Deuxième Commission: jugeant inadaptées les mesures annoncées récemment par le G-20, les pays en développement exigent la réforme de la gouvernance économique mondiale
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Deuxième Commission
4e & 5e séances – matin & après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: JUGEANT INADAPTÉES LES MESURES ANNONCÉES RÉCEMMENT PAR LE G-20, LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT EXIGENT LA RÉFORME DE LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE
Au deuxième jour de son débat général, la Deuxième Commission est revenue longuement sur le contexte de crises dans lequel se déroulent ses travaux. La séance d’aujourd’hui a été l’occasion pour les délégations de se rendre compte des divergences de vues qui existent entre pays développés et pays en développement sur les questions les plus urgentes de l’agenda économico-financier mondial: crise économique et financière, réforme de l’architecture financière internationale et lutte contre les changements climatiques.
« Le Sommet du G-20, qui s’est tenu il y a deux semaines à Pittsburgh, a permis d’aboutir à des résultats positifs », a estimé le représentant des États-Unis. Il a, à cet égard, cité l’adoption des mesures de soutien aux programmes nationaux de relance et de celles visant à réformer les règlementations financières internationales et nationales, ainsi que l’établissement de l’accord qui prévoient que les pays abandonnent progressivement les subventions versées à l’industrie des énergies fossiles et aux consommateurs.
Mais plusieurs délégations, dont celles de la Malaisie et de l’Iran, ont exprimé des points de vue très divergents de celui de la délégation américaine. Comme l’a expliqué le représentant du Sénégal, « l’ampleur des capitaux mobilisés au lendemain de la crise financière –par les pays riches- montre que les ressources existent, mais qu’elles ne sont pas à la portée des pays qui en ont vraiment besoin ».
« Et ce n’est pas pour fuir nos responsabilités que de l’affirmer, puisque nos pays ont, pour la plupart, dans la limite de leurs moyens, engagé des actions pour limiter les effets de la crise », a-t-il ajouté. Ainsi, le Gouvernement sénégalais a, entre 2006 et 2008, mobilisé près de 800 millions de dollars sous forme de subventions pour contenir la hausse des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires et vient de lancer la « Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance », qui est proche de permettre au Sénégal de réaliser l’autosuffisance nationale en riz et en céréales, a ajouté le représentant.
S’exprimant au nom du Groupe de Rio, le représentant du Mexique a souligné les bienfaits de la coopération Sud-Sud, affirmant qu’elle avait joué en Amérique latine un rôle significatif dans les domaines de la justice sociale, de l’élimination de la pauvreté, du recul de l’analphabétisme, du développement technologique et de la consolidation d’une matrice énergétique efficace. Ce point de vue a été repris par de nombreux orateurs, dont celui du Venezuela, qui a rappelé que le programme Petrocaribe permettait à 15 pays de la région d’acheter auprès du Venezuela des hydrocarbures à des tarifs préférentiels.
Le représentant du Viet Nam a, pour sa part, indiqué que les mesures prises par son gouvernement avaient permis d’assurer à son pays une croissance économique de 5% au cours des trois premiers trimestres de l’année 2009. Cependant, a-t-il prévenu comme tant d’autres, le Viet Nam a encore besoin de l’aide et de l’assistance internationales pour faire face à divers enjeux de son développement.
La réussite de la relance passera sans doute par une meilleure intégration des pays en développement aux processus de prise de décisions au sein des institutions de gouvernance économique internationale, ont relevé de nombreuses délégations. Celle de la Jamahiriya arabe libyenne a estimé que le système économique et financier mondial actuel, « vieux de 60 ans », n’était « ni juste, ni équitable », et il a regretté que l’Union africaine n’ait pas été invitée au dernier Sommet du G-20, contrairement à l’Union européenne.
Partageant ces soucis, le représentant de l’Algérie a appelé de ses vœux l’instauration d’un système monétaire et financier international « multilatéral, inclusif, transparent, régulé et en faveur du développement ».
Prenant la parole en fin de journée, la Représentante spéciale des Nations Unies et Directrice de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a fait observer qu’en dépit de la reprise des marchés financiers, les revenus et le secteur de l’emploi étaient toujours marqués par la crise.
Elle a ainsi évoqué de nouvelles statistiques, qui estiment à entre 39 et 61 millions le nombre de chômeurs supplémentaires en 2009. Ce qui, a-t-elle révélé, porterait le nombre total de chômeurs dans le monde à un niveau « jamais atteint par le passé ». Le nombre des sans-emploi variera entre 219 et 241 millions de personnes, a-t-elle prévenu.
La Deuxième Commission conclura son débat général demain, mercredi, 7 octobre, à partir de 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL (SUITE)
S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. CLAUDE HELLER (Mexique) a déclaré que les États membres de ce Groupe accordaient leur confiance au Groupe de travail à composition non limitée établi par l'Assemblée générale pour assurer le suivi des questions examinées dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière et son impact sur le développement. Le Groupe de Rio continue de penser que le commerce et l’investissement représentent les moteurs du développement, a affirmé le représentant mexicain, qui s’est dit préoccupé par les conséquences que risque d’avoir sur les pays en développement une résurgence du protectionnisme dans les pays développés. À cet égard, M. Heller a lancé un nouvel appel pour que s’achève de manière satisfaisante le Cycle de négociations commerciales de Doha, exhortant les pays développés à abandonner les pratiques telles que les subventions agricoles, qui provoquent des distorsions dans le commerce international et découragent l’investissement des pays en développement dans leur propre secteur agricole. Le représentant a aussi réitéré son appel pour que soit mis fin aux mesures économiques coercitives unilatérales qui ne sont pas autorisées par les organisations internationales et sont incompatibles avec les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies.
