Commission économique et financière: très affectés par une crise déclenchée ailleurs, les pays africains demandent des mesures urgentes de soutien
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Deuxième Commission
6e & 7e séances – matin & après-midi
COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: TRÈS AFFECTÉS PAR UNE CRISE DÉCLENCHÉE AILLEURS,
LES PAYS AFRICAINS DEMANDENT DES MESURES URGENTES DE SOUTIEN
Plusieurs pays africains ont aujourd’hui pris la parole au cours de la dernière journée du débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) pour insister sur l’apport de l’assistance d’urgence dont ils ont besoin pour assurer un soutien aux mesures qu’ils ont déjà prises au niveau national pour relancer la croissance et surmonter la crise économique et financière mondiale. Le continent africain est le plus affecté par les conséquences de cette crise alors que ses pays ne portent aucune responsabilité dans son déclenchement, ont souligné certaines délégations.
D’après le dernier rapport en date sur la mise en œuvre des programmes qui permettraient de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), entre 55 et 90 millions de personnes de plus sont tombés dans un état de dénuement proche de l’extrême pauvreté cette année, la plupart en Afrique. En outre, a précisé le représentant du Maroc, le continent africain ne devrait enregistrer cette année que 2% de croissance économique, après avoir connu un taux moyen d’expansion économique de 6% entre 2004 et 2008.
Dans ce contexte, le représentant de la Tunisie, qui s’exprimait au nom du Groupe des États africains, a regretté que l’assistance internationale au continent ne soit toujours pas à la mesure des engagements pris par les pays développés, alors que les dépenses militaires mondiales ne cessent, elles, de croître. Le monde, notamment les pays riches, a dépensé 1,4 trillion –1 400 milliards- de dollars en achats d’armements au cours de l’année 2008, est-il relevé dans les rapports inscrits à l’ordre du jour de la Deuxième Commission.
Le représentant du Costa Rica, pays sans armée, a, quant à lui, estimé que l’argent dépensé chaque année par des pays en développement pour acheter 42 milliards d’armes conventionnelles serait bien mieux employé pour financer des projets de développement.
Rappelant les efforts déployés par les pays du continent africain dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), la délégation tunisienne a réitéré l’appel lancé aux pays développés pour qu’ils mettent donc en œuvre les décisions et recommandations agréées à l’issue des divers grands conférences internationales et sommets organisés sous l’égide des Nations Unies, notamment en ce qui concerne l’augmentation de l’aide publique au développement et les transferts de technologie.
Le représentant du Maroc a rappelé que « ce sont les secteurs considérés comme les sources premières de rentrée de devises pour les pays en développement, comme celui des exportations, ainsi que les investissements étrangers directs, le tourisme ou les transferts de fonds des travailleurs expatriés et migrants vers leur pays d’origine, qui ont été les plus durement touchés par les effets de la crise ».
En Guinée, ce sont les exploitations minières, dont les revenus représentent 25% des recettes courantes de l’État, qui ont été les plus sévèrement touchées. Dans la balance des paiements de la Guinée, les recettes du secteur minier constituent, en moyenne, plus de 91% des recettes d’exportation, a précisé le représentant de ce pays, qui a expliqué que le ralentissement de l’activité minière y avait eu pour effet de faire baisser les avoirs en devises des banques de la place, ainsi que l’activité des entreprises de sous-traitance.
Face à l’urgence, la communauté internationale doit donc, « plus que jamais », a poursuivi le représentant guinéen, « assumer la part qui est la sienne dans la responsabilité commune propre à un véritable partenariat pour le développement ». Si de nombreuses délégations ont préconisé un renforcement de la coopération Sud-Sud, la plupart ont souligné que cette dernière ne devait cependant pas se substituer à la coopération Nord-Sud et triangulaire.
Pour sa part, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a dénoncé le cadre actuel de règlement de la dette, estimant que les mesures prises à ce jour pour résoudre ce problème étaient très insuffisantes. Son pays, par exemple, a vu sa dette augmenter de 1,5% en dépit des diverses remises de dette, a-t-il souligné, avant de plaider pour la relance des négociations sur l’éradication des dettes anciennes.
La question des changements climatiques a également été abordée par les délégations, qui ont toutes exprimé les attentes qu’elles ont vis-à-vis de la Conférence de Copenhague, destinée à conclure un accord qui succéderait au Protocole de Kyoto. L’Observatrice de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a rappelé que les catastrophes naturelles, dont un grand nombre sont dues à la dégradation du climat et de l’environnement, ont touché cette année 200 millions de personnes.
