AG/DSI/3397

La Première Commission débat du désarmement régional comme facteur de promotion de la confiance et de la sécurité internationale

22/10/2009
Assemblée généraleAG/DSI/3397
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

17 séance – matin


LA PREMIÈRE COMMISSION DÉBAT DU DÉSARMEMENT RÉGIONAL COMME FACTEUR DE PROMOTION DE LA CONFIANCE ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Les délégations de la Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) ont examiné ce matin le point de l’ordre du jour de la Commission intitulé « Désarmement régional et sécurité internationale ».  Plusieurs délégations ont mis l’accent au cours de ce débat sur l’importance des mesures de confiance au niveau régional.  La Commission a également entendu les délégations de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie s’exprimer sur le contentieux qui oppose leurs pays au sujet du Haut-Karabagh, et les délégations de la Fédération de Russie et de la Géorgie qui ont eu un échange assez vif au sujet de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.  Ces quatre délégations ont, malgré leurs positions totalement divergentes, estimé que les conflits dont elles ont parlé avaient éclaté et persistaient en raison du non-respect et du caractère obsolète d’instruments régionaux de désarmement.


Le représentant de l’Azerbaïdjan s’est inquiété de l’occupation, depuis près de 20 ans, du territoire du Haut-Karabagh par l’Arménie.  Si la délégation azérie a accusé l’Arménie de renforcer ses capacités militaires dans le Haut-Karabagh, celle de l’Arménie s’est, pour sa part, inquiétée du lancement d’une course aux armements dans le Sud-Caucase, en estimant que l’Azerbaïdjan ne respectait pas les traités internationaux limitant les quantités d’armes conventionnelles et de troupes dans la région, dont le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (traité FCE). 


Le représentant de la Fédération de Russie a lancé un appel en faveur de la création d’un nouveau régime de contrôle régional sur les armes classiques en Europe en estimant que le traité FCE qui, à l’origine, reposait sur le principe de l’équilibre des forces entre le Pacte de Varsovie, qui n’existe plus, et le Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dont la composition a été élargie, était aujourd’hui obsolète.  Il a par conséquent demandé la création d’un nouveau régime de contrôle régional sur les armes classiques qui soit basé sur de nouvelles règles du jeu, plus claires et plus effectives en ce qui concerne les équilibres militaires sur le continent européen.  Ce nouveau régime de contrôle des forces et des armements sur le théâtre européen doit être conçu et appliqué au nom du respect du principe de l’indivisibilité de la sécurité sur l’espace euroatlantique, a estimé le représentant. 


« Les mesures de renforcement de la confiance sont essentielles pour créer des conditions favorables, mais elles ne sont pas une fin en soi » a, de son côté, déclaré le représentant du Pakistan dont le pays a soumis plusieurs projets de résolution reconnaissant l’importance des approches régionales en matière de désarmement et la complémentarité entre les approches régionales et mondiales. 


La Commission a en outre entendu le représentant du Gabon présenter un projet de résolution sur les « Activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale »* qui réaffirme le rôle que joue ce Comité dans les actions de consolidation de la confiance en Afrique centrale et souligne l’importance des programmes de désarmement et de limitation des armements en cette région.  Le représentant du Népal a présenté un projet de résolution intitulé « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique »** qui réaffirme le rôle central du Centre, une plate-forme de dialogue qui a ouvert ses portes le 18 août 2008, à Katmandou.  Enfin, le représentant de l’Algérie a présenté un projet de résolution intitulé « Promotion de la paix et de la sécurité dans la Méditerranée »*** qui appelle à des efforts de renforcement de la confiance et de la promotion de la transparence, ainsi que de lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale et le trafic de stupéfiants et des armes.


Les délégations de l’Égypte, des Émirats arabes unis et de l’Iraq ont estimé que les zones exemptes d’armes nucléaires représentaient un outil essentiel en matière de promotion de la confiance.  Elles ont déclaré que toute tentative de parvenir à une telle zone au Moyen-Orient devait être précédée par le désarmement nucléaire d’Israël et son adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaire (TNP). 


Sont intervenus ce matin en Première Commission les représentants des délégations suivantes: Malte, Pérou, Algérie, Népal, Émirats arabes unis, Égypte, Iraq, Arménie, Russie, Gabon, Pakistan, Cuba, Azerbaïdjan et Venezuela.  Les représentants de la Fédération de Russie et de la Géorgie ont exercé leur droit de réponse.  À également pris la parole le représentant du Centre régional sur les armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la corne de l’Afrique et les États limitrophes (RECSA). 