Il serait également souhaitable que les dépenses militaires exponentielles soient réorientées vers les investissements commerciaux, a dit M. Heller. Attirant l’attention de la Commission sur les pays de la région du Mexique, il a rappelé l’impact qu’y ont les crises actuelles, y compris celui des changements climatiques sur le développement des pays sans littoral, ainsi que sur Haïti, qui au sein du Groupe de Rio est le seul pays à faire partie de la catégorie des pays les moins avancés. Réitérant les principes de la coopération Sud-Sud, le représentant du Mexique a souligné le rôle qu’elle a joué en Amérique latine dans les domaines de la justice sociale, de l’élimination de la pauvreté, du recul de l’analphabétisme, du développement technologique et de la consolidation d’une matrice énergétique efficace. M. Heller a déclaré qu’il était indispensable de veiller à ce qu’aient lieu des transferts de technologie appropriée en faveur des pays en développement pour leur permettre d’assumer leur propre développement durable. Il faut également assurer une complémentarité et une coordination plus importantes au sein des organisations internationales et régionales, a-t-il ajouté, en mobilisant davantage de ressources, mais aussi en évitant les doubles emplois, a-t-il poursuivi. Il a en conclusion souligné la volonté du Groupe de Rio à privilégier le dialogue et la concertation avec tous les acteurs concernés afin d’identifier les domaines d’intérêt commun susceptibles de faire avancer les négociations sur toutes les questions relevant du mandat de la Deuxième Commission.
Mme MARLENE MOSES (Nauru), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement du Pacifique (PSIDS), a noté que les récents tremblements de terre ayant touché les Samoa américaines et Tonga mettent en lumière, à nouveau, la vulnérabilité des petits États insulaires du Pacifique. Elle a regretté la difficile mise en œuvre de diverses initiatives internationales, dont le Consensus de Monterrey, le Plan d’action de la Barbade ou les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La réalisation de ces initiatives requiert, a souligné Mme Moses, une plus grande présence des Nations Unies dans la région du Pacifique. De même, a-t-elle ajouté, il est nécessaire que la communauté internationale respecte ses engagements en matière d’aide publique au développement (APD). Pour Mme Moses, le monde a besoin d’une réforme de l’architecture économique internationale. Abordant l’enjeu des changements climatiques, la représentante de Nauru a rappelé le caractère critique de cet enjeu pour sa région et s’est félicitée qu’un consensus se soit fait sur l’urgence du règlement de cette question. Mais, a-t-elle ajouté, « nous avons besoin d’actions et non plus de paroles ». Elle a en outre souhaité un accord lors du prochain Sommet de Copenhague et a espéré que celui-ci prévoit une aide pour les petits États insulaires en développement du Pacifique. Enfin, Mme Moses a lancé un appel aux Nations Unies ainsi qu’aux pays donateurs afin qu’ils soutiennent les efforts de développement en cours dans la région du Pacifique.
M. EDUARDO GALVEZ (Chili) a déclaré qu’il était difficile de passer sous silence la gravité de la crise économique et financière et son impact sur le développement. Comme le représentant du Mexique avant lui ce matin, il a estimé que le système des Nations Unies devait continuer d’assurer le suivi de cette question par l’intermédiaire du Groupe de travail à composition non limitée de l'Assemblée générale. De ce point de vue, le représentant chilien a estimé que la Deuxième Commission pouvait apporter une contribution importante aux préparatifs de la manifestation de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui se tiendra l’an prochain à la veille du débat général de l’Assemblée. Pour cela, il faudra une coordination renforcée avec toutes les entités concernées pour éviter les doubles emplois susceptibles d’entraver une action commune, a préconisé M. Galvez. Sur le plan de la sécurité alimentaire, le Chili a appuyé la tenue du Sommet qui se tiendra à Rome du 16 au 18 novembre prochain, à l’initiative de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et a également soutenu le renforcement des investissements agricoles. S’agissant des évènements parallèles prévus par la Deuxième Commission, il serait bon d’éviter de surcharger l’ordre du jour de la Commission avec des questions inutiles et de choisir des panélistes sur la base d’une représentation géographique équitable, a suggéré M. Galvez.
M. BUI THE GIANG (Viet Nam) a rappelé que le contexte actuel, marqué par des crises qui affectent le plus sévèrement les pays en développement, nécessite la coopération de tous les pays. M. Bui The Giang a estimé que les Nations Unies constituent le lieu par excellence de cette coopération. Il a appelé les pays riches à respecter leurs engagements en matière d’assistance internationale et les pays en développement à réaliser des progrès en matière de bonne gouvernance et de performances économiques et financières. Le représentant du Viet Nam a en outre évoqué les efforts déployés par son pays en vue de faire face aux impacts négatifs de la crise économique et financière mondiale qui a particulièrement affecté sa balance commerciale. Il s’est félicité de ce que les mesures prises par le Gouvernement du Viet Nam aient permis d’assurer une croissance économique de 5% au pays au cours des neuf premiers mois de l’année. Cependant, a-t-il conclu, le Viet Nam a encore besoin de l’aide et de l’assistance internationales pour faire face à divers enjeux liés à son développement.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a exprimé la préoccupation de la Syrie devant la crise économique et financière, dont l’impact continue de se faire ressentir sur les populations les plus vulnérables. Pour y mettre fin, il faudrait notamment envisager une réforme véritable des institutions financières internationales, qui doivent veiller à instaurer en leur sein une meilleure représentativité des pays en développement et doivent mettre fin aux conditionnalités liées aux prêts dont ces mêmes pays ont besoin, a estimé le représentant. Dénonçant ensuite la politique israélienne, il a accusé Israël, la puissance occupante d’exploiter les ressources naturelles du Golan syrien occupé et de provoquer la destruction des terres agricoles de ce territoire. La Deuxième Commission ne devrait pas tenir pour négligeables les conséquences des crises multiples qui affectent les populations vivant sous l’occupation, ces conséquences étant d’autant plus graves que ces populations ne sont pas libres de réaliser leur propre développement durable, a souligné le représentant. Il a rappelé à la Deuxième Commission la nécessité de ne pas politiser l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de mettre en œuvre la résolution 62/184 qui appelle précisément à faciliter l’adhésion de tous les pays à l’OMC. Le représentant a enfin dénoncé l’application par certains États de mesures unilatérales contre d’autres pays, et il a cité à cet égard les mesures de sanctions unilatérales qu’ont prises les États-Unis à l’encontre de la Syrie en 2004.
