En cours au Siège de l'ONU

TAD/2045

LA CNUCED XII CONSACRE LE PRINCIPE D’UNE « MONDIALISATION SOLIDAIRE » AU MOMENT OÙ LE MONDE ASSISTE À L’ÉMERGENCE D’UN « NOUVEAU SUD », MOTEUR DE L’ÉCONOMIE MONDIALE

25/04/2008
Conseil économique et socialTAD/2045
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

TAD/2045


LA CNUCED XII CONSACRE LE PRINCIPE D’UNE « MONDIALISATION SOLIDAIRE » AU MOMENT OÙ LE MONDE ASSISTE À L’ÉMERGENCE D’UN « NOUVEAU SUD », MOTEUR DE L’ÉCONOMIE MONDIALE


(Publié tel que reçu)


Accra, GHANA, 25 avril –- La douzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XII) a achevé aujourd’hui ses travaux par l’adoption de la Déclaration et de l’Accord d’Accra qui consacrent le principe d’une « mondialisation solidaire » en particulier à l’égard de l’Afrique subsaharienne où l’écart par rapport aux prévisions relatives à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est le plus marqué.


Les travaux, qui se tenaient depuis le 20 avril dernier, à Accra, sur le thème général des « Perspectives et enjeux de la mondialisation pour le développement », ont abouti au lancement d’un « New Deal pour l’Afrique », qualifié de « continent de l’espoir » par le Secrétaire général de la CNUCED.  Pour étayer ses propos, Supachai Panitchpakdi a invoqué les progrès remarquables que la région a enregistrés, ces cinq dernières années, en matière de croissance et de démocratisation. 


La « mondialisation solidaire » sera d’autant plus réalisable que le monde assiste aujourd’hui à l’émergence d’un « nouveau Sud » marquant la naissance d’une nouvelle phase de la mondialisation dans laquelle les pays en développement deviennent, à leur tour, un moteur de l’économie mondiale.  Cette  « deuxième génération » de la mondialisation, comme l’a désignée le Secrétaire général de la CNUCED, devrait être mise à profit pour corriger les erreurs du passé et renforcer les effets positifs.  Un degré élevé de cohérence doit être injecté entre les politiques commerciales, financières et de développement humain. 


Supachai Panitchpakdi a en effet relevé qu’outre la « solidarité », la CNUCED XII a, après la longue domination de la loi du marché, rétabli l’État dans ses droits de « stratégiste du développement ».  Le Secrétaire général de la CNUCED s’est aussi attardé sur le rôle, reconnu par tous, des investissements étrangers directs (IED), dans le financement du développement.  Les États membres de la CNUCED, le secteur privé et les spécialistes de l’économie, a-t-il insisté, ont convenu de la nécessité d’une plate-forme concertée « pour ceux qui croient en l’Afrique ».  Le Secrétaire général a aussi noté le lien établi entre expansion commerciale et intégration régionale.


Compte tenu de la situation actuellement difficile que traversent les marchés de produits de base, les États membres ont demandé au Secrétaire général de la CNUCED de transformer l’actuel Service des produits de base en une unité autonome lui faisant directement rapport.  Ainsi créée, cette unité devrait plus efficacement contribuer aux efforts des pays en développement pour élaborer des stratégies et des politiques leur permettant de faire face aux enjeux et aux perspectives de ces marchés de produits de base.


Avant d’adopter les deux textes, la CNUCED XII a tenu deux tables rondes sur les thèmes du renforcement du rôle et de l’efficacité institutionnelle de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement.


La CNUCED, qui tient tous les quatre ans sa session, en convoquera la treizième édition en 2012 au Qatar.


Déclaration d’Accra*


Dans la Déclaration d’Accra, les États membres constatent que des problèmes tels que le renchérissement des denrées alimentaires et de l’énergie, les aléas de l’économie au niveau international, aggravés par les changements climatiques, pourraient freiner la croissance mondiale et particulièrement celle des pays en développement, compromettre les gains procurés par les efforts de réduction de la pauvreté, et constituer une menace directe tant pour les groupes défavorisés que pour le tissu social et politique de nombreux pays.


« Nous sommes résolus à trouver des solutions intégrées à ces problèmes », déclarent-ils, et conformément aux appels à « une révolution verte en Afrique », ils s’engagent à accompagner les efforts nationaux de mesures collectives pour parvenir à une véritable réforme et à une libéralisation du commerce des produits agricoles ainsi qu’à une amélioration des apports d’aide publique au développement (APD) à ce secteur.  Ils se félicitent d’ailleurs de la décision du Secrétaire général de l’ONU de créer une équipe spéciale pour examiner la question de la sécurité alimentaire. 


