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AG/EF/3254

Deuxième Commission: face à la crise alimentaire, des délégations appellent à investir davantage dans le secteur agricole

23/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3254
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

20e& 21eséances – matin & après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: FACE À LA CRISE ALIMENTAIRE, DES DÉLÉGATIONS APPELLENT

À INVESTIR DAVANTAGE DANS LE SECTEUR AGRICOLE


Deux semaines avant la tenue à Rome du Sommet consacré à la sécurité alimentaire, organisé sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de nombreuses délégations ont identifié la nécessité d’investir davantage dans le développement agricole comme une des principales solutions à apporter à ce problème.  Au cours d’un débat sur le thème « développement agricole et sécurité alimentaire », ouvert hier et qui s’est achevé ce soir à la Deuxième Commission (économique et financière), les délégations des pays qui ont pris la parole ont unanimement regretté que plus d’un milliard de personnes à travers le monde souffrent toujours de la faim et de la malnutrition.


À l’occasion de cette discussion, les délégations étaient saisies d’un rapport* du Secrétaire général qui estime que « les changements climatiques, les besoins en énergie, la diminution des ressources naturelles, et des systèmes de marchés en déclin ou archaïques sont autant de facteurs qui entravent la capacité à relever de manière stratégique et systématique le défi de la sécurité alimentaire ».


Illustrant cette analyse, le représentant du Malawi, qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a relevé que les changements climatiques, qui se manifestent par des cycles de sècheresse extrême dans certaines régions et d’inondations dans d’autres, remettent en cause les efforts déployés par les pays en vue de combattre l’insécurité alimentaire.  Pourtant, a-t-il ajouté, aucun autre secteur économique n’est plus important pour les États membres de la SADC que celui de l’agriculture.


Tout en partageant cette analyse des causes de l’insécurité alimentaire, certains délégués, parmi lesquels le représentant du Soudan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de même que celui de l’Algérie notamment, ont ajouté que la crise alimentaire actuelle était aussi le résultat d’une agriculture longtemps négligée et de la spéculation excessive sur les denrées alimentaires.  L’insuffisance des investissements dans l’agriculture a encore été évoquée par la délégation de Cuba notamment, qui a, tout comme celle du Sénégal, reproché aux gouvernements des pays développés de continuer à subventionner leurs productions et leurs exportations agricoles, ce qui crée des distorsions sur les marchés agricoles mondiaux et la spéculation qui entraîne la hausse des prix.  Ces subventions sont d’autre part en grande partie responsables de la dégradation du secteur agricole dans les pays en développement.


Après avoir qualifié d’« inacceptable » qu’une personne sur six à travers le monde souffre de la faim et de la malnutrition, le représentant de la Suède, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a souligné que cette situation est liée à l’appauvrissement des populations et non à une quelconque pénurie de nourriture.


Face à ce problème, les intervenants ont fait part des efforts entrepris tant au plan national qu’à l’échelle des régions.  Prenant la parole au nom des pays membres du Groupe de Rio, le représentant du Mexique a noté les efforts menés en Amérique latine en vue de faire de l’accès à l’alimentation un droit fondamental.  Le représentant de la Suède a précisé que l’Union européenne, au nom de laquelle il s’exprimait, a accru sa contribution à ce secteur dans le cadre de son aide aux pays en développement.  Le Parlement européen et le Conseil de l’Europe, a-t-il ajouté, ont décidé de la mise en place d’un fonds alimentaire doté d’un milliard d’euros.


Le représentant des États-Unis a, de son côté, souligné les engagements du Président Obama de parvenir à des améliorations majeures dans le domaine de la sécurité alimentaire mondiale et d’accorder 3,5 milliards de dollars à la promotion de l’agriculture dans les pays en développement.  Son homologue du Japon a précisé qu’en Asie, son pays a consacré 2,1 milliards de dollars au titre de l’aide aux pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-est (ANASE) et à la Chine, alors qu’en Afrique, il a lancé une initiative « New Rice for Africa » destinée à améliorer la production de riz dans 12 pays. 


De manière plus notable cependant, rejoignant les conclusions du Secrétaire général, la quasi-totalité des délégations ont plaidé en faveur du renforcement de la productivité agricole par le biais notamment de l’investissement, mais aussi en faveur de la promotion de la coopération en matière de mobilisation de nouvelles ressources.  Enfin, quelques délégations, à l’image de celle des Philippines, ont plaidé pour la mise en place d’une gouvernance agricole mondiale.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi, le 26 octobre, à partir de 10 heures.


*     A/64/221



DÉVELOPPEMENT AGRICOLE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE (A/64/221)


Suite du débat général


S’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays candidats à l’accession à cette entité, M. JAKOB STRÖM (Suède) a rappelé que la sécurité alimentaire était fondamentale en vue de réaliser des progrès dans les domaines économiques et sociaux.  Il a jugé inacceptable qu’une personne sur six à travers le monde souffre de la faim et de la malnutrition, notant que cette situation est liée à l’appauvrissement et non à une quelconque pénurie de nourriture.  Le représentant de la Suède a plaidé en faveur des investissements dans l’agriculture, et il a précisé que l’Union européenne a accru sa contribution à ce secteur dans le cadre de son aide aux pays en développement.  Le Parlement européen et le Conseil de l’Europe ont décidé de la mise en place d’un fonds alimentaire doté d’un milliard d’euros, a-t-il encore indiqué, tout en se félicitant des initiatives internationales, dont celle du G-8, allant dans le même sens. 