M. ABDURRAHMAN MOHAMED SHALGHAM (Jamahiriya arabe libyenne) a noté que la reconnaissance du droit au développement doit se traduire par des mesures concrètes. Il a regretté l’insuffisance de l’assistance internationale aux pays en développement. Cette assistance est pourtant, a-t-il ajouté, un droit historique que la communauté internationale devrait reconnaître, les pays en développement ayant été victimes du colonialisme et de l’exploitation de leurs ressources par les pays qui sont aujourd’hui industrialisés et riches. Le représentant de la Libye s’est en outre félicité de l’inscription dans les débats de la Deuxième Commission des points de l’ordre du jour relatifs au développement agricole et à l’insécurité alimentaire. Il a relevé que, ces dernières décennies, les politiques relatives à la lutte contre l’insécurité alimentaire ayant eu peu de succès, il est important d’encourager l’investissement dans l’agriculture dans les pays en développement. Parallèlement, les pays riches devraient éliminer les subventions qu’ils versent à leurs produits agricoles, a-t-il ajouté. Toujours sur la question du développement agricole, le représentant de la Libye a évoqué les initiatives de son pays tant au niveau régional que national. Évoquant l’enjeu des changements climatiques, il a souligné l’appui de la Lybie aux conclusions du Sommet de Rio, tenu en 1992, qui indiquait que tous les pays ont sur cette question des « responsabilités communes, mais différenciées ». Il a appelé les pays riches à appuyer les pays en développement dans la lutte contre les changements climatiques. Il a enfin souhaité le succès de la Conférence de Copenhague en décembre. Revenant sur les effets de la crise actuelle, il a estimé qu’elle est le fait d’un système économique vieux de 60 ans et qui « n’est ni juste, ni équitable ». Il a regretté le caractère exclusif des institutions de gouvernance de l’économie internationale, au sein desquelles les pays en développement ne sont pas représentés. L’Union africaine aurait dû, a-t-il regretté, être invitée au dernier sommet du G-20, comme l’était l’Union européenne. Sur la question de l’immigration illégale, le représentant libyen a plaidé en faveur d’initiatives favorisant le développement des pays de départ des migrants.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a rappelé que, rien qu’en Afrique, ce sont près de 300 millions de personnes qui, chaque jour, souffrent de malnutrition et de faim chroniques. Le paradoxe de cette situation intenable, c’est que les solutions pour vaincre la faim dans le monde sont connues, mais que les moyens pour les mettre en œuvre font défaut, a-t-il jugé. En effet, l’ampleur des capitaux mobilisés au lendemain du déclenchement de la crise financière montre que les ressources existent, mais elles ne sont pas à la portée des pays où vivent ceux qui ont faim. « Et ce n’est pas pour fuir nos responsabilités que de l’affirmer, puisque nos pays ont pour la plupart, dans la limite de nos moyens respectifs, engagé les actions nécessaires pour limiter les effets de la crise », a affirmé M. Badji.
Ainsi, s’agissant du Sénégal, les mesures que le Gouvernement a prises entre 2006 et 2008 ont permis de mobiliser environ 800 millions de dollars sous forme de subventions directes et indirectes pour contenir la hausse des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires. En outre, a poursuivi le représentant, le Sénégal a lancé au mois d’avril 2008, la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA), qui a fait passer le taux d’autosuffisance en riz de 19% à 40% alors que la production céréalière a atteint 1,7 million de tonnes, soit 69% des besoins nationaux. La « révolution rurale » sénégalaise s’inscrit également dans l’optique de faire de l’agriculture un levier de promotion économique centré sur la syndicalisation des producteurs agricoles et la création de banques rurales. En outre, le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine, conçu dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), est une autre réponse envisagée par l’Afrique pour éradiquer la faim et l’insécurité alimentaire, réduire la pauvreté, et accroître les exportations, a précisé M. Badji.