Constatant que la hausse des prix des produits alimentaires et des coûts des facteurs de production agricole correspond à l’émergence d’une nouvelle économie mondiale des produits de base, les États membres estiment qu’une telle évolution offre une possibilité inédite de promouvoir la croissance économique et le développement durable, en améliorant la productivité des secteurs des produits de base des pays en développement.  Ils s’engagent à renforcer ces secteurs par un accroissement substantiel de l’investissement tant public que privé, une plus grande valeur ajoutée, et une diversification. 


Les résultats de cette Conférence, disent-ils, contribueront grandement à un accès équitable et non exclusif aux avantages offerts par la mondialisation, qu’il s’agisse du commerce, du financement, de l’investissement, de la technologie ou de l’innovation, ainsi qu’à un plein-emploi productif.  Ils étaieront les grandes réunions à venir sur le développement, notamment le Forum pour la coopération en matière de développement du Conseil économique et social, le Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, le débat de haut niveau sur les OMD, et la Conférence de suivi sur le financement du développement.


Ces résultats sont étayés dans l’Accord d’Accra, qui est un texte exhaustif de 66 pages décliné en quatre chapitres comprenant une analyse de la situation, les mesures à prendre, et la contribution que peut apporter la CNUCED. 


Les chapitres s’intitulent « Renforcer la cohérence à tous les niveaux pour inscrire un développement économique durable et la réduction de la pauvreté dans l’élaboration des politiques à l’échelle mondiale, y compris la contribution des approches régionales »; « Aspects fondamentaux du commerce et du développement et nouvelles réalités de la géographie de l’économie mondiale »; « Améliorer un environnement propice à tous les niveaux pour renforcer les capacités productives, le commerce et l’investissement: mobiliser les ressources et mettre à profit les connaissances pour le développement »; et « Renforcer la CNUCED, son rôle en matière de développement, son impact et son efficacité institutionnelle ».


Accord d’Accra**


Ce texte souligne la nécessité pour les pays en développement d’ancrer leurs efforts dans un partenariat mondial pour le développement et dans un vigoureux système des Nations Unies qui réponde aux besoins et aux priorités de tous les pays.  Il souligne qu’il n’existe pas un modèle unique pour une meilleure gouvernance et de meilleures institutions pour le soutien de la croissance.  Les politiques et pratiques en la matière, dit le texte, doivent reposer sur une analyse détaillée et rigoureuse des contraintes à la croissance et au développement induits par le secteur privé. 


Au niveau national, le texte souligne la nécessité d’une cohérence entre les politiques macroéconomiques et microéconomiques.  Au niveau international, il édicte des mesures pour la réforme de l’architecture financière internationale et le renforcement de la coopération régionale entre pays en développement, dans les secteurs monétaire, financier et commercial.  Tous les pays, dit le texte, peuvent contribuer à la stabilité financière internationale, en adoptant des régimes réglementaires transparents, prévisibles et efficaces. 


Le texte souligne aussi que la viabilité de l’endettement est déterminante pour la croissance et, combinée à une gestion efficace de la dette, elle participe aux efforts pour atteindre les objectifs de développement.  Il énumère des mesures pour une meilleure mise en œuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale.


Le texte reconnaît le caractère complexe des questions liées à la quantité et à la qualité de l’APD, en qualifiant de « contribution importante » la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.  Parmi les recommandations faites à la CNUCED, le texte l’appelle à contribuer au débat international sur la politique de développement en faisant ressortir les interactions entre mondialisation, commerce et indicateurs du développement sur la base de statistiques fiables et actualisées.  Au niveau international, le texte lui demande de s’intéresser à la question de l’instauration d’un environnement favorable au secteur privé et à l’investissement des entreprises. 


Dans la partie sur les nouvelles réalités de la géographie de l’économie mondiale, le texte soulève la question de l’adhésion des pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), celle de l’accès aux marchés en franchise et hors contingentement des PMA, et celle de la nécessité pour les pays en développement de renforcer leurs capacités productives et d’accroître leur participation aux chaines de valeur. 


