CONSEIL DE SÉCURITÉ : B. LYNN PASCOE SE FÉLICITE DES PROGRÈS ACCOMPLIS EN IRAQ MALGRÉ UNE TRANSITION NATIONALE DIFFICILE
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Conseil de sécurité
5878e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ : B. LYNN PASCOE SE FÉLICITE DES PROGRÈS ACCOMPLIS EN IRAQ MALGRÉ UNE TRANSITION NATIONALE DIFFICILE
Les membres du Conseil insistent sur la nécessité d’assister l’Iraq à faire face aux défis qui subsistent
L’Iraq continue de faire face à des défis considérables et doit être soutenu pour régler certaines questions fondamentales, ont estimé, ce matin, les membres du Conseil de sécurité qui examinaient la situation dans ce pays au cours des derniers mois*.
Les Nations Unies, notamment par le biais de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), mais aussi de la communauté internationale, et en particulier des pays voisins, ont un rôle essentiel à jouer pour assister l’Iraq vers la reconstruction et la stabilité.
De retour d’une visite en Iraq, du 19 au 21 avril, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Lynn B. Pascoe s’est félicité des progrès accomplis par le Gouvernement, notamment la promulgation de lois clefs, comme celle sur l’amnistie, et l’adoption du budget pour 2008. Il est impératif de maintenir l’élan positif issu de ces mesures et d’en prendre d’autres pour régler certaines questions fondamentales, comme le partage des ressources et l’accord sur la structure fédérale de l’État iraquien, a-t-il ajouté.
Le caractère primordial de ces questions a d’ailleurs été mis en avant par de nombreux membres du Conseil. La France et la Belgique ont plaidé pour l’adoption d’une loi sur les hydrocarbures alors que la Jamahiriya arabe libyenne et le Panama ont insisté sur l’importance du dialogue national. En dépit des difficultés qui subsistent, le processus politique progresse vers une transformation démocratique et la coexistence du peuple iraquien, a pour sa part assuré le représentant de l’Iraq.
De son côté, le représentant des États-Unis, qui faisait état des activités de la Force multinationale, a affirmé que la situation en matière de sécurité avait continué à s’améliorer dans l’ensemble, constatant une diminution du nombre d’incidents hebdomadaires par rapport à l’été 2007. Toutefois, le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer que les forces armées étrangères n’étaient toujours pas capables d’assurer la sécurité dans le pays et de lutter contre les insurgés.
Toujours sur le plan de la sécurité, le représentant des États-Unis a déploré l’influence déstabilisante de groupes, appuyés par l’Iran qui continue de les armer, les former et les financer. Il a aussi noté que la Syrie servait de passage pour les terroristes qui opéraient en Iraq.
De nombreuses délégations ont également mis en lumière la nécessité de respecter l’intégrité territoriale de l’Iraq et le principe de non-ingérence dans ses affaires internes tout en insistant sur l’importante contribution des pays de la région à la stabilisation du pays. Dans ce contexte, elles ont salué la tenue de la Réunion ministérielle élargie de l’Iraq et des pays voisins, le 22 avril au Koweït, qui a été l’occasion de réaffirmer ces principes.
Outre la sécurité et le processus politique, le Conseil de sécurité a aussi indiqué que la situation humanitaire constituait une source de préoccupation. Alors que plus de deux millions d’Iraquiens ont fui dans les pays voisins, de nombreux pays ont appuyé l’Appel consolidé 2008 pour l’Iraq, lancé à Bagdad le 12 février dernier, et qui doit servir à financer les activités humanitaires et les programmes de reconstruction.
Le représentant de l’Iraq a, de son côté, fait part des efforts de son pays dans ce domaine, et notamment de l’élaboration, avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) d’une stratégie nationale d’assistance pour les réfugiés dans les pays voisins.
Face aux défis à surmonter, ce dernier a aussi plaidé pour un renforcement de la coopération régionale, et demandé l’annulation de la dette extérieure de son pays et le rétablissement des relations internationales, par le biais de représentations diplomatiques.
Le Conseil de sécurité a aussi mis en lumière l’importante contribution des Nations Unies à la stabilité de l’Iraq. A cet égard, M. Pascoe a rappelé que la MANUI avait vu son mandat élargi à la suite de l’adoption de la résolution 1770 du Conseil de sécurité et précisé qu’elle avait renforcé sa présence à Bagdad et à Erbil. Les États-Unis, a indiqué leur représentant, souhaitent quela MANUI envisage d’élargir sa présence à d’autres provinces en Iraq.
Par ailleurs, les membres du Conseil ont salué la contribution de la MANUI en matière d’assistance électorale et de règlement des différends territoriaux à l’intérieur du pays, questions qui, a rappelé M. Pascoe, constituent des priorités pour la Mission.
S’agissant encore du rôle des Nations Unies, la plupart des délégations ont souligné l’importance de la prochaine rencontre, à Stockholm le 29 mai prochain, des parties prenantes du Pacte international pour l’Iraq, coprésidé par le Secrétaire général et le Gouvernement iraquien. Le représentant iraquien a espéré que cette réunion sera l’occasion de mobiliser les efforts de la communauté internationale pour le développement de l’Iraq.
