Deuxième Commission: le fardeau de la dette et une trop grande dépendance envers les produits de base sont des obstacles à la réalisation des OMD, jugent des délégations
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Deuxième Commission
9e séance – après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: LE FARDEAU DE LA DETTE ET UNE TROP GRANDE DÉPENDANCE ENVERS LES PRODUITS DE BASE SONT DES OBSTACLES À LA RÉALISATION DES OMD, JUGENT DES DÉLÉGATIONS
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi aujourd’hui l’examen conjoint des questions de politique macroéconomique, dont elle avait commencé à débattre, et qui nt touchent aux relations entre le système financier international et le développement; entre la dette extérieure et le développement; ainsi qu’entre la volatilité des cours des produits de base et les difficultés que rencontrent les pays dont les économies dépendent essentiellement de ces produits à financer leur développement. Ce faisant, la Commission s’est efforcée de réfléchir aux moyens de lutter contre la crise économique et financière mondiale, qui persiste, en dépit du train de mesures annoncées par le G-8 et le G-20, mais que de nombreux pays jugent insuffisantes.
Un certain nombre de délégations de pays en développement a tenu à rappeler que, sans une assistance appropriée de la part des partenaires de développement et des institutions financières internationales, ces pays ne seraient pas en mesure de mettre en œuvre les stratégies qu’ils ont adoptées au niveau national. Ainsi, le Swaziland, qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC), a réitéré que la plus importante des réformes à entreprendre était celle de l’architecture financière internationale, représentée essentiellement par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), au sein desquels la voix des pays défavorisés doit pouvoir mieux se faire entendre concernant notamment l’élaboration des politiques et le processus de prise de décisions.
Comme l’a expliqué le représentant du Nigéria, un pays qui a fini de payer ses créanciers en 2006, la dette extérieure, qui est déjà un fardeau en temps normal, pèse lourdement sur les finances des pays en développement en période de crise économique. « Mon pays est bien placé pour comprendre à quel point les ressources immobilisées par le remboursement de cette dette seraient mieux utilisées, à cinq ans de l’échéance de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », a-t-il dit.
Déterminé à son tour à s’affranchir de la dette, le Gouvernement de la Côte d’Ivoire, a indiqué son représentant, a élaboré un Document de stratégie de réduction de la pauvreté pour la période 2009/2013. La mise en œuvre de cette stratégie, conjointement à celle des mesures du Programme d’assistance postcrise conclu avec le FMI, a permis à la Côte d’Ivoire d’atteindre le point de décision de l’éligibilité aux bénéfices de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), ceci grâce aux efforts d’apurement des arriérés de la dette extérieure ivoirienne vis-à-vis des institutions multilatérales. Dans l’attente de l’atteinte du point de déclenchement de l’Initiative PPTE, d’ici à 18 mois, le Gouvernement ivoirien a conclu avec les institutions de Bretton Woods un Programme de facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, qui couvre la période 2009/2010, a précisé la délégation ivoirienne. Ce faisant, la Côte d’Ivoire ambitionne d’atteindre cette année un taux de croissance de 3,5%, contre 2,8% l’an dernier, et de ramener le taux de pauvreté actuel, qui est de 48,9%, à 16,2% à l’horizon 2015, a-t-elle encore indiqué.
Cet exemple illustre l’importance d’une étroite coopération du système financier international avec les pays en besoin d’assistance. Le représentant de la Suisse a estimé que le cadre d’analyse de soutenabilité de la dette (CSD) était un instrument essentiel pour mener des politiques macroéconomiques favorisant la durabilité. « La prudence est néanmoins de mise afin d’éviter un endettement excessif à moyen et long termes », a cependant averti le représentant. « Toute dette n’est certainement pas mauvaise, et un certain effet de levier peut profiter à la croissance économique, mais une augmentation durable du financement doit principalement venir d’une meilleure mobilisation des revenus intérieurs de chaque pays ou d’une amélioration de sa capacité de gestion fiscale et macroéconomique », a-t-il préconisé.