Le Système global de préférences commerciales entre pays en développement (SPGC) est identifié comme essentiel, tout comme le sont l’Initiative d’aide pour le commerce et la levée des mesures non tarifaires et des structures et pratiques anticoncurrentiels.  Le texte n’oublie pas de souligner l’importance d’une culture de la concurrence.  S’agissant des produits de base, il identifie des mesures pour atténuer l’impact de la forte instabilité de leurs prix.  Il aborde aussi la question du commerce des services avant de décrire les stratégies qu’il faut adopter pour favoriser les échanges des biens et services issus de la biodiversité.  Naturellement, le texte rappelle que le développement des infrastructures de transport, de communication et de logistique, ainsi que le renforcement des capacités, constituent des facteurs stratégiques pour accroître les débouchés commerciaux. 


Pour attirer et mettre à profit les IED, le texte appelle à l’amélioration des données sur les incidences des IED et sur l’impact des activités des sociétés transnationales sur les conditions sociales, la situation économique et le développement.  Le texte décrit les mesures qu’il faut prendre pour renforcer la bonne gouvernance et la primauté du droit, conditions préalables à l’attraction des IED.  Le texte préconise aussi des mesures pour le développement de l’infrastructure des nouvelles technologies et la formation des compétences dans ce domaine pour réduire la fracture numérique. 


Les trois piliers de l’action de la CNUCED que sont la recherche et l’analyse, la formation de consensus et la coopération technique forment un tout organique et sont intimement liés.  Des appels à leur renforcement sont contenus dans le texte pour garantir l’accomplissement du mandat de la CNUCED.  La Conférence, conclut le texte, peut contribuer à la réalisation de l’Initiative de l’aide pour le commerce par le biais, notamment, de ses activités de coopération technique, y compris sa participation au Groupe interinstitutions sur le commerce et les secteurs productifs.


CNUCED XII


La douzième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement s’est ouverte, le 20 avril dernier, au cours d’une cérémonie à laquelle ont participé le Président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, en sa qualité d’hôte de la CNUCED XI, et son homologue ghanéen, John Kufuor, ainsi que le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. 


Après cette cérémonie, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres, les représentants des organisations internationales, du monde universitaire, du secteur privé et des ONG ont participé à neuf tables rondes ministérielles s’articulant autour des quatre thèmes subsidiaires qu’étaient le renforcement de la cohérence; la nouvelle géographique de l’économie mondiale; le renforcement des capacités productives, et l’efficacité institutionnelle de la CNUCED.  D’autres lieux de discussions ont été mis en place comme le Forum mondial de l’investissement, celui de la société civile, le débat général, et la Réunion de haut niveau sur la prospérité de l’Afrique.


La CNUCED XII avait ouvert ses portes à Accra dès le 18 avril avec les réunions de l’Association nationale des organismes de promotion et de l’investissement (WAIPA), la réunion ministérielle du Groupe des 77 et l’Initiative « Afrique créative ».  Enfin, le Prix 2008 de la femme chef d’entreprise ayant bénéficié des cours de formation dispensés par les 27 centres Empretec de la CNCUED a été attribué à Saba Zaal Burgan, fondatrice d’une entreprise qui promeut les services médicaux jordaniens auprès de clients internationaux pratiquant le « tourisme médical ».


*   TD/L.413

**  TD/L.414


Pour plus d’informations, veuillez consulter le site Internet de la CNUCED XII à l’adresse suivante www.unctadxii.org


Table ronde sur le thème: Renforcer la CNUCED et son rôle en matière de développement 


La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ne doit pas répéter les erreurs commises au cours de la première phase de la mondialisation; elle doit plutôt dans l’avenir s’appuyer sur la vaste expertise qu’elle a acquise depuis une quarantaine d’années, pour devenir une force de stabilisation du commerce mondial, a déclaré, ce matin, Supachai Panitchpakdi, Secrétaire général de la CNUCED, au cours d’une table ronde organisée au dernier jour des travaux de la douzième session de la Conférence.


M. Panitchpakdi a lancé ce mot d’ordre alors qu’il animait les débats consacrés aux moyens de renforcer la CNUCED, et en particulier son rôle en matière de développement.  Il est pertinent de lancer cette réflexion au moment où nous venons de finaliser le texte de la Déclaration d’Accra, un des documents finaux de cette douzième session de la CNUCED, a-t-il relevé.  Les objectifs plus larges à assigner à la CNUCED seraient de trouver, au-delà d’un consensus sur les finalités, un accord consensuel sur les moyens à mettre en œuvre pour un système commercial multilatéral juste et ouvert, ont unanimement estimé les participants à la table ronde.


