies fossiles, et ce afin que les principes de la nouvelle donne écologique deviennent une réalité. 


Tout en se joignant à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine ainsi qu’à celle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), Mme URAWADEE SRIPHIROMYA (Thaïlande) a observé que le passage à une économie verte nécessite des compétences et des moyens technologiques qui ne seront accessibles aux pays que si les ressources financières nécessaires sont mobilisées.  En prenant le pari de se convertir à la bioénergie, la Thaïlande entend diversifier ses sources d’énergie tout en restant engagée vis-à-vis des initiatives internationales, a-t-elle poursuivi.  Abordant la question de la réduction des catastrophes, la représentante de la Thaïlande a estimé que les récents tremblements de terre ayant affecté les Samoa américaines et l’Indonésie notamment, rappellent l’importance de politiques permettant de réduire la fréquence de ces phénomènes.  Dans ce domaine, les pays développés ont un devoir d’assistance particulier vis-à-vis des pays pauvres, a-t-elle observé.  Enfin, dans le cadre des efforts de protection de la biodiversité, Mme Sriphiromya a noté que le secteur privé avait un rôle important à jouer.


Mme MARTINA DRAGOVIC (Monténégro) a indiqué que son pays souscrivait aux déclarations faites par la Suède, au nom de l’Union européenne.  Après avoir rappelé que la Constitution du Monténégro en faisait un « État écologique », elle a souligné les initiatives de son pays en faveur du développement durable.  Elle a notamment cité l’adoption en 2007 d’une Stratégie nationale pour le développement durable, fondée sur les principes globalement acceptés par la Déclaration de Rio, la Déclaration du Millénaire des Nations Unies et la Commission du développement durable de l’ONU.  La Stratégie nationale du Monténégro comprend des actions de développement économique; des programmes de réduction de la pauvreté; la gestion sensible des ressources naturelles; la rationalisation de l’usage des énergies et la lutte contre le gaspillage de l’énergie.


La représentante monténégrine a ensuite soulevé deux priorités pour son pays.  La première a trait au développement durable dans les zones de montagnes.  Un double défi se pose au Monténégro dans ce domaine avec, d’un côté, l’obligation d’assurer le développement de ces zones, notamment en y développant le tourisme et, de l’autre, la nécessité de préserver l’environnement. Mme Dragovic a expliqué que le Gouvernement monténégrin répondait à cette double responsabilité en mettant en œuvre une variété de politiques et de mesures, allant du développement d’un tourisme écologique au versement d’aides aux petites entreprises spécialisées dans les énergies propres, en passant par la création d’un réseau de zones protégées préservant la biodiversité.  La seconde priorité concerne, quant à elle, la production d’énergies renouvelables.  Mme Dragovic a souligné les défis que son pays doit relever dans ce domaine, alors qu’il dépend déjà d’importations d’électricité et de sources d’énergie primaires.  Estimant toutefois que le Monténégro avait le potentiel de développer des énergies renouvelables, elle a insisté sur la nécessité pour les pays développés de partager leurs innovations dans ce secteur et de participer plus activement au transfert de technologies vertes vers les pays qui en ont besoin.


M. ELYES LAKHAL (Tunisie) a expliqué que son pays, faisant partie d’une zone géographique aride et semi-aride, est considéré parmi les pays vulnérables aux changements climatiques.  Les études menées sur place ont notamment démontré que les ressources en eau, l’activité agricole et touristique, ainsi que le littoral, restent les zones les plus sensibles aux impacts des changements climatiques, a-t-il observé.  Les pertes économiques résultant du réchauffement planétaire ont été estimées, à l’horizon 2050, à plus de 10% du PIB actuel de la Tunisie, tandis que le secteur touristique subira à lui seul 55% des dégâts économiques attendus, a-t-il relevé.  Compte tenu de ces menaces, la Tunisie n’a pas ménagé ses efforts, et elle a engagé plusieurs programmes et projets dans les domaines de l’eau, de la lutte contre la désertification, de l’énergie, de la gestion des déchets, du transport, de l’agriculture et des forêts en vue de protéger ses ressources naturelles et ses secteurs d’activités les plus vulnérables, a précisé le représentant.  Mais en dépit de tous ces efforts, une adaptation efficace et durable au réchauffement de la planète nécessite une mobilisation accrue de la communauté internationale, a-t-il affirmé.  À cet égard, la Tunisie a lancé et organisé de nombreuses initiatives en matière de solidarité internationale, en abritant plusieurs manifestations, dont une Conférence sur la « solidarité internationale pour des stratégies face aux changements climatiques dans les régions africaines et méditerranéennes », a indiqué M. Lakhal, qui a souhaité que la Conférence de Copenhague aboutisse à un accord international ambitieux et juridiquement contraignant.