Il reste évident que trouver des solutions nécessitera des ressources beaucoup plus importantes que les seules lignes budgétaires que leur consacrent les pays africains dans le cadre de leurs initiatives nationales et régionales, a relevé M. Badji. Évoquant les changements climatiques, le représentant a indiqué que, pour le Sénégal et l’Afrique, l’urgence d’une transition vers une économie mondiale plus sobre en émissions de carbone ne fait l’objet d’aucun doute. Pour sa part, l’Afrique s’est engagée dans diverses initiatives comme celle du projet continental de la Grande muraille verte, qui sera de 105 000 kilomètres carrés de large allant de Dakar à Djibouti et « constituera un véritable poumon vert au profit de la planète entière », a conclu le représentant.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a noté que la conjoncture actuelle demeure marquée par des contraintes structurelles dues notamment aux crises affectant les marchés des produits alimentaires et celle de la finance internationale. Ces crises, a-t-il poursuivi, ont davantage aggravé la crise persistante des changements climatiques. M. Benmehidi a relevé que la réalisation des objectifs internationaux de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), reste très mitigée dans nombre de pays en développement. Les crises alimentaire, financière et climatique réduisent considérablement l’accomplissement de progrès dans la réalisation des OMD, a-t-il ajouté. Il a lancé un appel afin que la réalisation des objectifs internationaux de développement reste une priorité des Nations Unies. Il a souhaité qu’en vue de sortir de la crise, un système monétaire et financier international « multilatéral, inclusif, transparent, régulé et en faveur du développement » devait être mis en place. Il s’est par ailleurs félicité des efforts déployés en vue de parvenir à un accord sur le climat lors de la prochaine Conférence de Copenhague. Il a dit que l’Algérie espérait voir se réaliser la signature d’un accord « équitable au bénéfice de la communauté internationale tout entière ». Cet accord, a-t-il poursuivi, doit exprimer sans ambiguïté les attentes de l’Afrique et des pays en développement en matière de financements et de transferts de technologie. M. Benmehidi a rappelé la position commune africaine qui considère que la lutte contre les changements climatiques et celle pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ne peuvent être traitées séparément. Tous ces efforts, a-t-il dit, doivent être liés à ceux menés dans la lutte contre la pauvreté. Évoquant l’enjeu de la sécurité alimentaire, M. Benmehidi a noté qu’il est crucial de réduire la pauvreté et d’éradiquer ses formes extrêmes. Il a espéré que la tenue à Rome du sommet de la FAO consacré à la sécurité alimentaire renforce l’engagement de la communauté à faire face à cet enjeu. « Cette réunion, a-t-il déclaré, sera l’occasion d’examiner la mise en place d’une gouvernance de la sécurité alimentaire plus cohérente et plus efficace aux niveaux national et international ».
M. WELLINGTON E. WEBB (États-Unis) a estimé que le principal défi auquel cette Commission faisait face était de forger un consensus sur toutes les questions qui figurent à son ordre du jour. S’agissant de la crise économique et financière, il a estimé qu’une action efficace et rapide de la part de plusieurs pays avait permis de stabiliser l’économie mondiale. Tout récemment, le Sommet du G-20 à Pittsburgh a permis d’aboutir à des résultats positifs, dont celui qui s’est traduit par la conclusion d’un accord pour soutenir les programmes nationaux de relance jusqu’au rétablissement de la croissance, a dit M. Webb. Le représentant a également cité l’adoption de mesures visant à réformer les règlementations financières internationales et nationales, et celle d’un accord en vue d’abandonner progressivement les subventions versées au secteur travaillant dans l’exploitation des énergies fossiles et aux consommateurs. Il a également évoqué les mesures à prendre pour réformer le système de la coopération et de la gouvernance économiques mondiales. Notre conviction, a poursuivi M. Webb, c’est que ces efforts ne pourront obtenir les effets escomptés qu’à condition qu’ils viennent appuyer ceux que déploie le système des Nations Unies. M. Webb s’est félicité qu’il y a quelques semaines, une décision historique ait été prise à l’Assemblée générale en faveur de l’émancipation des femmes et de l’égalité entre les sexes. La création d’une nouvelle entité des Nations Unies en charge de ces questions démontre un nouveau niveau de reconnaissance mondiale envers le rôle crucial que les femmes peuvent jouer dans le développement socioéconomique et la paix et la sécurité. Cet élan doit se maintenir à l’avenir en veillant à ce que cette perspective soit pleinement reflétée dans les résolutions de la Deuxième Commission, a souhaité le représentant des États-Unis, qui a également demandé qu’il en soit de même pour la lutte contre les changements climatiques, à l’approche de la Conférence de Copenhague.
M. ESHAGF AL HABIB (République islamique d’Iran), a noté l’habitude prise désormais, lors des débats de la Deuxième Commission, de débattre de crises diverses. Celles-ci, a-t-il relevé, affectent plus durement les pays pauvres alors qu’elles naissent dans les pays riches qui en sont responsables. Il a dès lors appelé la communauté internationale à assister les pays en développement, notamment en honorant, d’ici à 2015, l’engagement pris par les pays riches de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PNB) à l’aide publique au développement. Évoquant les retards enregistrés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. Al Habib a souhaité la mobilisation urgente des ressources nécessaires pour les atteindre. Le représentant de la République islamique d’Iran a en outre protesté contre « la tendance de certaines instances internationales exclusives, comme le G-20, à donner des ordres et faire la leçon au reste du monde ». Il a estimé que les Nations Unies sont le cadre indiqué pour débattre d’enjeux internationaux. Il s’est en outre félicité des avancées dans le dialogue Sud-Sud, qui est complémentaire de la relation Nord-Sud. M. Al Habib a par ailleurs souhaité la poursuite des réformes en cours à l’ONU. Abordant la question des changements climatiques, le représentant de l’Iran a estimé qu’elle se situe dans le cadre des débats sur le développement durable. Cependant, a-t-il précisé, « c’est aux pays riches de mener les autres dans la lutte contre les changements climatiques en raison de leurs responsabilités historiques ». Ils doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et soutenir les pays en développement dans leurs efforts en ce sens, a-t-il précisé. De plus, a-t-il déclaré, les questions de déforestation, de désertification et de menace contre la biodiversité doivent également mobiliser une attention comparable.