La prochaine séance publique de la Deuxième Commission se tiendra lundi, le 12 octobre, à partir de 15 heures. Entre-temps, la Commission organisera deux évènements spéciaux portant sur la nouvelle coopération pour la sécurité alimentaire, et sur l’autonomisation juridique des pauvres, vendredi 9 octobre et lundi 12 octobre, en matinée.
DÉBAT GÉNÉRAL (SUITE)
M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a rappelé que son pays, comme les autres pays africains, a subi l’impact négatif de la crise économique et financière, en particulier en ce qui concerne ses exploitations minières dont les revenus représentent 25% des recettes courantes de l’État. Dans la balance des paiements, les recettes du secteur minier constituent, en moyenne, plus de 91% des recettes d’exportation, a précisé le représentant, qui a expliqué que le ralentissement de l’activité minière en Guinée a eu pour effet de faire baisser les avoirs en devises des banques de la place, et a aussi causé la chute de l’activité des entreprises de sous-traitance. Face à l’urgence, la communauté internationale doit donc, plus que jamais, assumer la part qui est la sienne dans la responsabilité commune propre à un véritable partenariat pour le développement, a dit M. Sow. Pour ce faire, il est primordial que les engagements pris en faveur des pays les plus vulnérables, notamment dans le cadre du Consensus de Monterrey, de la Déclaration de Doha sur le financement du développement, des Sommets du G-8 et du G-20, soient concrétisés le plus rapidement possible. S’agissant des changements climatiques, M. Sow a indiqué que son gouvernement était pleinement conscient de l’urgence de la situation et appelait à une action internationale concertée pour mettre fin au paradoxe qui consiste à voir les populations ayant le moins contribué à ce fléau en subir les conséquences les plus graves. Pour la délégation guinéenne, une attention particulière doit être aussi accordée à la problématique des flux migratoires et aux multiples enjeux qui les sous-tendent. Les profondes mutations engendrées par le phénomène de la mondialisation exigent de la communauté internationale des réponses adéquates aux nombreux problèmes y afférents. Seule la promotion d’une solidarité réaliste et pragmatique sera à même d’apporter une réponse durable à la maîtrise de la gestion des flux migratoires, a ajouté M. Sow en conclusion.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a appelé les délégués de la Deuxième Commission à aller « au-delà des négociations politiques du passé » et à parvenir à la proposition de « mesures concrètes » face aux défis de l’heure. Évoquant la situation économique mondiale actuelle, Mme Blum a noté qu’en dépit des diagnostics contrastés, il demeure que la mobilisation doit se poursuivre. La représentante de la Colombie a évoqué les initiatives prises par son pays pour faire face à la conjoncture difficile internationale. Elle s’est inquiétée des tendances protectionnistes observées sur la scène internationale. La Deuxième Commission doit envoyer des messages clairs rejetant ces tendances, a-t-elle plaidé. Mme Blum a par ailleurs lancé un appel pour la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha. La Conférence de Copenhague qui aura lieu en décembre prochain doit être un succès en matière de lutte contre les changements climatiques, a-t-elle en outre ajouté. Elle a regretté que bien que son pays soit un modeste émetteur de gaz à effet de serre, il souffre plus que tous les autres pays d’Amérique latine des conséquences des changements climatiques. Elle s’est enfin félicitée de la présence sur l’agenda des travaux de la Deuxième Commission de thèmes relatifs au dialogue Sud-Sud ou encore au financement du développement.
M. TROY TORRINGTON (Guyana) a déclaré que, compte tenu de la gravité de la crise économique et financière mondiale, la Deuxième Commission avait la responsabilité de contribuer de manière significative à sa résolution en s’appuyant sur les conclusions de la Conférence des Nations Unies convoquée par le Président de l’Assemblée générale en juin dernier. S’agissant des changements climatiques, le représentant du Guyana a réitéré la volonté de son gouvernement de mettre la quasi-totalité de sa forêt tropicale au service de la lutte contre ce fléau à condition que les financements et les mesures économiques adéquats soient fournis au pays. M. Torrington a cependant regretté le fait que jusqu’à présent, il n’existait aucune mesure d’incitation pour prévenir la déforestation tropicale alors qu’elle est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et qu’y mettre fin serait la solution la plus efficace et la plus économique pour limiter le volume des émissions qu’elle provoque. C’est la raison pour laquelle il a souligné l’importance de veiller à ce que l’instrument destiné à succéder au Protocole de Kyoto, qui sera adopté en décembre prochain à Copenhague, inclut des mesures d’incitation pour empêcher la poursuite de la déforestation.