* Rapport du Secrétaire général publié sous la cote S/2008/266
LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ
Rapport présenté par le Secrétaire général en application du paragraphe 6 de la résolution 1770 (2007) (S/2008/266)
Exposé
M. B. LYNN PASCOE, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a rappelé qu’il avait visité Bagdad du 19 au 21 avril et s’était rendu à la Conférence ministérielle de l’Iraq et des pays voisins, qui s’était tenue le 22 avril, au Koweït. Présentant le rapport du Secrétaire général sur la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), il a indiqué que ce document soulignait les défis auxquels fait face l’Iraq et les efforts entrepris par le Gouvernement iraquien, les États voisins, les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble pour les surmonter. Malgré quelques améliorations sur le plan de la sécurité, il a affirmé que le Gouvernement iraquien continuait à faire face à des défis considérables quant au processus de réconciliation nationale. Il a toutefois noté que des mesures importantes avaient été prises en janvier dernier, dont l’adoption d’une loi sur la justice et la responsabilisation et du budget 2008. M. Pascoe a estimé qu’il était impératif de maintenir l’élan positif issu de ce type de mesures et d’en prendre d’autres pour régler certaines questions fondamentales comme le partage des ressources et l’accord sur la structure fédérale de l’État iraquien.
Par ailleurs, M. Pascoe a fait valoir que l’adoption de la résolution 1770 du Conseil de sécurité, qui a élargi le mandat de la MANUI, fournissait une base importante pour le travail des Nations Unies en Iraq. Il a également souligné que la question des différends territoriaux au sein même du pays constituait une priorité pour la Mission. Celle-ci, a-t-il précisé, a mené de nombreuses visites sur le terrain afin de rencontrer des dirigeants locaux, faciliter le dialogue et renforcer la confiance. Il a aussi affirmé que la MANUI continuait à appuyer la Haute Commission électorale indépendante dans ses préparatifs pour conduire des élections crédibles. Il a rappelé que cette Commission était en train de mettre à jour la liste des électeurs à travers le pays, alors que des élections du Conseil des gouvernorats doivent se tenir le 1er octobre.
Se penchant ensuite sur la situation humanitaire, le Secrétaire général adjoint a indiqué que celle-ci suscitait encore de vives préoccupations. Il a assuré que les Nations Unies suivaient la situation dans le quartier de Sadr City, à Bagdad, et dans la ville de Bassorah. Il a déclaré que les Nations Unies étaient engagées à travailler avec tous les acteurs concernés pour assurer que l’assistante urgente atteigne les civils les plus vulnérables. Il a également insisté sur la situation des réfugiés et des personnes déplacées. À cet égard, M. Pascoe s’est déclaré convaincu que le Gouvernement iraquien et la communauté internationale dans son ensemble peuvent et doivent faire davantage pour aider les pays d’accueil, en attendant qu’une solution politique durable soit trouvée pour régler cette crise.
M. Pascoe a déclaré que le soutien des pays voisins était essentiel pour la stabilité de l’Iraq. Il a souligné que la Réunion ministérielle qui s’était tenue le 22 avril au Koweït avait été l’occasion de réaffirmer l’engagement en faveur de l’intégrité territoriale du pays et de condamner tout acte de terrorisme. Il a affirmé que les Nations Unies encourageaient l’Iraq et ses voisins à accélérer leurs efforts en faveur d’un dialogue afin de renforcer la coopération dans des domaines d’intérêt mutuel. Il a aussi insisté sur le rôle du Pacte international pour l’Iraq, dont la prochaine rencontre aura lieu à Stockholm le 29 mai prochain, faisant observer qu’il permettrait d’examiner les progrès faits pour en atteindre les objectifs.
Le Secrétaire général adjoint a souligné qu’il était dans l’intérêt de tous d’aider l’Iraq à parvenir à la paix et la prospérité. Il a rappelé que la MANUI avait renforcé sa présence dans le pays, avec 140 personnes à Bagdad et 40 à Erbil, en mettant en place des bureaux de liaison ou encore en assurant son retour à Bassorah. Il a aussi dit qu’il était envisagé d’étendre la présence de l’ONU à Nadjaf, Ramadi et Kirkouk. Faisant part de sa récente visite de la Mission, il a affirmé que les Nations Unies pouvaient être fières du travail remarquable accompli par celle-ci, dans un environnement très difficile. Il a aussi indiqué que ses interlocuteurs iraquiens avaient fait part de leur gratitude quant à ce rôle renforcé des Nations Unies en Iraq. Tout en se félicitant de l’appui du Conseil de sécurité en faveur de la MANUI, il a exhorté les États Membres à fournir un soutien financier et logistique additionnel à la Mission.
Enfin, M. Pascoe a mis l’accent sur la détermination et l’engagement du Gouvernement iraquien pour faire face aux défis de la réconciliation nationale, de la reconstruction et du développement du pays. C’est une entreprise à long terme qui exige l’appui soutenu de la communauté internationale, a-t-il conclu.