M. ELI BEN TURA (Israël) a déclaré que seule une action collective et concertée serait de nature à relever le défi des changements climatiques. Israël jouera sa partition dans le cadre des négociations qui auront lieu lors de la tenue de la Conférence de Copenhague, a-t-il assuré, en vue de parvenir à l’établissement d’un nouveau régime post-Kyoto qui prenne en compte les spécificités de chaque pays sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée. Évoquant ensuite la question de la crise économique et financière, le représentant a annoncé la tenue en Israël, en novembre prochain, d’une conférence visant à évaluer l’impact de cette crise sur les femmes, conférence organisée en coopération avec le Bureau de la Conseillère spéciale pour la problématique hommes-femmes et la promotion de la femme. S’agissant de la sécurité alimentaire, Eli Ben Tura a rappelé que la délégation israélienne avait l’an dernier coparrainé la résolution portant sur « la technologie agricole au service du développement ». Il a par ailleurs évoqué le travail que fait MASHAV, le centre pour la coopération internationale du Ministère des affaires étrangères d’Israël, qui continue de prêter assistance aux pays africains en s’alignant sur les principes du NEPAD.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a fait observer que les crises actuelles ont permis de remettre à l’ordre du jour le rôle central des Nations Unies. Il a souligné que l’Organisation peut contribuer à la marche de l’économie mondialisée en mettant notamment en place un mécanisme en vue de favoriser une croissance forte, viable et équilibrée. M. Ali a relevé qu’en dépit de la relance qui s’amorce, l’économie mondiale n’est pas sortie de la crise. Il faut donc s’attaquer, a-t-il expliqué, aux causes profondes de la crise, tant du côté de l’offre que de celui de la demande. Afin de prendre en compte les dimensions sociales et environnementales du développement, a-t-il poursuivi, il faut aller bien plus loin que ne l’a fait le G-20 lors de son dernier Sommet. Les Nations Unies, a-t-il noté, sont dotées des ressources et de l’expertise nécessaires. L’Organisation, a-t-il souhaité, devrait promouvoir la croissance économique mondiale comme un bien public mondial; elle devrait formuler un point de vue cohérent et concret, et utiliser sa capacité à prévoir les tendances de l’économie mondiale. Poursuivant son intervention en abordant la question de l’architecture économique mondiale, Hamidon Ali a en outre regretté la surreprésentation de l’Europe au sein du G-20, et a lancé un appel en faveur de la réforme des institutions économiques et financières internationales. « Efficacité et légitimité doivent aller de pair », a-t-il relevé. Le représentant de la Malaisie a enfin souhaité une collaboration plus renforcée entre le G-20, les Nations Unies et les organisations régionales.
M. LUBINDA AONGOLA (Zambie) a souligné que l’importance des défis actuels justifie l’assistance que la communauté internationale doit apporter aux pays en développement. Pour la Zambie, grand exportateur de cuivre, la crise a entraîné une baisse importante de revenus, a relevé M. Aongola. Le ralentissement économique qui a également touché d’autres secteurs, remet en cause la capacité du pays à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il ajouté. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, la Zambie a besoin d’aide internationale. Le représentant zambien s’est par ailleurs félicité du rôle central des Nations Unies dans le débat en cours sur l’enjeu des changements climatiques. Évoquant la prochaine Conférence de Copenhague sur les changements climatiques, qui aura lieu en décembre, M. Aongola a rappelé que son pays y souhaite la signature d’un accord contraignant, équitable, et prévoyant notamment un plan d’action ainsi qu’une importante assistance à sa mise en œuvre. Le représentant de la Zambie s’est enfin félicité de l’inscription à l’agenda de la Deuxième Commission de la question relative au développement agricole et à la sécurité alimentaire. Il a dit que sa délégation espérait que ceci permettra de renforcer les initiatives des Nations Unies dans ce domaine.
M. MESAID ALKULAIB (Koweït) a déclaré que sa délégation comptait mettre l’accent sur la recherche des moyens qui permettraient de faire face à la crise financière, en recherchant des solutions appropriées susceptibles d’empêcher qu’une telle situation ne se reproduise. Il a réaffirmé l’engagement du Koweït en faveur du Document final adopté lors de la Conférence de haut niveau sur la crise économique et financière et ses conséquences sur le développement, qui s’est tenue en juin dernier aux Nations Unies. Le Koweït, a-t-il dit, considère que la Conférence de Copenhague sera l’occasion de relever le défi des changements climatiques. À cet égard, a fait observer le représentant, mon gouvernement a versé 150 millions de dollars lors du Sommet de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEC), qui s’est tenu en Arabie saoudite, afin de financer des projets de recherche scientifique liés à la production énergétique.
M. ILEKA ATOKI (République démocratique du Congo) qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement des États d’Afrique Australe (SADC) a relevé qu’en dépit des effets des diverses crises que vit le monde en ce moment, les pays de la SADC poursuivent leur objectif central d’intégration régionale. Cependant, a-t-il poursuivi, les défis qui se posent à la région sont importants: la chute des exportations a négativement affecté la balance commerciale des pays de la région, et le déficit régional médian pourrait atteindre 11% en 2010, alors qu’il était de 3,7% en 2007. Pour M. Ileka Itoki, face aux diverses crises et à leurs conséquences, le monde a notamment besoin d’une action coordonnée à l’échelle internationale, mais aussi d’une réforme des institutions financières internationales. Sur la question des changements climatiques, le représentant de la République démocratique du Congo a exprimé le soutien de la SADC à la position commune africaine et au succès de la Conférence de Copenhague. Abordant l’enjeu des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements internationaux vis-à-vis des pays en développement en ce qui concerne leurs contributions à l’aide publique au développement. Il a en outre dit espérer une réforme des activités opérationnelles des Nations Unies en matière de développement, afin que celles-ci répondent mieux aux besoins des pays du Sud. M. Ileka Itoki a en outre souhaité que les financements de ces activités soient plus prévisibles. Enfin, tout en se félicitant des avancées dans le dialogue Sud-Sud, le représentant de la République démocratique du Congo a estimé que celui-ci ne saurait se substituer au dialogue Nord-Sud.