À titre d’information, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, qui a été créée en 1964, a été chargée par la résolution 1995 (XIX) de l’Assemblée générale de promouvoir le commerce international; de formuler des principes et des politiques concernant le commerce international et les problèmes connexes du développement économique; et de passer en revue et faciliter la coordination des activités menées par d’autres institutions appartenant au système des Nations Unies dans les domaines mentionnés.


Depuis sa création, la CNUCED a contribué à la promotion du commerce international et du développement économique afin d’œuvrer pour une économie mondiale plus efficace, plus stable et plus équitable au service des intérêts de tous.  Dès le départ, les États membres ont unanimement admis que la promotion du commerce et du développement économique touchait un large éventail de questions interdépendantes qui devaient être traitées de manière intégrée et cohérente, afin de faire du commerce un instrument efficace de développement économique.


Le rôle de la CNUCED a été, de ce fait, défini comme celui de l’organe des Nations Unies chargé du traitement « intégré » du commerce et du développement et des questions connexes dans les domaines du financement, de la technologie, de l’investissement et du développement durable.  Mais aujourd’hui, plus de 40 ans après sa création, la CNUCED fonctionne dans un monde qui a profondément changé.  De nouveaux enjeux et de nouvelles perspectives sont ainsi apparus alors que dans le même temps, certains des problèmes qui ont entraîné la création de la CNUCED continuent d’entraver les efforts de développement.


Pour remédier à cette situation, un Groupe de personnalités a été constitué par le Secrétaire général de la CNUCED en octobre 2005 en vue de renforcer le rôle de cette institution en matière de développement et son impact.  Le rapport du Groupe de personnalités, qui comprenait 21 recommandations, a été publié en juillet 2006 et, à sa quarante et unième réunion directive, en avril 2007, le Conseil du commerce et du développement a approuvé un certain nombre de ces recommandations.


Par exemple, le Groupe de personnalités estimait que les organisations internationales comme la CNUCED pouvaient et devaient jouer un rôle de catalyseur dans la poursuite du développement au niveau national comme au niveau international, grâce à leurs activités novatrices en matière de promotion et d’analyse des politiques.  Aux termes de ces recommandations, la CNUCED devrait se poser en entité distincte, en prenant l’initiative en tant que centre de réflexion du système des Nations Unies pour le traitement intégré des questions interdépendantes liées au commerce, à l’investissement, à la technologie et au financement.


En outre, ses compétences de base devraient être préservées et renforcées, ont souligné aujourd’hui les panélistes, en reprenant les recommandations du Groupe de personnalités.  Le système des Nations Unies dans son ensemble et les États membres de la CNUCED, devraient mettre à profit la somme d’excellence technique dont elle dispose concernant les grandes orientations du développement économique et veiller à ce qu’elle puisse contribuer à l’action entreprise à l’échelle du système pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Le Groupe de personnalités a aussi estimé que la CNUCED devrait être un centre de réflexion sur les questions de développement et jouer un rôle de catalyseur pour des groupes de réflexion.  Par ailleurs, à l’occasion de l’examen à mi-parcours de 2006, les États membres de la Conférence ont souligné l’importance fondamentale de la formation de consensus à la CNUCED, en particulier dans une perspective de développement, et ont insisté sur la contribution de cette activité à une meilleure compréhension et à une plus grande convergence sur les questions examinées.


L’apport le plus efficace de la CNUCED au consensus mondial sur le développement réside probablement, dans sa capacité de jouer son rôle dans ces deux derniers domaines −en réalisant des recherches et des analyses novatrices et en faisant en sorte que les résultats de ses travaux d’analyse soient examinés et affinés dans le cadre du mécanisme intergouvernemental, en vue d’élaborer des orientations axées sur le développement et des programmes concrets d’information dans les pays en développement.  Dans cet exercice, il faudra concilier l’innovation et la formation de consensus, a-t-il été convenu au cours de la table ronde.


Nous devons à tout prix nous transformer, devenir plus dynamiques et plus sensibles aux grandes questions internationales, régionales et nationales, a assuré Supachai Panitchpakdi.  Il faut prendre appui sur notre travail d’analyse et de coopération technique pour élaborer de véritables directives politiques en faveur d’un commerce plus équitable, a-t-il souligné.


Un ordre de priorités est indispensable pour répondre à ces questions de manière efficace, a insisté le Secrétaire général de la CNUCED, en appuyant les points de vue du Secrétaire général de l’ONU et du Président du Ghana, qui ont exhorté en début de session la CNUCED à jouer un rôle plus opérationnel que par le passé.  Il faut éviter les erreurs commises lors de la première phase de la mondialisation et corriger maintenant les asymétries qu’elles ont pu renforcer et celles sur lesquelles elles reposent.