M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur des impacts qu’ont les changements climatiques sur son pays, à quelques semaines de la Conférence de Copenhague.  Il a ainsi rappelé que les petits États insulaires en développement étaient dans une situation singulière, du fait de leur réalité géographique, de leur taille réduite et de leur vulnérabilité face aux évènements extérieurs.  Pour tous ces États, dont les Maldives, la poursuite du développement humain dépend directement de la protection de l’environnement, a noté M. Mohamed.  Il a ensuite indiqué que le phénomène El Niño de 1998 avait entrainé la disparition à 98% de certaines espèces de coraux, alors même que les coraux sont au cœur de l’écosystème des Maldives et qu’ils jouent un rôle clef dans l’économie de l’archipel, avec la pêche et le tourisme.  Les effets des changements climatiques ne sont donc pas seulement environnementaux, mais aussi économiques et humains, a-t-il expliqué, avant d’ajouter que les revenus tirés de la pêche allaient diminuer avec la hausse des températures sous-marines; que les catastrophes naturelles allaient se multiplier à cause des dérèglements climatiques et que l’intégrité territoriale des États et leurs ressources naturelles allaient quant à elles être menacées par la hausse du niveau de la mer.  Le représentant a ensuite regretté que les États qui contribuent le moins aux changements climatiques soient ceux qui en subissent le plus les conséquences.  Il a donc appelé la communauté internationale à aider les petits États insulaires en développement en général et les Maldives en particulier.  Il a aussi demandé que la Conférence de Copenhague débouche sur des engagements ambitieux des pays développés, avec l’adoption d’un plan d’action, en particulier dans les domaines des transferts de technologies et des aides financières à l’adaptation.


M. TROY TORRINGTON (Guyana) a exprimé le soutien du Guyana à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, à celle de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ainsi qu’à celle du Groupe de Rio, avant de se féliciter des efforts internationaux dans le domaine du développement durable, et d’évoquer les actions entreprises par son pays dans ce secteur.  Quatre-vingt dix pour cent de la population du Guyana vivent sur une bande côtière s’élevant d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, a-t-il ajouté, en illustrant ainsi la vulnérabilité du Guyana face aux impacts des changements climatiques.  M. Torrington a jugé qu’en raison de cette situation critique, qui est en outre le lot des petits États insulaires en développement (PEID), il faut impérativement parvenir à un accord ambitieux lors de la prochaine Conférence de Copenhague.  Il a enfin souhaité que lors de ses travaux consacrés au développement durable, la Commission économique et financière (Deuxième Commission) indique les voies et moyens à adopter pour parvenir dans les faits à l’accord recherché à Copenhague. 


M. DER LAURENT DABIRÉ (Burkina Faso) a indiqué que, dans la perspective de l’assainissement et de la lutte contre la pollution, son pays avait réalisé, il y a deux ans, une campagne d’échantillonnage et d’analyse de l’air qui a permis d’obtenir une cartographie de la pollution atmosphérique dans la capitale, Ouagadougou.  De même, a-t-il ajouté, les campagnes de sensibilisation sur l’assainissement du cadre de vie, réalisées à travers des programmes d’écocitoyenneté, ainsi que les activités de collecte d’ordures organisées par la municipalité d’Ouagadougou, ont contribué à améliorer sensiblement les conditions de vie des populations.  Le représentant a ainsi indiqué qu’en matière de développement durable, le Burkina Faso appuyait les efforts de la communauté internationale, compte tenu notamment de la menace que constitue la dégradation de l’environnement.  Il a fait savoir à ce propos que le Président Campoaré avait été mandaté, à l’issue du septième Forum mondial sur le développement durable, par les autres chefs d’État africains pour être le porte-parole du continent à la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques.  En vue de cette Conférence, le représentant a invité les pays développés à prendre une décision « courageuse et historique » afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à apporter une aide substantielle aux pays en développement. 