M. PABLO SOLÓN ROMERO (Bolivie) a estimé que ces dernières années, au lieu d’assister à un transfert des capitaux du Nord vers le Sud, c’est l’inverse qui s’est produit. Il a demandé que le Groupe de travail établi par l'Assemblée générale à l’issue de la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière et son impact sur le développement assure le suivi de cette question. Evoquant la situation des pays en développement sans littoral, le représentant a souligné l’impact particulier qu’avait la crise sur ces pays, dont la Bolivie fait partie. M. Romero a donc jugé nécessaire d’accorder un traitement préférentiel à ces pays à tous les niveaux, en particulier sur le plan de la facilitation du commerce, de la construction d’infrastructures, et de la levée de droits de douane. Il faut également faire progresser la coopération Sud-Sud en garantissant l’égalité entre tous les pays dans le cadre des négociations internationales, a-t-il préconisé. Evoquant pour finir les changements climatiques, il a rappelé que les être humains faisaient partie d’un système interdépendant composé de plantes, d’animaux, et d’écosystèmes. Il faut lancer un débat universel sur le droit à la « terre nourricière », a ajouté M. Romero, pour qui ce concept devrait être consacré comme idéal commun de l’humanité.
Mme SANSANEE SAHUSSARUNGSI (Thaïlande) s’est félicitée de la tenue, dans le cadre des Nations Unies, d’évènements relatifs aux changements climatiques et à la protection des forêts, notamment. Ces initiatives, a-t-elle noté, donnent une importance particulière aux travaux de la Deuxième Commission. Face aux crises de l’heure, elle a appelé à une action collective et coordonnée. Mme Sahussarungsi a exprimé le soutien de son pays au renforcement de la coopération régionale et de l’architecture financière internationale. A titre d’exemple de coopération financière réussie, la représentante de la Thaïlande a évoqué l’exemple de l’Initiative de Chang Maï, mise en place au lendemain de la crise asiatique de 1997. Face à la crise, « nous devons résister à la tentative du protectionnisme. Il faut davantage libéraliser » a-t-elle ajouté. Évoquant la Conférence de Copenhague de décembre prochain, consacrée aux changements climatiques, M. Sahussarungsi, a relevé que le chemin de Copenhague passe par Bangkok. « J’espère qu’à Bangkok nous verrons la volonté politique qui rendra possible un accord à Copenhague », a-t-elle précisé. Face au risque que certains pays ne réalisent pas les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à l’horizon 2015, la représentante de la Thaïlande a lancé un appel à soutenir les efforts de ces pays. Elle s’est par ailleurs félicitée des progrès de la coopération Sud-Sud, tout en souhaitant qu’elle se fasse parallèlement au dialogue Nord-Sud.
M. JORGE VALERO (Venezuela) a déclaré que le monde était en proie à une crise du capitalisme. Pour en sortir, il faut changer de paradigme civilisationnel, et nous sommes loin de nous en approcher, comme en témoignent les « pansements » que les pays développés appliquent sur des plaies profondes, a-t-il dit. Jusqu’à présent, les mesures fiscales adoptées ont surtout profité aux pays du Nord, tandis que ceux du Sud continuent de se débattre dans la pauvreté. Le représentant a ensuite affirmé qu’il était nécessaire de rompre le monopole du crédit avec conditionnalités, imposé par les mêmes pays développés au sein des institutions financières internationales, et de mettre fin au dollar comme monnaie de réserve. Nous sommes en faveur de la transformation de ces mêmes institutions, a poursuivi le représentant du Venezuela, qui a affirmé qu’il travaillerait en coopération étroite avec le Groupe de travail et de suivi établi par l'Assemblée générale. La coopération Sud-Sud représente une voie interdépendante qui trouve une illustration parfaite dans PÉTROCARIBE, qui est une association de 15 pays d’Amérique latine qui achètent au Venezuela du pétrole à des conditions préférentielles, a-t-il souligné.
M. KHALID ABDULLAH KRAYYEM SHAWABKAH (Jordanie) a noté que les crises actuelles appellent une action de la part de tous les acteurs. Rappelant que la crise économique et financière actuelle est la plus grave qu’ait connue le monde depuis les années 1930, le représentant de la Jordanie a relevé que cette crise met en danger la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Face à la crise, les actions des institutions financières internationales, notamment sont un pas dans la bonne direction, a-t-il poursuivi. Il a cependant lancé un appel aux pays développés afin qu’ils respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement. La lutte contre les changements climatiques, a-t-il indiqué, exige l’accélération des efforts internationaux. Il a appelé à la création d’un fonds destiné à aider les pays en développement à contribuer à ce combat. Le représentant de la Jordanie a exprimé l’espoir que la Conférence de Copenhague, prévue en décembre prochain soit un succès.
M. SIRODJIDIN ASLOV (Tadjikistan) a déclaré que, pour surmonter les conséquences de la crise économique et financière, il fallait renforcer le potentiel des pays et créer des conditions équitables pour le commerce international. Il a ensuite espéré que lors du Sommet de Rome sur la sécurité alimentaire, organisé par la FAO, il serait possible de mettre au point des mesures pratiques afin de développer l’agriculture dans les zones les plus défavorisées et de réaliser le droit à l’alimentation. Au niveau national, le Tadjikistan a adopté une Stratégie de réduction de la pauvreté pour les années 2007-2009 et développé un système éducatif pour la décennie 2005-2015, tous deux alignés sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a dit M. Aslov. Il a appuyé la tenue en décembre de la Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud, qui est un mécanisme important pour assurer une croissance économique durable et relancer le processus de réalisation des OMD. Enfin, face à la gravité des changements climatiques, des mesures collectives s’imposent, et de ce point de vue, le Tadjikistan a formé le vœu que la Conférence de Copenhague soit couronnée de succès, a dit le représentant.