La Première Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi, 23 octobre, à 15 heures, pour aborder le point à son ordre du jour intitulé « Mécanismes de désarmement ».


*     contenu au document L.27

**    contenu au document L.45

***   contenu au document L.49


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS SOUMIS AU TITRE DES POINTS 86 À 103 DE L’ORDRE DU JOUR DE LA PREMIÈRE COMMISSION


Débat thématique sur le désarmement régional et la sécurité internationale


M. CLAUDE BONELLO (Malte) a d’abord rappelé que son pays œuvrait en permanence au renforcement du dialogue entre pays méditerranéens.  Il a ensuite indiqué que le 14 octobre, la Commission européenne et la Ligue des États arabes avaient inauguré un bureau de liaison à Malte destiné à servir de plate-forme d’engagement et de dialogue entre les deux organisations.  M. Bonello a également souligné le rôle de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM), établie en 2006, et qui rassemble 26 pays du bassin méditerranéen.  Cette Assemblée est aussi une plate-forme de dialogue permettant d’échanger des points de vue sur des questions centrales telles que la lutte contre le crime organisé et le terrorisme ou encore la gestion du commerce maritime, a dit M. Bonello.  Le représentant de Malte a ensuite exposé les deux préoccupations principales de son pays à l’heure actuelle.  D’une part, il a cité le conflit israélo-palestinien.  Il a rappelé la position de Malte en faveur de la création de deux États, Israël et la Palestine, vivant en paix côte à côte.  Il a ensuite cité le problème de l’immigration clandestine.  M. Bonello a rappelé que les Forces de sécurité maltaises avaient porté secours à 2 775 clandestins en 2008, et à 1 475 depuis le début de l’année 2009.  Reprenant les déclarations du Premier ministre maltais devant l’Assemblée générale de l’ONU, il a estimé que les Nations Unies devraient se pencher sur cette question afin de trouver des solutions au problème humanitaire qu’elle pose. 


M. ALEXIS AQUINO ALBENGRIN (Pérou) a souligné l’importance de la promotion de mesures bilatérales et multilatérales afin de renforcer la confiance pour prévenir les conflits.  Il a dit que l’Amérique latine était pionnière dans la mise en œuvre de mesures de confiance, avec l’établissement, en juillet 2002, de la Zone de paix et de coopération en Amérique du Sud, comme zone interdisant l’utilisation ou la menace de l’utilisation de la force entre ses États Membres.  Il a regretté que la création de cette Zone de paix et de coopération n’ait pas réussi à empêcher que l’on continue à consacrer des sommes importantes aux dépenses militaires.  Il a souhaité le renforcement de la confiance mutuelle et de la coopération de la défense en Amérique du Sud, en demandant que les dépenses militaires soient conformes aux nécessités réelles de sécurité nationale, avec une information adéquate du grand public.  Dans un souci de renforcement de la confiance, il a exhorté les pays d’Amérique du sud à participer au système d’information sur les acquisitions d’armes classiques de l’Organisation des États américains (OEA), ainsi qu’au Registre des armes classiques des Nations Unies. 


M. MOHAMMED BELAOURA (Algérie) est intervenu pour présenter un projet de résolution intitulé « Promotion de la paix et la sécurité dans la Méditerranée ».  Ce projet de texte, déjà adopté lors de la soixante-troisième Assemblée générale, a connu quelques modifications reflétant des « ajustements techniques nécessaires ».  Un paragraphe supplémentaire a notamment été ajouté pour entériner l’entrée en vigueur, cette année, du traité de Pelindaba et de la Zone exempte d’armes nucléaires en Afrique.  Le projet de résolution reprend les initiatives lancées pour faire face aux tensions qui peuvent exister en Méditerranée.  Il se penche aussi sur les raisons de ces tensions et répertorie les efforts des États pour renforcer leur coopération.  L’Algérie a demandé à tous les pays qui ne l’avaient pas encore fait d’accéder aux instruments internationaux du désarmement et de la non-prolifération, a dit le représentant.  Elle les encourage aussi à adopter des mesures pour renforcer la confiance et promouvoir la transparence.  Le projet de résolution appelle également tous les États à concentrer leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, ainsi que contre le trafic des drogues et des armes.


