DEV/2747-ECO/150

La Conférence sur la crise mondiale réaffirme le rôle de chef de file de l’ONU en matière de développement et la nécessité de réformer les institutions de Bretton Woods

24/06/2009
Assemblée généraleDEV/2747
ECO/150
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conférence sur la crise                                   

financière et économique mondiale                          

1re et 2e séances plénières - Matin et après-midi


LA CONFÉRENCE SUR LA CRISE MONDIALE RÉAFFIRME LE RÔLE DE CHEF DE FILE DE L’ONU EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT

ET LA NÉCESSITÉ DE RÉFORMER LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS


Au premier jour de la Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement, les participants au débat général ont réaffirmé la nécessité d’apporter une réponse collective et coordonnée à ce que le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a qualifié de « crise la plus grave depuis la création de l’Organisation il y a 60 ans ». 


La décision de tenir la Conférence, dont les travaux dureront jusqu’au vendredi 26 juin et auxquels prendront part environ 150 délégations, avait été prise à l’issue de la Conférence internationale de Dohasur lefinancement du développement, organisée en décembre dernier.  C’est dans la capitale qatarienne que le Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Miguel d’Escoto Brockmann, avait comparé l’Assemblée à un « G-192 », qui, comparé au G-8 ou au G-20, est la véritable « enceinte démocratique mondiale ». 


Dans son allocution d’ouverture de la Conférence prononcée ce matin, M. Brockmann a renouvelé son appel à la solidarité devant l’ensemble des États Membres, les invitant à adopter des mesures d’urgence pour répondre aux inquiétudes et aux besoins de la majorité des peuples et les aider à forger un avenir « digne et chargé d’espoir ».  Miguel d’Escoto Brockmann, qui a considéré que l’économie et le bien-être matériel doivent être au service de l’épanouissement culturel et spirituel de chacun, a invoqué quatre principes clefs pour favoriser une sortie durable de la crise: le respect, la compassion, la responsabilité universelle et la coopération. 


Le Secrétaire général de l’ONU a, quant à lui, préconisé plus de solidarité de la part de tous les pays, en estimant que face à une crise capable de mettre au chômage 50 millions de personnes en l’espace d’une année, le monde avait besoin de « plus de l’ONU ».  Ban Ki-moon a répondu aux observateurs qui se réjouissent actuellement de voir que, dans certains pays, la croissance semble être de retour, qu’il ne s’agissait là que de « signes fragiles ».  « Dans un grand nombre de sociétés, il n’existe pas de tels signes de reprise, mais seulement des champs en jachère », a-t-il dit.  « Le monde doit défendre les groupes les plus vulnérables, qui sont aussi les moins responsables de la crise actuelle », a préconisé le Secrétaire général. 


Il a annoncé que, dans la perspective du prochain Sommet du G-20, il avait envoyé une lettre aux dirigeants internationaux, leur demandant de traduire leurs intentions en actes pour permettre aux pays pauvres de poursuivre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  « La crise actuelle ne devrait pas être brandie comme une excuse pour ne pas honorer les promesses en matière d’aide publique au développement », a en outre prévenu M. Ban, qui a estimé que « si 18 trillions de dollars avaient pu être mobilisés pour maintenir à flot le secteur financier, il devait être possible de trouver 18 milliards de dollars pour aider l’Afrique ».


La question de la refonte des institutions financières internationales a été au cœur de l’échange des vues entre les délégations.


La Vice-Présidente du Zimbabwe, Mme Joyce Mujuru, a ainsi jugé nécessaire de répondre à la volonté de la majorité des pays de réformer l’architecture financière internationale, pour que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) accompagnent plus efficacement les changements économiques.  « L’Afrique et les autres pays en développement doivent avoir une plus grande représentation au sein de ces institutions », a-t-elle ajouté, en suggérant aussi de s’attaquer, sur la base de règles prévisibles et non discriminatoires, aux disparités qui minent le système commercial multilatéral.


Les États-Unis, de leur côté, ont attiré l’attention sur la nécessité d’appuyer tous les efforts multilatéraux destinés à renforcer la cohérence des politiques de développement durable.  Membre du Cabinet gouvernemental américain, l’Ambassadrice Susan Rice, qui a relevé le caractère universel de l’ONU, a estimé que l’Organisation avait l’avantage « exceptionnel » de pouvoir répondre à chaque volet de la crise par l’intermédiaire de ses différents organes. 


« Nous avons l’obligation morale de tendre la main aux pays qui se trouvent dans les plus grandes difficultés », a encore affirmé Mme Rice, « et c’est pour cela que les États-Unis pressent le FMI et la Banque mondiale d’accroître leurs capacités de prêts ».  Se référant au Président des États-Unis, M. Barack Obama, elle a également indiqué que la situation actuelle, « pour grave qu’elle soit », ne devait pas fatalement déboucher sur un capitalisme générateur de chaos ou sur un protectionnisme étatique.  « Tournons-nous plutôt vers l’avenir, en nous attachant ensemble à relancer la croissance par le biais de marchés ouverts et équitables », a préconisé la représentante des États-Unis. 


Pour sa part, la Directrice générale de la Banque mondiale, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, qui a reconnu l’urgence de faire face aux défis que la crise pose au développement, a indiqué que 1,2 milliard de dollars avaient été débloqués dans le cadre d’un programme de réponse à la crise alimentaire, le Groupe de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) ayant de plus triplé ses prêts pour l’année fiscale 2009. 


Le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Yang Jiechi, a pour sa part indiqué que son pays soutenait une réforme en profondeur des institutions financières internationales.  Évoquant, à cet égard, le cas du Fonds monétaire international (FMI), il a dit que le Fonds devrait être plus juste dans sa supervision des politiques macroéconomiques des pays.  Il est anormal que le FMI n’impose ses règles qu’aux pays en développement et laisse toute leur liberté aux pays dont les décisions ont pourtant un impact immense sur toute la communauté internationale, a-t-il fait remarquer, en citant les pays dont les monnaies sont devenues des monnaies d’échange et de réserve. 


L’échange de vues général sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement se poursuivra demain, jeudi 25 juin, à 10 heures.


ÉCHANGE DE VUES GÉNÉRAL SUR LA CRISE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE MONDIALE ET SON INCIDENCE SUR LE DÉVELOPPEMENT (A/CONF.214/4)


M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, a rappelé la responsabilité qui incombe aux représentants de tous les peuples de rechercher des solutions inclusives aux différentes crises actuelles.  Pour cela, a-t-il dit, l’Assemblée générale de l’ONU est la meilleure enceinte démocratique mondiale, celle où siège le « G-192 ».  Chaque État peut y choisir son niveau de participation, conformément à l’importance qu’il accorde aux différentes réunions, a-t-il ajouté.  Il a appelé les participants à la Conférence à adopter une série de décisions qui répondront aux inquiétudes de la majorité des peuples, pour forger un avenir qui soit plein d’espoir.  Le Président de l’Assemblée a fustigé les modes de vie et de production égoïstes qui sont à l’origine des crises économique et financière actuelles.  L’égoïsme doit être remplacé par la solidarité, a-t-il conseillé.


Le moment est venu de créer une éthique mondialisée à partir des expériences de tous les peuples, a poursuivi le Président de l’Assemblée, et cela suppose une vision du monde différente de celle qui a prévalu à ce jour, une nouvelle façon d’être en relation les uns avec les autres.  Cette conception contemporaine nous aidera à créer un monde nouveau, tout en prenant en compte la vision ancienne de la « Terre nourricière ».  La Terre peut exister et vivre sans nous, mais nous ne pouvons pas vivre sans elle, a insisté Miguel d’Escoto Brockmann.  Malheureusement, à cause de nos modes de consommation basés sur la satisfaction de besoins excessifs, la Terre a déjà dépassé de 40% sa capacité de renouvellement des ressources qu’elle met à notre disposition.  La nouvelle éthique envisagée doit donc être planétaire, a estimé le Président.


