Deuxième Commission: des délégations plaident pour que le Cycle de Doha s'achève sur un accord réservant un traitement différencié aux pays en développement
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Deuxième Commission
26e séance – après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS PLAIDENT POUR QUE LE CYCLE DE DOHA S’ACHÈVE SUR UN ACCORD RÉSERVANT UN TRAITEMENT DIFFÉRENCIÉ AUX PAYS EN DÉVELOPPEMENT
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé cet après-midi, au cours d’une brève séance plénière, le débat qu’elle avait entamé hier sur le commerce international et le développement, et au cours duquel une majorité de délégations ont à nouveau plaidé pour la reprise du Cycle de négociations commerciales de Doha de l’Organisation mondiale du commerce, qualifiées cet après-midi par le représentant du Pakistan de « plus longues négociations multilatérales de l’histoire ».
Son homologue de Cuba a rappelé, à l’instar d’un grand nombre d’intervenants, qu’il fallait corriger les déséquilibres qui caractérisent le commerce international, principalement en raison des mesures protectionnistes appliquées par les pays développés pour protéger leurs industries ou leur secteur agricole. Ces disparités sont à l’origine d’une concurrence « déloyale », a-t-il affirmé, soulignant dans ce contexte l’importance de conclure un accord qui tienne compte d’un traitement spécial et différencié à l’intention des pays en développement.
La Commission était saisie de deux rapports du Secrétaire général présentés hier*. Plusieurs délégations ont commenté celui qui portait sur les mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement, dont celle de la République arabe syrienne.
Dénonçant l’opposition de certaines nations « influentes » à l’adhésion de son pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le représentant syrien a rappelé en outre que les États-Unis ont renouvelé en mai 2009 les sanctions commerciales unilatérales qu’ils imposent à la Syrie depuis mai 2004.
Si les délégations de la Fédération de Russie et de la Jamahiriya arabe libyenne ont défendu leur candidature à l’OMC, celle de l’Iraq a demandé que des accords bilatéraux soient conclus pour tous les États qui ne font pas partie de cette Organisation, de manière à ce qu’ils ne soient pas lésés dans le cadre d’un accord.
Comme hier, plusieurs délégations, dont celles du Qatar, de l’Australie et de la Fédération de Russie, ont salué le rôle déterminant de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), dont le mandat devrait être, selon elles, renforcé.
En début de séance, la délégation du Soudan a présenté, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, un projet de résolution* relatif à la dette extérieure et au développement, qui sera adopté ultérieurement par la Commission.
Lundi, le 2 novembre, à partir de 10 heures, la Deuxième Commission entamera un débat général sur la question du développement durable.
* A/64/177 et A/64/179
** A/C.2/64.L.9
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Commerce international et développement
Suite du débat général
M. OSAMA ALI (République arabe syrienne) a réaffirmé l’attachement de la Syrie aux principes du système multilatéral international, en particulier dans le domaine du commerce. Rappelant que le Gouvernement syrien a adopté plusieurs lois successives en vue de faciliter l’intégration de la Syrie à ce système, le représentant a précisé que son pays se heurte toutefois à des difficultés pour adhérer à l’Organisation mondiale du commerce(OMC), en raison de l’opposition de certains pays influents au sein des Nations Unies, et notamment d’un pays en particulier qui s’appuie dans, son opposition, sur des motifs politiques. Se félicitant du rapport du Secrétaire général sur les mesures unilatérales, il a déclaré que les États-Unis ont renouvelé en mai 2009 les sanctions commerciales unilatérales imposées à la Syrie depuis mai 2004. Ce n’est ni plus ni moins qu’un embargo sur les produits syriens, sans compter les mesures prises à l’encontre de certaines banques syriennes, qui ne peuvent pas coopérer avec des compagnies américaines. Le représentant a par ailleurs dénoncé le bouclage de la bande de Gaza par Israël, dont la reconstruction est compromise, en violation des règles du droit international.
En ouverture de son propos, M. ASAD MAJEED KHAN (Pakistan) a exprimé son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Il a ensuite noté, à la suite du rapport du Secrétaire général intitulé « Commerce international et développement » (A/64/177), l’impact négatif de la récession mondiale actuelle sur le développement, le commerce et les exportations de nombreux pays. M. Khan a déploré les retards accumulés dans la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha, jugeant qu’elles sont « les plus longues négociations multilatérales dans l’histoire ». La forme multilatérale de ces débats doit être maintenue et le calendrier prévu pour y mettre un terme doit être respecté, afin que la prospérité qui résulte du commerce international soit partagée par tous, a-t-il précisé. Le représentant du Pakistan a conclu en notant que l’impasse qui a pris racine dans ces négociations est dommageable pour les pays pauvres et les pays en développement en particulier, avant de lancer un appel à l’équité pour la suite de ces pourparlers et leur conclusion.