M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) est intervenu pour présenter un projet de résolution soutenu par 19 États, publié sous la cote (L.45), et intitulé « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique ».  L’objectif de ce projet de résolution est de réaffirmer le rôle central de plate-forme de dialogue du Centre régional des Nations Unies qui a ouvert ses portes le 18 août 2008, à Katmandou.  Le Népal présente cette résolution car il souhaite réitérer son appui aux activités du Centre, en particulier dans la mise en œuvre continue du Processus de Katmandou, a dit M. Bahadur Rai.


M. KHALIFA ABDULRAHMAN ALMARZOUQI (Émirats arabes unis) a estimé que la détention de l’arme nucléaire par Israël était une cause de la persistance de tensions au Moyen-Orient.  Il a cité la référence que constitue la résolution du 18 septembre 2009 de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) concernant le potentiel nucléaire israélien.  Il a souhaité le développement d’une pression diplomatique et économique visant à pousser Israël à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à soumettre ses installations nucléaires aux vérifications de l’AIEA.  Il a rappelé que tous les pays détenteurs d’armes nucléaires, conformément aux principes de non-prolifération, devaient s’abstenir de tout soutien technique, financier ou scientifique à des États qui souhaitent acquérir l’arme nucléaire.  Il a rappelé l’importance du projet de zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et de la nécessité de prohiber dans la région tous les types d’armes de destruction massive. 


M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a rappelé que des activités nucléaires « ambiguës » se déroulaient au Moyen-Orient, sapant la stabilité et la paix dans la région, effritant la confiance entre États et provoquant une course aux armements.  L’Égypte présente donc deux projets de résolution sur ce problème, a-t-il dit.  Le premier, intitulé « Établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient » et publié sous la cote (L.3), contient les mêmes éléments que la résolution similaire adoptée par consensus par la soixante-troisième session de l’Assemblée générale.  Les quelques modifications que le projet comporte relèvent d’adaptations techniques.  « Le projet reprend les recettes pour une paix durable au Moyen-Orient et incarne la vision régionale et internationale sur l’avenir d’une région où les armes nucléaires n’ont pas de rôle à jouer », a rappelé le représentant.


Le second projet de résolution, intitulé « Risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient » et publié sous la cote (L.4), contient aussi les mêmes éléments que la résolution similaire adoptée par la soixante-troisième session de l’Assemblée générale.  Les quelques modifications que le projet comporte relèvent aussi d’adaptations techniques.  Soutenu par les 20 États de la Ligue des États arabes, le projet appelle Israël à ratifier le TNP et à soumettre ses installations nucléaires au contrôle de l’AIEA, afin de « rétablir l’équilibre dans une région où tous les États, à l’exception d’Israël, ont ratifié le TNP ».


Mme JWAN H. TAWFIQ KHIOKA (Iraq) a souligné l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires comme outil permettant de partager des valeurs de paix.  Toute tension dans la région du Moyen-Orient a des conséquences sur la paix et la sécurité internationales, a-t-elle dit, en rappelant que le conflit israélo-arabe était le plus long de l’histoire contemporaine.  Le Gouvernement de l’Iraq estime que toute tentative de parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient doit être précédée par un certain nombre de mesures dont, principalement, le désarmement nucléaire d’Israël et son adhésion au TNP, a ajouté la représentante.  Elle a dit que la réunion au sommet du Conseil de sécurité du 24 septembre 2009, les deux résolutions de l’AIEA sur le potentiel nucléaire israélien et le récent Accord américano-russe étaient le fruit d’une volonté forte et claire en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaires.  Elle a formé le vœu que la Conférence d’examen du TNP en 2010 sera l’occasion de poser une nouvelle brique dans l’édifice d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Elle a appelé à la destruction de toutes les armes de destruction massive présentes dans la région. 


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a rappelé que son pays accordait une importance particulière au désarmement, « pivot de la stabilité et de la paix dans le monde en général et dans le Caucase en particulier ».  C’est pour cette raison que l’Arménie met en œuvre les instruments internationaux du désarmement et de la non-prolifération, a-t-il ajouté.  L’Arménie appuie en particulier les efforts de l’ONU et des organisations régionales pour le contrôle des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Elle soutient fermement le Programme d’action de l’ONU pour prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite de ces armes.  Elle participe aussi aux mécanismes d’échange d’informations, notamment entre l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’ONU, ainsi qu’au Registre des armes classiques.