Déclarations
M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a présenté le rapport d’activités de la Force multinationale, comme le demandent les résolutions 1546, 1637, 1723 et 1790 du Conseil de sécurité. Il a déclaré que les États-Unis partageaient avec le peuple iraquien l’objectif de parvenir à un pays unifié capable de se gouverner et de se défendre de manière indépendante. Rappelant que le Président Bush et le Gouvernement iraquien avaient approuvé l’augmentation du nombre de troupes de la Coalition, il a signalé que l’environnement sécuritaire avait continué à s’améliorer dans l’ensemble et que des gains politiques, diplomatiques et économiques avaient aussi été réalisés même si les progrès ont été inégaux dans divers domaines et que de nombreux défis se posent encore.
Le représentant a fait état d’une diminution du nombre d’incidents hebdomadaires par rapport à l’été 2007, le nombre de décès parmi les civils ayant diminué de 72%. Une autre tendance importante est la diminution de plus de 94% de la violence ethnique et sectaire dans le pays. Cette diminution est de 97% à Bagdad en raison de la présence plus importante des forces de la Coalition et des forces iraquiennes le long des lignes de combats sectaires et des capacités réduites de l’ennemi de relancer cette violence. Le nombre de morts résultant d’explosions a aussi diminué en raison de la destruction de certains réseaux et de la plus grande proportion d’engins désamorcés avant qu’ils n’aient explosés.
Mais les attaques récentes menées par des groupes appuyés par l’Iran contre les civils iraquiens, les forces iraquiennes et multinationales montrent l’influence déstabilisante de l’Iran, a fait observer le représentant des États-Unis. Les Gardiens de la révolution islamique continuent d’armer, de former et de financer des groupes illégaux en Iraq. Ces transferts d’armes vont à l’encontre des restrictions imposées en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. La Syrie constitue aussi le point d’entrée de 90% des terroristes entrant en Iraq.
Le représentant a rappelé que 33 pays à l’heure actuelle jouaient un rôle important en Iraq soit en participant à la Coalition soit an apportant un soutien à la MANUI. Les forces de sécurité iraquiennes continuent de progresser avec 540 000 individus, et à partir du premier février 2008, 123 bataillons iraquiens participeront à des opérations. Le Gouvernement iraquien est responsable de la sécurité de huit des 19 provinces et nous pensons que ce processus ira de l’avant, a encore avancé le représentant. Les Ministères de la défense et de l’intérieur ont fait montre d’une capacité plus forte à exécuter leur budget. Nous estimons que le budget sécuritaire atteindra les 11 milliards l’année prochaine contre 9 milliards cette année. Des progrès politiques ont aussi été enregistrés comme la loi sur les pouvoirs locaux ou la loi sur l’amnistie, ce qui constitue des pas en avant considérables. Le représentant a demandé à la MANUI d’envisager d’élargir sa présence à d’autres provinces en Iraq en maximisant les gains obtenus contre les insurgés et les criminels. « J’attends un engagement renforcé de toutes les parties pour que l’Iraq puisse réaliser ses objectifs », a-t-il conclu.
M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que lors de sa séance du 21 janvier dernier consacrée à cette question, le Conseil avait constaté que la situation humanitaire en Iraq s’améliorait à la suite d’une réduction des incidents violents pendant le dernier trimestre de 2007. Malheureusement, la violence a repris. C’est pourquoi, sa délégation appuie tous les efforts visant à mettre fin aux actes de violence en Iraq, tant par la reconstitution des forces armées, de sécurité, de police iraquiennes que par le biais de la démilitarisation des milices. Il a affirmé que toutes les factions iraquiennes devaient être convaincues de pouvoir participer, sur un pied d’égalité, au pouvoir et au partage des richesses. À cet égard, il a invité toutes les parties politiques à participer réellement aux efforts de réconciliation nationale et à faire prévaloir le dialogue. Il s’est aussi félicité de l’amélioration des incidences économiques, dont le taux de croissance réalisé l’année dernière. Par ailleurs, le représentant a estimé que l’amélioration des relations entre l’Iraq et les États voisins était primordiale pour assurer la stabilité du pays. Il a encouragé les efforts déployés par ces pays et s’est félicité que la dernière Réunion ministérielle élargie au Koweït ait mis en avant la nécessité de respecter les frontières iraquiennes ainsi que le principe de non-ingérence dans les affaires politiques de l’Iraq.
Le représentant libyen a aussi salué les efforts de la MANUI et s’est félicité de l’élargissement de ses activités dans les provinces. Il a particulièrement noté son rôle en ce qui concerne l’assistance à la rédaction de la Constitution iraquienne ou encore l’appui donné au Gouvernement pour mettre au point un certain nombre de mesures législatives. Il a invité la Mission à redoubler d’efforts au niveau humanitaire, notant que les rapports à ce sujet indiquaient une situation grave, particulièrement pour les réfugiés et personnes déplacées. C’est à l’Iraq de fournir une assistance mais la communauté internationale a une responsabilité pour alléger ces souffrances, a-t-il argué. En outre, le représentant a souligné la situation juridique et humanitaire des détenus iraquiens, rappelant que ces derniers avaient des droits qu’il faudrait respecter. Enfin, s’agissant de la Commission d’indemnisation, il a estimé qu’il faudrait revoir la participation de l’Iraq et a encouragé la concertation entre l’Iraq et les pays voisins.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré que depuis le début de la guerre, le processus politique, la reconstruction et la réconciliation nationale avaient franchi un jalon important. Le pays a connu une évolution importante même si des défis redoutables continuent de se poser dans le domaine de la sécurité, des droits de l’homme, de la réconciliation nationale, du relèvement économique et de la reconstruction. Les progrès sont lents en ce qui concerne les processus fondamentaux constitutionnels et la promulgation des lois. À ce jour, un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées ne peuvent pas retrouver leurs foyers. Il n’existe pas de mécanisme efficace pour assurer la protection des droits des femmes et des enfants en Iraq.