M. GHAZI JOMAA (Tunisie) qui s’exprimait au nom du Groupe des États africains, s’est félicité de ce que les questions de pauvreté, de relance économique, de changements climatiques, ainsi que celles relatives à l’insécurité alimentaire et à l’épidémie de grippe A(H1N1) figurent en bonne place dans l’agenda de la Deuxième Commission. Il a regretté que l’Afrique paie le plus lourd tribut des crises dont elle n’est pas responsable. Le représentant de la Tunisie a regretté le fait que face aux défis de la pauvreté, et alors que l’Afrique compte le plus grand nombre de pays les moins avancés (PMA), l’assistance internationale au continent ne soit toujours pas à la mesure des engagements internationaux, ceci alors que les dépenses militaires mondiales sont en augmentation, a-t-il relevé. « Nous vivons dans un monde d’abondance, mais seules manquent les mesures et les actions pour faire face aux défis actuels », a-t-il précisé.
Il a lancé un appel en faveur du renouvellement de la solidarité internationale pour lutter contre les défis de l’heure. Rappelant les efforts des pays africains dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), le représentant de la Tunisie a réitéré l’appel lancé aux pays développés pour qu’ils mettent en œuvre les décisions de divers grands conférences et sommets relatifs à l’augmentation de l’aide publique au développement et au transfert de technologie notamment. Il s’est félicité de la poursuite du dialogue Sud-Sud. Abordant la crise économique actuelle, il a noté que le continent africain est loin d’en être sorti. Cette crise a paupérisé des populations, aggravé l’insécurité alimentaire, augmenté le chômage, affecté les transferts de fonds vers le continent et contrarié les progrès enregistrés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il relevé. Il s’est félicité de la tenue, cette année au Siège, de la Conférence consacrée aux impacts de la crise économique et financière sur le développement, et a appelé au respect de ses recommandations. Il a souhaité que le continent africain bénéficie de plus de ressources de la part de la communauté internationale, notamment face aux défis des changements climatiques. À ce sujet, il a rappelé la position commune africaine relative à l’accord à venir à la Conférence de Copenhague.
M. KHALID AL NAFISEE (Arabie saoudite) a exprimé la préoccupation de sa délégation face aux défis que posent les crises financière, économique et alimentaire actuelles ainsi que les changements climatiques. Il a plaidé pour que davantage d’efforts collectifs et concertés soient consacrés à la lutte contre la pauvreté et à la promotion du développement. La réforme des institutions financières internationales doit avoir lieu à l’intérieur de cadres multilatéraux existants et être basée sur le consensus, a-t-il relevé. Il a estimé que le commerce international doit également être réformé, avec le souci de faciliter l’accès aux marchés des produits des pays en développement. Abordant la question de la lutte contre les changements climatiques, le représentant de l’Arabie saoudite a exprimé sa préoccupation face à la mise en œuvre de politiques visant à marginaliser l’utilisation des énergies fossiles. « Cette voie est impraticable », a-t-il noté. Au contraire, a-t-il plaidé, on devrait davantage faire usage de technologies permettant leur « utilisation propre ». Le représentant de l’Arabie Saoudite a, en outre, espéré que la Conférence de Copenhague aboutira à un accord qui devra respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée. Il a enfin plaidé pour une « mondialisation ouverte » qui rende possible le développement de tous les pays.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a salué les efforts déployés par le G-20 pour sortir la communauté internationale de la crise économique et financière. Il a toutefois estimé qu’il était de la responsabilité des Nations Unies de réfléchir à une stratégie de long terme pour répondre à ce problème. L’Assemblée générale doit jouer un rôle prépondérant à cet égard en recherchant une solution qui prenne en compte les intérêts de toutes les nations, ainsi que les droits économiques fondamentaux de tous les peuples, a dit M. Bodini. Il a estimé qu’un débat constructif et informé sur le plan politique devrait se tenir à l’Assemblée pour prendre en considération tous les points de vue et toutes les questions en suspens, qu’il s’agisse des crises ou des changements climatiques.