La CNUCED a lancé un processus de restructuration dans le contexte de la vaste réforme dans laquelle est engagé tout le système des Nations Unies.  Tout est loin d’être résolu, a reconnu Supachai Panitchpakdi.  Mais quel que soit le mandat que les États Membres de l’ONU lui attribueront, la CNUCED est disposée à rationaliser ses travaux, a-t-il assuré.


Présent à cette table ronde, l’ancien président de la République-Unie de Tanzanie, Benjamin Mkapa, a estimé que la CNUCED devait désormais jouer un rôle concret dans la maîtrise de l’investissement pour les pays en développement.  Le Directeur exécutif du secteur de l’emploi au sein du Bureau international du Travail, José Manuel Salazar, a, quant à lui, suggéré que pour corriger les déséquilibres qui prévalent dans les échanges internationaux, la CNUCED devrait  envisager d’élaborer de nouveaux modèles de production.  M. Salazar n’a pas hésité à dire que le rôle de la CNUCED était de continuer à provoquer un véritable « remue-ménage » et une remise en question permanente dans le fonctionnement des règles du commerce mondial.


Ont aussi pris part à cette table ronde MM. Hakon Arald Gulbrandsen, Secrétaire d’État au développement international de la Norvège; George Dragnich, Directeur de l’Office of Economic and Development Affairs au Département d’État des États-Unis; Robert Davies, Ministre adjoint au commerce et à l’industrie de l’Afrique du Sud.  Martin Khor, du réseau d’ONG Third World Network, a pris part au débat au nom du Forum de la société civile.


Table ronde sur le thème: Renforcer la CNUCED, son impact et son efficacité institutionnelle


Poursuivant le débat entamé ce matin sur le renforcement de la CNUCED, les participants à la seconde table ronde, tenue dans l’après-midi, ont choisi  d’axer leur réflexion sur l’impact et l’efficacité institutionnelle de la seule instance intergouvernementale du système des Nations Unies chargée de traiter des questions de commerce et de développement.


D’emblée, M. Supachai Panitchpakdi, le Secrétaire général de la CNUCED, a repris à son compte les exhortations du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, qui a déclaré à l’ouverture des travaux de la CNUCED XII qu’il fallait aller au-delà de la simple rhétorique pour passer à l’action.  Supachai Panitchpakdi a fait le pari de transformer la CNUCED en une organisation réorientée vers l’action dans le cadre d’une ONU réformée au service de tous.


Un des principaux atouts de la CNUCED, a-t-il rappelé, tient au fait que, de par sa structure même, elle assure la cohérence entre ses activités normatives, analytiques et opérationnelles, comme le démontrent ses trois grands domaines d’action, à savoir la recherche et l’analyse, la formation de consensus intergouvernementaux et la coopération technique.


Dès lors, tous les efforts visant à renforcer l’impact et l’efficacité institutionnelle de la CNUCED seraient vains sans une conception claire de ces qualités uniques, et sans l’adoption de mesures ciblées destinées à les accroître et à assurer une meilleure cohérence entre elles, ont souligné plusieurs des panélistes.


Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Pérou a rappelé que la CNUCED n’avait plus le même impact qu’au moment de sa septième session, qui s’est tenue en 1988 à Genève, et au cours de laquelle le débat sur le commerce international suscitait alors la plus grande attention.  C’est à cette occasion qu’avait été établi le Fonds pour les matières premières, a précisé Gonzalo Gutierrez Reinel.  La question de la dette y avait aussi été âprement discutée, a-t-il rappelé.  Demain, combien de grands journaux vont se faire l’écho des travaux de la CNUCED XII? s’est-il demandé.


Ce forum ne soulève plus le même enthousiasme 20 ans plus tard, a regretté M. Gutierrez Reinel.  Ce désintérêt tient pour partie à la persistance de formules éculées, comme la création de commissions supplémentaires, a estimé le Vice-Ministre péruvien.  Revenant sur les négociations de ces derniers jours, il s’est demandé si la déclaration à laquelle elles avaient abouti reflétait vraiment la volonté de chacun des États signataires.


M. Reinel a aussi posé la question de savoir si la segmentation des questions examinées contribuait aux objectifs recherchés par la CNUCED.  Adopter une déclaration est une chose, faire la différence dans la vie quotidienne des habitants d’Accra ou de Lima en est une autre, a-t-il jugé.