M. ESAYAS GOTTA (Éthiopie) a noté qu’à cause de la plus grave crise économique et financière qu’ait connue le monde depuis la Deuxième Guerre mondiale, après cinq années consécutives de croissance de son PNB, de l’ordre de 5 à 6%, l’Afrique connaîtra un net ralentissement économique; le taux de croissance moyen des pays du continent revenant à environ 1% en 2009. M. Gotta a fait remarquer que divers secteurs économiques ont été affectés, alors qu’au même moment, l’assistance internationale connaît une baisse. Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à venir en aide au continent africain. Selon le représentant de l’Éthiopie, cette aide devrait se faire, en premier, par l’aide à la mise en place de politiques nouvelles, suite à l’échec des politiques néolibérales qui avaient été imposées aux pays du continent. De plus, a-t-il ajouté, l’assistance au développement doit être accrue. Face aux changements climatiques, a encore relevé le représentant de l’Éthiopie, le continent a plus que jamais besoin de l’aide internationale. L’Afrique, a-t-il dit, sera présente à la prochaine Conférence de Copenhague dont elle souhaite la réussite. Abordant la situation qui règne dans son pays, M. Gotta a fait état des changements institutionnels qu’il a connus, ainsi que des diverses réformes économiques mises en œuvre depuis 1991. Il s’est enfin félicité de l’assistance apportée à son pays par la communauté internationale.
M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a affirmé qu’un échec à conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha serait sans aucun doute un revers majeur pour le système multilatéral international, et ses premières victimes en seraient les pays en développement, et en particulier les pays les moins avancés (PMA), auquel le Bangladesh appartient. Rappelant que les pays développés devaient respecter leur engagement à porter leur aide publique au développement (APD) à hauteur de 0,7% de leur produit intérieur brut, le représentant s’est félicité de l’appel lancé récemment en ce sens par le Premier Ministre britannique Gordon Brown. M. Momen a ensuite indiqué que la dette des PMA devrait être immédiatement effacée en raison du fardeau qu’elle représente pour leurs perspectives de développement. Évoquant ensuite les changements climatiques, il a estimé que son pays était « la pire victime » de ce phénomène. Il a enfin réitéré la nécessité absolue de parvenir, à Copenhague, à la conclusion d’un accord ambitieux et juridiquement contraignant qui tienne compte des besoins spécifiques d’adaptation et d’atténuation des pays comme le sien.
M. THAN SWE (Myanmar) a fait remarquer que face à la crise économique actuelle, les populations des pays pauvres sont les plus durement touchées, ce qui remet en question la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les pays développés doivent dès lors, a-t-il ajouté, venir en aide aux pays en développement, en respectant notamment leurs engagements internationaux relatifs à l’aide publique au développement. Face aux conséquences des changements climatiques, qui une fois encore ont des conséquences plus graves dans les pays en développement, M. Than Swe a souligné que la réponse à apporter à ce défi, lors de la Conférence de Copenhague, doit se fonder sur le principe des « responsabilités communes mais différenciées ». Le représentant du Myanmar a précisé que c’est sur cette base que les pays riches doivent soutenir les efforts des pays en développement. M. Than Swe a enfin évoqué les initiatives lancées par le Myanmar dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et la déforestation.
M. VLADIMIR GERUS (Bélarus) a déclaré que le principal aspect positif de la crise avait été le renoncement au paradigme du marché qui s’autorégule, dominant depuis les années 1970. Il a estimé que les mesures « efficaces » prises jusqu’à présent allaient dans le sens d’une réforme de l’architecture financière internationale. Les Nations Unies peuvent quant à elles jouer un rôle de chef de file dans la mise en place de partenariats et d’une coopération entre États Membres en vue de redéfinir le cadre et les règles du commerce international, a poursuivi M. Gerus. S’agissant des changements climatiques, le risque est grand, a-t-il déclaré, que d’ici à 2050, la hausse en besoins énergétiques entraîne une augmentation de la température du globe de l’ordre de 6°C. C’est la raison pour laquelle il devient nécessaire de réfléchir de toute urgence à des sources d’énergie renouvelables dont l’usage aura un impact minimal sur l’environnement, a préconisé le représentant. D’ici à 2030, la demande globale d’énergie dans les pays non membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques(OCDE) augmentera de 73%, a-t-il insisté, et c’est avec ces chiffres à l’esprit, que le Bélarus a proposé de créer un mécanisme mondial pour faciliter le développement des énergies renouvelables. Certaines propositions ont déjà été faites dans ce cadre et présentées lors du débat général de l’Assemblée, s’est félicité le représentant en conclusion.
M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a relevé qu’à cause des crises auxquelles le monde fait face, les progrès enregistrés dans le cadre de la réalisation des OMD sont remis en cause, sur le continent africain notamment. Il a regretté que les engagements pris vis-à-vis de l’Afrique, en matière d’aide publique au développement, n’aient pas été honorés. Évoquant l’impasse dans lequel sont les pourparlers du Cycle de négociations commerciales de Doha, le représentant du Ghana a estimé que, faute de parvenir à un accord facilitant l’accès des produits agricoles africains aux marchés internationaux, « Doha n’aura pas de sens pour les pays africains ». Il a regretté le fait que ces négociations achoppent sur la question des subventions versées par les pays du Nord à leurs secteurs agricoles notamment. « Il faut de la volonté politique et un intérêt partagé pour parvenir à un accord », a-t-il ajouté. Abordant la Conférence de Copenhague prévue en décembre prochain, le représentant du Ghana a estimé que pour le continent africain, les efforts en vue de combattre les changements climatiques sont liés à ceux destinés à favoriser le développement. Il a souhaité, par conséquent, le succès de Copenhague et la signature d’un accord sur le climat qui prenne en compte les préoccupations du continent. Enfin, le représentant du Ghana a plaidé en faveur d’un soutien plus important au système des Nations Unies, afin que l’Organisation contribue aux efforts de développement.