Pour son homologue de l’Éthiopie, c’est la dépendance de l’Afrique aux exportations de produits de base qui est en cause. « La fragilité des économies africaines est à la racine de l’impact de la crise actuelle sur notre continent », a affirmé le représentant, qui a considéré que les pays d’Afrique doivent se débarrasser de cette dépendance et entreprendre une transformation structurelle de leurs économies. Mais, a-t-il ajouté, alors qu’il incombe à l’Afrique la responsabilité première d’assurer son propre développement, il revient aussi à ses partenaires de développement de lui prêter assistance pour qu’elle réussisse cette mue.
Dans la matinée, les délégations avaient pris part à une discussion interactive portant sur le thème des négociations sur les changements climatiques, ceci, à moins de deux mois de la Conférence de Copenhague.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, à partir de 10 heures.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE (A/64/81 et A/64/65)
Suite du débat général
S’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. JOEL M. NHLEKO (Swaziland) a relevé que même si, à l’instar de la majorité des pays d’Afrique au sud du Sahara, les pays de la SADC sont peu intégrés dans les marchés financiers internationaux, ils n’ont pas été épargnés par la crise. La bourse de Johannesburg a enregistré une perte de 25,7%, a-t-il noté, relevant en outre d’autres impacts de cette crise sur les pays membres de la SADC. Les progrès enregistrés par nos pays dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été remis en cause, a poursuivi M. Nhleko. Face à cette crise, les pays de la région d’Afrique australe ont cependant entrepris diverses réformes, mais les plus importantes des réformes à apporter au système actuel doivent prendre naissance au sein des Nations Unies, a-t-il poursuivi. M. Nhleko a plaidé pour une réforme en profondeur de l’architecture financière internationale, « afin que la voix des pays en développement soit davantage prise en compte ». Il s’est félicité des réformes entreprises au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale, en espérant que celles-ci se poursuivent, permettant notamment de mieux assister les pays en développement. Les pays de la SADC, a par ailleurs noté le représentant du Swaziland, militent en faveur de mesures tant au plan national, régional qu’international, et ils estiment que, dans cette optique, le rôle des Nations Unies doit être renforcé.
S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. CLAUDE HELLER (Mexique) a indiqué que la crise économique à laquelle la communauté internationale fait aujourd’hui face exige une action collective pour rétablir la croissance et réformer le système financier international. La contagion rapide et la portée de la crise témoignent de la dérive de la mondialisation, de la vulnérabilité du système qui a prévalu au cours de la mondialisation face à la spéculation, et de la nécessité de renforcer l’influence de l’État sur l’économie, en mettant en place une réglementation appropriée, a fait observer le représentant. Il a estimé que des ressources financières supplémentaires devaient être mises à disposition des pays en développement, de manière à leur donner les moyens de mener les politiques anticycliques indispensables à la relance de la croissance.
Il faut en outre promouvoir la coopération internationale pour renforcer la coordination et la surveillance de tous les organismes financiers multilatéraux, a poursuivi le représentant, qui a souhaité qu’à l’avenir, les mesures prises par les pays développés ne portent pas préjudice aux pays en développement, en particulier aux pays les moins avancés (PMA). Le Groupe de Rio a reconnu le besoin de réfléchir à des moyens de restructurer la dette, y compris au sein des Nations Unies. Il est aussi nécessaire, a poursuivi M. Heller, de prendre des mesures pour éviter la spéculation sur les produits de base, en particulier les céréales, et de lever les barrières tarifaires imposées à l’exportation, une pratique qui porte atteinte aux moyens de subsistance des petits agriculteurs des pays en développement. La coopération Sud-Sud doit enfin être développée afin de compléter celle qui existe déjà entre pays du Nord et pays du Sud et la coopération triangulaire, a ajouté M. Heller, au nom du Groupe de Rio.
M. NOR-EDDINE BENFREHA (Algérie), qui s’exprimait au nom du Groupe africain, a relevé que par la faute de la crise économique actuelle, les efforts en vue d’éradiquer la pauvreté extrême et la faim en Afrique sont désormais sérieusement contrariés, tandis que ceux déployés en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement sont remis en cause. Il a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle fournisse des financements additionnels pour aider les économies africaines qui subissent les affres de la crise actuelle. La croissance du continent, a-t-il souligné, passera de 5,75% en 2008 à 3,2% cette année. Notant que cette crise a causé la chute des prix des matières premières notamment, M. Benfreha s’est dit préoccupé par la baisse des investissements des pays du continent dans les domaines de la santé, de l’éducation, ou encore, dans la lutte contre la pauvreté.