L’investissement dans l’agriculture, l’utilisation des connaissances scientifiques notamment, et l’amélioration du statut de la femme doivent accompagner un meilleur accès à l’alimentation, a en outre plaidé M. Ström.  Il a souligné le rôle positif que peut jouer le commerce et insisté sur la nécessité de conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha.  Le problème de la faim, a-t-il analysé, est aussi la conséquence de catastrophes humanitaires, de même qu’il est aggravé par la crise économique.  Dès lors, a suggéré le représentant de la Suède, des politiques visant à y faire face tant aux niveaux local que régional doivent être mises en place et soutenues par la communauté internationale et des institutions internationales toujours plus efficaces.  Il a enfin souhaité que, sur la base d’expériences positives passées, une attention particulière soit accordée aux principes d’appropriation nationale et à celui du partenariat.


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. GEORGE TALBOT (Guyana) a indiqué que, face aux défis qui se posent à l’agriculture régionale, la CARICOM avait lancé une stratégie intitulée « Initiative Jagdeo », qui vise à rendre compétitif son secteur agricole au niveau international.  Au nombre de ses priorités sont l’élaboration d’une politique agricole et de normes phytosanitaires communes, la diversification des cultures, et la valorisation des sols arables menacés par l’érosion côtière.  Mais la CARICOM est préoccupée par la réduction de l’assistance internationale, en particulier de l’aide publique au développement (APD), qui pourrait compromettre la mise en œuvre de l’Initiative, a indiqué le représentant.  Il a donc appelé les partenaires de développement à prêter assistance aux pays de la région afin de mettre en place un environnement international propice à la croissance et au développement.  M. Talbot a indiqué que la CARICOM continuerait à lutter contre « la compétition injuste et les distorsions du commerce mondial », qui n’ont pas leur place dans un système commercial multilatéral.  Aussi a-t-il appelé à conclure les négociations commerciales du Cycle de Doha.  M. Talbot s’est également félicité de la tenue à Rome, en novembre prochain, d’un Sommet sur la sécurité alimentaire, au cours duquel la communauté internationale devra renouveler son engagement en faveur de l’éradication de la pauvreté et de la faim, ainsi que de la bonne gouvernance en ce qui concerne la maîtrise des prix des denrées alimentaires.  Le porte-parole de la CARICOM a estimé en conclusion qu’il fallait poursuivre la recherche en cours sur la possibilité d’utiliser les biocarburants.


Prenant la parole au nom du Groupe de Rio, M. BENITO JIMÉNEZ SAUMA (Mexique) a relevé que l’agriculture était centrale au développement des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  D’où, a-t-il poursuivi, la mise en place de politiques aux plans local et régional, à l’image de l’initiative visant à éradiquer la faim dans cette région à l’horizon 2025.  L’accès à l’alimentation est un droit fondamental, et les politiques nationales relatives à la sécurité alimentaire doivent prendre en compte cette dimension, a plaidé le représentant du Mexique.  Cet enjeu, a-t-il jugé, est lié à tous les autres dont la Deuxième Commission est saisie.  Il a regretté qu’en dépit du renchérissement des produits alimentaires, l’on ne se soit pas attaqué aux causes profondes de la crise. 


M. Sauma s’est cependant félicité du consensus global qui émerge progressivement autour de cette question, et a estimé que l’investissement public et privé dans l’agriculture, une assistance accrue à certains pays ou encore la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha notamment, représentent quelques-unes des avenues par le biais desquelles on pourra résoudre le problème de l’accès à l’alimentation.  Le représentant du Mexique a enfin espéré que les rencontres internationales à venir sur cette question, dont le Sommet de Rome prévu en novembre, permettent de relancer la mobilisation internationale autour d’actions concrètes et de programmes à mettre en œuvre. 


S’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. STEVE MATENJE (Malawi) a déclaré qu’aucun autre secteur économique n’était plus important pour les États membres de la SADC que celui de l’agriculture, qui est déterminant pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  En dépit de sols diversifiés et de ressources naturelles importantes, ce secteur n’est pourtant pas pleinement exploité, en raison de l’absence de technologies agricoles abordables, a-t-il relevé.  La SADC a donc mis au point une stratégie qui vise à coordonner et harmoniser les politiques agricoles de ses États membres afin d’accroître la productivité agricole, stratégie alignée sur le Plan stratégique indicatif de développement régional, sur la Déclaration de Dar es-Salaam et sur le Plan d’action sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.  Mais l’engagement de la SADC est remis en question par les changements climatiques, qui se manifestent par des cycles de sècheresse extrême et d’inondations, a déploré M. Matenje.  Tout en appelant à un renforcement de l’assistance internationale, il a indiqué que la SADC avait pris de son côté la décision d’augmenter d’au moins 10% l’investissement public dans l’agriculture et d’accroître sa productivité agricole d’au moins 6%.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a relevé la nécessité d’une approche systématique face au problème de l’insécurité alimentaire.  Commerce, investissement et aide à l’adaptation face aux changements climatiques sont des aspects importants de cette approche, a-t-elle ajouté.  De plus, a estimé la représentante de la Colombie, afin de faciliter l’accès à l’alimentation dans de nombreux pays, la coopération internationale doit être renforcée, en particulier lors de catastrophes humanitaires.  Mme Blum a souligné les efforts de son pays pour garantir la sécurité alimentaire à ses populations et précisé que ceux-ci se fondent sur divers principes, dont celui du respect du droit à l’alimentation.  La Colombie, a-t-elle conclu, n’est pas confrontée à l’insécurité alimentaire.