APPLICATION DES DÉCISIONS PRISES PAR LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (HABITAT II) ET RENFORCEMENT DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (ONU-HABITAT) (A/64/260, A/64/8 (SUPPLEMENT NO 8), A/64/317, E/2009/80 ET A/64/65)


Débat général


Mme NADIA OSMAN (Soudan), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a noté qu’alors qu’on prévoit qu’au cours des 25 prochaines années, 2 milliards de personnes viendront grossir les villes du monde, le rôle d’ONU-Habitat dans la réalisation d’un développement durable est plus que jamais essentiel.  Pour ces nouvelles populations urbaines, a-t-elle poursuivi, il faudra en effet bâtir 35 millions de logements, mais aussi de nouvelles infrastructures et améliorer divers services.  D’où, a encore observé Mme Osman, la nécessité d’investissements massifs dans les domaines de la santé et de l’alimentation notamment dans les pays en développement où, selon la représentante du Soudan, aura lieu l’essentiel de cet accroissement de la population urbaine.  Mme Osman s’est cependant inquiétée des déséquilibres existant dans les financements dont dispose ONU-Habitat et a plaidé pour des décaissements plus prévisibles et qui soient à la mesure des défis que doit relever cet organisme dans le cadre de ses activités.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. JAKOB STRÖM (Suède) a estimé que les crises multiples auxquelles le monde fait face risquaient de rendre encore plus difficile la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier en Afrique.  En effet, le développement et la gestion des établissements humains sont touchés par la récession économique actuelle, a-t-il noté.  Or, les villes et les zones urbaines ont un rôle majeur à jouer dans l’atténuation des changements climatiques, puisqu’elles contribuent à la fois aux émissions de gaz à effet de serre et demeurent très vulnérables aux conséquences du réchauffement planétaire.  Aussi, l’Union européenne soutient-elle la décision d’ONU-Habitat de renforcer sa coopération avec les autorités urbaines locales afin de soutenir leurs efforts visant à réduire l’empreinte carbone des villes, a dit M. Ström.


Jakob Ström a par ailleurs estimé qu’ONU-Habitat devrait continuer de prêter assistance aux États Membres pour qu’ils parviennent aux objectifs de développement agréés au niveau international.  Il a recommandé qu’ONU-Habitat renforce tout particulièrement son action dans le domaine de la reconstruction au lendemain des catastrophes naturelles.  Il a également souligné l’importance de l’appropriation locale dans les processus de mise en œuvre des programmes pour l’habitat, ainsi que le besoin de partenariats public-privé et d’investissements dans le développement urbain.  Se félicitant du Plan stratégique et institutionnel à moyen terme 2008-2013, le représentant de la Suède a aussi salué le consensus atteint sur la question de la fourniture des services de base par le Conseil d’administration d’ONU-Habitat.  L’Union européenne appuie par ailleurs la proposition d’ONU-Habitat d’organiser une Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat) en 2016, a dit Jakob Ström.


            S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), M. BUDI BOWOLEKSONO (Indonésie)  a relevé qu’il était impératif, en cette période de récession mondiale, que la relance économique se traduise par la mise en œuvre de politiques soucieuses du sort des populations pauvres en particulier, afin de leur faciliter un accès au logement, à la terre et au crédit.  Le soutien financier dont bénéficie ONU-Habitat doit être maintenu et même accru, a-t-il encore plaidé, avant de se féliciter du travail accompli par l’organisme dans la mise en œuvre de son plan stratégique à moyen terme pour la période 2008-2013.  Le représentant de l’Indonésie a, en outre, exprimé le soutien de l’ANASE à la tenue d’une troisième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains en 2016, la convocation des deux précédentes conférences ayant permis, selon lui, de souligner le caractère central de cette question dans l’agenda du développement.  M. Bowoleksono a conclu en notant la contribution des villes aux émissions de gaz à effet de serre polluants et a souhaité que les projets de logements urbains incorporent désormais une dimension verte. 


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme JANIL GREENAWAY (Antigua-et-Barbuda) a estimé que le programme d’ONU-Habitat était d’une importance capitale pour les petits États insulaires en développement (PEID) comme Antigua-et-Barbuda.  Il s’est félicité du lien établi entre changements climatiques et établissements humains dans l’ordre du jour de la Commission, et a également souhaité que la sous-région des Caraïbes fasse partie à l’avenir du cadre d’une stratégie plus large en faveur de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Il a jugé qu’ONU-Habitat pouvait jouer un rôle essentiel dans la résolution des questions qui se posent concernant la jeunesse urbaine et le développement durable des PIED.  Ces deux questions sont importantes pour les pays de la région des Caraïbes, a souligné Mme Greenaway.