Le représentant de l’Algérie a dit espérer que, conformément aux résolutions du récent Sommet du G-20 à Pittsburgh, l’aide à l’Afrique connaisse une nette augmentation. M. Benfreha a regretté que le Cycle de négociations de Doha ne soit toujours pas arrivé à son terme. Il s’est félicité des actions prises par certains pays dans la mise en œuvre des objectifs de Monterrey relatifs à la baisse des barrières commerciales et a appelé d’autres pays, capables d’un tel effort, à s’engager sur la même voie. L’aide au commerce est essentielle pour les pays africains, a-t-il souligné. Abordant l’enjeu de la dette, il a noté que la situation s’aggrave au fil du temps pour les pays africains. La crise actuelle fait courir le risque que de nombreux pays ne puissent plus supporter ce fardeau, a-t-il averti. Le représentant de l’Algérie a lancé un appel en faveur de la reprise des consultations sur l’enjeu de la dette.
Revenant à la question des matières premières, M. Benfreha a noté la dépendance à leur égard de nombreux pays africains et a noté l’impact négatif, sur les populations les plus pauvres, de la baisse des prix de ces denrées, causée par la crise économique et financière. L’Afrique, a-t-il conclu, est grandement touchée et préoccupée par la question de l’insécurité alimentaire.
M. FREDRICK LUSAMBILI MATWANG’A (Kenya) a estimé, qu’en ce qui concerne le système financier international, les domaines de réforme prioritaires étaient la coopération internationale sur la règlementation financière; la surveillance multilatérale et la coordination des politiques; les prêts et les capacités financières du FMI; le système international des paiements et réserves; et enfin la gouvernance des institutions de Bretton Woods. Le représentant a ensuite jugé que la communauté internationale devait prendre des mesures urgentes pour relever les défis qui se posent s’agissant du commerce international. Selon lui, une partie de la solution réside dans la conclusion rapide du Cycle de négociations commerciales de Doha, ainsi que dans la recherche de moyens innovants pour surmonter les contraintes commerciales, par exemple au travers du renforcement des capacités et des infrastructures commerciales des pays et dans la promotion de l’aide commerciale. Abordant la question de la dette extérieure, dont l’augmentation est estimée en 2008 par le Secrétaire général à 176 milliards de dollars pour les pays en développement ou en transition, M. Matwang’a a souligné le besoin, pour les pays donateurs comme pour les pays récipiendaires, de mettre en place des pratiques de gestion efficace de la dette, afin qu’elle ne devienne pas un fardeau pour les générations futures. Le représentant du Kenya a, pour finir, soutenu les mesures proposées par Ban Ki-moon en vue de maîtriser les cours des produits de base, dont celles qui visent à épauler les pays en développement, comme le sien, qui est un exportateur net de produits de base et donc est extrêmement sensible à la volatilité de leur prix.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a estimé que la crise économique et financière actuelle est sans aucun doute la plus grave qu’ait connue le monde depuis la création des Nations Unies. Elle s’est félicitée de la mobilisation internationale pour y faire face et dans laquelle les Nations Unies ont été un acteur central. La représentante de la Colombie a plaidé pour une réforme de l’architecture économique internationale qui prenne en compte les besoins des pays en développement. Celle-ci, a-t-elle ajouté, doit notamment permettre la mise en place, au niveau mondial, de politiques macroéconomiques coordonnées, l’adoption d’un code de conduite, ainsi que le renforcement de la coopération entre organisations régionales. Les pays producteurs de matières premières, à l’image de la Colombie, souhaitent la baisse des barrières commerciales, a conclu Mme Blum.
Axant principalement son intervention sur la dette, M. KHALID SHAWABKAH (Jordanie) a rappelé que le volume de la dette extérieure avait augmenté de manière sans précédent ces dernières années, sapant la compétitivité des exportations des pays en développement, sans compter le fait que le service de la dette absorbe une partie importante de leur produit intérieur brut (PIB). En ce qui concerne la Jordanie, la notion d’endettement extérieur est devenue familière pour la plupart des ménages jordaniens, a déclaré le représentant. Aussi, entre 1989 et 1994, la Jordanie a coopéré avec le FMI pour introduire des réformes économiques et jeter les bases d’un nouvel environnement d’affaires propice aux investissements. Entre 1998 et 2008, le Gouvernement jordanien a utilisé une partie substantielle des revenus issus de la poursuite des privatisations de manière à rembourser la dette extérieure du pays, la ramenant ainsi à des niveaux plus acceptables. M. Khalid Shawabkah a cependant estimé qu’il était urgent de trouver d’autres solutions en vue d’atténuer la crise de l’endettement et son impact sur les économies des pays en développement.