M. ANTONIO MACHEVE (Mozambique) s’est inquiété des effets combinés de la crise économique et des changements climatiques ainsi que de la volatilité des prix de l’énergie sur les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le Mozambique, plus que d’autres pays, subit les effets des changements climatiques, a-t-il ajouté. Toujours à propos des OMD, M. Macheve a appelé à soutenir davantage les efforts des Nations Unies, notamment en vue de favoriser la réalisation des Objectifs. Le représentant du Mozambique a en outre plaidé en faveur d’un soutien accru aux pays les moins avancés (PMA) dont son pays fait partie. Il s’est félicité de la mobilisation face aux défis posés par les changements climatiques et a espéré que ceci présage du succès de la Conférence de Copenhague, prévue en décembre. Dans la mesure où les problèmes actuels sont liés aux questions de pauvreté, l’agenda du développement, dont les Nations Unies ont la responsabilité, doit rester au centre des priorités, a-t-il souligné. M. Macheve a enfin appelé à la réforme tant du système des Nations Unies qu’à celle de l’architecture économique et financière internationale qui, selon lui, devrait être plus « inclusive ».
M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie), tout en reconnaissant l’importance de la bonne gouvernance pour le développement, a cependant estimé que l’aide publique au développement (APD) représentait un élément important en temps de crise, en particulier pour les pays en développement. Évoquant le cas particulier de son pays, le représentant a déclaré qu’après avoir enregistré une croissance constante de son produit intérieur brut au cours des trois dernières années, les estimations pour 2009 reflétaient une baisse imputable à la crise économique et financière. Le volume des exportations serbes a également accusé une baisse cette année, a relevé M. Milanović, qui a par ailleurs fait état d’un taux de chômage de 16,4% en avril 2009. Outre le fardeau de la crise économique et sociale, la Serbie doit en outre faire face au fléau des changements climatiques, a-t-il ajouté, estimant que la Deuxième Commission devait faire de cette question une priorité de ses travaux. Il a estimé qu’aucune excuse ne serait acceptable en cas d’échec à conclure un accord lors de la Conférence de Copenhague de décembre prochain. Les actions unilatérales visant à taxer les « produits non verts » en provenance des pays en développement ne sont pas les bienvenues, a-t-il dit, expliquant que le seul moyen d’aboutir à un accord valable était d’atteindre le plus large consensus possible.
M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a noté que la Deuxième Commission traite de questions à la fois critiques et urgentes qui exigent des débats sérieux. Il a noté que pour de nombreux pays en développement, l’heure n’est toujours pas à la sortie de crise. Ces crises, a-t-il relevé, ont mis en lumière les lacunes du système économique mondial actuel. Ce qui, a-t-il précisé, rend plus nécessaire une réforme des institutions financières internationales et celle des Nations Unies. Le développement durable doit être notre priorité, a indiqué M. Rugunda, avant de faire état des efforts de son pays en ce sens. Face aux nombreux défis qui sont ceux des pays sans accès à la mer comme l’Ouganda, M. Rugunda a appelé la communauté internationale à augmenter son assistance. Il s’est félicité des avancées du dialogue Sud-Sud et de la tenue en décembre prochain, à Nairobi au Kenya, d’une Conférence sur ce thème. Le représentant de l’Ouganda a en outre espéré la conclusion positive du Cycle de négociations commerciales de Doha et le succès de la Conférence de Copenhague prévue en décembre.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé que les projections sur les perspectives de croissance économique pour cette année montrent clairement qu’en dépit de quelques signes positifs, la reprise reste très fragile et que la croissance poursuivra sa tendance à la baisse. En vue d’atténuer les effets de la crise, les pays en développement ont besoin de mobiliser d’importantes ressources financières, a-t-il relevé. Or, ce sont les secteurs considérés comme les sources premières de rentrée de devises pour ces pays, comme les exportations, les investissements étrangers directs, le tourisme ou les transferts des migrants, qui ont été les plus durement touchés par les effets de la crise. Le rapport des Nations Unies sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) brosse également un tableau plutôt sombre, estimant qu’à cause de la crise, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté devrait augmenter de 55 à 90 millions cette année, a noté M. Loulichki. C’est pourquoi le Sommet sur les OMD, prévu en 2010, doit être l’occasion pour prendre des mesures concrètes afin d’aider les pays les plus en retard à aller de l’avant.