La dépolitisation des thèmes est également nécessaire, dans la mesure où les négociations sur le commerce doivent cesser de se confondre avec des positions politiques, a-t-il lancé.  Cette proposition s’adresse en particulier aux donateurs, qui ne doivent pas conditionner leur aide à des objectifs politiques ou idéologiques, a dit le Vice-Ministre.


Pour sa part, la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), Anna Tibaijuka, a déclaré que la CNUCED devait être en mesure d’aborder les questions d’actualité avec courage et humilité.  Rappelant que la Conférence avait été créée pour mobiliser les consciences du monde, Anna Tibaijuka a relevé que c’était la raison pour laquelle ses détracteurs continuaient de lui reprocher ses interventions.  Ainsi, serait-il concevable d’envisager aujourd’hui un débat sans parler des implications des phénomènes climatiques ou de l’urbanisation sur le développement? a-t-elle dit.


La Présidente du Comité des ONG pour le financement du développement, qui s’exprimait au nom du Forum de la société civile, a souligné la nécessité d’améliorer les relations de la CNUCED avec celle-ci.  Margaret Blamberg a parlé d’un ralentissement à ce niveau, et elle a prôné un plus grand rapprochement entre les divers acteurs.  Andrej Ster, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Slovénie, et Ransford Smith, Secrétaire général adjoint au Secrétariat du Commonwealth, ont également participé au débat.


Déclarations de clôture


M. SUPACHAI PANITCHPAKDI, Secrétaire général de la CNUCED, a déclaré que l’un des principaux objectifs de la CNUCED était de mettre à jour la compréhension de la mondialisation, de forger un nouveau consensus sur les questions clefs de développement et d’identifier les mesures pour y répondre.  À cet égard, cette douzième session s’est penchée sur les plus urgentes de ces questions, comme celle de la crise alimentaire actuelle.  Les délibérations de la CNUCED ont ainsi permis de souligner certaines des mesures déterminantes de moyen ou de long terme à prendre pour prévenir la récurrence de telles crises à l’avenir.  Elles devraient notamment se concentrer à l’avenir sur le renforcement de la capacité de production et la relance de l’agriculture dans les pays en développement.


En tant qu’organisation dont la contribution initiale au développement est d’abord intellectuelle, certaines des décisions finales de la CNUCED XII se présentent sous la forme de nouveaux concepts et grilles de lecture, a expliqué le Secrétaire général.  Ainsi, la Conférence a attiré cette année l’attention sur le besoin pour l’intégration économique internationale de ne pas être seulement évaluée en termes quantitatifs (volume d’exportations et investissement direct étranger) mais aussi en termes qualitatifs (valeur ajoutée, diversification, création d’emplois).  La Conférence a également reconnu la nécessité d’une diversité des politiques pour réaliser les priorités et les objectifs de développement.  Les stratégies nationales de développement devraient ainsi prendre en compte les besoins et les exigences propres à chaque pays, a souligné M. Supachai Panitchpakdi, qui a cité en exemple le concept d’Enabling State, celui-ci intégrant les politiques et les institutions proactives en matière de développement.


Le Secrétaire général de la CNUCED s’est aussi félicité de l’adoption de l’Accord d’Accra, qui reflète non seulement un nouveau consensus sur les opportunités et les défis de la mondialisation pour le développement, mais identifie aussi une large gamme d’actions qui peuvent maintenir la croissance économique qui a profité à tant de pays et –plus important peut-être– permettre une redistribution plus équitable de ses fruits.


La CNUCED XII a donc été une étape importante dans la progression du dialogue international sur le développement et dans le renforcement de la Conférence dans ses trois piliers, a conclu son Secrétaire général.  Elle émerge de cette session comme une institution revitalisée prête à relever les défis qui l’attendent à l’avenir, a-t-il assuré.


La représentante de la République-Unie de Tanzanie a présenté ses remerciements au Ghana, au nom de toutes les délégations représentées à la Conférence.  Toutes les parties prenantes ont largement contribué au succès de la Conférence.  La douzième Conférence a rassemblé plus de 3 000 personnes, et l’Accord d’Accra est un texte positif qui imprime un nouvel élan aux travaux de la CNUCED pour les quatre prochaines années.  Consciente des sacrifices auxquels le Ghana a consentis pour faciliter les travaux, a dit la représentante, qui a ensuite remercié le Président du Ghana pour cet accueil chaleureux.