Mme JOY OGWU (Nigeria) s’est réjouie des perspectives de relèvement économique qui se font jour dans certaines régions du monde, mais s’est dite préoccupée par les difficultés qui se posent à tant d’autres pays. Dans ce contexte, elle a appelé à la mise en œuvre des recommandations du Document final de la Conférence des Nations Unies sur la crise financière et économique et son impact sur le développement. Non seulement cette Déclaration propose des mesures pour faire face aux causes profondes de la crise, mais elle constitue une feuille de route pertinente pour entreprendre la réforme de l’architecture financière internationale, a souligné Mme Ogwu. Un des défis majeurs auxquels est confronté le Nigéria, a-t-elle ensuite expliqué, est celui du développement des technologies propres pour l’usage des combustibles fossiles. Son Gouvernement œuvre à la fois la diversification du bouquet énergétique et à la sécurité alimentaire du Nigéria, a-t-elle assuré. Elle a enfin formé l’espoir que l’élan donné à la lutte contre les changements climatiques lors du sommet onusien du 22 septembre dernier permette d’aboutir à un accord vigoureux à Copenhague.
M. SAID MOHAMED OUSSEIN (Comores), a noté que cette session de la Deuxième Commission s’ouvre dans un monde marqué par diverses crises dont sont particulièrement victimes les populations d’Afrique. Abordant la question de la crise alimentaire, il a tout d’abord rappelé qu’elle pourrait « jeter 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté, dont 10% seront des enfants », avant de faire état des efforts déployés par son pays pour faire face à la menace. Ces initiatives, a-t-il cependant précisé, ne peuvent suffire. « La communauté internationale doit nous venir en aide », a-t-il ajouté. Le représentant des Comores a, en outre, plaidé en faveur d’un accès facilité aux marchés internationaux pour les produits agricoles africains. « La crise financière actuelle a montré la faillite des institutions de Bretton Woods », a-t-il ajouté, avant d’appeler à une « réforme en profondeur » du système financier international. Au chapitre de l’aide au continent africain, il a appelé les pays riches à respecter les engagements en matière d’aide publique au développement. Abordant enfin la question des changements climatiques, le représentant des Comores a rappelé que d’ici à 2020, par leur faute, la production agricole pourrait être réduite de plus de 50%. Or, a-t-il noté, ce sont les pays du Nord qui sont les principaux responsables de ces changements, ils doivent par conséquent apporter un « appui conséquent aux pays en développement », a-t-il estimé. C’est sur cette base notamment, a-t-il conclu, qu’un « bon accord » devrait être conclu à Copenhague.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) a expliqué que dans son pays, la crise économique et financière s’était traduite par un déclin des performances économiques et des revenus à l’exportation, et par la chute du taux de fréquentation touristique et du montant des envois de fonds des Kényens vivant à l’étranger. « Tout en reconnaissant les efforts déployés par le G-20 pour endiguer cette crise, des actions supplémentaires sont indispensables pour lutter contre ses effets néfastes et veiller à ce qu’une telle situation ne se reproduise pas », a estimé le représentant. Selon lui, la solution à apporter à long terme à l’insécurité alimentaire actuelle est de renforcer les capacités de chaque pays à réaliser son autosuffisance. C’est d’autant plus vrai pour des pays ayant subi une sécheresse, comme celle qu’endure le Kenya depuis trois ans, et qui représente une menace pour 10 millions de ses habitants, a souligné M. Muburi-Muita. Évoquant les changements climatiques, il a tout particulièrement attiré l’attention sur les problèmes de la désertification et de la dégradation des terres, « d’où la nécessité de renforcer le pilier du développement durable au sein du système des Nations Unies et au-delà », a-t-il préconisé.
M. NURBEK JEEBAEV (Kirghizistan) s’est félicité de ce que, par le passé, l’écosystème sensible de son pays avait justifié le vote d’une résolution de l’Assemblée générale recommandant qu’une assistance internationale lui soit fournie, face aux défis des changements climatiques. Il a ajouté que le Kirghizistan accorde la plus haute importance aux enjeux posés par ce phénomène. Évoquant la question de la crise économique et financière, le représentant du Kirghizistan a indiqué que « la communauté internationale peut et doit relever le défi de la crise économique et financière ». Abordant enfin la situation régionale en Asie centrale, M. Jeebaev a exprimé l’engagement du Kirghizistan en faveur du soutien au redressement de l’Afghanistan. Il a lancé un appel à tous les pays voisins pour qu’ils s’engagent, en fonction de leurs ressources, sur la même voie.
Mme JANE STEWART, Représentante spéciale des Nations Unies et Directrice de l’Organisation internationale du Travail, a fait remarquer qu’en dépit de la reprise sur les marchés financiers, les revenus et l’emploi sont toujours marqués par la crise. L’augmentation du chômage dans le monde, a-t-elle poursuivi, pourrait toucher de 39 à 61 millions de personnes en 2009. Ce qui, a révélé Mme Stewart, mènerait le monde à des chiffres historiques, jamais atteints par le passé, variant entre 219 et 241 millions de personnes sans emploi contraintes au chômage. Mme Stewart s’est, cependant, félicitée de la signature en juin 2008 du Pacte mondial pour l’emploi entre les gouvernements, les associations d’employeurs et les organisations regroupant des employés de 183 pays. Néanmoins, a-t-elle averti, la mise en œuvre de ce pacte ne peut être du seul ressort de l’OIT. Elle a lancé un appel aux gouvernements et au système des Nations Unies afin qu’ils favorisent la mise en œuvre des termes du Pacte. La Directrice de l’OIT s’est félicitée de ce que la Deuxième Commission se penche sur l’enjeu de la protection sociale à l’échelle mondiale, en particulier dans le contexte actuel de crises. Les changements climatiques et la crise de l’emploi doivent être abordés conjointement, a par ailleurs déclaré Mme Stewart. Dans ce sens, elle a évoqué l’initiative des emplois verts, lancée par l’OIT.
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