L’Afrique, a poursuivi M. Loulichki, ne devrait enregistrer cette année que 2% de croissance économique après un taux moyen de 6% entre 2004 et 2008. En outre, le rapport de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique pour 2009 a conclu que les progrès vers la réalisation des OMD demeuraient mitigés, en particulier pour ceux qui sont liés à la réduction de la pauvreté et de la faim et ceux touchant à la santé. Le Maroc préconise donc un renforcement de la coopération Sud-Sud, qui ne doit toutefois pas se substituer à la coopération Nord-Sud. Dans ce cadre, il souhaite que la Conférence des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, qui se tiendra à Nairobi en décembre, fasse de cette coopération l’une des composantes essentielles du partenariat mondial pour la lutte contre les effets de la crise. En matière de changements climatiques, le représentant a déclaré que la Conférence de Copenhague constitue une occasion historique de lutter contre les changements climatiques en réaffirmant le principe de la responsabilité commune et différenciée. Enfin, M. Loulichki a déclaré que les intérêts des pays en développement devaient être pris en compte dans les résultats à atteindre lors de la conclusion des négociations de Doha, surtout en ce qui concerne le traitement spécial et différencié, la spécificité du secteur agricole pour leurs économies, et l’accès aux marchés de leurs produits et l’aide pour le commerce.
Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a relevé que le Sommet de l’ONU sur les changements climatiques, qui s’est tenu récemment au Siège des Nations Unies, a mis en lumière la volonté politique internationale de faire face à cet enjeu. Elle a exprimé le vœu que celle-ci se concrétise par un accord lors de la Conférence de Copenhague en décembre. Les effets combinés des changements climatiques et des diverses crises ont provoqué une « urgence du développement », a-t-elle ajouté. La représentante de la Mongolie a noté que face à ces défis, le monde doit renforcer le multilatéralisme et respecter les principes d’équité, de justice et de solidarité. Elle a plaidé afin que, dans le contexte actuel, une attention particulière soit portée aux pays sans littoral ainsi qu’aux petits États insulaires. Mme Ochir s’est enfin félicitée des avancées du dialogue Sud-Sud et a souhaité la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha.
M. STEVE D. MATENJE (Malawi) a déclaré que l'Assemblée générale était le seul organe universel légitime où réaliser la coopération indispensable pour promouvoir les priorités de développement. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne seront atteints que si les pays donateurs respectent leurs engagements et jouent un rôle plus important en facilitant les transferts de technologies, en mettant en place un système commercial ouvert et inclusif, et en portant l’aide publique au développement aux niveaux requis, a-t-il constaté. Compte tenu du fait qu’il ne reste plus que cinq ans avant la date butoir de 2015, il est temps de renforcer les partenariats mondiaux nécessaires pour surmonter les obstacles qui se posent dans les pays en développement, a enjoint M. Matenje. Elle a ensuite souligné les dangers que font peser les changements climatiques sur l’agriculture dans les pays comme le Malawi, qui dépendent largement de ce secteur d’activité. D’où la nécessité pour la communauté internationale de parvenir à Copenhague à un accord prenant en compte cet aspect fondamental, a conclu M. Matenje.
M. OUMAR DAOU (Mali) a noté que les crises actuelles ont « plongé les populations dans la désolation ». Elles ont cependant, a-t-il poursuivi, eu des conséquences plus graves en Afrique qu’ailleurs. Notant que « chaque État a la responsabilité première de son développement », M. Daou a évoqué les initiatives prises par le Mali pour faire face au ralentissement économique. Évoquant les mesures prises sur le plan international, il s’est félicité des actions entreprises par le G-20 tout en estimant que ce Groupe « doit faire plus et respecter ses engagements le plus rapidement possible ». M. Daou a enfin souhaité que lors de ses travaux, la Deuxième Commission accorde une attention spéciale aux besoins et à la situation du Groupe de pays en situation particulière. Il a plaidé pour une réforme des institutions financières internationales et a lancé un appel pour que soit mis fin au versement des subventions à l’agriculture dans les pays développés.
M. PAK TOK HUN (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la crise économique et financière actuelle est le produit d’un ordre mondial dépassé et fondé sur de mauvaises politiques économiques, mises en œuvre par les pays développés, et notamment par les États-Unis. Cette crise met en danger la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et justifie les appels à un nouvel ordre mondial, a-t-il poursuivi. Les Nations Unies, a-t-il plaidé, doivent travailler à favoriser la sortie de la crise. Les autres instances qui s’activent sur ce terrain étant, selon M. Pak Tok Hun, « incapables de satisfaire les intérêts de tous les pays ». Il a en outre appelé à l’adhésion de tous les États aux principes de Rio en vue de faire face aux défis des changements climatiques. M. Pak Tok Hun s’est enfin félicité du renforcement du dialogue Sud-Sud.