Mais l’Arménie regrette que ces instruments ne soient pas appliqués de la même manière par tous les États du Caucase et s’inquiète, en particulier, d’une course aux armements qui est en train de se dérouler dans le Sud-Caucase, menaçant directement la sécurité de la région, a poursuivi le représentant.  L’Arménie dénonce les violations des obligations des traités internationaux, notamment le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (CFE), par l’Azerbaïdjan, qui importe, depuis 2007, toutes sortes d’armes, en violation de tous les quotas fixés, a-t-il précisé.  « Ces faits sont visibles dans les mécanismes d’échange d’informations et dans le Registre des armes classiques de l’ONU, a-t-il conclu.


M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a rappelé que son pays a dû, au mois d’aout 2008, mettre fin à l’agression de la Géorgie contre l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.  Il a cité un rapport établi par une mission indépendante de l’Union européenne (UE) qui explique que c’est la politique de connivence de certains pays avec la Géorgie et la fourniture injustifiée d’armes à ce pays qui sont les principales causes de ce conflit.  Il a indiqué que le conflit a eu lieu parce que les mécanismes existants de sécurité régionale ont été ignorés ou n’ont pas été appliqués.  Le représentant a estimé que le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (traité FCE) datant des années 80 était désespérément obsolète, car il reposait sur le principe de l’équilibre des forces entre le Pacte de Varsovie qui n’existe plus, et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui a été élargi.  Il a appelé à la création d’un nouveau régime de contrôle régional sur les armes classiques en Europe, en précisant qu’il ne fallait pas compter sur des concessions russes en échange d’un examen de cette question.  Au nom du respect du principe de l’indivisibilité de la sécurité sur l’espace euroatlantique, il a exhorté tous les États et organisations actives sur le continent européen à parvenir à de nouvelles règles du jeu claires et effectives.  Il a espéré que la Première Commission parviendra à s’entendre sur des principes universellement reconnus en matière de coopération régionale et de sécurité. 


M. MICHEL RÉGIS ONANGA NDIAYE (Gabon) est intervenu pour présenter un projet de résolution portant sur le point 97 de l’ordre du jour de la Première Commission, consacré aux activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale.  M. Ndiaye est revenu sur les conclusions du rapport du Secrétaire général de juillet 2009 sur les mesures de confiance à l’échelon régional et intitulé « Activités du Comité consultatif permanent de l’ONU chargé des questions de sécurité en Afrique centrale ».  Il a souligné que le document rappelait, d’une part, les discussions des 11 États de l’Afrique centrale sur la situation géopolitique de la sous-région, et d’autre part, les importantes décisions prises pour renforcer la confiance et le dialogue interétatique.  Le projet de résolution présenté reprend quasiment, de manière identique, la résolution adoptée par consensus par la soixante-troisième Assemblée générale et prend en compte les recommandations de la vingt-huitième Réunion du Comité consultatif, tenue à Libreville au mois de mai 2009.  Il réaffirme notamment le rôle du Comité consultatif pour mener des actions de consolidation de la confiance en Afrique centrale, et souligne l’importance des programmes de désarmement et de limitation des armements en Afrique centrale.  M. Ndiaye a appelé les États à soutenir cette résolution afin qu’elle soit adoptée, comme les années précédentes, par consensus. 


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a déclaré qu’il incombait aux États militairement puissants de prendre l’initiative de promouvoir des mesures de confiance.  Il a estimé que l’équilibre des forces devait être l’objectif prioritaire des accords régionaux.  Les mesures de renforcement de la confiance sont essentielles pour créer des conditions favorables, mais elles ne sont pas une fin en soi, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi, le Pakistan a soumis plusieurs projets de résolution sur le désarmement régional qui reconnaissent l’importance des approches régionales en matière de désarmement et la complémentarité entre les approches régionales et mondiales.  C’est pour éviter que les mesures de réduction de risques ne se transforment en course aux armements que le Pakistan souhaite l’avènement d’un régime de « retenue stratégique » pour l’Asie du Sud, a encore insisté le représentant. 