Le représentant a estimé que la seule solution pour l’Iraq est de coopérer avec la communauté internationale dans le cadre d’efforts concertés afin de prendre des mesures plus efficaces. Le Gouvernement iraquien doit aussi assumer des responsabilités principales et il importe que les dirigeants laissent de côté leurs intérêts personnels. Le représentant s’est félicité de la coopération ministérielle qui a eu lieu sur le thème de l’énergie et du contrôle des frontières. Il s’est aussi félicité du succès de la Réunion ministérielle de l’Iraq et des pays voisins qui s’est tenue le 22 avril au Koweït. Les engagements pris dans ce cadre, a-t-il dit, nous donnent confiance pour un meilleur avenir dans le pays. L’amélioration des relations de voisinage de l’Iraq est non seulement bénéfique à l’Iraq mais également à la région tout entière.
Pour le représentant, la MANUI est une interface entre la communauté internationale, le peuple et le Gouvernement iraquien. « Nous appuyons la poursuite de son mandat et saluons ses réalisations en souhaitant qu’elle propose des solutions de manière à faire avancer la réconciliation nationale en Iraq. « Nous souhaitons aussi qu’elle poursuive son rôle de coordination humanitaire en Iraq », a déclaré le représentant. Compte tenu de l’augmentation du prix des denrées alimentaires dans le monde, la MANUI devra se concentrer avec le Gouvernement iraquien sur les besoins fondamentaux du peuple iraquien, a-t-il suggéré. La Chine souhaite que la MANUI soit plus volontariste et garantisse la protection des droits de l’homme du peuple iraquien, a indiqué son représentant avant d’appeler la communauté internationale à continuer d’appuyer le pays dans ses efforts vers son relèvement.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a noté qu’en dépit des progrès considérables faits ces dernières années par l’Iraq, d’importants défis persistent. Il a cité notamment la récente spirale de violence dans diverses parties du pays qui a causé des centaines de morts et affirmé que cela soulignait la nécessité de parvenir à un consensus et à l’unité nationale par le biais de la réconciliation et du dialogue politique. Soulignant les efforts du Gouvernement à cet égard, il a aussi reconnu le potentiel en matière de réconciliation de certaines mesures législatives. Il s’est ainsi félicité de l’adoption d’une série de lois, le 13 février 2008, qui pourraient aider à parvenir à un consensus sur le partage du pouvoir et des ressources. Le représentant a toutefois insisté sur l’importance du soutien régional et de l’assistance internationale en faveur de l’Iraq. Dans ce contexte, il a salué la tenue de la troisième Conférence ministérielle élargie, le 22 avril dernier, et la prochaine rencontre du Pacte international pour l’Iraq, à Stockholm le 29 mai prochain. Rappelant que plus de deux millions d’Iraquiens avaient fui dans des pays voisins, M. Natalegawa a salué l’intention du Gouvernement iraquien de mettre en place une stratégie nationale pour les réfugiés et les personnes déplacées. Il a aussi affirmé que la coopération régionale était très importante pour aider l’Iraq dans ces efforts. Il a espéré que l’Appel consolidé 2008 pour l’Iraq, lancé à Bagdad le 12 février dernier, ferait l’objet d’une réponse globale afin de financer les activités humanitaires et les programmes de reconstruction. Enfin, il a estimé que le rôle de la MANUI demeurait essentiel, et s’est particulièrement félicité de ses efforts pour promouvoir la réconciliation. Il a aussi mis l’accent sur l’engagement de la Mission en faveur du soutien constitutionnel et de l’assistance électorale. Il a conclu en réitérant l’appui de sa délégation à l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Iraq ainsi qu’au principe de non-ingérence dans ses affaires internes.
M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a noté l’attention avec laquelle le Secrétaire général insiste, dans son rapport, sur la question de la ville de Kirkouk dans le nord du pays. Il estimé qu’elle devrait être réglée par l’Iraq lui-même en tenant compte des intérêts des différents groupes ethniques qui la composent. La minutie scrupuleuse avec laquelle les faits sont relatés dans le rapport du Secrétaire général est une tentative de contourner les problèmes aigus que connaît le pays à l’heure actuelle, a-t-il aussi estimé. La situation est toujours très instable et les progrès en cours ne sont pas irréversibles. Malheureusement, le Gouvernement iraquien n´a pas pu utiliser cette accalmie pour contenir la violence et consolider ainsi ses gains. Le représentant a insisté sur le caractère compliqué du statut de la ville de Kirkouk et de la question des élections provinciales. Il a regretté que le rapport du Secrétaire général ne parle que d’améliorations positives alors que pas un mot ne soit dit sur les 400 civils morts à la suite du siège de Sadr City.