M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a souligné, à la suite de nombreux autres orateurs, que l’aggravation de la crise financière avait entraîné un recul de la croissance économique mondiale, recul décuplé par la mondialisation. Pour parer à cette situation, le Gouvernement salvadorien a adopté un plan d’un montant de 587,5 millions de dollars afin d’atténuer les effets néfastes de la crise et de créer près de 100 000 emplois, tout en renforçant la protection sociale des populations plus vulnérables. La coopération internationale est désormais indispensable afin d’épauler ces initiatives nationales, et ce en prenant des mesures sur les plans régional et sous-régional, notamment dans l’investissement en faveur des infrastructures, la facilitation du commerce, ou la levée des barrières tarifaires, a dit le représentant. Il a ensuite annoncé qu’El Salvador participerait aux travaux du Groupe à composition non limitée chargé d’assurer le suivi des recommandations adoptées lors de la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière. Il est maintenant temps de faire des progrès dans les domaines de la réglementation financière, de la mobilisation de l’APD et de la réforme du régime de gouvernance des institutions de Bretton Woods, a souligné le représentant. Il a également dit qu’il fallait aborder la question des migrations dans le cadre d’une perspective intégrée et à long terme qui tienne compte de toutes les variables. Il a enfin soutenu les efforts tendant à adopter, au cours de cette session, une résolution sur la coopération pour le développement avec les pays à revenu moyen.
M. DONATUS ST. AIMEE (Sainte-Lucie) a regretté le fait que la catégorisation des États par la Banque mondiale et par les Nations Unies –qui placent Sainte-Lucie parmi les pays à revenu moyen- se fonde sur des « statistiques trompeuses ». Il a averti de ce que, au fil des crises et face à l’inaction de la communauté internationale vis-à-vis des besoins des petits États insulaires en développement comme le sien, ceux-ci se retrouveraient bientôt dans la catégorie des PMA. Notant les effets des changements climatiques et des diverses crises sur Sainte-Lucie, M. St. Aimée a plaidé en faveur d’une assistance accrue pour son pays, de même que pour les pays à revenu moyen en général. Parmi ce dernier groupe, il a souligné la situation particulièrement vulnérable des petits États insulaires qui, a-t-il poursuivi, dans le contexte actuel, ont besoin d’une aide supplémentaire. « Notre marge d’erreur est infime », a-t-il fait remarquer.
Mme ELISABETH RITOLA, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a noté qu’au milieu des nombreux défis auxquels le monde fait face, des millions de personnes souffrent de faim et de maladies diverses pendant que les catastrophes et la pauvreté affectent toujours plus de populations. Elle a fait état de la contribution de la Croix-Rouge à l’assistance aux populations victimes de catastrophes récentes à Samoa et au Viet Nam. Les crises actuelles et les changements climatiques aggravent les défis humanitaires, a-t-elle regretté. Pour la seule année 2008, diverses catastrophes naturelles ont touché 200 millions de personnes, a-t-elle relevé. De telles situations requièrent des financements additionnels pour pouvoir venir en aide à leurs victimes, a-t-elle précisé. Notant qu’aucun gouvernement ou organisation ne peut à lui tout seul faire face à ces défis, Mme Ritola a évoqué le Cadre d’action de Hyogo qui régule l’assistance humanitaire en cas de catastrophe au plan international. Elle a souligné qu’il est possible de faire face ou de réduire les conséquences humanitaires des changements climatiques, en renforçant notamment la préparation face à ces phénomènes. Mme Ritola a enfin plaidé en faveur de la conclusion d’un accord sur le climat à Copenhague en décembre prochain.