Mme IVONNE SÁNCHEZ QUINTERO (Cuba) a affirmé que la totalité des pays d’Amérique latine avaient été victimes d’interventions et d’agressions politiques ou économiques, et a dénoncé l’intérêt renouvelé des États-Unis dans l’implantation de bases militaires dans la région.  Il s’agit d’une menace directe et injustifiable qui pèse sur la souveraineté et l’intégrité de nos peuples, a-t-elle dit, estimant que des bases étrangères n’ont jamais représenté, ni ne peuvent représenter, une contribution à la paix et à la sécurité des nations.  L’Histoire a démontré que ces bases ont servi à commettre des actes d’agression et de subversion contre nos pays et leurs voisins, a-t-elle poursuivi.  L’industrie des armements, la plus prospère du monde, sert les intérêts du système économique qui prétend s’imposer dans le monde, et les plus grandes avancées scientifiques et technologiques ont été mises à sa disposition, décuplant son pouvoir de destruction, a accusé Mme Sánchez Quintero.


La représentante a rappelé que les prétextes invoqués pour justifier l’implantation de bases militaires en Amérique latine incluaient la lutte contre le trafic de drogues, le terrorisme, le trafic d’armes, l’immigration clandestine ou encore les catastrophes naturelles. Pourtant, nous ne pouvons pas effacer l’Histoire, s’est-elle exclamée, ni occulter la menace et les conséquences néfastes qu’a sur notre région le développement de programmes d’expansion militaire au détriment de notre indépendance et de notre souveraineté.  Si l’on souhaite contribuer réellement à la paix et à la sécurité internationales, il faut fermer toutes les bases militaires étrangères en Amérique latine et dans les Caraïbes, a-t-elle donc estimé, y compris la base de Guantanamo, territoire cubain illégalement occupé contre la volonté du peuple de notre pays, a dit Mme Sánchez Quintero.


M. OGTAY ISMAYIL-ZADA (Azerbaïdjan) a rappelé que les conflits non résolus demeuraient la principale source de prolifération des armes illégales et du développement de la criminalité transnationale organisée.  Il a dit que le conflit non résolu depuis près de 20 ans entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie à propos du territoire du Haut-Karabagh était un exemple de menace à la paix et à la sécurité internationales.  Depuis l’agression de l’Arménie, a-t-il dit, un cinquième du territoire azéri est occupé, et un million d’azéris sont réfugiés ou déplacés.  Il a déclaré que l’Arménie renforçait ses positions militaires dans le Haut-Karabagh en y citant la présence de 316 tanks, 324 véhicules blindés de combat et 322 systèmes d’artillerie.  Il a estimé que cette situation ne menaçait pas seulement la sécurité de l’Azerbaïdjan, mais aussi le développement de toute la région. 


M. Ismayil-Zada a déclaré que les accusations infondées des dirigeants arméniens au sujet d’une prétendue course aux armements de l’Azerbaïdjan n’étaient que le fruit d’une « hystérie arménienne » en raison du développement rapide de l’Azerbaïdjan.  Il a précisé que les dépenses militaires azéries représentaient 3,26% du produit intérieur brut (PIB) de son pays, contre 3,86% en Arménie.  Il a déclaré que les insinuations arméniennes n’avaient d’autres buts que de divertir la communauté internationale sur les intentions arméniennes dans les territoires occupés et de gagner du temps.  Bien que nous soyons en état de guerre et que nos territoires soient occupés, l’Azerbaïdjan continue de remplir ses obligations au titre du traité FCE, a dit le représentant azéri.   Il a précisé que l’Azerbaïdjan avait éliminé ou détruit plus de 150 armes de ses stocks au cours des cinq dernières années dans le respect de l’Accord de Tashkent.


Mme LISETH ANCIDEY (Venezuela) a rappelé qu’un changement important était intervenu ces dernières années en Amérique latine, avec notamment la création du Groupe de Rio, un forum régional de concertation et de dialogue pour tous les pays du continent.  Elle a ensuite estimé que l’Amérique latine vivait « des moments révolutionnaires » au cours desquels les peuples retrouvaient leur dignité et une conscience collective émergeait.  Elle a souligné que le Venezuela avait initié la mise en place de mécanismes destinés à consolider le dialogue entre peuples et États du continent sud-américain.  Elle s’est félicitée également des avancées effectuées vers la naissance d’une Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), avec, en particulier, la création d’un Conseil de défense sud-américain.  « Ce Conseil participe à la construction d’une identité régionale en matière de défense et renforce le dialogue et les consultations », a-t-elle souligné.