Le représentant a aussi exprimé son désaccord quant au calendrier de retrait des forces armées étrangères, considérées comme des forces d’occupation par de nombreux Iraquiens. Ces forces ne sont toujours pas en mesure d’assurer la sécurité dans le pays et de lutter contre les milices qui y sévissent. Le représentant a rappelé au Secrétariat qu’il avait manifesté la volonté d’organiser avec le Fonds monétaire international une réunion d’information pour les États membres du Conseil sur l’état du Fonds de contributions pour l’Iraq. « Ma délégation, a-t-il dit, souhaite savoir ce qui se passe au sein de cette structure opaque et ce qui a été fait pour en combler les lacunes flagrantes ».
M. JOHAN VERBEKE (Belgique) s’est félicité de l’amélioration de la situation en matière de sécurité en Iraq tout en appelant à la vigilance. Pour œuvrer à l’objectif de la réconciliation nationale, la Belgique encourage les autorités iraquiennes et les responsables de toutes tendances politiques à intensifier leurs efforts législatifs et politiques dans plusieurs domaines cruciaux avec l’assistance que les Nations Unies ont été mandatées à leur donner. Ceci, a précisé le représentant, en vue de finaliser les travaux de révision de la Constitution. Le contrat constitutionnel est en effet le seul outil capable de créer la confiance des Iraquiens dans un État garantissant à chaque communauté le droit de participer à un avenir commun. Les autorités iraquiennes et toutes les tendances politiques doivent également renforcer leurs efforts afin de décider de l’organisation du pays, qui verra le partage équitable et transparent des ressources naturelles, par le biais de l’adoption d’une loi sur les hydrocarbures, ainsi que la délimitation des frontières internes sur la base d’un consensus préalable. Enfin pour finaliser les préparatifs matériels et législatifs indispensables à la Haute Commission électorale indépendante.
La communauté internationale, et en particulier les pays voisins de l’Iraq, a estimé le représentant, peuvent et doivent continuer à assister les Iraquiens dans leurs efforts d’une part, en intensifiant la coopération régionale et, d’autre part, en aidant à accompagner les progrès politiques par une amélioration concrète des conditions de vie des Iraquiens. Dans cet esprit et en vue de la réunion de Stockholm, qui sera coprésidée à la fin mai par le Secrétaire général et le Gouvernement iraquien, la Belgique se félicite des progrès qui ont été faits pour améliorer l’efficacité de l’aide humanitaire et à la reconstruction. Le représentant a conclu en insistant sur la nécessité pour les Nations Unies de conserver une place centrale au sein de la présence internationale en Iraq.
M. NEVENJURICA (Croatie) a insisté sur l’importance du mandat de la MANUI visant à assurer la stabilité, la sécurité et la prospérité de l’Iraq. Il a salué ses efforts visant à promouvoir le dialogue politique, à étendre l’assistance électorale et à appuyer le processus de révision de la Constitution iraquienne. Il a affirmé que les événements récents ne devraient pas faire oublier la tendance plus large à une amélioration de la sécurité. Il a précisé que les forces nationales de sécurité continuaient à renforcer leur capacité, qu’il a estimée cruciale pour réaffirmer l’indépendance et la souveraineté de l’Iraq. Par ailleurs, il a rappelé que les institutions actuelles du pays étaient basées sur des élections démocratiques et un référendum constitutionnel et qu’il était temps maintenant de les renforcer. Les gains obtenus récemment en matière de sécurité risquent d’être anéantis s’il n’existe pas de progrès politiques, a-t-il prévenu. À cet égard, il a souligné la nécessité d’aider les communautés iraquiennes à résoudre les questions fondamentales qui les divisent. Il a aussi noté que les élections provinciales, prévues en octobre prochain, seraient l’occasion de consolider les institutions démocratiques et de faire avancer le processus de réconciliation.
Par ailleurs, le représentant a déclaré que le soutien et l’engagement constructif des voisins de l’Iraq étaient un élément essentiel de la stabilisation et la reconstruction à long terme du pays. Il a estimé qu’il était inacceptable d’aider des groupes qui attaquent les forces iraquiennes ou de coalition. Le représentant a appuyé l’appel lancé par M. Pascoe en faveur du renforcement du dialogue et de la coopération régionale, notamment par l’ouverture d’ambassades à Bagdad. Il a aussi insisté sur la nécessité de protéger et d’assister les iraquiens déplacés et vulnérables. Le représentant de la Croatie a émis l’espoir que l’appel consolidé pour l’Iraq permettra de recueillir de nombreuses contributions. Enfin, il a souligné le rôle essentiel des Nations Unies pour parvenir à la stabilisation de l’Iraq.