Il a ensuite précisé ce qui constitue ce bien commun.  Il a à cet égard d’abord cité la Terre elle-même, « qui possède une dignité et doit être respectée ».  Il est urgent de trouver d’autres voies, mettant l’accent sur la justice et la solidarité pour sortir de la crise actuelle.  Il faut aussi respecter la biosphère, a poursuivi le Président, ainsi que l’eau, qui est un élément sacré.  Il a appelé de ses vœux l’adoption d’un pacte international relatif à l’eau, et a encouragé les efforts qui sont déployés en ce sens.  En ce qui concerne les forêts, il a souligné qu’elles retiennent le dioxyde de carbone et évitent ainsi que l’atmosphère ne soit rendue invivable.  Les forêts et les océans sont donc une base essentielle de la vie, a-t-il estimé. 


Dans toutes les cultures, on se rend compte que chaque frange de l’humanité est porteuse d’une dignité particulière, a ensuite fait valoir le Président, avant d’appeler à mettre un terme aux guerres et à supprimer toutes les armes nucléaires.  La violence contre laquelle il faut lutter est aussi celle qui consiste à maintenir les populations dans la faim, a-t-il ajouté.  Le Président de l’Assemblée a ensuite proposé une stratégie pour faire face à la crise.  Cette stratégie s’appuierait sur une utilisation durable et responsable des ressources naturelles, qui se font de plus en plus rares.  Deuxièmement, a-t-il indiqué, il faut revenir à un concept noble d’économie et écarter le concept d’« écobanditisme » dans lequel nous vivons actuellement de facto.  L’économie doit être vue en tant qu’activité destinée à créer les bases de la vie physique, culturelle et spirituelle de tous les êtres humains, a dit M. d’Escoto Brockmann.  En troisième lieu, il nous faut généraliser la démocratie, en l’élargissant à tous les domaines, a-t-il souligné.  Ensuite, a-t-il précisé, il nous faut créer une éthique minime à partir des traditions philosophiques anciennes.  Enfin, il a appelé à créer une vision spirituelle du monde pour les hommes qui cherchent à donner un sens transcendant à leur vie. 


La concrétisation de ces cinq axes fondamentaux pourrait permettre de trouver les bases d’une « biocivilisation », a-t-il assuré.  Tous ces défis ne pourront être relevés que si nous changeons notre esprit et notre cœur, a averti le Président.  Il a enfin appelé à respecter quatre principes éthiques: le respect, l’attention (ou compassion), la responsabilité universelle et la coopération.  En conclusion, il a souhaité que chacun se tourne vers son capital spirituel, citant les propos du pape Benoît XVI qui a appelé les participants à la Conférence à faire preuve d’un esprit de sagesse et de solidarité humaine, pour que la crise actuelle se transforme en occasion pour aller à la recherche de la dignité humaine et arriver à une distribution plus équitable du pouvoir de décision économique et des ressources du monde.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que le monde se trouvait actuellement à la croisée de plusieurs crises qui sont alimentaire, énergétique, sanitaire et économique.  Selon lui, la communauté internationale affronte en ce moment la crise financière et économique la plus grave depuis la création des Nations Unies, il y a plus de 60 ans.  « Cette crise touche toutes les parties du monde, a ajouté Ban Ki-moon, tandis que les effets des changements climatiques et de l’extrême pauvreté se font de plus en plus sentir. »  Notant que les observateurs se réjouissent de voir que, dans certains pays, la croissance semble être de retour et que la situation financière se stabilise, le Secrétaire général a affirmé qu’il ne s’agissait là que de « signes fragiles ».  « Dans un grand nombre de pays, il n’existe pas de tels signes de reprise, mais seulement des champs en jachère », a-t-il dit.


M. Ban a évoqué les 50 millions d’emplois supplémentaires perdus que pourrait entrainer d’ici à la fin de l’année la crise actuelle, ainsi que « le milliard de personnes dans le monde qui vivent dans la disette ».  « Face à une telle situation, nous avons besoin de solidarité internationale, nous avons besoin des Nations Unies », a ajouté le Secrétaire général, qui a appelé le monde à défendre les groupes les plus vulnérables, « qui sont aussi les moins responsables de la crise ».  Ban Ki-moon a indiqué que dans la perspective du prochain Sommet du G-20, qui aura lieu à Rome dans un mois, il avait envoyé une lettre aux dirigeants des grandes puissances pour leur demander de traduire leurs bonnes intentions en actes, et ce par le biais de mesures spécifiques devant permettre aux plus pauvres de poursuivre la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD.)


Estimant ensuite que la crise pourrait durer des années, le Secrétaire général a plaidé pour une action collective destinée à galvaniser la défense des droits de l’homme, y compris les droits sociaux et économiques, de tous les peuples de la planète.  Il a aussi demandé aux États Membres de réunir les informations les plus fiables possible sur les besoins réels des nations les plus pauvres touchées par la crise, de respecter leurs engagements en matière d’assistance aux plus vulnérables et de préparer les institutions financières aux défis du XXIe siècle. 


M. Ban Ki-moon a ensuite attiré l’attention sur la situation des pays les plus vulnérables, qui sont « des pays disposant de faibles réserves financières, qui font face à la réduction des investissements et des envois de fonds de travailleurs migrants et à la baisse de l’aide internationale ».  En vue de permettre à ces pays de répondre aux répercussions de la crise, le Secrétaire général a annoncé la mise en place, dans les mois à venir, d’un système d’alerte destiné à donner aux pays les plus vulnérables les moyens de résister aux effets de la conjonction des crises.  Il a également souligné que tout le système de l’ONU était mobilisé pour intensifier l’effort collectif dans les domaines de la sécurité alimentaire, du commerce équitable, de l’économie verte et de l’emploi.  « La création d’emplois décents est l’un des éléments essentiels de la reprise économique mondiale », a insisté Ban Ki-moon, qui a demandé aux dirigeants de la planète de respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD), « la crise actuelle ne devrait pas être brandie comme une excuse pour ne pas honorer les promesses », a-t-il prévenu.  « Sans nul doute, si l’on peut mobiliser 18 trillions de dollars pour maintenir à flot le secteur financier, on doit pouvoir trouver 18 milliards de dollars pour aider l’Afrique », a fait remarquer Ban Ki-moon. 


Le Secrétaire général a rappelé les grands dossiers du développement, en soulignant que le renforcement de la sécurité alimentaire et de l’éducation, et le développement d’une économie et d’emplois verts n’étaient pas un luxe, mais un impératif central sur la voie de la reprise économique.  Il a ajouté que pour relever ce défi, les États Membres devaient laisser leurs divisions de côté, en particulier en ce qui concerne les modalités de réforme du système financier international, et, au-delà, de l’ensemble de l’édifice multilatéral.  « Nous savons que sans des mesures de régulation adéquates, une défaillance du système a des répercussions profondes partout ailleurs.  Les défis sont liés, nos solutions doivent l’être aussi », a conclu le Secrétaire général de l’ONU. 


Mme AJA ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente et Secrétaire d’État aux affaires féminines de la Gambie, a indiqué que pour la première fois en un siècle, pratiquement toutes les économies du G-8 verront leur produit intérieur brut (PIB) avoir une tendance négative en 2009, ce qui, dans une économie désormais mondialisée, pourrait avoir un impact sur les pays en développement et sur la réalisation des OMD.  S’agissant de son pays, elle a expliqué que le PIB de la Gambie reposait à 80% sur ses échanges commerciaux avec d’autres nations.  Notant les mesures prises aux niveaux national et international pour endiguer la crise, la Vice-Présidente a estimé que les plans de sauvetage adoptés dans de nombreux pays développés, ainsi que les réformes entreprises au sein du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et des banques régionales de développement, permettront sans doute aux pays en développement d’avoir accès à des fonds d’urgence.  Évoquant le Document final qui sera adopté au terme de cette Conférence, Mme Njie-Saidy a jugé qu’un mécanisme vigoureux de suivi devrait être mis en place pour veiller à la mise en œuvre des engagements pris au titre de ce texte et de ceux qui l’ont précédé, en particulier les documents du Sommet du G-8 tenu à Gleneagles et ceux du Sommet mondial de 2005.  La crise actuelle offre une opportunité aux pays en développement de faire entendre leur voix concernant la manière dont le système financier international est organisé et réglementé, a relevé la Vice-Présidente.  Ceci est important, étant donné que nous faisons face à une crise que les pays pauvres n’ont pas provoquée, mais dont ils vont subir les pires conséquences, a relevé la Vice-Présidente.  Elle s’est dite convaincue en conclusion du fait que la réforme du système financier et économique international devait s’ancrer dans la promotion de la croissance durable, du travail décent, de l’usage responsable des ressources naturelles, de l’atténuation et de l’adaptation aux effets des changements climatiques.