M. DAVID CARBAJAL (États-Unis) a rappelé qu’un milliard d’êtres humains souffraient quotidiennement de malnutrition et que pour répondre aux besoins de la population mondiale en 2030, l’offre alimentaire mondiale devrait être augmentée de 50%.  Il a ensuite souligné les engagements du Président Obama de parvenir à des améliorations majeures dans le domaine de la sécurité alimentaire mondiale et d’accorder 3,5 milliards de dollars à la promotion de l’agriculture dans les pays en développement.  Il a aussi mis l’accent sur le Sommet « Partenariat pour la sécurité alimentaire mondiale » organisé le mois dernier par la Secrétaire d’État Hillary Clinton et le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.


M. Carjabal a également annoncé que les États-Unis allaient soutenir la mise en place de plans d’actions nationaux, en coopération avec les gouvernements, les organisations non gouvernementales (ONG) et le secteur privé.  « Nos efforts incluront le développement agricole, la recherche des causes des problèmes de production, la protection sociale, l’assistance alimentaire d’urgence et la création de programmes nationaux de nutrition », a-t-il expliqué.  Saluant par ailleurs le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique, « qui offre un cadre pour coordonner le soutien international », il a appelé à la mise en place de programmes similaires dans d’autres régions du monde.


M. Carjabal a également énuméré les priorités de son pays dans le domaine de la lutte contre la faim et la malnutrition: intensification du soutien aux stratégies nationales et régionales de promotion de l’agriculture dans les pays en développement; mise en place d’une architecture flexible de financement de l’aide incluant des mécanismes bilatéraux et multilatéraux; facilitation de l’intégration économique régionale en collaboration avec les organisations, associations et agences actives à ce niveau; appel à tous les participants du Sommet du G-8 de L’Aquila à tenir leurs engagements à verser 20 milliards de dollars sur trois ans pour le développement agricole durable et l’assistance alimentaire d’urgence; soutien à un développement agricole respectueux de l’environnement, et enfin, soutien à la réforme de la FAO.


M. LIU YUYIN (Chine) a estimé que les questions d’alimentation, de sécurité et de développement sont liées, avant de déplorer le fait que plus d’un milliard de personnes dans le monde et 35% de la population de 16 pays africains souffrent de la faim.  Il a, par ailleurs, appelé à davantage de soutien international en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Face à la crise alimentaire, tout en plaidant pour une meilleure coordination au plan international, M. Liu Yuyin a estimé que trois dimensions doivent mobiliser l’attention.  Premièrement, le développement agricole en vue de parvenir à la sécurité alimentaire doit devenir une priorité.  Deuxièmement, des mesures multisectorielles touchant au commerce, à l’environnement ou au transfert des technologies doivent être mises en œuvre.  Enfin en troisième lieu, la coopération internationale doit être renforcée.  Le représentant de la Chine a enfin abordé les progrès de son pays en matière de sécurité alimentaire, précisant que l’autosuffisance alimentaire de la Chine se situe à 95%.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIÉRREZ (Guatemala) a rappelé que son pays souscrivait aux déclarations faites au nom du Groupe des 77 et de la Chine et du Groupe de Rio.  Il a ensuite souligné que le problème de la sécurité alimentaire avait une importance particulière pour le Guatemala, où des milliers de petits fermiers dépendent de l’agriculture de subsistance.  « N’importe quel phénomène qui perturbe l’équilibre fragile entre offre et demande peut se transformer en crise alimentaire », a-t-il expliqué.  Le représentant a notamment cité la sécheresse qui a frappé le Guatemala et qui a contraint le Gouvernement à déclarer, en septembre dernier, « un état de catastrophe nationale ».  Confronté à des crises alimentaires régulières, le Guatemala a également mis en place une stratégie nationale pour réduire la malnutrition chronique des enfants de moins de cinq ans et « briser le cycle intergénérationnel de la malnutrition », a indiqué le représentant.


En dépit de cette situation, le Guatemala peut quand même devenir un pays exportateur de produits agricoles, a-t-il estimé.  Il a rappelé le succès de la coopérative « 4 Pinos », créée en 1976 au lendemain d’un tremblement de terre et devenue l’un des principaux exportateurs mondiaux de pois.  Pour le représentant, c’est la preuve que les crises alimentaires peuvent aussi jouer un rôle de catalyseur pour développer de nouvelles méthodes de coopération couronnées de succès.  Pour conclure, il s’est félicité que la question de la sécurité alimentaire « ait retrouvé sa place centrale dans l’agenda international ».  Il a enfin souhaité que le Sommet mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la sécurité alimentaire, qui aura lieu en novembre prochain à Rome, permette de renforcer la coopération et la coordination entre États Membres.