M. POPANE LEBESA, Ministre du commerce, de l’industrie, des coopératives et du marketing du Lesotho, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77, a voulu que les quatre prochaines années soient fécondes.  Les résultats des documents finaux ne plaisent peut-être pas à tout le monde, mais nous devons désormais travailler dans un esprit constructif pour affiner le consensus, a-t-il préconisé.  Le partenariat revêt de multiples facettes, et on peut compter sur le soutien du Groupe des 77 et de la Chine lorsque l’on passera à la mise en œuvre des recommandations de cette Conférence, a dit M. Lebesa. 


M. BAMANGA ABBAS (Tchad), qui s’exprimait au nom du Groupe africain, s’est aussi réjoui de l’adoption de l’Accord d’Accra qui devrait guider les prochains travaux relatifs à la mise en œuvre des recommandations.  Il a salué les partenaires au développement pour leur coopération avant de se féliciter de l’action de la CNUCED et de son Secrétaire général en faveur des PMA.  Il a insisté sur la nécessité de traduire en actes concrets et dans les meilleurs délais, l’Accord d’Accra.  Toute l’Afrique attend avec impatience que la CNUCED mette sur pied l’unité sur les produits de base, a-t-il indiqué.  Le représentant a aussi salué le Secrétaire général de l’ONU pour la création prochaine du Groupe de travail sur les produits de base.  Il a invité les partenaires au développement à méditer sur la phrase prononcée par le Président du Ghana selon lequel: « l’Afrique est l’épicentre de l’urgence en matière de développement ».


Nous partageons les espoirs de fortifier la CNUCED, a déclaré Mme ERLINDA BASILO (Philippines), en prenant la parole au nom du Groupe asiatique.  Nous avons désormais une feuille de route, a-t-elle dit, en souhaitant que la CNUCED devienne apte à fournir les ressources et le savoir-faire nécessaires au monde en développement. 


M. FEROZ AHMED (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a attiré l’attention sur la Déclaration ministérielle des PMA qui a été adoptée au début des travaux  de la CNUCED XII.  Il a espéré que dans cet esprit de coopération, il sera possible d’engranger d’autres succès.


M. DARIO CELAYA ALVAREZ (Argentine) a pris la parole au nom du Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes et a rappelé que les documents sont un plan de travail pour les prochains mois, et que la réalisation de ce plan dépend de la coopération de tous.


M. ANDREJ LOGAR (Slovénie), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, s’est dit heureux de l’adaptation de l’Accord d’Accra qui est un texte « équilibré et satisfaisant ».  Il s’agit d’une excellente base pour poursuivre les travaux de la CNUCED pendant ces quatre prochaines années, a-t-il dit.  Il s’est félicité de l’importance politique accordée aux problèmes des produits de base.  Il a aussi salué les mesures arrêtées pour renforcer la CNUCED qui pourra utiliser son avantage comparatif pour donner plus de vigueur à l’assistance apportée aux pays en développement.  Nous travaillerons aux côtés de tous nos partenaires pour faire avancer le mandat de la CNUCED, a-t-il assuré.


M. ANDREY V. KEMARSKY (Fédération de Russie), en tant que porte-parole des États du Groupe des pays d’Europe de l’Est, a dit que le travail accompli aura des retombées sur le secteur privé et les investissements.  Il a promis de poursuivre la coopération au sein de la CNUCED notamment pour ce qui est de l’accession de la Fédération de Russie à l’OMC.  Nos efforts collectifs devraient viser à mettre en œuvre les recommandations adoptées aujourd’hui, en gardant à l’esprit les intérêts de chaque État, a-t-il estimé.


M. SWASHPAWAN SINGH (Inde) a salué l’issue heureuse de négociations âpres, mais dont la réussite contribuera à faire face aux problèmes de la croissance et du développement, en particulier celui du secteur agricole.  Le climat des négociations a été positif et constructif, augurant ainsi le rôle de premier plan que continuera de jouer la CNUCED pour mettre le commerce au service du développement.


M. KEITARO SATO (Japon) s’est dit certain que l’Accord d’Accra sera une feuille de route susceptible de renforcer l’action de la CNUCED.  Les dispositions prises seront un jalon important pour la TICAD IV, dont les travaux auront lieu bientôt au Japon, a-t-il ajouté.  Face à la crise alimentaire, le Japon a décidé de débloquer 100 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire par le canal du Programme alimentaire mondial (PAM), en tant que mesure d’urgence.  Le Japon est prêt à long terme à répondre à l’appel lancé pour atténuer la crise alimentaire, a encore dit le représentant.