M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a déclaré que malgré l’environnement difficile en Iraq, il était important de saluer les progrès réalisés, en particulier les activités d’appui constitutionnel de la MANUI, le déploiement de membres du personnel international et les efforts pour développer un système électoral inclusif. Il a salué les rapprochements diplomatiques entre l’Iraq et la Turquie et l’intérêt manifesté par plusieurs pays d’ouvrir une représentation diplomatique dans le pays. Il a toutefois dit sa préoccupation quant à l’absence de progrès en matière de réconciliation nationale et le manque de dialogue politique comme le montre la violence sectaire. « Ma délégation, a-t-il assuré, appuie les divers appels lancés pour que chacun laisse de côté ses intérêts et oeuvre dans l’intérêt de l’ensemble du pays ». La situation humanitaire en Iraq exige la plus grande attention de la part des Nations Unies et c’est pourquoi, le Panama demande aux divers programmes et fonds du système de l’ONU de veiller à ce que la population iraquienne dispose de services de base, a indiqué le représentant. Il a souhaité aussi que des experts internationaux puissent avoir accès aux prisons en Iraq.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a affirmé que l’Iraq était confronté à de vastes défis, porteurs de risques considérables pour la région et, au-delà, pour la communauté internationale. Il a noté en particulier la résurgence de la violence au premier trimestre 2008. Il a aussi insisté sur la vulnérabilité des populations déplacées face à cette violence. L’amélioration de la sécurité conditionne leur retour, a-t-il fait valoir. Il a aussi noté les récents combats dans la ville de Bassorah et ses alentours, affirmant que ceux-ci avaient suscité une grande inquiétude. Il a appelé à éviter toute provocation et a souligné l’importance du dialogue et de la coopération. Le représentant a de plus estimé que l’amélioration de la situation sécuritaire dépendait des progrès accomplis sur le plan politique. Il a rappelé qu’il revenait d’abord aux Iraquiens de définir le partage équitable du pouvoir et des ressources et a souhaité que des textes majeurs, comme la loi sur les hydrocarbures, soient adoptés sans délai. Il a d’autre part appuyé les activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Iraq pour faire progresser le processus politique dans le pays.
M. Ripert a rappelé que sa délégation s’était proposée d’accueillir, si l’Iraq le jugeait utile, tous les responsables iraquiens qui désirent relancer le dialogue politique. Il a précisé que cette suggestion, avancée par le Ministre français des affaires étrangères, pourrait voir le jour dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. Il s’est aussi félicité que la conférence ministérielle élargie, qui s’est tenue le 22 avril au Koweït, ait mis l’accent sur l’importance du rôle des pays voisins. De l’avis de la délégation française, il est indispensable que chacun d’entre eux manifeste la volonté sincère d’assister au retour à la stabilité en Iraq. M. Ripert a ajouté que le rétablissement de la normalité dans le pays passait par la présence de missions diplomatiques à Bagdad. Toute intervention directe ou indirecte d’un État ne peut que créer une instabilité, a-t-il poursuivi. Le représentant a également salué les résultats obtenus par la MANUI, en particulier grâce à l’engagement personnel du Représentant spécial du Secrétaire général. Il a insisté pour que ces efforts soient soutenus dans différents domaines du mandat de la Mission, dont les différends territoriaux à l’intérieur du pays et les activités en matière électorale. Enfin, il a mis l’accent sur l’engagement bilatéral de la France en Iraq, qui a notamment ouvert une représentation à Erbil et envisage d’en ouvrir une autre dans le sud du pays lorsque les conditions en matière de sécurité le permettront.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que l’Iraq était confronté à des défis considérables, notant cependant que des avancées importantes avaient été faites. Sur le front politique, des lois ont été adoptées pour unifier l’Iraq, comme celles sur les pouvoirs provinciaux et les retraites. En adoptant ces lois, les autorités iraquiennes sont parvenues à des compromis essentiels et ont montré qu’elles rejetaient la violence. Les élections permettront en effet aux groupes sous-représentés de tracer leur avenir. En matière de sécurité, des améliorations récentes importantes ont été réalisées et les actions du Gouvernement iraquien à Bassorah, Mossoul et Sadr City ont montré sa détermination à lutter contre les criminels et insurgés, quelle que soit leur affiliation politique et ethnique. Mais ce n’est pas seulement la communauté internationale qui doit aider l’Iraq, a dit la représentante, rappelant que les pays voisins de l’Iraq ont aussi un rôle à jouer. Celle-ci s’est félicitée du communiqué ministériel rédigé au Koweït la semaine dernière et qui montre le soutien des pays voisins à l’Iraq. Elle a garanti que son pays était prêt à participer à la reconstruction de l’Iraq, notamment sur le plan sécuritaire et a encouragé les autres États Membres à appuyer les Nations Unies, notamment dans le cadre du Fonds pour l’Iraq.
M. BUI THE GIANG (Viet Nam) a salué les développements positifs résultant des efforts du peuple iraquien, tels que la réduction du niveau de violence dans l’ensemble du pays et la promulgation de lois clefs. Il s’est dit encouragé par l’annonce du Premier Ministre Al-Maliki, le 24 avril 2008, selon laquelle toutes les factions politiques se seraient accordées pour rejoindre le Gouvernement iraquien. Il a aussi estimé que l’amélioration des relations internationales de l’Iraq, particulièrement avec les pays voisins, devait être encouragée. Toutefois, il s’est inquiété des défis auxquels fait encore face le pays, notamment la violence sectaire, les différends territoriaux à l’intérieur du pays, la marginalisation et la pauvreté, le volume de la dette externe, le manque de ressources et la détérioration de la situation humanitaire et des droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne les réfugiés, les personnes déplacées et les détenus. Tout en soulignant l’importance du dialogue national, le représentant a souhaité des progrès plus tangibles en matière du renforcement de l’état de droit, de lutte contre la corruption et du désarmement, démobilisation et réintégration des milices et groupes armés. Il a reconnu le rôle essentiel des Nations Unies pour assister le pays dans le processus politique, le dialogue régional, la reconstruction économique et l’assistance humanitaire. Il a à cet égard noté les efforts de la MANUI pour aider le pays et a espéré que la prochaine rencontre des parties prenantes du Pacte international pour l’Iraq permettrait de consolider les efforts d’assistance au pays dans tous les domaines.