M. GONZALO GUILÉN (Pérou) a relevé l’importance des progrès enregistrés dans la lutte contre l’insécurité alimentaire dans son pays, mais il a déploré l’impact des changements climatiques sur la production agricole nationale qui représente, a-t-il indiqué, 92% de la consommation alimentaire du pays.  Les problèmes hydriques menacent cependant d’affecter ce secteur vital de l’économie du Pérou, a-t-il poursuivi.  Des superficies importantes de terres arables sont en danger et les cultures de base sont les plus affectées.  Face au développement de la production des biocarburants dans le monde, M. Guilén a plaidé en faveur de la préservation des terres nécessaires à la culture des produits de base.  Il a enfin évoqué les efforts de son pays visant à faire face aux effets des changements climatiques sur l’agriculture du Pérou.  


M. ASAD MAJEED KHAN (Pakistan) a estimé que, pour relever de manière durable les défis qui se posent aujourd’hui en termes de sécurité alimentaire, la communauté internationale devait mettre au point une stratégie cohérente, qui mobilise toutes les parties prenantes aux niveaux international, régional et national.  Une telle stratégie devrait promouvoir les investissements dans l’agriculture, en particulier les investissements directs étrangers, pour renforcer la productivité agricole, a expliqué le représentant, pour qui elle devrait aussi fournir un soutien technologique approprié et l’assistance technique requise.  Il a également estimé que cette stratégie devrait faire réfléchir aux moyens de renforcer la coopération mondiale en matière d’irrigation dans les pays en développement et identifier de nouvelle sources de financement, en dehors de l’aide publique au développement.  Cette stratégie, a ajouté M. Khan, devrait aussi permettre de maîtriser la spéculation excessive sur les denrées alimentaires et surveiller les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


M. EDUARDO R. MEÑEZ (Philippines) a noté que l’enjeu du développement agricole et de la sécurité alimentaire, dont débat aujourd’hui la Deuxième Commission, doit être lié à celui de l’éradication de la pauvreté et du rôle de la femme dans le développement dont il était question la veille.  La volatilité des prix des denrées alimentaires oblige à ne plus accorder foi aux vertus du marché, a-t-il jugé.  L’urgence, a-t-il poursuivi, doit être de mettre en place une gouvernance agricole mondiale et de trouver les financements nécessaires pour mettre en œuvre des mesures d’adaptation face aux changements climatiques.  Commerce et transfert des technologies notamment doivent également être intégrés dans le cadre des solutions à promouvoir.  M. Meñez a conclu en relevant que la question du développement agricole et de la sécurité alimentaire a pris une importance particulière pour son pays à la suite des dégâts causés par deux ouragans qui ont récemment affecté les Philippines et qui ont touché plus de 8,4 millions de personnes.


Mme BAYA BENSMAIL (Algérie) a estimé que la crise alimentaire actuelle était le résultat, entre autres, d’une agriculture négligée, de la spéculation excessive sur les denrées alimentaires et les produits de base, et des dégâts occasionnés par les changements climatiques.  Elle a donc appelé de tous ses vœux à la mise en place d’une nouvelle gouvernance mondiale capable de garantir la sécurité alimentaire de tous.  La mobilisation de la communauté internationale face aux situations de disette en Afrique a été toujours encourageante, s’est félicitée la représentante, qui a rappelé que des ressources importantes avaient été débloquées et que d’autres étaient annoncées.  Ces ressources devraient être renforcées par des mesures visant à renforcer la productivité agricole, a-t-elle toutefois estimé.  Mme Bensmail a indiqué que son pays s’était doté pour sa part d’un plan national de développement durable, qui constitue une réponse aux objectifs assignés au secteur agricole pour permettre une garantie de la sécurité alimentaire de la population algérienne.  Le Gouvernement algérien veille en outre à la mise en œuvre du programme de renouvellement rural qui vise en particulier à augmenter la production des produits de large consommation, a-t-elle conclu.


Mme HANNA PROROK (Ukraine) a regretté que l’insécurité alimentaire touche toujours plus de personnes dans le monde.  L’Ukraine, a-t-elle poursuivi, comprend le drame de ces populations puisqu’en 1932-1933, 10 millions d’Ukrainiens sont morts, pour avoir été privés de nourriture par le régime de Staline.  Cette année, l’Ukraine est devenue un pays donateur au Programme alimentaire mondial (PAM), lui fournissant plus d’un demi-million de dollars, a encore indiqué la représentante.  Mme Prorok s’est félicitée des initiatives internationales dans ce domaine et en particulier de la tenue à Rome, le mois prochain, d’un Sommet mondial.  Face à la crise alimentaire, a-t-elle conclu, la coopération mondiale est nécessaire, de même que l’utilisation des technologies agricoles et d’une assistance financière internationale accrue. 


Mme MAYTE MASOT (Cuba) a reproché aux gouvernements des pays développés de continuer à subventionner leurs productions agricoles, alors que sévit une situation de plus en plus précaire parmi les petits agriculteurs et éleveurs des pays en développement.  « Si seulement les pays qui se sont engagés autrefois à porter à hauteur de 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) leur aide publique au développement tenaient leur parole », a déclaré la représentante.  « Si seulement les dépenses militaires des nations les plus puissantes étaient utilisées pour mettre fin à la misère dans laquelle se trouve la majorité des habitants de la planète », a-t-elle poursuivi.  Pour sa part, Cuba présente chaque année à la Troisième Commission et au Conseil des droits de l’homme une résolution sur le droit à l’alimentation, a rappelé Mme Masot, qui a également indiqué que son Gouvernement soutenait toutes les initiatives de la FAO visant à remédier aux conséquences de la crise alimentaire mondiale.  Aussi Cuba souhaite-t-il que le Sommet sur la sécurité alimentaire qui se tiendra à Rome en novembre soit une seconde chance de garantir à chaque habitant de la planète la possibilité de pouvoir exercer son droit inaliénable à l’alimentation, a dit Mme Masot.