M. ARÍSTIDES MEJÍA CARRANZA, Vice-Président du Honduras, a déclaré que la communauté internationale connaitra en 2009 la récession la plus grave depuis les années 30, et que celle-ci a des conséquences sur la réalisation des OMD.  À moins d’être endiguée, cette crise économique serait même susceptible de déboucher sur une crise sociale et politique d’ampleur mondiale, a-t-il prévenu.  De nouvelles conceptions et de nouvelles attitudes sont nécessaires pour remédier à cette situation, a-t-il préconisé, en recommandant d’accorder la priorité à une réforme du système financier international.  Cette réunion doit se pencher sur les conséquences de la crise, qui a eu un impact sur tous les pays en développement, y compris le Honduras.  L’économie de notre pays devrait connaître une croissance en 2009, mais elle sera très faible, a-t-il cependant annoncé.  Aussi, le Gouvernement hondurien a-t-il mis en œuvre un plan de relance en se focalisant sur la création d’emplois, le droit au logement et le développement des énergies renouvelables, a précisé M. Mejía.  La logique qui sous-tend le plan anticrise du Honduras implique la mobilisation de ressources financières publiques et privées destinées à maintenir l’offre d’emploi et à faciliter l’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises, a-t-il ajouté.


Mme JOYCE MUJURU, Vice-Présidente du Zimbabwe, a rappelé que, si la crise financière et économique actuelle ne trouve pas son origine dans les pays en développement, ces pays sont cependant ceux qui souffrent le plus de ses conséquences.  Les économies de nombreux pays d’Afrique ont déjà subi un ralentissement, a-t-elle constaté.  Au Zimbabwe, on souffre de la sécheresse, du manque d’accès aux ressources financières, de la pandémie de VIH/sida et de la fuite des cerveaux, a-t-elle indiqué.  Elle a ajouté que, du fait de la fluctuation des prix des matières premières et des minerais, le Zimbabwe a dû réduire l’exploitation de plusieurs mines et en fermer d’autres.


Mme Mujuru a souhaité que son pays bénéficie d’un plus grand soutien de la part de la communauté internationale, en particulier pour son programme de rétablissement économique à court terme.  Si les efforts du G-20 sont louables, a-t-elle estimé, ils ne sont pas inclusifs et ne s’attaquent pas suffisamment aux problèmes que rencontrent les pays en développement.  Elle a ajouté que pour son pays, les Nations Unies sont l’organe le plus approprié pour rechercher une solution globale à la crise, et elle a appelé au renforcement des organes de l’ONU, et en particulier de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC).


La Vice-Présidente du Zimbabwe a déclaré qu’il fallait reconnaître le rôle des gouvernements dans la régulation des systèmes financiers.  Elle a appelé à réformer l’architecture financière internationale, afin de permettre notamment à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI) de mieux refléter les changements de l’économie mondiale.  Ainsi, a-t-elle souhaité, l’Afrique et les autres pays en développement doivent avoir une plus grande représentation au sein de ces institutions.  En ce qui concerne le FMI, Mme Mujuru a proposé de rationaliser cette institution afin qu’elle se concentre sur ses responsabilités principales de protection de la stabilité monétaire et financière internationale.  La Vice-Présidente a aussi suggéré de s’attaquer aux disparités qui existent dans le système commercial multilatéral, en se basant sur des règles prévisibles et non discriminatoires.  Elle a ensuite souligné l’importance, pour de nombreux pays d’Afrique, de la stabilisation des cours des matières premières.  S’agissant de la Banque mondiale, elle a souhaité qu’elle joue un rôle central dans l’atténuation des effets des crises par le biais du financement des infrastructures et du microcrédit.  La Vice-Présidente a enfin émis l’espoir que cette Conférence ne sera pas un événement ponctuel, mais fera l’objet d’un suivi et donnera lieu à l’établissement d’une feuille de route.


M. DEAN BARROW, Premier Ministre et Ministre des finances du Belize, qui s’exprimait au nom des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a passé en revue l’impact désastreux de la crise économique mondiale dans les Caraïbes, notamment sur le secteur du tourisme, le prix des matières premières, les investissements étrangers et les envois de fonds des travailleurs expatriés.  Tous ces facteurs font que cette crise économique se transforme en une véritable crise sociale dans les pays de la CARICOM, et les ministères des finances s’y trouvent confrontés au dilemme de venir en aide aux communautés locales, alors même qu’ils disposent de beaucoup moins de ressources.  La question aujourd’hui est de savoir ce qu’il faut faire pour venir en aide aux économies des pays en développement, et, d’autre part, de savoir quelles mesures il faut prendre pour éviter qu’une telle crise ne se reproduise à l’avenir, a déclaré M. Barrow.


Constatant que les petites économies qui dépendent largement des échanges commerciaux ne disposent pas des ressources nécessaires pour mettre en place leurs propres trains de mesures d’incitation à la relance, le Premier Ministre de Belize a estimé que la seule option à leur disposition était d’emprunter aux fonds de ressources multilatérales ou bilatérales, ce qui, dans les circonstances actuelles, n’est pas toujours facile.  Compte tenu du fait que cette crise trouve son origine dans les économies du monde développé, les pays de la CARICOM estiment qu’il est de la responsabilité de ces pays de revoir et de restructurer leurs programmes d’aide bilatérale aux pays en développement.  De plus, il est essentiel de renforcer les capacités de financement des institutions multilatérales comme le Fonds monétaire international (FMI), a estimé M. Barrow.  Même si le G-20 a accepté cette idée, les pays de la CARICOM regrettent qu’il l’ait assorti de conditions, a-t-il relevé.  Il faut également pouvoir relancer l’activité économique nationale dans les pays en développement, ce qui suppose des investissements dans les différents secteurs économiques et, par conséquent, le soutien des institutions de développement internationales comme la Banque mondiale, et celui des banques de développement régionales.  M. Barrow a insisté sur le fait que pour éviter un dérapage encore plus grave dans les pays en développement, il fallait prendre des mesures spécifiques pour faciliter les flux de ressources vers ces pays, que ce soit par des crédits à taux préférentiels ou par des subventions.  Il a insisté sur le fait que cela doit se faire sans plus tarder.


Pour ce qui est des mesures à prendre pour éviter qu’une telle crise ne se reproduise dans l’avenir, M. Barrow s’est félicité des premières mesures de régulation des marchés financiers qui ont été passées la semaine dernière par la nouvelle Administration américaine.  Il a émis l’espoir que ces mesures ne seront pas « diluées », et qu’elles serviront de plate-forme de discussions au plan mondial pour la mise en place d’un ensemble de règles auxquelles tous les pays seraient soumis.  Il a en outre estimé que le FMI aura un rôle plus important à jouer à l’avenir en termes d’évaluation des systèmes économiques et financiers des pays développés et de leur exposition au risque, à l’instar de ce qui se fait déjà pour les pays en développement.  Allant plus loin dans son propos, il a demandé à ce qu’on mette fin à la pratique qui veut que le Président de la Banque mondiale soit nommé par les autorités américaines, et le Directeur général du FMI le soit par les Européens.  M. Barrow s’est également posé des questions sur le rôle traditionnel du FMI en tant qu’institution dont l’action est axée sur les problèmes concernant les balances de paiement à court terme.  Il a estimé que le système des quotas actuellement en place pour régir les prêts accordés par le FMI ne tient pas compte de la réalité des besoins des économies en développement, et en particulier de celles des petits pays.