M. ABDULAZIZ ALQADFAN (Koweit) a lié les enjeux du développement à ceux de la paix et de la sécurité et a ajouté, à la suite d’autres intervenants, que la crise actuelle a affecté davantage les pays en développement que les autres. Alors que l’économie mondiale connaitra une contraction de 1,4% de son taux de croissance cette année, M. Alqadfan a suggéré que celle des pays en développement sera, en particulier, encore plus durement affectée. Notant les efforts du Koweit face à cette situation, il a souligné le maintien à 2% de la part de son produit national brut (PNB) consacrée à l’aide publique au développement par son pays, soit près de trois fois le niveau internationalement convenu. Il s’est, en outre, félicité de ce que le Koweït figure à la première position du classement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) consacré au développement humain, pour les années 2005 et 2007. Il a, enfin, appelé les pays donateurs à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD conformément aux accords internationaux, et à travailler en faveur de la réalisation des OMD.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a noté le caractère inédit de la crise économique et financière actuelle ainsi que ses conséquences pour la plupart des pays du monde. Mettant davantage l’accent sur les mesures prises pour y faire face, il s’est particulièrement félicité des « actions décisives » prises par le G-20. Le représentant du Guatemala a jugé que même si les forums internationaux sont importants face à un évènement de l’ampleur de la crise actuelle, par sa taille, le G-20 est plus flexible et plus efficace que d’autres forums. En dépit des critiques qui se sont élevées contre son caractère exclusif, la présence au récent sommet de Pittsburg du Secrétaire général des Nations Unies a assuré la présence des pays en développement notamment, a estimé M. Rosenthal. Il a cependant souhaité une meilleure interaction entre le G-20 et les autres entités et organisations internationales. Les Nations Unies, a-t-il conclu, sont et doivent rester un acteur important dans le contexte actuel marqué par diverses transformations.
M. MATTHIAS BACHMANN (Suisse) a déclaré que la récente crise économique et financière avait illustré le besoin de renforcer la régulation et la surveillance du système financier international et démontré le besoin de partenariats étroits entre institutions internationales et forums chargés d’assurer la stabilité financière mondiale. Si le G-20 revendique un rôle charnière dans les débats sur les sujets importants, en particulier en matière de politique économique mondiale, il est cependant clair, comme l’a mentionné Ban Ki-moon, que 85% des pays de la planète n’y sont pas représentés. En ce qui concerne le commerce international, les prévisions les plus pessimistes ne se sont heureusement pas concrétisées, a jugé le représentant. Cependant, la chute drastique des échanges commerciaux et des investissements directs privés, qui a affecté les pays pauvres, rend d’autant plus nécessaire la conclusion réussie du Cycle de négociations de Doha, a-t-il ajouté. Rappelant ensuite que la gravité de la crise actuelle avait accru le niveau global de la dette publique, M. Bachmann a estimé que le cadre d’analyse de soutenabilité de la dette (CSD) était un instrument essentiel pour mener des politiques macroéconomiques favorisant la durabilité. « La prudence est néanmoins requise afin d’éviter un endettement excessif à moyen et long termes », a-t-il toutefois ajouté. Certes, toute dette n’est pas mauvaise, et un certain effet de levier peut profiter à la croissance économique, mais une augmentation durable du financement doit principalement venir d’une meilleure mobilisation des revenus intérieurs de chaque pays ou d’une amélioration de sa capacité de gestion fiscale et macroéconomique.