M. SHIGEKI SUMI (Japon) s’est félicité des conclusions du rapport du Secrétaire général sur le développement agricole et la sécurité alimentaire (A/64/221) et de la tenue à Rome, le mois prochain, sous l’égide de la FAO, d’un sommet sur cet enjeu.  Promouvoir la sécurité alimentaire dans le monde, a-t-il poursuivi, est l’un des objectifs de la politique étrangère du Japon qui est l’un des plus grands donateurs dans ce domaine.  En Asie, a-t-il précisé, le Japon a consacré 2,1 milliards de dollars au titre de l’aide aux pays de l’ANASE et à la Chine.  En Afrique, le Japon a lancé une initiative destinée à améliorer la production de riz dans 12 pays, a-t-il encore souligné.  Citant les conclusions du rapport du Secrétaire général, M. Sumi a relevé que son pays a pris diverses mesures destinées à favoriser les investissements dans l’agriculture des pays en développement, mais aussi à contribuer au renforcement des partenariats public-privé.  Enfin, le représentant du Japon a fait référence au respect de la sécurité humaine, dont le concept constitue désormais un des fondements de la politique étrangère de son pays.  Cette approche, a-t-il conclu, vise à permettre à chaque individu de réaliser son potentiel afin de pouvoir mener une vie digne.


Mme HYE-RYOUNG SONG (République de Corée) a estimé que la sécurité alimentaire ne serait pas réalisée seulement en consentant des investissements financiers, mais aussi grâce à des approches qualitatives mises en place en coopération avec toutes les parties prenantes.  Pour sa part, la République de Corée a débloqué 100 millions de dollars pour les deux prochaines années afin de fournir une aide alimentaire d’urgence et soutenir le secteur agricole dans des pays en développement, a dit Mme Hye-Ryoung Song.  En outre, l’Agence de coopération internationale de la République de Corée travaille avec 14 pays partenaires dans des domaines tels que les infrastructures, les technologies et la formulation de politiques.  En outre, pour parer aux changements climatiques, notre gouvernement a lancé un « Partenariat du climat en l’Asie de l’Est », qui propose des programmes d’un montant global de 200 millions de dollars sur cinq ans (2008-2012) destinés à soutenir d’autres pays dans leurs efforts pour réaliser une croissance économique durable et respectueuse de l’environnement, a annoncé la représentante.


M. URI RESNICK (Israël) s’est félicité de la tenue, dans le cadre des débats de la Deuxième Commission, du débat consacré à la sécurité alimentaire.  Israël, a-t-il poursuivi, est d’autant plus prêt à contribuer aux efforts de développement agricole en vue d’atteindre la sécurité alimentaire que le pays a réussi ce pari.  Évoquant les initiatives internationales sur cet enjeu, M. Resnick a suggéré certaines mesures concrètes au rang desquelles un soutien à l’investissement dans la recherche agricole, un accès facilité aux ressources financières, et le transfert de technologies agricoles efficaces vers les pays du Sud.  Des initiatives mises sur pied avec des pays africains ont déjà mené à des résultats positifs, a-t-il en outre expliqué, avant de noter que ces initiatives s’inspirent d’expériences menées sur le terrain.  M. Resnick a conclu en insistant sur la place que doivent avoir les technologies au service du développement agricole.


M. RAYMOND SERGE BALE (République du Congo) a expliqué que son gouvernement s’était engagé à s’affranchir de la totale dépendance envers les lourdes importations d’aliments qui lui coûtent, chaque année, près de 120 milliards de francs CFA, soit l’équivalent des charges salariales de la fonction publique congolaise.  Après avoir réalisé le Programme spécial de sécurité alimentaire (PSSA), le Congo est aujourd’hui engagé dans la mise en œuvre de son Programme national de sécurité alimentaire (PNSA) 2008-2012, a-t-il indiqué.  Par ailleurs, conscient que les petites exploitations agricoles constituent la principale activité dans les zones où 70% des personnes souffrant de la faim dans le monde vivent et travaillent, le Gouvernement congolais a lancé l’initiative des Projets de développement rural, a poursuivi le représentant.  Ces projets contribuent à l’amélioration durable des revenus et de la sécurité alimentaire des ménages ruraux pauvres du Congo.  En outre, le Fonds de soutien à l’agriculture constitue un autre pilier de cette stratégie et, à ce jour, a permis de financer 145 projets sur le territoire national, s’est félicité M. Bale.  La priorité est également accordée à l’élevage, notamment dans le cadre de la construction de plusieurs villages agricoles modernes, qui seront chacun spécialisés dans des domaines combinant de façon intégrée la culture intensive de certains produits vivriers et l’élevage du bétail ou des volailles adaptés, a ajouté le représentant.