M. STEVE MATENJE (Malawi) a déclaré que, depuis 2004, son pays avait mis en œuvre une politique économique qui s’est traduite par des résultats positifs, notamment par une baisse de l’inflation et une stabilisation du taux de change, sans compter la croissance de 6% du produit intérieur brut au cours des quatre dernières années. Ces progrès ont été accomplis dans un contexte hostile au développement économique, a-t-il fait observer, expliquant qu’une baisse des revenus provenant des exportations avait été également constatée pendant la même période. Une des contraintes majeures qui pèsent sur le Malawi en ce domaine est l’étroitesse de ses capacités à l’exportation, puisque notre pays, sans accès au littoral, doit faire face à des coûts logistiques considérables, a expliqué M. Matenje. Aussi le Gouvernement malawien multiplie-t-il les initiatives pour diversifier ses capacités d’exportation, notamment en renforçant son infrastructure au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Il a enfin espéré que la mise en œuvre du Programme d'action d'Almaty facilite l’accès au commerce international pour le Malawi et d’autres pays sans littoral.
M. DENIS ZDOROV (Bélarus) a noté que commerce et développement ne vont ensemble que si on respecte les rythmes de développement, qui sont différents selon les pays. Les mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement sont en contradiction avec les objectifs de développement; elles sont inacceptables et créent des obstacles au commerce, a-t-il ajouté. Constatant les conséquences de la crise sur les économies, il a plaidé pour davantage de soutien au commerce, pour la suppression des subventions agricoles dans les pays développés, mais aussi pour des efforts coordonnés à l’échelle internationale en vue de résoudre tant la crise énergétique que la crise alimentaire mondiale.
M. YASER A. AZIZ MOHAMED (Iraq) a déclaré que la concurrence constituait « l’artère vitale » de toute économie libre et que tous les pays devaient pouvoir avoir accès aux marchés extérieurs. Il a estimé que des accords bilatéraux avec les pays qui ne sont pas membres de l’OMC devraient être conclus, afin de faciliter l’établissement d’un système multilatéral commercial. Le représentant a ensuite souligné le rôle que le commerce international peut jouer dans le traitement des crises financières grâce au régime commercial multilatéral. Il serait également bienvenu de mettre les intérêts des pays en développement en tête de l’agenda du commerce international, a-t-il ajouté.
M. ALEXANDER ALIMOV (Fédération de Russie) a noté que la crise financière a porté un coup aux progrès réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) notamment, rendant plus nécessaire encore le multilatéralisme et obsolètes les mesures protectionnistes. Tout en se satisfaisant des avancées effectuées dans le Cycle de négociations de Doha, il a espéré que ces négociations soient conclues d’ici la fin 2010 comme prévu et qu’elles ne remettent pas en question les acquis déjà obtenus. Le représentant de la Fédération de Russie a, en outre, fait état des efforts et de la volonté de son pays d’adhérer à l’OMC. Mais ceci doit se faire, a-t-il relevé, dans le respect de nos intérêts nationaux. M. Alimov s’est enfin félicité des efforts déployés par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour aider les pays en développement.
Mme NADIESKA NAVARRO BARRO (Cuba) a rappelé la nécessité de parvenir à conclure un accord équitable dans le cadre du Cycle de négociations commerciales de Doha. Si elle a noté les déclarations de certains pays membres du G-20, qui ont indiqué leur volonté de conclure un tel accord, elle a toutefois estimé que les aspects les plus importants en avaient été négligés, en particulier le traitement spécial et différencié qui devrait être accordé aux pays en développement, ou encore l’urgence de prévoir un mécanisme spécial de garantie pour ces mêmes pays. Selon la représentante, il est impératif de faire face aux différentes formes de protectionnisme utilisées par les pays développés, qu’il s’agisse de subventions, de barrières -tarifaires ou non tarifaires- ou encore de quotas. Tout accord digne de ce nom devrait également permettre aux pays en développement de protéger leur secteur agricole, en particulier leurs producteurs, d’une compétition déloyale imposée par les pays les plus riches, ainsi que les autres secteurs vulnérables, a-t-elle ajouté.