M. MIRKO CVETKOVIĆ, Premier Ministre de la Serbie, a déclaré que si les causes de la crise financière et économique mondiale demeuraient incertaines, les analyses s’accordaient sur le fait que le haut niveau de consommation, comparé au revenu et au développement réel avait provoqué des déséquilibres majeurs dans certains pays.  Le Premier Ministre serbe a ainsi appelé à la restauration de la confiance pour que la demande reparte à la hausse et serve de locomotive à une reprise plus durable de l’économie mondiale.  « Je suis convaincu que dans un environnement économique mondial intégré, les pays en développement peuvent jouer un rôle extrêmement important, car leur potentiel de croissance est beaucoup plus élevé que celui des pays développés », a indiqué M. Cvetković.  Il a ainsi plaidé pour un soutien actif à l’investissement direct dans ces pays, pour y améliorer les conditions de vie des populations, y relancer la croissance sur des bases solides et les rendre, à terme, plus compétitifs.  Pour le Chef du Gouvernement de la Serbie, l’effort de reprise devrait être équitablement partagé entre pays développés et pays en développement, cela sur la base d’une responsabilité partagée.  Le développement durable des pays qui sont le plus dans le besoin doit être financé par le biais de taux d’intérêt qui reflètent les risques réels auxquels sont exposés ces pays, a-t-il encore estimé. 


M. NIKOLA ŠPIRIĆ, Président du Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine, a constaté que dans l’économie mondiale du XXIe siècle, beaucoup d’évènements peuvent avoir un effet quasi immédiat sur les économies nationales, et que de nombreux acteurs (États, sociétés et individus), qui sont actifs sur les marchés, peuvent faire fluctuer le cours des devises, celui des actions et celui des obligations et des matières premières.  Il a ajouté que les mécanismes de régulation des marchés financiers existant actuellement sont dépassés et ne permettent pas de détecter et contrecarrer les abus et les irrégularités.  « L’économie mondiale a besoin de nouveaux mécanismes de fonctionnement, de nouvelles règlementations et de beaucoup plus de transparence », a-t-il poursuivi.  Rappelant que la plupart des conflits modernes avaient pour trame de fond des problèmes économiques, M. Špirić a tiré la sonnette d’alarme, en affirmant qu’il n’existait pas de plus grande menace à la paix et à la sécurité mondiales que la crise financière et économique actuelle.  « Si nous n’agissons pas maintenant, et de manière efficace et décisive, cette crise se transformera en crise sociale et politique.  Dans un monde aussi interconnecté et interdépendant que le nôtre, tout déclin économique important se produisant dans les pays développés peut avoir des conséquences désastreuses et provoquer l’effondrement des économies du monde en développement », a-t-il ajouté.


Pour le Président du Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine, il ne s’agit pas de trouver des solutions rapides qui ne régleraient que très superficiellement les problèmes à court terme, sans réellement s’attaquer aux causes profondes de la crise.  Il faut adopter une approche globale, conduire une analyse de fond et faire un diagnostic détaillé des déséquilibres qui ont provoqué cette crise, en vue de pouvoir mettre en place des mécanismes de régulation suffisamment efficaces qui permettraient de déclencher, dans l’avenir, un système d’alerte rapide permettant au monde de réagir vigoureusement et à temps en cas de problèmes.  « Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre l’avidité de certains milieux et les politiques irresponsables mises en œuvre par certains groupes qui poussent des millions de personnes dans la pauvreté.  À cet égard, le protectionnisme n’est cependant pas la solution.  Il ne contribuerait qu’à aggraver la crise actuelle », a poursuivi M. Špirić.  Il a également insisté sur le fait que cette crise mondiale ne pouvait pas être réglée par chaque pays sur le plan national, mais uniquement par la communauté internationale, en agissant sur le plan international.  Rappelant que jusque-là on demandait essentiellement aux pays en développement de faire preuve de bonne gouvernance, il a également noté que c’était au tour des économies les plus fortes de faire preuve de responsabilité face au reste du monde.  Les répercussions qu’ont les problèmes économiques nés dans les pays développés sont extrêmement dangereuses quand elles touchent les économies du monde en développement, a prévenu M. Špirić.  Pour sa part, la Bosnie-Herzégovine regrette qu’il n’y ait pas eu une réponse régionale européenne à la crise, parce qu’elle estime qu’elle ne peut pas agir seule sur le plan national, et que d’autres pays européens sont dans la même situation qu’elle.  C’est la raison pour laquelle elle souhaiterait notamment qu’une banque d’investissement pour l’Europe du Sud-Est soit mise en place.


M. TILLMAN THOMAS, Premier Ministre et Ministre de la sécurité nationale, de l’information et des affaires juridiques de la Grenade, a expliqué que les deux ouragans dévastateurs qui ont touché son pays au cours des cinq dernières années ont perturbé les efforts visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La crise économique et financière, ainsi que les crises alimentaire et énergétique, ont rendu notre situation économique encore plus fragile, a-t-il ajouté.  Il a expliqué, par exemple, que les revenus provenant de la taxe sur les importations, qui normalement représentent 50% de tous les revenus du Gouvernement, ont baissé pour n’atteindre que 25%.  Il a en effet indiqué que le pays connaît une chute des investissements étrangers directs, notamment touristiques.  La crise est arrivée à un moment où la Grenade connaît déjà une dette publique importante.  La Grenade figure en effet parmi les pays les plus endettés au monde.  Nous avons en outre peu de ressources pour tenter d’atténuer les incidences de la crise financière mondiale, a-t-il signalé.  Même si la Grenade est considérée comme un pays à revenu moyen, la crise plonge le pays dans la pauvreté, s’est inquiété le Premier Ministre, et elle annule les avancées économiques et sociales de ces deux dernières décennies.


Le Premier Ministre a aussi averti que les conséquences de la crise ne se sont pas encore ressenties complètement.  On s’attend en effet à ce que le tourisme décline encore davantage, ainsi que les envois de fonds provenant des migrants en Amérique du Nord et en Europe.  Malgré les efforts faits pour atténuer les effets de la crise, le Premier Ministre a averti que l’économie de la Grenade continuerait à décliner si celles des grands pays du Nord ne se rétablissent pas.  En outre, il s’est inquiété de l’intensité, à chaque fois plus grande, des ouragans qui frappent son pays.  Au niveau international, a poursuivi le Premier Ministre, il faut davantage de ressources pour faire face à la crise, avec une restructuration des institutions financières internationales, une révision de la réglementation financière et une meilleure gouvernance.  La Grenade estime qu’il revient aux Nations Unies de réformer le système financier mondial.  M .Thomas a aussi appelé les institutions financières internationales à rechercher les moyens de réduire la dette des pays en développement.  Il a enfin souligné que les petits États insulaires en développement doivent faire face à la fois à la crise financière mondiale et aux effets néfastes des changements climatiques.


M. ALEXEY KUDRIN, Vice-Premier Ministre et Ministre des finances de la Fédération de Russie, a déclaré que pour affronter cette crise, il fallait que la communauté internationale agisse de manière concertée dans l’intérêt de tous les pays.  « C’est ce qu’attendent nos peuples, qui endurent les effets de cette crise », a affirmé le Ministre, qui a préconisé de mobiliser davantage de ressources pour aider les pays en développement, et d’apporter des changements à la gestion de flux de capitaux.  Il a suggéré aussi de s’inspirer de certaines mesures prises au lendemain de la crise qui avait frappé les marchés asiatiques à la fin des années 90.  La délégation russe estime que des règles générales doivent être mises en place dans tous les pays et dans le cadre des institutions de Bretton Woods.  Un nouveau système de devises de réserve devrait être adopté pour permettre d’assurer la stabilité et la croissance de l’ensemble des économies, a noté aussi le représentant de la Fédération de Russie, qui a ensuite soutenu les propositions faites par l’Allemagne et l’Italie et qui visent la codification des principes de l’ordre financier et économique international.  Les décisions entérinées par le G-8 à Gleneagles doivent être également pleinement mises en œuvre, a souligné le Ministre, qui a assuré que son pays tiendrait ses engagements à cet égard.  Enfin, la crise et ses manifestations à tous les niveaux doivent être appréhendées au niveau social, a dit M. Kudrin, qui a jugé que le Groupe d’experts présidé par le professeur Joseph Stieglitz, était à même de fournir des solutions à la crise économique et financière actuelle.