M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a rappelé que son pays appartenait à la fois à la catégorie des pays les moins avancés et à celle des petits États insulaires en développement. C’est dire si l’impact de la crise économique et financière a été douloureusement ressenti par l’archipel des Maldives, a précisé le représentant. Après avoir rappelé que son pays serait radié de la liste des pays les moins avancés à compter de la fin 2010, il a précisé que le Gouvernement avait besoin de bénéficier d’un traitement spécial et différencié pour veiller à ce que la transition des Maldives vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire se fasse le plus harmonieusement possible. Pour sa part, le nouveau Gouvernement élu a adopté, en concertation avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, un programme de réformes économiques majeures visant à équilibrer son budget et réduire les dépenses. Enfin, pour les Maldives, les changements climatiques ne sont pas une éventualité, mais une réalité vécue quotidiennement, a rappelé le représentant, avant de dire que de la réussite de la Conférence de Copenhague dépendait la vie de 300 000 Maldiviens.
M. MURAD ASKAROV (Ouzbékistan) a noté que dans le contexte mondial actuel, marqué par diverses crises, la Deuxième Commission devrait s’employer à trouver des solutions collectives acceptées par tous les États Membres. Les travaux de cette instance, a-t-il poursuivi, se déroulent alors que le monde connaît à la fois sa plus grande crise économique depuis celle des années 1930 et qu’il doit faire face aux enjeux des changements climatiques. De plus, le monde doit faire face à une grave crise de l’eau, ainsi qu’à l’insécurité alimentaire, a ajouté M. Askarov. Il a souhaité que face à ces défis, et plus particulièrement ceux de l’accès à l’eau et à l’énergie qui se posent à la région d’Asie centrale, les États fassent l’effort de poursuivre un dialogue constructif afin d’aboutir au nécessaire consensus.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a expliqué que, comme tant d’autres pays, le sien avait été touché par la crise financière, qui s’est traduite par une baisse de l’aide publique au développement et de l’aide étrangère. L’Afghanistan, a-t-il prévenu, aura beaucoup de mal à mettre en œuvre sa stratégie nationale de développement, ainsi que les objectifs de développement adoptés au niveau international, s’il ne bénéficie pas du soutien dont il a besoin, en particulier pour renforcer son agriculture. Notre pays, a poursuivi le représentant, souffre en outre de difficultés propres à sa situation postconflit, où la priorité est donnée aux projets à court terme plutôt qu’à ceux à long terme, plus coûteux et complexes à mettre en place. Les victimes de la situation actuelle sont le développement durable, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté, a précisé M. Tanin, pour qui le développement ne peut être indéfiniment reporté au profit du seul rétablissement de la sécurité.
Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a estimé que cette année, en dépit des annonces de relance, la Deuxième Commission tient ses travaux dans un contexte économique mondial au moins aussi difficile qu’il y a un an. Cinquante millions de personnes sont sans emploi, et cent millions d’autres vont tomber dans la pauvreté, a-t-elle relevé. Dans ce contexte, elle s’est inquiétée de la baisse constante de l’aide publique au développement (APD), mais s’est réjouie de la relance du dialogue Sud-Sud et de la présence à l’agenda des travaux de la Deuxième Commission de la question de l’insécurité alimentaire. Abordant l’enjeu des changements climatiques, Mme De Chamorro a lancé un appel aux pays développés, en les incitant à respecter leurs engagements historiques relatifs au protocole de Kyoto, et elle les a exhorté à souscrire au principe de « responsabilités communes mais différenciées ». Contrastant les dépenses dans les domaines du développement et dans celui de l’armement, la représentante du Nicaragua a enfin regretté que celles relatives à l’armement soient de loin supérieures aux fonds consacrés au développement. Elle a enfin lancé un appel en faveur de l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial.
M. JAIRO HERNÁNDEZ MILIAN (Costa Rica) a déclaré que la Deuxième Commission était la plateforme à partir de laquelle les États Membres doivent œuvrer en faveur du développement, en particulier des pays plus pauvres, qui sont les premiers à subir les effets de la crise économique et financière actuelle. Il est impératif que la communauté internationale tienne ses engagements pour hâter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a exhorté le représentant costaricien, qui a préconisé d’investir stratégiquement dans tous les domaines où une action est nécessaire. Cela pourrait passer par la réaffectation des sommes allouées aux dépenses militaires, a suggéré M. Hernandez Milian, avant de réaffirmer l’importance de toutes les formes de coopération, y compris Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaire. Le Costa Rica a démontré par le passé la relation entre le désarmement et le développement, et il plaide à nouveau pour qu’il soit mis fin à la course aux armements. Chaque année, on vend plus de 42 milliards d’armes conventionnelles aux pays en développement, alors que ces sommes pourraient être bien mieux employées dans l’éducation, la santé et le développement agricole, a estimé M. Hernandez Milian. Le représentant a souligné en conclusion la nécessité de briser le cycle de l’inaction en adoptant un accord ambitieux à Copenhague pour succéder au Protocole de Kyoto.