M. ASAD M. KHAN (Pakistan) s’est félicité de la mise sur pied du Groupe de travail de l’Assemblée générale à composition non limitée chargé de suivre la mise en œuvre des conclusions du Sommet organisé par les Nations Unies sur la crise économique et financière et ses impacts sur le développement. Il a exprimé le vœu de voir ce Groupe accomplir ses nombreuses missions, notamment celle de favoriser le respect des engagements internationaux en matière d’aide aux pays en développement, ou encore celle de renforcer le rôle des Nations Unies sur les questions économiques et financières. M. Khan s’est félicité de ce que le Sommet ait envisagé l’ouverture du dialogue sur la réforme des institutions financières et économiques internationales. Cette réforme doit accorder plus de place aux Nations Unies et aux pays en développement, et prendre en compte les besoins des populations les plus vulnérables notamment, a-t-il poursuivi. Évoquant l’enjeu des matières premières, le représentant a enfin lancé un appel à remettre les discussions portant sur cette question au centre du débat.
M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a déclaré que la crise actuelle était symptomatique d’un système économique et financier qui a donné historiquement la préférence à la spéculation plutôt qu’à l’économie réelle. Il a réaffirmé l’ambition de son pays à œuvrer à l’avènement d’un nouveau système monétaire plus stable et plus équitable, tel que cela a été défendu lors de la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière et ses impacts sur le développement. Le représentant a aussi plaidé en faveur d’une meilleure supervision des marchés, de l’adoption de politiques anticycliques et de l’émission de droits de tirage spéciaux (DTS). M. Pazmiño a par ailleurs suggéré la création d’un fonds de réserve commun et d’une banque centrale régionale à l’échelle de l’Amérique du Sud. Il a affirmé, en conclusion, qu’il n’était pas possible de continuer à privilégier la gestion de la dette au détriment du développement économique et social des pays qui portent un tel fardeau.
M. KRIRKBHUMI CHITRANUKROH (Thaïlande) a estimé qu’en dépit de la reprise économique, l’avenir reste incertain pour l’économie mondiale. Il s’est félicité des efforts de coopération menés au sein des pays membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), notamment pour combattre les effets de la crise. Celle-ci a mis à nu l’incohérence et l’insuffisance de la régulation des marchés financiers internationaux, a-t-il estimé. Il a plaidé afin que la communauté internationale renouvelle son engagement en faveur du commerce. Pour le représentant de la Thaïlande, le Cycle de négociations commerciales de Doha doit être mené à son terme de manière urgente. La coopération, a-t-il conclu, reste la seule option viable face aux défis qui se posent dans un monde toujours plus complexe.
M. A. A. SEKUDO (Nigéria) a encouragé toutes les parties prenantes à saisir l’élan impulsé par la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière et ses impacts sur le développement, pour que la mise en œuvre des réformes nécessaires soit entreprise aux niveaux international, régional et national afin de mieux encadrer le système financier international. Il a ensuite souligné la gravité du problème de la dette pour les pays en développement, les difficultés inhérentes au service de la dette ayant été décuplées par la crise actuelle. Pour sa part, pour avoir fini de payer ses créanciers en 2006, le Nigéria se considère bien placé pour comprendre à quel point les ressources gelées par la dette peuvent être mieux utilisées une fois réaffectées à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a dit M. Sekudo. Il a ensuite expliqué que son pays connaîtra cette année un déclin de sa croissance d’environ 0,9% de son PIB en raison de la volatilité des prix des produits de base. De manière regrettable, l’incertitude qui pèse sur ces prix peut à tout moment influencer sur la capacité des États à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a déploré M. Sekudo. Le représentant du Nigéria s’est donc félicité que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) mette en route une série de réunions de parties prenantes ainsi que de consultations de haut niveau, sur la question des produits de base, de façon à poser les bases d’une approche plus consensuelle du problème par toutes les parties intéressées.
M. KUTAIBA S. ALKERO (Iraq) a estimé que la dette extérieure des pays en développement représente l’un des problèmes les plus épineux qui entravent le développement. Elle les empêche, a-t-il noté, d’investir dans les domaines de la santé et de l’éducation par exemple. Avec la crise, la situation s’est aggravée, a poursuivi le représentant de l’Iraq, qui a lancé un appel aux pays donateurs et aux institutions internationales afin qu’ils aident les économies des pays en développement. Le représentant de l’Iraq a lancé un appel en faveur de l’annulation de la dette des pays en développement, dont l’Iraq. Il a félicité les États qui se sont déjà engagés sur cette voie vis-à-vis de son pays.
M. BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a déclaré que les réformes du système financier international devraient s’appuyer sur une connaissance aigue des réalités économiques modernes, qui doivent s’aligner sur les principes de démocratie, de justice et de transparence. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, toute réforme soit se traduire par une amélioration de la représentativité des pays en développement, qui doivent pouvoir prendre part au processus de prise de décisions des institutions de Bretton Woods. La délégation a également soutenu l’idée qu’une communauté internationale « financièrement intégrée » devrait articuler et affirmer les principes et les normes essentielles de la règlementation des marchés et mettre au point un mécanisme de surveillance constante des progrès en matière coordination et de coopération. Le Conseil économique et social des Nations Unies pourrait jouer à cet égard un rôle essentiel dans le processus de mise en œuvre des recommandations adoptées au niveau international.
M. SHIN BOONAM (République de Corée) a noté que plus d’un an après le début de la crise économique et financière, la compréhension de ses impacts dans les pays en développement notamment, reste insuffisante. Il a exprimé le soutien de son pays à la réforme en cours des institutions financières internationales et au renforcement du dialogue entre les Nations Unies et le G-20. Évoquant l’enjeu des matières premières, le représentant de la République de Corée s’est dit préoccupé par les conclusions du rapport du Secrétaire général sur les tendances et les perspectives mondiales des produits de base (A/64/184), qui mettent en cause la spéculation comme principal facteur de la volatilité des cours de ces denrées. Il a souhaité que des mesures soit prises sur cette question.
M. ESSAYSA GOTTA (Éthiopie) a déclaré que la crise économique et financière actuelle avait eu un effet considérable sur l’investissement direct étranger (IDE) dans les pays en développement, alors que l’IDE est identifié dans le Consensus de Monterrey sur le financement du développement comme un complément important de l’aide publique au développement, puisqu’il contribue à la croissance et au développement économique, tout en contribuant au transfert de technologie et à l’essor du secteur privé. La croissance en Afrique se fait en dents de scie lorsque les prix des produits de base augmentent de manière subite ou baissent sans crier gare, a souligné M. Gotta. « La fragilité des économies africaines est à la racine de l’impact de la crise actuelle sur notre continent », a affirmé le représentant, qui a expliqué que les pays africains étaient toujours trop dépendants des exportations des produits de base. L’Éthiopie pense que les pays d’Afrique doivent se débarrasser de cette dépendance et entreprendre une transformation structurelle de leurs économies. Alors qu’il incombe à l’Afrique la responsabilité première d’assurer son propre développement, il revient aussi à nos partenaires de développement de prêter assistance à l’Afrique de manière à lui permettre de faire cette mue, a souligné le représentant en conclusion.
Mme HANNAH PROROK (Ukraine) qui a signalé que son pays prenait la parole pour la première fois lors de cette soixante-quatrième session de l’Assemblée générale, s’est félicitée des mesures prises pour faire face à la crise actuelle. Elle a cependant relevé que les Nations Unies devraient être au centre de la mobilisation en faveur de la relance de la croissance et a appelé à la constitution d’un « Conseil de sécurité économique » au sein de l’Organisation. Mme Prorok s’est félicitée de la réforme des institutions financières internationales et de la plus grande place faite en leur sein aux pays en développement. Sur l’enjeu de la dette, la représentante de l’Ukraine a plaidé en faveur d’une solution durable, tout en déplorant que les taux d’intérêt restent très élevés pour les emprunts effectués par la plupart des pays en développement.
M. TOH TELIALI ROLAND (Côte d’Ivoire) a déclaré qu’au regard de la situation économique et financière mondiale actuelle, il n’était pas certain que la plupart des pays en développement soient au rendez-vous de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Certes, pour que ceux-ci soient atteints, les pays en développement doivent tenir l’engagement d’adopter des stratégies nationales d’ensemble à cette fin, a-t-il reconnu. Pour sa part, le Gouvernement ivoirien a décidé de s’affranchir du fardeau de la dette, qui constitue une hypothèque sur ses objectifs de développement. C’est pour cela qu’il a élaboré un Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DRSP) sur la période 2009/2013, dans lequel sont définies ses priorités de développement, d’élimination de l’extrême pauvreté et de gestion de sa dette. L’adoption du DRSP, ainsi que la mise en œuvre des mesures du Programme d’assistance postcrise conclu avec le FMI, ont permis à la Côte d’Ivoire d’atteindre le point de décision de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) grâce aux efforts d’apurement des arriérés de sa dette extérieure vis-à-vis des institutions multilatérales dans un contexte économique des plus difficiles, a souligné M. Toh Teliali. Dans l’attente de l’achèvement de cette Initiative PPTE, d’ici à 18 mois, le Gouvernement ivoirien a conclu en mars 2009 avec les institutions de Bretton Woods un Programme de facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, qui couvre la période 2009/2010, a encore indiqué le représentant. Ce faisant, la Côte d’Ivoire ambitionne d’atteindre cette année un taux de croissance de 3,5% contre 2,8% l’an dernier, et de ramener le taux de pauvreté actuel de 48,9% à 16,2% à l’horizon 2015.