M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a déclaré que la crise financière et économique mondiale, qui a causé la mise au chômage en l’espace d’une année de plus de 50 millions de personnes à travers le monde, allait inexorablement entraver les efforts engagés par les pays en développement pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ce problème d’ampleur mondiale requiert de fait une réponse concertée, coordonnée et complète de la part de tous les pays, a ajouté le Vice-Premier Ministre.  Selon lui, la communauté internationale a le devoir de renforcer la coopération à ce niveau, en proposant des solutions urgentes pour atténuer l’impact de la crise dans les pays en développement et permettre à ceux-ci de renouer avec la croissance nécessaire à la poursuite de la mise en œuvre des OMD. 


Nous devons nous assurer que les engagements pris au titre de l’aide publique au développement (APD) sont honorés, cela par l’intermédiaire de mécanismes viables de financement, a-t-il encore préconisé, en ajoutant que la crise actuelle soulignait l’importance d’achever avec succès le Cycle de négociations commerciales de Doha et d’éviter toute forme de protectionnisme.  Pour l’heure, afin d’éviter d’accroître les déséquilibres provoqués par la crise, des fonds supplémentaires sont nécessaires, notamment pour « donner un bol d’air » aux pays à faibles revenus, a en outre préconisé M. Sisoulith.  Après avoir appelé à son tour à la refonte des institutions financières internationales dans l’intérêt des pays en développement, il indiqué que son pays appuyait le rôle des Nations Unies en tant que catalyseur du consensus mondial pour trouver une sortie durable à la crise.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que la crise financière et internationale représentait un défi à relever de manière collective, avec sérieux et dévouement, par tous les pays.  Mme Rice a assuré que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, souhaitait le plein succès à la Conférence qui s’ouvre aujourd’hui, et à l’occasion de laquelle doit être réaffirmée une volonté commune de mettre en œuvre, de façon responsable, les moyens de parvenir au monde meilleur que nous recherchons.  La représentante des États-Unis a insisté sur le fait que la Conférence était importante en premier lieu pour les pays en développement, « vers qui nous devons aller lors des débats pour mieux en comprendre les besoins ».


Les États-Unis appuient tous les efforts multilatéraux destinés à renforcer la cohérence des politiques de développement durable à travers le monde, a poursuivi Susan Rice.  Elle a ensuite attiré l’attention des participants à la Conférence sur le caractère universel de l’ONU, qui confère à l’Organisation un avantage exceptionnel permettant de répondre à chaque volet de la crise par le biais des différents organes qui la composent.  L’ONU est ce forum où tous les pays, petits et grands, peuvent se faire entendre, a ajouté Mme Rice, qui a indiqué que, dans le cadre du G-20, les pays concernés s’efforçaient de coordonner leurs actions en intégrant les vues des pays de toutes les régions du monde.  « Nous avons l’obligation morale de tendre la main aux pays qui se trouvent dans les plus grandes difficultés », a encore affirmé la représentante des États-Unis, « et c’est pour cela que les États-Unis pressent le FMI et la Banque mondiale d’accroître leurs capacités de prêt ». 


Conformément aux vœux du Président Obama, notre pays a pris l’engagement d’augmenter d’urgence son volume de ressources consacrées à l’aide au développement dans les domaines vitaux de la sécurité alimentaire des populations les plus fragilisées par la crise internationale, a encore annoncé Mme Susan Rice.  Citant de nouveau le Président des États-Unis, elle a également indiqué que la situation actuelle, pour grave qu’elle soit, ne devait pas fatalement déboucher sur un capitalisme générateur de chaos ou sur un protectionnisme étatique.  Nous devons plutôt nous tourner vers l’avenir et nous attacher ensemble à relancer la croissance économique dans le cadre de marchés ouverts et équitables, a-t-elle dit, plaidant pour une approche programmatique et riche des enseignements tirés de la crise actuelle, ceci afin de garantir la prospérité à long terme pour tous.


S’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), Mme HELENA BAMBASOVA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a relevé que les progrès accomplis par beaucoup de pays en développement au cours des dernières décennies, en particulier pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), risquent d’être réduits à néant par la crise actuelle.  Elle a estimé que les initiatives coordonnées en faveur des pays en développement doivent être au cœur de la solution à apporter à la crise, afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et à la stabilité économique et politique mondiale, et elle a assuré que l’Union européenne est déterminée à agir en ce sens.  La Vice-Ministre tchèque a précisé que l’UE allait prendre des mesures destinées à protéger les pays en développement, en y soutenant l’économie et l’emploi, avec le concours du secteur privé.  L’UE entend aussi améliorer l’efficacité de son aide en se basant sur les principes définis dans le Programme d’action d’Accra, a-t-elle ajouté.


Mme Bambasova a ensuite souligné l’importance pour les pays en développement d’assumer la responsabilité de leur propre développement, et elle a assuré que l’aide de l’Union européenne contribuerait à l’amélioration de la gestion des finances publiques et de l’efficacité des systèmes fiscaux et de douane.  L’Union européenne souligne par ailleurs l’importance des activités actuelles du Partenariat mondial en matière d’agriculture et d’agroalimentaire.  La Vice-Ministre a aussi tenu à encourager les pays en développement à suivre la voie du développement durable.  En ce qui concerne les défis posés par les changements climatiques, elle s’est dite favorable à la conclusion d’un accord à Copenhague en décembre prochain.


Mme Bambasova a ensuite lancé un appel pour que les Nations Unies contribuent à la conception d’un mécanisme efficace de contrôle de la crise financière et économique.  L’Union européenne s’est engagée à trouver un accord équilibré pour la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha, a-t-elle indiqué, se félicitant à cet égard de l’accord conclu lors du Sommet du G-20 à Londres en avril dernier.  Elle a appelé au respect des engagements ainsi pris, notamment en matière de transparence.  À partir de ces initiatives, un ensemble de règles communes doit être mis au point, a-t-elle estimé.


Mme Bambasova s’est aussi félicitée des résultats de la réunion du Comité de développement de la Banque mondiale, qui a eu lieu le 26 avril 2009, en particulier en ce qu’elle a parlé des mesures à prendre pour aider les pays en développement à faire face à la crise et pour accélérer la deuxième phase de la réforme de gouvernance de la Banque afin qu’un accord puisse se dégager sur la question d’ici le printemps 2010.


Mme NGOZI OKONJO-IWEALA, Directrice générale à la Banque mondiale, a déclaré que face à l’ampleur de la crise économique et financière, qui va faire passer la croissance économique des pays en développement de 7% en moyenne en 2007 à 1,2% en 2009, il est temps d’agir de manière décisive, mais aussi de manière différente: « Nous devons apporter une réponse globale et inclusive, qui prend en compte les spécificités locales ».  Dans les marchés émergents, l’accent devrait être mis sur l’amélioration de l’accès au capital dans le secteur financier, tandis que des efforts devraient être déployés pour aider les pays les plus pauvres à réduire leurs déficits financiers.  En outre, la communauté de développement devrait réaffirmer ses engagements à fournir une assistance internationale au travers d’une combinaison d’aide au commerce et de réduction de la dette, ainsi que par des efforts en vue de soutenir la mobilisation des ressources nationales et le développement du secteur privé.