M. MARCELLO SPATAF0RA (Italie) a jugé que la réputation des Nations Unies allait croissante en Iraq et qu’elle s’est manifestée par une présence accrue en Iraq et par une implication plus forte afin de faciliter le dialogue politique et le processus électoral. La stabilisation durable en Iraq ne sera possible que dans le cadre d’un nouveau pacte social, indépendamment des questions d’affiliation politique et ethnique. Cela suppose la dissolution des milices, la création d’une police nationale, l’utilisation des revenus provenant des ressources naturelles au plan national. Tout processus, a insisté le représentant, doit être appuyé par la communauté internationale, en particulier par les États de la région. Le représentant s’est félicité de la réunion du 27 avril dernier au Koweït et a estimé que la coopération avec l’Iraq pourrait se concrétiser par une réduction de la dette de l’Iraq et une augmentation des contributions au Fonds pour l’Iraq. « Nous pensons que les Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer pour renforcer le sens d’appropriation du processus que connaît le pays, y compris l’appropriation de ses ressources » a dit le représentant avant de conclure.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a noté quelques progrès vers la réconciliation nationale, grâce aux compromis entres différents groupes parlementaires qui ont pu voter les lois sur les gouvernorats, l’amnistie générale et le budget 2008. Il s’est dit encouragé de constater que le Gouvernement iraquien a pris d’importantes initiatives tendant à renforcer les liens de coopération de l’Iraq avec les pays voisins et les organisations régionales, en particulier la Ligue des États arabes. Il s’est également félicité des efforts qui ont conduit au retrait des Forces turques du nord de l’Iraq. Constatant que la situation en matière de sécurité reste encore difficile dans l’ensemble, le représentant a préconisé la prorogation du gel des activités militaires annoncée par Moqtada al-Sadr et l’action conjointe menée par le Gouvernement iraquien et la Force multinationale visant à neutraliser et à prévenir les attaques. Il a signalé qu’il était particulièrement préoccupé par les drames quotidiens que vivent les populations civiles et a exhorté toutes les parties au strict respect du droit humanitaire. Il a salué la décision du Gouvernement iraquien de ratifier la Convention des Nations Unies contre la torture.
Abordant le sujet de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), M. Kafando a estimé que celle-ci est un acteur de premier plan dans la mobilisation des efforts et des énergies internes et externes pour le retour de la paix en Iraq, la reconstruction et le développement national. Il a notamment cité les activités de la MANUI à Bagdad, Kirkuk, Mossoul, Tikrit et Erbil ainsi que sa bonne collaboration avec la Haute Commission électorale indépendante. Le représentant a estimé que la communauté internationale devait davantage exprimer sa solidarité au peuple iraquien et a salué la tenue, le 29 mai prochain, de la conférence de Stockholm. Il s’est également félicité des résultats obtenus, le 22 avril au Koweït, pendant la troisième Réunion ministérielle élargie des pays voisins de l’Iraq. Avant de conclure, le représentant a appelé la communauté internationale à renforcer son appui aux efforts de la MANUI.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) s’est félicité que le représentant de l’Iraq puisse participer à cette réunion afin de préciser la perspective du pays. Toutefois, il a regretté que ce dernier ne soit pas intervenu avant les membres du Conseil de sécurité, affirmant que cela aurait permis d’avoir un tableau plus complet de la question examinée. Il a rappelé que cette question avait déjà été soulevée par sa délégation en janvier et a déploré que ces préoccupations claires n’aient pas été prises en compte. Notant les efforts déployés par la MANUI, les institutions spécialisées des Nations Unies et des ONG, le représentant a toutefois constaté que les problèmes politiques, humanitaires et de droits de l’homme persistaient dans le pays. Il a affirmé que tant que ces défis ne seraient pas réglés, la base de l’État démocratique serait fragile en Iraq. Par ailleurs, le représentant a lancé un appel pour que le Conseil de sécurité accorde une haute priorité à l’appropriation croissante des processus de dialogue et de réconciliation par le peuple iraquien.