Mme SAMANTHA JAYASURIKA (Sri Lanka) a estimé que l’humanité traverse une phase critique marquée par une combinaison de crises.  Relayant les conclusions du rapport du Secrétaire général sur le développement agricole et la sécurité alimentaire (A/64/221), il a appelé à prendre des mesures à court, moyen et long termes visant notamment les populations des zones rurales.  Le Sri Lanka, a-t-elle poursuivi, a mené avec succès des politiques de lutte contre la pauvreté, de sorte que les pauvres représentent désormais 14% de sa population, contre 22,7% en 2002.  Elle a exprimé l’engagement de son pays à poursuivre sur ce chemin et noté que l’agriculture représente 11% du PIB du Sri Lanka et regroupe 31% de la force de travail nationale.  À la suite d’autres représentants, Mme Jayasurika a souligné le fait que le problème de la faim est en fait la conséquence, dans une certaine mesure, seulement de celui de la production, mais qu’il tient surtout à celui que pose l’accès à l’alimentation.  D’où, a-t-elle conclu, la nécessité de mettre en œuvre des politiques concertées, comme c’est le cas au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), où la sécurité alimentaire est devenue une priorité. 


M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) a déclaré que la crise alimentaire actuelle avait un caractère systémique et était due à l’insuffisance de l’investissement dans l’agriculture.  Il s’est donc félicité des mesures collectives urgentes annoncées par le G-8 lors du Sommet de L’Aquila, dont le Partenariat global sur l’agriculture et l’alimentation, qui pourrait être opérationnalisé en novembre lors du Sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire.  M. Pankin a également rappelé que plus de 30 pays avaient adopté un cadre d’action stratégique prévoyant des mesures d’amélioration agricole à court terme et des solutions à plus long terme, qui vise à mobiliser 20 milliards de dollars pour lutter contre l’insécurité alimentaire.  Pour sa part, la Fédération de Russie a entrepris de prendre part aux efforts de lutte contre la crise en consacrant 130 millions de dollars aux programmes arrêtés niveaux multilatéral et bilatéral, dont 15 millions au Programme alimentaire mondial (PAM).  « À partir de 2010, nous prévoyons de porter notre contribution à hauteur de 20 millions de dollars », a annoncé le représentant.


M. ESAYAS GOTTA (Éthiopie) a déclaré que la question du développement agricole et de la sécurité alimentaire était chère au peuple éthiopien.  Une stratégie de développement national a donc été adoptée en ce sens et elle fait du secteur agricole le moteur de notre économie, qui est essentiellement agraire, a-t-il indiqué.  Les mesures prévues dans ce cadre impliquent la libéralisation du marché des produits agricoles, le renforcement des technologies agricoles et le soutien au secteur privé.  Pour garantir la mise en œuvre de cette politique, le Gouvernement a constamment augmenté la part du secteur agricole dans le budget de l’État, a expliqué le représentant.  L’Éthiopie s’est également engagée dans un Programme de sécurité alimentaire, qui ambitionne de réaliser sur cinq ans la sécurité alimentaire de 8,5 millions de personnes souffrant de malnutrition et de faim chronique.  Enfin, a précisé le représentant, notre pays a récemment signé un pacte avec le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique, mis en place par l’Union africaine.


Mme CLAUDE LEMIEUX (Canada) a estimé que face aux problèmes d’insécurité alimentaire qui ont été aggravés par la récession mondiale, la coopération internationale doit être renforcée en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  C’est aux causes structurelles qu’il faut s’attaquer et notamment aux faibles investissements dans le développement agricole, à la production insuffisante, ou encore, à la hausse des coûts de production.  La représentante du Canada s’est félicitée des actions internationales menées en ce sens par les Nations Unies et le G-8 avant de faire état des initiatives prises par son pays, dont celle de doubler sa contribution au Fonds international de développement agricole (FIDA), qui atteindra 750 millions de dollars au cours des trois années à venir.  Elle a enfin appelé au respect des engagements internationaux au moment ou l’on prépare le prochain sommet de Rome sur la sécurité alimentaire.


M. SERGEI SERGEEV (Bélarus) s’est félicité du cadre d’action stratégique adopté par consensus au plan mondial pour lutter contre l’insécurité alimentaire.  Les pays donateurs doivent cependant continuer de prêter assistance pour le mettre en œuvre, tandis que le Cycle de négociations commerciales de Doha doit s’achever avec succès, a-t-il estimé, soulignant aussi l’importance de mettre en place un successeur au Protocole de Kyoto.  Il est maintenant temps d’investir dans les nouvelles technologies et de développer des énergies renouvelables, a ajouté le représentant.  Le Bélarus, qui est un pays où l’agro-industrie est assez développée, a appelé la FAO à renforcer sa coopération avec les pays en développement soucieux de moderniser leur agriculture.  Ce n’est qu’en œuvrant de concert que nous pourrons surmonter cette crise et empêcher qu’elle ne se reproduise, a conclu le représentant.


Mme PATCHARAMON SIRIWATANA (Thaïlande) a exprimé le soutien de son pays à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine ainsi qu’à celle de l’ANASE et a insisté sur la nécessité d’actions décisives à long terme pour faire face à l’insécurité alimentaire.  Ce problème est lié à de multiples enjeux et nécessite une approche multisectorielle en vue de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle ajouté.  La Thaïlande, qui dépend de son secteur agricole, s’est engagée sur la voix d’un développement durable de ce secteur, a encore indiqué la représentante qui a ensuite fait référence aux efforts nationaux, régionaux et internationaux de son pays dans ce domaine.  Enfin, Mme Siriwatana a plaidé pour un accès facilité aux ressources financières pour les pays en développement, tout en appelant les pays riches à respecter leurs engagements internationaux en matière d’aide au développement.