Mais des mesures additionnelles sont nécessaires dans l’environnement économique actuel pour soutenir les options de « croissance verte », a poursuivi Mme Okonjo-Iweala, citant l’exemple de la République de Corée, qui utilise 80% de ses mesures de stimulation à cette fin.  Ainsi, des pays comme la République démocratique du Congo (RDC) pourraient utiliser leurs vastes forêts pour financer leur croissance.  À cet égard, les discussions à la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques devraient ouvrir la voie à un paradigme de croissance plus inclusif et innovant.  Pour sa part, la Banque mondiale a débloqué 1,2 milliard de dollars dans le cadre d’un Programme de réponse à la crise alimentaire, alors que dans son ensemble, le Groupe de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a triplé ses prêts pour l’année fiscale 2009.  Enfin, l’Association internationale de développement (IDA), qui fournit des prêts concessionnels aux pays à faibles revenus, s’est engagée, de son côté, à porter à hauteur de 42 milliards de dollars le montant de ses aides pour l’exercice 2009-2011, a précisé Ngozi Okonjo-Iweala.  En ce moment, il ne s’agit pas de s’appesantir sur ce que chacun de nous fait ou ne fait pas.  En tant que communauté, nous devons plutôt nous attacher urgemment à soulager les souffrances humaines causées par la crise aux populations les plus vulnérables et les plus affectées.  Nous devons non seulement éteindre les incendies causés par la crise, mais aussi faire face, sur le long terme, aux défis qu’elle pose au développement.  À la Banque mondiale, pour reprendre un adage du Mahatma Gandhi, nous sommes des acteurs du développement et non pas seulement des prêcheurs: il vaut mieux agir que discourir, a dit Mme Okonjo-Iweala.


M. BERT KOENDERS, Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas et Envoyé spécial du Président de l’Assemblée générale pour la Conférence, a déclaré que les principales causes de la crise économique et financière étaient désormais comprises, notamment l’excès de confiance dans la capacité des marchés à s’autoréguler.  Cette Conférence des Nations Unies devrait s’appuyer sur l’élan impulsé par le Sommet du G-20, a-t-il dit, en soulignant que la gravité de la crise exigeait une action immédiate basée sur un processus de prise de décision inclusif et multilatéral.  M. Koenders a estimé qu’il ne fallait pas oublier de s’attaquer aux déficiences systémiques et macroéconomiques de long terme et aux déséquilibres révélés par cette crise.  Des mesures telles que la création d’espaces fiscaux et plus de marge de manœuvre politique devraient être adoptées dans les pays en développement et le protectionnisme devrait être évité à tout prix, a-t-il dit.  De même, il faut éviter d’imposer des conditionnalités aux prêts financiers sous peine d’aboutir à des résultats contre-productifs.  En outre, une meilleure coordination et plus de cohérence dans le système financier et économique mondial sont nécessaires, que ce soit au sein des Nations Unies ou des institutions de Bretton Woods.  Mais M. Koenders a estimé que la création d’une nouvelle institution en marge de celles qui existent déjà serait insuffisante.  Selon lui, ajouter un nouveau mandat à tous ceux qui existent au niveau multilatéral ne ferait qu’entretenir la confusion.  On ne saurait plus quelle institution est responsable de quoi, a estimé le Ministre néerlandais.  La soixante-quatrième session de l’Assemblée générale offrira la possibilité d’aider à résoudre les problèmes urgents qui se posent aujourd’hui, a estimé le Ministre, qui a préconisé l’établissement de toute urgence d’un panel ad hoc sur la crise financière.


M. KENNETH BAUGH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a parlé du « triple tsunami » qui a frappé les pays en développement, évoquant à cet égard les crises alimentaire, énergétique et financière qui sont venues s’ajouter à l’impact des changements climatiques.  En Jamaïque, les grandes industries exportatrices ont enregistré une baisse de leurs activités, ce qui a entraîné de substantielles pertes d’emplois.  Parallèlement, a constaté le Vice-Premier Ministre, l’accès au marché international de capitaux a été restreint et les investissements étrangers directs ont diminué.  Il a aussi mentionné l’impact de la crise sur les efforts déployés en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier celui de l’éradication de la pauvreté.


Le Vice-Premier Ministre jamaïcain a ensuite expliqué que des pays comme le sien ont besoin de ressources additionnelles, et il a salué la décision récente du G-20 de fournir une aide importante en matière de financement du rétablissement des économies.  Il a proposé que cette aide financière soit versée par le biais d’institutions régionales et multilatérales, avec une recapitalisation de la Banque interaméricaine de développement et de la Banque caribéenne de développement.  Il a appelé à ce que le monde développé tienne ses promesses de consacrer 0,7% du produit national brut des pays qui en font partie à l’aide publique au développement.  Soulignant que les pays en développement participent à hauteur de 37% au commerce mondial et fournissent un marché pour 23% des exportations des pays industrialisés, il a appelé ces derniers à considérer l’aide au développement pas seulement sous l’angle d’une quelconque charité, mais aussi comme une stratégie visant à élargir les marchés dont bénéficie le monde développé.  Il faut donc arriver à un régime commercial multilatéral basé sur des règles justes, équitables, et non discriminatoires, a-t-il conclu.


M. JOSÉ LUIS GUTERRES, Vice-Premier Ministre du Timor-Leste, a rappelé que plusieurs défis interconnectés se posent à la communauté internationale aujourd’hui.  Indépendant depuis sept ans, le Timor-Leste a souffert en 2006 d’une crise politique, qui a été l’occasion pour lui de renforcer son cadre démocratique institutionnel.  Depuis, les Timorais ont surmonté de nombreuses difficultés, notamment après avoir élu un nouveau Président et un nouveau Parlement à l’issue d’élections justes et transparentes, a dit M. Guterres.  En 2008, le Timor-Leste a connu une de ses meilleures années sur le plan économique en atteignant un taux de croissance de 12%, grâce notamment à une augmentation de ses dépenses publiques.  Par ailleurs, le Timor-Leste a pris un certain nombre de mesures pour protéger son peuple des effets négatifs de la crise.  Toutefois, il est important de prendre en compte le fait que le pays a été relativement bien protégé de la crise jusqu’à présent, a fait observer le Vice-Premier Ministre, avant de dire que son gouvernement avait fait de la réalisation des OMD une priorité nationale.  Un Fonds de stabilisation économique a été établi pour anticiper une pénurie de vivres dans le pays, stabiliser le prix du riz et garantir l’approvisionnement en matériaux de construction.  Jusqu’à présent, les ressources du Fonds sont de 240 millions de dollars, a précisé M. Guterres.


M. ERNESTO CORDERO ARROYO, Ministre du développement social du Mexique, parlant au nom du Groupe de Rio, a estimé important de progresser dans des domaines comme le retour à la croissance, la stabilisation des marchés financiers et le retour de la confiance.  Il a aussi jugé utile de réformer les institutions financières internationales, en particulier les institutions de Bretton Woods, afin d’améliorer leurs méthodes de travail et leurs résultats.  Il a appelé à promouvoir la coopération internationale pour renforcer la réglementation et le contrôle de ces institutions et des marchés.  L’architecture du système financier international doit être réformée en profondeur, a-t-il ajouté, afin notamment de le rendre plus représentatif en y faisant mieux entendre la voix des pays en développement.  Il a en particulier souhaité que les personnes placées à la tête des institutions financières internationales soient élues de façon démocratique, sans critère géographique ou de nationalité.


Le Groupe de Rio met aussi l’accent sur l’importance des banques de développement régionales et sous-régionales, a précisé le représentant.  Il faut en outre arriver à un accord satisfaisant qui permettra de conclure positivement le Cycle de négociations commerciales de Doha, a-t-il souhaité.  Le Ministre a enfin affirmé le rôle actif que doit jouer l’ONU dans la réforme de l’architecture financière internationale, ainsi que dans l’amélioration des échanges et des communications avec les organismes financiers internationaux.  Il a également appelé à assouplir les contrôles sur les migrations, considérant que les travailleurs migrants font partie des populations les plus vulnérables. 