Rappelant ensuite que le Venezuela apportait une attention « essentielle » à la stabilité et la sécurité régionales, la représentante du Venezuela a appelé au respect de la souveraineté des États et au refus des ingérences étrangères dans leurs affaires intérieures.  Elle a rappelé en particulier l’engagement des États de l’Amérique du Sud en faveur de la paix, leur engagement à refuser le conflit et leur décision de créer une zone exempte d’armes nucléaires sur le continent.  Elle a ensuite dénoncé l’installation de sept bases militaires américaines en Colombie, estimant que cela créait de fortes inquiétudes parmi les autres États de la région et en particulier « au Venezuela, qui se sent menacé ».


M. FRANCIS K. SANG, Centre régional sur les armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la corne de l’Afrique et les États limitrophes (RECSA), a présenté les efforts de ce Centre en faveur du désarmement et de la non-prolifération.  Il a souligné la pertinence du Protocole de Nairobi en matière de marquage et de traçage des armes.  Il a mis l’accent sur les mesures prises aux niveaux national et transfrontaliers en matière de lutte contre la prolifération des armes.  Grace au financement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a-t-il dit, le point focal du Burundi a pu promouvoir des programmes de désarmement et éviter la prolifération des ALPC grâce à une sensibilisation du grand public.  Au Kenya, le Président a publié une note sur le désarmement des civils en possession d’armes, a-t-il encore dit.  Il a également présenté les activités de sensibilisation organisées par le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) en matière de désarmement.  Il est nécessaire que la communauté internationale appuie les efforts de la Somalie en matière de désarmement en raison de l’existence de 60 000 miliciens dans ce pays, a-t-il recommandé.  Il a également présenté les efforts et difficultés que rencontrent le Soudan et l’Ouganda en matière de désarmement et la lutte contre la prolifération des armes dans la région.


Droits de réponse


Faisant usage de son droit de réponse, le représentant de la Géorgie a exhorté la délégation de la Fédération de Russie à « cesser de dénaturer les faits historiques » et d’honorer les obligations qui lui incombent en matière de sécurité et de coopération.  Il a rappelé que la Fédération de Russie « a agressé la Géorgie », et non le contraire, en estimant que l’agression russe est le résultat d’un processus de nettoyage ethnique préparé de longue date.  Il a estimé que le rapport de la mission indépendante de l’UE démontrait que la Fédération de Russie avait « violé le droit international en attaquant la Géorgie ».  Il a fustigé le « comportement irresponsable » et les « mesures disproportionnées employées par le voisin du nord en Géorgie ».  S’agissant de la proposition d’une nouvelle architecture européenne en matière de sécurité, il a précisé que la Géorgie avait participé aux négociations entamées à cet égard à Corfou, en Grèce, au début de l’année.  Néanmoins, a-t-il dit, « le problème subsistera tant que des pays ne respecteront pas leurs obligations ».


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la Fédération de Russie a d’abord demandé que soit respecté le règlement intérieur de la Première Commission.  Il a estimé que la séance consacrée au désarmement régional et à la sécurité internationale ayant été clôturée par le Président de la Commission, le représentant de la délégation Géorgienne ne pouvait plus, dès lors, exercer un droit de réponse sur ce sujet.


Il a ensuite indiqué que, pour répondre à la question de savoir qui était l’agresseur dans le conflit armé qui a opposé la Géorgie à la Fédération de Russie durant l’été 2008, il fallait se référer au rapport de la mission indépendante de l’Union européenne, dirigée par la diplomate suisse Heidi Tagliavini, sur les causes de la guerre.  Après avoir rappelé que ce rapport avait conclu que la Géorgie avait déclenché l’offensive militaire contre l’Ossétie du Sud, sans qu’il y ait eu une incursion préalable de la Fédération de Russie, le représentant a rejeté les déclarations du représentant de la Géorgie.  Pour conclure, il a demandé que le climat constructif qui a marqué le déroulement des débats de la Première Commission jusqu’à présent soit préservé.  Il a ensuite souhaité « un bon appétit et un bon déjeuner à toutes les délégations, y compris à celle de la Géorgie ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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