M. LIU YUYIN (Chine) a noté la persistance des défis liés à la question du logement dans les pays en développement en particulier, en dépit des progrès accomplis par ces États depuis deux décennies, mais qui sont désormais remis en question par la crise mondiale.  Afin de permettre à ONU-Habitat de réaliser ses deux objectifs centraux que résument les slogans: « un logement pour tous » et « des établissements humains viables dans un monde urbanisé », il faudrait, a poursuivi le représentant de la Chine, mettre l’accent sur les éléments suivants:  traiter la question du logement dans le cadre de celle du développement durable; aborder cette question en tenant compte des conditions particulières propres à chaque pays; renforcer la coopération et les partenariats internationaux et consacrer ONU-Habitat comme l’acteur central vers lequel doivent converger les ressources financières.  La Chine, a conclu M. Liu Yuyin, attache une grande importance à cette question.


M. VIJAY RAMNIKLAL RUPANI (Inde) a déclaré que le renforcement des partenariats public-privé faisait partie intégrante des politiques de logement de son pays et que diverses initiatives avaient été entreprises dans ce cadre par le Gouvernement indien.  L’une d’entre elles vise notamment à relancer la création d’emplois dans les zones urbaines, notamment dans le secteur du bâtiment, a-t-il précisé.  En outre, l’Inde a organisé le premier « Forum des affaires de l’habitat » à New Dehli l’an dernier, a poursuivi le représentant, qui a également cité en exemple les mesures prises par son pays pour assurer le développement des habitats durables sur l’ensemble du territoire.  M. Rupani a jugé que la coopération Sud-Sud pouvait jouer aussi un rôle important dans la promotion du logement, avant d’ajouter que l’Inde avait été très active dans le partage de son expérience et de ses meilleures pratiques en la matière.  Préoccupé après avoir constaté que seuls 7% du budget d’ONU-Habitat proviennent du budget ordinaire de l’Organisation, le représentant de l’Inde a relayé l’appel du Secrétaire général pour que des ressources financières suffisantes et prévisibles soient mises à la disposition du Programme pour l’habitat afin de lui permettre de s’acquitter de son mandat et d’appliquer son Plan stratégique et institutionnel à moyen terme 2008-2013.


Tout en se joignant à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, Mme YVONNE KHAMATI-KILONZO (Kenya) a relevé que la crise mondiale du logement, qui survient dans le contexte de la récession mondiale en cours, est plus grave encore dans les pays en développement où les taudis et bidonvilles se multiplient autour des zones urbaines.  Les défis posés par l’urbanisation, aggravés par les conséquences des changements climatiques, nécessitent une réaction internationale de premier ordre, a-t-elle poursuivi.  Le Kenya, comme beaucoup de pays africains, connaît une forte urbanisation, sa population urbaine devant passer de 20% de son nombre total d’habitants en 2005 à 60% en 2030, a précisé Mme Khamati-Kilonzo.  Pour faire face aux défis que pose une telle croissance, la représentante a indiqué que le Kenya a notamment entrepris de bâtir 200 000 logements d’ici à 2012.  De même, a-t-elle encore déclaré, avec l’aide d’ONU-Habitat, des projets d’amélioration des conditions de vie des habitants du bidonville de Kibera, près de Nairobi, ont été entrepris.  Ces efforts doivent cependant être soutenus par les partenaires internationaux, et il en est de même de ceux initiés par ONU-Habitat, a-t-elle enfin plaidé.


M. LEE CHONG HOCK (Singapour) a déclaré qu’en dépit de la crise économique et financière, Singapour s’efforçait de maintenir une croissance forte tout en poursuivant la mise en œuvre de ses programmes de développement.  Il a expliqué que les autorités de son pays privilégiaient dans ce cadre une approche intégrée afin de permettre une réponse complète et à long terme aux besoins singapouriens en matière de développement socioéconomique et d’environnement.  Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de se montrer pragmatique et de baser l’action politique sur la recherche de résultats tangibles et rentables.  Singapour estime que les décideurs doivent faire preuve de souplesse et d’esprit d’adaptation, pour pouvoir aligner des stratégies pertinentes aux grands défis de l’environnement et intégrer sans heurt les technologies « vertes » au tissu industriel.  M. Lee Chong Hock a ensuite indiqué que son pays investissait massivement dans la planification d’une utilisation la plus respectueuse possible de l’environnement dans les domaines de l’eau, de l’exploitation foncière, de l’énergie solaire ou encore de l’agriculture.  Enfin, il a plaidé pour une coopération accrue entre les mégalopoles des pays en développement, les secteurs privé et public de ces pays devant selon lui se rapprocher pour trouver des solutions innovantes profitables au plus grand nombre.