Mme DIPU MONI, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a déclaré que la crise financière et économique mondiale affectait le système commercial, le secteur de la finance et, au-delà, sapait les aspirations des pays en développement engagés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Une telle situation constitue une sérieuse source de préoccupations pour les pays les moins avancés, dont fait partie le Bangladesh, a ajouté Mme Dipu Moni.  Évoquant ensuite les pertes massives d’emplois, la réduction des exportations et la baisse du montant des envois de fonds des travailleurs migrants, la Ministre bangladaise a souligné que, selon la FAO, le nombre de personnes souffrant de la faim avait atteint le chiffre record de 1,02 milliard de personnes, soit un sixième de l’humanité.  Poursuivant son intervention, Mme Moni a estimé que l’assistance aux pays les moins avancés devait porter sur le soutien à la croissance et aux investissements, sur la stabilisation du secteur de l’emploi et sur le développement des infrastructures de santé et d’éducation.  À court terme, a-t-elle préconisé, il nous faut adopter des mesures énergiques pour compenser l’effondrement de la demande privée et renforcer la protection des groupes vulnérables par le biais de filets de sécurité sociale robustes.  Elle a également indiqué que les PMA demandaient qu’au moins 1% du budget des plans de relance économique des pays industrialisés soit consacré à l’aide publique au développement.


Mme MAITE NKOANA-MASHABANE, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, s’est dite convaincue qu’un plan mondial en vue de rétablir la croissance globale devrait s’appuyer sur les piliers suivants: stabiliser les finances mondiales; contenir la récession mondiale; mobiliser les ressources et poser les fondations d’un relèvement durable.  La crise actuelle a en effet montré que les structures et les instruments des institutions financières internationales sont trop fragiles et inadéquats pour relever les défis qui se posent aux pays en développement, a estimé la Ministre.  Pour sa part, l’Afrique du Sud estime que l’un des moyens d’agir est de relancer le commerce international, en incitant notamment les pays à s’abstenir de dresser de nouvelles barrières au commerce ou à l’investissement.  Les pays africains, en particulier, sont touchés par l’impact de la contraction des exportations, a fait observer la Ministre, qui a demandé aux donateurs d’honorer leurs promesses de contributions au financement du commerce.  Des ressources additionnelles sont également nécessaires pour permettre aux économies africaines de maintenir leur croissance, a-t-elle souligné.  La Banque africaine de développement (BAD) doit se voir octroyer les ressources et les instruments destinés à continuer d’appuyer la croissance et le développement, a dit Mme Nkoana-Mashabane.  En outre, le Programme de l’Union africaine lancé dans le cadre du NEPAD doit être appliqué de manière à ce que les mesures prises par le continent soient appuyées par la communauté internationale.


M. STEVE ABANA, Ministre de la planification nationale et de la coordination de l’aide des Îles Salomon, qui parlait au nom du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), a indiqué que, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la croissance du produit intérieur brut en Afrique subsaharienne passera de 5,4% en 2008 à 1,5% en 2009.  Il a recensé les conséquences de la crise économique et financière sur les pays au nom desquels il prenait la parole, comme notamment la chute des recettes d’exportation et des investissements étrangers directs, ou encore la réduction de l’aide publique au développement.  Inévitablement, la crise va aussi entraîner une dégradation des indicateurs macroéconomiques en 2009, a-t-il souligné.  Pour faire face à la crise, il faut, dans un premier temps, chercher à contrer ses effets et, dans un second temps, éviter à l’avenir des crises similaires, a suggéré le Ministre.


Les États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont plus que jamais besoin de ressources financières pour compenser la baisse des recettes nationales et mener des investissements susceptibles de relancer la croissance économique, a-t-il poursuivi.  Si des réformes sont en cours au niveau national de ces pays, leurs gouvernements n’ont cependant pas une capacité de réaction suffisante, a fait remarquer M. Abana.  Il a pris note de la décision du G-20 d’accroître les ressources du FMI et des banques multilatérales de développement pour financer le développement, mais a considéré qu’elles doivent venir en complément de l’aide publique au développement traditionnelle.  Enfin, en ce qui concerne la réforme de l’architecture financière internationale, le Ministre a souhaité qu’elle donne une plus grande responsabilité aux pays à faible revenu et qu’elle rende le système financier international plus transparent et efficace.


M. LE DUC THUY, Ministre, Président de la Commission de surveillance des finances nationales du Viet Nam, a appelé à la mise en œuvre des recommandations de la Commission des experts établie à l’initiative du Président de l’Assemblée générale, en particulier celles relatives au renforcement des instruments de régulation du système financier.  Selon le représentant, la communauté internationale doit honorer ses engagements en matière d’appui aux pays en développement, en les aidant notamment à mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le représentant a également appelé les pays industrialisés à ne pas réagir précipitamment à la crise en établissant des barrières protectionnistes ou, à l’inverse, en répondant aux demandes de libéralisation excessive sans tenir compte des vues des économies les plus fragiles.  M. Le Duc Thuy a en outre plaidé pour une coopération accrue entre les agences des Nations Unies et les institutions financières internationales, évoquant à ce sujet le fait que la crise représente une opportunité d’intensifier la refonte structurelle de l’économie mondiale, et d’améliorer la gestion et les fondamentaux du développement durable.


M. CARLOS MORALES TRONCOSO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a déclaré qu’il était temps d’agir pour montrer que le nouveau contexte, qui est né de la crise, renforcera de manière irréversible le système des Nations Unies pour lui permettre de remplir son mandat de développement, et qu’il permettra à l’Assemblée générale et au Conseil économique et social d’orienter les politiques des institutions financières régionales et multilatérales.  Il a ensuite annoncé une initiative supplémentaire lancée par le Président de la République dominicaine, qui a proposé que tous les pays exportateurs de pétrole garantissent à leurs clients qui sont des pays en développement des conditions financières comparables à celles qui sont pratiquées au sein des États membres du programme Pétrocaribe, créé par le Venezuela.  En tant que bénéficiaire de Pétrocaribe, la République dominicaine a été peu touchée par la hausse du prix des carburants, a expliqué le Ministre, avant de suggérer que l’Assemblée générale présente, lors de sa prochaine session, une résolution destinée à créer l’équivalent d’un Programme Pétrocaribe au profit de toutes les sous-régions du monde en développement.


M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ, Ministre du commerce extérieur et des investissements étrangers de Cuba, a estimé que la crise mondiale actuelle n’est pas un épisode cyclique naturel, mais une crise structurelle dont la responsabilité incombe aux pays les plus développés.  C’est une crise du capitalisme alimentée par les politiques néolibérales, a-t-il ajouté.  Il a dénoncé le système financier international actuel en ce qu’il est antidémocratique, se basant sur le fait que ses règles et principes ont été fixés pour servir les intérêts de seulement quelques puissances industrialisées.  Parallèlement, ce sont les pays en développement et les pays développés les moins favorisés qui sont les plus affectés par la crise, a-t-il noté.  Le Ministre cubain a aussi souligné le contraste qui apparaît entre les mesures rapidement prises pour sauver les institutions financières en faillite et les faibles dépenses consacrées à l’aide publique au développement.


M. Malmierca Díaz a estimé que l’Assemblée générale de l’ONU constitue l’enceinte la plus démocratique pour rechercher des solutions à la crise actuelle.  Il a par ailleurs estimé que les mesures adoptées au Sommet de Londres par le G-20 ne vont pas fournir une solution à la crise, car elles ne sont pas destinées à éliminer les racines du mal.  Il a enfin souhaité que la présente Conférence définisse les mandats, la structure de gouvernance et les procédures de gestion des nouvelles institutions monétaires et institutionnelles internationales.  Le nouveau système devra reconnaître les conditions particulières que connaissent les pays en développement et la nécessité de leur accorder un traitement différent, a-t-il conclu.