M. AL-NASSER (Qatar) a noté, à la suite d’autres intervenants, que la crise économique et financière actuelle est la plus grave connue par le monde depuis les années 1930. Elle peut saper les progrès enregistrés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), accroître la volatilité des prix des produits de base, renforcer le protectionnisme et alourdir le fardeau de la dette, a averti M. Al-Nasser. Le représentant du Qatar a espéré que les conclusions des conférences et sommets organisés autour de cette crise puissent servir dans la mise en œuvre de politiques nouvelles incluant notamment le point de vue et les besoins des pays en développement. M. Al-Nasser a regretté que face à la crise actuelle, les recettes du FMI aient été marginalisées, contrairement à ce qui s’est passé lors de la crise asiatique en 1997. Pour cette raison, a-t-il souligné, une réforme de cette institution est nécessaire. M. Al-Nasser a annoncé qu’une proposition en ce sens sera soumise à Davos en 2010. Le représentant du Qatar a, enfin, souhaité la conclusion du Cycle de négociations de Doha.
M. MOHAMED A. A. ALAHRAF(Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que la crise actuelle soulignait la nécessité d’entreprendre des réformes de fond des institutions financières internationales, qui se sont avérées incapables de la prévoir ou d’y faire face. Aussi, la représentativité des pays en développement doit être améliorée pour qu’ils puissent être associés au processus de prise de décisions, a relevé le représentant. Puis il s’est dit préoccupé par le ralentissement des flux d’investissements directs étrangers vers les pays en développement à l’heure où ils en ont cruellement besoin. Il a également repris à son compte les propos du leader libyen, M. Khadafi, qui avait demandé lors du débat général de l’Assemblée générale d’adopter une résolution enjoignant les pays colonisateurs à offrir un dédommagement pour les crimes commis pendant la colonisation, dédommagement qui permettrait aux pays concernés d’assurer leur propre développement. Le représentant a enfin noté le besoin urgent de réduire la dette et de mettre au point un mécanisme associant les créditeurs et les débiteurs à cette fin.
M. RAJA NUSHIRWAN ZAINAL ABIDIN (Malaisie) a noté que même si le monde a connu une centaine de crises bancaires, la crise actuelle se caractérise par des traits particuliers, au rang desquels on compte la perte de confiance envers le système financier et bancaire et la chute des prix de divers biens et produits. Notant que la Malaisie a par le passé fait face à des crises, M. Raja Nushirwan a estimé que les efforts consentis ne doivent pas s’arrêter dès les premiers signes de relance. Il a lancé un appel pour la mise en place de mécanismes de régulation de l’économie mondiale et en faveur du lancement de la réforme de l’architecture financière internationale. M. Raja Nushirwan a enfin plaidé pour le renforcement de la coopération entre les organisations régionales.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a regretté le fait que l’objectif originel de voir les institutions financières internationales faire partie du système des Nations Unies ait été abandonné. Au contraire, celles-ci servent les intérêts d’un seul pays, au lieu d’être au service de tous les États, a-t-il poursuivi, mettant en cause la structure même de ces institutions. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, elles ont besoin d’une réforme. M. Hermida Castillo a dénoncé les conditionnalités imposées par ces institutions aux pays en développement, l’hégémonie dont disposent en leur sein les pays développés, ainsi que la structure de la dette « fondée sur une histoire faite d’injustices et de domination », a-t-il précisé. Il a regretté que les engagements pris il y a 50 ans pour un monde débarrassé de la pauvreté et de la faim n’aient pas été honorés. Le représentant du Nicaragua a enfin protesté contre le fait que les prix des produits de matières premières soient fixés par les marchés financiers.
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