M. IMAD IBRAHIM TAGURI (Jamahiriya arabe libyenne) a exprimé son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine avant de noter qu’à cause de la crise, et en dépit des avantages du commerce, les pays en développement profitent peu de la mondialisation. Il a regretté la proportion insuffisante des exportations des pays africains dans le commerce mondial et plaidé pour le renforcement du commerce intra-africain notamment. Rejoignant l’appel d’autres intervenants à la mise en place d’un système commercial multilatéral qui soit équitable, juste, équilibré et basé sur la non-discrimination, le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a souhaité la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha. « Un échec sur ce point », a-t-il conclu, « enverrait un message erroné sur la relance de l’économie mondiale ». Enfin, il a invité les pays membres de l’OMC à soutenir la candidature de son pays au sein de cette instance.
Mme ANA CECILIA GERVASI (Pérou) a souligné l’importance du commerce international, qui constitue un moteur de croissance économique durable et de développement pour les pays comme le Pérou. Se félicitant du rapport du Secrétaire général, elle a rappelé l’appel de Ban Ki-moon aux gouvernements pour faire face au défi qui consiste à ajuster leurs économies à un « développement postcrise ». Pour sa part, le Pérou applique une stratégie dont l’un des axes consiste à attirer l’investissement direct étranger, tout en mettant l’accent sur les petites entreprises et les petits exploitants, a dit la représentante. Le Gouvernement péruvien déploie également des efforts dans le domaine énergétique en pariant sur les énergies renouvelables et les technologies de lutte contre les changements climatiques. Ces efforts doivent toutefois être secondés par une coopération entre pays en développement et entre pays en développement et pays développés, a plaidé la représentante.
Après avoir pris la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme NADIA OSMAN (Soudan) a rejeté, en s’exprimant cette fois seulement au nom du Soudan, l’embargo international qui sape, a-t-elle dit, les efforts de développement et de résolution des conflits armés pour les pays qui en sont victimes. Elle a exprimé son soutien à Cuba, pays qui subit un embargo américain depuis des années. Notant l’importance du secteur agricole dans l’économie du Soudan, elle a plaidé pour un soutien international accru à son pays, notamment dans ses efforts d’adhésion à l’OMC.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a tout d’abord souligné la nécessité d’assurer l’équilibre entre les trois piliers fondamentaux du développement durable –économique, social et environnemental. Il s’est dit « choqué » par le gel des pourparlers relatifs au Cycle de négociations commerciales de Doha, appelant tous les pays à faire preuve de volonté politique pour reprendre ces négociations en vue de parvenir à un accord dans les meilleurs délais possibles. Le représentant a ensuite estimé qu’il fallait à tout prix maintenir dans ce cadre un traitement spécial et différencié pour les pays en développement, assurer la priorité à l’agriculture, et éliminer les subventions qui créent des déséquilibres dans le commerce international. Il a enfin rendu hommage à la CNUCED, qui devrait être renforcée pour devenir l’organisation centrale en matière de développement.
M. PAUL NEVILLE (Australie) a estimé que l’expansion du commerce, dans le contexte actuel de réformes et sous l’égide de l’OMC, peut contribuer à de meilleurs échanges et promouvoir le développement durable tout en éradiquant la pauvreté. Évoquant le Cycle de négociations commerciales de Doha, il a jugé qu’il représente « une opportunité à ne pas manquer », notamment dans la lutte contre le protectionnisme. De telles mesures, a-t-il précisé, pourraient coûter à l’économie mondiale une perte d’un milliard de dollars. M. Neville a regretté l’impact qu’ont sur les pays en développement les subventions agricoles dans les pays riches et a noté les efforts des pays du Groupe de Cairns, qui visent à soutenir les pays en développement. Le représentant de l’Australie a, enfin, évoqué les efforts de son pays en particulier dans les domaines de l’aide au commerce, avant de conclure sur la nécessité d’un engagement politique en vue de parvenir à un accord sur les questions négociées au Cycle de Doha.
M. VICTOR OVALLES-SANTOS (Venezuela) a estimé qu’il fallait corriger les asymétries qui existent au sein du commerce international pour en faire un véritable instrument de développement. À cet égard, il est donc important que les pays en développement puissent exporter leurs produits sans se heurter à des mesures protectionnistes. Le représentant a expliqué que la principale activité économique du Venezuela est l'exploitation et le raffinage du pétrole pour l'exportation et la consommation intérieure. Le secteur pétrolier génère à peu près un tiers du PIB, et 85% des bénéfices à l’exportation, a-t-il précisé. Aussi en octobre 2007, le Venezuela a-t-il suggéré un traitement différencié qui demande à l’OMC de tenir compte de cette particularité dans le cadre d’un éventuel accord au terme du Cycle de Doha.
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