M. IMAD IBRAHIM TANGURI (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré qu’il fallait trouver une solution aux erreurs commises ces deux dernières décennies dans le domaine agricole.  Il est donc paradoxal que ce monde qui dépense des centaines de milliards de dollars chaque année dans l’armement, ne soit pas capable d’en dépenser seulement 30, ce qui serait suffisant pour assurer une sécurité alimentaire durable au reste du monde, a-t-il dit.  Le représentant a préconisé d’investir dans les infrastructures agricoles et de privilégier des politiques basées sur le dialogue.  À cet égard, le Sommet de Rome sera l’occasion de souligner l’importance de la coordination de tous les efforts pour mettre fin au monopole des agricultures subventionnées.  La Libye, qui fait partie des importateurs nets de produits agricoles, considère que l’intégration africaine est la meilleure voie possible pour aider le pays à faire face à ces défis.  C’est la raison pour laquelle mon pays a organisé de nombreuses réunions à ce sujet, a dit le représentant en conclusion.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) s’est dit préoccupée par l’impact de la récession mondiale sur les populations les plus vulnérables du monde et s’est félicitée de la tenue prochaine à Rome d’un Sommet consacré à la sécurité alimentaire.  La représentante du Kazakhstan a rappelé que son pays a déjà assuré son autosuffisance alimentaire et qu’il est, en outre, un des 10 grands exportateurs mondiaux de céréales.  Face à la crise alimentaire, a-t-elle conclu, il faut favoriser un commerce international plus équitable, soutenir l’assistance humanitaire, investir davantage dans le développement agricole, et renforcer la coopération internationale, notamment par le biais de la mise en place d’une base de données sur la production et la consommation alimentaire mondiale.


Mme MARIA TERESA MESQUITA PESSÔA (Brésil) a déclaré que le rapport du Secrétaire général soulevait certaines questions.  Il ne mentionne ainsi ni les subventions agricoles ni les prix des combustibles fossiles comme des facteurs  ayant contribué à la hausse des prix des denrées alimentaires.  En outre, le rapport ne donne pas d’informations sur les moyens par lesquels les subventions accordées par les gouvernements des pays développés à leur secteur agricole entraînent une distorsion du prix de ces denrées, a jugé la représentante.  Le rapport échoue à identifier le problème des petits agriculteurs touchés par les prix élevés des engrais, en particulier ceux basés sur les carburants fossiles, a fait remarquer la représentante.  Mme Pessoa a dit que le Brésil aurait souhaité que le rapport du Secrétaire général, au lieu de s’appuyer sur des conjectures et des hypothèses, repose sur des données empiriques.


M. DIEGO LIMERES (Argentine) a exprimé le soutien de son pays à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine ainsi qu’à celle du Groupe de Rio.  Il a noté que le 17 octobre dernier la FAO avait reformé son Comité chargé de la sécurité alimentaire et que celui-ci constitue une plate-forme indiquée pour tous les États impliqués dans la lutte pour assurer ce besoin aux populations.  Il a détaillé les responsabilités de ce Comité et notamment son rôle dans la coordination internationale sur les questions alimentaires, avant de lui exprimer le soutien de l’Argentine.


M. ENAYET MADANI (Afghanistan) a fait état du déclin de l’agriculture afghane, autrefois florissante, en raison de la destruction des infrastructures, de la sècheresse récurrente dans le pays et de la fluctuation des prix des denrées alimentaires.  À peine 12% du territoire afghan sont occupés par des terres arables, a-t-il souligné, invoquant la nécessité d’une assistance de la communauté internationale.  Au cours des dernières années, nous avons subi l’une des pires sècheresses de notre histoire, a poursuivi le représentant, qui a expliqué que les petits agriculteurs afghans devaient être les premiers bénéficiaires de la politique agricole.  Aussi, avec l’assistance de la communauté internationale, le Gouvernement afghan souhaite améliorer la productivité agricole nationale, investir dans les technologies de pointe, y compris d’irrigation et moderniser les infrastructures.  Enfin, a indiqué M. Madani, une politique de contrôle des prix des denrées alimentaires devrait être établie au niveau international.


            M. FERNANDO BERGUÑO (Chili) a noté les nombreuses solutions évoquées par les autres intervenants; mais il a souligné l’importance primordiale de la suppression des subventions à l’agriculture dans les pays développés.  Un commerce plus juste et davantage d’investissements dans l’agriculture sont également des éléments clefs pour améliorer l’accès à l’alimentation pour tous, a-t-il ajouté.  Le représentant du Chili a enfin noté l’importance de la tenue ce 29 octobre, au Siège des Nations Unies à New York, d’un évènement organisé notamment par le Conseil économique et social (ECOSOC) et relatif à l’insécurité alimentaire dans les pays sortant de conflit.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a déclaré qu’il ne partageait pas toutes les recommandations du Secrétaire général dans son rapport.  Selon lui, la sécurité alimentaire est un problème géopolitique qui repose avant tout sur une distribution inégale des richesses mondiales.  Il a expliqué que le droit à l’alimentation était consacré dans la Constitution vénézuélienne, et que le Gouvernement avait lancé des programmes audacieux en ce sens pour garantir l’accès de tous à des aliments de qualité, nutritifs et en quantité suffisante.  Le développement rural intégral est de la plus haute importance à nos yeux, a poursuivi M. Valero Briceño, qui a précisé que le Gouvernement du Venezuela avait choisi de diversifier son agriculture tout en veillant à une distribution équitable des terres arables.