Outre les questions de la révision de la constitution et de la promulgation des lois, le représentant a souligné la nécessité de soutenir la participation des Iraquiens à la reconstruction du pays. Il a en outre exhorté les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble à renforcer leurs efforts, conformément à ce principe qui permettra aux Iraquiens de prendre en mains leur propre avenir. Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par la situation des droits de l’homme en Iraq, tout en notant que l’Iraq avait ratifié la Convention contre la torture. Il l’a aussi invité à en signer le protocole. Le représentant a également fait part des inquiétudes de son pays quant à la situation des enfants iraquiens, jugée intolérable par la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés. Il a estimé qu’il était indispensable de continuer à travailler pour définir et mettre en œuvre des mécanismes de reddition et de renforcement de la justice, en vue de faire avancer l’état de droit ainsi que la lutte contre l’impunité.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a noté avec préoccupation que malgré des améliorations, l’Iraq connaît une détérioration de la situation politique et sécuritaire en général. Tout règlement du conflit doit comprendre un processus politique inclusif et un dialogue avec les pays voisins, a–t-il rappelé. L’adoption de lois comme celle sur la justice va dans le bon sens. Ainsi, a-t-il fait remarquer, l’adoption de la loi d’amnistie a contribué à ce qu’un mouvement rebelle accepte de rejoindre le Gouvernement iraquien après une grande absence. Sa délégation lance donc un appel pour que les dirigeants oeuvrent au compromis, soulignant que, dans ce cadre, le rôle des acteurs régionaux est indispensable notamment pour régler la question des personnes réfugiées et des personnes déplacées. La coopération régionale est également nécessaire pour assurer la stabilité non seulement de l’Iraq mais aussi de l’ensemble de la région. Le représentant a par ailleurs fait état de ses préoccupations quant à la situation en matière de droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne le traitement des détenus. M. Kumalo s’est aussi dit préoccupé par des irrégularités graves à partir de décaissements du Fonds pour l’Iraq qui ont été constatées. Il a rappelé à cet égard que le Conseil avait la responsabilité de veiller à ce que les pouvoirs confiés à la Force multinationale soient exercés conformément à son mandat.
M. HAMID AL-BAYATI (Iraq) a exprimé la gratitude de sa délégation pour le rôle que joue la MANUI afin d’assister le Gouvernement et le peuple iraquiens. Revenant sur la situation dans le pays ces trois derniers mois, il a insisté sur la promulgation de lois importantes, telles que la loi d’amnistie générale et celle sur l’autorité des conseils provinciaux. Il a affirmé que la mise en œuvre du texte sur l’amnistie constituait un des éléments centraux pour avancer vers la réconciliation nationale et avait donné un nouvel élan au processus politique. Il a aussi précisé que de nombreux comités d’investigation avaient été mis sur pied pour appliquer cette loi et accélérer la libération de ceux qui sont visés par celle-ci. S’agissant du budget pour 2008, qui s’élève à 48 millions de dollars, il a indiqué que le gouvernement y ajoutera 5 millions d’ici juin afin de palier la hausse des prix du pétrole. Cela permettra aux autorités de fournir les services de base à la population et d’exécuter les projets de reconstruction, a-t-il estimé. L’Iraq, a-t-il précisé, a ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption, augmenté les salaires du secteur public et lancé une série d’initiative pour la création d’emplois.
En ce qui concerne les réfugiés et les déplacés, le représentant a fait part des efforts de son Gouvernement pour les assister, en coopération avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Il a aussi noté que le pays développait avec le HCR une stratégie nationale pour aider les réfugiés dans les pays voisins et pour créer un environnement favorable à leur retour. Se penchant ensuite sur la situation en matière de sécurité, M. Al-Bayati a déclaré que son pays était déterminé à limiter les armes au gouvernement et à poursuivre les gangs, criminels et terroristes qui n’ont pas encore déposé les armes. Il a indiqué que la récente opération militaire menée par les Forces iraquiennes constituait un message à tous les criminels pour leur montrer que personne n’est au dessus de la loi. Il a précisé que ces opérations ne ciblaient pas un courant politique particulier mais reflétait la neutralité du gouvernement.
Concernant la situation politique, le représentant a assuré que l’Iraq était déterminé à réformer le Gouvernement d’unité nationale sur les bases convenues au sein du pays. Il a estimé que le processus politique, en dépit de difficultés et de défis, progressait vers une transformation démocratique et la coexistence du peuple iraquien. Il a également souligné que le processus de réconciliation nationale était une véritable vision stratégique pour reconstruire les institutions gouvernementales sur des bases appropriées. Ce processus mettra l’accent sur le dialogue et la tolérance, a-t-il dit. M. Al-Bayati a noté que les trois groupes de travail concernant la sécurité, l’énergie et les réfugiés issus de Charm el-Cheikh s’étaient réunis trois fois, en plus de la Réunion ministérielle élargie qui s’est tenue, le 22 avril, au Koweït. Toutes ces rencontres ont appuyé les efforts du Gouvernement iraquien pour établir la sécurité et la stabilité, désarmer les milices et traiter du terrorisme, a-t-il ajouté. Lors de la Réunion ministérielle au Koweït, le Premier Ministre iraquien avait demandé à tous ses voisins de renforcer leurs efforts pour prévenir l’infiltration de terroristes en Iraq et éliminer leurs sources de financement.
Par ailleurs, le représentant a constaté que plus de 30 pays avaient annulé la dette de l’Iraq et il a espéré que les pays arabes suivraient cet exemple. Il a aussi demandé que ces derniers restaurent leurs relations diplomatiques avec l’Iraq. À cet égard, il a salué le lancement de consultations bilatérales avec le Koweït, sous les auspices de la Commission d’indemnisation des Nations Unies. Il a en outre souhaité que la prochaine rencontre du Pacte international soit l’occasion de mobiliser les efforts de la communauté internationale pour le développement de l’Iraq. Enfin, il a demandé le soutien de la communauté internationale pour mettre fin et prévenir toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures de l’Iraq.
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