M. OUSSAMA KHACHAB (Liban) a noté qu’à cause des crises énergétique, alimentaire et climatique, la menace de la pauvreté est plus grande que jamais. Il a relevé que les effets de la crise ont entraîné, pour les pays pauvres, une réorientation des dépenses de développement. De sorte que, a-t-il poursuivi, les efforts en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont contrariés. Cette crise, a jugé M. Khachab, justifie la réforme des institutions financières internationales. Le représentant du Liban a, en outre, souhaité que le développement durable soit fondé sur trois piliers: le développement économique, le développement social, et la protection de l’environnement. Il s’est enfin félicité de la tenue, en décembre prochain, de conférences internationales sur les enjeux de l’heure, dont celle de Copenhague sur les changements climatiques et celle de Nairobi consacrée au dialogue Sud-Sud.
M. IRAKLI JGENTI (Géorgie) a estimé qu’aujourd’hui, à cause des diverses crises et des défis posés par les changements climatiques, le monde vit « sans doute la période la plus difficile de son histoire ». Face à l’enjeu des changements du climat en particulier, a-t-il poursuivi, « il est urgent d’agir en prenant les mesures qui s’imposent ». M. Jgent a fait remarquer à ce titre que la production d’électricité dans son pays est à 85% verte ou renouvelable. Face à la crise qui a plus durement affecté les pays en développement que les autres, le représentant de la Géorgie a exprimé le soutien de son pays à la position de l’Union européenne qui, vis-à-vis des pays pauvres, s’est engagée à favoriser l’aide au commerce. Enfin, M. Jgent a plaidé pour une relance économique durable et s’est félicité de ce que désormais, selon la Banque mondiale, la Géorgie est l’un des pays dont le cadre économique compte parmi les plus attractifs pour les investisseurs étrangers.
M. ISMAEL A. GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que les Nations Unies jouaient un rôle fondamental dans la promotion de la coopération pour le développement et dans la formulation de politiques économiques appropriées. Il a invité toutes les délégations à se montrer ambitieuses au cours de cette session et à faire de la Deuxième Commission le forum du développement. Il est évident que l’impact de la crise actuelle sur les pays africains est grave, a-t-il ensuite affirmé. Pour ce qui est de l’Angola, l’effondrement des cours des produits de base nous empêche de réaliser les investissements dont nous avons besoin pour renforcer nos infrastructures et relancer notre économie, a dit le représentant. La communauté internationale doit rester saisie de la réforme de l’architecture financière internationale afin de répondre aux besoins spécifiques des pays africains, a-t-il ajouté. Il a en outre insisté sur le fait que des mesures concrètes doivent être prises pour faciliter l’accès aux marchés des produits en provenance de pays en développement et soulager ceux-ci du fardeau de la dette. Ces mêmes pays doivent enfin être appuyés dans la mise en œuvre de leurs plans nationaux destinés à renforcer leur sécurité alimentaire, a dit le représentant, en conclusion de son intervention.
M. ALI IDDI (République-Unie de Tanzanie) s’est félicité de la mobilisation qui a marqué le récent sommet sur les changements climatiques. Dans le cadre du futur accord de Copenhague, M. Iddi a souhaité que la communauté internationale mette en œuvre des mécanismes pour un développement viable. Abordant l’enjeu de la crise financière, il a tout d’abord noté que son pays en subissait les conséquences avant d’évoquer les actions entreprises pour relever le défi qu’elle pose. M. Iddi a cependant noté l’impact négatif de cette crise sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et a lancé un appel aux Nations Unies pour que l’Organisation aide son pays à combattre la pauvreté et le chômage. Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a par ailleurs regretté que les négociations du Cycle de Doha n’aient toujours pas été conclues. Ceci, a-t-il expliqué, affecte négativement nos perspectives commerciales. M. Iddi a enfin dénoncé le cadre actuel de règlement de la dette, estimant que les mesures prises à ce jour pour résoudre ce problème sont insuffisantes. La République-Unie de Tanzanie, par exemple, a vu sa dette augmenter de 1,5% en dépit des remises diverses, a-t-il indiqué. M. Iddi a enfin appelé à la relance des négociations sur l’éradication des dettes anciennes.
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