M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA(Brésil) a indiqué qu’en 2003, devant l’importance prise par la question de la promotion d’un logement décent et durable, le Gouvernement du Brésil avait créé un Ministère des villes.  En effet, a-t-il révélé, 82% des Brésiliens vivent aujourd’hui dans des zones urbaines, 6,6 millions de familles sont sans-abris, 11% des ménages urbains sont privés d’accès à l’eau potable, et près de 50% ne sont pas raccordées aux réseaux d’égouts.  Pour faire face à cette situation, le Brésil a lancé son Programme de croissance accélérée, visant à renforcer simultanément la croissance économique et l’inclusion sociale.  En outre, le Brésil organisera en mars 2010 la cinquième session du Forum mondial urbain, sur le thème du droit à la ville, et donc au logement décent.  Il offrira une occasion aux gouvernements de renforcer la coordination des politiques publiques dans le domaine du logement conformément à l’ordre du jour d’ONU-Habitat, a conclu le représentant.


            Tout en s’associant à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, M. HASHIM AL ALAWI (Bahreïn) a exprimé le soutien de son pays aux activités d’ONU-Habitat et a rappelé son engagement à continuer à soutenir cet organisme ainsi qu’il l’a fait récemment dans le financement et l’exécution d’études mondiales sur l’habitat.  ONU-Habitat reflète les aspirations de tous les peuples à un développement durable pour tous, a encore observé M. Al Alawi.  En plus de la nécessité d’établir des habitats humains viables à travers le monde par l’accès au microcrédit par exemple, le représentant de Bahreïn a souligné l’importance de la préservation de l’héritage architectural et du patrimoine mondial.  Il a fait état des efforts que fait Bahreïn afin de rendre plus accessibles des logements décents.  Face à la crise mondiale et à l’impact des changements climatiques, M. Al Alawi a, enfin appelé à une plus grande mobilisation internationale par le biais, entre autre, de la convocation d’une troisième Conférence sur les habitats humains. 


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a exprimé le soutien de sa délégation aux déclarations du Groupe des 77 et de la Chine, ainsi qu’à celles de la CARICOM avant d’évoquer les efforts menés dans les pays de la région des Caraïbes, avec l’aide d’ONU-Habitat, dans le domaine de l’accès au logement.  ONU-Habitat, a-t-il poursuivi, doit soutenir davantage nos pays, car les défis à y relever sont désormais beaucoup plus importants du fait de la crise économique et financière mondiale.


M. ESAYAS GOTTA (Éthiopie) a déclaré que le Gouvernement éthiopien avait développé un Programme national de développement urbain.  La mise en place de ce Programme, depuis 2006, « a créé des impacts positifs en termes de réduction de la pauvreté, de création d’emploi en milieu urbain, ainsi qu’en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie, la formation, et l’investissement pour la rénovation de l’habitat dégradé et la promotion du logement », a dit M. Gotta.  Ce programme est conçu pour contribuer aux Objectifs du Millénaire pour le développement et vise à réduire de moitié la proportion de citoyens vivant avec moins de 1,23 dollar par jour et qui n’ont pas d’accès durable à l’eau potable.  Ce programme a par ailleurs deux composantes principales : le Programme intégré de développement du logement et le Programme de développement de la petite entreprise.  « Nous allons redoubler d’efforts dans les années à venir pour satisfaire les besoins de la population », a souligné le délégué éthiopien. Cependant, mobiliser des moyens financiers pour un habitat abordable et trouver des solutions techniques pour loger les familles à des coûts peu élevés reste un défi majeur, et dans cette perspective, nous appelons ONU-Habitat à intensifier ses efforts afin d’explorer les voies par lesquelles les pays peuvent accéder à ces ressources », a préconisé M. Gotta.


M. OLABODE ADEKEYE (Nigéria) a rappelé que son pays avait accueilli la deuxième Conférence ministérielle africaine sur le logement et le développement urbain en juillet 2008 à Abuja.  Il a souligné qu’au niveau national, le Gouvernement nigérian avait lancé des partenariats avec le secteur privé afin de faciliter, par des subventions, l’accès à des terrains à bâtir.  S’agissant du Forum urbain mondial, celui-ci demeure la meilleure plate-forme d’échange d’idées entre les États Membres, a estimé le représentant du Nigéria.  Notre délégation appelle à un partenariat plus étroit avec le secteur privé dans les activités du Forum afin de permettre aux acteurs clefs du secteur du bâtiment d’approfondir leur coopération, a dit M. Adekeye.  Le Nigéria estime enfin qu’avec l’émergence de nouveaux défis en matière de pauvreté et d’urbanisation chaotique, de nouvelles stratégies devaient être définies afin de parvenir aux objectifs convenus lors de la Conférence Habitat II en 1996.   La troisième session de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement durable, prévue en 2016, constituera un forum adéquat à cet égard, a souligné la délégation nigériane.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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