M. YANG JIECHI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que si les difficultés des pays en développement devaient persister, ce sont les pays du monde entier qui risquent d’en payer les conséquences au vu de la mondialisation et de l’interdépendance des économies.  La crise continuera d’entraîner le ralentissement de la demande et, ce faisant, de freiner le rythme de relance de l’économie mondiale, a-t-il averti.  La communauté internationale doit considérer les pays en développement comme des acteurs essentiels de la croissance, ce qui exige de renforcer les partenariats avec ces pays ainsi que les institutions spécialisées dans le développement.  M. Yang Jiechi a mis l’accent sur la nécessité de coordonner les politiques macroéconomiques, promouvoir la croissance des échanges commerciaux internationaux, intensifier la coopération en matière de développement, ainsi que les relations Sud-Sud.  Le Ministre des affaires étrangères de la Chine a ensuite appelé à la refonte des institutions financières internationales, en demandant notamment que le FMI adopte des modes de gouvernance adaptés aux réalités du monde actuel.  Le FMI, a-t-il dit, doit superviser les économies de ses membres de manière juste et équilibrée, et il faut faire en sorte que les pays dans la difficulté puissent faire le meilleur usage possible des ressources consacrées au développement.  Il est absurde que le FMI ne soumette à sa surveillance et à ses politiques drastiques que les pays en développement et laisse libres dans le même temps des pays qui se sont octroyés le privilège de faire faire de leurs monnaies des monnaies d’échange et de réserve, a souligné le Ministre.  Il faut établir et améliorer constamment des mécanismes mondiaux de règlementation et de surveillance financière, a-t-il insisté.  Une des conclusions à laquelle nous sommes parvenus au vu de la situation actuelle, c’est qu’il faut garder les taux de change des monnaies de réserve stables et promouvoir un système monétaire international plus stable et plus rationnel.


Passant ensuite aux initiatives prises par la Chine, M. Yang Jiechi a indiqué que la Chine avait contribué à hauteur de 1,5 milliard de dollars à la mise en œuvre des programmes d’assistance de la Société financière internationale et qu’elle restait engagée à appuyer les pays partenaires à mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La Chine a d’autre part versé une aide financière à un certain nombre de pays en développement; et elle a signé des accords monétaires régionaux de type « swap » d’une valeur de 650 milliards de renminbi.  La Chine a passé avec le FMI un accord visant à accroître le montant des ressources du Fonds, ce soutien financier devant bénéficier aux pays en développement, a poursuivi le Ministre.  La Chine suit d’autre part de près la mise en œuvre des mesures de soutien à l’Afrique annoncées lors du Sommet de Beijing du Forum de coopération Chine-Afrique, et elle entend honorer les engagements qu’elle a pris d’aider les autres pays du Sud à accélérer leur développement, ceci, lors de l’évènement de haut niveau sur les OMD organisé sous l’égide de l’ONU, a dit M. Yang Jiechi.


M. ZHIVARGO S. LAING, Ministre d’État aux finances du Commonwealth des Bahamas, a déclaré que son gouvernement avait été proactif dans sa réponse à la crise économique et financière.  Les Bahamas ont notamment veillé à maintenir l’intégrité de leur système financier national, à soutenir l’économie et la création d’emplois, à fournir une aide aux plus défavorisés et à garantir une fiscalité faible.  Le Ministre a ensuite déclaré qu’il était temps d’évaluer le rôle et les fonctions des institutions financières internationales, en particulier ceux du FMI.  Tout en reconnaissant l’importance d’établir un « terrain de jeu égal pour tous », il s’est élevé contre le traitement discriminatoire que les pays développés essaient d’imposer, dans ce contexte, aux petites nations et, notamment, aux États insulaires en développement.  De telles actions ne sont pas justifiées par la crise actuelle, a estimé M. Laing, qui a expliqué qu’elles ne faisaient que compromettre les perspectives de développement des économies vulnérables qui font déjà face à de nombreux défis.  Il a, en conclusion, demandé un renforcement de la coopération internationale, l’avènement d’un système de crédit plus transparent, et d’une ONU plus forte.


M. ASHNI SINGH, Ministre des finances du Guyana, a estimé qu’à l’heure où un sixième de la population mondiale souffre de malnutrition, le monde ne peut pas s’offrir le luxe de ne pas mettre rapidement fin aux impacts de la crise financière et économique actuelle.  Les donateurs doivent lever les obstacles derrière lesquels ils se cachent pour ne pas aider suffisamment les pays en développement, a dit M. Singh.  Le Ministre des finances du Guyana a appelé à la mise en place d’un mécanisme transparent chargé d’évaluer les besoins de ces pays et de coordonner l’aide qui doit leur être allouée.  Il a également appelé à la démocratisation du fonctionnement des institutions financières internationales ainsi qu’au renforcement du rôle et de l’efficacité du Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies.  Ces avancées ne seront possibles que si la volonté politique est au rendez-vous, a-t-il estimé, en ajoutant que la Charte des Nations Unies pouvait contribuer à l’adoption d’une approche intégrée facilitant l’atteinte des objectifs de développement internationalement agréés.  M. Singh a ensuite considéré que les accords commerciaux devaient être guidés par le principe de réciprocité entre partenaires économiques traités sur un pied d’égalité.  À cette fin, il a proposé que le rôle de l’Organisation mondiale du Travail (OIT) soit réadapté pour soutenir la mise en œuvre des programmes de développement. 


M. MARK MALLOCH BROWN, Ministre d’État pour l’Afrique, l’Asie et les Nations Unies du Royaume-Uni, a fait remarquer que son gouvernement a pris de grands engagements au titre des Objectifs du Millénaire pour le développement et a augmenté son aide publique au développement jusqu’à des niveaux records.  Il a aussi exprimé son soutien à des institutions financières internationales fortes, capables d’aider tous les pays en temps de crise.  Le Ministre a ensuite recensé les différentes réunions qui ont eu lieu depuis le début de la crise pour définir une réponse à la situation qu’elle a créée et passer à l’action.  À cet égard, il a rappelé que le G-20 a décidé de prendre des mesures pour stimuler les économies développées et émergentes et relancer leur croissance.  Nous avons aussi convenu de consacrer 50 milliards de dollars au soutien des pays à faible revenu, a-t-il rappelé.  Nous sommes fiers de notre Premier Ministre qui a permis que soit élargie la représentation des pays d’Afrique et d’Asie au Sommet du G-20 et qui a défendu l’agenda des pays en développement, a déclaré le Ministre britannique.


M. Malloch Brown a appelé à relancer la croissance des pays en développement en restaurant la confiance dans le système financier.  Il a aussi appelé au renforcement des institutions financières internationales pour les rendre capables d’augmenter les liquidités disponibles et de mieux soutenir la croissance.  Dans l’ensemble, a-t-il noté, les institutions de Bretton Woods ont agi rapidement, de façon souple, et dans la transparence.  Nous avons aussi besoin d’une ONU plus efficace, a-t-il poursuivi, qui coordonne les activités d’analyse et les mesures à prendre, pour aider les pays à surmonter les difficultés.  Le Ministre a aussi appelé les États Membres de l’ONU à assumer leurs responsabilités, en partageant le pouvoir pour parvenir à créer dans chaque pays des institutions plus responsables.  Pour agir au niveau mondial, il faut d’abord agir au niveau national, a-t-il fait remarquer. 


M. JOÃO GOMES CRAVINHO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a déclaré que son pays était fermement engagé en faveur du lancement d’une action concertée visant à réduire l’impact de la crise aux niveaux international, régional et national.  Notre réponse à la crise, a-t-il dit, a identifié les priorités suivantes: promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique; investissement dans les infrastructures technologiques; soutien à l’activité économique; et enfin, promotion et protection de l’emploi et de la cohésion sociale.  En outre, a poursuivi le Secrétaire d’État portugais, un nouveau système financier international doit être basé sur les principes de responsabilité et de transparence.  Dans ce contexte, le Portugal a indiqué qu’il soutenait la participation et l’engagement des économies émergentes et des pays en développement dans les débats portant sur la réforme des institutions financières internationales, a dit M. Gomes Cravinho.  Il est aussi essentiel d’aider les banques multilatérales de développement à contrecarrer les effets de la crise dans les pays en développement, en particulier dans les économies les plus pauvres et les plus vulnérables.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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