Mme MABEL GÓMEZ OLIVIER (Mexique) a souligné que le renforcement de la CNUCED est une responsabilité partagée par tous.  Toute l’énergie libérée devrait rendre plus concret les autres accords qui ont précédé l’Accord d’Accra.  Il faudra donner suite à ce dernier accord, en ne craignant pas les efforts qui s’imposeront pour mettre au point un programme de développement en relevant les défis et les enjeux de la mondialisation, a-t-elle souligné.  La CNUCED doit pouvoir participer à l’examen des questions inscrites dans l’ordre du jour international, ce que reconnaît d’ailleurs l’Accord d’Accra, s’est-elle félicitée.  Tous les États doivent s’impliquer totalement dans les efforts visant à renforcer la CNUCED et respecter les engagements qu’ils ont pris ici.


M. GABRIEL KOHOU (Côte d’Ivoire) a souligné que c’est la première fois qu’une session de la CNUCED commence avec un texte incluant plus d’une soixantaine de points non agréés.  Il s’est donc félicité que la prophétie d’un échec, en particulier, sur les produits de base ne se soit pas réalisée.  Ce n’est pas un hasard que naisse au Ghana, ancien premier producteur mondial de cacao, une unité autonome sur les produits de base au sein de la CNUCED.  Nous avions beaucoup de préoccupations, mais seule la création d’une commission nous a échappé, a dit le représentant.  Le travail n’est cependant pas terminé.  Il faut veiller à la mise en œuvre de l’Accord d’Accra.  Nous avons besoin de la CNUCED et elle a besoin de nous, a-t-il indiqué.


M. YASSER M. ATEF (Égypte) a souligné l’importance de mettre en œuvre un texte aussi important pour les pays en développement. 


Le représentant du Chili a félicité tous les collaborateurs qui ont contribué au succès de la Conférence.


Ensemble, a commenté, à son tour, M. GEORGES S. DRAGNICH (États-Unis), nous sommes arrivés au succès après de longs mois de négociations complexes.  L’Accord d’Accra est l’expression d’un équilibre auquel nous sommes parvenus, et les mesures adoptées permettront de poursuivre les efforts de façon productive et constructive.


Au nom du Groupe arabe, M. SAADI ALTUMAIZI, l’Observateur de la Palestine, s’est félicité d’un texte « qui marque sa sympathie avec le peuple palestinien même s’il ne répond pas exigences minimales du Groupe arabe et du Groupe des 77 ».  Mais l’essentiel était de permettre à la CNUCED de remplir son noble mandat, a-t-il dit en espérant qu’à la prochaine CNUCED, la cause palestinienne aura trouvé une solution, permettant ainsi aux Palestiniens de contribuer aux efforts de la CNUCED.


Au nom du pays hôte, M. AKWASI OSEI AGYEI, Ministre des affaires étrangères du Ghana, a transmis la reconnaissance de son pays pour l’honneur qui lui a fait d’avoir été l’hôte de la CNUCED XII.  Il a souligné la contribution exceptionnelle du Secrétaire général de la CNUCED, du Président du Comité préparatoire et du Groupe des facilitateurs.  Il a aussi remercié le secteur privé, la société civile et les médias.  La patience, la tolérance et le respect mutuels ont caractérisé les négociations a-t-il dit, voyant là un signe de bon augure pour les travaux de la CNUCED.  Il n’y a pas de façon plus capable de résoudre les crises auxquelles le monde est confronté.  Ensemble, nous avons servi la cause commune en redonnant à la CNUCED sa vision d’origine.  Ce que nous avons réalisé ici doit permettre un meilleur fonctionnement de l’économie mondiale, a-t-il conclu en se félicitant du sentiment de solidarité qui prévaut désormais.


Après avoir passé en revue l’Accord d’Accra, M. JOE BAIDOE-ANSAH, Président de la CNUCED XII et Ministre du commerce, de l’industrie et du développement du secteur privé du Ghana,a estimé que ce qui a été accompli est une performance dont chacun peut réclamer la paternité.  Il a dit vouloir compter sur une mise en œuvre immédiate de l’Accord d’Accra, en se promettant de la suivre de très près.  La Conférence avait un ordre du jour très chargé, mais nous avons, a-t-il dit, connecté et renforcé des liens qui existaient déjà entre nous et la communauté internationale, car nous vivons dans un village global.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.