Tout en exprimant son soutien à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, M. ABDOURAHMANE TRAORE (Sénégal) a relevé que le thème abordé aujourd’hui met en exergue une des plus grandes contradictions de ce siècle: « la production alimentaire mondiale augmente à un rythme exponentiel et pourtant, le nombre de personnes en proie à la famine a aussi considérablement augmenté ».  Il a déploré, entre autres faits, qu’un enfant sur trois dans les pays en développement âgés de moins de 5 ans soit victime d’un retard de croissance attribuable à la sous-alimentation chronique et à un régime alimentaire pauvre.  Alors que nous approchons de l’année 2015, M. Traoré a préconisé une plus grande attention au secteur agricole et un accès facilité aux produits alimentaires pour les populations les plus vulnérables, de même que la fin des subventions agricoles dans les pays riches.  Le représentant du Sénégal a, enfin, fait état des mesures mises en œuvre par son pays et qui ont permis de réaliser l’autosuffisance en riz, principale denrée alimentaire du pays.  Le Sénégal, a-t-il conclu, poursuit ses efforts et bénéficie du soutien de partenaires internationaux parmi lesquels il a cité les États-Unis.


Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a attiré l’attention sur un rapport tout récemment publié par la Banque mondiale et la FAO consacré à l’Afrique, qui relève que 400 millions d’hectares de savane du continent sont complètement inexploités, alors qu’ils recèlent un potentiel agricole immense.  Aussi, une réforme agraire et des systèmes nationaux de propriété doivent être entrepris, a poursuivi l’Observateur permanent du Saint-Siège, qui s’est élevé contre le fait que le leadership agricole est aujourd’hui aux mains de ceux qui contrôlent aussi le crédit et la distribution des nouvelles technologies.  Aussi la phase de travail et de production doit-elle être revalorisée au bénéfice d’une agriculture plus soucieuse de nourrir les personnes souffrant de la faim, au lieu de simplement chercher à faire des profits, a estimé l’Observateur.


Mme XENIA VON LILIEN, Représentante du Fonds international de développement agricole (FIDA), a estimé que par la faute des crises multiples qui contrarient les efforts déployés pour mettre fin à la faim et à la pauvreté, le monde est entré dans une ère nouvelle d’insécurité alimentaire.  Elle a cependant relevé que la situation actuelle est le produit de longues années de négligence de cet enjeu au niveau politique, et que les défis du futur s’annoncent plus importants encore, rendant nécessaires davantage d’investissements dans l’agriculture.  En 2050, a-t-elle prédit, il faudra nourrir 9,1 milliards de personnes.  Il est dès lors urgent, a plaidé Mme Von Lilien, de mettre en œuvre des politiques sur le long terme, en prêtant une attention particulière aux petits producteurs, aux femmes et aux pauvres vivant dans les zones rurales.  Elle s’est félicitée des initiatives internationales en ce sens et notamment des résolutions du dernier Sommet du G-8 de L’Aquila, avant d’aborder les actions menées par le FIDA au cours des trois dernières décennies.  Mme Von Lilien a conclu par un appel au renforcement du partenariat pour combattre l’insécurité alimentaire mondiale.


M. ALI MCHUMO, Observateur du Fonds commun pour les produits de base, a indiqué que son organisation avait, l’an dernier, adopté un projet stratégique visant à améliorer les revenus issus de l’agriculture en Afrique et à réduire la dépendance de certains pays au riz en introduisant un riz hybride appelé « Nouveau riz pour l’Afrique » (NERICA).  Il a indiqué qu’un peu plus tôt cette semaine, le Comité exécutif du Fonds commun avait réitéré sa volonté que celui-ci s’engage plus fermement en faveur de la sécurité alimentaire en menant à bien d’autres projets de ce type avec les partenaires au développement et les institutions intéressées.  L’Observateur a estimé en conclusion que le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique, conjointement lancé par l’Union africaine et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). était un modèle du genre.


Mme LILA HANITRA RAFSIFANDRIHAMANANA, représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a relevé que la récession mondiale a mis en lumière la vulnérabilité du système alimentaire mondial.  Dans ce contexte, le renforcement de la production agricole, le lancement d’une révolution verte, la mobilisation de ressources financières additionnelles et l’investissement dans les infrastructures rurales constituent quelques-unes des solutions envisagées par le système des Nations Unies, a-t-elle ajouté.  Évoquant les scénarios du futur, la représentante de la FAO a souligné que la production alimentaire mondiale devra augmenter de 50% en 2030 et de 70% en 2050 pour pouvoir faire face à une augmentation de la population qui atteindra 9,1 milliards de personnes dans 40 ans.  Pour ce faire, les investissements devront atteindre 83 milliards de dollars, a-t-elle encore précisé. 


Abordant l’incidence sur la stabilité politique de la crise alimentaire, elle a rappelé les soulèvements et révoltes qui ont eu lieu dans 22 pays en 2008 avant d’indiquer que 31 pays doivent de toute urgence être aidés.  Mme Rafsifandrihamanana a, enfin, souhaité le succès du prochain Sommet de Rome sur la sécurité alimentaire afin de renforcer la réforme en cours au sein de l’Organisation et d’honorer les engagements internationaux dans ce domaine.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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